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Une militante russe condamnée à deux ans de prison pour incitation à l'extrémisme sur les réseaux sociaux

vendredi 25 décembre 2015 à 22:55
Дарья Polyudova на одного человека пикета.  Изображение из своей странице ВКонтакте.

Daria Polioudova tenant un “piquet” de manifestation. Photo tirée de sa page VKontakte

Le tribunal de région de Krasnodar a reconnu l'activiste Daria Polioudova [dont Global Voices a relaté le cas au début de son procès, Ndlt] coupable d'appels publics à l'extrémisme et au séparatisme, et l'a condamnée à deux ans de colonie pénitentiaire.

Selon le site Ovdinfo.org, l'accusation avait initialement requis trois ans et demi contre Mlle Polioudova.

Préalablement, Mlle Polioudova a été accusée d'avoir publiquement appelé à des activités visant à nuire à l'intégrité territoriale de la Russie (selon le nouvel article de loi 280.1, apparu en 2014), ainsi qu'à des activités de nature extrémiste (selon les alinéas 1 et 2 de l'article 280 de la constitution russe), et d'avoir diffusé ces appels sur les réseaux sociaux.

Le 4 avril 2014, Mlle Polioudova a tenu un piquet solitaire [les manifestations de groupe sont interdites en Russie, Ndlt] avec une pancarte portant ces mots : “Pas de guerre en Ukraine, mais la révolution en Russie ! Pas la guerre, la révolution !” Elle a de plus posté une photo d'elle-même tenant cette pancarte sur sa page VKontakte, le réseau social le plus populaire en Russie. Le 16 juillet 2014, Mlle Polioudova a posté sur sa page un texte contenant les phrases suivantes : “Peuple, réveille-toi ! Pourquoi ne pouvons-nous pas virer Poutine et ensuite faire la révolution, une révolution socialiste ? !!! Assez dormi ! Il est temps de descendre dans la rue et de renverser ce régime !” Daria Polioudova affirme qu'elle n'a fait que partager sur sa page les propos de quelqu'un d'autre, sans y ajouter son propre commentaire.

Le 5 аoût 2014, elle publie sur VKontakte un texte proclamant ceci : “Il faut retourner contre Poutine ses propres armes”, et rappelant que la zone du Kouban est historiquement une terre à population ukrainienne.

Daria Polioudova a été interpellée en août 2014, après avoir participé à une “Marche pour la fédéralisation de la zone du Kouban”. Il s'est avéré plus tard que c'est un message sur les réseaux sociaux adressé à l'Ukraine et à la communauté internationale pour faire reconnaître les persécutions à l'encontre de la minorité ukrainienne dans la région du Kouban qui a déclenché l'ire des forces de l'ordre. Le volet “extrémisme” a été ajouté à l'affaire par la suite. Mlle Polioudova a été formellement inculpée en janvier 2015.

Cette militante de Krasnodar, qui a passé six mois en détention à compter de septembre 2014, a été libérée en février 2015 et assignée à résidence. Elle a aussi écopé d'amendes administratives pour publication sur les réseaux sociaux.

Pour le défenseur des droits de l'homme Pavel Tchikov, Daria Polioudova doit être considérée comme une prisonnière politique. Il a déclaré que ce verdict montrait un durcissement à l'encontre des personnes soutenant des idées non conformes au pouvoir russe. Premier exemple de cette tendance, la condamnation d’Ildar Dadine à trois ans de détention pour une action de protestation non autorisée.

Le tribunal expédie Daria Polioudiva en colonnie pénitenciaire pour deux ans. Encore une prisonnière politique en Russie

Les nouveaux articles de loi se traduisent en peines d'emprisonnement plus longues dans les condamnations suivantes. Dadine et Polioudova

Avant que le verdict ne soit rendu public, Daria Polioudova a confié à un journaliste de Radio Svoboda qu'elle ne s'attendait pas à être acquittée et ne craignait pas la prison.

Avant même d'exister, le pont reliant la Crimée à la Russie est sur Instagram avec un chat

mercredi 23 décembre 2015 à 21:44
Most the cat will help occupy your time #WaitingfortheBridge from Russia to annexed Crimea. Image from @cat_the_most on Instagram.

Avec Most le chat vous trouverez le temps moins long #OnAttendLePont entre la Russie et la Crimée annexée. Image de @cat_the_most sur Instagram.

Ne cherchez plus ce qui manque à votre stratégie de communication sur les médias sociaux pendant que vous construisez à petite vitesse un pont hors de prix vers un territoire annexé illégalement. La réponse, c'est un chat.

Le “Pont de Crimée” est un chantier ambitieux lancé par la Russie peu après son annexion de la péninsule de Crimée aux dépens de l'Ukraine, au printemps 2014. Comme la Russie n'a actuellement aucune liaison terrestre avec la Crimée, ce pont, qui s'étire de la région russe du Kouban aux rivages criméens, serait une artère vitale permettant à la Russie de transporter vers la péninsule et vice-versa, approvisionnements, matériaux de construction, biens et personnes.

Le président russe Vladimir Poutine a lancé dès mars 2014 l'idée d'un pont au-dessus du détroit de Kerch, avant que le premier ministre Dmitri Medvedev ne désigne l'entreprise de génie civil “Stroïgazmontaj”, appartenant à un allié de Poutine, l'oligarque Arkady Rotenberg, comme le chef de file du projet de construction du pont.

Si les coûts d'études et de construction du pont étaient initialement prévus à environ 50 milliards de roubles (709 millions de dollars), des estimations plus récentes du consortium d'entreprises publiques parties au projet approchent plutôt les 300 milliards de roubles (4,25 milliards de dollars).

Les autorités russes disent vouloir terminer les travaux pour décembre 2018, mais de nombreux spécialistes doutent de la faisabilité du projet, montrant du doigt les coûts énormes et les défis géologiques.

Le pont de 19 kilomètres n'est pas près d'être en service, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une forte présence sur Internet, et, plus important encore, une stratégie de médias sociaux basée sur un chat.

The splash page of the Crimean Bridge website. Screenshot from most.life.

La page d'accueil extravagante du site web du Pont de Crimée. Capture d'écran de most.life.

Il y a peu, le pont a été doté d'un site internet officiel, most.life, où les visiteurs peuvent s'informer sur l'historique du projet de construction et son avancement, et voir des photos et vidéos en rapport avec l'entreprise. “L'URL même du site web ne doit rien au hasard”, proclame le service de presse du projet. “La qualité de vie des gens de part et d'autre du détroit dépend directement du pont”.

Le pont (encore inexistant) possède aussi des comptes sur Facebook, Twitter, Instagram, VKontakte et Odnoklassniki, diffusant pour la plupart les mêmes images animées d'avancement du chantier et des panoramas du site, ainsi que des bouts d'éphémères se rapportant à la fabrication de ponts.

Photo du chantier. Source : page VKontakte du Pont de Crimée.

Ce que nous préférons de l'activité du pont de Crimée sur les médias sociaux, c'est le compte Instagram particulier d'un chat du nom de “Cat the Most” (“мост” veut dire “pont” en russe) présentant une mascotte féline qui fréquente le chantier, rend compte de l'avancée des travaux et dispense des vannes régulières. Un superbe matou, non ?

Ещё месяц в том же темпе покормят, стану размером с этот грузовик. #cat #cats #catstagram #catsofinstagram #pets #petstagram #gentlecat #cutepetclub #mustache #котыкошки

A photo posted by Кот Моста (@cat_the_most) on

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Si on continue à me nourrir à ce rythme encore un mois, je deviendrai gros comme ce camion.

Most the cat a même sa légende : la bête serait apparue un jour sur le chantier et aurait été adopté par les ouvriers. Le compte Instagram du chat essaie de s'adapter à des audiences variées, y compris aux branchés.

Пойду-ка поищу барбершоп в Тамани. Успехов мне в этом нелегком деле😺😺😺

A photo posted by Кот Моста (@cat_the_most) on

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Vais me chercher un salon de barbier à Taman. Souhaitez-moi bonne chance dans cette affaire difficile.

Indubitablement, la multitude de comptes de médias sociaux et leur activité n'ont d'autre but que d'occuper l'imagination populaire pendant que la voie de transport avance à petits pas, sans réelle date de fin en vue. Le compte Instagram officiel du pont ne compte pas plus de 1.400 abonnés, tandis que Most the cat en attire 637 autres avec ses images espiègles et ses plaisanteries. Ceux qui ont imaginé cette stratégie de médias sociaux connaissent leur affaire : sur Internet, les chats peuvent combler n'importe quel vide, même si c'est un vide en forme de pont valant plusieurs milliards de dollars.

La flore et la faune, indicateurs des effets visibles du changement climatique au Népal

mercredi 23 décembre 2015 à 12:47
Rhododendron and Himalayas, Image from Flickr by Andrew Miller. Annapurna Sanctuary, Nepal. CC By-NC

Les rhododendrons des Himalayas. Photo de Andrew Miller. Sancturaire des Annapurnas, Népal. CC BY-NC

Le monde s'extasie sur l'accord final approuvé par 195 pays à la Conférence des Parties de Paris (COP21). Les Etats se sont engagés à fixer des limites aux émissions de gaz à effet de serre pour éviter que les températures ne dépassent deux degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, une limite au delà de laquelle les scientifiques craignent que les conséquences du changement climatique ne deviennent catastrophiques.

L'accord met l'accent sur le soutien des pays en développement et les pays les moins développés comme le Népal, qui n'ont apporté que des contributions mininales au réchauffement climatique, mais sont déjà victimes des impacts visibles du changement climatique.

Le Mustang du Népal, la région de l'Himalaya célèbre pour ses pommes, n'a observé aucune production de pommes dans les vergers de Lete et Kunzo des Comités de Développement Villageois durant les six dernières années. Les experts relient ceci aux effets du changement climatique.

Les vergers de pommiers disparaissent des villages du Mustang à cause des changements climatiques.

En ce mois d'octobre, les vautours que l'on trouve dans les plaines du sud du Népal ont été vus dans le district montagneux de Myagdi. Selon les ornithologues, afin d'échapper au réchauffement des plaines, les oiseaux auraient volé à la recherche d'un climat plus frais.

Un oiseau du Teraï repéré dans les zones humides du district de Kaski.

De même, les ornithologues ont aperçu pour la première fois le butor étoilé jaune (Ixobrychus sinensis) à une altitude de 900 mètres dans le district montagneux de Kaski. L'oiseau migrateur se trouve habituellement à 250 mètres d'altitude dans les plaines.

Aussi, une Mouette du Tibet qui vit habituellemt niveau de la mer a été aperçue récemment au bord du lac Phewa du district de Kaski.

Les rhododendrons du pays ont également commencé à fleurir prématurément l'an dernier, dès la mi-janvier alors qu'ils fleurissent d'habitude autour de la mi-février, a rapporté le quotidien Gorkhapatra.

Cependant, même l'indicateur de la mi-février pour la fleur nationale du Népal est un changement : elle était en pleine floraison au mois de février au cours des dernières années, alors que par le passé, sa floraison était observée aux mois de mars et avril.

La floraison dans l'Himalaya a longtemps annoncé le début du printemps, mais la floraison est précoce actuellement.

Sans oublier que la floraison hâtive des rhododendrons dans l'Himalaya a été reliée au changement climatique.

L'étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) sur la migration du papillon Apollon et le Pika à des étages plus élevés de l'Himalaya à cause du réchauffement climatique a elle aussi alarmé les scientifiques.

Saviez-vous que les Pikas sont des espèces indicatrices du changement climatique ? Ils sont adorables aussi.

Les papillons Apollo se trouvant à 3000 mètres au dessus du niveau de la mer sont passés à 500 mètres au-dessus de leur habitat naturel, tandis que les Pikas ont déménagé 100 mètres plus haut dans la région du Langtang du Népal.

La recherche a également mis en évidence le mouvement des papillons Pieris de 1800 à 2200 mètres ainsi qu'un changement notable dans le cycle de vie des papillons.

Ces impacts visibles du changement climatique sont comme des canaris dans une mine de charbon, mais le gouvernement népalais, pour faire face au blocus officieux de l'Inde (voir l'article de Global Voices), a entamé une distribution effrénée du bois à brûler de la forêt, s'attirant les foudres des écologistes.

Les leaders mondiaux sont à Paris pour le changement climatique. En même temps, le gouvernement du Népal distribue le bois à brûler comme alternative énergétique.

Meet the People Who Want to Repeal Russia's Draconian Laws

mardi 22 décembre 2015 à 18:56
A new Russian initiative is working to determine which Russian laws violate human rights principles and should be abolished. Image by Imagined Reality on Flickr. CC BY-NC-SA 2.0.

Un nouveau projet russe travaille à déterminer quelles lois russes enfreignent les pricipes des droits humains et devraient être abrogées. Image de Imagined Reality sur Flickr. CC BY-NC-SA 2.0.

Si vous suivez la couverture par RuNet Echo de la législation russe adoptée au long de l'année passée, vous aurez remarqué que nombre de lois ont pour but essentiel de restreindre les droits et libertés des citoyens de Russie. La loi sur l'extrémisme, la réglementation contre les manifestations non autorisées, la loi sur les blogueurs : la liste s'allonge. Sous prétexte de sécurité nationale ou de patriotisme, législateurs et exécutif russes adoptent des dispositions répressives qui accroissent la censure, limitent la force des accords internationaux sur les droits de l'homme, et sapent la liberté de parole et d'expression, tant en ligne que hors ligne.

Face à cela, un collectif russe d'intellectuels vient de créer un conseil public dont la tâche principale sera d'analyser la législation russe pour déterminer quelles lois restreignent les droits et libertés des Russes, et d'en recommander l'abrogation lorsque le climat politique du pays se libéralisera.

L'initiative, Sanatsia Prava (que l'on peut traduire par Réhabilitation de la Loi), est née de l'imagination de Vladimir Achourkov, un militant  politique membre du conseil central du Parti du Progrès (un parti d'opposition qui n'a pas réussi à se faire enregistrer en Russie). Achourkov réside actuellement à Londres, où il s'est installé pour fuir la persécution politique.

L'idée est simple : au lieu de voter des nouvelles lois meilleures, mieux vaut examiner celles qui existent du point de vue des droits humains et des libertés individuelles, et d'indiquer celles qui devraient abolies. Une perspective improbable tant que Vladimir Poutine sera en fonctions, mais des recommandations que le conseil espère utiles quand la Russie changera de parcours politique.

Перед обществом стоит задача анализа законодательства с целью идентификации и выработки рекомендаций по отмене данных актов, что станет актуальным, когда произойдет либерализация политической системы, и новая власть возьмет курс на демонтаж авторитарного режима.

Society faces the task of analyzing the legislation to identify (legal acts) and develop recommendations to repeal said acts, which will become timely when a liberalization of the political system occurs and the new authorities begin to dismantle the authoritarian regime.

At the moment the public council includes Ashurkov, writer Grigory Chkhartishvili (nom de plume Boris Akunin), Pavel Chikov, head of human rights organization Agora, human rights advocate Irina Yasina, chair of the Center for Anti-corruption Research and Initiative Transparency International Elena Panfilova, entrepreneur Boris Zimin, and lawyer Vladimiar Pastukhov. Economist Sergey Guriev, who was previously part of the initiative, recently left after being appointed Chief economist of EBRD. Sanatsia Prava also gets assistance from a broader group of legal, social science, and economic experts.

The Sanatsia Prava public council team. Images from sanatsia.com.

The Sanatsia Prava public council team. Images from sanatsia.com.

“Our aim is to compile a registry of laws which should be abolished because they conflict with the (Russian) Constitution and the basic principles of human rights,” Ashurkov says. “So our council is mostly comprised of people who hold some authority with society, but are not directly connected to politics or a specific ideology.”

The initiative's website has already published a list of the first ten laws it considers objectionable, with a detailed analysis of each act. These include:

Ahurkov sees the initiative as a possible common ground for the various liberal political players in Russia, often accused of internal squabbles and a lack of clear political agenda. The abolition of repressive laws, as a civic and not an ideological goal, could, Ashurkov believes, become one of the key elements of cleansing the country of its authoritarian heritage on the way to robust development.

В идеале я вижу такую картину — происходят честные и свободные выборы в Государственную Думу, и те партии, которые туда попадут, будут иметь практический набор законов, которые они могли бы отменить первым решением.

Ideally, this is how I see it: we have fair and free elections to the State Duma, and the parties that make it to the Parliament will have a practical set of laws which could be abolished at first vote.

The Sanatsia Prava team also seeks to involve Russian citizens in its analytical work, so their website has a feedback form where any user can suggest the next law to be examined, and provide a short explanation for their suggestion. Through involving ordinary citizens, public reporting, and collective decision-making, the project hopes to gain the trust of a broad contingent of the Russian population and to create a model of influential civic initiatives that could be replicated in other areas of Russian political, social, and economic life.

Les femmes saoudiennes ont voté pour la première fois, et veulent plus de droits

lundi 21 décembre 2015 à 13:16
Saudi Fawzia Al Rashid posts this photograph of herself on Twitter @fawziaalrashid after taking part in the municipal elections, which allowed Saudi women to nominate themselves and vote for the first time

La Saoudienne Fawzia Al Rashid poste cet autoportrait sur son compte Twitter @fawziaalrashid après avoir voté aux élections municipales. Les femmes saoudiennes étaient, pour la première fois, électrices et éligibles.

Vingt-et-une femmes ont emporté un siège aux élections municipales en Arabie Saoudite, le premier scrutin du pays jamais ouvert aux électrices et candidates. Quelque 900 femmes concouraient contre 6.000 candidats hommes pour 2.100 sièges dans 284 conseils municipaux, compétents en matière d'affaires locales, comme les jardins publics, l'assainissement et la collecte des ordures. 1.050 autres conseillers municipaux étaient nommés, parmi lesquels on attendait aussi des femmes.

Cette élection historique s'est déroulée samedi 12 décembre. 130.000 femmes étaient inscrites sur les listes électorales et 978 étaient candidates. Grande nouvelle pour les femmes saoudiennes, un moment exceptionnel dans un pays ultra-conservateur où les femmes n'ont pas le droit de conduire leur propre voiture et sont soumises à des lois leur imposant une tutelle masculine. Le nombre de 130.000 inscrites est à comparer aux 1,3 millions d'hommes. La participation a été estimée à 47 pour cent.

Deux militantes ont vu leur candidature invalidée : Loujain Al-Hathloul, dont la campagne pour que les femmes puissent conduire lui a valu une arrestation, et la militante des droits humains des chiites Naseema Al-Sadah.

Sur Twitter, Mme Al Hathloul a réclamé une réponse sur les motifs du rejet de sa candidature. Elle conclut :

Malgré tous les ennuis que les autres et moi-même avons connus dans ces élections, je me réjouis du succès des hommes et femmes élus aux conseils. Félicitations à tous les gagnants, et je vous souhaite de réussir.

Interdite de compétition, Mme Al Sadah a exercé son droit de vote, et encouragé les autres femmes à faire entendre leurs voix.

Ce moment où une femme glisse son bulletin dans une urne est un moment historique. Ne renoncez jamais à votre droit de voter et de participer.

Elle rappelle aussi aux Saoudiens que :

Les élections ne se traduisent pas forcément par les meilleurs élus aux postes, mais font ressortir ceux qui obtiennent le plus de voix.

Malgré les revers, les femmes étaient aux anges et ont multiplié les vidéos et photos d'elles-même en train de voter.

La militante Tamador Al-Yami partage cette vidéo après avoir voté :

Dans la vidéo, elle déclare :

“Je viens tout juste de voter, puissent les femmes candidates gagner et les plus grands changements seront entre leurs mains”.

Comme de nombreuses femmes saoudiennes, Mme Al-Yami place de grands espoirs dans ces élections majeures, pour l'amélioration de la condition féminine dans le royaume.

Maintenant elles en veulent plus

La campagne du 26 octobre, avec ses opérations dans tout le pays en faveur des femmes au volant, a voulu saisir l'occasion des élections pour rappeler la revendication d'une levée de l'interdiction de conduire imposée par l'Arabie Saoudite aux femmes :

Nous félicitons les élues et profitons de l'occasion pour rappeler notre demande de lever l'interdiction de conduire pour les femmes.

Abdulla Al-Alami fait le voeu de plus de liberté pour les femmes dans son pays :

Réformer le code civil pour garantir les droits des femmes et faire entrer celles-ci dans les conseils municipaux. Prochaine étape, donner aux femmes la liberté de se déplacer, voyager, se faire soigner, étudier à l'étranger et travailler.

Hind Al-Zahed explique pourquoi il faut voter pour les femmes saoudiennes :

Ma voix va aux femmes. Les femmes dans mon pays n'ont pas obtenu l'égalité des chances et c'est pourquoi je continuerai à les soutenir jusqu'à ce qu'elles deviennent égales et alors nous pourrons choisir le [ou la] meilleur[e]

Enfin, Albara Al-Auhali décrit en deux tweets le glissement de mentalité dans le royaume conservateur, qui a abouti au droit de vote pour les femmes :

De nombreuses femmes saoudiennes sont sorties de chez elles aujourd'hui pour participer aux élections municipales, et cela paraissait tout à fait banal. Il y a seulement quatre ans, les discussions étaient enflammées sur la question.

Elections 2005 : le vote des femmes est interdit et personne n'a seulement le courage de le réclamer !
Elections 2011 : la question est débattue mais refusée par la majorité
Elections 2015 : c'est non seulement banal, c'est devenu un droit de la femme !

En 2013, 30 femmes saoudiennes avaient été nommées au Conseil consultatif de la Shoura, une instance de 150 membres qui conseille le gouvernement. Beaucoup ont loué ces “pas de bébé” faits par la monarchie absolue, et espèrent d'autres réformes sur ces traces.