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Comment faire sortir illégalement 9,9 millions de dollars de l'aéroport La Aurora au Guatemala

samedi 26 juillet 2014 à 19:31
Les courriers cachent l'argent dans des valises et des livres, collé sur leur corps. Photo extraite des archives Prensa Libre.

Les ‘courriers’ cachent l'argent dans des valises et des livres, ou collés sur leur corps. Photo extraite des archives Prensa Libre.

La version originale de cet article a été écrite en espagnol par Luis Ángel Sas et publié sur la plate-forme de journalisme CONNECTAS en mai 2014.

La présentatrice de télévision María Magdalena Stahl Hurtado, par ailleurs mannequin et psychologue, une citoyenne américaine d'origine allemande, se promenait dans l'aéroport La Aurora au Guatemala un après-midi de mai en 2010. Mesurant près de 1,73 m, sa silhouette élégante attirait les yeux comme un aimant.  Le magnétisme de Mme Stahl a capturé l'attention de Carlos, un agent du service des stupéfiants ; elle avait presque représenté l'Équateur au concours de Miss Univers cinq ans plus tôt.

L'agent Carlos s'approcha d'elle pour un contrôle de routine sur des passagers choisis au hasard. À vrai dire, son choix de Mme Stahl était plus motivé par sa silhouette attrayante que par la suspicion. Mais quand il la regarda dans les yeux, il vit la peur caractéristique de ceux qui ont quelque chose à cacher. Il avait été formé pour cela. Il commença par une avalanche  de questions ; Mme Stahl ne résista pas. L'agent Carlos demanda à fouiller ses bagages ; elle objecta, mais dût donner son accord.

Après plusieurs heures de comptage, le ministère public a calculé qu'il y avait  435 762 dollars USD cachés dans les bagages que Mme Stahl s'apprêtait à emporter à Panama. Selon la subdivision générale d'analyse et d'information de lutte contre les stupéfiants (SGDAIA), un total de 9,9 millions de dollars US a été saisi sur des passagers de différentes nationalités et profils cherchant à transporter de l'argent non déclaré de l'aéroport international La Aurora entre 2010 et 2013.  Le dernier cas signalé est celui de M. Richard Alexis Preza Herrera, l'entraîneur de l'équipe de football Coatepeque qui a été arrêté pour le transport de 14,6 millions de dollars US. Lors de son procès, il a été condamné à une amende de 600 000 quetzales (7 750 dollars US) et il lui est interdit de quitter le pays.

Au cours des quatre dernières années, 2011 a enregistré le montant le plus élevé d'argent saisi : 5,7 millions de dollars américains. L'année précédente, 2010 avait enregistré 2,2 millions de dollars américains confisqués. Il y a eu une diminution en 2012  avec 859 000 dollars tandis qu'en 2013 la saisie a atteint 969 000 dollars.

Comment l'argent était transporté

Un total de 9,9 millions de dollars a été confisqué sur 67 personnes, soit une moyenne de 147 000 dollars chacune. Toutefois, le montant porté par chaque personne varie de 12 000  à 1 million de dollars.

Mapa
Crédit: Prensa Libre.

Les techniques pour le transport de l'argent caché aussi ont varié énormément : des billets coincés dans des livres et des cahiers, cachés dans les talons de chaussures, les ceintures ou dissimulés sur le corps et collés avec des bas ou du ruban adhésif. L'argent a également été dissimulé dans des boîtes de haricots, dans des doubles fonds de valises, masqués avec du papier carbone et même dans l'estomac, après avoir été avalé dans des capsules de latex. 

“La seule limite est l'imagination”, explique M. Rolando Rodenas, chef de l'Office des procureurs contre le blanchiment de l'argent. M. Rodenas dit qu'il y a d'autres systèmes pour sortir l'argent hors du pays sans avoir besoin de le cacher, bien que ces autres méthodes laissent des preuves suffisantes pour identifier les auteurs. “La loi stipule que jusqu'à un montant de 10 000 dollars peut être transporté sans déclaration. Aussi y a-t-il des gens qui voyagent avec  9 700 ou  9 800 dollars, tout juste, pour rester dans la limite légale “, dit M. Rodenas. Au moins deux grands groupes de ‘courriers', chacun transportant un montant légal d”argent, ont été capturés transportant de ‘l'argent à Panama, la destination principale pour le blanchiment d'argent. Selon M. Rodenas, un autre moyen de transporter de l'argent était de prétendre que les courriers étaient des directeurs ou des employés d'entreprises qui voyageaient pour affaires ou faire des achats.

Ensuite, après des mois d'enquête, on arrive à la conclusion que les entreprises n'étaient qu'une couverture et qu'elles n'avaient pas d'activités financières réelles. En fait, les trafiquants continuent à utiliser cette méthode. “Voilà comment ils exportent l'argent hors du pays. Ils font ce que la loi permet”, dit M. Rodenas, qui ne s'aventure pas à avancer une hypothèse quant aux montants totaux d'argent qui sont exportés hors du pays illégalement. “Il est difficile de donner un chiffre ; une étude devrait être réalisée”, dit-il. M. Elmer Sosa, chef de la SGDAIA, a refusé d'être interviewé pour cet article. Cependant, son personnel à l'aéroport international La Aurora estime que l'argent confisqué ne représente que 10 pour cent du montant qui quitte le pays dans des valises: “caché ou déclaré, mais sans fondement juridique”, affirme un agent qui a requis l'anonymat.

Le rapport de Global Financial Integrity (GFI) indique qu'entre 2002 et 2011, le Guatemala a représenté 10 pour cent de l'argent sale total de l'Amérique centrale, qui pourrait atteindre 14 milliards de dollars américains. Les flux financiers illicites en provenance du Guatemala, s'élevant à 1,3 milliard de dollars, se placent à la quatrième place après ceux provenant du Costa Rica (4,3 milliards), du Panama (3,9 milliards) et du Honduras (2,8 milliards). Les flux financiers illicites du Salvador s'élevaient à 1 milliards de dollars et du Nicaragua étaient de 700 millions de dollars. “Il y a deux ans, les agents de sécurité de l'aéroport ont identifié quelques 45 personnes qui voyageaient avec $ 9 800 ou $ 9 700 sur le même vol à destination de Panama!”, explique l'agent. Ce nombre semble crédible après la capture de membres d'un groupe que le ministère public a baptisé los Pitufos (les Schtroumpfs), dirigé par M. David Cervantes Urízar. Selon le bureau du procureur, ce groupe à lui tout seul a organisé 20 voyages à Panama, pour le blanchiment d'environ 3 millions de dollars par mois.

Un autre groupe de trafiquants capturé par le Bureau du procureur s'appelait Véliz-Palomo (des noms de deux de ses membres). Le bureau du procureur a évalué qu'au cours d'une année, entre 2010 et 2011, ce groupe avait organisé 20 voyages par semaine pour exporter de l'argent vers Panama. En 2012, un tribunal a condamné 48 membres du groupe à des peines de 3 à 56 ans derrière les barreaux. Le tribunal, qui a lancé la procédure pénale pour blanchiment d'argent a envoyé Mme María Magdalena Stahl Hurtado à la prison. Quelques jours plus tard, le juge Adrián Rodríguez Rolando Arana, de la septième Cour criminelle, a remis Mme Stahl en liberté pendant que l'enquête se poursuit. Le 29 Mars 2011, le juge Rodríguez Arana a décidé de classer l'affaire indéfiniment et de remettre l'argent à Mme Stahl. La Commission internationale contre l'impunité a demandé une enquête sur cette action.

La route de blanchiment d'argent

Selon les itinéraires des courriers en détention, il existe deux voies utilisées pour le transport de l'argent via les aéroports. Le premier est du Guatemala vers Panama.

Selon les registres de la police, 37 personnes ont transporté 7 500 000 dollars US par cette route. Certaines ont été contraintes de retourner au Guatemala, où elles ont été arrêtées à leur arrivée. ”Nous coopérons avec les autorités dans ce pays parce que les gens essaient à plusieurs reprises d'exporter de l'argent là-bas,” dit M. Rodenas. La deuxième voie est celle du Guatemala vers la Colombie. Onze personnes, transportant des $ 1,2 millions USD, ont essayé d'emprunter cette voie. Le troisième est celle allant du Guatemala au Costa Rica, sur laquelle huit voyageurs ont été capturés transportant $ 224 000 USD. Il y a eu aussi une tentative de transporter plus d'argent au Venezuela, mais ce n'était qu'un cas isolé. Les autorités du Salvador ont lancé l'alerte après la capture de différents Guatémaltèques qui avaient réussi à glisser travers les mailles de la sécurité de l'aéroport de La Aurora, mais  avaient été identifiés au Salvador alors qu'ils tentaient de s'embarquer pour Panama. Sur les 67 personnes arrêtées, 37 pour cent venaient du Guatemala, 20 pour cent de la Colombie, et 10 pour cent du Mexique.

El Salvador : une autre arrestation importante pour le blanchiment d'argent

Plus de 3 millions de dollars US ont été confisqués à l'aéroport international d'El Salvador au cours des cinq dernières années. Soixante-neuf personnes ont été arrêtées. Selon la police du Salvador, 48 des détenus étaient des étrangers, principalement en provenance du Guatemala et du Mexique. A se fier aux itinéraires des individus détenus, il existe deux routes principales qu'empruntent ceux qui essaient de fais passer de l'argent du Salvador. Le plus souvent, les voyageurs partent du Guatemala, font escale au Salvador, puis partent pour Panama. Un total de 38 pour cent des voyageurs appréhendés ont déclaré Panama comme étant leur destination finale. La seconde route empruntée commence au Mexique, s'arrête au Salvador, et se termine en Colombie ; 11 pour cent des voyageurs détenus avaient l'intention d'aller en Colombie. ‘Si l'argent se déplace vers le sud, cela signifie qu'il est destiné à payer les stupéfiants qui ont déjà été envoyés ou vont être achetés. La destination finale est Panama parce que c'est un centre financier ; il y a beaucoup de banques. Nous pensons que c'est pour cela que Panama est l'endroit le plus commode pour les trafiquants de drogues établis à Panama ou en Colombie pour recevoir de l'argent et le mettre en banque”, explique M. Marco Tulio Lima, chef de la Division pour la lutte contre les stupéfiants de la Police nationale civile du Salvador. L'expert en blanchiment d'argent M. Daniel Rico du groupe de réflexion Centre Wilson, basé à Washington, explique que les groupes criminels qui déplacent illégalement l'argent par des frontalières telles que les aéroports sont des “petites organisations criminelles qui doivent déplacer de l'argent urgent pour effectuer des paiements.”

M. Rico dit que le transport d'argent liquide via les aéroports est “la méthode la plus primitive et vulnérable de blanchiment d'argent”, utilisée seulement par les organisations qui n'ont pas les moyens financiers et logistiques pour utiliser des systèmes plus sophistiqués comme la création de sociétés-écrans ou le blanchiment d'argent par le biais des institutions financières. Les confiscations à l'aéroport du Salvador se basent sur l'intuition. ”Nous analysons l'origine et la nationalité de l'individu, la méthode de paiement, la durée du séjour, la destination prévue. Nos unités étudient les profils individuels ; il n'y a pas de fouilles systématiques de l'avion”, explique le chef de l'unité anti-drogue au Salvador. Il ajoute qu'aucune structure salvadorienne de blanchiment d'argent n'a été trouvée, et que les organisations criminelles existantes sont originaires d'autres pays.

Voir cette publication en langue espagnole sur Prensa Libre 

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Le Koweit, vitrine de la démocratie dans le Golfe, prive les opposants de leur citoyenneté

samedi 26 juillet 2014 à 19:06

[Liens en anglais et arabe] Le cabinet koweitien a révoqué le 21 juillet la citoyenneté koweitienne de deux de ses membres proches de l'opposition et de leurs familles. Un fait nouveau qui tire la sonnette d'alarme dans toute la région, puisque le Koweit fait généralement figure d'Etat le plus démocratique du Golfe arabique.

La décision fait suite à la menace du palais la semaine dernière qu'il prendra toutes les mesures nécessaires contre ceux qui seraient suspectés de vouloir “déstabiliser” le pays après les manifestations du mois dernier réclamant la remise en liberté de l'opposant et ancien député à l'Assemblée Nationale Musallam Albarrak. Celui-ci a entre temps été libéré sous caution.

La saga débute il y a quelques mois, avec le discours d'une heure d'Albarak à un rassemblement, dans lequel il lançait des allégations de fraude électorale, de tentative de coup d'Etat et corruption du pouvoir conduisant à une gabegie de milliards de dollars d'argent public. Les documents à l'appui de ses dires avaient fuité dans ce qui a été appelé le “Koweitgate”. Parmi les documents se trouvaient des pièces relatives à des virements en faveur de plusieurs juges, ce qui a valu à Albarrak un procès pour outrage à magistrats.

Le 2 juillet, @BarlamanNews, un compte Twitter d'informations sur le Koweit, tweetait à ses 17.300 abonnés cette nouvelle de dernière heure :

Le procureur ordonne l'arrestation de Musallam Albarrak dans la plainte déposée contre lui par le président du Conseil Supérieur de la Magistrature

Marquant le point de départ au Koweit d'une série de manifestations et confrontations suivies de près et documentées sur les médias sociaux, en particulier Twitter.

POMED (Projet sur la Démocratie au Moyen-Orient) a publié une déclaration et tweeté :

Koweit : plus de 2.000 personnes défilent pour protester contre l'arrestation du leader de l'opposition du Koweit

Albarrak a été remis en liberté sous caution à la suite de ce mouvement de protestation mais de nombreux manifestants ont été appréhendés.

Musalam Albarrak porté en triomphe par ses partisans au rond-point Alkaramah après sa libération sous caution cet après-midi

Le pouvoir a fait savoir la semaine dernière qu'il frapperait “d'une main de fer” pour défendre le “prestige” de l'Etat, et a chargé le Ministre de l'Intérieur de prendre toutes les mesures nécessaires pour appliquer les consignes royales. (Détails dans cet article du journal AlRai en arabe)

Parmi ceux désignés dans la décision de retrait de leur nationalité se trouve l'ancien député d'opposition Abdullah al-Barghash avec trois membres de sa famille.

Le gouvernement a aussi révoqué la nationalité d'Ahmad al-Shemmeri, le propriétaire de la télévision Al-Youm et du journal Alam Al-Yawm, tous deux indépendants. Son journal a reçu à deux reprises cette année une injonction judiciaire de fermeture temporaire pour avoir désobéi à un ordre du procureur de caviardage d'une enquête sur les assertions de coup d'Etat avorté évoqué par Albarak dans une de ses allocutions. Le retrait de sa nationalité sera certainement suivi de l'ordre de fermeture de sa chaîne de télévision et de son journal.

L'inquiétude s'est propagée dans tout le Golfe. Le journaliste bahreini Faisal Hayyat a tweeté :

Pourquoi révoquer la nationalité ? Sous quelles lois tout dissident devra répondre [de ses actes] ? Révoquer la nationalité est du terrorisme et du chantage. C'est une marque d'impuissance

L'ancien journaliste saoudien devenu universitaire Omar Ualymany a tweeté :

L'affaire du retrait de nationalité au Koweit provoque des réactions et menace la structure de la communauté koweitienne

L'utilisateur de Twitter abo3asam, suivi par plus de 113.000 abonnés, note :

Ils anticipent vos réactions si donc aujourd'hui ils vous effraient en vous retirant la nationalité et que vous restez silencieux, demain ils vous ôteront des droits plus grands que la citoyenneté

Le Koweit est un riche pays pétrolier, où le revenu par tête est l'un des plus élevés du monde. Il est considéré comme l'Etat le plus développé politiquement du Golfe. D'où l'importance de ces développements qui inquiètent sérieusement : comme l'écrit sur Twitter le blogueur Ahmed Alomran à ses 85.500 abonnés :

Le Koweit éclaire une nouvelle réalité : les citoyens arabes exigeant leurs droits au simple motif qu'ils en sont titulaires 

Photo : Voir les roquettes voler au-dessus de Gaza, depuis l'espace

samedi 26 juillet 2014 à 17:36

Depuis la station spatiale internationale, l'astronaute allemand Alexander Gerst a vu Gaza en flammes. Il tweete :

Ma photo la plus triste jusqu'ici. Depuis la SSI, nous pouvons en fait voir les explosions et les roquettes voler au-dessus de Gaza et d'Israël.

Cette photo a été retweetée 33 000 fois jusqu'à présent.

Gouvernement, opposition et Malaisiens demandent justice pour les victimes du vol MH17

samedi 26 juillet 2014 à 16:54
Malaysian protesters gather during a rally demanding justice for the victims of MH17 crash. Photo by Hafzi Mohamed, Copyright @Demotix (7/22/2014)

Rassemblement de manifestants malaisiens demandant que justice soit faite pour les victimes du vol MH17. Photo de Hafzi Mohamed, Copyright @Demotix (22/07/2014)

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais]

Le parlement de Malaisie a tenu une session extraordinaire au cours de laquelle a été adoptée à l'unanimité une motion condamnant les responsables du crash du vol MH17 de la Malaysian Airlines, qui a conduit à la mort de 298 passagers et membres d'équipage. L'avion assurait un vol entre Amsterdam et Kuala Lumpur lorsqu'il a été abattu [article en français] par un missile dans l'est de l'Ukraine, le 17 juillet.

Le contenu de cette motion préconise l'ouverture d'une « enquête approfondie et le jugement des responsables ». Moment rare dans la vie politique du pays, membres du gouvernement et de l'opposition ont mis de côté leurs différends politiques pour adopter cette résolution.

L'opposition a également salué le Premier ministre Najib Razak pour avoir conclu un accord avec les séparatistes pro-russes, présents dans l'est de l'Ukraine, dans le but de récupérer les boîtes noires ainsi que les corps des victimes. Sur sa page Facebook, le premier ministre explique comment se sont déroulées ces négociations secrètes avec les rebelles :

Ces circonstances extraordinaires appelaient des mesures extraordinaires. Certes, conclure un accord n'était pas sans risques, mais nous devions faire tout notre possible pour sortir de cette impasse et récupérer les corps ainsi que les boîtes noires en toute sécurité. Après avoir rencontré les familles des victimes, je sentais que c'était mon devoir d'agir.

Wee Choo Keong, ancien député pour la ville de Wangsa Maju, a remercié le Premier ministre pour ne pas avoir rejeté la responsabilité du crash sur un pays ou un gouvernement en particulier :

En pareil cas, tout Premier ministre aurait immédiatement accusé une nation pour le crash du vol MH17. Cependant, notre Premier ministre ne s'est pas laissé entraîner.

Tandis que, selon Stanley Isaacs, la réaction du gouvernement a été « bien trop faible et inadaptée » :

La réaction du gouvernement est diplomatique, bien trop faible et inadaptée face à un crime si odieux commis contre des civils innocents sur une ligne aérienne nationale.

Depuis le crash, les Malaisiens organisent des actions de protestation afin que justice soit faite pour les victimes du vol MH17.

Peu importe que vous soyez Malaisien, Chinois ou Indien, la seule chose qui compte c'est la justice, il en va de l'honneur de ce pays.

Des Malaisiens tiennent des banderoles devant le siège du Parlement en vue de la session extraordinaire consacrée au crash de l'avion de la @MAS (via le quotidien du soir néerlandais NRC)

La responsabilité du crash n'a pas été revendiquée, alors que Russie et Ukraine s’accusent mutuellement d'avoir porté le coup fatal, entraînant la chute de l'avion.

Dzulkefly Ahmad, ancien député pour Kuala Selangor, a vivement conseillé au gouvernement de ne pas se laisser influencer par les « grandes puissances » :

Une petite nation telle que la nôtre ne devrait pas s'incliner devant les grandes puissances par agression ou intimidation. Nous devons rester indépendants et pleinement autonomes.

Selon le professeur de droit Azmi Sharom, ceux qui ont tiré le missile doivent être traduits en justice. Il s'est exprimé sur le site du quotidien malaisien en langue anglaise The Star :

Voici ce que je sais : un missile a abattu l'avion du vol MH17.

Quelque part dans notre monde, une personne ou un groupe est responsable de la mort d'environ 300 passagers. Je sais également que le site du crash a été altéré, et ce, de manière quasi définitive, par un groupe de criminels armés de fusils automatiques.

Cependant, cette tragédie a également permis aux habitants de rester unis, ainsi que l'a expliqué V. Shuman sur le site internet du journal populaire malaisien The Daily Ant :

Cette tragédie a permis d'unir les Malaisiens dans le deuil, malgré les différends ethniques, religieux, et politiques. Nous observons en ce moment des instants rares ou politiciens et sympathisants, fanatiques religieux et racistes ont cessé de s'affronter et de se chamailler entre eux.

Le crash du vol MH17 est survenu quatre mois après celui du vol MH370 de la Malaysia Airlines. Durant un vol entre Kuala Lumpur et Pékin, celui-ci avait disparu des radars, avec ses 237 passagers.

Les insulaires du Pacifique luttent contre le changement climatique avec des pirogues

samedi 26 juillet 2014 à 15:46
Canoe building in Pohnpei, the Federated States of Micronesia, where the warriors are learning the canoe building process from local elders. Photo credit:

Construction d'une pirogue sur l'île de Pohnpei, Etats fédérés de Micronésie, où les Guerriers  climatiques apprennent des anciens de l'île la méthode de construction des pirogues. Crédit photo : 350.org

Ce billet a été écrit par Fenton Lutunatabua pour 350.orgune organisation à l'origine d'un mouvement mondial pour le climat. Ce billet est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Le changement climatique frappe durement les îles du Pacifique. Le niveau de la mer monte, les températures augmentent et l'aggravation des marées de tempêtes et des inondations a contaminé les réserves d'eau douce et détruit les récoltes. Les habitants d'une des îles du Pacifique ont même décidé de partir à cause de ces effets dévastateurs.

La situation ne peut que s'aggraver. Pourtant, l'Australie a renouvelé son engagement en faveur des combustibles fossiles, en dépit de la situation critique de ses voisins du Pacifique.

Mais les insulaires du Pacifique contre-attaquent – avec des pirogues. Les représentants de 16 territoires vont se rendre en Australie dans le cadre de la Campagne des Guerriers du Pacifique menée par l'association 350.org. Ils apporteront des pirogues traditionnelles aux principaux acteurs du secteur de l'énergie fossile. Leur objectif : faire savoir que les Insulaires du Pacifique protégeront leurs cultures, leurs patries et leurs océans sans avoir recours à la violence.

Cette année, les guerriers climatiques ont lancé la construction des pirogues sur l'ensemble de la région. Sur l'archipel du Vanuatu, un arbre spécialement choisi a été offert à l'équipe pour lancer la construction. La vidéo ci-dessous montre l'interview de Walter Namua, maître d'oeuvre, qui explique la signification de l'arbre.

En général, nous n'abattons pas d'arbres. Sur les 5 dernières années, des milliers d'arbres ont été plantés par les organisateurs du groupe 350 Pacific. Pour ce projet, nos équipes ont abattu un seul arbre par île. Beaucoup de ces arbres ont été donnés pour la cause. Les équipes travaillent avec des maîtres d'oeuvre et des anciens pour bénir chaque arbre avant de se consacrer à creuser l'intérieur des pirogues.

La tradition de construire des pirogues s'est perdue au fil des années parmi les communautés du Pacifique au nom du progrès et des avancées technologiques. Les pirogues étaient autrefois utilisées dans la vie courante et certaines pouvaient devenir le bien le plus précieux. La construction d'une pirogue était l'affaire de toute la communauté. Les rôles étaient clairement séparés (les hommes s'occupaient des coques et des gréements, les femmes s'affairaient aux voiles) mais la communauté entière — les hommes, les femmes, les jeunes et les anciens — se retrouvait pour fabriquer les cordes et les cordages qui maintiendraient la structure. 

Les arbres issus de terres pauvres ou non fertiles étaient choisis pour la construction des pirogues. Il était important que ces arbres puissent résister aux forces de l'océan car les pirogues servaient à aller d'une île à une autre pour faire du commerce. 

La campagne tente de faire revivre l'art de la construction des pirogues et de la navigation traditionnelle afin de transmettre un message à l'Australie sur le changement climatique. 

Sur l'île de Pohnpei, appartenant aux Etats fédérés de Micronésie, les Guerriers ont déja entamé la construction de leur pirogue, avec l'aide du village de Enipein, Kitti, où les anciens partagent leur savoir sur l'art de la construction traditionnelle. De leur côté, les Guerriers de l'archipel de Tonga ont exécuté la « Tongan Sipi Tau » (une danse guerrière) et ont travaillé avec des sculpteurs sur bois pour démarrer la construction de leur pirogue au cours de la journée d'action du 12 avril.

Sur l'archipel de Tokelau, les Guerriers font appel au soutien des habitants de Atafu, célèbres pour leurs pirogues, afin de commencer la leur. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Guerriers Climatiques ont fait une marche à Port Moresby pour sensibiliser au changement climatique, au rôle des Guerriers Climatiques du Pacifique dans cette région du monde et à l'importance de l'implication des citoyens pour soutenir le mouvement.