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Les utilisateurs de sites “pour adultes” ont aussi droit à une vie privée — Mais qui s'en soucie ?

samedi 26 novembre 2016 à 17:19
No Porn. Public Domain Photo from Pixabay.

No Porn. Domaine public Photo Pixabay.

En septembre dernier, un hacker non identifié a obtenu et publié des informations sur de milliers de comptes des utilisateurs d'un site pornographique, ce qui constitue une violation à la vie privée.

Selon la BBC et d’autres sources, les données dérobées en 2013 sont celles du site Brazzersforum , mais ce n'est qu'en septembre 2016 qu'un hacker a posté ces informations, ce qui représente une violation de la vie privée des utilisateurs. Ayant son siège social au Canada, Brazzersforum et Brazzers distribuent de manière légale des photos et vidéos à caractère sexuel aux utilisateurs qui payent pour cela.

Ce n'est pas seulement les noms et les mots de passe qui ont été piratés. Selon The Independent, le piratage des données a permis d'accéder aux conversations privées et aux commentaires exprimés sur le forum concernant la nature explicite du contenu du site.

En fait, la fuite proviendrait du site Brazzersforum , dans lequel les utilisateurs discutent de leurs scènes et acteurs favoris.

Cependant, en plus de la légèreté de la politique de confidentialité, on pourrait aussi dire qu'elle ne protège pas assez les doits des utilisateurs. Comme on le voit dans l'extrait ci-dessous, la société se réserve le droit de partager « toutes informations personnelles» qu'elle a recueillies avec les « tierces parties affiliées ou non affiliées » :

En utilisant ce site, l'utilisateur accepte explicitement que le site peut, à sa seule discrétion, partager, divulguer, transférer, louer, donner une licence ou vendre des informations personnelles concernant des utilisateurs qu'elle a réunies ou recueillies avec des tierces parties affiliées ou non affiliées.

Jusqu'à présent, aucun défenseur de la protection de la vie privée n'a, à notre connaissance, condamné publiquement la fuite ou n'a ouvert d'enquête sur la question.

Dans certains pays comme le Mexique, le transfert de renseignements personnels sans consentement écrit, en particulier des données sensibles concernant les préférences sexuelles, est illégal. L'Union européenne dispose également de lois régissant le transfert de données à caractère personnel et prévoit des mesures particulières en cas de transfert. Au Canada, où Brazzers est basé, la Loi sur les informations personnelles et la protection des documents électroniques oblige les sociétés qui collectent les données à révéler la façon dont ces données seront utilisées et offrent aux utilisateurs des alternatives claires pour remédier aux violations de leur vie privée.

Environ un an avant la violation de la vie privée des utilisateurs de Brazzers, en juillet 2015, un groupe identifié sous le nom de «The Impact Team » déroba des données du système de réseau du réseau social pour adultes Ashley Madison – destiné aux personnes mariées ou engagées dans une relation sérieuse et cherchant à avoir une relation extra-conjugale. Plus tôt cette année, Tom Lamont a écrit dans le journal The Guardian que le piratage du réseau social Ashley Madison avait entraîné la fuite des informations de plus de 30 millions d'utilisateurs :

Après la divulgation, il y a de cela six mois, des noms de plus de 30 millions d'utilisateurs Ashley Madison par les hackers, il s'en est suivi des démissions, divorces et suicides de ces utilisateurs.

Plus récemment, le 14 novembre 2016, The Guardian a aussi signalé le piratage de plus de 412 millions de comptes d'utilisateurs du site pornographique et de rencontres Friend Finder. C'est le deuxième piratage que Friend Finder subit en moins de deux ans et la plus grande violation de confidentialité jamais connu selon l'entreprise Leaked Source.

Qu'en est-il des droits des acteurs de porno ?

En 2011, l’Adult Industry Medical Health Care Foundation (la Fondation pour la Santé dans le secteur des activités pour adultes) une organisation basée aux États-Unis qui fait faire des tests aux acteurs de films pornographiques notamment celui du VIH et d'autres MST, a établi par une enquête la probabilité que leur base de données des dossiers médicaux confidentiels ait été dérobée pour fournir des informations au site Pornwikileaks.com. Ce site a donné les noms, dates de naissance et adresses des milliers d'acteurs de films pornographiques, dont beaucoup risquent des représailles de la part de leurs familles, amis et employeurs actuels de ceux qui travaillent présentement dans d’autres industries.

Jeffery Douglas, un avocat de la clinique, affirmait à ce moment :

L'accès à une base de données à des fins illégitimes, la violation de la vie privée et l'extorsion sont tous des crimes en Californie.

En plus d'exposer les données personnelles des utilisateurs de sites pornographiques, les violations des droits de la vie privée en ligne révèlent également des lacunes dans la protection juridique des utilisateurs de sites pornographiques avec une présence mondiale. Dans des cas comme ceux-ci, les utilisateurs concernés peuvent hésiter à parler, afin d'éviter une exposition et honte supplémentaire une fois que leurs échanges en ligne ou préférences sexuelles ont été divulgués.

Malaisie : La présidente du mouvement citoyen Bersih arrêtée en vertu de la loi anti-terroriste

vendredi 25 novembre 2016 à 17:59
More than 10,000 protesters joined the Bersih rally in Malaysia calling for the resignation of the prime minister. Photo from the Facebook page of Bersih.

Plus de 10 000 manifestants ont répondu à l'appel du mouvement Bersih pour réclamer la démission du Premier Ministre Najib Razak. Photo publiée sur la page Facebook de Bersih.

En Malaisie, activistes et partisans de la coalition de la société civile Bersih (qui signifie « propre » ou « réforme » en bahasa) se mobilisent depuis quelques jours lors d'actions symboliques de protestation pour réclamer la libération de la présidente du mouvement, Maria Chin Abdullah.

Maria Chin a été arrêtée le 18 novembre dernier, à la veille de rassemblements massifs organisés par Bersih dans tout le pays pour appeler à la démission du Premier ministre Najib Razak, impliqué dans plusieurs affaires de corruption. Le lendemain, le samedi 19 novembre, Bersih a réussi à mobiliser plus de 10 000 personnes, qui ont manifesté dans le calme.

Les forces de l'ordre ont arrêté Maria Chin pour avoir enfreint la loi sur les infractions à la sécurité (dite loi SOSMA) de 2012, aussi connue sous le nom de loi anti-terroriste. En vertu de la section 4(5) du texte de loi, un suspect peut être maintenu en détention jusqu'à 28 jours sans procès. Maria Chin fait l'objet d'une enquête pour avoir participé à des activités « portant atteinte à la démocratie parlementaire ».

Selon les chefs de file du mouvement Bersih, cette arrestation visait à mettre en péril la tenue de la manifestation du lendemain et à dissuader ses partisans.

Il s'agit de la cinquième édition du rassemblement Bersih en Malaisie. Le mouvement est né en 2007 pour réclamer la tenue d'élections libres et régulières dans le pays, où le parti dirigeant [l'Organisation nationale unifiée malaise, UMNO] se maintient au pouvoir depuis 1957. Ces dernières années, la campagne pour une réforme électorale s'est amplifiée et appelle désormais à un gouvernement exemplaire et transparent ainsi qu'à la protection des libertés civiles.

Depuis 2015, Bersih réclame la démission de Najib Razak, qui est impliqué dans plusieurs scandales liés à la corruption.

Suite à la tenue dans le calme de la marche samedi dernier, de nombreux groupes demandent la libération immédiate de Maria Chin en rappelant aux autorités que la dirigeante de Bersih est une activiste, une patriote et une citoyenne aimant son pays, qui ne mérite en aucun cas d’être emprisonnée et traitée comme une terroriste.

Les activistes se sont emparés des hashtags #BebasMaria (Libérez Maria) et #MansuhSOSMA (Abrogez la loi SOSMA) afin de partager des informations sur la campagne.

Elle nous manque tous beaucoup. Continuez à vous joindre aux veillées et signez la pétition exigeant sa libération

Des parlementaires ont défilé devant le quartier général de la police fédérale pour dénoncer le harcèlement et la détention des leaders d'opposition :

Des députés d'opposition ont défilé du Parlement jusqu'au QG de la police pour mettre un terme au « harcèlement » des parlementaires. Ils ont aussi appelé à la libération de Maria Chin de Bersih.

L'ancien vice-premier ministre Muhyiddin Yassin [limogé par Najib Razak] et l'ancien ministre Shafie Apdal se sont joints à la marche parlementaire de Bukit Aman

Des veillées et des actions de solidarité se tiennent dans plusieurs villes de Malaisie en soutien à Maria Chin :

Je n'étais pas là ce soir mais ils étaient si nombreux pour #BebasMaria. Dieu les bénisse

#LesFemmesAvecMaria Il ne s'agit jamais d'une seule personne. Lorsque vous enfermez une personne, nous toutes nous levons

Même l'ancien Premier ministre Mahathir Mohamad a rejoint le rassemblent Bersih ainsi qu'une veillée pour la libération de Maria Chin :

Fière de mes parents. #LibérezMaria

Les enfants de Maria Chin ont rédigé une lettre sur la détention de leur mère :

Is this the type of country that we Malaysians want to live in, where corruption runs amok, elections are rigged and innocents are placed behind bars?

People like our parents, who are willing to speak up against corruption do not do it for their own sake, but for the sake of the future generations.

Est-ce le genre de pays dans lequel nous voulons vivre, nous les Malaisiens ? Un pays où la corruption est effrénée, les élections truquées et où les innocents emprisonnés ?

Les gens comme nos parents, qui sont prêts à élever la voix contre la corruption ne le font pas pour leur propre intérêt, mais pour celui des générations futures.

Cette caricature réalisée par Zunar reflète le sentiment de nombreux partisans de Bersih sur la détention de Maria Chin et sur le statut intouchable des politiques : les autorités impliquées dans des affaires de détournement de fonds ne sont jamais inquiétées.

Activiste pour la démocratie VS cleptocratie

La couverture médiatique de Poutine en débat à l'intérieur de Esquire-Russie

vendredi 25 novembre 2016 à 13:40
Photo: Kremlin Press Service / Edited by RuNet Echo

Photo: Kremlin Press Service / Edited by RuNet Echo

Cette semaine on a pu avoir un aperçu sur les coulisses de l’édition russe du magazine Esquire, qui a été dans la tourmente récemment après la perte de deux rédacteurs en chef [russe]  entre août et octobre, et de plusieurs membres du personnel qui n’ont pas attendu que les choses reviennent à la normale.

Mercredi, un message montrant un désaccord entre deux personnels du magazine : Sergei Minaev, le rédacteur en chef et Janelle Kuandykova, responsable de la rubrique médias sociaux, a été diffusé sur le nouveau compte [anglais] Telegram d'Esquire.

Dans cet échange public, Minaev demande à Kuandykova de ne pas « encombrer » les lecteurs d'Esquire avec la politique, après qu'elle a fait d'un propos de Vladimir Poutine « la citation internet du jour».

Sergueï Minaev. Photo: Facebook

Minaev écrit : « Pouvez-vous trouver autre chose dans le vaste et enchanteur domaine des médias ». Puis, il ajoute : « ce n'est pas la première fois que je vous le demande »

Kuandykova a déclaré au site TJournal avoir de bonnes relations de travail avec Minaev, qui pense que les lecteurs d'Esquire sont fatigués de la politique. « Mais je vous assure que les lecteurs s'interessent plus à la politique qu'à autre chose » ajoute t-elle.

Sur son compte Facebook, Minaev défend son opposition à mettre trop d'informations politiques sur Telegram, en disant que les détracteurs lui reprocheraient de faire trop de place à Poutine s'il ne travaillait pas à élargir les sujets traités par Esquire.

Mieux connaitre Madagascar: le parc national de la Montagne d'Ambre

vendredi 25 novembre 2016 à 10:44
Madagascar parc national de la montagne d'ambre. Photo de l'auteur avec sa permission

Madagascar parc national de la montagne d'ambre. Photo de l'auteur avec sa permission

Premier parc naturel établi à Madagascar, la Montagne d'Ambre fait partie de l'une des aires protégées les plus intéressantes à explorer. Notamment, parce qu'il s'agit d'un foyer important d'endémicité. Mais c'est aussi d'un havre de fraîcheur, où règne une atmosphère contrastant complètement avec la chaleur accablante de cette région du nord de la Grande Île.

Séjourner à Madagascar pour explorer le parc de la Montagne d'Ambre

 

Le parc national de la Montagne d'Ambre se situe à 40 kilomètres au sud de Diego Suarez, dans le nord de Madagascar. Sa forêt tropicale humide couvre une superficie de plus de 23.000 hectares dans le massif volcanique où il se trouve. Ainsi, cette forêt est la source des 85% de précipitations annuelles de la région. On y trouve aussi six lacs, ainsi que plusieurs cascades et rivières.

Pour le visiter, vous devez obligatoirement faire appel aux services d'un guide professionnel du Madagascar National Park (MNP). Si vous décidez de découvrir cette réserve naturelle au cours de votre voyage à Madagascar, généralement, vous aurez le choix entre des circuits allant d'une demi-journée à trois jours. Durant ces balades, vous traverserez des sentiers se trouvant entre 850 et 1.400 mètres d'altitude.

Une biodiversité impressionnante à découvrir

 

Madagascar brookesia micra. Photo de l'auteur avec sa permission

Madagascar brookesia micra. Photo de l'auteur avec sa permission

À votre entrée sur le site, vous devez savoir qu'il vous faut respecter quelques «fady» (interdits). Rassurez-vous, votre guide vous en informera. Le parc national de la Montagne d'Ambre possède de nombreuses espèces endémiques incluant 77 espèces d'oiseaux, 7 espèces de lémuriens, ainsi que 24 espèces d'amphibiens, connues à ce jour.

On y trouve communément le Microcèbe roux qui est le plus petit lémurien du monde. Vous pourrez également chercher l'Ibis huppé de Madagascar dans les branches des arbres. Essayer aussi de repérer le Brookesia micra qui est le plus petit caméléon au monde. Ce reptile n'atteint même pas 3 centimètres à l'âge adulte ! Et il est assez difficile à repérer, parce qu'il est camouflé dans les feuillages.

En ce qui concerne le règne végétal, le parc répertorie 1.020 espèces. Votre guide ne manquera pas de vous faire l'éloge des vertus médicinales de bon nombre des plantes. On y rencontre fréquemment des palissandres, le Famelona ou encore le Ramy. Comme il s'agit d'une forêt tropicale humide malgache, fougères, arbres du voyageur, lianes étrangleuses ainsi qu'orchidées feront partie du décor habituel.

La “Princesse” d'Ouzbékistan Gulnara Karimova a-t-elle vraiment été tuée par le pouvoir ?

vendredi 25 novembre 2016 à 10:24
Gulnara Karimova. Image screenshotted and cropped from her music video Round Run.

Gulnara Karimova. Capture d'écran de son clip musical Round Run.

[Tous les liens sont en russe, sauf mention contraire]

Internet est en prise avec une rumeur consternante : Gulnara Karimova, la fille aînée du dernier dictateur d’Ouzbékistan et tombée en disgrâce, aurait été empoisonnée par le régime autoritaire même que son père a forgé durant ses trois décennies au pouvoir.

Cette information, provenant d'une unique source, a été largement diffusée, depuis un député russe de l’opposition sur Facebook jusqu'à un tabloïd britannique mais elle n'est que cela : une information provenant d'une seule et unique source.

La nouvelle est apparue sur le site Centre1.com, un site d’informations d’Asie centrale fondé par Galima Bukharbayeva, une journaliste ouzbek exilée et célèbre pour avoir été la rédactrice en chef du site Uznews, désormais dissous.

Sachez que Bukharbayeva, basée à Berlin, n’est pas un poids léger du journalisme.

Elle a reçu le Prix international de la liberté de la presse du Comité pour la protection des journalistes pour sa couverture du massacre d’Andijan en 2005 [français], durant lequel 187 (chiffre officiel) à plusieurs milliers de citoyens non-armés ont été abattus par les forces de sécurité ouzbeks.

Uznews bénéficiait d’une bonne réputation avant de soudainement cesser d’exister en 2014 suite à un piratage, qui a compromis l’identité [anglais] de ses contributeurs et que le gouvernement ouzbek est suspecté d’avoir orchestré.

Toutefois, la source qui s’est confiée à Centre1 serait un officiel anonyme du service de sécurité ouzbek SNB, réputé pour son opacité et digne héritier du KGB et d’une mine d’intérêts acquis au sommet d’un monde politique fondé sur la violence et les intrigues.

L’information demeure donc non-officielle, et impossible à vérifier.

Cela n’a pas empêché le journal britannique Daily Mail de faire la une avec un titre sensationnel : la « princesse » milliardaire de l’ancien président ouzbek ‘qui a été enfermée dans un hôpital psychiatrique pendant deux ans par son successeur a été mortellement EMPOISONNEE’ [anglais]. Le journal a également affirmé, sans preuve, que Karimova a même été « la plus riche femme de l’ancienne Union Soviétique ».

Cette une provient elle-même d’un ancien article du Daily Mail [anglais], écrit à partir d’une publication Facebook postée par un groupe anonyme, Santé à [Islam] Karimov. Celle-ci suggérait que le successeur de Karimov, le chef par intérim Shavkat Mirziyoyev, avait transféré Karimova de sa résidence surveillée à un institut psychiatrique.

Islam Karimov. Russian government image. Creative Commons.

Le défunt Islam Karimov. Photographie du gouvernement russe. Creative Commons.

Mirziyoyev, bien sûr, n’a pas pu la garder enfermée pendant deux ans, comme l’insinue le titre du Daily Mail, car il n’est au pouvoir que depuis deux mois, suite aux funérailles de Karimov, le 3 septembre dernier, mort d’un AVC.

Nous savons seulement que Gulnara Karimova – contrairement à sa mère Tatiana et sa sœur cadette Lola, avec laquelle elle s’est écharpée sur Twitter en 2013 – n’était pas présente sur les images télévisuelles des obsèques.

Il a aussi été abondamment rapporté qu’elle était assignée à résidence depuis au moins 2014 ; nombre de ses proches amis et associés ont été arrêtés et emprisonnés ces dernières années [anglais].

Depuis qu’elle a quitté Twitter après avoir déversé sa colère sur sa famille, de nombreux comptes qui lui auraient soi-disant appartenu ont émergé ; l’un d’eux a en réalité été créé par des journalistes du service ouzbek de RFE/RL [anglais].

Attendez une minute. C’est quoi, l’Ouzbékistan ?

Map of Uzbekistan. Creative Commons.

Carte de l'Ouzbékistan. Creative Commons.

L'Ouzbékistan est un pays de 32 millions d'habitants d’Asie Centrale. Il côtoie le Kazakhstan au nord, le Tadjikistan au sud-est, le Kirghizistan au nord-est, l’Afghanistan au sud et le Turkménistan au sud-ouest. Le gouvernement ouzbek est considéré comme l’un des plus grands contrevenants aux droits de l’homme, en bonne place avec la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite et le Soudan.

La liberté de la presse est quasi-inexistante, provoquant une dépendance aux services d’informations étrangers, qui s’appuient sur des sources présentes dans le pays pour relayer les dernières actualités.

Qui est Gulnara Karimova ?

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Karimova chantant en duo avec Gérard Depardieu. Capture d'écran de YouTube, utilisée par Newsy World pour un documentaire consacré à Karimova, mis en ligne sur la chaîne Youtube officielle du site, le 16 septembre 2014.

Karimova a 44 ans. Au cours de sa vie haute en couleurs et controversée, elle a été chanteuse pop, créatrice de mode, ambassadrice aux Nations Unies et a régulièrement été citée comme une possible héritière au trône de son père, avant sa chute très médiatisée mais peu compréhensible.

Elle est fréquemment désignée comme étant l’une des personnes les plus corrompues d’Ouzbékistan et est au centre d’investigations concernant des entreprises de télécoms occidentales, qui lui auraient versé des milliards de dollars en pot-de-vin pour accéder au marché ouzbek.

Malgré ses mauvaises relations notoires avec sa mère et sa sœur, elle a été pendant un moment considérée comme la fille préférée de Karimov, ce qui fait s'interroger sur l’influence qu’il a pu avoir sur son sort. Karimov serait à l’origine du surnom de Gulnara, Googoosha, son nom de scène lors de sa carrière musicale.

Qu’a dit la source à Centre1.com ?

Screenshot of Centre1.com's website 22.11.16.

Capture d'écran du site Centre1.com 22.11.16.

Un homme aurait révélé à Centre1 qu’elle a été empoisonnée le 5 novembre. Durant cette nuit-là, son corps aurait été enterré dans un cimetière de la capitale, Tachkent. Sa tombe aurait été ensuite lissée. La source prétend avoir participé à l’enterrement de Karimova.

Il a ainsi révélé les détails de l’inhumation à Centre1, car il craint pour le sort des enfants de Karimova, sa fille Iman et son fils Islam [note du rédacteur : le même prénom que son grand-père], qui vivent tous deux à Tachkent et sont « sans défense et sans soutien ». Il n’aurait fourni aucun autre élément.

Qu’ont rapporté les autres médias ?

Fergana News, un site régional d’informations qui a été le premier à évoquer le décès d’Islam Karimov à l’âge de 78 ans (il a été officiellement annoncé une semaine plus tard) et qui est considéré comme ayant d’excellentes sources dans le pays, n’a pas relayé la nouvelle.

Ozodlik, la branche de langue ouzbek de RFE/RL composée de pigistes et d’autres sources du pays n’a également rien mentionné. Une agence russe, Ria Novosti, a attesté qu’une « source proche de la famille Karimova » a affirmé que « Gulnara Karimova est vivante, la rumeur de sa mort est un mensonge ». Interfax, une autre agence russe, a fait état de la même nouvelle.

Les dépêches des agences russes sont difficiles à croire, en raison du déclin des normes journalistiques en Russie ces dernières années, et de l’importance de la relation bilatérale qu’entretient Moscou avec l’Ouzbékistan. Ces agences ont, néanmoins, généralement de meilleures sources que les agences occidentales.

Quoi d’autre ?

Dmitri Gudkov, membre du parti de l’opposition Une Russie Juste au parlement russe, a écrit un billet sur Karimova, manifestement pour attirer l’attention sur la situation politique de la Russie elle-même :

Дочь Ислама Каримова, Гульнару, отравили и тайно похоронили в Ташкенте. Это настолько похоже на правду, что трудно не верить. Вероятная преемница своего отца, народные симпатии, душная атмосфера интриг, секретная смерть самого Каримова.

Чем более режим закрыт, чем более он авторитарен, тем большая опасность грозит всем, кто к нему близок. Устранить конкурентов, свидетелей, сторонников, воцариться и окуклиться.

Насколько далеко мы от этого? Министров и губернаторов уже арестовывают, в тюрьмах уже пытают — все это есть. Еще две ступеньки вниз — до тайных убийств преемников, до расстрелов из минометов, как у лучшего друга и соседа на востоке.

Dmitri Gudkov, MP in the Russian state Duma.

Dmitri Gudkov, député à la Douma, le parlement russe.

La fille d’Islam Karimov, Gulnara, a été empoisonnée et secrètement enterrée à Tachkent. Cela semble être vrai, cela ne semble pas difficile à croire.

La favorite à la succession de son père, l’icône populaire, la lourde ambiance mêlée d’intrigues, le secret de la mort de Karimov.

Plus un régime est fermé, plus il est autoritaire, plus grand est le danger pour ceux qui sont proches de lui. Il élimine adversaires, témoins, supporters, il prédomine et se métamorphose.

A quel point sommes-nous éloignés de ce type de régime ? Des ministres et des gouverneurs ont déjà été arrêtés, en prison les gens sont déjà battus – tout est là. Ensuite se trouvent les assassinats secrets des héritiers au trône, et enfin tout en haut les massacres au mortier, comme chez notre meilleur ami et voisin de l’est.

Kamoliddin M. Rabbinov, un analyste politique séjournant en France, demeure plus sceptique quant aux nouvelles rapportées. Il écrit ainsi :

С утра многие друзья и журналисты просят меня комментировать появившуюся сегодня информацию о смерти Гульнары Каримовой. Чтобы не повториться, решил публиковать свой краткий анализ здесь.
1. Члены семьи Гульнары Каримовой, а также, новые власти и вся политическая элита Узбекистана считают ее абсолютно капризной, неподконтрольной, импульсивной, и анализируя ситуацию, можно убедиться, что в коридорах власти есть консенсус, что целесообразно удержать ее под «домашним арестом» – не дать ей возможности влиять на политические процессы, поскольку, чего она может сказать или какую информацию она может обнародовать, никто не знает.
2. Судьбу Гульнары Каримовой решает семейный консилиум: мать Татьяна Каримова и ее сестра. Власти до сих пор относятся к членам семьи Ислама Каримова с осторожностью и уважением.
3. Новым властям как-то навредить Гульнаре Каримовой – даром не надо. Впереди – выборы, легитимация новой власти. Для властей был бы кошмаром начинать свой путь с ликвидации члена семьи бывшего президента. Все о чем мечтают новые власти касательно Гульнаре – контролировать ее так, чтобы шума и совокупного вреда были бы минимальным, а контроль – максимальной.
4. Семья Каримовых никогда не дасть согласия на ликвидации кого-то из членов семьи, поскольку, такой шаг был бы катастрофой для безопасности остальных, включая безопасности самой власти.
5. Главная «подушка безопасности» Гульнары – ее сын Ислам Каримов младший, который, с огромным капиталом в руках, сидит в Лондоне. Если с ее матерью случиться что-то реально плохой, он может трубить на все мир первым и коллапсировать репутацию режима на долгие годы.

Rabbimov. Image from Facebook.

Rabbimov. Image Facebook.

Depuis ce matin, de nombreux amis et journalistes m’ont demandé de commenter l’information apparue aujourd’hui au sujet du décès de Gulnara Karimova. Afin de ne pas me répéter, j’ai décidé de publier une brève analyse ici :

  1. Les membres de la famille de Gulnara Karimova, ainsi que le nouveau gouvernement et toute l’élite politique d’Ouzbékistan la considèrent comme capricieuse, incontrôlable et impulsive et, en analysant la situation, nous pouvons constater que dans les couloirs du pouvoir, tout le monde est d’accord pour dire qu’il est préférable de la garder en « résidence surveillée ».

Ainsi, elle n’aura aucune occasion d’influer sur le processus politique, car qui sait ce qu’elle pourrait dire ou quelles informations elle pourrait rendre publiques ?

  1. L’avenir de Gulnara Karimova sera déterminé par sa famille, c’est-à-dire sa mère Tatiana Karimova et sa sœur Lola. Les autorités traiteront la famille d’Islam Karimov avec prudence et respect.
  1. Les nouvelles autorités n’ont rien à gagner en s’attaquant à Gulnara Karimova. Ce sont en effet une élection [note du rédacteur : une élection présidentielle dans laquelle Shavkat Mirziyoyev a peu de chance de faire face à une véritable concurrence, le 4 décembre prochain] et la légitimation du nouveau gouvernement qui sont en jeu. Ce serait un cauchemar pour le pouvoir si l’élection débutait avec l’élimination d’un membre de la famille de l’ancien président. Tout ce que souhaite le nouveau gouvernement concernant Gulnara est de la garder sous contrôle afin de minimiser toute interférence ou dommage.
  1. La famille Karimov ne consentira jamais à la liquidation d’un de leurs membres, car cela constituerait un désastre pour la sécurité des autres, et pour la sécurité du gouvernement lui-même.
  1. Le principal “filet de sécurité” de Gulnara est son fils, Islam Karimov Jr qui, avec son important capital entre ses mains, vit à Londres [note du rédacteur : la source SNB mentionna à Centre1 qu’il vivait à Tachkent]. Si quelque chose de grave devait réellement arriver à sa mère, cela ternirait encore plus la réputation du régime pendant les nombreuses années à venir.

Comme d’habitude, personne en Ouzbékistan n’a communiqué sur ce sujet.