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Des chefs utilisent les restes olympiques pour préparer des repas gratuits destinés aux pauvres de Rio

lundi 22 août 2016 à 12:33
The RefettoRio team of chefs in action in Rio. Credit: Angelo DalBo/Refettorio Gastromotiva

L'équipe de chefs de RefettoRio en action à Rio. Crédit: Angelo DalBo/Refettorio Gastromotiva

Cet article a été écrit par David Leveille et a été publié sur PRI.org le 18 août 2016. Il est ici republié dans le cadre d’un partage de contenu.

Les athlètes olympiques mangent bien plus que des barres énergétiques et des boissons protéinées. Imaginez quelques 250 tonnes de nourriture préparées pour sustenter plus de 11 000 athlètes concourant aux Jeux de Rio.

A l’instar des autres grands événements, la chaîne alimentaire aux Jeux Olympiques requiert une préparation et une logistique avancées et des estimations de la quantité d'aliments et d’ingrédients à avoir sous la main pour constituer des plats nourrissants.

Il y aura inévitablement un surplus, comme des caisses de fruits et légumes abîmés, ou des restes de pommes de terre et de riz.

Ainsi, un groupe international de chefs et d’activistes luttant contre la faim s’est constitué sous le nom de RefettoRio Gastromotiva (refettorio signifiant réfectoire en italien) pour sauver la nourriture olympique du gaspillage. Deux chefs, l’italien Massimo Bottura et le brésilien David Hertz, ont joint leurs efforts pour transformer l’excès de nourriture destinée au Village Olympique en repas pour les plus démunis. Ils affirment ainsi que leur objectif est « d’offrir nourriture et dignité aux personnes en situation de vulnérabilité sociale ».

Smoked banana peels substitute nicely for bacon in a RefettoRio dish of carbonara. Credit: Refettorio Gastromotiva

Les peaux de bananes fumées remplacent le bacon pour des pâtes carbonara concoctées par RefettoRio. Crédit: Refettorio Gastromotiva

Ces dernières semaines, les chefs de RefettoRio ont servi 108 dîners issus du surplus d’ingrédients donnés par l’entreprise de restauration en charge du Village Olympique. Aucun déchet ne se trouvait sur la table.

“RefettoRio ne travaille que des aliments sur le point d’être jetés… comme des fruits et légumes moches, ou des yaourts prêts à être mis à la poubelle dans les deux jours s'ils ne sont pas achetés », explique le chef Hertz.

Le restaurant s’est implanté dans le quartier de Lapa, près du Village Olympique.

“Il n’est pas du tout conçu comme un restaurant permanent », révèle Alexandra Forbes, une écrivaine culinaire qui a contribué à mettre en place RefettoRio. « Les clients sont différents. Pour la plupart d’entre eux, c’est la première fois qu’ils expérimentent un dîner complet préparé par un grand chef, et par ailleurs délicieux. Ils se sentent très privilégiés ». Un convive affirma au Times qu’il s’agissait du meilleur repas qu'il ait connu en 40 ans.

Les organisations locales qui ont servi les plus démunis ont trié sur le volet les clients issus de toutes les couches sociales du Brésil. Cela inclut des sans abris forcés de se nourrir dans les poubelles, des enfants des rues ou des mères de famille maltraitées.

“Ils n’ont pas l’habitude d’être traités avec autant d’attention et de respect”, explique Forbes, ajoutant qu”ils “apprécient tellement le repas qu’ils nous applaudissent et dansent parfois”.

Chaque jour, un chef différent prend les commandes. « Par exemple, l’autre jour le chef Massimo Bottura a fait des pâtes à la carbonara, préparées habituellement avec de la pancetta ou du bacon. Il a mis un peu de bacon mais a surtout utilisé des peaux de bananes grillées et mélangées avec du bacon, donnant ainsi un goût fumé. C’était délicieux ».

Créer des repas gastronomiques à partir d’une étrange collection d’ingrédients peut se révéler ardu. Mais comme l’assure Forbes, le véritable objectif pour l’équipe de chefs, boulangers et serveurs de RefettoRio est de « mettre fin aux préjugés contre les pauvres ou ceux qui sont en difficulté ».

Les femmes battues ou les personnes en proie à des problèmes d’addiction sont “des personnes comme les autres ; leur montrer qu’ils peuvent être traités avec respect et qu’ils peuvent bénéficier d’un grand repas est, je pense, nécessaire ».

RefettoRio essaie également d’envoyer un message quant au gaspillage alimentaire. Plus de 30% de la nourriture produite à travers le monde n’est jamais consommée, car gâchée lors de la récolte et du transport, ou jetée par les magasins et les clients. Pourtant, près de 800 millions de personnes à travers le monde s’endorment chaque soir le ventre vide, selon les chiffres des Nations Unies.

“Des événements tels que les Jeux Olympiques créent de gros gaspillages car vous devez nourrir tellement de monde qu’il est très difficile de calculer ce dont vous avez exactement besoin, il est inévitable d’avoir beaucoup de déchets. Mais personne n’avait vraiment pointé du doigt ce problème ».

Du moins jusqu’à maintenant.

ReffetoRio Gastromotiva souhaite s’appuyer sur son succès pour lancer un service de déjeuner payant. Les bénéfices aideront à compenser le coût des repas gratuits distribués le soir aux sans-abris. L’idée du RefettoRio sera également lancée à Montréal, Los Angeles et New York.

Free meals are being served nightly to 108 patrons at a special restaurant set up near Olympic Village. Credit: Refettorio Gastromotiva

Des repas gratuits sont servis chaque soir à 108 clients dans un restaurant spécial installé près du Village Olympique. Crédit: Refettorio Gastromotiva

Les Népalais n'ont gagné aucune médaille olympique, mais ont des raisons d'être fiers

lundi 22 août 2016 à 12:06
The Olympic Village #Río2016. Image from Flickr by Mexican Olympic Committee. CC BY NC-ND-2.0

Le Village Olympique de #Río2016. Photo sur Flickr du Comité olympique mexicain, CC BY NC-ND-2.0

Les athlètes du Népal sont rentrés des Jeux Olympiques de Rio sans aucune médaille, mais les Népalais n'en sourient pas moins, avec les louanges des médias pour leur hymne national, et la performance d'une nageuse népalaise en dépit de son jeune âge.

La benjamine des J.O. de Rio, Gaurika Singh, est Népalaise. Elle avait 13 ans et 255 jours quand elle a concouru aux séries du 200 mètres dos féminin.

Bien qu'elle n'ait pu aller en finale ni battre le record national — c'est elle qui le détient –elle a battu les deux autres nageuses de sa série.

Un beau record : la Népalaise Gaurikha Singh ‘est devenue la plus jeune personne ayant gagné une série dans le bassin olympique’

Bien qu'elle n'ait pas pu améliorer son record national, fier que Gaurika Singh ait nagé pour la gloire du Népal comme plus jeune athlète de RIO2016 :-)

Gaurika singh n'a peut être gagné que les séries, mais c'est comme si elle a déjà gagné une médaille aux JO !

Gaurika Singh at Women's 100m backstroke Heat. Image by Al Bello, Getty Images. Used with permission from the Brazilian Olympic Committee.

Gaurika Singh à la série du 100 mètres dos Femmes. Photo Al Bello, Getty Images. Utilisée avec autorisation du Comité olympique brésilien.

La décision de la BBC d'inclure l'hymne national du Népal dans sa liste des plus beaux hymnes nationaux des Jeux Olympiques a mis du baume au coeur des Népalais. La Russie se trouve en haut du classement, suivie de la Birmanie et enfin du Népal.

 

 La BBC a inclus l'hymne national du Népal dans sa liste des plus beaux hymnes nationaux des Jeux Olympiques de Rio 2016

“[L'hymne national du Népal] est si joyeux que c'est un peu troublant d'apprendre qu'il a été le produit d'une révolution maoïste”

Ecrite par le poète Pradeep Rai, aussi connu sous le nom de Byakul Maila, et mise en musique par Amber Gurung, l'oeuvre a été déclarée hymne national du Népal le 3 août 2007.
Si vous ne l'avez pas encore écoutée, voici la magnifique chanson qui fait l'éloge de l'unité et de la souveraineté du Népal.

 

Voici une transposition en français à partir de la version anglaise de Sushma Joshi de l'hymne national.

Hundreds of flower bouquets, we are one garland of Nepalis
Sovereign, spread from Mechi to Mahakali.
Nature’s treasures spread out, uncountable
The blood of heroes have made us independent, immovable.
The land of knowledge, land of peace— Tarai, Pahad, Himal
Indivisible, beloved, our motherland Nepal.
The grandeur of many ethnicity, language, faith, culture
Our progressive nation, long live, long live Nepal.

De centaines de bouquets de fleurs, nous formons la guirlande du Népal
Souverain, qui s'étire de Mechi a Mahakali.
Les trésors de la nature se déploient, innombrables
Le sang des héros nous a rendus libres et indestructibles.
Terre de connaissance, de paix, de Téraï, Pahad, Himal
Notre indivisible et bien-aimée terre maternelle, le Népal.
La diversité des ethnies, des langues, des croyances et des cultures est si grande
Notre nation avancée, longue vie, longue vie au Népal.

Les athlètes réfugiés ont montré que malgré leurs histoires tragiques, les réfugiés ont encore beaucoup à offrir à la société

dimanche 21 août 2016 à 19:57
Capture d’écran de l'arrivée des athlètes réfugiés à la cérémonie d'ouverture des JO

Capture d’écran de l'arrivée des athlètes réfugiés à la cérémonie d'ouverture des JO

Les jeux olympiques de Rio 2016 vont bientôt  prendre fin et l'heure des bilans arrive. Une image qui pourrait rester à graver pour longtemps dans les mémoires ne s'est déroulé sur aucun stade et n'implique aucun exploit physique. Il s'agit de la fresque murale rendant hommage aux athletes de l'équipe des réfugiés dans les rues de Rio:

Une fresque superbe ! L'art de la rue rend hommage à l'équipe des réfugiés à Rio

Ces sportifs ont eu chacun une histoire bien particulière, un challenge particulièrement ardu à surmonter pour arriver jusqu'à Rio. C'est ce chemin parcouru qui symbolise l'esprit olympique, des valeurs qui ont parfois été bafoué par divers affaires de corruption et de controverses.

L’ équipe des réfugiés a réussi à redonner un vent de fraicheur á une compétition qui avait bien mal démarré tant la préparation a connu des retards et les protestations ont fait entrer le doute dans la tête des citadins.  Une standing ovation assourdissante a accompagné l'entrée de cette l'équipe qui “vient de loin” et lancer pleinement cette olympiade. Voilà pourquoi cette équipe est sans doute le symbole de ces JO 2016:

“Une douleur qui commence à s'estomper”

Yolande Mabika est originaire de Bukavu dans l'Est du Congo. Comme son compatriote Popole Misenga, Yolande est judoka. Les rebelles ont attaqué son village quand elle avait 8 ans et elle n'a plus revu sa famille depuis ce jour. Yolande a été recueilli par un foyer pour orphelins à Kinshasa. Lassée des abus à repetitions par la federation congolaise, Yolande demande l'asile au Brésil. Elle raconte son histoire et ses espoirs pour l'après JO:

J'éspère retrouver ma famille après les JO

Je pense encore au Congo, mais de moins en moins – cela fait maintenant partie du passé pour moi et je ne pense plus à ma famille tout le temps. Les souvenirs sont là mais la douleur a disparu. J’ai accepté le fait que je ne les (peut-etre) reverrai plus. Le Brésil est mon pays maintenant et je veux rester ici et construire une nouvelle vie… Je voudrais travailler auprès de jeunes filles comme moi qui n’ont pas eu de chance et les aider à surmonter le même type de problèmes que ceux que j’ai connus. Je ne m’arrêterai pas. Maintenant le monde entier sait que je suis une athlète olympique et je continuerai de m’entrainer pour être de plus en plus forte dans les combats à chaque compétition

“N'abandonne jamais”

Yusra Mardini est née le 5 mars 1998 à Damas en Syrie. Son histoire est connu mais mérite d'être raconté encore et encore. En 2015, avec sa sœur Sarah, plus âgée de deux ans, elle fuit la Syrie en guerre, par Beyrouth, Istanbul et Izmir, avant de s'embarquer pour Lesbos. Le bateau devant les mener à cette île étant tombé en panne, les deux sœurs ainsi qu'une troisième femme, seules personnes à bord sachant nager sur les dix-huit passagers, se mettent à l'eau pour pousser et tirer l'embarcation durant trois heures jusqu'au rivage.
Elle remporte sa série des 100 m aux Jeux olympiques mais son temps est insuffisant pour lui permettre d'accéder aux demi-finales. Yusra se démarque par une determination san faille comme le montre le fait qu'elle tire une embarcation pendant des heures jusqu'à bon port. Son entraineur allemand explique cette force de caractère hors du commun:

Yusra est très concentrée. Elle a un but clair et organise toute sa vie autour. Ainsi, la jeune femme s’entraîne deux à trois heures chaque matin avant d’aller en cours et revient l’après-midi pour une autre session.

Yusra l'affirme clairement. Elle n'attend aucun cadeau et ne laissera rien l'empêcher d'avancer:

Je veux que tous les gens se battent pour leurs objectifs car si l’on reste concentré dessus, on fait tout ce que l’on peut pour y arriver, et je pense que même si j’échoue, j’essaierai encore. Peut-être que je serai triste, mais je ne le montrai pas et j’essaierai encore et encore jusqu’à ce que j’y arrive. Je veux montrer à tout le monde que s’il est difficile de réaliser ses rêves, ce n’est pas impossible

Le camp de refugiés de Kakuma est fier des exploits de ses sportifs

C'est cette determination à s'en sortir que Thomas Bach, president du Comite Olympique a mis en avant quand il explique l’engouement pour cette équipe qui a réussi à transcender les sentiments patriotiques des supporteurs aux Jeux:

It is also a signal to the international community that refugees are our fellow human beings and are an enrichment to society. These refugee athletes will show the world that despite the unimaginable tragedies that they have faced, anyone can contribute to society through their talent, skills and strength of the human spirit

C'est un signal vers la communauté internationale:  les réfugiés sont nos frères et sont une source d'enrichissement pour la société. Ces athlètes réfugiés montrent au monde que, malgré les tragédies inimaginables qu'ils ont rencontrés, tout le monde peut contribuer à la société par son talent, ses compétences et sa determination.

Tegla Loroupe, le coureur kenyan et parrain de cette équipe affirme qu'il y a aussi un element plus fédérateur qui émane de cette équipe:

Ils sont un modele à suivre pour les pauvres du monde entier, pas seulement les réfugiés. C’est pourquoi les gens les ont tant acclamés. C’est cette lutte face à d’immenses défis. Les sportifs de cette équipe, je les aime comme si ils étaient mes propres enfants.

Le Tadjikistan en folie après sa première médaille d'or olympique

dimanche 21 août 2016 à 18:30
Dilshod Nazarov in action. Official olympic photo.

Dilshod Nazarov en action. Photo olympique officielle.

Dilshod Nazarov – retenez ce nom. Les Tadjikistanais ne sont pas prêts de l’oublier.

Nazarov a apporté à son pays la première médaille d’or olympique de son histoire lors du lancer du marteau, le 19 août, en envoyant l’engin à quelques 78,68 mètres, une victoire remportée face à de redoutables adversaires.

L’utilisateur Facebook Javononi Shahri Vahdat a résumé l’euphorie qui a balayé depuis ce pays d’Asie Centrale :

Зинда бошанд модарони тоҷике, ки ба мисли Дилшод Назаровҳоро ба дунё овардаанд. Аҳсант бамодари Дилшод.

Longue vie aux mères tadjikes qui ont donné naissance à des fils comme Dilshod Nazarov. Bravo, mère de Dilshod.

Le Tadjikistan, pays le plus dépendant du monde des envois d'argent de ses travailleurs à l'étranger, a connu quelques années très chaude quand la crise économique en Russie, où vivent plus d’un million de ses citoyens, a profondément secoué l’économie nationale.

Le pays n’a savouré que peu de réussites sportives depuis son indépendance, qui débuta par une guerre civile sanglante et se poursuivit dans la pauvreté, la corruption et l’autoritarisme.

Sans surprise, Nazarov fut placé sur un piédestal avec la même fierté que celle qu’il manifesta sur la plus haute marche du podium lors d’un vendredi soir étouffant à Rio.

Un utilisateur Facebook proposa d’accueillir Nazarov à l’aéroport, dans un post liké au moins 200 fois :

Эмоции переполняют!Просто-этот человек-гордость нации!Это Дильшод Назаров-Олимпийский Чемпион в Рио-2016!Спасибо за победу, золотой наш человек!!!!Ура!!!!!! Уважаемые участники группы,есть предложение встретить нашего героя в аэропорту с почестями!Кто с нами?

L’émotion déborde. Cet homme est tout simplement la fierté de la nation ! Voici Dilshod Nazarov, Champion olympique à Rio 2016 ! Merci pour cette victoire, notre homme en or ! Hourra !!! Chers membres de ce groupe, j’ai une proposition à vous faire. Accueillons notre héros à l’aéroport avec tous les honneurs ! Qui souhaiterait se joindre à nous ?

Dilshoda Nigmonova a également plaisanté:

Чи гуна кайд мекунем,аз чониби Хукумати ЧТ барои мардум оши милли мешуда бошад?

Comment devrions-nous célébrer cet événement ? Y aura-t-il un pilaf national pour le peuple préparé par le gouvernement du Tadjikistan ?

Mais tout ceci faisait pâle figure face à la proposition apparue sur change.org afin de faire de Nazarov un héros national du Tadjikistan, un honneur habituellement réservé aux poètes disparus et au Président autocrate Emomali Rakhmon.

L’athlète lui-même s’est transformé en figure du patriotisme à la suite de sa victoire inattendue, enveloppé d’un drapeau tadjik et portant un tee-shirt avec l’image de son défunt père, qui fut tué lors de la guerre civile aux côtés des forces pro-gouvernementales.

Le texte sur le tee-shirt disait ceci: “Ce lancer est pour toi”.

Depuis Rio, Nazarov retourna l’amour de sa patrie dans un post ruisselant d’émotion sur son compte Facebook :

Дорогие друзья,соотечественники и все те кто меня поддерживал ! Благодаря вашей поддержке у нас есть эта победа. Выходя на арену олимпийского стадиона я чувствовал мощную энергию миллионов болельщиков. Эту победу я посвящаю всему таджикскому народу, эта наша общая победа.
Спасибо большое. Ташакури зиед. Thank you so much.

Chers amis, compatriotes et tous ceux qui m’ont soutenu. Grâce à votre soutien, cette victoire à nou. En me rendant dans le stade olympique, j’ai senti l’énergie toute-puissante des millions de supporters. Je dédie cette victoire au peuple du Tadjikistan? c'est notre victoire. Merci beaucoup.

N.B. Les internautes tadjiks possédant une bonne mémoire et/ou ayant l’amour du détail ont signalé que Nazarov n’est pas le premier champion olympique tadjik. Cet honneur revient à un autre lanceur de marteau, Andrei Abduvaliyev. Mais il remporta l’or à Barcelone, en 1992, sous les couleurs de l’Equipe Unifiée, composée d’anciens Etats soviétiques. Par conséquent, la médaille d’or de Nazarov est la seule prise en compte dans le palmarès du Tadjikistan.

Israël, un des pays les plus arides du monde, déborde d'eau aujourd'hui

dimanche 21 août 2016 à 13:50
Sorek Desalination Plant. Photo courtesy of IDE Technologies. CC-BY-NC-SA 2.0

L'usine de dessalement de Sorek. Photo publiée avec l'aimable autorisation de IDE Technologies. CC-BY-NC-SA 2.0

Cet article de Rowan Jacobsen a été initialement publié surEnsia.com, un magazine consacré aux solutions environnementales concrètes dans le monde, et est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

A une quinzaine kilomètres au sud de Tel Aviv, debout sur une passerelle au-dessus de deux réservoirs en béton grands comme des terrains de football, je regarde l'eau s'y déverser depuis une énorme canalisation émergeant du sable. Le tuyau est si gros que je pourrais y marcher debout, s'il n'était rempli de l'eau de la Méditerranée pompée d'une prise à plus d'un kilomètre au large.

“Ça c'est une pompe !” me crie en souriant Edo Bar-Zeev par-dessus le vacarme des moteurs, avec un émerveillement non dissimulé devant la scène qui s'offre à nos yeux. Les réservoirs en contrebas contiennent plus d'un mètre de sable, à travers lequel l'eau de mer est filtrée avant d'arriver à un vaste hangar métallique où elle se transforme en eau potable qui suffira à la consommation d'1,5 million de personnes.

Nous surplombons l'usine de dessalement de Sorek, la plus grande installation de dessalement par osmose inverse au monde, et nous contemplons le sauveur d'Israël. A peine quelques années plus tôt, au milieu de sa pire sécheresse en près de mille ans, Israël était à court d'eau. Désormais le pays est excédentaire. Ce remarquable renversement a été accompli avec des campagnes nationales d'économie et de recyclage des maigres ressources hydriques israéliennes, mais le plus gros impact est venu de la mise en route d'une série d'usines de dessalement.

Israël tire aujourd'hui 55 % de son eau domestique du dessalement, et cela a contribué à faire d'un des pays les plus arides du monde le plus improbable des géants de l'eau.

Bar-Zeev, qui a récemment rejoint en Israël l'Institut Zuckerberg de recherches hydrologiques après avoir terminé son post-doctorat à l'université Yale, est un spécialiste du bio-encrassement, depuis toujours le talon d'Achille du dessalement et l'une des raisons de son utilisation en dernier recours. Le principe du dessalement est de pousser l'eau salée à travers des membranes contenant des pores microscopiques. L'eau passe au-travers et les molécules de sel, plus grandes, restent de l'autre côté. Mais les micro-organismes vivant dans l'eau de mer colonisent rapidement les membranes et bouchent les pores, et leur contrôle nécessite des nettoyages périodiques coûteux à grands coups de produits chimiques. Bar-Zeev et ses collègues ont développé un système sans chimie qui utilise des pierres de lave poreuses piégeant les micro-organismes avant même qu'ils atteignent les membranes. Ce n'est qu'une des nombreuses avancées dans la technologie des membranes, qui ont rendu le dessalement beaucoup plus efficace. Israël tire aujourd'hui 55 % de son eau domestique du dessalement, et cela a contribué à faire d'un des pays les plus arides du monde le plus improbable des géants de l'eau.

Poussé par la nécessité, Israël apprend à soutirer davantage d'une goutte d'eau que n'importe quel autre pays au monde, et une grande partie de cet apprentissage se fait à l'Institut Zuckerberg, dont les chercheurs ont créé des techniques pionnières dans l'irrigation au goutte-à-goutte, le traitement de l'eau et le dessalement. Ils ont développé des systèmes de puits résilients pour les villages africains et des digesteurs biologiques qui peuvent diviser par deux l'utilisation d'eau dans la plupart des foyers.

La mission de l'institut était à l'origine d'améliorer la vie dans le désert israélien du Néguev, à la sécheresse extrême, mais les leçons paraissent de plus en plus applicables au Croissant Fertile tout entier. “Le Moyen-Orient s'assèche”, dit Osnat Gillor, un professeur à l'Institut Zuckerberg qui étudie l'utilisation d'eaux usées pour l'agriculture. “Le seul pays qui ne souffre pas de stress hydrique aigu, c'est Israël”.

Un stress hydrique facteur décisif dans la tourmente qui déchire le Moyen-Orient, mais Bar-Zeev est convaincu que les solutions israéliennes peuvent également aider ses voisins assoiffés — et, dans le processus, rapprocher les vieux ennemis dans une cause commune.

Bar-Zeev reconnaît que l'eau sera sans doute une source de conflits dans l'avenir au Moyen-orient. “Mais je crois que l'eau peut aider à franchir le fossé, à travers des co-entreprises”,  dit-il. “Et une de ces co-entreprises est le dessalement”.

Au bord du désespoir

En 2008, Israël frôlait la catastrophe. Dix ans de sécheresse avaient grillé le Croissant Fertile, et la plus grande source d'eau douce d'Israël, la Mer de Galilée, avait baissé jusqu'à quelques centimètres de la “ligne noire” sous laquelle une infiltration saline irréversible aurait envahi le lac, le détériorant à jamais. Des restrictions d'eau furent imposées, et de nombreux cultivateurs perdirent une année de récoltes.

Leurs homologues en Syrie s'en tirèrent beaucoup plus mal. Alors que la sécheresse s'intensifiait et que le niveau de l'aquifère chutait, les agriculteurs de Syrie se lançaient à sa poursuite, forant des puits à 100, 200, puis 500 mètres de profondeur dans une course littérale vers le fond. Les puits finirent par s'assécher et les terres agricoles de la Syrie disparurent dans une épique tempête de poussière. Plus d'un million de paysans rejoignirent d'énormes bidonvilles en bordure d'Alep, Homs, Damas et d'autres villes, dans une vaine tentative de trouver un travail et une raison de vivre.

Et ceci fut, selon les auteurs de “Changement climatique dans le Croissant Fertile et conséquences de la récente sécheresse en Syrie”, un article de 2015 paru dans Proceedings of the National Academy of Sciences, l'allumette qui a réduit en cendres la Syrie. “Les périphéries urbaines de Syrie en croissance rapide”, écrivaient-ils, “marquées par les implantations sauvages, le surpeuplement, les infrastructures insuffisantes, le chômage et la criminalité, ont été négligées par le gouvernement Assad et sont devenues le coeur de l'agitation qui couvait”.

Des scénarios similaires se déroulent dans tout le Moyen-Orient, où sécheresse et effondrement agricole ont produit une génération perdue sans perspectives et où bouillonnent les rancoeurs. L'Iran, l'Irak et la Jordanie sont tous trois confrontés à des catastrophes hydriques. L'eau mène la région toute entière à des actes désespérés.

De l'eau plus qu'il n'en faut

A l'exception d'Israël. Extraordinaire : Israël a plus d'eau qu'il ne lui en faut. La situation a commencé à se renverser en 2007, quand toilettes et pommes de douche à basse consommation d'eau ont été installées dans tous le pays et que le service national des eaux a construit des systèmes innovants de traitement des eaux qui recapturent 86 pour cent de l'eau des égouts et l'utilisent pour l'irrigation — largement plus que le deuxième pays le plus efficace au monde, l'Espagne, qui en recycle 19 pour cent.

Mais même avec ces dispositions, Israël avait toujours besoin de 1,9 milliard de mètres cubes d'eau douce par an et n'en obtenait que 1,4 milliard depuis les sources naturelles. Ce déficit de 500 millions de mètres cubes expliquait pourquoi la Mer de Galilée se vidait comme une baignoire et que la pays était près de perdre ses paysans.

Le pays est confronté à une question qu'il n'aurait jamais imaginée auparavant : que faire de cette eau supplémentaire ?

C'est là qu'intervient le dessalement. L'usine d'Ashkelon, en 2005, a fourni 127 millions de mètres cubes d'eau. Hadera, en 2009, y a ajouté 140 millions de mètres cubes. Et maintenant Sorek, 150 millions de mètres cubes. Au bas mot, les usines de dessalement peuvent donner quelque 600 millions de mètres cubes d'eau par an. D'autres sont en route.

La Mer de Galilée est plus garnie. Les fermes d'Israël prospèrent. Et le pays est confronté à une question qu'il n'aurait jamais imaginée auparavant : que faire de cette eau supplémentaire ?

Diplomatie de l'eau

A l'intérieur de l'usine de Sorek, 50.000 membranes renfermées par des cylindres verticaux blancs, d'1,20 mètre de haut et 40,6 cm de diamètre, vrombissent comme des moteurs d'avion. Toute l'installation fait penser à un vaisseau spatial qui palpite avant le décollage. Les cylindres contiennent des feuilles de membrane plastique enroulées autour d'un tuyau central, et les membranes sont piquetées de pores d'un diamètre cent fois plus petit que celui d'un cheveu humain. L'eau se précipite dans les cylindres à une pression de 70 atmosphères et est poussée à travers les membranes, pendant que l'eau salée restante est rejetée à la mer.

Le dessalement était considéré comme énergivore, jusqu'à ce que les technologies avancées en usage à Sorek changent la règle du jeu. L'eau produite par dessalement ne coûte que le tiers du prix des années 1990. Sorek arrive à produire mille litres d'eau potable pour 51 cents d'euro. Les ménages israéliens paient environ 30 dollars U.S. (26,50 €) par mois pour leur eau — comme les ménages de la plupart des villes des USA, et bien moins qu'à Las Vegas (47 dollars, 41,50 €) ou Los Angeles (58 dollars, 51 €).

L'Association Internationale du Dessalement affirme que 300 millions de personnes reçoivent leur eau par dessalement, et que ce nombre croît rapidement. IDE, la société israélienne qui a construit les usines d'Ashkelon, Hadera et Sorek, vient de terminer l'unité de dessalement de Carlsbad en Californie du Sud, une cousine de ses installations israéliennes, et a un carnet de commandes bien rempli. Au niveau mondial, l'équivalent de six nouveaux Sorek sont mis en exploitation chaque année. L'ère du dessalement est arrivée.

Ce qui enthousiasme le plus Bar-Zeev, c'est l'opportunité d'une diplomatie de l'eau. Israël fournit la Cisjordanie en eau, comme requis par les accords d'Oslo II en 1995, mais malgré cela les Palestiniens continuent à recevoir beaucoup moins que leurs besoins. La question de l'eau s'est empêtrée dans les autres négociations d'un processus de paix embourbé, mais à présent, avec du nouveau à portée de main, de nombreux observateurs voient une possibilité de la dépolitser. Bar-Zeev a des projets ambitieux de conférence Eau Sans Frontières pour 2018, qui fera converger pour une rencontre des esprits.

Plus ambitieux encore, le projet à à 900 millions de dollars (795 millions d'euros) de canal Mer Rouge – Mer Morte, une co-entreprise entre Israël et la Jordanie de construction d'une grande usine de dessalement sur la Mer Rouge, où les deux pays ont une frontière commune, et de répartition de l'eau entre Israéliens, Jordaniens et Palestiniens. Les rejets salés de l'usine seront acheminés par une canalisation sur 150 kilomètres vers le nord à travers le territoire jordanien pour remplir à nouveau la Mer Morte, dont le niveau baisse d'un mètre par an depuis que les deux pays ont commencé, dans les années 1960, à détourner le seul fleuve qui l'alimente. En 2020, les deux vieux ennemis boiront du même robinet.

A l'autre bout de l'usine de Sorek, Bar-Zeev et moi nous mettons aussi à partager un robinet. Dérivé de la conduite principale où l'eau de Sorek pénètre dans le réseau israélien se trouve un simple petit robinet, flanqué d'un distributeur de gobelets en carton. J'ouvre le robinet et bois un gobelet après l'autre de ce qui était la Mer Méditerranée 40 minutes avant. Impression ? C'est frais, clair et miraculeux.

Le contraste ne pourrait être plus saisissant. A quelques kilomètres d'ici, l'eau a disparu et la civilisation s'est effondrée. Ici, une civilisation galvanisée a créé de l'eau à partir de rien. Pendant que nous nous abreuvons, Bar-Zeev et moi, et que le climat bout, je me demande laquelle de ces histoires sera l'exception, et laquelle, la règle.

Rowan Jacobsen a reçu le Prix de la Fondation James Beard pour ses ouvrages Fruitless Fall, The Living Shore, Shadows on the Gulf, parmi d'autres livres [aucun n'est traduit en français à ce jour]. Il écrit fréquemment dans Outside, Harper’s, Mother Jones, Orion et d'autres magazines, et son oeuvre est entrée dans les anthologies de Best American Science and Nature Writing et d'autres recueils. Son prochain livre, Apples of Uncommon Character, paraîtra en septembre. Son compte Twitter est @rowanjacobsen.