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“La vie est un rêve et nous pouvons vivre dans l'illusion”

lundi 2 juin 2014 à 15:29

Sur le site elbikramyoga, Carlos Mora réfléchit [es] à différents sujets, comme le yoga, la philosophie, les élections et la vie en général :

Ayer había Elecciones Europeas y yo voté con ilusión por primera vez en muchos años. Soy rebelde y utópico por naturaleza, no puedo evitar tener sueños y querer cambiar las cosas que no me gustan. No me gusta acomodarme a la vida fácil ni pensar que hay que aguantarse con lo que hay. Estoy seguro de que podemos cambiar las cosas si nos lo proponemos, tengo el sueño y la ilusión de conseguirlo.

Hier, il y a eu les élections européennes et j'ai voté pour l'illusion pour la première fois depuis de nombreuses années. Je suis par nature quelqu'un de rebelle et d'utopiste, je ne peux pas m'empêcher d'avoir des rêves et de vouloir changer les choses qui me déplaisent. Je n'ai pas envie de m’adapter à une vie facile ou de penser que nous devrions faire face avec ce que nous avons. Je suis certain que nous pouvons changer les choses si nous le voulons. J'ai le rêve et l'illusion pour y parvenir.

Cette brève du 26 mai 2014 fait partie du quatrième #LunesDeBlogsGV [le Lundi des blogs sur GV].

Ils sont arabes, noirs, et musulmans et ils votent pour le Front National

dimanche 1 juin 2014 à 20:15

Affiche de campagne du Front National en 2007 - Domaine public

Affiche de campagne du Front National en 2007 – Domaine public


 Les titres des médias français et étrangers ne manquent pas d'adjectifs pour qualifier le succès du Front National, le parti d’extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, aux élections européennes. Un sondage effectué par l'IFOP révèle que pour 91 pour cent des électeurs du Front national qui avaient participé aux élections européennes en 2009 l'enjeu déterminant avait été l'immigration.

A travers toute la France, répondant à un appel lancé sur Facebook, des jeunes révoltés par ce succès ont défilé dans les rues pour manifester leur rejet de ce parti qui a basé sa stratégie politique sur la stigmatisation de l'immigration et la déconstruction de l'Union européenne. Beaucoup ressentent ce succès comme une humiliation.

Le blog mediapart.fr résume ainsi les points saillants de son programme:

Parmi les mesures les plus extrémistes, elle veut remettre en cause le droit d’asile, mettre fin à la libre circulation au sein de l’Union européenne, interdire les régularisations des sans-papiers, les expulser «systématiquement» et empêcher «les manifestations de clandestins ou de soutien aux clandestins», rétablir la double peine, supprimer l’aide médicale d’État, réduire la durée des cartes de séjour, revenir sur le droit du sol et réformer le code de la nationalité, faire du «racisme anti-Français comme motivation d’un crime ou d’un délit (…) une circonstance aggravante» qui «alourdira la peine encourue» et subordonner les aides au développement à la limitation des «flux» migratoires, voire à leur arrêt… en ce qui concerne les «pays du Maghreb».Selon un sondage IFOP pour des médias français, 80 à 82 pour cent des électeurs du FN ont justifié leur choix par leurs sentiments à l'égard de l'immigration.

Les explications de ce vote contre-nature sont nombreuses. L'écrivain Mouloud Akkouche s'exprimant sur le blog blogs.rue89.nouvelobs.com, explique ce phénomène par le rejet de celui auquel l'électeur ne voudrait pas ressembler et qui dans la tête de nombreux français est le type classique de l'immigré arabe, noir ou musulman:

Des citoyens issus de l’immigration aussi radicaux que les identitaires. De plus en plus, des Maghrébins ou Africains d’origine affichent leur vote FN. Pourquoi ce vote contre soi ?

Peut-être parce que leur reflet dans le miroir ressemble à celui de quelques lascars pourrissant la vie des quartiers populaires, ou aux profils de certains barbus-intégristes « bouffeurs » de laïcité. Une laïcité à ne jamais brader ! Pas facile de se raser ou se maquiller chaque matin devant un visage aussi négatif, pointé du doigt en permanence.

Comment échapper à cette culpabilité ? Prouver que, malgré la ressemblance physique, ils ne brûlent pas de voitures, ne dealent pas, ne lapident pas des femmes, ne portent pas de ceinture d’explosifs, ne pissent pas dans l’ascenseur… Bref, qu’ils n’emmerdent pas leurs contemporains. Une bagarre quotidienne usant même les plus intelligents.

Dans cet article des amies originaires d'Afrique du nord, dont une voilée, confirment cette vision sur dans un billet repris par le site  egaliteetreconciliation.fr:

Elles ne veulent plus, non plus, d’une immigration qui, selon elles, « profite » des aides sociales, qui applique la formule en trois points : « Les mamans sont les porteuses, la rue éduque, les allocations paient. »

Zoubida, assistante maternelle, gagne 1500 euros par mois. Son loyer s’élève à 505 euros. Elle n’en paie que 200 grâce à l’aide personnalisée au logement. « J’en ai ras-le-bol de voir des étrangers obtenir un logement HLM trois ou quatre ans seulement après leur arrivée en France », s’insurge-t-elle.

Croyant en un danger certains électeurs réagissent pour sauver des valeurs culturelles françaises en danger et pour témoigner de la reconnaissance de ce que ce pays a donné à son père,  Diop a écrit sur seneweb.com:

Quand mon père est arrivé, il a débarqué du Galsen sans un franc en poche. Car il n'y avait pas l'euro à l'époque mais le franc français et il y avait du travail, il a pu faire sa vie, acheter une maison et les prix étaient beaucoup moins cher. Toute la merde actuelle c'est la faute à l'Europe. La France a été dans le top 3 mondial en continue pendant 600 ans avant l'intégration européenne puis l'euro. Aujourd'hui nous sommes 5ème et dans 50 ans d'après les prévision nous serons 8ème seulement. Il faut savoir dire stop quand on le peut encore.

Originaire de pays où l'homophobie peut porter à des peines de mort, le vote pour le Front National se confond avec d'autres motivations pour certains électeurs. Comme pour Ousmane, pour qui c'est le rejet de l'homophobie et de la mondialisation qui l'ont poussé à voter FN, et il le revendique:

J'ai voté pour toi Marine! Félicitations! Tous ces européiste, lobbyistes pro-gay, mondialistes ont perdu!

La déception devant les résultats du Président François Hollande depuis son élection semble jouer un rôle dans le choix des français issus de l'immigration.  En effet, Alexandre Thomas donne son point de vue sur ce désamour et son corollaire :

Les Français issus de l'immigration ont porté François Hollande au pouvoir afin de se débarrasser de Nicolas Sarkozy. En guise de remerciement et pour solde de tout compte, ils se retrouvent aux prises avec un mauvais clone de l'ancien président de la République au ministère de l'Intérieur, qui les considère comme une menace. Le scénario d'un Manuel Valls, 5% aux primaires socialistes de 2011, à Matignon, pourrait avoir des conséquences politiques graves que ses VRP ne subodorent guère.

Cette analyse a généré un vif débat avec ses lecteurs. NARCISSE pense que:

Quelle que soit l'origine de ce vote dit de sanction, l'important c'est surtout de faire comprendre aux fils d'immigrés que le FN ne veut pas d'eux en France et qu'en votant pour eux ils donnent du pouvoir à ceux qui ont établi leur notoriété sur le rejet des différences.

Pape Diouf est né au Tchad, il a grandi à Dakar, au Sénégal et à Marseille depuis l'age de 18 ans. Il a été le Premier président d'un club de foot de première division, lorsqu'il a été pendant plusieurs années aux commande de l'équipe de sa ville d'adoption, explique pourquoi il comprend le choix des membres de la diaspora africaine, arabe et musulmane lors des élections municipales à Marseille au cours desquelles il était candidat:

Ainsi, lors de mes différentes descentes sur le terrain, j'ai rencontré des gens admirables, qui s'occupent bénévolement des jeunes et des femmes isolées et sans qui la grogne sociale aurait fait exploser tous les couvercles sociaux. Pour eux, la politique politicienne est la cause et l'explication de leur ralliement extrême au FN. Paradoxalement, beaucoup d'électeurs du FN sont d'origine du Maghreb et d'Afrique Noire. Un geste désespéré dans lequel on ne saurait souscrire….
Ma stratégie à moi, pour endiguer l'avancée du Front national, serait d'aider ces personnes en difficultés à sortir du mal logement, à mieux éduquer leurs enfants, à mieux les former aux métiers d'aujourd'hui et de demain, à mettre en place une vraie sécurité sanitaire ou à rendre les transports beaucoup plus accessibles, etc.

Il faudrait reconnaître aussi l'habileté dans les manœuvres politiciennes de Mme Marine Le Pen. Aux dernières élections, deux dames, dont une d'origine arabe, qui avaient été élues sur la liste du FN, en deuxième position dans leur circonscription respective, pour respecter la parité exigée par la loi électorale, ont du démissionner et laisser leur place à des hommes au lendemain de leur élection. Le parti dément leurs explications, mais Mme Le Pen n'est pas nouvelle au double langage, surtout en matière de racisme.

Espaces : La communauté Escuelab à Lima

dimanche 1 juin 2014 à 16:26

Tous les liens de ce post renvoient vers des pages en espagnol, sauf indication contraire.

Des espaces physiques dédiés à l'enseignement et à l'apprentissage, au coworking [français], à l'incubation de projets, et à l'implémentation de projets communautaires n'étaient pas très courants en Amérique Latine il y a quelques années. Ce type d'initiatives se développent maintenant sur tout le continent. 

Un des pionniers en Amérique Latine a été Escuelab à Lima, au Pérou, un projet issu d'un projet plus ancien, Haute Technologie Andine ou ATA pour ses initiales en espagnol.  Cette organisation est plus étroitement liée aux projets d'art et de culture et à leur relation avec la technologie. Sur cette base, Escuelab cherche à offrir quelque chose de différent. D'après leur site Internet:

Situé dans le centre ville d'une capitale d'Amérique Latine, Escuelab cherche à encourager les créateurs, les théoriciens, et les jeunes activistes afin de développer leurs idées comme un moyen de concevoir et construire des futurs possibles au sein desquels leur imagination peut combler le fossé entre la technologie et la société.

Escuelab offre un concept d'apprentissage dynamique et modulaire, basé sur des projets entrepreneuriaux qui intègrent des disciplines souvent développées de façon isolée. Cette démarche facilite la connaissance interdisciplinaire dans le domaine de l'art, de la science, de la technologie et des nouveaux média en dehors des classifications habituelles et des séparations conventionnelles. 

L'équipe a commencé en 2009 avec un atelier de travail appelé Interactif “Magie et Technologie”, un projet mené conjointement avec Medialab Prado de Madrid. Depuis, Escuelab a été actif. Un des projets les plus connus a été son programme de Résidence, qui a été de 2009 à 2011 un incubateur de projets.

Dans de nombreux cas, le programme de  la Résidence a permis des projets conjoints comme le Sugar Camp Puno ou XO TV. Il y a eu également des projets créés individuellement par des résidents, comme le concours “Yo Soy el Robot ” (Je Suis Le Robot) de Luis Cermeño, Campuslibre.cc de Iván Terceros, et le “Musée d'Art Virtuel pour la Mémoire” de Karen Bernedo. Des projets collectifs comme Pixelhack Medellín ont été lancés par Vladmir Castro de Bolivie et Mónica Vallejo de Colombie. Dans cette video en espagnol, Ivan Terceros parle de son expérience durant sa résidence et de son rôle actuel en tant qu'associé.

SugarCamp Lima 2011. Viernes 18 de noviembre. Escuelab, Lima.

SugarCamp Lima 2011. Photo de Escuelab, Lima.

En 2011, avec l'arrivée des développeurs Mariano Crowe et Juan Camilo Lema, Escuelab a commencé à organiser des Hackathons. Le premier a été le Hackathon de l'Eau en 2011, suivi par Sugar Camp et Développer l'Amérique Latine 2011.

Outre les activités mentionnées précédemment et leur hébergement, Escuelab a diversifié ses activités en offrant des espaces de coworking, des ateliers de travail, des abonnements, ainsi que des services de conseil. Dans cette vidéo en espagnol, Enrique ”Kiko” Mayorga parle de certains des services additionnels offerts par Escuelab.

 Escuelab n'est pas seulement un espace physique, c'est une communtauté de personnes avec des intérêts et des spécialités diversifiée qui a été créée autour de l'espace Escuelab et de sa philosophie. Activistes, hackers, développeurs, artistes, et specialistes dans d'autres domaines de connaissance, non seulement de Lima ou du Pérou, mais de toute l'Amérique Latine, viennent à Escuelab car cela leur semble être l'endroit opportun pour développer leurs activités.

Des projets intéressants de sensibilisation par les média citoyens sont nés dans la communauté Escuelab. Le projet de Aymar Ccopacatty intitulé Qamasa a vu le jour durant le programme de Résidence. Des jeunes étudiants Aymara de la zone de Puno ont appris comment sauvegarder et valoriser leur culture, langue et traditions en utilisant des outils audio-visuels, en utilisant des logiciels libres. Ces vidéos ont été ensuite mise en ligne sur Internet dans leur langue maternelle, comme celle ci dessous, où un jeune étudiant interroge un plus ancien sur le four à pommes de terre traditionnel. 

http://youtu.be/qfztlb6CdF

De plus, le projet Rising Voices Llaqtaypa Rimaynin coordonné par Irma Alvarez Ccoscco a également eu un lien proche avec Escuelab. Irma a utilisé les équipements au cours d'un atelier d'enregistrement audio pour des participants parlant le Quechua de la communauté Haquire et qui avaient migré à Lima.

Une autre activité d'Escuelab en 2012 a été PixelHack Arequipa, un espace pour encourager le circuit culturel d'Arequipa au travers d'une journée marathon de développement collaboratif de solutions technologiques qui ont rassemblé des artistes, des technologistes, des communicants, des responsables culturels, des citoyens et autres enthousiastes intéressés dans le développement de technologies pour Arequipa, Pérou et la région.

La video suivante est une visite des locaux de Escuelab guidé par Mayorga.

Vous pouvez suivre Escuelab sur Twitter et Facebook.

All links in Spanish

“Il y a de la censure totale dans l'air” : la liberté d'internet se volatilise en Thaïlande

dimanche 1 juin 2014 à 13:55
Coup protest in Bangkok, May 29, 2014. Photo by Prachatai (CC BY-NC-ND 2.0)

Manifestation contre le coup d'état à Bangkok, 29 mai 2014. Photo de Prachatai (CC BY-NC-ND 2.0)

Pour protéger la sécurité de son auteur, ce post est publié anonymement

Quand le Chef de l'armée thaïlandaise, le Général Prayuth Chan-Ocha, a décrété la loi martiale le 20 mai, les journalistes s'en sont tout de suite rendu compte. La loi leur a interdit de publier quoique ce soit de négatif sur les militaires – pas même une tendance à la baisse des marchés financiers. Les militaires ont pris le contrôle total de la situation le 22 mai 2014, et se sont réunis en “Conseil National pour la Paix et l'Ordre” (NCPO).

Après le coup d'état de la semaine dernière, les écrans de télévisions se sont éteints et des chants patriotiques ont été diffusés en boucle sur toutes les chaînes de télévision, au lieu des informations quotidiennes. Pendant quelques jours, seule la chaîne de télévision de l'armée pouvait diffuser les informations – toutes en faveur du coup d'état bien entendu. Sur ordre du Conseil, les médias numériques comme les médias traditionnels ont eu l'interdiction de critiquer l'armée ou de partager des informations qui auraient pu être “contraires à l'harmonie nationale et à l'ordre public”. Les fournisseurs d'accès internet étaient sommés d'en référer au Conseil National pour la Paix et l'Ordre.

La liberté d'expression en Thaïlande est en jeu. Il y a de la censure totale dans l'air. Le simple fait de critiquer le Conseil peut vous amener devant une cour martiale. Quand les médias sont censurés, le manque d'information fait le lit des rumeurs. La panique s'est très rapidement répandue en ligne, grâce à des fonctionnaires qui ont tranquillement informé leurs familles et amis actifs sur le net que les médias sociaux allaient être coupés d'une minute à l'autre. Des rumeurs sur cette éventualité de coupure complète des accès à internet ont circulé mais ce n'est pas encore le cas.

Pourquoi  la liberté d'expression est-elle si essentielle ? Pendant la répression militaire de 2010 contre les manifestations des Chemises Rouges, les chaînes de télévision n'étaient pas autorisées à informer sur la situation. L'armée a utilisé des balles réelles pour chasser les manifestants, avec pour résultat la mort de 98 personnes. Privée d'informations, la moitié de la population soutenait  l'armée qui commettait un massacre dans le centre de Bangkok et pensait que les manifestants méritaient d'être tués. La liberté d'expression est une sauvegarde contre les violations des droits humains. Quand on sait que les médias veillent, il est plus difficile de commettre des actes répréhensibles.

La réglementation mise en place par le Conseil peut détruire le concept même d'un internet libre en Thaïlande. La panique et la peur vont conduire à l'autocensure. Internet n'est pas seulement régulé et contrôlé par l'armée et une cyber-police, mais par nos propres relations et connaissances. La confiance entre amis et familles se perd, et peut en pousser certains à dénoncer d'autres auprès des autorités. La peur généralisée mène à l'autocensure.

Thailand "coup selfie" posted on Twitter by @MarcoTexRanger.

“Selfie du coup d'état” en Thaïlande posté sur Twitter par @MarcoTexRanger.

Dans cette situation, internet est notre dernier recours. Bien que le Conseil assure qu'il s'agit de mesures temporaires, personne ne sait combien de temps le ‘temporaire’ va durer ou s'il faut s'attendre au pire. Les médias diffusent des selfies  partagés par les internautes et des photos de fleurs. Il ne s'agit pas de la réaction des citoyens au coup d'état – mais plutôt de la seule activité autorisée. Silence ne signifie pas consentement. Nous ne voulons pas nous taire, mais qui souhaite être traduit devant une cour martiale ? Personnellement, je m'oppose sans réserves à la prise de pouvoir par les forces armées et à la limitation de la liberté d'expression qui n'existe plus au niveau national. Sans grand espoir, je souhaite faire revivre un internet libre en Thaïlande.

Global Voices veut protéger la sécurité de ses  auteurs contributeurs. C'est pour la sécurité de cette personne que nous ne mentionnons pas son nom. 

Internautes russes, Poutine s'en prend à vos porte-monnaie électroniques

dimanche 1 juin 2014 à 13:03
A Yandex.Money credit card. YouTube screenshot.

Une carte de crédit Yandex, capture d'écran YouTube.

Non contente d'accroître sans relâche la censure de RuNet et les descentes sur les sites web d'opposition, la Russie impose désormais une réglementation draconnienne des moyens de paiement en ligne. La nouvelle législation, qui entrera en vigueur cet été, limite les transferts monétaires anonymes en ligne vers des associations, et les interdit totalement entre individus.

Ce dispositif, ostensiblement un élément d'un ensemble de textes visant à lutter contre le terrorisme [article Global Voices], rappelle inévitablement que la très brillante campagne municipale pour Moscou en 2013 du célèbre opposant Alexeï Navalny a été largement financée par des dons en ligne, dont certains étaient anonymes. On a pu reprocher [article Global Voices, en anglais] à l'époque à la campagne de Navalny son manque de transparence, mais jusqu'à présent les autorités n'avaient entrepris aucune action.

Vendredi 23 mai, les bureaux de Yandex.Money, le système très utilisé de paiements en ligne associé au premier moteur de recherche de Russie, ont été perquisitionnés par le Comité d'Enquête de la Fédération de Russie [russe], apparemment en lien avec des accusations de fraude dans la campagne des élections municipales de 2013 à Moscou. Dans le viseur, le fait que nombre de partisans de Navalny ont donné de fortes sommes à la campagne en tant qu'individus, puis ont demandé à ce que leurs porte-monnaie Yandex.Money soient regarnis par des dons. L'idée était qu'ainsi, la campagne de Navalny n'aurait pas à s'inquiéter de potentiels dons étrangers, tout en se conformant à la lettre de la loi.

Navalny a répliqué aux investigations du Comité d'enquête sur son blog (bloqué par ordre de Roskomnadzor, le régulateur de l'internet russe), affirmant que la procédure de dons était transparente : tous les fonds reçus par les participants au plan et dépassant un million de roubles (la limite légale des dons) étaient transférés au parti politique de Navalny, pour être ensuite utilisés dans la campagne électorale. Navalny écrit aussi que cette nouvelle enquête criminelle se place dans le cadre d'une opération plus vaste pour restreindre le financement participatif des activités politiques et des élections. La capacité à collecter des millions de roubles auprès de milliers de sympathisants, et la perte de contrôle inhérente sur le processus politique, effrayent le Kremlin.