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Concours Web We Want : les dessinateurs de BD luttent avec leur créativité

lundi 3 mars 2014 à 10:08
Anti-surveillance comic by Francisco "Fankiniano" Cardozo via Flickr (CC BY 4.0)

BD anti-surveillance de Francisco “Fankiniano” Cardozo via Flickr (CC BY 4.0)

L'article a été publié à l'origine sur le blog World Wide Web Foundation Il y a un mois, le concours Web We Want a proposé aux artistes du monde de produire des bandes dessinées sur le sujet de la surveillance par la NSA en soutien à la Journée internationale #TheDayWeFightBack. Nous avons reçu plus de 70 propositions du monde entier et aujourd'hui, en tant que jury de l'équipe The Web We Want nous annonçons les gagnants. Toutes les propositions sont visibles sur notre compte Flickr ici.  En première place et recevant un prix de 1000 dollars US, c'est Francisco Javier “Frankiano” Cardozo Baudry. Il a tout juste 17 ans, un vrai digital native (natif du numérique) d'Asunción au Paraguay. Sa participattion “Do Not Fear, I care about you” [N'ayez pas peur, je me soucie de vous] (ci-dessous) montre comment la surveillance s'insinue dans chacun des moments de la vie quotidienne des jeunes d'aujourd'hui. Le PDF de sa BD de plusieurs pages est téléchargeable ici. Nous lui avons demandé de mettre à disposition une version modifiable pour que les activistes du monde entier puissent facilement traduire, adapter et utiliser son superbe travail. 

Anti-surveillance cartoon by Carlos Latuff via Flickr (CC BY 4.0)

Anti-surveillance cartoon by Carlos Latuff via Flickr (CC BY 4.0)

En deuxième place, c'est Carlos Latuff du Brésil, qui a fournit une oeuvre (à droite) représentant un unique dirigeant gérant les communications du monde entier. La troisième place est attribuée au dessinateur américain Jimmy Margulies, dont le travail met en évidence les écoutes téléphoniques des dirigeants étrangers.  Une vidéo (ci-dessous) proposée par le groupe de défense des droits Red PaTodos en Colombie mérite une mention honorifique et nous les encourageons à la charger sur des plate-formes collaboratives telles que DotSub, en intégrant son script, pour que d'autres puisse la traduire et y insérer des sous-titres. Elle explique très habilement les menaces et les défis de la vie privée en ligne.  Les BD produites par les activistes et les dessinateurs issus de différents pays et différents contextes montre un schéma commun : elles reconnaissent l'invasion de leur sphère privée, leurs vies privées, et leurs activités quotidiennes par ceux au pouvoir. Les agences de renseignement sont dépeintes comme des forces maléfiques par de nombreux auteurs et le président américain Obama est le personnage principal dans plusieurs propositions. L'ordinateur n'est pas montré comme l'unique méthode de surveillance – il y eu aussi des dessins consacrés à la surveillance téléphonique et aux caméras de surveillance, aux parents espionnant leurs enfants, à l'espionnage militaire des utilisateurs, à la surveillance physique et également au rôle des sociétés privées qui utilisent les bases de données et les habitudes des consommateurs comme business modèle. L'une des BD explique dans des termes simples ce que la NSA est en train de faire, tandis que d'autres montrent comment nous interagissons et observons à l'aide de nos outils Toutes les BD sont sous licence Creative Commons Attribution Share Alike 4.0, une licence qui permet à tous les activistes, journalistes, enseignants et créatifs du monde entier de les utiliser, les adapter, les modifier et les mélanger tout en gardant le contenu libre.  Le site Web We Want défend et lutte pour la protection des informations personnelles des utilisateurs et pour le droit à des communications privée. Attendez-vous à des nouvelles très bientôt !   Renata Avila dirige la campagne “the Web We Want”.

Connecter l'Ouganda : un projet de bibliothèques rurales pour les agriculteurs

dimanche 2 mars 2014 à 22:54

La majorité de la population de l'Ouganda vit et travaille dans des zones rurales, par conséquent, ils ne lisent pas et ne savent pas écrire. En quoi une connexion à Internet serait utile à ces agriculteurs et comment pourraient-ils en tirer profit?

A training session in Kenya. Published with permission from the Maendeleo Foundation.

Formation au Kenya. Publiée avec l'autorisation de la fondation Mandeleo

Le projet “Connecter l'Ouganda” travaille en collaboration avec les bibliothèques locales pour initier les agriculteurs aux informations agricoles disponibles en ligne. Ils ont installé des bases solaires pour alimenter des tablettes Android permettant ainsi de se connecter à internet dans les endroits les plus isolés. ils assurent également des formations en informatique et l'accès à l'information au profit des bibliothécaires et des citoyens.

Comme 95% des agriculteurs sont analphabètes (selon la Fondation Maendeleo), les bibliothécaires jouent également un rôle important dans la lecture et la traduction vers les langues locales.

  

Published with permission from the Maendeleo Foundation.

Publiée avec l'autorisation de la fondation Mandeleo

 Il est très difficile et coûteux pour les agents de gouvernement travaillant dans le domaine de l'orientation d'atteindre les collectivités éloignées.

Le projet “Connect Ouganda” comble cette lacune dans l'enseignement agricole en aidant les agriculteurs à apprendre sur de nouvelles possibilités pour leurs fermes, d'ailleurs quelques uns ont commencé de nouvelles cultures comme les Sesbania, Calliandra, et Leuceana.

Grâce aux informations sur les prix du marché et les méthodes de culture, les agriculteurs seront mieux placés pour prendre des décisions éclairées sur les cultures, les pratiques et les marchés à adopter pour une rentabilité accrue.

Le projet opère dans cinq région de l'Ouganda à savoir: Buikwe, Arua, Namutumba, Kasese and Alebtong et est piloté par la fondation Mandeleo. 

La fondation dont le nom signifie “Progrès” en Sawahili, s'est engagée à construire un réseau d'Ougandais reliés par Internet.

Le projet Ouganda a été soutenu par EIFL, une ONG qui vise à permettre l'accès au savoir dans les pays en voie de développement en collaboration avec les bibliothèques locales.

Vous pouvez suivre les travaux du projet Connect Ouganda sur la page Facebook de la Fondation Maendeleo

Un tiers des grossesses ne sont pas désirées au Burkina Faso

dimanche 2 mars 2014 à 22:46

Des chercheurs en sciences sociales de l'Institut Supérieur des sciences de la population à Ouagadougou, au Burkina Faso, a publié un rapport intitulé “Grossesse non désirée et avortement provoqué au Burkina: causes et conséquences”. Le rapport met en évidence quelques statistiques importantes : 

  •  Un tiers de toutes les grossesses ne sont pas intentionnelles, et un tiers de ces grossesses non intentionnelles se terminent par un avortement.
  •  La taille de la famille désirée est en moyenne de 6 enfants dans les zones rurales, contre 3 à Ouagadougou. 
  • Entre la moitié et les deux tiers de l’ensemble des femmes qui avortent sollicitent des praticiens traditionnels sans compétence particulière

Le Kiev de l'après-Ianoukovitch vu par un blogueur kirghize

dimanche 2 mars 2014 à 21:05
Kyiv's Maidan. Portrait of Ukraine's former prime minister Yulia Tymoshenko, released from jail after the ousting of Yanukovich. Image by Bektour Iskender, used with permission.

Sur le Maïdan de Kiev, le portrait de l'ancienne Première ministre d'Ukraine Ioulia Timochenko, libérée de prison après la chute de Ianoukovitch. Photo Bektour Iskender, reproduction autorisée.

Le blogueur kirghize Bektour Iskender se trouvait à Kiev, capitale de l'Ukraine, où après des mois de manifestations le président Viktor Ianoukovitch venait d'être destitué [anglais]. Iskender a réalisé un reportage photos détaillé sur “les premiers jours de l'après-Ianoukovitch” à Kiev.

Dans une série de trois posts intitulée “Voyage à Kiev”, Iskender reprend quelques questions que beaucoup se posent et leur apporte des réponses. Dans la première partie de son reportage à Kiev, il écrit:

Je suis à Kiev jusqu'à vendredi et je vais essayer, en premier lieu, d'enregistrer ces premiers moments où sont établies de nouvelles règles du jeu. Je voudrais aussi essayer de comprendre pourquoi la situation dans ce pays s'est à ce point tendue en seulement deux ou trois jours.
Pourquoi Ianoukovitch s'est-il si longtemps opposé au mouvement Euromaïdan pour ensuite s'évaporer et prendre la fuite ?

Ses posts incluent des dizaines de photos de la vie quotidienne et des occupations des manifestants et habitants de Kiev lors de ce moment charnière. Dans le deuxième post de son blog, rédigé pendant son séjour, Iskender décrit en détails la vie de tous les jours dans le Kiev tel qu'il est actuellement :

Au deuxième jour à Kiev, on est déjà habitué à Maïdan, aux barricades, aux groupes d'autodéfense civils. Sans doute parce qu'ils ne gênent en rien la vie quotidienne de la ville.

A Kiev, la police officielle n'est presque plus là. C'est-à-dire que dans les rues je n'ai vu ni agents de police, ni agents de circulation, ni aucun des représentants de la loi. On aurait dit que tous les criminels et maraudeurs allaient sortir de l'ombre pour mener leurs affaires louches.

Mais non. Dans ce Kiev-là je me sens plus en sécurité que dans la plupart des villes où j'ai mis les pieds, disons, cette année.

Les automobilistes eux-mêmes roulent sans enfreindre le code de la route. S'arrêtent au rouge. Laissent traverser les piétons dans les clous.

Où dans le monde y a-t-il ville plus surréaliste que le Kiev de ces jours-ci ?

La 3e partie de son “Voyage à Kiev” est exclusivement consacrée à ceux qu'Iskender et beaucoup d'autres décrivent comme “les véritables héros d'Euromaïdan” – les médecins et le personnel infirmier qui ont uni leurs efforts et souvent mis en jeu leur propre sécurité pour la vie des manifestants de Maïdan. Dans ce post, une série de photos montre les hôpitaux de fortune installés dans la ville et la joie sur les visages de ces médecins et infirmiers qui auront, tous ces derniers mois et semaines, consacré leurs forces à sauver des vies, et dont certains sont venus de Moldavie, d'Iran ou d'ailleurs.

Iskender, qui faisait ce voyage par ses propres moyens, ne pouvait pas rester plus de quelques jours, mais il promet de revenir vite à Kiev pour continuer à raconter la vie des Ukrainiens après le mouvement Euromaïdan.

La notion de gauche et de droite est-elle dépassée en Afrique ?

dimanche 2 mars 2014 à 20:53

L’échiquier politique qui divise les partis politiques en parti de gauche et de droite est un héritage direct de la Révolution Française qui à l'assemblée constituante de 1789 avait placé les royalistes occupaient la droite de l'Hémicycle tandis que les partisans de la révolution siégeaient à gauche. Cette bipolarisation de la politique s'étendra par la suite à l'ensemble des pays occidentaux.Pour simplifier une politique de droite priorise les valeurs tels que l'identité nationale, la sécurité et le libéralisme économique alors qu'une politique de gauche mettrait en avant celle de progrès, d'égalité et de solidarité. Ce clivage gauche/droite atteindra son paroxysme pendant la période de la guerre froide.
En Afrique Les combats pour l'indépendance ont souvent été menés par des révolutionnaires de gauche qui refusaient le statu quo de la période coloniale.
Mais depuis cette période, le paysage politique en Afrique a évidemment changé. Dans un contexte économique toujours très compliqué, les programmes des partis politiques africains ne semblent plus faire cas de ce clivage qui ne reflète sans doute plus la réalité politique et les besoins du terrain.

Reagan and Tutu - Public Domain

Reagan and Tutu – Public Domain

Charlotte Cans, pour Jeune Afrique, trace un portrait du paysage politique en Afrique selon cet axe gauche/droite :

En Afrique, dans la plupart des pays, un ou plusieurs partis (comme le FPI en Côte d'Ivoire ou l'USFP au Maroc) se réclament du socialisme. Mais très peu s'affichent clairement à la droite de l'échiquier. Le clivage gauche-droite, quoi qu'il en soit, ne renvoie pas aux mêmes réalités que dans les pays industrialisés.

 

Historique de la notion gauche/droite en Afrique :

Julien Assoun, de Djibouti,  explique cette transition par l'évolution de la géo-politique :

Durant les dernières années de la Guerre Froide, l’Afrique s’impose comme un enjeu stratégique de premier plan entre les deux blocs. La faiblesse des États africains, donc leur vulnérabilité et la facilité à les manipuler, ainsi que leurs ressources minérales et leur position stratégique, vitales pour l’Occident, conduisent l’URSS à s’y implanter, notamment par le biais de l’allié cubain, première puissance étrangère sur le continent au début des années 1980, avec des interventions remarquées en Angola ou au Mozambique. A l’inverse, avec la fin du clivage Est/Ouest, l’Afrique cesse d’être un enjeu géopolitique, et se trouve marginalisée. Ce continent autrefois « convoité » est désormais l’objet du désintérêt des puissances mondiales

Caricature de Tim de la guerre froide en Afrique paru en 1977 - Domaine public

Caricature de Tim de la guerre froide en Afrique entre les USA et l'URSS (parue en 1977) – Domaine public

Une autre explication est donnée par Jennar qui argumente que quand les diffcultés économiques sont fortes comme celles que connaissent de nombreux pays africains, le clivage gauche/droite devient moins pertinent:

En période de crise, le rejet du clivage gauche-droite en tant qu'expression de la lutte des classes, la condamnation des partis politiques, le dénigrement du parlementarisme, l'exaltation de l'unité nationale sont des thèmes récurrents. En période de crise, le désarroi, la confusion des esprits, la perte de repères fournissent un terrain favorable à ce type de discours.

Che Guevara et Laurent-Désiré Kabila - Domaine public

Che Guevara et Laurent-Désiré Kabila – Domaine public

Evolution du paysage politique en Afrique

Alors quelle évolution pour les partis politiques en Afrique ? Cheick Oumar Sissoko au Mali pense que les problèmes du continent nécessite plus que jamais  une réponse axé sur la solidarité et de fait prône une union des partis de gauche. Il explique :

La situation actuelle de l’Afrique oblige à un constat désolant. Mais je reste convaincu que la situation inacceptable de l’Afrique est la conséquence des politiques néolibérales. Et, comme cela dure, le moment est arrivé pour que les forces de gauche à travers le Mali, puis à travers l’Afrique, se donnent la main pour sortir leur continent de la misère et de la pauvreté inacceptable.

D'autres pensent que le temps de la solidarité est révolu. Aquilas YAO, en Côte d'Ivoire, pense au contraire qu'il faut favoriser le dynamisme économique du continent en ouvrant son marché :

Les pays africains malgré un sous-sol riche et des ressources naturelles abondantes n’arrivent pas à sortir de la pauvreté. Ceci s’explique, en partie, par l’absence de liberté sur les marchés du fait d’une forte intervention des Etats très dirigistes. L’exemple de la Côte d’Ivoire est intéressant dans le secteur de la téléphonie mobile. L’ouverture à la concurrence a engendré une diminution vertigineuse du coût de communication qui en dix (10) ans est passé de 1000 francs CFA la minute (avec un seul opérateur) à 25F la minute (avec 5 opérateurs). Ceci implique une rupture avec le protectionnisme souvent utilisé, de manière démagogique par les dirigeants qui pensent rassurer leurs populations en leur promettant la sécurité

Mais ce clivage a-t-il encore lieu d'être ? Des experts ont suggéré que les classifications de «gauche» et «droite» n'ont plus de sens dans le monde actuel, surtout en Afrique. Bien que ces termes continuent d'être utilisés, ils préconisent un spectre plus complexe qui tente de combiner des dimensions politiques, économiques et sociales.

Charles Blattberg propose ainsi une distinction idéologique basée selon la réponse face à un conflit en cours.
George Ayittey, économiste ghanéen, voit une distinction différente pour l'Afrique. Il met en avant l'économie traditionelle africaine avant la période coloniale. Il l'appelle le “capitalisme paysan” :

It differs from Western capitalism in two respects. First, as noted, the operating unit was the clan, not the individual. Second, profit was shared. Regardless, the clan was free to engage in whatever economic activity it chose. It did not line up before the chief’s palace for permission to engage in trade

Il diffère du capitalisme occidental à deux égards : tout d'abord, l'unité de production est le groupe, pas l'individu. Deuxièmement, la marge de bénéfice est partagée par tous les membres du village. Dans tous les cas de figure, le groupe est libre de s'engager dans toute activité économique de son choix. Il n'a pas à demander permission devant le palais du chef pour l'autorisation de faire du commerce.