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Les Ougandais veulent que leur gouvernement finance les écoles plutôt que les magnats

dimanche 31 juillet 2016 à 22:30
A public school in Uganda. Tweeps argue that taxpayers money need to bail out schools like this one. Image released under Creative Commons by The Sustainable Sanitation Alliance.

Une école publique en Ouganda. Les utilisateurs de Twitter affirment que l'argent du contribuable doit servir à financer des écoles comme celles-ci. Image publiée sous Creative Commons par l'Alliance pour une hygiène publique durable.

Lorsque la nouvelle est sortie que le gouvernement ougandais prévoyait d'utiliser un milliard de shillings (environ 265 millions d'euros) d'argent public pour renflouer les entreprises en difficulté, les utilisateurs de Twitter dans le pays ont qualifié la décision d'« arnaque » et ont suggéré que l'argent destiné aux entreprises soit plutôt investi dans les écoles publiques délabrées d'Ouganda.

Les sociétés auxquelles le gouvernement souhaite venir en aide ont accumulé des dettes à travers les prêts qu'elles ont contractés à titre personnel auprès de diverses banques en Ouganda. Beaucoup de ces organisations sont dirigées par de puissants dirigeants d'entreprise qui ont des relations. Certains cadres de la banque centrale et du ministère des Finances s'opposent au plan de sauvetage.

David Mpanga, un avocat ougandais, parle du plan comme d'une « socialisation des pertes » :

Allan Ssenyonga a constaté avec surprise que l'une des sociétés répertoriées était une discothèque :

Fredrick Tumusiime fait une suggestion :

Les Ougandais remettent en cause la logique de programmes visant à subventionner des magnats des affaires au carnet d'adresses bien rempli dans un pays où les investissements dans les infrastructures sont faibles et les écoles et hôpitaux vétustes.

Sarah Bireete propose que le gouvernement finance les écoles pour les plus démunis :

Jeff a partagé la photo d'une entreprise que le gouvernement devrait aider :

Et une autre photo montrant une école publique délabrée :

Samwise Gamgee a pour sa part conseillé :

En Chine, un diplôme universitaire n'est pas toujours la voie royale vers l'emploi

dimanche 31 juillet 2016 à 19:40
Chinese graduates at a job exhibition in 2007. Photo from state news agency Xinhua.

Des diplômés chinois lors d'un forum de l'emploi en 2007. Photo de l'agence d'information publique Xinhua.

Une nouvelle fois, plus de 7 millions d'étudiants sont sortis diplômés des universités chinoises en mai. Si l'on y ajoute les 300.000 diplômés à l'international et ceux des années précédentes qui sont toujours à la recherche de travail, cela signifie que plus de 15 millions de jeunes auraient tenté leur chance en même temps cette année.

En tant que nouvelle puissance économique émergente, la Chine est censée posséder un marché du travail très important. De fait, lorsqu'on tape « trouver un emploi en Chine » sur Google, cela donne des millions de résultats. Mais la réalité est que de nombreux diplômés peinent à décrocher un travail après avoir fini leurs études. Un dicton populaire qui s'est répandu ces dernières années affirme même qu’ « être diplômé revient à être au chômage. »

Selon Times Higher Education, le taux de chômage des diplômés de l'université deux mois avoir l'avoir quittée était de 17,6 % en 2013 ; pour ceux issus des territoires ruraux, il était de 30,5%. C'est davantage que le taux de chômage de l'ensemble de la population (ou du moins de ce que l'on estime être le taux de chômage car les chiffres ne sont pas fiables en Chine). Alors que l'économie chinoise a ralenti ces deux dernières années, le taux de chômage ne fait que s'aggraver.

La frustration des jeunes générations en Chine se retrouve dans un certain nombre de textos et de messages largement partagés sur les réseaux sociaux, comme celui-ci :

当我们出生的时候,奶粉里都有毒了,当我们长身体的时候,只能吃垃圾食品了,当我们要上幼儿园的时候,开始乱收费了,当我们大学毕业的时候,毕业就是失业了,当我想努力赚钱的时候股市倒了,当我想努力谈恋爱的时候帅哥都成GAY了,当我想追求一切流行的时候,又开始非主流了!

Lorsque nous sommes nées, le lait infantile était toxique ; lorsque notre corps s'est développé, nous ne pouvions consommer que de la junk food [nourriture malsaine] ; lorsque nous avons fréquenté l'école maternelle, les frais de scolarité étaient astronomiques ; lorsque nous avons obtenu notre diplôme universitaire, nous nous sommes retrouvées au chômage ; lorsque nous avons tenté de gagner notre vie sur les marchés boursiers, ils se sont effondrés ; lorsque nous nous sommes évertuées à tomber amoureuses, c'est pour s'apercevoir que tous les beaux mecs étaient gays ; lorsque nous nous sommes intéressées à la culture et aux valeurs traditionnelles, celles-ci ne l'étaient plus.

所谓大学:管理监狱化,素质流氓化,Kiss公开化,消费白领化,上课梦境化,逃课普遍化,寝室网吧化,补考专业化,学费贵族化,论文百度化,近视全面化,食堂饲料化,求职梦想化,毕业失业化,就业民工化。

Ce que l'université veut dire : la gestion est digne d'une prison, la qualité ne vole pas haut. Les étudiants apprennent comment s'embrasser en public, consommer comme un travailleur en col-blanc, rêver en classe. Sauter des cours est chose courante, les résidences universitaires ont des allures de cybercafés. Passer des examens devient un métier, seule l'aristocratie peut se payer les frais de scolarité. Les thèses ressemblent à des résultats de recherche sur Baidu [moteur de recherche chinois]. Personne ne voit plus loin que le bout de son nez. La nourriture dans les cafétérias est bonne à nourrir les animaux. Obtenir un travail relève du fantasme. Etre diplômé revient à être au chômage. Les emplois [disponibles] sur le marché sont destinés aux migrants issus des campagnes.

Beaucoup pensent que la problématique du chômage pour les nouveaux diplômés de l'université réside en partie dans la politique d'élargissement de l'accès aux études supérieures depuis 1999. Auparavant, ils n'étaient que 35% environ de titulaires du diplôme de fin d'études secondaires à accéder à l'enseignement supérieur (universités et établissements professionnels). Mais en 2015, le taux s'élevait à plus de 80%, dont quelques 40% sont devenus étudiants de premier cycle à l'université. Dans les grandes villes comme Pékin, le nombre d'élèves à avoir intégré l'université était de plus de 70 %.

Certains soutiennent qu'il n'y a pas assez de travail pour tant de personnes ayant reçu une éducation supérieure. Sur Weibo, réseau social chinois très utilisé, Lydia s'est livrée à ce commentaire sur la surabondance de diplômés :

以后大学生越来越不值钱了,一抓一大把,有什么区别?

Il y a des diplômés partout, et les étudiants à l'université ne valent plus un clou maintenant. Comment faire la différence ?

Un autre utilisateur de Weibo, « héros nomade », écrit que l'une des répercussions de cette expansion a été la diminution des compétences des diplômés en général :

国家维护学习公平尽力让大多数人享有受教育固然是好事,可整体学生质量一蟹不如一蟹。不是大学生不值钱了,而是大学贬值了

Le combat pour la justice dans l'éducation qui vise à garantir l'accès de la majorité à l'instruction est une bonne chose. Mais il est vrai que le talent des étudiants décline. C'est l'université, plutôt que les étudiants, qui perd de la valeur.

« Ling Yan San Chi » s'est plainte :

毕业两年啦!!!!我竟然还在想着如何找工作,,,为何活的如此悲催。。。

Diplômée depuis deux ans déjà mais je cherche toujours à trouver un travail !! Pourquoi ma vie est-elle si affreuse ?

Bien qu'il soit difficile de dénicher un emploi, beaucoup continuent de penser qu'intégrer l'université est le meilleur moyen d'acquérir des compétences spécialisées et de s'élever sur l'échelle sociale — c'est pourquoi ils n'éprouvent pas de regrets pour ce choix. « HaiDe XiaTian » a même décidé de poursuivre ses études dans un établissement post-études secondaires :

后悔啊,可是后悔又能怎样 只能硬着头皮走下去,考研是通往理想大学的最后也是唯一的机会

Je regrette [de poursuivre des études supérieures], mais il n'y a pas d'autre moyen et je dois continuer sur cette voie. Aller dans un établissement post-études secondaires sera ma dernière opportunité d'intégrer une université de rêve.

La cérémonie de remise des diplômes est appelée commencement, ce qui devrait représenter un nouveau début pour les diplômés, mais beaucoup la voient comme un combat personnel, comme l'utilisateur de Weibo UsedToBe5 :

找工作是一件考验人心的事情,不断地失败再爬起,当然这都是我自己选择的地狱模式…

Trouver un travail est très dur car cela implique de tomber et se relever sans cesse. Bien sûr, je ne rejette la responsabilité sur personne puisque je l'ai choisi moi-même.

Tout le monde ne voit pas la situation d'un mauvais œil. Un hashtag sur Weibo, #graduation doesn’t mean unemployment# [être diplômé ne signifie pas être au chômage], donne au sujet un tour positif, et des messages s'efforcent d'offrir soutien, conseils et expériences personnelles.

Le dernier statut concernant le hashtag cité a été publié le 12 juillet par l'utilisateur de Weibo « WanAn Xin XinYu », qui est l'un des 7 millions de jeunes fraîchement diplômés en 2016 :

今天又要去面试工作了,希望明天能开始工作 #毕业不等于失业#加油!虽然已经失业快一个月了

J'ai un autre entretien aujourd'hui, et j'espère que je pourrai commencer à travailler demain. Etre diplômé ne signifie pas être au chômage. Add oil [littéralement « Ajoute de l'huile », mot d'encouragement typique de l'anglais de Hong Kong] ! Même si je suis au chômage depuis un mois.

Irom Sharmila a mis fin à sa longue grève de la faim, mais l'impunité des militaires continue dans l'Inde du Nord-Est

dimanche 31 juillet 2016 à 17:03
Image from Flickr by American Centre Mumbai. CC BY-ND 2.0

Photo sur de American Centre Mumbai. CC BY-ND 2.0

Cette semaine, une nouvelle a soulagé de nombreux Indiens : Irom Chanu Sharmila, également appelée la ‘Dame de fer’ de l'Etat indien du Manipur, a décidé de mettre fin à ses seize années de jeûne, un record mondial. ‪

Sharmila avait commencé sa protestation non-violente en novembre 2000. Sa revendication proncipale était l'abrogation de la loi (sur les pouvoirs spéciaux) des forces armées (acronyme en anglais AFSPA) qui accordait aux forces publiques une impunité de fait pour leurs activités de contrôle des activistes et séparatistes opérant dans la région.

Tout au long de ces années elle était confinée en détention dans un hôpital d'Imphal, la capitale du Manipur, et alimentée sous la contrainte par un tube nasal, sur le fondement d'une loi interdisant le suicide.

Dans un communiqué, elle a déclaré qu'elle ne se sentait plus en mesure de gagner la bataille contre l'AFSPA‬ par le seul jeûne.

Elle a aussi exprimé son souhait de se marier et d'être candidate lors des prochaines élections au parlement de l'Etat, où elle projette de continuer à s'opposer à cette loi.

Waouh ! Après 16 ans – Irom Sharmila arrête d'un coup. Le symbole de la résistance au Manipur veut concourir aux prochaines élections. Le 9 août, dernier jour de son jeûne.

Belle décision Irom Sharmila. Votre combat ne sera sûrement pas oublié par les masses

Sharmila avait commencé sa protestation en novembre 2000 lorsque 10 personnes dont 2 enfants furent tués par des miliciens de l'Assam Rifles à un arrêt de bus près d'Imphal.

Sharmila fut mise en détention après avoir été inculpée, aux termes de la section 309 du code pénal indien, de tentative de suicide par lancement d'une grève de la faim illimitée.

Depuis le commencement de sa grève de la faim, elle est libérée puis ré-arrêtée, et a été sacrée “icône de la résistance publique” dans la région, où le gouvernement central reste impopulaire.

Il y a quelques mois, un tribunal ordonnait la levée de sa détention provisoire.

Tandis que son action provoquait la polémique, il ne fait aucun doute que les forces loyales au gouvernement central continuent à jouir d'une large impunité pour leurs opérations dans l'Inde du Nord-Est rongée de conflits (dans le Manipur, mais aussi au Cachemire [dans l'Ouest]) aux termes de la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées (AFSPA).

L'AFSPA s'applique au Manipur depuis 1958.

Pour le demi-siècle de la loi en 2008, Mukul Sharma écrivait sur Kafila.org :

C'est une loi en vigueur dans une grande partie du Nord-Est qui donne aux forces armées des pouvoirs spéciaux dans une localité déclarée ‘zone de troubes’. Toutefois, alors que l'AFSPA est jugée nécessaire par l'Etat et les responsables militaires pour protéger l'Etat contre les atteintes à l'ordre public, maintenir l'intégrité de la nation, combattre le terrorisme et l'insurrection, et protéger les zones frontalières sensibles, elle se heurte à l'opposition et au rejet farouches des défenseurs des droits humains, des organisations de femmes et des mouvements politiques, qui y voient la facilitation de graves violations des droits humains, de l'impunité, des viols et de la torture, et le bâillonnement de la dissidence démocratique.

Les abus commis par les forces de sécurité opérant dans la région sont bien documentées malgré l'indifférence de la presse nationale.

Ecrivant sur le site web alternatif Raiot l'an dernier, Lalit Shukla relevait :

AFSPA violates the fundamental constitutional rights  of right to life, liberty, freedom of speech and expression, peaceful assembly, free movement, practice of any profession, and protection against arbitrary arrest and freedom of religion, as enshrined in Articles 21, 14, 19, 22 and 25 of the Constitution.

L'AFSPA bafoue les droits constitutionnels fondamentaux que sont le droit à la vie, la liberté, le libre exercice de la parole et de l'expression, les réunions pacifiques, la liberté de déplacement, la pratique de toute profession, et la protection contre l'arrestation arbitraire, et la liberté de religion, comme inscrit aux articles 21, 14, 19, 22 et 25 de la constitution

Le dialogue ne sert à rien, je veux une abrogation : Regardez Irom Shamila, héroïne de la vraie vie (et de théâtre)

En novembre 2010, Anjuman Ara Begum a écrit une série en trois parties sur Twocircles.net, retraçant la protestation de Sharmila.

La deuxième partie de la série est consacrée aux massacres”non résolus” au Manipur, qui s'étendent de 1984 à 2000, début de la grève de la faim de Sharmila.

Récemment, par un jugement qui a fait date, la Cour Suprême indienne a acquiescé à une enquête sur quelque 1.528 cas supposés de meurtres extra-judiciaires par les forces de sécurité au Manipur de 2000 à 2012.

La cour a aussi émis l'avis qu'il n'existe pas d'impunité pour les forces armées opérant aux termes de l'AFSPA.

Ankita Mukhopadhyay de Being Indian (‘être Indien’) remet en cause l'ignorance générale en Inde des luttes de Sharmila :

Je pense qu'il est temps pour nous de l'applaudir elle et la lutte des Manipuris au lieu d'ignorer ces informations comme si c'était de l'ordinaire. Ça ne l'est pas.

Vishnu Pillai de Youth Ki Awaaz écrit :

Les médias nationaux l'ont ignorée. Comme un rite d'anniversaire, ils montraient son jeûne, année après année, une, deux, trois fois, jusqu'à quinze. Puis l'oubliaient. Ils n'ont jamais soutenu ce qu'elle voulait – l'abrogation de l'AFSPA. Leurs articles racontaient son jeûne, jamais pourquoi elle jeûnait. Ils choisissaient de montrer le messager au lieu du message. Ça leur donnait peut-être de meilleurs taux d'audience.

Irom Sharmila est un paradigme de la démocratie.
Un grand salut à la dame de fer bien qu'elle n'ait pas réussi à se débarrasser de l'AFSPA mais l'échec est le nôtre

Pour ceux qui pensent que l'affaire de Manipur se limite à Sharmila, voyez les images des manifestations qui continuent ~sans solution

Se félicitant la décision de Sharmila d'arrêter le jeûne tout en restant politiquement active, la Campagne de solidarité Sauver Sharmila (acronyme en anglas SSSC) a évoqué la longue attente des droits fondamentaux au Manipur, tout comme dans les autres Etats du nord-est et au Cachemire, où les gens continuent à vivre sous la terreur de l'armée.

La toute-puissance de l'AFSPA, l'existence d'autres dispositifs juridiques inhumains (comme la loi sur les zones troublées, mise en place au Manipur en 1980) et l'absence de système de responsabilisation de militaires échappant à tout contrôle s'amalgament en une écrasante fatalité d'injustices.

Aparna Ray a contribué à l'écriture de cet article.

La crise économique pousse une petite ville de Macédoine à jouer les pro-Trump

samedi 30 juillet 2016 à 16:41
Boss Trump, ode à Nast

“Boss Trump, ode à Nast”, postée sur Flickr par l'utilisateur DonkeyHotey le 27 mars 2016. Cette image de Boss Trump est adaptée du célèbre dessin satirique de Thomas Nast, “The Brain”, disponible à la Library of Congress. Le dessin original fut publié dans le Harper's Weekly le 21 octobre 1871.

Les Macédoniens de la petite ville de Veles administrent des sites internet pro-Trump qui se font passer pour des sites d'actualité et dont il a été révélé qu'ils sont la source de fausses informations. Cette nouvelle en a surpris beaucoup dans ce minuscule Etat balkanique de deux millions d'habitants.

Le site internet américain Washington Examiner a révélé l'affaire en avril. Leur reportage a montré que les rapports de l'ICANN WHOIS pour les sites internet pro-Trump révélaient les noms, les adresses et les informations personnelles de propriétaires basés en Macédoine. Tous les sites internet utilisaient des noms de domaine accrocheurs : UsaNewsFlash.com, 365UsaNews.com, WorldNewsPolitics.com. Le Washington Examiner a expliqué que ces sites avaient “sans doute vocation à influencer les électeurs indécis en faveur du candidat présidentiel Donald Trump”.

Veles <3 <3 <3 Donald Trump

Au début, les conversations en ligne à propos de ce reportage tournaient autour des relations possibles entre le parti local au pouvoir, de droite, et les conservateurs états-uniens. Ces deux partis ont été liés dans le passé.

Toutefois, une enquête conduite par le site d'information à but non lucratif Meta.mk a mis au jour une réalité complètement différente. Les journalistes de Meta.mk ont pris contact avec les personnes listées comme les propriétaires des domaines d'information pro-Trump. Deux propriétaires ont accepté de leur accorder une interview ; l'un est étudiant en informatique, l'autre est enseignant d'anglais. Ils ont expliqué promouvoir Trump afin de gagner de l'argent avec les ‘clics’ des internautes sur les publicités affichées sur le site.

Veles est une ancienne ville industrielle qui a connu de grandes difficultés économiques. La majeure partie des jeunes actifs déménagent dans la capitale, Skopje, ou dans des villes d'Europe occidentale, afin de trouver du travail. Les opportunités économiques locales sont limitées, et des liens avec le parti au pouvoir sont généralement un prérequis pour avoir une chance de réussir.

L'un des propriétaires interviewés a expliqué qu'il se souciait peu des normes journalistiques et de la véracité du contenu de son site, ou des conséquences que pouvait avoir une désinformation des électeurs états-uniens :

– Нешто пишувам, нешто преведувам, нешто преземам од други веб-страници. Само прикачувам вести и ништо друго. Најмногу пишувам за Доналд Трамп затоа што народот најмногу сака за него да чита, но пишувам и за други. […]
Знам дека не е сè точно што се пишува на веб-страницата, исто како што не е точно сè што се пишува и на македонските веб-страници. Но, за секоја вест имам напишано извор од каде е пренесена – вели Мирон Брезев од Велес.

“Parfois c'est moi qui écris, parfois je traduis des extraits que je trouve dans d'autres sites internet. Je publie uniquement des actualités et rien d'autre. J'écris principalement au sujet de Donald Trump parce qu'apparemment, c'est ce que les gens recherchent le plus, mais j'écris aussi sur d'autres sujets. […] Je sais que tout ce qui est publié sur le site n'est pas vrai, mais c'est aussi le cas d'un grand nombre de sites internet macédoniens. Mais pour chaque article que j'écris, j'indique quelle est la source de l'information”, a affirmé Miron Brezev, de Veles.

Peu de temps après ces interviews à Meta.mk, les sites internet ont remarqué que les articles de l'Examiner et de Meta.mk avaient remplacé les informations relatives aux propriétaires des sites par les données fournies par une entreprise de services d'anonymisation.

Modifiations des données d'immatriculation d'un site internet pro-Trump par l'agence de presse Meta.mk.

Modifications des données d'immatriculation d'un site internet pro-Trump par l'agence de presse Meta.mk.

Sur Twitter, @Pipelinemkd a singé les annonces du gouvernement pour commenter ce phénomène :

Le taux de natalité des pièges à clics pro-Donald Trump a augmenté en Macédoine. C'est dans les villes de Veles et de Kumanovo que cette augmentation est la plus forte.

Panorama de Veles, Macédoine. Photo de l'utilisateur Wikipédia Makedonec, CC BY-SA 3.0.

Panorama de Veles, Macédoine. Photo de l'utilisateur Wikipédia Makedonec, CC BY-SA 3.0.

D'autres utilisateurs de médias sociaux ont expliqué qu'il existe en Macédoine une petite industrie de création de sites internet sur des thématiques tournées vers une audience états-unienne. Il existe même des cours de “Formation à l'économie internet et au marketing” où des personnes avec une maîtrise basique de l'anglais écrit peuvent apprendre à créer des sites internet WordPress et à publier des “actualités” sur des sujets divers. Les publicités sur ces sites génèrent un certain revenu, mais il semble que le bénéfice principal de cette industrie provienne des personnes donnant les cours : ils en font la publicité sur les médias sociaux et sont semble-t-il constamment approvisionnés en nouveaux étudiants.

Quand Google Maps tente sans succès de changer les noms des villes de Crimée

samedi 30 juillet 2016 à 14:55
Du jour au lendemain, comme d'un coup de baguette magique, Google Maps a changé le nom de certaines villes de Crimée. Images éditées par Tetyana Lokot.

Du jour au lendemain, comme d'un coup de baguette magique, Google Maps a changé le nom de certaines villes de Crimée. Images éditées par Tetyana Lokot.

Le 27 juillet, le géant d'internet Google a rebaptisé sur son service Google Maps un certain nombre de villes et de villages en Crimée, la péninsule d'Ukraine sous contrôle russe depuis le début de l'année 2014. Ces changements font suite à une décision du parlement ukrainien de modifier le nom de 70 localités en Crimée en accord avec sa campagne de “décommunisation” de mai 2016.

Les utilisateurs des versions russe et ukrainienne de Google Maps ont immédiatement remarqué ces changements. Par exemple, d'après un article du site d'information Meduza, la ville de Krasnoperekopsk a été renommée “Yany Kapu”, Sovetskoe est devenue “Ichki” et Kirovskoe “Islyam-Terek”. Beaucoup de ces nouveaux noms ont une origine tatare de Crimée ou d'autres racines historiques, remplaçant ainsi les variantes de la période soviétique.

Les changements opérés sur Google Maps ont immédiatement suscité les réactions des gouvernements russe et criméen. Le responsable de la Crimée annexée Sergueï Axionov a accusé Google dans un post Facebook de “fabriquer un produit de propagande” et de “chercher à créer sa propre réalité”. Le ministre russe des Communications Nikolaï Nikiforov s'est joint à cette salve de critiques, en affirmant que si Google ne se conformait pas aux lois russes et aux noms russes des villes et des villages (de Crimée), il “empêcherait l'entreprise de mener une activité efficace en Russie”.

Le Ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkin a réagi sur Twitter à ces réactions, en faisant référence à ce que l'Ukraine considère être une occupation illégale de la Crimée par la Russie :

Rebaptiser ce qui a été volé, c'est comme construire un château de cartes : voué à s'effondrer sous le poids de la vérité.

Le 28 juillet, un porte-parole de Google a déclaré au site d'information de la RBC que l'entreprise était au courant des changements réalisés en accord avec la loi ukrainienne de “décommunisation” et du mécontentement de la Russie. Google a affirmé à la RBC qu'il “travaillait activement pour restaurer la version précédente des noms dans la version russe de Google Maps.”

Le gouvernement ukrainien a perdu le contrôle de la péninsule de Crimée au printemps 2014 après un référendum controversé sur sa sécession de l'Ukraine et son rattachement à la Fédération de Russie. La plupart des pays du monde ne reconnaissent pas l'annexion suite à ce référendum du territoire de la Crimée par la Russie.