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Pourquoi les parents d'Amérique Latine appellent-ils leurs enfants Onur et Sherezade?

dimanche 31 mai 2015 à 09:58
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Le soap opera turc “Les Mille et une nuits” a rencontré un très grand succès à sa diffusion dans plusieurs pays d'Amérique Latine, et a aussi eu un effet notable sur la culture. Photo de Ecuavisa et publiée avec licence.

Le soap opéra est un genre habituellement ignoré, et relégué au rang de divertissement de masse pour les femmes et la classe ouvrière. Cependant, de nouvelles études suggèrent que les soap opéra auraient une capacité unique à montrer comment les gens reçoivent [espagnol] un nouveau contenu. Ces nouveaux développements sur la manière dont toute une nation regarde un soap opera montrent qu'en s'intéressant au médium du divertissement, on peut voir apparaitre une nouvelle forme de globalisation, qui va dans une direction nouvelle.

Pendant des années, l'Amérique Latine a été productrice et exportatrice de soap opéras typiques, profitant d'un succès commercial à la fois dans son continent mais aussi en dehors. Cependant, les choses évoluent, et aujourd'hui, l'Amérique Latine est aussi importatrice de soap opéras comme le mélodrame turc Les Mille et une nuits [anglais].

Cette série met en scène une architecte veuve, Sherezade Eviyaoglu, mère d'un enfant malade, qui accepte de passer une nuit avec son patron multimillionnaire, Onour Aksal, pour payer le traitement de son enfant. Finalement, ils tombent amoureux l'un de l'autre, mais passent par toutes sortes d'intrigues amoureuses et de quiproquos qui tiennent pendant toute la série un dénouement heureux à distance.

La particularité de ce culebrón classique (culebrón est un nom donné aux soap opéras en Amréique Latine, qui vient du mot culebra, “serpent” en français) est qu'il aurait tout à fait pu se passer an Amérique Latine… Mais ce n'est pas le cas : cette série se passe en Turquie, ce qui donne à voir des décors très exotiques pour beaucoup de ceux qui la regardent en Amérique Latine.

C'est justement cet exotisme qui semble séduire le public d'Amérique Latine. En Argentine, la série a propulsé son distributeur local, Canal 13, à des audiences incroyablement élevés:

Le score des Mille et Une Nuits dépasse les 30.0 points, elle devient la [série] plus populaire d'El Doce.

Les utilisateurs de Twitter au Chili sont férus de blagues à propos de la série :

Au Chili, les nuits avec Onur Aksal me manquent

[sur le dessin : “C'est terrible, mon fils, elles se sont transformées en ‘onurexiques'!”]

Ce soap opéra a aussi rencontré un grand succès en Colombie, où il a été diffusé par Caracol TV.

FINAL Les Mille et une nuits arrivent au dernier épisode sur Caracol TV en Colombie. RT si vous voyez la fin!

Au Pérou et en Équateur, Les Mille et une nuits font aussi beaucoup parler :

Tout le Pérou s'est arrêté pour regarder cette série. C'est super !

Les Mille et une nuits deviennent mieux chaque jour ! J'adore !

En Uruguay, Canal 10 promeut aussi le mélodrame avec beaucoup d'excitation:

L'épisode d'aujourd'hui arrive ! Que va-t-il se passer entre Kerem et Onur?

Récemment, Unitel a diffusé le soap opéra en Bolivie :

En ce moment sur les écrans d’UNITEL, la GRANDE PREMIERE des MILLE ET UNE NUITS.

La série a rencontré un succès comparable en Argentine et au Chili, où les parents nomment leurs enfants [espagnol] d'après les personnages d'Onur et de Sherazade:

C'est curieux, depuis que la série a été diffusée au Chili, nommer ses enfants Onur et Sherezade devient courant.

Cependant, l'introduction de ces prénoms d'origine orientale basés sur des personnages de série télévisée a provoqué diverses critiques sur Internet :

Comment cette mère va-t-elle expliquer à son enfant qu'elle l'a nommé Onur à cause d'une série télévisée très populaire en 2015…

Pourquoi diable irais-tu nommer ton enfant Onur ? cette série est en train de créer des monstres

D'autres critiquent l'inégalité des sexes que Les Mille et une nuits semble encourager :

Succès indiscutable des Mille et une nuits et de 50 nuances de Grey. Nous sommes au 21ème siècle, et le sexisme semble toujours bien loin d'être éradiqué.

Une partie des critiques de la série est aussi d'ordre politique. Par exemple, la communauté arménienne en Argentine condamne le soap opera [espagnol], déclarant que la série est de la propagande turque [espagnol]. La communauté semble rejeter tout import culturel venu de Turquie, en réponse au refus d'Ankara de reconnaitre le génocide commis contre le peuple arménien [anglais] il y a 100 ans.

En dépit des nombreux détracteurs de la série, elle reste triomphante dans les audiences d'Amérique Latine. En mai 2015, Concept Media, un groupe de consultants argentins, a publié une étude qualitative sur Les Mille et une nuits, concluant qu'une partie de l'attrait pour la série venait de “l'exotisme proche”, qui permet aux argentins d'appréhender une culture très différente de la leur – qui ne l'est, au quotidien, pas tant que ça. Également, le panel interrogé souligne que ce soap opéra leur est assez familier, car il reprend les codes et la structure mélodramatique des classiques du genre. Enfin, l'étude souligne que le fait de raconter des histoires d'amour sans scène de sexe – procédé utilisé dans les productions locales pour augmenter l'audience – serait une autre raison de cette préférence de l'audience.

Mais le succès de ces soap opéra n'est pas spécifique à l'Amérique Latine. Dans les pays arabes, un phénomène similaire a lieu, avec à la fois des détracteurs et des fans. Cela peut-être vu comme un contrepoint à la supposée “occidentalisation” de ce que l'on appelle le “tiers monde”.

Ces échanges culturels montrent de possibles jonctions entre les sociétés dites “périphériques”, comme la Turquie et l'Amérique Latine, deux régions qui, malgré leurs différences, sont comparables sur beaucoup de points. Des échanges culturels tels que l'export et l'import de séries télévisées pourraient ouvrir la possibilité d'une globalisation plus horizontale avec la circulation de biens culturels “de sud à sud”, même quand les produits culturels en question sont des produits de masse, conservateurs, très commerciaux, et qu'ils proviennent d'un pays qui pratique couramment la censure.

Le Bangladesh envisage d'affecter les hijras ou “personnes du troisième genre” pour servir de police routière

samedi 30 mai 2015 à 20:10
Des hijras célèbrent le premier anniversaire de leur acceptation comme un troisième genre au Bangladesh. Images par SK Hasan Ali. Droit d'auteur Demotix (11/10/2014)

Des hijras célèbrent le premier anniversaire de leur acceptation comme un troisième genre au Bangladesh. Images par SK Hasan Ali. Droit d'auteur Demotix (11/10/2014)

Le gouvernement du Bangladesh a l'intention de recruter des hijras, qui ont été officiellement reconnus comme personnes d'un genre distinct [fr] depuis 2013, comme agents de la police routière dans le but de les réinsérer et de leur offrir un nouvel emploi.

Les hijras ont une identité féminine, que certaines personnes nées de sexe masculin ou intersexe adoptent ; ils sont souvent étiquetés comme transgenre en Occident. L'initiative du gouvernement de les embaucher comme agents de la circulation a reçu l'appréciation des internautes bangladais.

Le blogueur Arif Jebtik considère cette initiative comme un signe que le pays va dans une direction positive:

হিজড়াদের এই নিয়োগ চিন্তা রাষ্ট্র হিসেবে মানবিক হয়ে উঠার পথে একটি ক্ষুদ্র কিন্তু অতিশয় গুরুত্বপূর্ণ পদক্ষেপ। প্রথম দিকে এই প্রজেক্টটি হয়তো পুরো সফল হবে না, হিজড়াদেরকে সামাজিক ভাবে অবস্থান দেয়ার ক্ষেত্রে অনেক বাঁধা-বিপত্তি আসবে, কলিগদের মাঝে অসন্তোষ হবে, পথের মানুষ হয়তো সহজে তাঁদেরকে সিরিয়াসলি নিতে যাবেন না-তবে আমি আশাবাদী এসব ঝুটঝামেলা শেষ হয়ে এটি একটি সুন্দর উদ্যোগ হয়ে উঠবে।

Recruter des hijras dans le département de la police est une petite mais importante étape pour le pays pour devenir plus humain. Lors de la première phase, le projet peut ne pas être couronné de succès, les hijras devront faire face à beaucoup d'obstacles pour obtenir un statut social; il y aura des déceptions parmi les collègues. Les gens pourraient ne pas les prendre au sérieux. Mais j'espère qu'ils pourront surmonter tous les obstacles et cette mesure se révélera une excellente initiative.

L'utilisateur de Twitter Harun ur Rashid a salué ce projet du gouvernement:

Les #Hijras vont être recrutés comme agents de la circulation au #Bangladesh. Une initiative du #government très bien accueillie.

Les hijras subissent une discrimination généralisée au Bangladesh et ont du mal à trouver du travail. L'ex-banquier Syed Ashraf Ali a écrit dans un éditorial dans le Financial Express:

Privés de possibilité d'emploi, les hijras sont obligés de gagner leur vie en faisant des choses qui ne sont souvent pas à notre goût. Beaucoup d'entre eux recourent à l'extorsion d'argent en perturbant le travail ou en provoquant des nuisances dans les lieux publics. Certains, cependant, font des performances lors des cérémonies tandis que d'autres se tournent vers la mendicité ou le travail du sexe.

Rubait Saimum a mis en garde les internautes à propos des éloges sur l'initiative du gouvernement avant de connaitre les modalités pratiques:

[…] যারা দুই দিন আগেও রাস্তায় চাদাবাজি করত তারা কিভাবে ট্রাফিক কন্ট্রোল করবে তা ভাবার বিষয়, সাধারন ট্রাফিক পুলিশের ট্রেনিং বাইরে আর কি কি ট্রেনিং এর আওতায় আনা হচ্ছে তা খতিয়ে দেখা দরকার আর এটা কতটুকু বাস্তবায়ন যোগ্য আর বাস্তবিক তাও ভাবা উচিত শুধু প্রশংসা আর মারহাবা শোনার জন্য কোন সিদ্ধান্ত সরকারের নেয়া উচিত হবে না।

[…] Jusqu'il y a quelques jours, les hijras se faisaient de l'argent par des menaces et différentes activités dans les rues. Donc, nous allons voir la façon dont ils vont contrôler le trafic routier ou se faire respecter. Nous avons également besoin de comprendre quels types de formation ils vont obtenir en matière d'activités policières en général. En outre, nous devons aussi réfléchir pour savoir si cette initiative est suffisamment réaliste pour être mise en œuvre avec succès et comment elle doit être réalisée. Le gouvernement ne peut prendre aucune décision irréfléchie seulement pour être apprécié.

Dev Saha pense que les hijras feront mieux que la moyenne des agents de police de la circulation. Par exemple, il a mentionné comment deux hijras ont capturé deux des hommes qui avaient attaqué et tué le blogueur Washikur Rahman dans la rue au mois de mars alors qu'ils s'enfuyaient du lieu de l'assassinat. Saha a écrit dans le Dhaka Tribune:

Les personnes transgenres peuvent faire mieux que les agents habituels de police du Bangladesh, comme en témoigne ce qui s'est passé lors de l'assassinat de Washikur. Ils pourraient attraper les assaillants à mains nues. Honte à cet effet aux agents bien nourris de la police bangladaise!

Le département des services sociaux estime qu'il y a plus de 10 000 hijras [fr] au Bangladesh. Depuis les années fiscales 2012-2013, le gouvernement a alloué environ 9 crore takas (1,15 millions de dollars) pour le programme de qualification des hijras.

Dhaka, la capitale du Bangladesh, est l'une des villes les plus invivables [fr] au monde, selon l'Economist Intelligence Unit, et ses encombrants embouteillages contribuent pour beaucoup à cette renommée. La ville ne peut tout simplement pas traiter les volumes croissants de trafic, et c'est une source de beaucoup de stress pour de nombreux habitants. Il y a l'espoir que comme agents de la  police routière, les hijras pourront contribuer à réduire la congestion du trafic.

La Hongrie remet une couche de xénophobie avec une enquête nationale sur l'immigration

samedi 30 mai 2015 à 20:04
MigSzol demonstration in Budapest Photo credit: Anna Vörös Source: MigSzol Facebook page (https://www.facebook.com/migszolcsoport?fref=ts)

Manifestation de MigSzol à Budapest. Photo Anna Vörös, avec l'aimable autorisation de la page Facebook de MigSzol.

Pendant que l'Europe est aux prises avec l'afflux de ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leurs vies pour en atteindre les bords, les autorités hongroises se distinguent ces dernières semaines par leur discours anti-immigration particulièrement virulent.

Avec le Premier Ministre Viktor Orbán en fer de lance, les pouvoirs publics ont envoyé par courrier un questionnaire en 12 points à plus de 8 millions de foyers, début mai 2015, pour évaluer les attitudes envers l'immigration. Selon le site internet du gouvernement, la consultation a été lancée pour vérifier le soutien de l'opinion à de futures réformes, mais point n'est besoin d'un examen détaillé pour révéler les biais et connotations xénophobes dans les principales questions.

A réception du questionnaire, de nombreux Hongrois sont allés sur les réseaux sociaux exprimer que les questions posées instillaient un ton de menace en liant résolument les thèmes du terrorisme et de l'immigration. De fait, la première question porte sur l'EI et la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, sans mentionner du tout l'immigration ou les migrants :

Sokféle véleményt lehet hallani az erősödő terrorcselekményekkel kapcsolatban. Ön mennyire tartja fontosnak a terrorizmus térnyerését (a franciaországi vérengzés, az ISIS riasztó cselekményei) a saját élete szempontjából?

On entend diverses opinions sur une montée du terrorisme. A votre avis, quel impact a pour votre vie la propagation du terrorisme (le bain de sang en France, les actes choquants de l'EI ?

L'Union Européenne est égratignée au passage. La consultation déplore la “mauvaise gestion” des politiques d'immigration de l'UE et propose que la Hongrie applique pour sa part des règles plus strictes :

2) Ön szerint az elkövetkező években lehet-e terrorcselekmény célpontja Magyarország?

3) Vannak, akik szerint a Brüsszel által rosszul kezelt bevándorlás összefüggésben van a terrorizmus térnyerésével. Ön egyetért ezekkel a véleményekkel?

[…]

7) Támogatná-e Ön a magyar kormányt, hogy Brüsszel megengedő politikájával szemben szigorúbb bevándorlási szabályozást vezessen be?

2) Pensez-vous que la Hongrie puisse être la cible d'un acte terroriste dans les prochaines années ?

3) Certains pensent que la mauvaise gestion de la question de l'immigration par Bruxelles n'est pas sans rapport avec l'augmentation du terrorisme. ëtes-vous d'accord avec cette opinion ?

[…]

7) Soutiendriez-vous le gouvernement hongrois pour l'introduction d'une règlementation plus rigoureuse de l'immigration, contrastant avec la politique laxiste de Bruxelles ?

D'autres questions brouillent la frontière entre immigration légale et illégale et poussent le postulat que l'immigration met en danger les opportunités économiques des Hongrois :

4) Tudta-e Ön, hogy a megélhetési bevándorlók törvénytelenül lépik át a magyar határt és az elmúlt időszakban húszszorosára nőt a bevándorlók száma Magyarországon?

5) Sokféle véleményt hallani a bevándorlás kérdésével kapcsolatban. Vannak, akik szerint a megélhetési bevándorlók veszélyeztetik a magyar emberek munkahelyeit és megélhetését! Ön egyetért ezekkel a véleményekkel?

4) Saviez-vous que les migrants économiques traversent la frontière hongroise illégalement, et que le nombre des immigrants en Hongrie a été récemment multiplié par vingt ?

5) On entend différentes opinions sur l'immigration. Il y en a qui pensent que les migrants économiques mettent en péril les emplois et le niveau de vie des Hongrois. Etes-vous d'accord ?

En lisant une phrase aussi simple que “le nombre des immigrants en Hongrie a été récemment multiplié par vingt”, on ne peut que s'interroger sur le sens exact de ce “récemment”, la catégorie de “migrants” à laquelle se réfère la question, et le point de départ de cette “multiplication par vingt”. En réalité, le nombre de demandeurs d'asile est passé d'environ 19.000 en 2013 à 42.000 en 2014, mais selon l’UNHCR, seuls quelque 4.000 ont obtenu le statut de réfugié ou ont leur demande en cours d'examen.

On l'a compris, le questionnaire, qui a coûté à l'Etat 960 millions de forints (un peu plus de 3 million d'euros), manipule les sondés de multiples façons. Trait le plus aveuglant, il présente aux Hongrois un faux dilemme dans le choix des réponses possibles. Il n'y a que trois choix, dont deux favorables à la ligne du parti : “Tout à fait d'accord”, “Plutôt d'accord”, et “Pas d'accord” (ou leurs variantes, selon la formulation de la question). L'option “Pas tout à fait d'accord” est bizarrement absente.

Le pouvoir ne semble pas prévoir de publication des résultats.

‘Non à la xénophobie !’

Les observateurs ont attribué à l'affaiblissement politique du Premier Ministre Viktor Orbán et du Fidesz au pouvoir le recours croissant de ceux-ci à une réthorique d'extrême-droite. En février 2015, une élection partielle a eu lieu pour remplacer le député de la coalition Fidesz-KDNP de Veszprém, nommé à la Commission de l'UE. C'est un candidat indépendant qui a été élu, conséquence, le Fidesz a perdu sa majorité écrasante des deux-tiers au Parlement.

Pour enfoncer le clou des effets nocifs qu'aurait la supposée immigration économique croissante sur la Hongrie, M. Orbán a aussi appelé à “maintenir la peine de mort à l'ordre du jour” en réaction au meurtre d'une femme à Kaposvár dans le sud-oues du pays. La peine de mort est bannie dans l'UE.

La rhétorique gouvernementale anti-immigration en général et le questionnaire en particulier ont fait vivement réagir les individus et la société civile en Hongrie.

Rassemblement à Budapest contre le questionnaire polémique d'Orban sur “immigration et terrorisme” : “Non à la xénophobie !”

Le 19 mai, MigSzol, une ONG de Budapest qui oeuvre pour les droits des migrants et des réfugiés, a organisé une manifestation dont les participants étaient invités à plier les questionnaires en petits bateaux de papier mis à flotter sur le Danube. Un millier de personnes étaient présentes, et selon l'information de l'organisation sur Facebook, les visites de son site web sont montées en flèche.

Hungarian protesters launch paper boats made out of pages of the biased questionnaire, to represent the lost lives of illegal migrants. Photo by Anna Vörös, courtesy of MigSzol Facebook page, used with permission.

Les manifestants hongrois lancent des bateaux de papier faits de pages du questionnaire biaisé, représentant les vies perdues desmigrants illégaux. Photo Anna Vörös, avec l'aimable autorisation de la page Facebook de MigSzol.

Le Comité Helsinki hongrois a créé un blog Tumblr pour sensibiliser aux déformations dans le questionnaire, conseiller le public sur les manières de boycotter la consultation et protester contre sa tonalité xénophobe, tout en donnant des faits sur la situation réelle en matière de migrations, en Hongrie et en Europe. Le blog est aussi un espace où les Hongrois partagent leurs propres histoires familiales de migration, persécution et exil.

Manifestation contre la consultation factice contre l'immigration ! #bevandorlovagyok [Je suis un migrant]

Image : Je suis Lajos [Lajos Kossuth, célèbre révolutionnaire hongrois], un réfugié. Si vous me renvoyez chez moi, on me pendra. “Consultation nationale ” : Retournez-la non remplie.

Ces initiatives, y compris le mot-dièse désormais largement utilisé #bevandorlovagyok (Je suis migrant), se veulent un rappel que les Hongrois ont des origines diverses. L'aliénation et l'hostilité promues par l'agenda politique refusent de voir les complexités ethniques et l'histoire de nomadisme de l'Europe centrale et orientale comme du monde dans son ensemble. Comme dans la manifestation de MigSzol avec les questionnaires, nous autres humains ressemblons à ces petits bateaux de papier, à la dérive sur le grand fleuve du désordre mondial en quête d'un havre plus sûr.

Adelman, Lux, Bene, Kiss [noms de famille locaux] Allemands des Sudètes, Saxons des monts Mátra, Italiens, Coumans, Juifs, Croates… #polimultikulti [“polymulticulti”, abréviation désignant une société largement multiculturelle] #bevándorlóvagyok [je suis migrant]

Japon : un réseau social basé sur…la météo

samedi 30 mai 2015 à 13:26
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Le typhon Noul frappe Naha, Okinawa. Capture d'écran de YouTube autorisée par WEATHERNEWS

Si vous êtes un otaku (terme japonais composé de la préposition honorifique « o » (お?) et du substantif « taku signifiant « maison », « demeure », « chez-soi ») c'est-à-dire un ‘geek de la la météo’, le Japon a le réseau social qu'il vous faut.

WEATHERNEWS diffuse  24 heures sur 24 et sept jours sur sept des nouvelles du temps qu'il fait sur la chaine SoLive24 specialty news .

Grâce à la technologie de diffusion numérique et une boîte d'activation d'un protocole Internet ( IP-enabled cable boxes), les téléspectateurs peuvent interagir avec l'ordinateur en temps réel, poser des questions, faire des commentaires, et partager  les mises à jour météo et  les photos  venant de tout le Japon.

Sur cette capture d'écran on voit que plus de 6500 téléspectateurs ont partagé des données météorologiques sur l'ensemble du Japon.

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Les présentateurs réagissent aux commentaires à l'antenne, en temps réel.

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Légende :  comment envoyer un bulletin météorologique (à nous). Image Credit: WEATHERNEWS

Alors que SoLive24, un service de streaming en direct est prévu pour être reçu sur la télévision via l'application adéquate, WEATHERNEWS  charge également chaque heure de ses émissions 24 heures sur 24 et sept jours sur sept sur YouTube channel.

 La chaîne offre également une vaste couverture en direct  des événements climatiques majeurs dont le récent Typhon Noul (Typhon 6)  responsable de fortes pluies sur la plupart des zones côtières de l'est du Japon. WEATHERNEWS a  installé une caméra à  Naha, Okinawa, et diffusé en direct  l'approche du typhon pendant plusieurs heures.

Malgré le fait que WEATHERNEWS au Japon ne semble pas affirmer sa présence sur Twitter, on peut suivre les conversations et voir de superbes photos météo du Japon en suivant  #SOLiVE24.

Une nouvelle université ouverte aux réfugiés

samedi 30 mai 2015 à 13:19
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“Ouvrir la porte d'une école, fermer une prison.” Bannière de la Wings University

Créée en décembre 2014 par l'étudiant berlinois Markus Kreßler et son équipe, l'organisation à but non lucratif Wings University fonctionnera comme un établissement de télé-enseignement alternatif, de manière à permettre à des réfugiés de commencer ou reprendre des études supérieures :

World-class higher education. Internationally accredited degrees. For everyone, everywhere. Regardless of gender, nationality, ethnicity, religion, age, financial or social status. But tailor-made for the needs and requirements of refugees worldwide.

Une formation supérieure de premier ordre. Des diplômes reconnus internationalement. Pour chacun, où qu'il se trouve. Sans considération de genre, nationalité, ethnie, religion, âge et statut financier ou social. Une formation sur mesure, adaptée aux besoins et aux exigences des réfugiés dans le monde entier.

Les personnes intéressées peuvent s'inscrire sans avoir à justifier de leur identité ou de certificats de fin d'étude, dans leur formation, sans avoir à régler de frais d'inscription. Dès lors que l'étudiant souhaite obtenir la reconnaissance d'obtention d'un diplôme à l'issue de sa formation, l'université devra vérifier son identité. L'organisation n'ayant pas encore obtenu le statut officiel d'université, les diplômes seront délivrés par les universités partenaires.

Tous les cours en e-learning ont lieu en anglais et peuvent donc être proposés dans le monde entier à un public d'étudiants anglophones. Les formations sont assurées par des professeurs partenaires et avec le concours d'universités partenaires et sont notamment issus de cours en ligne d'universités américaines de haut niveau.

Les premières formations prévues pour le lancement en automne 2015 sont les sciences de l'ingénieur, les sciences économiques et l'informatique. Cette offre résulte d'un sondage sur les besoins de l'initiative, à l'occasion duquel 617 personnes – 80 % des personnes interrogées ont indiqué avoir le staut de réfugié – ont renseigné leurs diplômes, enseignements, et précisé les formations qu'ils souhaitaient voir assurées.

Bien qu'elle ait une orientation clairement internationale, l'initiative est toutefois basée en Allemagne. La Wings University est partie du constat que les personnes arrivant en Allemagne en tant que réfugiés échouent souvent à poursuivre le fil des études qu'ils avaient commencées ou terminées dans leur pays d'origine :

Go out on the streets, talk to people living in refuge, their goals, their former studies and visions. You will be surprised how many of them started studying programs like engineering, almost finished their degrees but do not have the opportunity to continue at universities today.

Descendez dans la rue, discutez avec les personnes vivant dans des centres d'hébergement pour réfugiés, parlez avec eux de leurs objectifs, de leurs précédentes études et de leurs visions. Vous serez surpris d'apprendre combien d'entre eux ont suivi des études d'ingénieur, étaient sur le point d'obtenir leur dipôme mais n'ont désormais plus la possibilité de poursuivre leurs études dans une université.

En Allemagne, les lois des Länders en matière d'enseignement supérieur et la plupart des règlements des universités autorisent les réfugiés à s'inscrire en vue de poursuivre des études. Cette démarche est toutefois soumise à l'accord de l'administration en charge des étrangers, ce qui peut constituer un obstacle en vertu de restrictions en matière de droit des étrangers. Par ailleurs, les réfugiés doivent attester de l'obtention d'un diplôme de fin d'étude auprès de l'université concernée pour la reconnaissance de leur inscription.

Il est nécessaire, dans un premier temps, de clarifier la situation de séjour des réfugiés, qui doivent par ailleurs multiplier les déménagements en Allemagne, qui rendent difficile le rattachement durable auprès d'une université. Autre obstacle : les réfugiés sont souvent hégergés dans des localités éloignées d'universités, sans parler des incertitudes planant sur la durée du séjour en Allemagne et des barrières élevées que constitue la maîtrise de la langue dans les établissements supérieurs allemands.

A la différence des réfugiés, qui sont parvenus au terme de la procédure d'asile et dont le statut de réfugié est reconnu, les personnes bénéficiant d'une autorisation de séjour n'ont toujours pas la possibilité de demander des aides comme des bourses d'études, à moins d'avoir séjourné quatre ans en Allemagne sous le régime de tolérance. Le questionnaire de la Wings University a établi parallèlement que la moitié des personnes interrogées échouaient en raison de problèmes financiers.

Les réfugiés souhaitant participer à la Wings University ont besoin d'un accès Internet et d'ordinateurs portables ainsi que de locaux pour apprendre. Il reste à établir si la poursuite d'études sur la plateforme d'une université à distance est réalisable dans la pratique pour des personnes qui ont du s'exiler dans un autre pays.

Malgré l'engagement dont témoignent des initiatives comme celle de la Wings University ou d'autres établissements supérieurs s'efforçant d'accorder un statut d'auditeur libre aux étudiants réfugiés, il faut se rappeler que la reconnaissance des études suivies et des diplômes obtenus dans le pays d'origine doit être la première étape et qu'il n'y a pas assez de places d'études normales susceptibles d'offrir la perspective d'un diplôme et de l'intégration des réfugiés dans les organisations d'étudiants sur place.