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Le gouvernment des Tonga accusé de museler les médias publics à la veille des élections

mardi 7 novembre 2017 à 09:10

Les studios de la Tonga Broadcasting Commission, fondée en 1961. Photo mise en ligne sur Wikipédia par Makutu, transférée depuis en.wikipedia sur Commons par RoyFocker 12 via CommonsHelper. Domaine public.

Un remaniement au sein de la Commission audiovisuelle des Tonga (Tonga Broadcasting Commission, TBC) fait craindre que le gouvernement tongien ne cherche à accroitre sa mainmise sur les médias publics. La rédactrice en chef de la TBC Laumanu Petelo et la directrice de l'information Viola Ulakai ont été subitement mutées au département des ventes et du marketing à la fin du mois d'octobre. Les deux journalistes étaient en désaccord avec le Premier ministre Akilisi Pohiva depuis que celui-ci avait accusé la TBC d'être un ennemi du gouvernement.

Le Premier ministre avait également affirmé qu'il était du devoir de la TBC de soutenir les programmes du gouvernement, menaçant qu'il pourrait ordonner la privatisation, voire la fermeture du groupe audiovisuel.

Le nouveau directeur de la TBC Tu'i Uata, récemment nommé, est à l'origine du transfert des deux journalistes qui dirigeaient la rédaction. Selon lui, cette mutation serait due aux pertes financières du groupe, arguant que la TBC aurait pu risquer la faillite en deux mois si une restructuration n'avait pas eu lieu.

Cependant, l'avocat de Petelo et Ulakai estime que ce remaniement de la rédaction fait partie intégrante du plan du gouvernement pour contrôler la TBC à l'approche des élections générales prévues pour le 16 novembre 2017.

Le groupe de médias indépendant Matangi Tonga Online a publié un éditorial faisant écho à ces allégations :

It is quite clear with the beheading of the news service that government is taking full control of the public broadcaster in the lead up to the November 16 general election.

La décapitation du service d'informations [de la TBC] est un signe clair que le gouvernement s'arroge un pouvoir total sur ce média de service public à la veille des élections générales du 16 novembre.

Matangi Tonga Online ajoute que le nouveau directeur de la TBC “a anéanti sa légitimité de média public intègre”. L'éditorial rejette également l'argument selon lequel la TBC devrait soutenir aveuglément les politiques du gouvernement :

It is a blatant attempt to turn watchdogs into lap dogs.

The rhetoric by government officials, that because the TBC is a Public Enterprise its news coverage “should be pro-government,” is completely off the mark. No genuinely professional journalists will work under such a politically controlled system.

Il s'agit d'une tentative flagrante de transformer des chiens de garde en chiens de salon.

Cette rhétorique du gouvernement qui insinue que, puisque la TBC est une entreprise publique, elle devrait être pro-gouvernement, est complètement à côté de la plaque. Aucun journaliste professionnel digne de ce nom ne pourrait travailler dans un environnement à ce point contrôlé par la sphère politique.

L'article rappelle également au gouvernement la nature de la mission de la TBC en tant que média public :

Public broadcasters do not rely on advertising to the same degree as commercial broadcasters. This allows public broadcasters to transmit programs that are not commercially viable to the mass market, such as well-balanced public affairs shows, radio and television documentaries, and educational programmes, that otherwise could not be produced.

Les diffuseurs publics ne dépendent pas de la publicité au même titre que les diffuseurs commerciaux. Cela permet à l'audiovisuel public de diffuser des programmes qui ne sont pas forcément viables économiquement, tels que des émissions sur la vie publique, des documentaires pour la radio et la télévision et des programmes éducatifs, qui ne pourraient être produits autrement.

L'organisation Pacific Freedom Forum (PFF) a quant à elle appelé le gouvernement des Tonga à respecter la liberté de la presse :

Government needs to stop using so-called losses as an excuse to apply punitive changes aimed at gagging newsroom and management in a leading public broadcaster of the region.

Informing the public about what is happening with their own tax dollars is a key role of state broadcasters, who are not faced by the profit-margin pressures of commercial broadcasters.

Il faut que le gouvernement cesse d'utiliser de supposées pertes financières comme un prétexte pour décider de transferts punitifs dont l'objectif n'est autre que de museler la rédaction et la direction d'un groupe public majeur dans la région.

Informer le public sur ce qu'il advient de l'argent de leurs impôts est l'un des rôles principaux des médias publics, qui ne sont pas sujets à la pression de la course au profit comme peuvent l'être les médias privés.

La directrice de PFF Monica Miller décrit les deux journalistes de la TBC comme des “ pionnières du journalisme dans le Pacifique ” :

Pacific media colleagues everywhere are dismayed at this treatment of two women in journalism who have done nothing but be journalists.

Laumanu and Viola are leading Pacific trailblazers in journalism that is unafraid to ask the hard questions, and continues to put the public right to know to the fore. They are passionate about what they do and have faced cultural barriers and stereotypes about women in Pacific newsrooms for decades.

Nos collègues journalistes dans tout le Pacifique sont choqués du traitement imposé à ces deux journalistes qui n'ont rien fait de plus que leur travail de journalistes.

Laumanu et Viola sont deux pionnières du journalisme dans le Pacifique qui n'ont pas peur de poser les questions qui fâchent, et continuent de placer le droit de savoir des citoyens au-dessus de tout. Elles sont passionnées par leur travail et bravent des barrières culturelles et des stéréotypes sexistes au sein des rédactions dans le Pacifique depuis des décennies.

La PFF rappelle que la constitution tongienne comporte une clause garantissant le respect de la liberté d'expression et appelle le gouvernement des Tonga à entamer un dialogue avec les médias afin d'aborder des questions telle que la partialité et la censure, au lieu d'engager des actions punitives.

Le démission du Président du Parlement éthiopien changera-t-elle l'équilibre des forces au sein du pouvoir ?

lundi 6 novembre 2017 à 10:56
Meeting electoral final de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo BBC World Service (Uduak Amimo) via Flickr. CC BY-NC 2.0

Meeting électoral final de l'EPRDF à Addis Abeba en 2010. Photo BBC World Service (Uduak Amimo) via Flickr. CC BY-NC 2.0

[Billet d'origine publié le 18 octobre 2017] Des événements survenus récemment au sein de la coalition gouvernementale multiethnique éthiopienne, le Front révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), indiqueraient qu'une guerre interne est en cours, et certains observateurs craignent que la lutte pour le pouvoir ne déstabilise le pays.

D'autres, cependant, espèrent que cela pourrait signifier une influence croissante de la majorité ethnique Oromo dans la politique.

La question s'est posée en octobre lorsque Abadula Gemeda, le président du parlement éthiopien, a déclaré qu'il renoncerait à son marteau et qu'il démissionnerait de son poste. Abadula a poursuivi avec une interview approfondie à la télévision publique, dans laquelle il dit avoir perdu son intérêt pour le poste de président “parce que mon peuple et mon parti ne sont pas respectés ” et il a expliqué son intention de se battre pour “retrouver le respect que les Oromo méritent”.”

Abadula est membre fondateur de l'Organisation Démocratique Populaire Oromo (OPDO), l'un des quatre partis constitués sur une base ethnique qui composent l'EPRDF. [Front Démocratique Révolutionnaire des Peuples Éthiopiens, fr]. Les trois autres sont le Mouvement Démocratique National Amhara (ANDM), le Mouvement Démocratique du Peuple Ethiopien du Sud (SEPDM) et le Front Populaire de Libération du Tigré (TPLF).

Ces quatre partis prétendent représenter chacun un groupe ethnique de la fédération éthiopienne, mais ils partagent les mêmes idéologie, programme et stratégies politiques. Le TPLF est le parti prédominant, se présentant comme le protecteur de l'intérêt du peuple tigréen. L'ANDM et l'OPDO sont perçus comme des complices volontaires du TPLF, mais se présentent comme des représentants des communautés Amhara et Oromo respectivement. Le SEPDM est une fusion de plusieurs partis politiques de nombreux groupes ethniques minoritaires. Il est généralement considéré comme subordonné à des partis subalternes de subordonnés car il a été formé comme inféodé aux trois autres.

Le poids politique des différents partis n'est pas proportionnel à la taille des communautés qu'ils représentent. Du point de vue démographique, les Oromos sont le groupe ethnique le plus important. Selon un recensement effectué en 2007, les Oromos représentent 34,4% de la population du pays, les Amharas environ 27% et les Sud-Ethiopiens 14%.

Bien que les Tigréens ne représentent que 6,1% de la population, ils occupent la plupart des postes militaires les plus élevés qui contrôlent la sécurité et le renseignement de la nation.

La marginalisation du peuple Oromo a en partie alimenté une série de manifestations [fr] au cours des trois dernières années. Les manifestations anti-TPLF se déroulent quotidiennement en Oromia, la région de l'Éthiopie où vit la majorité des Oromo, et on raconte que les rassemblements sont secrètement endossés par les membres de base de l'OPDO.

C'est pourquoi certains analystes voient la démission d'Abadula comme une preuve du pouvoir croissant de l'OPDO, un parti qui a souvent été accusé d'appliquer le programme politique du TPLF dans l’État d'Oromia. Le leader de l'opposition Lencho Bati , qui est basé à l'étranger, a commenté sur Facebook:

À mon avis, sa démission c'est comme jeter de l'essence dans un incendie qui est déjà hors de contrôle. C'est une étape historique qui signe et symbolise la fin de la soumission de l'OPDO à la domination des Tigréens.

D'autres ont émis l'hypothèse que le départ d'Abadula était de la propagande. Abebe Gelaw, un éminent militant de l'opposition éminent, a écrit :

Le TPLF est fort pour recycler et jeter ses responsables après usage. La “démission” d'Abadula de son poste honorifique d'approbateur automatique dans le parlement du TPLF n'est pas aussi importante que certains voudraient nous le faire croire. Il faut se souvenir que l'ancien prisonnier de guerre, dont le véritable nom était Menase Wolde Giorgis, fut un jour promu major général. En 2005, il a été contraint de quitter son poste de ministre de la Défense et a été rebaptisé Ato Abadula Gemeda, “président” de l'État fédéral d'Oromia.

C'est une folie de s'attendre à ce que quelqu'un qui mène une vie fausse – avec un faux nom donné par le TPLF, un faux pouvoir et même de faux diplômes qu'il a achetés à peu de frais devienne le champion de gens qu'il a trahis tout au long de sa vie d'adulte. La vérité claire et simple est qu'Abadula est l'une de ces prostituées politiques possédées et asservies par le TPLF. C'est une réalité qu'il a acceptée depuis trop longtemps. Sa démission n'est même pas un symptôme de la crise de la tyrannie du TPLF car la crise est évidente sans la démission d'une marionnette. Nous attendrons et verrons ce que ses maîtres en feront à nouveau.

Toutefois, il semble que la domination politique absolue du TPLF au cours des 25 dernières années se soit estompée et que la coalition au pouvoir soit fragilisée.

La démission annoncée d'Abbadula, le président de l'Assemblée Nationale d’Éthiopie, sera le début de la révélation des dissensions internes dans l'ERPF.

Le tweet de BefeQadu ci-dessus s'est avéré prophétique, car Bereket Simon, membre fondateur du Mouvement national démocratique amhara [ANDM], a démissionné de son poste de conseiller du Premier ministre moins d'une semaine après la démission d'Abadula.

Les Portugais réclament justice pour les victimes des incendies qui ont ravagé leur pays

lundi 6 novembre 2017 à 09:21

Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes portugaises le 21 octobre pour réclamer de meilleurs services de prévention des incendies de foret. Image : arrêt sur image, Eu, a Rainha e 3 princesas. (YouTube)

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.

Le 21 octobre dans plusieurs grandes villes du Portugal, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer justice pour les victimes des incendies de forêt qui ont dévasté le pays.

Quarante-deux personnes sont mortes et environ soixante-dix ont été blessées dans les incendies des 15 et 16 octobre, amenant le gouvernement à déclarer trois jours de deuil national pour les victimes et leurs familles.

Des incendies ont également été signalés en Galicie, en Espagne, où quatre personnes ont perdu la vie.

Selon les estimations, cinq cent incendies se sont propagés dans les régions du nord et du centre du Portugal, brûlant 250.000 hectares de foret et affectant de nombreux villages.

En juin 2017, des incendies de forêt ont fait 64 morts à Pedrógão Grande, au Portugal. Image : arrêt sur image, Despertar da Consciência Cósmica (YouTube)

Une tragédie similaire avait déjà eu lieu en juin à Pedrógão Grande, une commune dans le centre du pays où les incendies avaient fait soixante-quatre morts et plus de deux cent blessés.

D’après le Système européen d'information sur les incendies de forêt (EFFIS), qui contrôle les zones forestières par satellite, environ 500.000 hectares de forêt ont brûlé rien qu'en 2017, une superficie équivalente au double du district de Lisbonne.

Pour comprendre la gravité de la situation, il n'y a que 4 districts sans incendie. Le Portugal est en feu, littéralement.

Des images de la tragédie ont été diffusées sur Twitter :

C'est Braga, ce soir.

Plusieurs vidéos ont été publiées pour donner un aperçu des dégâts :

Mises en garde

Les manifestations du samedi 21 octobre avaient pour objectif de réclamer de meilleurs mesures nationales pour prévenir et combattre les incendies.

L'incapacité du service de protection civile à maîtriser la tragédie a soulevé des questions. João Soveral, de la Confédération des fermiers du Portugal, a expliqué au quotidien Público :

Depois de Pedrógão fechavam estradas e evacuavam aldeias por tudo e por nada, neste domingo não fizeram isso em lado nenhum, houve dezenas de relatos de estradas abertas rodeadas pelo fogo, na mata de Leiria podia ter ocorrido uma tragédia semelhante à de Junho porque só se cortaram estradas muito tarde.”

Après Pedrógão, ils ont fermé des rues et évacué des villages pour un oui ou un non. Ce dimanche, ils n'ont fait ça nulle part, il y avait des dizaines de rapports de routes ouvertes encerclées par le feu. Il aurait pu y avoir une tragédie similaire à celle de juin dans les forêts de Leiria parce qu'ils n'ont fermé les routes que très tard.

Les manifestants ont aussi remis en question les nombreuses années pendant lesquelles les permis de construction ont été accordés à des projets dans des zones à fort risque d'incendie. Après d'importants incendies en 2003 et 2005, le gouvernement avait proposé une réforme forestière plus stricte, mais celle-ci avait été déboutée par les municipalités qui s'étaient plaintes que la nouvelle règle ne freine les investissements.

“O Governo introduziu uma flexibilização na lei que autorizava casuisticamente construções caso o proponente tivesse meios de autoprotecção – era uma porta aberta para que tudo pudesse ser construído”, completa João Sorval, na mesma matéria do Público.

“Le gouvernement a introduit une flexibilité dans la loi qui a autorisé les constructions au cas-par-cas, selon si le demandeur avait des moyens de se protéger. Ça a ouvert la porte à la construction de n'importe quoi”, a ajouté João Soveral dans le même article de Público.

L'organisation écologique Quercus a attiré l'attention sur les larges zones plantées d'eucalyptus, un arbre hautement inflammable et dont la croissance, de façon ironique, a tendance à se développer après des incendies de cette nature.

En plus d'une liste de problèmes qui a continué de s'allonger pendant les incendies du 15 et 16 octobre, les citoyens qui ont voulu rechercher des informations ou entrer en contact avec des proches via le site internet de la Protection civile du Portugal ont trouvé le site hors-service.

C'est une initiative privée qui a assuré la diffusion des informations : en utilisant les propres données de la protection civile, l'application Fogos.pt a tenu les gens informés en temps réel des emplacements des incendies et de leur état.

Ce projet a été créé en 2015 par le programmeur João Pina pour faciliter le travail des pompiers. Il est devenu si important pendant ce terrible week-end d'octobre que ses serveurs n'ont pas pu gérer les quelques 400.000 utilisateurs et 1,5 millions de vues qu'il a reçus.

Son fondateur a même dû demander de l'aide :

EST-CE QUE QUELQU'UN PEUT M'AIDER À OBTENIR PLUS DE CLÉS DE l'API JAVASCRIPT DE GOOGLE MAPS ?

Finalement, Google a contribué à soutenir le fonctionnement du site :

Quota augmenté par @google à 1 million. On va voir combien de temps ça dure !

Il y a également eu de nombreux hommages aux pompiers qui ont travaillé sans relâche contre les flammes.

Les pompiers sont nos héros ! Énorme fierté !

Impossible de rester indifférent à cette tragédie. Solidarité avec les familles et amis des victimes. Soutien total aux pompiers risquant leurs vies pour aider du mieux possible.

Personne ne sait si le gouvernement portugais tiendra compte des appels de ses citoyens, mais en attendant, le pays continue de brûler.

La ville birmane de Taunggyi célèbre le Festival des lumières avec un concours de lâcher de ballons

lundi 6 novembre 2017 à 09:18

Le festival des ballons est un évènement phare de la fête bouddhiste de Tazaungdaing, ou « Festival des lumières ». Photographie : Zaw Zaw / The Irrawaddy

Cet article de Zaw Zaw a été publié sur The Irrawaddy, un site d'informations indépendant birman, et est republié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées cette semaine à Taunggyi, capitale de l'état Shan dans l'est de la Birmanie, afin de célébrer le festival annuel des ballons, qui se tient à l'occasion de la pleine lune du mois de Tazaungmone, le huitième mois du calendrier birman.

Le festival des ballons, qui a eu lieu cette année du 26 octobre au 4 novembre, s'inscrit dans le cadre des célébrations de la fête bouddhiste de Tazaungdaing, ou « Festival des lumières ». Cette semaine de festivités marque la fin de la cérémonie de Kahtein, lors de laquelle des robes sont offertes aux moines bouddhistes.

Chaque année, des équipes locales s'affrontent lors de lancers de ballons à air chaud artisanaux faits de papier et de bambous, à l'occasion d'une compétition qui conclut la journée suivant la pleine lune, qui cette année tombait le 3 novembre.

Bien que la compétition annuelle de lancer de ballons ait selon certains été introduite par les Britanniques à l'époque coloniale, la pratique est également considérée comme une offrande de lumière aux esprits bouddhistes.

Toute la journée, ballons de papier et montgolfières sont lâchés dans les airs par les habitants tandis que de nombreuses festivités se tiennent sur le site du festival — un champ aux abords de la ville de montagne Taunggyi.

Ce festival est l'une des plus fêtes culturelles les plus populaires et les plus importantes de Birmanie. Spectaculaire, le festival est également un évènement dangereux lors duquel l'on peut se blesser — et même trouver la mort — lors d'accidents au moment du lâcher de ballons.

Retrouvez davantage de photos du festival ci-dessous :

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Photo : Zaw Zaw/ The Irrawaddy

Rentrer au Monténégro après avoir combattu dans des guerres étrangères

dimanche 5 novembre 2017 à 17:37

“Dans la noirceur des années 90 – Je ne suis pas allé faire la guerre pour être un agresseur, jouer les Rambo” Arrêt sur image de la version en ligne du documentaire “Une route sans retour ?” du Centre pour la Transition démocratique (CDT), au Monténégro.

Milica Bogdanović, auteur de cet article, est membre du Centre pour la Transition Démocratique (CDT), l'organisme qui a produit le film mentionné.

Le film documentaire “Une route sans retour ?” explore le sujet des ressortissants du Monténégro et des Balkans qui rentrent chez eux et encourent des condamnations pour avoir rejoint des guerres étrangères dans des pays comme la Syrie ou l'Ukraine.

Ce film, produit par le Centre pour la Transition Démocratique (CDT), une organisation non-gouvernementale, a été mis à disposition en ligne cette semaine, agrémenté de sous-titres anglais pour en faciliter l'accès. Il présente les vies de combattants de l'EI rentrés au Monténégro et l'action des institutions étatiques pour la prévention du radicalisme :

Au Monténégro, pays de 623.000 habitants, une vingtaine de personnes ont notoirement pris part aux guerres en Syrie, Ukraine et Irak. Il n'existe pas d'estimations officielles du nombre d'individus rentrés, mais des recherches de terrain révèlent que plusieurs combattants sont revenus chez eux. Le rapport 2016 de l'Union Européenne sur le Monténégro note :

La prise de conscience institutionnelle doit être accrue pour surveiller les possibles menaces terroristes, y compris le retour de nationaux monténégrins revenus des champs de bataille. Il y a des preuves de présence d'environ 20 nationaux sur les champs de bataille en Syrie depuis le début du conflit, dont cinq seraient morts. Les activités préventives dans ce domaine doivent être renforcées et des mesures anti-radicalisation mises en œuvre. Un bilan des besoins de financement dans le domaine de la prévention du terrorisme doit être développé.

Comme les autres pays des Balkans, le Monténégro a adopté de nouvelles lois aux termes desquelles “rejoindre ou participer” [à] des armées, polices, groupes paramilitaires ou para-policiers” est une infraction pénale, punissable d'un emprisonnement de six mois à dix ans. Deux personnes seulement ont été poursuivies en relation avec la radicalisation, le recrutement, l'aide et le financement d'activités terroristes ou combattantes en Syrie et en Ukraine.

Le documentaire donne un aperçu des motivations de combattants aussi bien musulmans sunnites que chrétiens orthodoxes se réclamant du noble motif de défendre “les frères opprimés” dans des pays lointains. Des affirmations battues en brèche par les déclarations des autorités religieuses locales, qui condamnent fermement tous les crimes commis au nom de la religion ou d'une affiliation “patriotique”.

Le film présente des entretiens avec des militants de la société civile, et aussi des observateurs et psychologues, se référant à des perceptions diverses sur les combattants partant au champ d'honneur en fonction de leur religion. Ils soulignent aussi que d'autres facteurs, tels que des problèmes familiaux, la santé mentale et les situations économiques individuelles sont des moteurs de leur décision de rejoindre une cause qu'ils considèrent comme ‘héroïque’. Les sentiments d'honneur personnel, de courage et de chevalerie sont constitutifs de l'identité monténégrine. Les psychologues relèvent aussi que s'enrôler dans une guerre peut être attirant pour des individus enclins à la violence peut-être eux-mêmes victimes de traumatismes précoces dans leur vie.

Les textes officiels de l’État établissent que les combattants étrangers de retour sont reconnus comme un danger pour la sécurité nationale et la société en général, mais les institutions publiques du Monténégro n'ont pas encore créé de programme de déradicalisation pour la sortie de prison.

Les services de sécurité collectent usuellement des données sur les combattants de retour et suivent leurs activités, mais les autres institutions ne mettent pas en œuvre de programmes financés pour s'occuper de leurs familles et enfants, ou fournir une prévention déradicalisante :

Quel rôle pour la collectivité dans la lutte contre l'extrémisme violent ?

Le 24 octobre, le CDT a sorti le film sur la télévision nationale Vijesti et organisé une projection dans la capitale Podgorica le 31 octobre pour provoquer un débat public, le signalant à l'attention de la politique générale au Monténégro.

Pendant la projection, le CDT a live-tweeté les commentaires des participants sous le hashtag #PolitikaCG (#Politique Monténégro), à commencer par le Ministre de l'Intérieur du Monténégro, Melvudin Nuhodžić, ainsi que les invités d'autres organisations de la société civile qui ont communiqué sur des recherches en rapport :

Nuhodžić : L'extrémisme violent est un phénomène complexe et représente un défi requérant les efforts joints de nous tous.

Elvira Hadžibegović-Bubanja de Forum MNE : Les jeunes pensent qu'il est justifié d'utiliser la violence pour défendre sa religion.

Aner Zuković de Atlantic Initiative [une ONG de Bosnie] : Internet joue un rôle-clé dans la diffusion des idées radicales. Il est utilisé pour recruter de nouveaux adeptes…

S'il y a bien une volonté politique au plus haut niveau pour accroître le rôle de la collectivité dans la lutte contre l'extrémisme violent, le Monténégro commence tout juste à instituer un système pour cela. A part l'incarcération et la surveillance, les ex-combattants étrangers et leurs familles sont livrés à eux-mêmes pour se réintégrer à la société monténégrine.

Le ministre Nuhodžić a annoncé la création de la Plateforme nationale pour contrer l'extrémisme violent, mais beaucoup d'institutions ignorent toujours le rôle qu'elles y auront. La société civile doit être pionnière d'une méthode empathique pour empêcher la propagation en ligne et dans les médias des idées extrémistes, et aider les ex-combattants à réexaminer leurs systèmes de valeurs.