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Les Tanzaniens se souviennent du père fondateur de leur nation avec #DearNyerere

mercredi 21 octobre 2015 à 16:32
Mwalimu Nyerere avec l'ancien président ouest-allemand Richard von Weizsäcker en 1985. photo publiée sous Creative Commons par les Archives fédérales allemandes.

Mwalimu Nyerere avec l'ancien président ouest-allemand Richard von Weizsäcker en 1985. Photo publiée sous Creative Commons par les Archives fédérales allemandes.

La Tanzanie a eu quatre présidents depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1961. Le premier, Julius Nyerere Kambarage [fr] principalement évoqué par son titre honorifique Mwalimu Nyerere, est  le plus respecté et aimé dans l'histoire du pays.

Le Président Nyerere, également surnommé affectueusement Baba wa Taifa (en swahili Père de la Nation), est crédité, entre autres, de la construction d'un fort sentiment d'unité et d'identité nationales dans ce pays de plus de 120 groupes ethniques – un exploit rare en politique africaine – et pour la promotion du swahili, la langue non-tribale la plus parlée en Afrique.

Il était un fervent partisan des mouvements de libération sur le continent et au sein du mouvement anti impérialiste à travers le monde. Il n'est pas étonnant que des organisations politiques comme le FRELIMO du Mozambique, l'ANC et le PAC de l'Afrique du Sud, la ZANU et la ZAPU du Zimbabwe, le MPLA de l'Angola et de la SWAPO de Namibie aient tous eu des bureaux et des camps d'entraînement en Tanzanie. En outre, le pays a donné refuge à des militants américains pour les droits civiques, aux membres du parti des Black Panthers tels que Pete O'Neal et Geronimo Pratt, ou à des opposants à la guerre du Vietnam.

Seize ans après sa mort, le 14 octobre 1999, les Tanzaniens ont utilisé le hashtag #DearNyerere (Cher Nyerere) pour se souvenir de lui, en particulier dans le contexte dans lequel se déroulent les élections générales tanzaniennes du 25 octobre 2015.

“Vous ne croiriez pas que votre pays est devenu mendiant”

La plupart des tweets expriment un sentiment de nostalgie, de désespoir et de mécontentement total pour la manière dont le pays est dirigé depuis sa mort.

Glady Shao résume son mécontentement à l'égard du leadership politique actuel du pays :

Si vous reveniez aujourd'hui, vous auriez certainement une crise cardiaque et seriez mort une nouvelle fois en voyant ce que certains dirigeants sont en train de faire

Nabil Omar se plaint de la mauvaise gestion des ressources naturelles telles que la tanzanite :

La tanzanite que vous aviez conservée pour nous, n'est plus tanzanienne, les citoyens en tirent peu avantage. Des vols partout.

La tanzanite est un minéral rare qui se trouve uniquement en Tanzanie. Toutefois, l'Inde est considérée comme le pays le plus grand exportateur de ce minerai, malgré l'interdiction partielle du gouvernement tanzanien de l'exporter.

James Ngonyani a tweeté en swahili :

Vous ne croiriez pas que votre pays est devenu mendiant en dépit d'être le troisième plus grand exportateur d'or du monde.

W. Quiyenga écrit à propos des perceptions populaires du parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CCM), que Nyerere a contribué à fonder:

Les tanzaniens disent qu'ils préfèrent voter pour une pierre plutôt que pour la CCM

“À votre époque, la popularité était basée sur de bonnes actions”

Steve Ole Moruo se plaint :

à votre époque, la popularité était basée sur les bonnes actions pour son pays, mais aujourd'hui, elle dépend du nombre d'adeptes sur Instagram et Twitter.

David Nguma relève que :

Les partis de l'opposition utilisent vos citations [dans les campagnes électorales]. CCM a honte de vous citer dans leurs campagnes parce qu'ils vous ont trahi.

Albert Secha estime que:

Vous devriez revenir pour diriger la Tanzanie, même pour un an! Tout juste un an ! … Votre intégrité nous manque !

The Van Official a tweeté sur le trafic d'animaux dans le pays :

Vous nous avez laissé avec des éléphants, il n'y en a plus, les girafes sont devenus des “passagères aériennes” [une référence humoristique à la contrebande de girafes].

La Tanzanie a interdit les exportations de la faune après l'exportation clandestine d'environ 130 animaux et oiseaux, dont des girafes. La faune était transportée en avion cargo de la Tanzanie vers le Qatar.

En ce qui concerne l'élection générale, Othman observe :

 Même si vous étiez là, vous n'auriez pas été une justification pour que les Tanzaniens aiment le CCM

La Tanzanie ne sera que meilleure”

Ce ne sont pas tous les utilisateurs de Twitter qui se sont servis du hashtag pour se plaindre de l'état des affaires dans le pays. Michael Paul Baruti, par exemple, a tweeté:

Nous sommes toujours là, plus forts que jamais .. La transparence et la responsabilité commencent à prévaloir… La Tanzanie ne pourra que s'améliorer…

Tandis que Kibibi écrit:

Notre pays continue de progresser

Lisez cette interview de Nyerere, menée de son vivant par Ikaweba Bunting, pour en savoir plus sur la vision que Nyerere avait pour la Tanzanie.

A la veille des élections, la Côte d'Ivoire veut s'extraire de son passé violent

mercredi 21 octobre 2015 à 12:01
Election posters in Abidjan

Les affiches électorales éclosent dans tout Abidjan. Photo Tanja Schreiner

Plus de 3.000 personnes ont été tuées pendant la violente crise politique qui a suivi l'élection présidentielle en Côte d’Ivoire en 2010. Le 25 octobre 2015, la population ivoirienne sera invitée à retourner aux urnes. A une semaine du scrutin, le pays semble retenir son souffle.

Depuis plusieurs mois déjà, les Ivoiriens ne parlent que de l'élection présidentielle de fin octobre, qui sera décisive pour la stabilisation future de la Côte d'Ivoire. Les violences reviendront-elles ou non ? Telle est sans doute la question la plus importe qui taraude à l'approche du vote.

J'ai parlé ces derniers mois à des amis ivoiriens survivants de la crise en 2010 et 2011, à des gens croisés dans la rue, à des hommes politiques ivoiriens, et à des membres de la diaspora.

Certains se sont dits certains qu'il y aura de nouveau des violences cette année, mais sans qu'elles atteignent la gravité de celles qui avaient suivi la dernière élection présidentielle, et qui avaient cumulé en une guerre civile au prix de quelque 3.000 vies. D'autres, toutefois, ont juré que tout se passerait dans le calme, avec pour argument le plus commun la faiblesse actuelle de l'opposition.

Le principal parti d'opposition, celui de l'ex-président Laurent Gbagbo, qui attend son procès devant la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre pendant la crise post-électorale, est actuellement scindé.

Des dispositions ont aussi été prises pour garantir que les élections se déroulent pacifiquement. En juin 2015, le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire a été prorogé d'une année.

Dans le mois précédent le lancement le 9 octobre de la campagne électorale de deux semaines, les média, qui avaient largement contribué à enflammer le débat en 2010 et 2011, ont été appelés à traiter l'ensemble des candidats de façon égale.

L’Union Africaine a annoncé ce mois qu'elle va déployer 40 observateurs électoraux de courte durée, et la Plate-forme de la société civile pour l'Observation des Elections en Côte d’Ivoire, qui a déjà surveillé la procédure d'enregistrement des électeurs, vient de former 755 observateurs électoraux.

Le traumatisme est encore présent 

Pourtant, les appréhensions d'un nouvel accès de violences paraissent omniprésentes. Après les atrocités qui ont suivi les dernières élections, beaucoup de gens en Côte d’Ivoire sont toujours aux prises avec les traumatismes. Certains ont toujours des cauchemars de cadavres empilés dans les rues. Une amie m'a dit récemment avoir été incapable pendant trois ans de revenir dans la capitale économique Abidjan à cause de ce qu'elle y avait vécu pendant la crise. Il y a quelques semaines, tous ces souvenirs traumatisants lui sont redevenus présents quand une bande d'individus armés a cambriolé l'hôpital d'Abidjan où elle travaille à présent.

Election poster in Abidjan

Les affiches électorales ont envahi tout Abidjan. Photo Tanja Schreiner

Quand je lui ai demandé son avis sur les élections à venir, elle s'est contenté de répondre : “Il y aura rien”, une phrase que j'ai entendue très souvent ces dernières semaines, prononcée presque comme un serment.

Une affirmation contredite par le comportement des gens. Certains ont déjà acheté depuis des mois leurs billets pour le Ghana, le Togo ou l'Europe. Il y a des sociétés qui ont même renvoyé leur personnel étranger dans leurs pays respectifs le temps des élections. D'autres stockent de la nourriture et recommandent de conserver une somme d'argent chez soi – au cas où.

Par ailleurs, beaucoup de gens n'iront sans doute pas voter. Seuls 300.000 nouveaux électeurs se sont fait inscrire, sur 2 à 3 millions estimés. “Le 25 octobre, je cuisinerai du porc et resterai à la maison avec mes amis, pour fêter le non-vote”, m'a dit une amie.

Messages de paix

Pendant que les uns quittent le pays ou boycottent les élections, d'autres s'engagent en faveur de la paix. Les organisations féminines de l'ouest du pays ont dessiné des tissus traditionnels appelant à des élections pacifiques. Une exposition de photos à l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan vise à sensibiliser les étudiants.

L'association footballistique “Foot’Attitude” a lancé, avec la participation de stars du foot comme Didier Drogba, la campagne “Election C’ Pas Gnaga” (“Les élections c'est pas la guerre”) pour sensibiliser à des élections non-violentes. S'y ajoutent les messages de paix qui s'élèvent dans les médias sociaux ces dernières semaines. Sur YouTube, un groupe d'artistes ivoriens a posté la vidéo “Jeune, ma voix, mon avenir” pour promouvoir la participation des jeunes à des élections pacifiques.

Sur Twitter, les appels à la paix utilisent les mots-dièses #ElectionCpasGnaga et #civpaix. Kamara Kollo Rachel, une blogueuse qui vit à Abidjan, écrit sur Twitter :

Evidemment Facebook, largement utilisé en Côte d’Ivoire, est le lieu où roule une bonne partie de la conversation. Un de mes amis, étudiant à Abidjan, a écrit sur son mur (reproduit avec son autorisation) :

chers amis jeunes, nous sommes proche des élections présidentielles. et le doute s'installe dans le cœur de tous ceux qui aime la côte d'ivoire. si nous aimons notre pays, si notre avenir nous tiens vraiment à cœur, ne nous livrons pas à des actes de violence, ne nous laissons pas manipuler par qui que se soit…

Reste à espérer que tous ces messages de paix guideront la Côte d’Ivoire vers une élection présidentielle sans violences.

“Être noir au Japon”, un documentaire donne la parole à une minorité peu médiatisée

mardi 20 octobre 2015 à 15:01
The documentary features interviews with several individuals who identify as black living in Japan. Screenshot from YouTube.

Le documentaire montre des témoignages de plusieurs personnes qui s'identifient comme étant noires et vivant au Japon. Capture d'écran tirée de YouTube.

Rachel & Jun est une chaîne YouTube populaire et attrayante qui adopte une approche en deux langues pour expliquer les caractéristiques propres au Japon.

Avec des dizaines de milliers de followers sur Twitter et Facebook et un vlog YouTube qui atteint régulièrement des millions de vues, Rachel & Jun est devenu le lieu de référence sur internet pour trouver une réponse à n'importe quelle question relative au Japon.

Des vidéos parlent des perceptions qu'ont les Japonais sur les personnes en surpoids ou maigres, de comment sortir avec un(e) Japonais(e) ou bien encore de comment acheter une maison au Japon.

Si Rachel & Jun adoptent une approche amusante et enjouée en proposant des vidéos sur la culture japonaise, ils donnent également quelques aperçus uniques sur la vie dans le pays.

L’ une de leurs vidéos les plus populaires est le documentaire, Black in Japan [Noir au Japon].

Le documentaire explore pendant deux heures les expériences de sept habitants non-Japonais qui s'identifient comme noirs.

Les interviewés parlent de ce qu'être noir implique au Japon en comparant leurs expériences avec celles d'autres non-Japonais résidant au Japon. Les sept sujets de ce documentaire échangent également sur la différence du modes de vie au Japon, parfois positive, en comparaison à leur pays d'origine, les États-Unis.

Après avoir regardé le documentaire, Baye Mc Neil, rédacteur du Japan Times et blogueur de Yokohama, a observé :

En ce qui concerne cette vidéo, je dirais néanmoins ceci : être un homme noir au Japon est très différent du fait d'être une femme noire (comme c'est le cas aux États-Unis mais également dans d'autres endroits…regardez la grande majorité de policiers qui tirent sur des hommes noirs…nous sommes véritablement une espèce menacée d'extinction. Dans le cas présent, la menace qui en marche se trouve dans le regard que certains posent sur d'autres).

[…] La GRANDE majorité des personnes noires au Japon SONT des hommes ! J'aurais aimé écouter plus de témoignages d'hommes. Les deux hommes interviewés […] ont donné un aperçu de combien il est intense de vivre au Japon compte tenu des attitudes adoptées par des hommes japonais influencées par la peur et l'ignorance. Ça donne à la vidéo un point de vue équilibré qui vaut la peine d'être applaudi. 

Globalement parlant, c'est de loin la MEILLEURE vidéo que j'ai vue jusqu'à ce jour sur le fait d'être noir au Japon […]

McNeil est l'auteur de la chronique intitulée Black Eye dans le Japan Times. Il a récemment publié une série de portraits de femmes noires qui ont épousé des Japonais au Japon.

Des réfugiés aux commandes d'un journal danois pour une journée

lundi 19 octobre 2015 à 13:18
Front page of Information

L'article de une est écrit par by Lawja Jawad Mohammadi, arrivée au Danemark en 2002 du Kurdistan irakien, où elle travaillat avec une association féminine locale, un centre de crise pour femmes et comme journaliste à Yeksani (Liberté). Son article raconte ce qui se passe pour les femmes quand les hommes fuient.

[Billet d'origine publié le 10 octobre] À Copenhague, le quotidien Information a confié à 12 réfugiés, certains arrivés depuis peu, tous journalistes professionnels, la rédaction des 48 pages du numéro du vendredi 9 octobre.

Lotte Folke Kaarsholm, rédactrice à Information, a expliqué dans une interview au Guardian le 9 octobre :

Refugees are almost all we talk about in Denmark these days,[…] We thought we would shut up and let refugees set the agenda. What we got is radically different from what politicians are discussing.

Les réfugiés sont presque l'unique sujet de conversation au Danemark ces jours […] Nous avons pensé qu’il était intéressant de nous taire et de les laisser établir le sommaire. Le résultat est radicalement différent des discussions des politiciens.

Le journal a partagé son initiative sur sa page Facebook, y compris la procédure initiale pour choisir les journalistes invités. L’idée de cette action n’est pas sortie de nulle part, elle découle de la vague d’actions menées par les citoyens visant à donner plus de gravité et de nuances à la situation autour des réfugiés.

Réaction danoise à l’arrivée des réfugiés

La question des réfugiés et sa gestion au Danemark est à l’ordre du jour depuis plusieurs années. Toutefois, début septembre, le pays a connu une importante arrivée de réfugiés, comme d’autres parties d’Europe, augmentant la polarisation du débat à ce sujet.

Le gouvernement libéral minoritaire, arrivé aux commandes en juin 2015, a le soutien du populiste Parti du Peuple Danois, ce qui a entraîné un glissement vers une politique plus droitière vis à vis des réfugiés et immigrants. En septembre le gouvernement danois a placé des insertions publicitaires dans des journaux libanais, mettant en garde les réfugiés qui choisiraient le Danemark. Leur parution, ironie de l'histoire, a coïncidé avec une vague de réfugiés sans précédent depuis des décennies.

L'absence d'approche proactive et constructive du gouvernement danois pour aider les réfugiés s'est trouvée sous le feu des critiques, et plusieurs initiatives citoyennes d'accueil ont émergé face à l'inaction des pouvoirs publics. Entre autres, un groupe appelé “Les citoyens ouvrent les bras” a produit des contre-publicités financées collectivement pour souhaiter la bienvenue aux réfugiés et présenter des excuses au nom du peuple danois. Le 27 septembre, un autre groupe, “Forsamlingen” (l'Assemblée), a organisé une présentation de multiples initiatives citoyennes de soutien aux réfugiés.

La semaine dernière, le gouvernement a présenté un projet contenant des règles plus strictes pour l'obtention de la nationalité, et une diminution de l'aide financière et pratique aux réfugiés.

Donner une voix à ceux qui n'en ont pas
Plusieurs journaux européens ont fait une place dans leurs pages aux réfugiés et à leurs histoires, mais l'initiative danoise est différente, en ce qu'elle permet aux réfugiés d'écrire et corriger eux-même chaque mot. Les réactions ont été très positives, et de nombreux médias dans le monde ont suivi l'exemple, parmi lesquels le Huffington Post et le Guardian.

Le député danois Uffe Elbæk a tweeté :

Immenses félicitations à @informeren qui a laissé aujourd'hui ses colonnes et ses choix éditoriaux à un groupe de réfugiés #dkpol

Le présentateur de radio Anders Stegger a également salué l'initiative :

Si vous n'achetez qu'un seul journal cette année, achetez l'Information d'aujourd'hui. Il écrit par des réfugiés seulement et il est extrêmement intéressant @informeren.

A l'étonnement général, l'ancien rédacteur en chef du journal, Lars Hedegaard—devenu par la suite un détracteur notoire de l'islam, condamné en 2011 pour incitation à la haine—a loué cette courageuse décision éditoriale, et recommandé l'achat du journal. Dans un entretien avec Radio24syv, Hedegaard a analysé ce numéro unique en son genre et dit que le publier était une bonne idée, qui pouvait enrichir le débat sur le sort des réfugiés.

Le rédacteur en chef [actuel[ d'Information Christian Jensen et la directrice administrative Mette Davidsen-Nielsen ont expliqué leur décision de céder les rênes pour un jour :

Ils (les réfugiés) sont des nombres dans une statistique, et des substituts dans un débat politique, qui leur échappe souvent. Nous parlons tous des réfugiés, aujourd'hui ce sont les réfugiés qui nous parlent.
Ils ont tous, et chacun, leur histoire, leur destin, leur profession et leurs rêves d'avenir. Mais nous ne les entendons trop rarement et seulement par bribes.

Suzanne Lehn a participé à la traduction de cet article.

Les blogueurs éthiopiens de Zone9 blanchis de l'accusation de terrorisme

dimanche 18 octobre 2015 à 21:41
Blogueurs Zone9 ensemble à Addis-Abeba, en 2012. Photo de Endalk Chala.

Les blogueurs de Zone9 ensemble à Addis-Abeba, en 2012. Photo de Endalk Chala.

Les blogueurs éthiopiens de Zone9 [fr] ont été acquittés par un tribunal d'Addis-Abeba [fr], le vendredi 16 octobre, après avoir passé 18 mois en prison ; la plupart du temps en attendant leur procès pour des accusations sans fondement de ‘terrorisme’ et “d'incitation à la violence” [fr]. Ils doivent encore sortir de la prison Kilinto, mais leurs familles disent qu'ils seront libérés d'ici lundi 19 octobre, sinon plus tôt.

Les quatre blogueurs contribuaient tous à Zone9, un blog collectif qui couvrait les questions sociales et politiques ainsi que la promotion des droits humains et la bonne gouvernance en Éthiopie.

Un membre du groupe, Befeqadu Hailu - également un auteur de Global Voices – n'a pas été libéré, il est encore sous le coup d'un chef d'accusation en vertu de l'article 257 du code pénal éthiopien, mais il s'agirait d'une charge mineure, pour laquelle la peine maximale est un emprisonnement de six mois. Comme Befeqadu est en prison depuis le 25 avril 2014, des sources proches supposent que la peine sera levée.

 Le cas de Zone9, un exemple frappant du piètre système judiciaire éthiopien et du mépris total pour la liberté d'expression, a uni les Ethiopiens sur les médias sociaux sous le hashtag #FreeZone9Bloggers, actif sur Twitter depuis le jour de leur arrestation. Aujourd'hui le hashtag illustre les expressions de joie et de revendication:

Merci au monde entier pour nous avoir soutenu et s'être fait l'écho de notre campagne FreeZone9Bloggers! Cela prouve que LA SOLIDARITÉ EST LA PLUS GRANDE DES ENERGIES !

 

Je présume, donc, que cela marque la fin de cette épreuve imméritée et de l'angoisse ! Soulagé!!!

 

Une chasse aux sorcières sans fin par un gouv puissant n'a pas pu trouver un seul crime dans # FreeZone9Bloggers parce qu'ils étaient innocents pour commencer. Heureux!

 

Après 18 mois de détention les accusations contre les blogueurs de Zone 9 abandonnées

Les six membres du collectif Zone9, avec trois journalistes, ont été arrêtés et emmenés de chez eux [fr] les 25 et le 26 avril 2014 et détenus pendant 11 semaines avant que les autorités fasse connaitre les accusations contre eux, en vertu de la loi éthiopienne contre le terrorisme, la Anti-Terrorism Proclamation, déjà utilisée pour emprisonner plusieurs éminents journalistes et blogueurs qui avaient écrit des articles critiques contre le gouvernement et le parti au pouvoir.

Cinq membres du groupe d'origine ont été lavés de toutes les accusations et libérés le 8 Juillet 2015 [fr]. Le sort des quatre autres, Befeqadu, Natnael, Atnaf et Abel, était inconnu jusqu'à aujourd'hui, 16 octobre. Au cours de leur emprisonnement, les blogueurs ont comparu devant un juge 39 fois, pour être renvoyés par le procureur à chaque fois, la justice demandant “plus de temps” pour enquêter sur leur cas.

Beaucoup de leurs supporters ont été prompts à souligner sur Twitter que l'affaire avait démontré l'échec du système judiciaire éthiopien :

Il a fallu un an et demi pour mettre au clair un dossier complètement bâclé, bourré de fausses preuves et sans témoins. DU GACHIS!

Certains intervenants ont mis entre guillemets des mots comme “tribunal” et “pouvoir judiciaire”:

Enfin # FreeZone9Bloggers sont libres. Mais pas de remerciement au “pouvoir judiciaire”. Zone 9 #Felicitations

D'autres ont demandé si le gouvernement allait prendre ses responsabilités pour les torts causés aux blogueurs et à leurs familles:

Suis heureux, mais en colère comme d'habitude; nous vivons dans un pays où le gvt peut arrêter n'importe qui pour rien

 

Il est maintenant temps de porter la campagne à un niveau supérieur, nous exigeons du gvt#Ethiopien qu'il demande des excuses aux blogueurs Zone9

La question urgente est de savoir ce qui va arriver aux autres citoyens emprisonnés pour avoir écrit et parlé de façon critique contre le gouvernement – comme Zelalem Workagenegu, un blogueur qui a été emprisonné pour avoir demandé à participer à un cours de formation sur les médias sociaux et les outils numériques. Comme de nombreux militants l'ont souligné, l'acquittement de ces blogueurs pourrait ne pas signifier que l'Ethiopie envisage de changer ses méthodes.

Maintenant que les # Zone9bloggers sont libres, # FreeZone9Bloggers va-t-il se transformer en #FreeEthiopia? Ce n'est pas encore un paradis pour la liberté d'expression dans ce pays.

 

Date d'expiration # FreeZone9Bloggers – 16 octobre 2015. Date d'expiration pour #FreeEthiopia – Mystérieuse.