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Six degrés de séparation avec Nelson Mandela

vendredi 6 décembre 2013 à 15:11

Mandela n'est plus. C'était une icône mondiale dont l'influence est à la mesure des prix et récompenses qu'il a reçus

Les internautes du monde entier ont tenu à commémorer son histoire, ce que son combat signifiait pour eux et les leçons qu'ils retiennent de son vécu. 

Voici quelques réactions venant de six pays :

Cameroun/France

Archippe, président d'internet sans frontières, souligne une leçon à retenir pour les pays africains :

Nelson Mandela nous aura enseigné une chose essentielle à nous africains, à nous humains: on peut vraincre par les armes, le nombre, la rhétorique, mais la vraie victoire, celle qui marque les siècles, est celle de l'esprit enchanté. Le corps de mandela n'est plus, son esprit est éternel.

Angleterre

Musa Okwonga rappelle que Mandela était avant tout un révolutionnaire [en anglais] qui allait au combat contre l'injustice dans son pays avant d'être le symbole de la paix et la réconciliation :

Over the next few days you will try so, so hard to make him something he was not, and you will fail. You will try to smooth him, to sandblast him, to take away his Malcolm X. [..] You will say that Mandela was about nothing but one love, you will try to reduce him to a lilting reggae tune. “Let’s get together, and feel alright.” [..] Well, try hard as you like, and you’ll fail. Because Mandela was about politics and he was about race and he was about freedom and he was even about force, and he did what he felt he had to do and given the current economic inequality in South Africa he might even have died thinking he didn’t do nearly enough of it.

Dans les prochains jours, vous allez essayer de faire de lui quelque chose qu'il n'est pas et vous allez échouer. Vous allez essayer de l'adoucir, de le polir, de lui enlever son côté Malcolm X. [..] Vous allez direr que Mandela n'était qu’ amour et vous allez essayer de le réduire à cette chanson reggae bien connu : “Let’s get together, and feel alright.” [..] Vous allez essayer et vous allez échouer. Car Mandela était surtout un combattant politique, il était un activiste de l'injustice raciale et de la liberté et il était même pour l'utilisation de la force si il le fallait. Il faisait ce qu'il pensait devoir faire et au regard des inégalités économiques actuelles en Afrique du Sud, il se pourrait qu'il soit parti en pensant qu'il aurait pu en faire plus.

Madagascar

Mialisoa exprime son profond respect  et sa gratitude pour les leçons de vie dans un billet intitulé Bonne Route Monsieur :  

Un jour, Monsieur, je m’assoirais près de mes enfants et je leur lirais votre histoire. Un jour, mes enfants s’assoiront près de leurs enfants et ils leur liront votre histoire. Grâce à vous, je sais et grâce à vous, je continuerais à apprendre:
Je sais de qui parler, lorsque viendra le temps d’expliquer à mes enfants ce qu’est un homme de courage et de conviction.
Je sais de quels principes s’inspirer lorsque viendra le temps d’élever les miens.
Je sais l’importance de la réconciliation. Avec soi-même et avec son prochain.
Je sais la valeur du pardon.
Je sais le précieux de l’égalité.
Je sais qu’il est possible de rendre les hommes et soi-même, meilleurs.
Je sais le bien que créent l’humilité, l’humour et l’audace. [..] 
Je sais, Monsieur, que je n’en sais pas assez. Je sais bien que je suis loin de savoir. Aussi, la meilleure manière de vous rendre hommage, Monsieur, est de continuer à apprendre et apprendre à agir. Et que Dieu nous vienne en aide, car le temps d’agir est maintenant venu.
Monsieur, merci. Je vous souhaite une bonne route.

  Toavina rappelle le rôle de Madagascar dans le soutien apporté à l'ANC de Nelson Mandela : 

N'oubliez pas chers Malgaches, que MADAGASCAR a aidé le peuple Noir Sud-Africain ! Nous avons hébergé sous la Deuxième Rep la Radio de l'ANC. Piet Botha, Ministre des affaires étrangères de l'Afrique du Sud est venu à Madagascar pour discuter du cas de l'afrique du Sud avec l'ancien président Ratsiraka. Botha est devenu président par la suite. De Klerk est aussi venu à Mada dans les années 90.

Mali :

Boukary Konaté à Bamako a du mal à trouver les mots mais il tenait à commémorer l'homme :

« repose en paix », car je n’ai pas de mots. Je n’ai pas de mots car tous les mots sont insignifiants pour exprimer ce que je veux dire. Alors, je me tais, je me tais dans mes murmures internes

 Il ajoute

Je suis fier qu'il y ait une Rue Mandela et une Ecole Mandela à Bamako au Mali. Je vais toute de suite pour une interview avec le Directeur de l'Ecole Mandela.

Voici l'école en question :

Niger :

Aminatou partage cette réflexion sur Mandela et l'éducation :

Mandela est une source inépuisable d’inspiration. Sa phrase sur l’éducation résonne fortement aux oreilles de tous :
« L’Éducation : l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. »

Algérie/France

Un dirigeant algérien s'exprimait ainsi sur l'impact qu'aurait pu avoir “la ligne Mandela” en Algérie via Alexandre Adler :

Il y a quelques années, un dirigeant algérien nous confia que la «ligne Mandela» de réconciliation inter-ethnique aurait évidemment mieux convenu à l’Algérie de 1962 que le départ précipité des Européens et des juifs qui fut consommé en moins d’un an. Mais, ajoutait-il, «à cette époque, nous n’avions pas les idées de Mandela, et celles-ci nous serviraient bien aujourd’hui».

Le Forum Mondial de la Démocratie 2013 en quête du lien citoyens-institutions

vendredi 6 décembre 2013 à 09:46
WFD plénière

Forum Mondial de la Démocratie 2013, Strasbourg : en session plénière Photo Suzanne Lehn

La deuxième édition du Forum Mondial de la Démocratie s'est achevée à Strasbourg vendredi 29 novembre 2013. Deux journées et demie, du 27 au 29 novembre, d'intenses sessions “in” au Conseil de l'Europe, animées par des experts, sur inscription pour le public, et un programme “off” de plus d'une semaine dans divers lieux de la ville ont semble-t-il installé cet événement dans le paysage et le calendrier de la “capitale de l'Europe”. Rue 89 Strasbourg s'interrogeait à la veille de l'ouverture :

Plusieurs dizaines de manifestations, un public attendu au in de 1 700 personnes (800 participants en 2012), diplomates, fonctionnaires européens et Strasbourgeois, au minimum de 700 à 800 personnes au off (estimations 2012). Le tout pour un budget d’1,2 millions d’euros auxquels s’ajoutent 300 000€ de la Ville de Strasbourg auparavant « fléchés » sur d’autres opérations dans l’année, concentrées désormais sur la période du Forum.

Le panel du Lab 18 - Photo Suzanne Lehn

Le panel du Lab 18 – Photo Suzanne Lehn

Si le premier Forum, en 2012, avait égrené le thème “La démocratie à l'épreuve : entre modèles anciens et réalités nouvelles” auréolé de l'espoir des printemps arabes et en présence de personnalités mondiales, celui de 2013, ouvert en présence du Secrétaire Général de la Francoponie Abdou Diouf et de l'écrivain Amine Maalouf, s'est voulu plus technique tant dans son sujet, ”Retisser la démocratie : connecter les institutions avec les citoyens à l'ère du numérique”, que dans son organisation, 4 thématiques déclinées en 21 “Labs” dont les présentations d'experts ont été collectées et sélectionnées il y a plusieurs mois.

Seule de Global Voices à y être présente, habitant à quelques pas du Palais de l'Europe, je mentionnerai les “Labs” qui m'ont attirée :

Démocratie liquide - Lab 1 Photo Suzanne Lehn

Démocratie liquide – Lab 1 Photo Suzanne Lehn

- Alternatives à la démocratie représentative ? Lab 1 : Démocratie liquide, avec une présentation du Parti Pirate allemand ; Lab 3 : Stimuler le débat public et construire une vision partagée de l'avenir, notamment en direction des jeunes (Phillipines, France) 

- Démocratie 2.0 : Lab 9 : Alerte élections, avec nos amis kényans d'iHub

- Gouverner avec les citoyens 

- Envisager l'avenir : Lab 17 : Créer des films, créer la société avec notamment le projet Tunisie 4.0 Nesselfen ; et mon préféré, Lab 18 La “solution journalisme” en action, en présence, entre autres, du blogueur bengladeshi Shahidul Alam et du dissident cubain Guillermo Fariñas. Enfin plus de densité humaine.

Ces présentations ont ensuite été résumées en deux sessions plénières, assorties d'un vote sur les initiatives présentées, un exercice un peu factice puisque les approbations tournaient invariablement autour de 70 à 80 %. 

Pour porter l'information, une page Facebook et un mot-clic Twitter, #CoE_WFD (le même que pour le Forum 2012) ont été créés. Le site web du Conseil de l'Europe a mis en ligne les vidéos et les photos (ici et ici) des sessions, et créé des google-groups pour poursuivre les discussions.

Un dessinateur participait à chaque Lab - Photo Suzanne Lehn

Un dessinateur participait à chaque Lab – Photo Suzanne Lehn

On trouvera une couverture détaillée de l'ensemble des sessions – y compris de certaines conférences du “off” – sur le blog de Médiapart.

Dans ce podcast [en anglais], 5 étudiants blogueurs, néerlandais, allemands… donnent leur sentiment. Dans le cadre du “off”, l'auteur pour Global Voices Alexey Sidorenko a été interrogé par la télévision franco-allemande Arte à propos de la liberté d'informer en Russie.  

Forum certes, avec des participants venus de tous les continents. Mais peu à voir avec le désordre créateur d'un Forum social mondial, même si une Foire de l'Initiative Démocratique a regroupé, dans un espace du Conseil de l'Europe, donc à accès réservé, des stands d'organismes présentant leurs initiatives en session. Le “off“, coordonné par la municipalité strasbourgeoise, a présenté à l'intention des Strasbourgeois et des visiteurs un programme varié, avec concerts, festival de cinéma, débats et rencontres organisés par Reporters sans Frontières, le journal Le Monde, France Culture… Ceci étant, une des finalités principales de l'événement semble être d'alimenter la réflexion et les propositions de l'institution Conseil de l'Europe, dans son rôle de défenseur de la démocratie. Les “jeunes leaders” européens, qui suivent les formations dispensées par le réseau des Ecoles d'Etudes politiques européennes du Conseil de l'Europe, ont participé activement aux sessions.
 
Le journal franco-allemand Eurojournal remarque un peu malicieusement :
Hier, juste après la fin du FMD, les illuminations du Marché de Noël ont été lancées. Chic. Mais une nouvelle fois, de nombreux participants ont regretté le manque de résultats concrets que l’on est en droit d’attendre d’une telle manifestation qui se veut mondiale et qui aurait effectivement le potentiel de le devenir. Si seulement les organisateurs affichaient un peu plus d’ambitions.
 
Le blog Décrypter la communication européenne décrypte les enjeux de ce Forum à partir du document de réflexion pour le Forum mondial de la démocratie 2013 : “Exploiter le web comme outil de démocratie : nouvelles pistes pour l’étude et la pratique de la démocratie numérique” [pdf] qui concluait :
Au total, la révolution de la démocratie numérique européenne est en marche, mais plutôt que d’opposer des « forces de progrès » cyberenthousiastes à des « rétrogrades » cybersceptiques, la ligne de fracture dépend d’abord de ce que les citoyens et les institutions font ou ne font pas d’Internet, en tant qu’outil fonctionnel de démocratie.  
 
"E-toile" sur la façade du Palais de l'Europe

“E-toile” sur la façade du Palais de l'Europe, à l'occasion du Forum – Photo Suzanne Lehn

Le Forum Mondial de la Démocratie est-il parvenu à maturité avec cette 2ème édition ? Monté par le Conseil de l'Europe, institution toujours en mal de meilleure notoriété ? et la ville de Strasbourg, les autres institutions françaises, Etat ou région et départementales y ont été peu visibles. Les contributions et débats ont été riches, bien que leur concentration sur un temps très court – deux demi-journées de présentation en “labs” ne permette d'en fréquenter pleinement que deux sur vingt-et-un), l'organisation, efficace et créative, avec notamment la participation d'artistes et de dessinateurs, a trouvé une bonne vitesse de croisière, mais la convivialité était un peu oubliée – à moins qu'elle se soit réfugiée le soir dans les célèbres “winstub” de la capitale alsacienne et européenne ?

Femmes et démocratie - Forum Mondial de la Démocratie de Strasbourg 2013

Femmes et démocratie – Forum Mondial de la Démocratie de Strasbourg 2013

La totalité des photos de Suzanne Lehn au Forum Mondial de la Démocratie 2013 se trouve sur Flickr (licence CC).

L'Islande sous le choc après la mort d'un homme, tué par la police

jeudi 5 décembre 2013 à 19:42
Police in Reykjavik, Iceland

La police à Reykjavik, Islande. Photo de Christopher Porter, Flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

Cet article, accompagné d'un reportage radio de Tracy Tong pour The World, a été initialement publiés sur PRI.org le 3 décembre, et est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu. 

Cette semaine, un homme a été tué par la police en Islande – un fait sans précédent.

“La nation était sous le choc”. Cela ne se produit jamais dans notre pays”, a déclaré Thora Arnorsdottir, rédactrice en chef à RUV, le Service national audiovisuel islandais.

Elle faisait référence à un homme de 59 ans tué par la police lundi. La victime, qui a commencé à tirer sur les policiers lorsqu'ils sont entrés dans son immeuble, avait des antécédents de maladie mentale.

C'est la première fois qu'une personne est tuée par la police en Islande depuis son indépendance, en 1944. Habituellement, les policiers ne portent jamais d'armes, les crimes violents étant presque inexistants en Islande.

“La nation ne veut pas que sa police soit amenée à porter des armes car c'est dangereux et menaçant”, explique Arnorsdottir. “Cela fait partie de notre culture. Les armes à feu sont utilisées pour la chasse ainsi que dans le sport, vous n'en verrez jamais autrement.”

En réalité, l'Islande n'est pas anti-armes. En termes de possession d'armes à feu par habitant, l'Islande se classe à la quinzième place dans le monde. Pourtant, ce type d'incident était tellement rare que les voisins de la victime ont comparé ce tir à une scène tirée d'un film américain.

Le département de la police islandaise a déclaré que les officiers impliqués passeront par un service de soutien psychologique. Et a également présenté ses excuses à la famille de la victime – même si cela n'était pas nécessaire, puisqu'ils n'ont fait que se défendre.

“C'est une question de respect”, déclare Arnorsdottir, “car personne ne peut prendre la vie d'une autre personne.”

De nombreuses questions restent encore à élucider, comme la raison qui a poussé la police à ne pas négocier dans un premier temps avec l'homme avant d'entrer dans son immeuble.

“Une des choses formidables dans ce pays est que vous pouvez entrer dans le parlement, la seule condition requise étant d'éteindre son téléphone portable, afin de ne pas déranger les parlementaires. Nous n'avons pas de gardes armés suivant notre premier ministre ou notre président. Nous vivons dans une société paisible. Nous ne voulons pas changer cela.”

PHOTOS : Cinq lieux de mémoire à Santiago du Chili

jeudi 5 décembre 2013 à 19:37
Former torture and detention centre Londres 38 on September 11, 2013. Photo by user Hi Sashi on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-ND 2.0)

Londres 38, un ancien centre de détention et de torture, le 11 septembre 2013. Photo de Hi Sashi, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

Cette année marque les 40 années [anglais] du coup d'état militaire chilien. Sur le blog Memory in Latin America [anglais], Lillie Langtry a publié une série d'articles sur “les lieux de mémoire” à Santiago, capitale du Chili. Bâtiments ou sites liés au coup d'état militaire qui a renversé la président socialiste Salvador Allende [anglais] le 11 septembre 1973, et conduit aux 17 années de dictature d’Augusto Pinochet figurent parmi ces lieux. 

1. Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme

Museum of Memory and Human Rights. Photo by Giovanni A. Pérez on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC 2.0)

Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme. Photo de Giovanni A. Pérez, Flickr. Licence Creative Commons license (CC BY-NC 2.0)

Cette visite virtuelle débute par le Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme [espagnol], “un lieu vaste et saisissant”, comme l'explique Lillie :

Malheureusement, vous n'êtes pas autorisé à prendre des photos à l'intérieur, ce qui est vraiment dommage, car le caractère marquant de cet endroit est l'imposant mur de photographies des disparus, qui occupent tout l'espace. Il y a également un emplacement où vous pouvez voir ce mur et observer tous les noms et visages de ces personnes.

Au rez-de-chaussée divers terminaux diffusent des séquences du coup de 1973 et ses conséquences. A l'étage, différents espaces couvrent des aspects divers tels que les exils et la solidarité internationale, la couverture médiatique, et la torture – incluant un dispositif de choc électrique qui fait froid dans le dos (conçu par General Electric – ce qui ne suggère pas que le fabricant le destinait à cet usage !). On trouve aussi des objets fabriqués par les prisonniers et des photographies des sites mémoriaux à travers le Chili. 

Universal Declaration of Human Rights at the Museum of Memory and Human Rights, Chile. Photo by Jen Dyer on Flickr, under a Creative Commons license

Déclaration Universelle des Droits de l'Homme au Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme, au Chili. Photo de Jen Dyer, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-ND 2.0)

Lillie note également que “ce n'est clairement pas un espace où vous trouverez une pseudo-neutralité et où les factions pro et anti-Pinochet sont présentées sur un même pied d'égalité”, citant la brochure du musée:

“La tâche de construire un lieu de mémoire doit être guidée par un sens moral; nous devons élaborer une lecture du traumatisme collectif qui va au-delà de ce qui est évident, une histoire des victimes et des criminels, coupables et innocents. Le but de la construction de ce musée de la mémoire est de devenir un espace qui permette aux droits de l'Homme et aux valeurs démocratiques de devenir le fondement éthique de notre présent et de notre coexistence future. C'est seulement de cette façon que nous pourrons dire PLUS JAMAIS CA.”

Vous pouvez consulter d'autres images du musée (y compris de l'intérieur) sur Flickr.

2. Londres 38

"40 Years of Fighting and Resistance": Londres 38, former torture and detention centre in Santiago, Chile. Photo by the Municipality of Santiago on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-ND 2.0)

“40 Années de Combat et de Résistance”: Londres 38, un ancien centre de détention et de torture à Santiago, Chili. Photo de la Municipalité de Santiago, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

Dans un autre article, Lillie écrit sur un ancien centre de détention et de torture, Londres 38 [situé au 38 rue de Londres, dans le centre ancien de Santiago] :

Il était utilisé par la DINA (Direction Nationale du Renseignement) comme centre de torture et de détention pour les opposants au régime, où au moins 98 d'entre eux ont péri ici ou ailleurs [espagnol]. Sur la façade de l'immeuble, les noms des victimes sont incrustés dans les pavés en pierre (comme ceux du Stolpersteine en Allemagne).

Elle ajoute :

Au départ, j'ai été un peu surprise de l'état des murs, mais cela donne évidemment plus de sens que s'ils avaient été artificiellement rafraîchis. Vous vous rendez mieux compte de la souffrance éprouvée en ce lieu ; néanmoins, il est surréaliste de penser à quel point cet endroit est central. Ilovechile.cl écrit que ce bâtiment était connu pour la forte musique classique qui en sortait – ce qui est effrayant lorsque l'on réalise ce que cette musique était destinée à couvrir.

Londres 38 on September 11, 2013. Photo by César Castillo on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-ND 2.0)

Londres 38, 11 septembre 2013. Photo de César Castillo, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

3. La Moneda

La Moneda, Chile's presidential palace. Photo by user alobos Life on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-ND 2.0)

La Moneda, le palais présidentiel du Chili. Photo d'Alobos Life, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

Lillie a également publié un article sur le palais présidentiel chilien, bombardé durant le coup d'état, le 11 septembre 1973.

Francisco Vergara témoigne sur les bombardements sur Democracities:

Ce bâtiment, considéré comme un symbole de l'indépendance nationale et de la tradition républicaine, une expression du progrès social, a été complètement consumé et détruit par les forces militaires qui ont juré fidélité à la nation et à sa constitution. Imaginez deux F-16 bombardant la Maison Blanche, ou deux Typhoons bombardant Buckingham Palace… Une scène difficilement imaginable. Cette attaque était le signe de la fin de l'ère républicaine et démocratique.

Forty years since the military coup. La Moneda. Photo by Hi Sashi on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-ND 2.0)

Quarante ans après le coup militaire. La Moneda. Photo de Hi Sashi, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

4. Mémorial pour les Disparus

Memorial for those detained, those who disappeared and those who were executed for political reasons. Photo by user Nuevasantiago on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY-NC-SA 2.0)

Mémorial pour ceux qui ont été détenus, ceux qui ont disparu et ceux qui ont été exécutés pour raisons politiques. Photo de Nuevasantiago, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Dans le dernier article de sa série consacrée aux lieux de mémoire à Santiago, Lillie évoque le Mémorial pour les Disparus: “un vaste mur en pierre avec une liste de victimes gravées dessus”.

Elle explique que le mémorial se trouve à l'intérieur d'un cimetière :

J'ai toujours aimé voir de quelle façon était utilisé un mémorial, qui fait partie intégrante de notre vie. Ici, en bas du mémorial se trouvent de nombreuses notes, photos, petites plaques, fleurs et autres. C'est un site inévitablement sombre, puisqu'il se niche dans un cimetière. Auparavant, les familles des victimes ne pouvaient se recueillir sur aucune tombe. Dorénavant elles le peuvent, et reconnaissent le cimetière principal de la capitale comme faisant partie de l'histoire du pays. 
Raúl Valdés Stoltze. Memorial for the Disappeared. Photo by Paul Lowry on Flickr, under a Creative Commons license (CC BY 2.0)

Raúl Valdés Stoltze. Mémorial pour les disparus. Photo de Paul Lowry, Flickr. Licence Creative Commons (CC BY 2.0)

Visitez le blog de Lillie pour lire davantage d'articles sur la mémoire et les droits de l'Homme en Amérique Latine. Vous pouvez également la suivre sur Twitter:@Lillie_Langtry.

5. Le Stade National

Chile's National Stadium. Photo from Wikimedia Commons, under a Creative Commons license (CC BY 2.0)

Stade National du Chili. Photo de Wikimedia Commons, licence Creative Commons (CC BY 2.0)

Enfin, nous aimerions ajouter un lieu de commémoration supplémentaire à Santiago: le Stade National (Estadio Nacional en espagnol), utilisé comme centre de détention et de torture.

Comme l'explique  à Global Post, “Les estimations du nombre total de prisonniers vont de 7 000 à 20 000, dont environ 1 000 femmes. [...] La torture avait lieu sur le vélodrome, dans les bureaux administratifs, dans les couloirs et sur le terrain. Il n'y a pas de chiffre définitif concernant le nombre de personnes tuées dans ce stade ou qui ont disparu.”

Remembering the prisoners 40 years later, on September 11, 2013 at the National Stadium. Photo by Pablo Trincado on Flickr under a Creative Commons license (CC BY 2.0)

En souvenir des prisonniers, 40 ans plus tard, le 11 Septembre 2013, au Stade National. Photo de Pablo Trincado, Flickr licence Creative Commons (CC BY 2.0)

Naissance d'un mouvement hackerspace en Russie

jeudi 5 décembre 2013 à 16:23
A robot made with a 3D printer at the neuron hackerspace. Republished with permission from neuron's Facebook page.

Un robot fabriqué avec une imprimante 3D au hackerspace Neuron. Photo reproduite avec la permission de la page Facebook de Neuron.

A quoi pense-t-on en entendant l'expression “hackerspace” ? Avant de m'entretenir avec Alexander Chemeris, un pionnier du mouvement hackerspace en Russie, je me représentais les hackers comme une bande de geeks s'efforçant, dans des sous-sols, de contrôler la Toile en élaborant clandestinement des virus pour pénétrer les sites web. Ma vision de l’ “hacktivisme” était très dépassée…

Qu'est-ce qu'un “hackerspace” ?

Le hacking est désormais associé à l'enseignement et à l'innovation, c'est un espace sécurisé pour explorer des idées neuves en technologie, où les professionnels peuvent partager leurs expériences et où les militants peuvent promouvoir des logiciels open source et la liberté d'information.

Dans sa présentation TEDx, Mitch Altman du hackerspace Noisebridge à San Francisco a expliqué que les hackerspaces se bornent à fournir aux utilisateurs les outils et espaces pour faire ce qu'ils aiment le plus. Ils sont aussi très attentifs à éviter le cliché du geek fou d'informatique : techniquement, Noisebridge n'est mmême pas appelé un hackerspace, c'est un “fournisseur d'infrastructure pour des projets technico-créatifs” à but non lucratif. Unis par un intérêt commun, les hackerspaces à travers le monde ont permis aux professionnels de l'informatique de révolutionner les paysages de la technologie et de l'art numérique.

Le premier hackerspace de Moscou

Pendant l'ère soviétique, la créativité scientifique et l'innovation technologiques étaient encouragées dans la jeunesse dans le cadre du “mouvement des pionniers” avec des clubs en sciences et ingénierie. Le chaos politique qui a suivi le changement de régime dans les années 90 a fait disparaître ce type d'activité organisée.

M. Chemeris voit dans les hackerspaces la version contemporaine de ces clubs de jeunes à orientation technologique. Enraciné dans une tradition coopérative, un hackerspace répond au besoin d'une plate-forme alternative. “Il y a un grand nombre de bons ingénieurs en Russie,” dit-il, “mais ils ont besoin d'un espace où partager leurs outils et trouver les personnes qu'il faut pour leurs projets.”

Après avoir assisté au Chaos Communication Congress de Berlin en 2010, la réunion annuelle organisée par la plus grande association de hackers d'Europe, Chemeris a décidé d'appliquer l'idée au pays pour combler ce vide d'infrastructure.

Le premier projet russe de hackerspace, Neuron, a démarré avec un billet de blog de Chemeris, invitant à le rejoindre. Avec Alissa Schevtchenko, Vladimir Vorontsov et Dima Oleksyouk, le collectif nouvellement créé s'est trouvé un lieu et a ouvert en juin 2011.

Avancer

Bâtir un collectif de personnes ayant des affinités a pris environ deux ans, dit Chemeris. Le projet de hackerspace n'a commencé à éclore que l'an dernier. Après avoir emménagé dans de nouveaux bureaux en centre-ville, le Hakerspace Neuron a attiré un plus grand nombre de jeunes professionnels de la technologie, leur permettant d'atteindre une masse critique et de commencer à bourgeonner.

Aujourd'hui, les hacktivistes moscovites peuvent assister à des conférences TEDx en anglais, ou à divers ateliers sur les médias sociaux et les technologies de la communication. Ils peuvent apprendre à construire leurs propres robots au Neuron Hackerspace, ou bénéficier du dernier cri de l'impression 3D. Le projet est en expansion, avec des projets de nouveaux cours et d'agrandissement. Le modèle fait aussi des petits ailleurs ; récemment, les organisateurs de Neuron ont commencé à diffuser leurs acquis auprès d'activistes souhaitant organiser des espaces analogues dans d'autres villes. La culture du hackerspace se diffuse, avec l'offre de classes de technologie robotique à Saint Petersbourg, de Java script à Kazan, et d'autres activités à Iékaterinbourg et Kaliningrad.

Une place pour le secteur public ?

La relation entre des projets comme celui-ci et l'administration locale peut être délicate. Mais plutôt que de rester clandestin et d'apparaître suspect, le collectif a pris langue avec des agents publics et assisté à diverses conférences officielles, installant une présence au grand jour. Sans pour autant collaborer, ils ont une relation satisfaisante, dépourvue de confrontation, et ont reçu quelque soutien du Service de la Science, de la Politique Industrielle et des Entreprises de Moscou.

Dans un pays qui possède quelques-uns des meilleurs hackers du monde, ce mouvement pourra-t-il fédérer les développeurs en technologie de Russie et les praticiens de l'enseignement alternatif ?