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Inde : le trafic de mariées

samedi 23 mars 2013 à 09:08

Le  blog consacré au ‘féminicide” en Inde a mis en ligne une vidéo présentant des statistiques alarmantes sur le “trafic de mariées”, un trafic humain particulier à l'Inde : des jeunes filles sont mariées puis revendues plusieurs fois de suite.

Un ministre saoudien menace un utilisateur de Twitter en ligne

vendredi 22 mars 2013 à 19:35

Abdelaziz Khoja, le ministre saoudien de l'Information et de la Culture, aurait menacé de poursuivre en justice un utilisateur de Twitter pour avoir été insulté sur la plateforme de micro-blogging.

L'utilisateur du nom de @Esaeed1 a tweeté sur le ministre [ar] :

يا وزير الاعلام كلنا نعرف انك صورة او بالاصح ريموت كنترول في يد اصحاب المال والسلطة رجاءاً لا نريد منك فرد للعضلات مستقبلاً

@Esaeed1: Monsieur le Ministre de l'Information, nous savons tous que vous êtes une image ou plus précisément une télécommande dans les mains de ceux qui ont de l'argent et du pouvoir. S'il vous plaît, ne froissez pas vos muscles à l'avenir.

Et un compte Twitter (non-vérifié) sous le nom du ministre a répondu :


@Esaeed1حقيقة من الممكن أن أقاضيك على كلامك اذا كنت شجاعا اكتب اسمك بصراحه

@abdlazizkhoja: En vérité, je peux vous poursuivre en justice pour ce que vous avez écrit. Soyez courageux et écrivez votre véritable nom.

Fahad Al Dahhas a réagi :

تقاضيه على رأي يا وزير..انا كنت عارف ان الوزراء عندنا شخبط شخابيط و الحين تأكدت..قاضي نفسك قبل أن تقاضى أمام الله

@FahadAl_Dahhas: Vous allez le poursuivre pour son opinion. Je savais que tous les ministres étaient des ordures mais à présent j'en suis convaincu. Jugez-vous vous même avant de juger qui que ce soit.

Et le ministre a répliqué :

سيدي أسلوبه وتهجمه واتهامه لي بما لا يليق هو الذي دفعني لذلك اذا كان هذا الأسلوب يرضيك للحوار أنا اقبل حكمك

@abdlazizkhoja: Monsieur, son langage, son acharnement et son accusation envers ma personne sont indignes, ce qui m'a conduit à faire ceci. Si cette façon de dialoguer vous satisfait, j'accepte votre position.

Il est intéressant de voir de tels échanges entre des internautes et un représentant politique dans un pays qualifié d‘ennemi de l'internet par Reporters sans frontières.

Guinée : Des mots au lieu des maux

vendredi 22 mars 2013 à 19:21

Alghassimou Diallo a écrit sur la page Facebook du groupe GUINEENS UNIS, POUR LE TRAVAIL, LA JUSTICE ET LA SOLIDARITE:

J’ai fait une remarque, depuis quelques mois le vocabulaire le plus usité en République de Guinée est le suivant :
Contradiction, Opposition, Manifestation, Désolation, Division, Revendication, Violation, Insoumission, Désinformation, Élimination, Aberration, Ségrégation, Médiation, …
Pourtant nous gagnerions à changer ces mots pour soulager nos maux. C’est pourquoi je recommande qu’on utilise désormais le vocabulaire suivant :
Sensibilisation, Concertation, Information, Éducation, Justice, Réconciliation, Union, Vision, Codécision, Coordination, Travail, Espoir, Fraternité, Cohésion, Paix, Développement,…

 

 

 

Vidéo : le documentaire en plein essor dans la Grèce en crise

vendredi 22 mars 2013 à 09:47

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

La 15e édition du festival de documentaires de Thessalonique, qui se tient du 15 au 24 mars 2013, a sélectionné cinq films consacrés à la crise [grec, EL], comme c’était déjà le cas l’année passée [EL]. Alors que le festival, à l’image de l’ensemble du pays, déploie d’importants efforts pour faire face à la dette croissante et à l’austérité, les réalisateurs sont toujours plus nombreux à s’intéresser aux effets de la crise sur la société grecque.

L’affiche et la bande-annonce de cette 15e édition présentent un mouton, les yeux bandés, qui récupère la vision sous un déluge d’images d’une société en crise :

Deux documentaires, Greedy Profit de Yannis Karypidis et Cassandra's Treasure de Yorgos Avgeropoulos, traitent du conflit lié à l’extraction d’or dans la forêt de Skouries, dans le district de Chalcidique, et des conséquences pour les communes locales. Les deux réalisateurs avaient déjà collaboré à la production d’un récit sur la première contrevenance au blocus naval frappant Gaza, un film qui avait été primé.

Holocaust of memory, de Stelios Kouloglou, se penche sur l’énigme que représente la forte montée de l’idéologie nazie dans un pays qui a pourtant beaucoup souffert du nazisme durant la Seconde Guerre mondiale.

Tout les films s’intéressant à la crise ne sont pas pessimistes. Par exemple, Hardships and Beauties, raconte l’histoire d’un cow-boy grec des temps modernes, un philosophe empirique, propriétaire de l’une des plus grandes fermes du sud-ouest du pays, dont le voyage au cœur de la Grèce est le symbole d’un périple dans un pays qui ne sera plus jamais le même.

Living in Interesting Times suit la vie de quatre personnes pleines de charme dans une Athènes ensoleillée mais lugubre. Les protagonistes sont confrontés à la dure réalité de la crise. Ils doivent lutter pour défendre leurs droits et s’adapter à l’absurdité.

Une production artisanale née du web ?

Aussi bien au sein des canaux de distribution du festival que hors de ceux-ci, la réalisation de documentaires grecs qui traitent du pays en crise est en forte augmentation. Cela s’explique, entre autres, par les caméras haute définition au prix désormais abordables qui sont présentes partout et par le fait que de jeunes créatifs et journalistes familiers du web, souvent de retour après avoir fait leurs études à l’étranger, utilisent leur talent pour faire la chronique de la détresse du pays et de sa population.

Le mouvement a commencé avec Debtocracy et Catastroika, deux documentaires diffusés sur Internet sous licence Creative Commons et financés de manière participative, réalisés par Aris Hadjistefanou et Katerina Kitidi, qui ont essayé d’esquisser la mutation historique du capitalisme en « virus » vorace de la dette attaquant aujourd’hui les pays.

L’année dernière, un groupe de 14 jeunes photographes a réalisé The Prism, un récit filmé  irrésistible et coloré filmé composé de 27 histoires multimédia, ayant ensuite donné lieu au long-métrage de 63 minutes intitulé Krisis.

Cette année, plusieurs projets web indépendants viennent combler le vide laissé par la couverture médiatique toujours plus faible des effets de la crise sur la société grecque.

Debt Management, un documentaire de 42 minutes en anglais, réalisé par un groupe de jeunes artistes et scientifiques qui résident à Thelassonique et collaborent à la création de documentaires alternatifs, étudie cette « guerre symbolique entre la détermination des gens à préserver des valeurs communes, des conditions de vie humaines, défendre des droits et des besoins, et un monde financier orwellien » :

The City at a Time of Crisis [..] est un projet de recherche qui vise à suivre et à étudier les effets de la crise financière sur les espaces publics à Athènes. Il comprendra une approche holistique et multidisciplinaire des notions de ce qui est « public », en se concentrant sur les espaces publics, tout en se penchant également sur des questions liées à « l’intérêt public », « la sécurité publique », aux « services publics » et au « bien public ».

Into the Fire [..] est un documentaire d’investigation sur la situation des réfugiés et des immigrés en Grèce, face à des mesures sévères d’austérité et un racisme croissant. Nous avons parlé avec des réfugiés, des demandeurs d’asile, des immigrés et des sans-papiers qui vivent en Grèce afin d’essayer de nous faire une idée de l’état de la procédure d’asile dans ce pays frontalier de l’Europe et de ce que représente la peur constante d’être attaqué, pour avoir la mauvaise couleur de peau.

Portraits of Greece in Crisis est un projet en cours rassemblant des histoires mutlimédia de personnes et de constitutions affectés de manière significative par la crise. C’est un essai sur la crise grecque, représentée dans chaque portrait.

Deux artiste dans un voyage autour de la Grèce cherchent à souligner les histoires personnelles des habitants de cette terre en s’axant sur la richesse des témoignages humains. Le projet Caravan se composera d’une mosaïque d’images, de récits et de documentaires, de manière à mettre en avant une manière de vivre différente de celle dont les médias font la promotion et une terre qui continue à créer, à rêver et à crier qu’un autre monde existe !

Liberté provisoire pour le journaliste indien Naveen Soorinje, détenu pour avoir révélé un “contrôle de moralité”

jeudi 21 mars 2013 à 22:00

Le journaliste de télévision Naveen Soorinje, a été arrêté le 7 novembre 2012 pour avoir révélé un incident perpétré au nom de la “moralité” par des membres de l'organisation d'extrême droite hindoue Jagaran Vedike. Ceux-ci avaient agressé un groupe de jeunes gens à Mangalore en Inde. Il a finalement obtenu une mise en liberté provisoire de la Haute Cour de justice du Karnataka.

Cette décision intervient après plus de quatre mois de campagne active de la part de la communauté journalistique, de groupes de la société civile et de militants, qui ont vu en cette arrestation une tactique d'intimidation de la police et du gouvernement pour étouffer non seulement l'incident mais également la liberté d'informer des médias.

Soorinje

Capture d'écran de la page Facebook militant pour la libération de Naveen Soorinje

Le 28 juillet 2012, Naveen Soorinje, un reporter de Kasturi TV, une chaîne locale en kannada [langue parlée dans l'état du Karnataka], a été averti d'une attaque imminente d'une ‘police de la morale’ sur un groupe de jeunes gens qui faisaient la fête dans une maison d'hôtes de Mangalore et s'est précipité sur les lieux avec son caméraman. Selon ses déclarations, l'endroit était calme à son arrivée, et l'on ne pouvait voir aucun des agresseurs à l'extérieur de la maison. Il ne savait donc pas s'il s'agissait d'une fausse alerte.

Toutefois, peu après, plus de 30 agresseurs sont apparus sur les lieux et, d’après son récit des évènements à la première personne, Soorinje a alors essayé de contacter la police mais personne n'a répondu à ses appels. Soorinje et son cameraman ont ensuite filmé l'agression, la séquence a été plus tard diffusée sur des chaînes régionales, mais également nationales, attirant ainsi l'attention du pays sur cet incident.

Alors que de nombreux agresseurs apparaissaient à visage découvert sur l'enregistrement vidéo, c'est Soorinje lui-même qui a été interpellé par la police le 7 novembre 2012 et a été accusé d'avoir participé à sa préparation. Il a été arrêté en vertu de plusieurs articles du Code pénal indien, dont association de malfaiteurs, rassemblement non autorisé, violation de propriété privée, participation à une émeute avec des armes mortelles et utilisation de la force sur une femme avec l'intention d'attenter à sa pudeur. Il aurait également enfreint des lois interdisant “la représentation indécente des femmes”.

Il a également été dit qu’avoir filmé l'incident et l'avoir ensuite diffusé sur des chaînes de télévision avait causé plus de torts aux victimes que les agressions en elles-mêmes.

Soorinje a nié ces accusations et a déclaré qu'il ne faisait que son devoir. Dans son récit à la première personne, dont la version en anglais a été publiée dans The Hoot, il écrit :

C'est l'incident que nous avons dénoncé qui est honteux, pas les images que nous avons montrées. Ce qui s'est passé le 28 juillet à Mangalore n'est ni un incident isolé ni un phénomène nouveau dans cette ville. Des incidents de ce type ont lieu chaque semaine. Les fondamentalistes ne font pas que s'en prendre à ceux qui fréquentent des garçons et des filles appartenant à une autre religion, ils les emmènent aussi au poste de police. Cet incident aurait eu lieu même si je ne l'avais pas filmé. Notre enregistrement a dévoilé le visage inhumain de ces fascistes et a conduit à l'arrestation de huit agresseurs. Quoi qu'on en dise et quels que soient les chefs d'accusation retenus contre moi, je sais que j'ai fait mon devoir de reporter et, pour moi qui ai souffert, c'est mon unique satisfaction.

Répétant qu'il n'a commis aucun crime et qu'il ne faisait que son devoir d'information en filmant (et en révélant) l'incident, la communauté journalistique, des associations de la société civile, des militants et les internautes ont fait campagne contre la politique de l'administration qui chercherait à « punir le messager ». Ils ont lançant des pétitions pour sa libération et le retrait de toutes les accusations à l'encontre du journaliste.

En décembre, sa demande de liberté provisoire a été rejetée, et la police
est passée à l'offensive en arrêtant un autre journaliste qui était également présent lors de l'incident. Toutefois, les campagnes et les protestations ont pris de l’ampleur et le gouvernement a finalement proposé de lever les accusations pesant sur Soorinje. L'annonce de sa mise en liberté provisoire est une bonne nouvelle et le reporter a lui-même déclaré avoir l'impression qu'il a été «disculpé ».

Sur Twitter en effervescence, les internautes indiens ont exprimé leur joie et leur soulagement en apprenant que Soorinje avait obtenu une mise en liberté provisoire.

Geeta Seshu (@geetaseshu) : Une nouvelle réconfortante : l'auteur naveen soorinje de mangalore a obtenu la mise en liberté provisoire du juge en chef shridhar rao de la haute cour de justice de karnataka.

Dhanya Rajendran (@dhanyarajendran) : La HC accorde la liberté provisoire au journaliste Naveen Soorinje ! Naveen est chanceux d'avoir des amis qui se sont battus bec et ongles pour lui

Kamayani (@kracktivist) : HOURRAAAAH BONNE NOUVELLE NAVEEN SOORINJE A OBTENU LA LIBERTÉ PROVISOIRE :-) http://fb.me/2cKIIZhHS

Toutefois, la lutte est loin d'être terminée, et certains voient cela comme la première étape d'une plus vaste mobilisation pour veiller à ce que les professionnels des médias ne soient plus intimidés et que la liberté de la presse soit respectée.

G. Vishnu (@geevishnu) : Naveen Soorinje obtient la liberté provisoire !!! Enfin. Et pourtant… C'est comme si la bataille ne faisait que commencer.