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“Des voix pour la dignité” : des femmes qui ont survécu aux conflits armés en Colombie témoignent

vendredi 28 décembre 2012 à 09:03

[Les liens conduisent à des pages en espagnol sauf mention contraire] Voix pour la dignité, un projet multimédia du Centre pour une transition judiciaire (ICTJ), raconte l'histoire de Yoladis Zúñiga et Petronila Mendoza, deux femmes colombiennes qui ont fui leur foyer après l'attaque de leur village et l'assassinat de leur mari par des milices paramilitaires. Ce projet initié fin novembre 2012, comporte trois galeries de photos et une vidéo de 22 minutes qui peuvent être intégralement visualisées en ligne.

Marta Martínez, productrice de Voix pour la dignité, a écrit un post en tant qu'auteure invitée sur Witness [en anglais], dans lequel elle fait le bilan de la campagne de 16 jours contre les violences faites aux femmes [en anglais] :

Yoladis Zúñiga et Petronila Mendoza ont survécu à une attaque de paramilitaires de droite lancée sur leurs villages ; ils ont violé les femmes et les jeunes filles, brûlé les maisons et tué des habitants, dont leurs maris. Les deux femmes se sont enfuies avec leurs fils à Baranquilla, une ville de Colombie sur la côte atlantique, rejoignant ainsi les quatre millions de déplacés de la guerre civile.

 

Yoladis Zúñiga

Yoladis Zúñiga. photo de Camilo Aldana pour ICTJ, reproduite avec autorisation.

Marta relaye également le message soutenu par Voix pour la dignité :

On parle beaucoup, au moment où le gouvernement se lance dans une série de négociations avec les guérillas de gauche ou les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) de la possibilité d'une paix durable. L'enquête de l'ICTJ et son expérience antérieure montre qu'on ne peut arriver à une paix durable si l'on assure pas la justice, la reconnaissance des responsabilités et des droits des victimes.

María Camila Moreno dirige le bureau de l'ICTJ en Colombie, elle écrit :

Les victimes ne sont pas des numéros mais des personnes de chair et d'os qui ont une idée très claire de ce que la Colombie doit faire pour leur donner droit à réparation.

Petronila Mendoza

Petronila Mendoza. Photo de Camilo Aldana pour ICTJ, publiée avec autorisation.

Voix pour la dignité porte un regard lucide sur la vie des victimes du conflit armé en Colombie au travers des témoignages poignants de Yoladis et Petronile. Un article de ICTJ sur Voix de dignité ajoute :

Voix de dignité, en racontant les histoires de Yoladis et Petronila, rompt avec le stéréotype des femmes victimes passives des conflits dans les sociétés en transition. Il les présente au contraire comme des héroïnes, militantes actives et leaders.

 

Marta déclare que le but de ce projet multimédia est de rappeler les droits élémentaires de toutes les victimes en Colombie, le droit à la vérité, à la reconnaissance et à la réparation.

 

Voces de Dignidad est disponible en espagnol, et bientôt en arabe.

Qui veut renverser le Président de la République Centrafricaine François Bozizé ?

jeudi 27 décembre 2012 à 22:11

Alors qu'une alliance de rebelles, regroupée sous le nom de Séléka (alliance en Sango, la langue nationale du pays), avance sans coup férir vers Bangui, la capitale de la République Centrafricaine, des manifestations ont lieu depuis le 26 décembre 2012 dans la ville pour exiger l'intervention de la communauté internationale, et notamment de la France, pour stopper l'avancée des rebelles.

Capture d'écran - Reportage Al Qarra TV posté sur Youtube

Capture d'écran du reportage Al Qarra TV sur les rebelles en Centrafrique posté sur Youtube

Qui sont les rebelles ?

C'est début décembre que le Séléka a entamé sa progression dans le pays. D'après Alain Lamessi, contributeur sur le site Centrafrique Presse, il s'agit d'un groupe hétéroclite dénué de ligne politique claire :

Le Séléka est une coalition hétéroclite de factions rebelles dissidentes qui écument l’arrière-pays depuis quelques années déjà. (…) Pas de ligne politique conceptualisée, ni structurée, pas d’idéologie claire et cohérente, pas de revendications précises. Tout cela finit par convaincre que Séléka, dans sa forme actuelle, n’est pas et ne peut pas être une alternance crédible au régime de Bozize.

En réalité, il s'agit de quatre groupes armés principaux, qui sévissent au Nord et à l'Ouest du pays depuis de nombreuses années, au gré des rébellions et des accords de paix avec le pouvoir central. Un communiqué publié sur le site Centrafrique Presse, signé du Séléka et datant du 17 décembre 2012, nomme trois de ces groupes :
CPJP - Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix du général Noureldine Adam
CPSK - Convention Patriotique du Salut du Kodro dirigé par le général Dhaffane Mohamed Moussa
UFDR - Union des Forces Démocratiques pour le rassemblement dirigée par Michel Djotodia, soutenu par les rebelles tchadiens du FPR dont il sera à nouveau question.

Cet article fait mention du dernier membre a avoir rejoint l'alliance : le FDPC - Le Front Démocratique du Peuple Centrafricain d'Abdoulaye Miskine.

Les revendications récentes du groupe sont liées pour l'essentiel au non respect, selon le Séléka, d'un accord de paix signé en 2007 entre les rebelles et le gouvernement du Président Bozizé. Au nombre de ces revendications, figurent les suivantes :

  • La régularisation des 15 millions de francs CFA par combattant selon l'accord conclu avec le Général François Bozizéafin de laver la Dignité centrafricaine de ce genre de revendications malencontreuses mais tout de même légitimes,
  • Le versement sans condition de la somme négociée d'un million de francs CFA par combattant, somme débloquée mais encore détenue en partie par le Ministre délégué à la Défense, Jean Francis Bozizé,
En 2007, deux premiers accords de paix avaient été signés à Syrte, en Lybie, puis dans la ville de Birao à 1080 km au nord est de Bangui, avec le FDPC et l'UFDR. En mai 2008, l'accord de Paix Globale de Libreville devait ouvrir la voie à un Dialogue Politique Inclusif entre le Gouvernement, les partis politiques d'opposition, les rébellions et les sociétés civiles pour une paix durable.

Les rebelles de Séléka ont pu être accusés d'exactions dans certaines régions du pays dans lesquelles ils se trouvaient. Le Réseau des Journalistes pour les Droits de l'Homme en République Centrafricaine (RJDH-RCA) a mis en place en partenariat avec l'agence Internews une plateforme Ushahidi qui répertorie depuis le 14 mars 2012 les évènements de crise dans le pays. Certains rapports font état de ces accusations portées contre les rebelles. Le 3 septembre 2012 par exemple, des habitants de la ville de Sam-Ouadja (nord-est) se sont plaints de certains agissements de l'UFDR :

Deux femmes soupçonnées de sorcellerie ont trouvé la mort les 28 et 30 mai à Sam-Ouandja  après avoir été battues par des éléments de l’UFDR et deux autres femmes ont subi les mêmes traitements, mais ont  survécu.

Le 11 septembre 2012, ce sont 20 personnes originaires de la sous-préfecture de Kabo, dans le Nord, qui ont été dépouillées par des personnes soupçonnées d'être des éléments du FDPC.

L'ombre islamiste ?

Deux noms semblent revenir régulièrement lorsqu'on parle de la rebellion qui progresse actuellement vers la capitale de la République Centrafricaine : celui de Abdel Kader Baba-Laddé, ancien élément des forces tchadiennes, et celui de la rébellion tchadienne dont il fut longtemps chef, le Front Populaire pour le Redressement (FPR). Le groupe se réclame de la mouvance islamiste selon cet article paru sur la plateforme du RJDH-RCA, et souhaite réunir tous les groupes islamistes. Du fait de la porosité des frontières entre le Tchad et la Centrafrique, le FPR a un temps occupé la région Nord et Centre-Nord de la RCA. En septembre 2012, un accord est signé entre le Tchad, la RCA et Baba-Laddé afin de mettre fin à la rébellion, et permettre le retour de son chef dans son pays, le Tchad. Il y sera reçu avec les honneurs comme l'indique RFI dans cet article datant du 5 septembre 2012.

Pourtant, dans un communiqué du 21 décembre 2012, le FPR annonce sur son blog son soutien totale à Séléka :

Le FPR, notre mouvement en opérations entre la frontière tchado- centrafricaine déclare à l'attention de l'opinion nationale et internationale ce qui suit :
1- le FPR déclare ouvertement la guerre au gouvernement tchadien pour son implication directe contre le “SELEKA”, la coalition de la rébellion centrafricaine qui ne réclame rien que le légitime droit d'un peuple meurtri et martyrisé par le régime imposé en RCA par Deby lui-même;
2- le FPR dès ce jour soutiendra militairement et politiquement la coalition UFDR, CPJP et CPSK afin que tombent les deux régimes fantoches;
3- le FPR déclare par la même occasion que ses vaillants combattants révolutionnaires lanceront impérativement des attaques contre les positions de la milice de Deby dans leurs positions au Tchad jusqu'à la tombée de Ndjamena entre les mains de la nouvelle révolution;

Certains officiels centrafricains craignent également une incursion islamiste dans cette région de l'Afrique. Le RJDH-RCA rapportait le 2 juillet 2012 que le ministre de la Sécurité et de l'Ordre Public avait fait référence à la secte islamiste nigérianne Boko Haram :

Le groupe islamique Boko Haram a été pointé du doigt par le ministre de la Sécurité et de l’Ordre public, Claude Richard Ngouandja, le vendredi 29 juin, au cours d’une audience avec le chargé d’affaires de l’ambassade du Nigéria et les représentants de la colonie nigériane en Centrafrique.

Compte tenu de la montée des violences du groupe Boko Haram, le ministre de la Sécurité et de l’Ordre public a invité les ressortissants nigérians au respect de la loi, en leur demandant de régulariser leurs documents de séjour en République centrafricaine.

Si ces pistes sont confirmées, cela pourrait laisser craindre l'ouverture d'un second front islamiste au Sud du Tchad, et aurait pour conséquence de limiter la marge de manœuvre du président Idriss Déby Itno, président du Tchad voisin, déjà pris par son implication dans la tentative de résolution de la crise au Nord du Mali.

Timing suspect ?

Les accords de 2008 n'ont pas sécurisé la paix escompté. La réélection contestée de François Bozizé à la tête du pays en 2011 n'a pas participé à l'apaisement. Certains, comme Alain Lamessi sur Centrafrique Presse, s'interrogent sur le timing choisi par les rebelles pour lancer leur offensive sur la capitale du pays, et ainsi tenter de renverser le président en exercice :

Est-ce par hasard que cette rébellion s’active dans le Nord et le Nord-Est de la république Centrafricaine au moment où l’exploration du pétrole centrafricain paraît de plus en plus prometteuse?

Depuis quelques mois, l'attribution de permis d'exploration pétrolière est en cours. Africa Energy Intelligence, repris par Centrafrique Presse, révélait en mars et avril 2012 que la société sud-africaine DIG Oil s'était vue attribuer 2 contrats d'exploration et qu'une société chinoise avait également obtenu une telle autorisation. La coopération avec la Chine s'était déjà renforcée avec l'annonce en août 2010 par le vice-chancelier de l'université de Nyala au Soudan voisin, Pr Abbaker Ali Idris, de la construction d'une université chinoise en Centrafrique. Le 13 novembre 2012, le gouvernement centrafricain annonçait la reprise des travaux d'exploration de pétrole dans le village de Boromata, situé à 120 km de Birao.

La demande d'intervention française

Depuis le 26 décembre 2012, des manifestants rassemblés devant l'Ambassade de France à Bangui demandent l'aide de la France et son intervention pour stopper l'avancée des rebelles. Un appel similaire a été lancé ce jeudi 27 décembre 2012 par le président François Bozizé aux USA et à la France. Une démarche qui n'a pas manqué de susciter des réactions dans la twittosphère africaine. Alain Kiana par exemple pensent qu'une telle démarche n'est pas opportune :

@jovial987: C'est ridicule, quand on sait plus gérer sa maison, facile d'accuser les autres! #Bozize sa gestion mediocre est responsable

 

Aaron W. M. de poursuivre :

@Aarwan: #Bozizé F. n'est pas 1 démocrate.  Son pouvoir est issu de coup d'Etat contre #Patassé. Il ne peut récolter que ce qu'il a semé. #Centrafrique

Des accords de défense lient la France à la Centrafrique. En 2006, 200 militaires français de la force BOALI, créée en 2002, avaient fourni un soutien aérien, et appuyé des lignes de défense des Forces Armées de Centrafrique (FACA) dans la région de Birao. C'est ce que l'on peut lire sur le site du ministère français de la défense :

En vertu des accords de défense et de sécurité liant la France à la RCA et à la demande des autorités centrafricaines, les militaires français ont apporté à plusieurs reprises aux forces armées centrafricaines et à la FOMUC un soutien renseignement et logistique, un appui feu aérien, une aide à la planification et à la conduite des opérations visant à reprendre le contrôle du Nord-Est du pays occupé par des éléments armés rebelles.

L'Etat français, par la voix du Président François Hollande, a fait savoir le jeudi 27 décembre 2012 que ses forces n'étaient pas là pour protéger un régime, mais pour protéger ses ressortissants et ses intérêts sur le territoire centrafricain.

A la suite d'une réunion de la Communauté Economique des États d'Afrique Centrale (CEEAC) à Ndjamena, capitale du Tchad, le 21 décembre 2012, les chefs d’État de la sous-région on recommandé l'ouverture de négociations à Libreville, au Gabon, entre les rebelles et le pouvoir centrafricain. S'il est toujours en place en cas de tenue de ces négociations, le président Bozizé prendra-t-il le risque de prendre l'avion, laissant ainsi le pays aux mains du Séléka ?

Inde : La peine capitale pour les violeurs ?

jeudi 27 décembre 2012 à 22:10

[Tous les liens pointent vers des pages en anglais, sauf mention contraire]

Delhi, connue sous l'appellation douteuse de “capitale du viol“, a été le témoin d'une nouvelle agression sexuelle tragique à l'encontre d'une jeune femme de 23 ans (voir l'article de Global Voices en français), qui a conduit à des manifestations de grande ampleur à Delhi-même et aux abords de la capitale ainsi que dans tout le pays. Choquées par la brutalité des violences révélées récemment, des personnes de divers milieux ont demandé des lois plus strictes et des peines plus sévères. Un débat houleux autour de la peine de mort pour les violeurs s'est engagé à l'initiative de la députée Sushma Swaraj.

Les questions soulevées par le débat actuel sur le viol et la peine de mort sont complexes. Le Bureau National de la Criminalité en Inde a publié des chiffres ahurissants (pdf) concernant les violences sexuelles. Cette année, une petite fille de deux ans surnommée Baby Falak a succombé des suites de blessures dues à la maltraitance. En Inde, les violences sexistes se manifestent de multiples façons: féticide féminin, bizutage, harcèlement sexuel, demande de dot, viol. Certaines de ces pratiques sont considérées comme normales dans la société indienne. L'état du Manipur, au nord-est du pays, a connu des viols perpétrés par des personnels de l'Armée, et les femmes ont manifesté sous la bannière “Armée indienne : violez-nous“. 369 parlementaires ont été inculpés pour des délits et crimes contre des femmes.

Une manifestante très virulente montre les policiers du doigt en les interpellant pendant une nouvelle vague de manifestations suite au viol collectif d'une étudiante dans un bus à Delhi. Image de João Costa Leão. Copyright Demotix (23/12/2012)

Compte-tenu d'une situation sociale complexe et des violences endémiques, la lutte a trouvé un nouveau souffle dans les médias sociaux grâce à des campagnes de mobilisation massives. Le débat naissant sur la peine de mort a aussi donné lieu à des pétitions en ligne.

Stalin K Padma a critiqué le journal Times of India pour son engagement en faveur de la peine de mort :

Malheureusement, le slogan perpétue l'idée que la vie d'une femme est finie après un viol ('…ravit la vie d'une femme') ! La forte stigmatisation sociale associée au viol, propagée par des slogans et des arguments comme celui-ci, sont à eux seuls responsables des suicides et des tentatives de suicide des femmes concernées.

En réponse à cela, Sakshi Soi s'appuie sur les chiffres effarants constatés dans la seule ville de Delhi :

Nous avons déjà eu ces discussions avant, n'est-ce pas ? Ce n'est pas le premier cas de viol qu'a connu Delhi ou l'Inde. Plus de 600 à ce jour pour la seule ville de Delhi ! Combien ont été punis ? Nous exigeons la peine de mort car il faut prendre des mesures immédiates !

Protests at India Gate-007

Manifestation à la Porte de l'Inde (à Mumbai). Photo sur Flickr de ramesh_lalwani CC BY-NC 2.0

Aswathy Senan, qui a lancé un appel à mobilisation et participé aux manifestations, fait le commentaire suivant :

J'espère que l'on ne va pas en arriver au point où il va nous falloir organiser une autre manifestation contre la peine de mort !!! Je n'hésiterais pas à tenir les médias pour responsables principaux de la promotion de l'idée de la peine de mort comme punition idéale pour les violeurs.

Sur Google Plus, Suresh Kumar pèse le pour et le contre de la peine de mort [en hindi]:

നിലവിലുള്ള ശിക്ഷയേക്കാൾ കൂടുതലായി വധശിക്ഷ ഒരു ഡിറ്ററന്റാകുമോ എന്ന കാര്യവും സംശയമാണ്. അഥവാ അങ്ങിനെ വധശിക്ഷ കൊടുക്കാമെന്ന് തീരുമാനിച്ചാൽ തന്നെ ഇൻഡ്യയിൽ ഏതാണ്ട് നാൽപ്പതിനായിരത്തിലധികം ആളുകളെ ഇപ്പോ തന്നെ വധിക്കേണ്ടി വരും എന്ന് പറയപ്പെടുന്നു. അത് നടക്കുന്ന കാര്യമാണോ? അപ്പോൾ പിന്നെ ഈ കുറ്റകൃത്യത്തിലേക്കെത്തുന്നതിനു മുന്നെ അതെങ്ങനെ ഫലപ്രദമായി തടയാമെന്ന കാര്യങ്ങളിൽ കൂടുതൽ ശ്രദ്ധകേന്ദ്രീകരിക്കേണ്ടി വരും.

Je doute que l'adoption de la peine de mort soit une mesure plus dissuasive que les lois en place. Le système judiciaire est très lent et si la peine de mort étaient prononcée maintenant, plus de 40 000 personnes en seraient passibles. Cela est-il même possible ? Ainsi, nous devons réfléchir aux actions et aux mesures nécessaires pour faire cesser de telles choses dans notre société.

Tandis que le débat sur la peine de mort se poursuit, Nirmal Harindran partage sur son profil Facebook une coupure de presse qui semble fournir les clés des violences sexistes récurrentes en Inde.

Girl Child Abandoned in Delhi

Un bébé abandonné à Delhi

Je crois que nos problèmes commencent là…The Indian Express, Delhi, 19 décembre 2012

La “ville de la furie” de Mirelis Morales : un regard constructif sur Caracas

jeudi 27 décembre 2012 à 21:12

La blogueuse, twitteuse et journaliste Mirelis Morales Tovar est une « Caracassienne pure souche ». Née dans la capitale vénézuélienne, elle dit que « même si c’est une ville épuisante à cause de la circulation et de l’insécurité », elle ne peut pas imaginer vivre ailleurs.

Mirelis s’occupe du blog Caracas Ciudad de la Furia [“Caracas, Ville de la furie”, en espagnol], un espace où elle invite ses lecteurs à découvrir le côté positif de Caracas : expériences, lieux, images, saveurs et sons que beaucoup ignorent pour ne pas sortir suffisamment à la découverte de leur ville.

Dans son blog, Mirelis se décrit comme une « citadine à pied, en moto, en bus, en métro et en véhicule à moteur ». Dans un entretien avec Global Voices, Mirelis nous raconte :

Amo la vista de El Avila y ese clima tan privilegiado. Aparte, a esta ciudad y a mi país, les debo todo. Mi familia, mis amigos, mis amores, mi trabajo, mis referencias… todo lo que soy. Asi que debo retribuirle de alguna manera.

J’adore la vue depuis El Avila et ce climat si privilégié. En plus, à cette ville et à ce pays, je leur dois tout. Ma famille, mes amis, mes amours, mon travail, mes références… tout ce que je suis. Je dois donc leur montrer ma gratitude d’une façon ou d’une autre.

Mirelis nous a accordé un peu de son temps bien occupé pour répondre à quelques questions à propos de son blog.

GV: Comment, quand et pourquoi est né Caracas Ciudad de la Furia ?

Mirelis Morales T.:

Au départ, le blog est né en septembre 2009 pour reproduire les travaux que je publiais à l’époque dans la rubrique sur Caracas du quotidien El Universal. Mais quand j’ai été virée du journal, le blog est devenu pour moi un moyen de continuer à exercer ma profession. J’ai choisi de me concentrer sur le thème de la ville parce que c’est un domaine dans lequel j’avais de l’expérience et aussi parce que très peu de gens parlent de Caracas de manière positive.

C’est pourquoi je me suis consacrée à écrire sur la ville d’un point de vue plus constructif, qui nous aide à montrer son potentiel et à réfléchir sur ce que l’on pourrait faire en tant que citoyens pour qu’elle soit plus agréable à vivre et moins hostile.

Mirelis Morales Tovar

Mirelis Morales Tovar en Caracas. photo Carlos Armas.

GV: Pourquoi ce nom, “Ciudad de la Furia”?

MMT: Je me suis prise de passion pour la musique de [Gustavo] Cerati [auteur de la chanson « Ciudad de la Furia »]. Et je crois qu’il n’existe pas de mots qui définissent mieux Caracas que la « Ville de la Furie ». Caracas est ainsi : furieuse, indomptable, chaotique, imprévisible. C’est la ville des contrastes et des contradictions. Mais malgré tout, elle refuse de mourir.

GV : Plusieurs blogs ont Caracas pour objet. Qu’est-ce qui fait que le tien est différent ? Quel est ton objectif avec ce blog ?

MMT: Moi j’essaie de donner une image de Caracas loin du chaos, des problèmes de circulation ou d’insécurité. Pourquoi ? Parce que je suis convaincue que l’on ne peut pas réduire Caracas à ces aspects. Ceux qui vivent la ville peuvent vous assurer qu’il en va ainsi. Dès lors que vous êtes capable de défier un peu les préjugés et que vous vous aventurez dans ses rues pour la connaître et pour découvrir ses curiosités, vous arrivez à vous réconcilier avec elle, à la voir dans une perspective différente. Et elle aussi devient plus tranquille et commence à montrer le meilleur d’elle-même.

Le seul moyen de créer un sentiment d’appartenance et d’identification avec sa ville, c’est de partir à sa découverte. Je crois que c’est là le grand problème des Caracassiens : ils ne connaissent pas leur ville. La peur les retient prisonniers. C’est pour cela que je me consacre à inviter mes lecteurs à sortir, à leur apporter différents choix, à leur raconter mon expérience dans tel ou tel lieu, pour qu’ils osent enfin vivre Caracas.

Beaucoup de lecteurs du blog ont accepté cette invitation, et pour partager leurs propres expériences de Caracas, ils ont participé à Ciudad Positiva, un concours photographique que Mirelis organise depuis 2010. Le 4 novembre 2010 Mirelis écrivait :

El reto que nos propusimos fue centrar la mirada –tan sólo por un minuto- en el lado amable de la ciudad. En aquello -natural o construido- que nos caracteriza como urbe o que haga diferente a Caracas del resto de las ciudades del mundo.

Le défi que nous nous sommes lancés a été de se focaliser – ne serait-ce que pour une minute – sur le côté sympathique de la ville. Sur ces choses – naturelles ou construites – qui nous caractérisent comme agglomération ou qui font de Caracas une ville différente des autres, unique au monde.

Les photos des éditions 2010 et 2011 sont à découvrir sur Flickr.

GV: Dis-nous en un peu plus sur le concours de photographies Ciudad Positiva.

MMT:

Je ne suis pas seulement blogueuse, je suis aussi twitteuse. En parcourant Twitter, je me suis rendue compte que les gens adorent y poster des photos de Caracas. J’ai alors pensé que je pourrais peut-être promouvoir sur mon blog un concours afin de sélectionner les meilleures photos et leur donner vie sous un autre format. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer des petits livres sur Caracas avec les images lauréates. Pourquoi des livres ? Parce que cela me semblait un bon moyen d’emmener la ville avec soi ou de l’échanger avec d’autres.

Le concours a déjà connu trois éditions. Et chaque année, il propose une thématique différente. La première année, on a montré ce qui caractérise Caracas, la deuxième, ses habitants, et la troisième, ses couleurs. À chaque nouvelle édition, de nouvelles personnes sont venues rejoindre les rangs de ceux qui croient en une Ville Positive (traduction du nom du concours « Ciudad Positiva ») et nous espérons pouvoir faire une exposition en plein air pour partager notre vision de la ville.

GV: Quels sont les projets pour Caracas Ciudad de la Furia en 2013 ?

MMT: J’adorerais pouvoir changer l’aspect du blog. J’ai même déjà commencé à le passer sur WordPress. Je veux aussi lui créer un logo. Bref, le rendre plus professionnel. Je veux y ajouter des informations utiles pour les gens qui visitent Caracas, car la ville n’a pas suffisamment de cartes ou de guides. Grâce au blog, j’ai créé des liens avec des gens d’Argentine, d’Espagne, du Costa Rica et du Chili qui m’ont écrit et m’écrivent pour me demander conseil sur la ville. C’est pour cela que je voudrais rendre le blog un peu plus formel et offrir plus de choix.

GV: As-tu des conseils pour les blogueurs et blogueuses qui écrivent sur des villes ?

MMT: Garder les yeux grands ouverts. Une ville, c’est un être vivant qui a toujours quelque chose à offrir. Il faut la regarder sans préjugés, être ouvert à toutes les expériences. Je crois que toute ville a de bonnes choses à offrir. Et c’est bien d’être critique, mais toujours dans une perspective constructive. Être blogueur, c’est aussi être au service de la chose publique.

Mirelis a reçu plusieurs prix pour son blog. En 2010, elle a reçu le Prix Arturo Uslar Pietri du Colegio Nacional de Periodistas (École nationale de journalistes) pour le meilleur site internet (”mejor sitio en Internet“) et le prix “Caracas a través de la mirada del periodista” (Caracas a travers le regard du journaliste) – mention numérique – remis par la Chambre de commerce de Caracas. Cette année, la Alcadía de Baruta (équivalent d'une mairie d’arrondissement de Caracas) lui a remis la distinction “Valores Ciudadanos” (Valeurs citoyennes) pour sa promotion du vivre-ensemble des citoyens.

Vous pouvez suivre Mirelis et son blog sur Twitter (@mi_mo_to).

Petite analyse des salaires des députés latino-américains

jeudi 27 décembre 2012 à 21:04

Suite au scandale [en espagnol] provoqué au Pérou par l’augmentation de salaire des membres du Congrès, dissimulée dans la rubrique des frais de représentation, le journaliste Martín Hidalgo fait sur le site Sesión de Control une analyse comparative [en espagnol] des salaires des députés à l’échelle de l’Amérique latine. « Au premier rang des législateurs les mieux payés se trouvent les Chiliens, qui reçoivent un salaire d’environ 30 602 dollars américains ». « Jusqu’en novembre dernier, le Pérou se trouvait en sixième position, mais avec cette augmentation il est passé devant la Colombie ». Il conclut : « La popularité du Congrès au Pérou est très basse avec 63% d'avis négatifs. La situation est encore plus alarmante si l’on prend en compte que, selon Proética, 86% des personnes interrogées considèrent que le Parlement est miné par la corruption. »