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Les femmes égyptiennes ne se laissent pas faire !

dimanche 30 décembre 2012 à 19:13

Maryanne Gabbani, blogueuse expatriée canadienne, a publié un nouvel article sur son blog intitulé “Ne cherchez pas les femmes égyptiennes !” où elle raconte deux histoires dont elle a entendu parler récemment dans le village où elle vit.

En préalable à son histoire elle nous fait part de ses observations sur les femmes de son village :

Les femmes de ma région méritent depuis toujours mon estime et mon profond respect. Elles s'occupent de leurs fermes, de leurs familles et de leurs maisons dans des conditions très dures sans jamais perdre leur sourire et leur bonne humeur et toujours prêtes à aider les autres. Elles sont le nerf de la famille. Bien que la région soit l'une des plus traditionnelles du pays avec des croyances religieuses très fortes, ces femmes sont très accueillantes et amicales et ont toujours partagé avec moi, canadienne d'un certain âge atypique, joie et éclats de rire.

Puis elle raconte la première histoire qu'elle tient de plusieurs voisines qui ne sont pas d'accord avec les règles imposées par les Frères Musulmans:

Une voisine m'a raconté qu'il y a deux semaines, quand les bus de ramassage qui emmenaient les manifestants à Heliopolis pour la manifestation qui a dégénéré devant le palais présidentiel, certaines mères de famille autour de moi ont prévenu leurs fils que s'ils voulaient prendre le bus pour aller en ville elles ne les en empêcheraient pas mais que ce n'était pas la peine qu'ils reviennent.

L'histoire suivante est celle d'un nouveau petit groupe religieux de huit personnes qui a décidé d'aider les villageois à se comporter plus “correctement”. Voilà ce que dit Maryanne:

Il paraît qu'un groupe de Takfir wal Higra (Excommunication et Exodes - groupe islamiste extrémiste) est arrivé sur la commune pour aider des villageois à se comporter plus “correctement”. On pouvait les voir déambuler dans les rues vêtus de leurs galabeyas (gandouras locales), ils avaient pris possession d'une mosquée pour prêcher et ils avaient un bureau à Abou Sir pour l'organisation. Il y a un peu plus d'une semaine, huit hommes sont arrivés sur le marché principal d'Abou Sir et, en entrant, ils ont remarqué une femme assise à côté de sa marchandise et dont la jambe dépassait légèrement de sa galabeya. Ils lui ont alors donné un violent coup de pied dans la jambe en lui disant de se couvrir et d'être décente. Ce fut une erreur monumentale. ll se trouve que cette femme était la responsable du marché et membre d'une association très populaire de la région qui compte plusieurs milliers de personnes. Avec les autres femmes du marché elles ont attaqué les huit hommes et les ont battus au point de les envoyer à l'hôpital. Quand les hommes ont voulu porter plainte à la police, la police a refusé d'enregistrer leur plainte arguant qu'ils étaient complètement fous de vouloir s'opposer à ces femmes. Maintenant les jeunes d'Abou Sir ont transformé le bureau en café, la mosquée n'est plus utilisée pour leurs sermons fondamentalistes et l'on n'a plus revu le groupe Takfir.

En conclusion de son article elle confirme :

Si l'on se demande sur qui se reposer pour se débarrasser des islamistes en Egypte, voilà la réponse. Les femmes égyptiennes sont les femmes les plus fortes que j'aie jamais rencontrées.

 

Ils abattent aussi les arbres, en Egypte

dimanche 30 décembre 2012 à 19:13

Michael Hanna, pharmacien et blogueur égyptien, poursuit sa série de deuil sur l'abattage des arbres ainsi que la démolition de villas antiques dans la banlieue de Héliopolis au Caire et écrit un poème pour un palmier [arabe].

Il y a trois mois, il a pris une photo de ce qui pourrait être le plus vieil palmier de la région. Il écrit sur un blog :

لعل هذه كانت النخلة الأطول والأقدم في مصر الجديدة، عمرها من عمر الضاحية نفسها.
Peut-être que ce palmier était le plus haut et le plus vieux du quartier d'Héliopolis et peut être aussi vieux que la banlieue elle-même.
An old palm tree on Al Ahram Street

Un vieux palmier dans la rue Al Ahram dans la banlieue du Caire, à Héliopolis

Hanna continue :

الصور بالأعلى ملتقطة منذ حوالي ثلاثة أشهر. أمس مررت بالمكان، وفوجئت بأن شخصا ما قرر إنهاء حياتها، ولم يتبق منها سوى هذا. بقايا جذع ومجرد حفرة يحشر فيها الناس القمامة.
L'image ci-dessus a été prise il y a environ trois mois. Hier, je suis passé par la place et j'ai été surpris de voir que quelqu'un a décidé de mettre fin à sa vie .. ne laissant que ceci. Les restes du tronc et juste un trou où les gens jettent leurs ordures.
A hole, where people throw trash, where a palm tree once stood

Un trou où les passants jettent les ordures, l'endroit où se trouvait autrefois un palmier

Égypte : Le peuple réclame des logiciels libres et ouverts

dimanche 30 décembre 2012 à 19:05

Nombreux sont les commentaires soulignant le rôle libérateur joué par la technologie lors des soulèvements survenus au Moyen-Orient. Il y aurait encore plus à dire sur le rôle des soulèvements dans la libération de la technologie dans la région.

Ce mercredi, la page Facebook officielle du premier ministre égyptien a publié le compte-rendu de l'un de ses dernières réunions de conseil. On y apprend que le gouvernement égyptien a accepté de payer 43,8 millions de dollars afin d'acquérir des licences et des logiciels auprès de Microsoft. De nombreux citoyens égyptiens ont réagi vivement à l'annonce de cette nouvelle.

@rrcoalition: الحكومة تشترى سوفت وير من مايكروسوفت ب 44 مليون دولار, ويقولوا الدولة على وشك الافلاس

@rrcoalition : Le gouvernement débourse 44 millions de dollars pour des logiciels Microsoft, malgré ses affirmations sur la faillite de l'État.

@Aya_Ayman : Oui, car après avoir nourri et logé tous les pauvres et les sans-abris en Égypte, il reste encore quelques millions en trop au gouvernement !

Quoi qu'il en soit, ce qui met les gens en colère ce n'est pas tant le montant faramineux de l'argent dépensé mais plutôt le fait qu'il y a, à leurs yeux, de meilleures alternatives à la fois moins coûteuses et susceptibles d'aider la communauté du développement informatique à croître.

L'Égypte offre 43 millions à Microsoft

Samar Ali (@SaMoRaAli) a partagé cette bannière sur Twitter.

@Gue3bara: الحكومة كان ممكن تصرف مليون دولار مصري فقط وتسخر مجموعة من المطورين المصريين يشغلوا اجهزة الحكومة ببرمجيات مفتوحة المصدر

@Gue3bara : Au lieu de dépenser cet argent, le gouvernement aurait dû consacrer ne serait-ce qu'un million aux développeurs de logiciels du pays de manière à leur permettre de développer des solutions alternatives pour l'administration à l'aide de logiciels open source.

Omar Ak explique brièvement ce que sont les logiciels open source :

‏@i3mmoor: Pt - En plus d'êtres libres, les logiciels open source sont modifiables et ne comportent pas de mises à jour imposées. #OpenEgypt.

Nagla Rizk, directeur et fondateur du centre “Access to Knowledge for Development Center” (A2K4D) et par ailleurs membre du comité de pilotage du projet “Open Africa Innovation Research Project” (Open A.I.R), ajoute sur Twitter :

@naglarzk : تعاقد الحكومة المصرية مع مايكروسوفت يزيد من توغل الأخيرة في السوق المصري ويقلص فرص الشركات الصغيرة خاصة القائمة ع المصدر المفتوح #OpenEgypt

@naglarzk : Ce contrat avec Microsoft renforce sa présence sur le marché égyptien tout en réduisant les chances des petites entreprises de se poser en concurrents sur le marché local, en particulier celles qui reposent sur le logiciel open source.

@naglarzk : Un contrat de 43 millions de dollars avec Microsoft est un revers incontestable pour l'#Egypt, en particulier après une révolution, promesse d'ouverture, de collaboration et de liberté. #OpenEgypt

Hossam El-Hamalawy (@3arabawy) développe les raisons [en arabe] pour lesquelles il ne faut pas que cet accord soit conclu. Plusieurs organisations et particuliers ont commencé à signer cette pétition [en arabe].

Le mouvement ne se limite pas à cette action : des membres de la communauté open source en Égypte ont convoqué une manifestation silencieuse devant les ministères pour le 30 décembre. D'autres manifestations sont également prévues dans plusieurs villes d'Égypte. Le hashtag (mot-clé) #OpenEgypt est désormais utilisé pour présenter les logiciels open source et leurs avantages.

Italie : #iostoconmarco, avec Marco Pannella contre les prisons inhumaines

dimanche 30 décembre 2012 à 14:21

La semaine dernière, le hastag #iostoconmarco (Je suis avec Marco) s'est répandu [en italien,comme les liens suivants] sur Twitter et Facebook, ainsi que sur la blogosphère italienne, avec de nombreuses reprises par les médias traditionnels italiens. Marco Pannella, leader historique du Parti Radical Nonviolent Transnational et Transparti [en français] une ONG certifiée auprès de l'ECOSOC aux Nations Unies, a fait une grève de la faim et de la soif pour dénoncer les conditions de vie dans les prisons italiennes, pour demander l'adoption de mesures de réduction du nombre de détenus, et pour qu'ils aient le droit de voter.

Marco Pannella décrit ainsi les objectifs visés sur le site amnistiasubito.it :

L'objectif est toujours celui-ci : obtenir de l'Etat italien qu'il mette fin à la procédure de flagrant délit, techniquement criminelle en termes de droit international et de ceux de l'”ex” Constitution italienne. Alors que les confirmations de la Cour européenne s'accumulent [ndlt : de l'illégalité des conditions de détention en Italie], nous avons suggéré l'instrument pour que ceci puisse se dérouler formellement en dix jours. Comme un épisode énorme, historique, après 30 ans de trahison et d'illégalité”.

Tous reconnaissent que les conditions de vie dans les prisons sont indécentes pour un pays comme l'Italie. Dans cette vidéo intitulée “Viaggio choc nelle prigioni italiane” (Voyage choc dans les prisons italiennes) des représentants des instances pénales témoignent et dénoncent les conditions dans lesquelles les prisonniers sont contraints de vivre. Ils rappellent que :

Jusqu'à 9 détenus occupent une cellule conçue pour 4 personnes…. La majorité des détenus reste en cellule 20 heures sur 24…

Le site primadanoi.it donne les dernières statistiques de l'institut de statistiques ISTAT et rappelle aussi que :

La majeure partie des détenus incarcérés en 2011 (76 982) sont en attente de jugement, et seulement 10% environ ont été condamnés de façon définitive. 25% parmi ceux-ci sont libérés dans la semaine [après le jugement, pour avoir effectué par exemple trop de préventive].

Dans un post de septembre dernier, publié sur unimondo.org, Alessandro Graziadei dénonce l'immobilisme du gouvernement italien, en citant les mots de la députée Rita Bernardini :

A cause du manque de fonds pour l'entretien ordinaire et exceptionnel, des zones entières des centres de détention sont fermées, bouclées, mais elles sont toujours prises en compte dans le calcul de la capacité réglementaire, de plus “le projet de loi de délégation du gouvernement en matière de dépénalisation et de libération, prévu pour mars, est toujours au jour d'aujourd'hui sous la pile

Manifestazione del 25 Aprile

Marche pour l'amnistie, la justice et la liberté  le jour de la Libération, le 25 avril 2012 (photo de l'auteur).

Pour une analyse du degré de surpeuplement de différents centres de détention, sur le site ristretti.org, on peut lire :

Les choses ne vont pas mieux à “Poggioreale” (prison de Naples) : 2 600 détenus, alors que cet établissement ne peut en héberger que la moitié, avec des pointes de 12 individus par cellule où il n'y a pas de douche, en violation du règlement actualisé du conseil de l'ordre pénitentiaire. A Lanciano, dans les Abruzzes, le taux de surpeuplement du centre de détention est de 170%. La presque totalité des détenus est donc contrainte de vivre dans moins de 3 m2, seuil minimum en-deçà duquel - selon ce qu'a déterminé la Cour européenne des droits de l'Homme - on peut parler de “torture”.

Ulisse Spinnato Vega détaille dans une enquête publiée sur le site lettera43.it les aspects  socio-économiques de la détention :

 Le plus souvent, 70% des anciens détenus récidivent après leur période de détention. Mais le pourcentage chute sous les 20% si entre temps ceux-ci ont exercé un emploi véritable pour une entreprise ou des coopératives à but social.
Les prisons italiennes hébergent 66 milles personnes et faire baisser d'un point la récidive signifie garder dehors 700 personnes. Si l'on considère que le coût journalier d'un détenu tourne autour de 150 euros, l'Etat économiserait de façon directe environ 35-36 millions d'euros.
Sans parler de tous les bénéfices sociaux et économiques d'un délinquant en moins dans la rue qui menace, blesse, tue, vole, dérobe et utilise des ressources de l'Etat consacrées à la répression.
Par ailleurs, plus de 50% de la population carcérale italienne a entre 21 et 39 ans. Donc, cela représente une excellente main d'oeuvre potentielle, dans une époque de pression fiscale très forte, cela garantirait un avantage compétitif aux entreprises.

Vittorio décrit sur son blog les problèmes de l'administration judiciaire :

En Italie, il y a 9 millions de procès en souffrance et pour obtenir un jugement définitif, il est nécessaire d'attendre dix ans. Si d'un côté 70% des vols et 80% des meurtres restent impunis, de l'autre, chaque année, 170 milles procès tombent sous le coup de la prescription, une amnistie pour les riches qui ont de bons avocats.

 

Jechil révèle les coûts de l'incapacité de la justice à faire face à une montagne de dossier en souffrance :

Plus encore : faire redémarrer le système judiciaire signifie aussi agir sur les 6 millions d'affaires au civil non jugées qui coûte à notre pays 96 milliards d'euros en termes de richesse perdue (presque 1% du PIB italien). Le centre d'études de la Confindustria en 2011 a estimé que faire fondre l'énorme montagne d'affaires accumulées profiterait à notre économie à hauteur de 4,9% du PIB, et qu'il suffirait d'en diminuer le temps de traitement ne serait-ce que de 10% pour gagner chaque année 0,8% de PIB.

Un post publié sur le site ogginotizie.it informe que :

Il y a également le maire de Florence Matteo Renzi et le gouverneur de la Région Toscane Enrico Rossi parmi les politiques et les personnalités qui ont adhéré à la lettre d'appel de Marco Pannella, dans laquelle sont expliqués les motifs de sa protestation. Il a été invité à cesser son jeûne contre la promesse au leader radical que les signataires entreprendront, pour un jour, à tour de rôle, une grève de la faim. A cette initiative, lancée par le conseiller régional du parti Pd Enzo Brogi, en accord avec les radicaux florentins, ont aussi adhéré - explique une note -  Marco Taradash, conseiller régional du Partito della libertà, les musiciens Erriquez Greppi et Dolcenera, le metteur en scène Alessandro Benvenuti et le caricaturiste Sergio Staino.

Les Jeunes socialistes de la Région Lazio, la région où se trouve Rome, ont envoyé un message de solidarité, publié sur latuavoce.it, où ils écrivent :

Encore une fois, cet homme de plus de 80 ans, qui a introduit de grandes révolutions en Italie, nous donne une grande leçon de civisme.

Il ne faut pas pour autant croire que tous les Italiens soutiennent unanimement Marco Pannella. Le commentaire d'un lecteur du quotidien Repubblica.it, attiliomanduzio, illustre le point de vue de nombreux Italiens :

S'il veut mourir, laissons le mourir, ce casseur de couilles. Et après, peut-être qu'au moment opportun, il crachera dans le plat où il mange, comme il l'a fait quand ses vassaux n'ont pas réussi à faire tomber le gouvernement de Berlusconi pour des raisons ridicules. Basta ! Il y a 40 ans, il a donné un coup de main pour faire accepter deux institutions civiles comme le divorce et l'avortement, mais maintenant, ça suffit de vivre de ses rentes !

Entre temps, le 26 décembre, Marco Pannella a mis fin à sa gréve de la faim et de la soif, mais en se disant “prêt à la recommencer” si les choses n'évoluaient pas. Avec l'agitation du monde politique provoquée par les scandales découverts par la magistrature et lors des élections parlementaires et locales dans de nombreuses régions, et si on y ajoute la chute du gouvernement Monti, la légalité, en Italie ne semble pas être une priorité en ce moment.

Après son initiative drastique, et l'importante attention qu'elle a attirée, il reste à voir si les principales formations politiques prévoient des formes d'actions en faveur des détenus dans leur programme électoral des élections de février 2013, ou si, au contraire, elles utiliseront l'habituelle excuse : que l'opinion publique n'est “pas encore prête” à accepter l'idée d'une amnistie de grande ampleur.

Retour sur 2012 en Asie du Sud - 1ère Partie

dimanche 30 décembre 2012 à 13:18

Équipés de smartphones comme jamais auparavant, nous voyons un nombre croissant de Sud-Asiatiques traverser les frontières par l'intermédiaire des médias sociaux.

Cette année a eu lieu le premier sommet des médias sociaux Inde-Pakistan [en anglais] à Karachi. Nous avons aussi vu des pirates informatiques indiens et bangladais impliqués dans des cyberguerres [en anglais], qui avaient commencé comme une protestation contre les meurtres aux frontières commis par les Forces de Sécurité aux Frontières indiennes.

De nombreux gouvernements d'Asie du Sud ne sont toujours pas à l'aise avec les nouveaux médias ; nous les avons vus recourir à des mesures draconiennes pour stopper le libre flux d'informations. Ici nous revenons sur quelques unes des histoires que nous avons couvertes en 2012, quant à l'essor des médias sociaux dans la région.

Censure du web et liberté d'expression

Sous couvert de protéger la majorité ou de la minorité et de stopper la cybercriminalité, de nombreux gouvernements d'Asie du Sud ont promulgué plusieurs lois qui sapent la liberté d'expression sur internet et les libertés civiles.

Cartoon by Bryant Arnold, CartoonADay.com. Used under a Creative Commons 2.5 license (BY-NC)

Dessin de Bryant Arnold, CartoonADay.com. Reproduit sous licence Creative Commons 2.5 (BY-NC).
L'Inde poursuivra Google sur les contenus offensants. Google refuse de retirer les résultats des moteurs de recherche.

L'Inde, plus grande démocracie du monde, a fait un pas de géant en arrière quand elle demanda à 20 importantes sociétés d'internet, y compris Google, Facebook, et Twitter de présenter des plans pour filtrer les contenus “antireligieux” ou “antisociaux” des informations accessibles aux citoyens indiens.

En avril 2011, le gouvernement indien publia tranquillement des amendements aux règles sur les Technologies de l'Information restreignant les contenus du web [en anglais] considérés comme “désobligeants,” “harcelants,” “blasphématoires” ou “haineux.” Des internautes indiens firent campagne contre cela sur internet et s'engagèrent même dans une grève de la faim en mai 2012 [en anglais] pour soutenir une demande d'annulation des nouvelles Règles sur les Technologies de l'Information-2011 au Rajya Sabha (Conseil des États de l'Inde).

PNon seulement le gouvernement, mais aussi l'industrie indienne du divertissement en ont après les médias sociaux et demandèrent ainsi aux tribunaux de bannir [en anglais] Torrents et Vimeo sur des questions de copyright.

En août, le gouvernement indien prit des mesures contre de nombreux sites de médias sociaux [en anglais], interdisant des pages Facebook et des comptes Twitter, prétextant qu'ils attisaient les attaques communautaires sur les habitants dans le Nord-Est.

En mai, les utilisateurs de Twitter au Pakistan subirent une censure générale sur tous les fournisseurs d'accès à internet à travers le pays, sur ordre de l'Autorité des Télécommunications du Pakistan qui tentait d'éliminer tout contenu ‘blasphématoire'.

Activists of Jamat-e-Islami chant slogans against the anti-Islam movie released in the USA, Karachi, Pakistan. Image by Owais Aslam Ali. Copyright Demotix (14/9/2012)

Activistes du Jamat-e-Islami scandant des slogans contre le film anti-islamique sorti aux USA, Karachi, Pakistan. Image de Owais Aslam Ali. Copyright Demotix (14/09/2012)


Le Pakistan
 [en anglais] et le Bangladesh interdirent YouTube en septembre après les violentes réactions contre l'hébergement [en anglais] du film controversé Innocence of The Muslims [en anglais] (L'Innocence des Musulmans). YouTube est toujours totalement bloqué dans les deux pays et l'Inde bloqua seulement la vidéo à l'intérieur du pays.

The RFP as seen in Pakistani newspapers. Image courtesy EFF

La proposition de loi vue vue par les journaux pakistanais. Image fournie par EFF

Dans un effort exemplaire, des activistes et blogueurs pakistanais réagirent promptement pour contrer le Grand Pare-Feu [en anglais], le “système national de filtrage et de vérouillage d'URL” proposé. Le système, d'un coût de 7,5 millions d'euros, devait permettre au gouvernement pakistanais de ”gérer une liste noire de quelque 50 millions d'URL”.

En août, le gouvernement pakistanais a suspendu les services de téléphonie mobile dans des villes importantes lors de l'Aïd el-Fitr [en anglais] pour empêcher des attaques terroristes. Ceci est vite devenu la tendance et depuis, les réseaux mobiles ont été complètement fermés à plusieurs reprises dans  différentes parties du Pakistan soulevnant de nombreuses critiques.

Au Bangladesh, une proposition de politique des actualités en ligne [en anglais] fut sérieusement critiquée dans les médias sociaux qui exhortèrent le gouvernement à y renoncer. En mars, un tribunal au Bangladesh ordonna aux autorités concernées de fermer cinq pages Facebook et un site web [en anglais] pour blasphème contre le Prophète Mohammed, le Coran et d'autres sujets religieux.

Au Sri Lanka, une nouvelle réglementation appliquant des frais exorbitants pour les sites d”actualités en ligne a soulevé beaucoup de controverse. Certains craignent que la loi s'étende aux blogs personnels, et puisse même inciter les blogueurs à recourir par peur à l'auto-censure [en anglais].

Poursuivis pour usage des médias sociaux

Au Bangladesh, la Haute Cour condamna à une peine de 6 mois d'emprisonnement un professeur d'université [en anglais] qui ne s'était pas présenté à son procès concernant une publication de statut Facebook.

Remix from Bryant Arnold

Remix de Bryant Arnold. CC BY-NC

En Inde, un professeur fut arrêté [en anglais] pour avoir transféré une caricature “diffamatoire” contre le chef du gouvernement du Bengale Occidental Mamata Banerjee. La police mit également en détention une femme de 21 ans après qu'elle eut posté un statut Facebook [en anglais] protestant contre la fermeture totale de Mumbai (Bombay) suite au décès du fondateur du parti Shiv Shena. Son ami, qui ‘a aimé’ la mise à jour fut aussi arrêté. Tous les deux furent plus tard libérés sous caution.

Les autorités sri-lankaises perquisitionnèrent les bureaux de deux sites web d'actualités [en anglais] sur accusation de diffamation criminelle et arrêtèrent neuf journalistes. Dans un autre incident, le secrétaire de la défence menaça l'éditeur d'un journal local durant un interview.

Rôle de MSM

Au lieu d'aider une Indienne agressée par 20 hommes devant un pub à Guwahati, le cameraman de la chaîne locale de télévision tourna une vidéo de 30 minutes de l'incident. La vidéo est devenue très populaire, avec de nombreuses personnes soulevant des questions d'éthique des médias et se demandant si l'Inde n'était pas en train de devenir une nation de voyeurs.

Image courtesy Blanknoise. CC BY-NC-SA
Pourrais-je avoir un peu de lumière sur la fille pendant que vous la déshabillez ?

Début décembre au Bangladesh, l'actualité qui captiva l'imagination des gens et fit les grand titres de toute la presse, magazines et télévision fut le meurtre brutal en public de Biswajit Das, 24 ans,.

En mars, certaines parties de Calcutta dans le Bengale Occidental, en Inde, furent paralysées par des protestataires [en anglais] s'opposant à un certain tweet, présumément posté par un mannequin indien, qui fut à son tour publié dans un quotidien anglais important.

Les médias audiovisuels enflammés du Pakistans furent au centre de plusieurs campagnes suivies dans des médias sociaux cette année. L'animatrice d'un talk show pakistanais, Maya Khan, devint l'objet de l'attention de plusieurs d'entre eux, après qu'elle diffusa un épisode sur la moralisation des les rencontres amoureuses dans son émission matinale. Une campagne sur les médias sociaux réussit à faire supprimer son émission TV. Mais plus tard, elle fut engagée par une autre chaîne où elle invita un dignitaire religieux [en anglais] à convertir un jeune Hindou à l'Islam en direct dans son émission. Mais certains disent que la conversion fut forcée. Une vidéo pirate montrant les populaires présentateurs Mehar Bokhari et Mubashar Lucman impliqués dans une interview arrangée [en anglais] mit aussi sous le choc l'industrie des médias et la population.

Des internautes népalais furent irrités par la remarque du modérateur d'une chaîne de TV indienne qui affirma “le Népal est un territoire de l'Inde.” [en anglais]. Ils diffusèrent leurs réactions sur plusieurs sites de réseau social.

Usage exemplaire des médias sociaux

Au Bangladesh, la discrimination et l'oppression contre 45 tribus indigènes (adibashis) ne sont pas nouvelles. Certains des internautes indigènes ont recours aux blogs, Facebook et autres plates-formes de médias sociaux pour faire entendre leur voix.

Une route traversant le fleuve Titas. Image fournie par Sharat Chowdhury

Pour facilitater le transit de camions cargos indiens surchargés à travers le Bangladesh, une longue route de dérivation a été construite  à travers le fleuve Titas et ses affluents obstruant son cours en de nombreux endroits. Le fait fut d'abord révélé dans un reportage TV. Des blogueurs investigateurs se rendirent sur place et publièrent l'histoire illustrée de photos [en anglais], ce qui incita plus tard les autorités à effacer la route.

La réconciliation est un mot très discuté au Sri Lanka. Alors que beaucoup a été dit sur les moyens de la réaliser, un groupe nommé Sri Lanka Unites fait véritablement la promotion de la réconciliation et de l'espoir auprès des jeunes en visitant des écoles et en construisant un réseau de 4500 leaders étudiants issus de tous les districts et communautés du Sri Lanka. Ils utilisent également beaucoup les médias sociaux pour maintenir et promouvoir le réseau.

En Inde, la discrimination envers les Dalits existe toujours dans de nombreuses zones rurales et dans la sphère privée. Dalit Camera, un chaîne YouTube s'attache à mettre en lumière la situation critique des Dalits.

Dans la 2e partie de cet article, nous parlerons d'autres histoires en provenance d'Asie du Sud, que nous avons couvertes cette année.