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Porto Rico et ses îles : 135 ans de luttes

mardi 21 juillet 2015 à 10:37
La marina de guerra de los Estados Unidos utilizó la isla de Culebra, un municipio de Puerto Rico, como campo de entrenamiento militar por muchos años, dejando contaminación en su tierra y agua hasta el día de hoy. En la foto, culebrenses confrontándose a la marina. Imagen tomada de video.

Les États-Unis utilisent depuis de nombreuses années l'île de Culebra, une commune de Porto Rico, comme camp d'entraînement militaire, ils ont pollué et dégradé leur terre et leur eau jusqu'à maintenant. Sur cette photo :  Des habitants de Culebra  en confrontation avec la Navy.  Capture d'écran de “Culebra 135-40.”

L'ile portoricaine de Culebra est célèbre pour ses plages parmi les plus belles du monde.  Néanmoins il y a autre chose à Culebra que le soleil la mer et le sable.  La population de Culebra a été témoin et protagoniste d'une histoire pleine de luttes et de résistances pour la terre et l'eau. Une large partie de cette île a été occupée par la marine nord-américaine pour y établir ses bases d'entraînement.

Playa Flamenco es un ejemplo de las playas prístinas de Culebra. Foto por Christopher Zapf. Utilizada bajo licencia CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

La plage Flamenco est un un bon exemple de plage paradisiaque à Culebra. Photo de Christopher Zapf.  Utilisée sous licence CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

Pendant de nombreuses années, les habitants de Culebra ont du vivre au milieu des explosions, des bombes, des balles et de la pollution causée par la Navy qui de son côté avait secrètement suggéré au gouvernement portoricain de se débarrasser des municipalités de Vieques and Culebra et d'envoyer leurs habitants sur la grande ile de Porto Rico ;  ils étaient même prêts à transférer les morts depuis leurs tombes.

L'intention de la Navy était d'obtenir l'usage exclusif de ces deux îles et d'empêcher les habitants d'y remettre les pieds même si c'était pour aller déposer des fleurs sur les tombes de leurs proches. En raison de la nature macabre de cette proposition, elle fut nommée le “plan Dracula”.

Finalement, les habitants de Culebra réussirent à expulser la Navy de leur île en 1975, et ceux de Vieques en  2003, après des années de désobéissance civile, les efforts des mouvements sociaux et des prises de position individuelles au sein de l'échiquier politique.

Aún quedan vestigios de los ejercicios de la marina contaminando las playas de Culebra, como este tanque. Foto tomada por Christopher Zapf. Utilizada bajo licencia CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

Des débris de l'US Navy comme ce tank se trouvent encore sur les plages de Culebra. Photo prise par Christopher Zapf.  Utilisée sous licence CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

La mémoire de ces affrontements a été conservée dans un documentaire intitulé “Culebra 135-40, produit par le périodique mensuel Diálogo UPR de l'Université de Porto Rico. Ce film fait partie d'une série de publications spéciales à l'occasion des 150 ans de la création de la municipalité de Culebra et des 40 ans du départ de la Navy.

Vous pouvez regarder, ci-dessous, le documentaire (en espagnol).

“Le monde a changé” : les journaux iraniens réagissent à l'accord sur le nucléaire

mardi 21 juillet 2015 à 10:33

Presque toutes les unes des quotidiens iraniens de mercredi 15 juillet sont consacrées à l'accord sur le nucléaire. Capture d'écran issue du site www.jaaar.com.

Le paysage médiatique iranien [anglais] est souvent un très bon indicateur pour comprendre ce qui distingue les différents groupes politiques du pays. Cependant, mercredi 15 juillet, les journaux iraniens semblaient tous être dans le même état d'esprit : l'accord historique sur le nucléaire conclu la veille dominait presque toutes les unes.

Il semble que tous les bords politiques du pays ont accueilli positivement la nouvelle de l'accord entre l'Iran et les six grandes puissances du 5+1 (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Russie et Chine). L'accord devrait ouvrir la voie à un progrès économique en Iran, puisqu'il a pour conséquence la levée des sanctions, en échange d'un programme nucléaire iranien limité.

Le commentaire le plus audacieux vient de Etemaad, un journal réformiste qui a choisi comme gros-titre accrocheur : « Le monde a changé ». L'article décrit la date du 23 Tir 1394 (14 juillet 2015) comme le jour d'une « révolution diplomatique ». Le rédacteur en chef d’EtemaadEtemaad » signifie « confiance » en persan), Elias Hazrati, est un réformiste très connu, proche de Mehdi Karroubi, l'un des leaders de la Révolution verte [français] de 2009, et est toujours assigné à résidence.

HHHH

Le journal réformiste Etemaad explique : « Une révolution diplomatique a eu lieu le 23 Tir 1394. Le monde a changé. Un accord a été atteint après 12 ans de négociations. »

Les célébrations de rue qui ont fait suite à l'annonce de l'accord ont été dominées par une ambiance réformiste et parcourues d'allusions à la Révolution verte de 2009. Les danses et les klaxons pleins de joie ont été suivis de chants pour la libération de Medhi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, deux leaders de l'opposition qui avaient été candidats à la présidentielle de 2009, et qui sont toujours détenus.

Des gens chantent : « Notre message est clair ! Les assignations à résidence [de Medhi Karroubi & Mir Hossein Mosavi] doivent cesser »

La majorité des journaux iraniens n'ont pas mentionné ce genre de célébrations sur leur une, mais se sont concentrés sur le traitement de la nouvelle d'un point de vue politique.

Même le journal Kayhan, bien connu pour ses positions radicales, reprend la nouvelle de l'accord avec neutralité. Durant ces derniers mois, le journal avait été très critique sur l'équipe de négociateurs et sur les concessions faites aux pays occidentaux pour arriver à un compromis.

Beaucoup voient Kayhan comme le porte-parole du Guide Suprême et comme la mouvance la plus radicale et la plus conservatrice d'Iran. Le rédacteur en chef du journal, Hossein Shariatmadari, est directement nommé par Ali Khamenei. Hossein Shariatmadari est lié aux services du renseignement iranien, et est un ancien Gardien de la révolution. Kayhan est aussi reconnu comme organisme de sécurité, chargé de monter des dossiers contre l’opposition et les critiques du gouvernement, au sein du pays et à l'extérieur.

La couverture de Kayhan mardi se demandait, à grand renfort de points d'interrogation, si l'accord était la phase finale de 12 années de négociations, une réaction qui contraste avec les critiques cinglantes faites auparavant sur l'équipe de négociateurs et le processus. Il est intéressant de noter que la période de 12 ans dont parle Kayhan est celle qui a débuté avec la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, quand l'Iran a commencé à inquiéter la communauté internationale avec son programme nucléaire. En 2006, le Conseil de Sécurité de l'ONU avait finalisé les discussions entamées en imposant des sanctions [français] après le refus de l'Iran de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.

Couverture des journaux de Téhéran mardi 23 Tir, qui anticipent et soutiennent la finalisation de l'accord sur le nucléaire.

Après la finalisation de l'accord, Kayhan est sorti mercredi avec une couverture portant le titre « Un accord, et deux récits bien différents », reconnaissant la réussite de cet accord historique au delà des clivages habituels.

Kayhan

La couverture de Kayhan mercredi 15 juillet, qui s'exclame : « Un accord, deux récits bien différents ».

D'autres journaux ont considéré les résultats des négociations d'un point de vue plus national. Ebtekar est un journal réformiste qui essuie des revers depuis l'arrivée du président Hassan Rouhani, avec quelques fermetures forcées en avril 2014. Le journal a publié un gros titre qui a attiré l'attention, comparant Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères qui est aussi le pilote des négociations, avec le nationaliste iranien bien connu Mohammad Mossadegh. Mohammad Mossadegh est célèbre pour avoir nationalisé l'industrie pétrolière iranienne en 1951, l'enlevant par la même au gouvernement britannique.

L'image publiée compare ce que Mohammad Mossadegh a fait pour le pétrole d'Iran avec ce que Javad Zarif a fait pour le programme nucléaire national, et porte en titre « L'ère iranienne ».

Ebtek

La couverture du journal Ebtekar compare l'ancien Premier ministre Mohammad Mossadegh, qui a nationalisé l'industrie pétrolière iranienne, avec le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif, et ce qu'il a fait pour le programme nucléaire iranien.

Bien que ces exclamations sur une « nouvelle ère » soient exactes, tout reste encore à faire. Beaucoup, sur les médias sociaux, ont déjà parlé d'« optimisme prudent » sur les conséquences que pourrait avoir cet accord sur la vie quotidienne des iraniens. L'un des chants entendus dans la rue de Téhéran restitue parfaitement ce sentiment :

Un joli chant entendu hier à propos de l'accord iranien : « Cet accord est conclu, le prochain porte sur nos droits civiques ».

Tensions entre le gouvernement et l'opposition en Equateur

lundi 20 juillet 2015 à 18:54
"So you pretty well understand Correa...I am going to tell you in your own English...We don't like you. Get out." Photo by Twitter user @beadomenech95

Un citoyen équatorien arborant une pancarte se moquant de l'anglais du Président Correa: “Pour que tu comprennes, je vais le dire en anglais…'Nous ne t'aimons pas. Va-t'en'”. Photo de l'utilisateur Twitter @beadomenech95

Bien que l’ Equateur ait reçu des éloges pour avoir reduit la pauvreté ces dernières années, ce pays d'Amérique du Sud se trouve actuellement face à un défi dû à l'ornière des cours du pétrole : celui d'atteindre son budget.

Alors que les politiciens se querellent au sujet des finances, une vague de protestations, d’ internet jusqu'à la rue, a eu lieu dans plusieurs villes du pays.

Ces manifestations sont en réponse de la loi sur la redistribution des richesses établissant de nouvelles taxes sur l'héritage et les gains en capital. Le Président Rafael Correa a récemment reporté le vote de cette loi dans l'objectif de mettre fin aux manifestations et de créer une atmosphère “calme et agréable” pour le Pape François qui devait visiter la capitale Quito.

Cependant, des manifestations et contre-manifestations plus calmes se poursuivent dans plusieurs villes d'Equateur, notamment celles menées par Jaime Nebot, le maire de Guayaquil (la deuxième ville la plus importante du pays), ePaul Carrasco, préfet de la province d'Azuay.

Dans son article pour GKillCity intitulé, ‘Qu'arriverait-il si #FueraCorreaFuera (#Va-t-enCorreaVa-t-en) remportait du succès?’, l'analyste Matthew Carpenter-Arévalo (né au Canada, mais Equatorien dans l'âme) développe des arguments que des millions d'Equatoriens pris dans ce conflit semblent avoir oubliés:

Los gobiernos de turno seguirán profundizando la división ciudadana, porque su capacidad de mantenerse en el poder no dependerá de un diálogo abierto entre diferentes sectores, sino en su habilidad de mostrar la prevalencia del músculo de su militancia sobre otras. Si seguimos con golpes de Estado, no habrá fortalecimiento de las instituciones públicas, ya que ceder el control de cualquier institución significará generar debilidad y vulnerabilidad para sostener el poder. La inversión extranjera — que tanta falta nos hace para desarrollar nuevas industrias nativas— tampoco llegará, porque es justamente la inestabilidad política continúa que disuade cualquier inversión grande que genere beneficios en el largo plazo.

Les gouvernments actuels continueront à creuser le fossé entre les citoyens car leur capacité à rester au pouvoir ne reposera pas sur un dialogue ouvert avec les différents secteurs de la société, mais plutôt sur leur capacité à démontrer la prévalence de leur force militante sur les autres. Si nous continuons avec les coups d'états, il n'y aura pas de fortification des institutions publiques, puisque l'abandon du contrôle des institutions sera le signe d'un engendrement de faiblesse et de vulnérabilité [dans la lutte] pour préserver le pouvoir. Les investissements étrangers – dont nous avons désespérément besoin pour développer de nouvelles industries nationales – n'arriveront pas non plus du fait de cette instabilité politique sans fin.

En ce qui concerne le gouvernement Correa, il écrit : “Une personne ou un parti politique qui reste au pouvoir sans consulter le peuple représente une menace pour le régime démocratique. Cependant, cela ne justifie pas un coup d'état en remplacement d'un scrutin par vote populaire.”

Il rappelle également aux Equatoriens que la démocratie ne signifie pas remplacer un groupe anti-démocratique par un autre:

Cuándo el Presidente dice que solo quiere hablar con oposición “de buena fe” —seguramente definida por él—, y cuándo el experiodista/excandidato Carlos Vera dice que “con la dictadura no se debate: se combate,” están manifestando una misma cultura política antidemocrática, en la que el diálogo no se da porque la descalificación (unilateral) del otro. En una cultura democrática el diálogo es una puerta que nunca se cierra a nadie. No es un aditivo secundario a la democracia: es su esencia sagrada.

Lorsque le Président déclare qu'il souhaite juste parler à l'opposition “en toute bonne foi” – sûrement définie selon ses termes – et lorsque l'ancien journaliste/candidat Carlos Vera affirme qu’ “on ne débat pas sur la dictature: on se bat”, ils expriment tous deux la même culture politique anti-démocratique dans laquelle le dialogue ne peut prendre place en raison de la disqualification (unilatérale) de l'autre. Dans une culture démocratique, le dialogue est une porte que personne ne peut fermer. Il ne s'agit pas d'un petit ajout à la démocratie – il s'agit d'une essence sacrée.

Les conséquences du manque de toilettes en Inde ne sont pas seulement hygiéniques

lundi 20 juillet 2015 à 18:45
After the alleged rape and gruesome murder of two sisters stirred the nation’s conscience, a country-wide "Toilet for Every House" campaign was launched from the infamous village in Uttar Pradesh. Image by Deepak Malik. Copyright Demotix (31/8/2014)

Après que le viol supposé et le meurtre horrible de deux sœurs a agité la conscience de la nation, une campagne intitulée “Toilettes pour chaque maison” a été lancée dans tout le pays depuis un village tristement célèbre de l'Uttar Pradesh. Image de Deepak Malik. Copyright Demotix (31/08/2014)

Près de la moitié des 1,2 milliard d'habitants que compte l'Inde, en particulier ceux qui vivent dans des villages, manquent de toilettes à chasse d'eau dans leur maison et doivent faire leurs besoins en plein air ou dans des latrines sèches insalubres. Cela représente plus de 72% des habitants en milieu rural.

Dans le rapport initial d'enquête du gouvernement de 2012 effectué par le ministère de l'eau potable et de l'hygiène publique, des Etats comme l'Odisha (88%), le Bihar (79%), le Jharkhand (72%), le Jammu-et-Cachemire (75%) et le Télangana (74%) ont relevé un fort pourcentage de ménages sans toilettes. La tendance a fini par donner lieu à une aggravation des problèmes sociaux en Inde.

Le 4 juillet 2015, à Dumka, dans le Jharkhand, une jeune fille de 17 ans qui avait honte de faire ses besoins à l'air libre se serait suicidée après que ses parents ont rejeté ses demandes répétées de construire des toilettes. L'année dernière, deux adolescentes du district de Katra Badaun dans l'Uttar Pradesh auraient été victimes d'un viol collectif et pendues à un arbre. On raconte que les filles étaient sorties se soulager dans la nuit et n'étaient pas revenues.

La défécation en plein air est l'une des principales causes de harcèlement parmi les jeunes filles et les femmes.  La déforestation a rendu plus difficile le fait de trouver des emplacements pour faire ses besoins en extérieur dans les villages. Les jeunes filles et les femmes s'efforcent de se faire entendre afin d'alerter sur ce problème.

Le 15 août 2014, le Premier ministre Narendra Modi en a appelé à un «Swachh Bharat Abhiyan» (mission Inde propre) dans son premier discours tenu le jour anniversaire de l'indépendance de son pays. Il a mis l'accent sur l'importance de construire des installations sanitaires convenables dans chaque école d'Inde. Il a déclaré:

This is a shame for a country that has global aspirations and that the lack of sanitary conveniences is demeaning to women.

C'est une honte pour un pays qui a des aspirations globales et l'insuffisance d'installations sanitaires est dégradante pour les femmes.

Certaines régions indiennes ont pris ce discours plus au sérieux que d'autres. Dans le district du Ludhiana, 100 villages devraient en finir avec la défécation en plein air d'ici 2017 grâce à ce programme. Auparavant, des campagnes comme «Nirmal Bharat Abhiyan» avaient tenté de générer une «demande de toilettes» mais elles se sont soldées dans une large mesure par un échec.

L'initiative de Modi a remis cette question urgente au centre des discussions. Les réactions dans les médias sociaux mettent en lumière cette prise de conscience grandissante:

Lors d'une conférence organisée par le centre universitaire de Chicago à New Delhi, Nitya Jacob, en charge des politiques à l'ONG WaterAid qui travaille dans le domaine de l'eau et de l'assainissement, a recommandé de «mieux intégrer» les questions liées à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène (WASH, «nettoyer» en français) dans la vie quotidienne des Indiens. Malgré des toilettes bien construites, les gens sont plus susceptibles de faire leurs besoins en plein air car c'est vu comme plus sain. Garantir l'accès à une eau propre est un autre défi qui doit être pris en considération. Les experts se montrent donc sceptiques quant au fait que la construction de plus de toilettes induise un changement des habitudes des communautés en matière d'hygiène.

Dans un article pour l'édition indienne du Huffington Post coécrit avec Amitangshu Acharya, directeur des programmes pour la plateforme Asie de l'entreprise spécialisée dans les logiciels d'aide au développement Avko, Nitya Jacob évoque un autre aspect du problème:

Most engineers in government departments are men, while women are the demographic that predominantly support the building of toilets. Male engineers tend to focus more on technical accuracy than on women's (and other users’) need for design that caters to their privacy and menstrual hygiene management needs.

La plupart des ingénieurs dans les services gouvernementaux sont des hommes, alors que les femmes représentent la part de la population qui défend majoritairement la construction de toilettes. Les ingénieurs masculins ont tendance à se focaliser davantage sur la précision technique que sur la nécessité pour les femmes (et autres utilisateurs) d'un projet qui réponde à leurs besoins d'intimité et de prise en charge de l'hygiène menstruelle.

Ils précisent en outre que la qualité des toilettes construites les rend difficiles d'utilisation:

The angle of the toilet pan is not steep enough, or the pipe that connects the pan to the pit is not sloped properly, or the pit collapses on its own weight.

L'angle de la cuvette des toilettes n'est pas suffisamment prononcé, ou le tuyau qui relie la cuvette au trou n'est pas correctement incliné, ou le trou s'effondre sous son propre poids.

En Inde, les mauvaises habitudes d'hygiène sont profondément influencées par le système arbitraire de castes. En raison de l'absence d'un système de drainage, la vidange manuelle (le nettoyage des déjections humaines à la main) est le fait des membres de la caste la plus basse, les «intouchables», une pratique très courante parmi les castes supérieures aujourd'hui encore.

apporte un éclairage sur le sujet:

There are documented cases of manual scavenging even in big towns/villages. For example in a sample survey in Delhi in 2008, 13 people working as manual scavengers were identified. Another example is Meerut, one of the prime towns of UP, only 60kms from the National Capital. During a Sample Survey in Meerut in 2010, 392 Manual Scavengers were documented.

Il existe des cas documentés de vidange manuelle même dans les grandes villes et villages. Par exemple, dans une enquête par sondage réalisée à Delhi en 2008, 13 personnes qui travaillaient comme vidangeuses manuelles ont été identifiées. Meerut, l'une des villes principales de l'Uttar Pradesh à seulement 60 km de la capitale, en est un autre exemple. Dans une enquête par sondage réalisée à Meerut en 2010, 392 vidangeurs manuels ont été répertoriés.

Tout en démontrant la corrélation entre religion et utilisation des toilettes en Inde, Jacqueline Cieslak, doctorante, met en avant les pratiques novatrices adoptées pour empêcher les gens d'uriner en public:

[…] the practice of affixing pictures of gods on the walls of public buildings in India to prevent men from urinating on them. This is a kind of proxy faith in other people’s beliefs and their readiness to change their behaviour for those beliefs — in other words, one doesn’t have to believe in Hindu gods to believe that people who do believe in them won’t urinate on them.

[…] la pratique consistant à fixer des images de dieux aux murs des édifices publics en Inde pour empêcher les hommes d'uriner dessus. C'est une sorte de foi par procuration dans les croyances des autres et dans leur volonté de modifier leur comportement pour ces croyances — autrement dit, il n'est pas nécessaire de croire en les dieux hindous pour croire que les gens qui croient en eux ne leur urineront pas dessus.

Au vu des faits, on peut à présent en conclure que les castes supérieures sont plus susceptibles de tirer parti des avantages de ce projet. Il est donc nécessaire de faire prendre conscience aux communautés et pas uniquement aux individus de l'importance de l'hygiène des latrines pour provoquer un changement de perception. Il faudrait pour cela que plus de fonds soient alloués à «créer une prise de conscience» qu'à «générer une demande de toilettes» dans le programme «Swachh Bharat Abhiyan», et que cela aille de pair avec un suivi assidu afin d'en évaluer les résultats.

Après six années passées en prison, le père des blogueurs iraniens constate qu'internet a aujourd'hui changé -en pire

dimanche 19 juillet 2015 à 22:08
From Hosseing Derakhshan's Flickr page. Some rights reserved.

Un article de presse de 2007 parle de Derakhshan. Page Flickr de Hossein Derakhshan. Tous droits réservés.

Avez-vous déjà entendu l'expression “vivre dans une grotte”? Sans doute d'une manière ironique, mais imaginez ce que cela peut représenter au sens propre du terme pendant six ans, avant de constater ce qu'Internet est devenu aujourd'hui. C'est exactement ce que raconte le journaliste blogueur irano-canadien Hossein Derakhshan dans son article publié sur Medium Matter intitulé “Il faut sauver l'Internet: l'Internet libre, varié, riche que j'aimais -et qui m'a valu plusieurs années de prison en Iran- est entrain de mourir.”
Derakhshan, qui a écrit pour Global Voices, a été emprisonné de novembre 2008 jusqu'au mois de novembre dernier pour son activité de blogueur. Il est réputé être le “père des blogueurs” iraniens. On fait souvent référence à Derakhshan quand on parle de la révolution des blogs qui s'est abattue sur l'Iran au début des années 2000. Pour sa première publication en anglais depuis sa sortie de prison, Derakhshan analyse les transformations d'Internet depuis l'époque où il était le plus suivi des écrivains iraniens du web. L'essentiel de l'essai s'attaque aux problèmes que de nombreux activistes d'Internet, comme Rebecca McKinnon, co-fondatrice de Global Voices, Jillian York, administratrice de Global Voices, et Zeynep Tufecki, dénoncent  depuis des années — c'est-à-dire la perte de pouvoir des internautes au profit d'entreprises comme Facebook, Twitter et Google.

A lire aujourd'hui: @h0d3r comment internet est passé des liens aux ‘likes’ pendant que j'étais en prison en raison de mes blogs

La principale métaphore de Derakhshan pour faire passer son message est la télévision, et il parle de la structure de notre internet actuel comme d'une “télévision-internet”.

Que ce soit le streaming, les applications mobiles, ou les vidéos: tous démontrent le passage du livre-internet à la télévision-internet. On a l'impression d'être passé d'un mode de communication non-linéaire -les noeuds, les réseaux, les liens- à un mode linéaire, centralisé et hiérarchisé. L'internet n'était pas conçu pour être une sorte de télévision quand il a été inventé. Mais qu'on le veuille ou non, il a rapidement ressemblé à une télévision: linéaire, passif, programmé et introverti. Quand je me connecte sur Facebook, je branche ma télévision personnelle.

Selon Derakhshan, malgré le prix que lui a fait payer le gouvernement iranien pour défendre son propre droit d'expression en ligne, la main-mise des médias sociaux et des entreprises qui leur sont associées et les contrôlent sont les principales menaces qui pèsent sur la liberté d'expression en ligne. Sans critiquer la politique iranienne, Derakhshan souligne l'incompétence d'un pays comme l'Iran face à cette nouvelle “télévision-internet”.

Etre observé est une chose à laquelle nous devrons tous nous habituer et avec laquelle nous devrons vivre, et cela n'a malheureusement rien à voir avec le pays où nous habitons. Assez paradoxalement, les états qui coopèrent avec Facebook et Twitter en savent plus sur leurs citoyens que ceux qui, comme l'Iran contrôlent étroitement Internet mais n'ont pas juridiquement accès aux entreprises de médias sociaux.

L'article souligne les préoccupations majeures sur l'évolution actuelle d'internet, préoccupations déjà abordées par nombre d'analystes et chercheurs. Ce qui rend l'article de Derakhshan intéressant c'est qu'il rapproche ces réflexions de ses propres expériences, des poursuites dont il a été l'objet pour ses activités en ligne à sa position face à l'évolution actuelle de la sphère internet iranienne.