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Le travail en ligne, thérapie anti-chômage des internautes au Bénin

vendredi 4 décembre 2015 à 11:54
Atelier d E-learning Benin pour aider les jeunes béninois à entrer le marché du travail  via Banque Mondiale CC-BY-20

Atelier d E-learning Benin pour aider les jeunes béninois à entrer le marché du travail via Banque Mondiale CC-BY-20

dans un article intitulé Le travail en ligne : la nouvelle thérapie anti-chômage des jeunes béninois, publié sur le site ecceafrica.com, le blogueur  explique comment le travail en ligne est entrain d'aider les internautes béninois à lutter contre le chômage:

Rédiger un dernier article dans l’urgence, contacter un client sur Skype, corriger une vingtaine d’articles de ses rédacteurs, planifier les tâches de la journée suivante, avant d’envisager une pause. Depuis qu’il travaille en ligne, chaque jour est pour Gildas un nouveau défi, une aventure passionnante où il doit constamment donner le meilleur de lui-même. «Je suis content d’avoir trouvé ce créneau inespéré. Cela m’a permis de monter ma propre affaire en l’espace de quelques mois.», affirme-t-il entre deux clics. Cela fait bientôt quatre ans que Gildas, banquier de formation, écume des plateformes telles que Guru, Elance, Peopleperhour, Freelancer, Upwork, Greatcontent, ou encore Textbroker, pour décrocher des contrats de rédaction d’articles.

Grâce à ces différentes plateformes en ligne qui proposent des piges contre une rémunération plus ou moins attractive (en moyenne 5 dollars tous les 500 mots), plusieurs jeunes, à l’instar de Gildas, ont pu obtenir ce que ni les diplômes, stages bénévoles, ou autres demandes d’emploi n’étaient parvenus à leur procurer jusqu’ici : une situation professionnelle relativement stable.

Pékin étouffe sous une ‘Airpocalypse’ record le jour de l'ouverture de la COP 21

jeudi 3 décembre 2015 à 16:41
Beijing blankets in hazardous smoke of year’s worst record on November 30 of the UN climate change talk in Paris.  Image from United Nation's official Weibo.

Pékin enveloppé dans un brouillard de pollution nocif. Ce 30 novembre a battu les records de 2015, alors même que s'ouvrait à Paris la conférence de l'ONU sur le changement climatique. Photo du compte officiel Weibo de l'ONU.

“Pékin aujourd'hui…Smog. La conférence des Nations Unies sur le changement climatique s'ouvre aujourd'hui. A quoi s'attendre ?” a demandé le 30 novembre le compte de l'ONU sur Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, le jour du coup d'envoi pour le très attendu Sommet de Paris sur la question climatique.

“C'est à Pékin que la conférence devrait se tenir”, a rétorqué un internaute chinois, faisant allusion aux éphémères ciels bleus connus par la ville lors d'événements de haut niveau — tels la “Parade militaire dans le bleu” et l’ “APEC dans le bleu” — quand le gouvernement avait assuré la qualité de l'air en fermant les usines et en limitant la circulation.

Mais une fois de plus, Pékin est enveloppé dans un linceul de brouillard polluant. La ville a enregistré le pire record de l'année le 30 novembre, avec un taux de PM 2,5 frisant dans certains quartiers les 1000 μg/㎥, 100 fois le seuil considéré comme sans danger par l'Organisation Mondiale de la Santé. Le gouvernement chinois a lancé l'alerte orange, troisième niveau sur quatre, qui ordonne à la population de limiter les activités à l'extérieur et les chantiers de bâtiment, en vertu du Plan d'urgence de Pékin en cas de pollution atmosphérique importante.

Les PM 2,5 sont des particules de diamètre inférieur au cinquième d'un cheveu. Cette taille leur permet de pénétrer les poumons, et d'augmenter les risques de maladies cardio-vasculaires, de cancer pulmonaire, d'infarctus et d'AVC, et d'asthme.

The building of Central Television in Beijing shrouded in thick smog.  Photo from Weibo's user @Yaba

L'immeuble de la Télévision Centrale à Pékin dans un épais linceul de brouillard de pollution. Photo sur Weibo de @Yaba

Tandis que le Bureau pékinois de protection de l'environnement indique que le nombre de jours au premier semestre 2015 où la qualité de l'air est restée dans les limites de la santé publique était de 55, huit de plus que pour la même période l'année précédente, et que la concentration en PM 2,5 a baissé de 15,2 %, le maire de Pékin Wang Anshun a promis que le contrôle des PM 2,5 atteindrait 70 μg/cm² d'ici 2017, conformément au programme anti-pollution de 2013 du gouvernement central.

Aux discussions sur le climat de Paris le 30 novembre, le président chinois Xi Jinping s'est engagé à “réduire les émissions de dioxide de carbone de 60 à 65% par rapport à celles de 2005 et à accroître de 20 % la part des énergies de sources non-fossiles d'ici 2030.”

‘Pourquoi avoir censuré si hâtivement le documentaire de Chai Jing ?’

Le ciel marronnasse a rappelé aux gens le documentaire indépendant intitulé “Sous la coupole” diffusé en février dernier par Chai Jing, une journaliste connue qui travaillait pour la télévision chinoise d'Etat CCTV. Un internaute a noté :

辛辛苦苦盖的那些大高楼和地标建筑一夜之间全部消失,颤颤巍巍的走到路口却看不到马路对面的红绿灯到底是什么颜色。我就想问问牛逼的官员,当年为什么封杀柴静的人那么负责任,这治理雾霾的人怎么就能这么不负责?

Les principaux gratte-ciels et monuments disparaissent du jour au lendemain. Absolument impossible de voir la couleur des feux de circulation de l'autre côté  de la rue. Ma question aux agents publics est : Pourquoi s'est-on tellement dépêché de censurer le documentaire de Chai Jing ? Et ceux qui l'ont fait, pourquoi ont-ils décidé qu'aborder la question de la pollution atmosphérique est si irresponsable ?

Le documentaire de Mme Chai s'ouvre sur le récit de l'opération qu'a dû subir son bébé, né en 2013 avec une tumeur bénigne. Emue par la souffrance de son bébé, elle s'est lancée avec ses moyens personnels dans une enquête sur les usines de l'industrie lourde et la réglementation publique sur la pollution de l'air. Ses investigations ont révélé les intérêts particuliers cachés derrière Petroleum China et Sinopec, deux géants d'Etat de l'énergie monopolisant le marché intérieur. Elle s'est rendue dans plusieurs pays occidentaux comme le Royaume Uni et les Etats-Unis, pour explorer les voies d'un meilleur contrôle des émissions polluantes.

C'était la première fois qu'un journaliste chinois portait la question de la pollution de l'air sur la place publique, au-delà de quelques erreurs scientifiques et du manque de données statistiques exactes dans le film.

Conscients du potentiel de pressions que le documentaire pouvait faire naître dans l'opinion, les censeurs ont par la suite retiré le documentaire des sites internet du pays, dont celui de la voix du gouvernement, le Quotidien du Peuple, et tué dans l'oeuf le débat passionné en ligne avant la session annuelle du Congrès National du Peuple.

La couverture des médias locaux reste superficielle

Le documentaire poussant à la réflexion de Mme Chai exposait les intérêts privés de deux magnats de l'énergie nationale et l'application laxiste par les services de l'environnement des normes de pollution aux entreprises de l'industrie lourde.

L'enquête de Mme Chai est exceptionnelle, car les reportages approfondis sur les acteurs qui ont intérêt au statu quo environnemental sont rares dans les médias chinois, plus intéresés par les dispositions individuelles pour protéger sa santé, et les mesures administratives pour les journées déjà noyées dans le smog.

“Qu'il s'agisse d'articles sur le brouillard ou sur d'autres questions environnementales, les médias intérieurs doivent endosser le fardeau de la responsabilité”, soulignait l'an dernier un éditorial du Quotidien du Peuple, “de fournir au public des articles plus scientifiques et plus approfondis, et de faire l'effort de présenter une bonne image du pays”.

Edward Wong, chef du bureau pékinois du New York Times, a suggéré que l'agence d'information d'Etat Xinhua mette à profit son statut pour creuser plus profond les causes de la pollution de l'air :

Xinhua devrait faire du journalisme et utiliser son 内参 pour écrire des articles publics sur les intérêts en cause dans la pollution.

Retour sur une catastrophe écologique : les boues toxiques ravagent le fleuve Rio Doce au Brésil

jeudi 3 décembre 2015 à 15:26
Linhares (ES) - A lama vinda das barragens da Samarco com rejeitos de mineração seguem ao longo do leito do Rio Doce em direção à sua foz, localizada em Regência, Linhares (Fred Loureiro/Secom ES)

La coulée de boue déversée par le barrage Samarco a atteint l'embouchure du Rio Doce dans l'Etat brésilien de Espírito Santo. Photo: Fred Loureiro/Secom, avec autorisation de publication

 

Lorsque le poète brésilien Carlos Drummond de Andrade a écrit “Lira Itabirana” en 1984, il n'avait certainement pas imaginé que c'était une prophétie. “La rivière ? Elle est douce. La vallée ? Amère”, dit un vers.

Le 5 novembre, l'effondrement d'un barrage appartenant à la société minière Samarco, une joint-venture entre Vale (Brésil) et BHP Billinton (Australie), a déversé  62 milliards de litres de déchets miniers dans le Rio Doce (la ”rivière douce” ) au sud-est du Brésil.”Si seulement la charge était plus légère” écrivait Drummond de Andrade il y a 30 ans.

Après s'être écoulée sur plus de 600 kilomètres avec le Rio Doce, ravageant plusieurs villes que le fleuve traverse, la boue a commencé à se déverser dans l'océan Atlantique dans la semaine du 23 novembre.

Si l'impact des déchets toxiques sur le lit de la rivière est déjà extrêmement préoccupant, les experts avertissent que les dommages causés à l'écosystème marin pourraient être encore plus graves, car il est plus vulnérable que les cours d'eau terrestres. Le biologiste André Ruschi, directeur de la station-école biologique Augusto Ruschi dans l'État de Espírito Santo, dit que les boues peuvent “décimer le Pantanal“, la plus grand zone humide tropicale du monde.

L'embouchure du Rio Doce est à proximité d'un lieu de nidification de tortues luth, les plus grandes tortues des côtes brésiliennes. Le moment ne pourrait être pire : novembre est la saison des amours pour les tortues. Le Tamar Project a pris l'initiative de déplacer les nids de la plage, mais on ignore ce que les effets à long terme seront car les tortues reviennent toujours au même endroit pour pondre leurs œufs, année après année.

 

Chronologie d'un écocide

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Les poissons morts sur les rives de la rivière après le passage de la boue. Photo: Apurinã Krenak / Facebook

Le barrage effondré, appelé “Fundão”, est situé dans la partie orientale de l'Etat de Minas Gerais, près de la ville de Mariana. Non loin de Mariana est situé Bento Rodrigues, un village de 600 personnes qui a été complètement englouti par l'avalanche toxique et risque d'être rayé de la carte. Sept personnes sont mortes et 12 sont toujours portées disparues, dont neuf employés de Samarco.

L'impitoyable coulée de boue a surfé sur le Rio Doce pour frapper d'autres villes et d'atteindre l'état de Espírito Santo. Au total, environ 800 000 personnes ont été touchées par des coupure d'eau.

Samarco et Vale ont réussi à fournir 250 000 litres d'eau dans des camions-citernes à la population de Governador Valadares, une ville de  240 000 personnes (le plus grand centre de population dans l'est du Minas Gerais), mais il a vite été découvert que cette eau contenait de grandes quantités de kerosene, ce qui la rend impropre à la consommation.

Ce ne fut pas l'unique tentative maladroite de Samarco pour atténuer l'impact de la catastrophe depuis le 5 novembre. Dans la semaine qui a suivi l'effondrement du barrage, la société a donné une conférence de presse affirmant que la boue n'était pas toxique, mais deux analyses en laboratoire menées par les villes de Governador Valadares et Baixo Guandu ont détecté un niveau élevé de fer et d'autres métaux tels que le mercure.

Des experts ont expliqué que même si la composition des rejets de mines n'est pas toxique en elle-même, la boue agit comme une éponge et absorbe d'autres polluants dans la rivière.

a cidade de Barra Longa MG fotos dos transtornos causados pelo mar de lama tóxica pelo rompimento da barrragem de Rezidos,fotos do Sr Antonio Pedro da Costa marador Atingido pelos Rezidos da Barragem

Un habitant de Barra Longa, l'une des villes frappées par la coulée de boue . Photo: Antonio Cruz/Agência Brasil CC 3.0

Le gouverneur de l'Etat de Minas Gerais, Fernando Pimentel, du Parti des travailleurs qui est au pouvoir, a donné une conférence de presse au siège de Samarco. Il a pris la défense de la société et demandé ‘de la prudence’ avant de la montrer du doigt. L'attitude du gouverneur a provoqué des critiques. Fabrício Costa, qui est originaire de Minas Gerais, a commenté sur sa page  Facebook :

Alguém imagina, após o desastre em Fukushima, o Primeiro-Ministro japonês, Shinzo Abe, indo até a sede da empresa que administra a usina nuclear, e de lá conceder uma entrevista dizendo que a empresa tem feito a sua parte para amenizar os danos às vítimas e ao meio-ambiente? […]

Da mesma maneira, como postou Maurício Caleiro, “imaginem o Obama na sede da Exxon, assegurando que a empresa está tomando todas as atitudes?” […]

Pois foi isso que aconteceu no meu estado. O Governador Fernando Pimentel, fazendo as vezes de relações públicas da empresa, vai até a Samarco e de lá dá uma entrevista coletiva dizendo que a mesma empresa que causou esse ecocídio está fazendo de tudo para amenizar os danos e que “não podemos apontar culpados, sem uma perícia técnica mais apurada.

 

Peut-on imaginer, après la catastrophe de Fukushima, le Premier ministre japonais Shinzo Abe aller au siège de la société qui gérait la centrale nucléaire et de là, donner une conférence de presse en disant que l'entreprise fait tout ce qu'elle peut pour limiter les dégâts infligés aux victimes et à l'environnement? […]

De même, comme Maurício Caleiro le dit : “Imaginez Obama au siège d'Exxon, assurant que l'entreprise prend toutes les mesures nécessaires”. […]

Voilà exactement ce qui est arrivé dans mon Etat. Le gouverneur Fernando Pimentel, devenu attaché de relations publiques pour la société, va à Samarco et de là, donne une conférence de presse en disant que la société qui a causé cet écocide fait tout ce qu'elle peut et que “nous ne pouvons pas formuler des accusations avant les résultat de l'enquête technique.”

L'accès des médias brésiliens aux sites affectés a été restreint, sous le contrôle de Samarco. Les habitants des villages frappés par la coulée de boue ont été relogés dans des hôtels qui eux aussi restreignent les contacts avec la presse (heures de visite limitées). Les travaux de pompage et nettoyage sont conduits par Samarco/Vale, qui, au jour de publication de ce post au Brésil, n'avait toujours pas fourni d'explications sur la ou les causes de la catastrophe.

Le gouvernement fédéral a fixé une amende de R$250 millions pour Samarco ($70 millions). En 2014, les revenus de la société s'élevaient à environ R$7.6 billion ($2 milliards).

La fin du Rio Doce ?

Le désastre est déjà surnommé le “Fukushima brésilien”. Les images choquantes de dévastation, le manque de réponses sur les causes de l'accident et l'attitude passive du gouvernement local et fédéral ont scandalisé la population et provoqué sa colère.

Le petit village de  Bento Rodrigues, inconnu de beaucoup de Brésiliens, est devenu le centre d'un débat sur l'échec apparent de la politique environnementale du Brésil. Une vieille vidéo montrant la vie à Bento Rodrigues avant la catastrophe a fait le tour des pages Facebook :

A propos de la vidéo, l'éditorialiste du journal O Globo Cora Ronai a écrit sur sa page Facebook:

Penso nas vidas que já não existem, nas vidas delas e nas vidas de tantas outras pessoas afetadas por esta tragédia. Penso nos vilarejos pequenos de que nem estamos ouvindo falar, nos bichos, nas modas de viola, nas tardes desaparecidas, no sossego que nunca mais, e sinto uma tristeza enorme, uma raiva profunda e uma vergonha indescritível por viver num país tão negligente e irresponsável.


Je pense aux vies qui n'existent plus, à leur vie, aux vies de tant d'autres personnes affectées par cette tragédie. Je pense aux petits villages dont nous n'entendons même pas parler, aux animaux, aux chansons de la campagne, aux après-midis disparus, à l'insouciance disparue à jamais, à l'insouciance qui ne reviendra plus jamais, et je ressens une immense tristesse, une colère profonde, et une honte indicible de vivre dans un pays aussi négligent et irresponsable.

La boue toxique a contaminé terre et l'eau, tuant une grande partie de la faune et de la flore sur son chemin. Les biologistes et les écologistes craignent que cela puisse modifier le cours de la rivière et sa faune pour toujours, car la boue est probablement installée dans son lit, modifiant la morphologie du cours d'eau. Des inquiétudes sur la disparition des espèces endémiques de la région circulent également.

Luiz Carlos Azenha a téléchargé une vidéo sur Vimeo des poissons morts:

Le biologiste Maurício Ehrlich a confié au journal Folha de São Paulo que la boue pourrait transformer les rives en “déserts de boue” et que la reconstitution du sol pourrait prendre des centaines d'années (le cycle géologique pour la constitution d'un nouveau sol ).

Mais si les autorités brésiliennes sont accusées d'une inertie voulue afin d'atténuer les impacts de la catastrophe, les citoyens ordinaires ont pris rapidement les choses dans leurs propres mains. Les résidents, les pêcheurs, les scouts et les biologistes ont mis en place des opérations surnommées “Arches de Noé», pour sauver différentes espèces animales de la rivière avant l'arrivée de la boue. Les villes voisines ont aussi rapidement donné de l'eau pour les villes touchées par la coulée.

“Arche de Noé” : des volontaires récupèrent des espèces du Rio Doce avant que les boues toxiques arrivent. #PrayForMarianapic.twitter.com/7LQS0VIgDh

Le Groupe indépendant pour l'analyse de l'impact environnemental (GIAIA) a créé un groupe Facebook, Le groupe d'action des citoyens scientifiques, pour guider ceux qui sont intéressés dans les protocoles de base à suivre pour prélever des échantillons d'eau de la rivière, afin qu'ils puissent être analysés plus tard.

GIAIA a également lancé une campagne de dons pour couvrir le coût d'une étude indépendante sur l'impact environnemental de la boue. En quelques jours, les groupes ont reçu plus de R$70,000 (US$ 18 000), presque 50% de plus que la somme demandée.

Outre ces initiatives citoyennes, beaucoup font valoir qu'il est essentiel de punir les responsables de la tragédie : des  pétitions circulent, exigeant des sanctions envers la compagnie, le gouvernement, et la justice pour les victimes. Le mot-clic #Pasunaccident (#NãoFoiAcidente) a fait son apparition sur les médias sociaux.

#Pasunaccident

Minas Gerais veut littéralement dire  “mines generales”. Ce n'est pas par hasard : depuis l'époque coloniale, les mines sont vitales pour les revenus de cet état, ce qui a entrainé des relations très étroites entre le gouvernement et les groupes miniers.

Ces liens sont encore plus évidents dans les villes proches des mines. Environ 80% of des recettes de la ville de Mariana, par exemple, proviennent de la mine Germano que possède Samarco. Cependant, dans tout le Minas Gerais, il n'y a que quatre inspecteurs pour surveiller plus de 700 barrages de retenues de déchets miniers. Selon un membre du Mouvement des personnes affectées par les barrages (MAB), le Minas Gerais a au moins 50 barrages à risque d'effondrement.

Le 18 novembre, la société a admis que deux autres barrages de la région, Santarém et Germano, risquent aussi de s'effondrer. Le barrage Germano, le plus important, est celui dont l'état est le plus délabré.

Mariana (MG) - Distrito de Bento Rodrigues, em Mariana (MG), atingido pelo rompimento de duas barragens de rejeitos da mineradora Samarco (Antonio Cruz/Agência Brasil)

Village de Bento Rodrigues à Mariana (MG), détruit après le passage de la coulée de boue . Photo: Antonio Cruz/Agência Brasil CC 3.0

Le journal de l’Institut d'art et de communication sociale de l'université fédérale de  Fluminense fait référence à un rapport technique de 2013, commandé par le procureur de l'Etat de Minas Gerais, qui avertissait des risques d'effondrement des barrages Samarco.

Il souligne aussi que le groupe australien BHP Billinton a été impliqué dans un désastre similaire en Papouasie-Nouvelle Guinée dans les années 80, au cours duquel des millions de déchets miniers ont été déversés dans la rivière Ok Tedi, affectant l'existence d'environ 50000 riverains.

Vale, l'autre compagnie derrière Samarco, n'est pas non plus une petite entreprise.C'est le troisième groupe minier au monde, qui opère sur cinq continents. D'abord société d'Etat, il a été privatisé en 1997 lors d'une vente entachée d'irrégularités qui n'ont jamais fait l'objet d'une enquête. 

Les deux sociétés, en théorie, ont des compétences en gestion de crise, mais elles ont été accusées d'utiliser Samarco comme bouclier pour se tenir à distance des médias après la catastrophe.

Qu'il s'agisse d'un accident ou non, la douleur des Brésiliens est évidente. Dans le mini documentaire “Doce Rio” mis en ligne, le gouverneur autochtone Caíque Castro assure que “avec tout ce que nous affrontons, la foi ne doit pas faiblir”.

Sur Twitter, le Guide suprême iranien accuse les Etats-Unis d'être responsables des conflits actuels

mercredi 2 décembre 2015 à 22:30
The Supreme Leader's YouTube video called "Satan's  Confessions" on the United States foreign policy on Iran.

La vidéo YouTube du Guide suprême s'intitule “Les confessions de Satan”, et parle de la politique étrangère des Etats-Unis vis-à-vis de l'Iran.

L'état actuel du monde est inquiétant. Que l'on pense aux attaques récentes en France, au Liban, au Mali, au Nigeria ou en Tunisie, à l'état d'urgence militaire à Bruxelles, ou encore aux guerres qui sévissent en Irak, en Syrie et au Yémen, la liste des conflits armés dans le monde est longue et ne cesse d'augmenter. C'est dans ce contexte opportun que le Guide suprême iranien, l'Ayatollah Ali Khamenei, a choisi de faire savoir son opinion sur ces problèmes mondiaux avec une série de tweets, présentés comme des bribes de ses discours et des rencontres du jour.

Dans ces messages, il attire l'attention sur ce qu'il voit comme des politiques destructrices et hypocrites des États-Unis et de leurs alliés, et montre aussi qu'il ne remet pas du tout en question les politiques du gouvernement iranien. Il est nécessaire de souligner ici que l'Iran a un président élu, mais dans les faits, la figure religieuse et non élue du Guide Suprême détient le pouvoir de décision final.

La vidéo ci-dessous, postée sur son compte Twitter le 1er novembre 2015, résume les sentiments d'Ali Khamenei à l'égard des États-Unis, appelés dans la rhétorique iranienne le “Grand Satan“, et ce en dépit des accords conclus en juillet entre l'Iran, les États-Unis et les pays du groupe P5+1. La vidéo fait le lien entre toute forme de protestation locale ou de mouvement d'opposition en Iran et une influence américaine, voire une infiltration.


Ali Khamenei tient un compte Twitter en anglais, sous le nom de @khamenei_ir, souvent complété par des traductions en arabe et en espagnol sur les comptes @khamenei_ar and @khamenei_es. Bien que Twitter soit bloqué en Iran, et que le compte ne soit pas certifié comme appartenant réellement à Ali Khamenei, les photos exclusives et les informations qui y sont publiées portent à croire que c'est bien le bureau d'Ali Khamenei qui gère le compte. Le compte en persan de l'Ayatollah, @farsi.khamenei.ir, est inactif depuis mai 2015, suggérant que son bureau utilise Twitter comme un outil diplomatique pour faire savoir son point de vue en dehors de l'Iran.

Ci-dessous un aperçu des tweets d'Ali Khamenei ces trois derniers jours [article initialement publié le 21 novembre 2015].

“M. Poutine est un homme exceptionnel dans le monde d'aujourd'hui”

Le jeudi 23 novembre, Ali Khamenei a participé à une série de visites d'Etat, et plusieurs tweets rapportent des bribes de discussions entre lui et le chef d’État invité. Le thème qui ressort est l'intervention négative des États-Unis dans les conflits régionaux.

Dans ses discussions avec le Président nigérian Muhammadu Buhari, Ali Khamenei semble arriver à la conclusion que les problèmes que posent des groupes comme Daech [ou groupe Etat Islamique] et Boko Haram au Nigéria, à l'Iran mais aussi à toute la région, sont exacerbés par les États-Unis et “l'Occident”.

C'est une erreur que de placer un espoir dans la coopération et l'aide des États-Unis et de l'Occident dans la lutte contre contre des mouvements terroristes comme DAECH ou BokoHaram.

Tandis que la moyenne était à deux ou trois tweets pour la plupart des visites, celle du Président russe Vladimir Poutine a donné lieu à 16 tweets de l'Ayatollah et un album photo publié sur le son site farsi.khamenei.ir. Ces tweets consistaient surtout en un éloge de Vladimir Poutine, une critique des États-Unis, la mention de leur collaboration en Syrie, et un engagement : maintenir la souveraineté de Bachar al-Assad en Syrie, considérant qu'il était un “Président élu démocratiquement”.

M. Poutine est un personnage exceptionnel dans le monde d'aujourd'hui ; j'apprécie les efforts de la Russie sur la question nucléaire.

Le Guide suprême au Président russe : l'Amérique essaye toujours de mettre ses rivaux dans une situation de passivité, mais vous avez neutralisé cette politique.

Les décisions et les mesures de Moscou sur la question syrienne améliorent la position de la Russie et de M. Poutine lui-même dans la région mais aussi de manière plus globale.

Les États-Unis cherchent à dominer la Syrie pour dominer la région et ainsi se rattraper de leur échec à dominer le Proche-Orient par le passé ; ça nous menace tous, mais surtout la Russie et l'Iran.

Le Président syrien a été élu par des gens de points de vue politiques, religieux et ethniques très divers ; les États-Unis ne peuvent pas ignorer le vote des Syriens.

Toute solution pour la Syrie doit d'abord être connue et acceptée par le peuple syrien et les autorités.

Soulignant que les attaques russes sur les terroristes de Syrie continuaient toujours, Vladimir Poutine réclame une coopération Téhéran-Moscou et souhaite une solution politique en Syrie.

Vladimir Poutine lundi, face au Guide suprême : L'Iran est un allié de confiance, personne ne peut décider à la place du peuple syrien.

Au beau milieu de la guerre qui fait rage en Syrie, Bachar Al-Assad a été réélu Président en 2014, avec presque 90% des voix. Le vote ne s'est tenu que dans des zones du pays encore contrôlées par ses forces ; l'Union Européenne et les États-Unis avaient condamné cette élection jugée une mascarade.

La Russie et l'Iran ont été des fervents défenseurs et des alliés de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre civile en 2011, lui fournissant une aide militaire, des armes, des entraînements et des conseillers. Depuis septembre 2015, l'armée russe est déployée en Syrie pour combattre des groupes militants comme Daech à la demande de Bachar al-Assad, mais il est de notoriété publique que ses bombardements ont aussi frappé des groupes rebelles et des populations opposées à Bachar al-Assad.

Depuis le début de la guerre civile en 2011, les États-Unis ont offert un soutien à l'Armée syrienne libre, des rebelles modérés contre le gouvernement Assad. Depuis septembre 2015, les États-Unis sont aux côtés d'une coalition qui regroupe l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Qatar et le Bahreïn, qui a initié des frappes aériennes contre les bastions de Daech.

Soutien pour toute personne qui “affronte et résiste à l’oppression”

Une rencontre entre le Président irakien Fuad Masum et Ali Khamenei reflète les tensions sectaires dans le pays, attribuées à l'influence néfaste des Américains avec leur invasion très critiquée de l'Irak en 2003.

Les Irakiens ont vécu ensemble sans problème pendant des siècles, mais des pays de la région et des étrangers ont exacerbé les conflits ; il faut y remédier.

La situation en Irak ne doit pas donner motif aux États-Unis d'oser venir parler de la désintégration de ce pays.

Rencontre avec le Président irakien : Les Américains ne doivent pas être autorisés à voir l'Irak comme leur propre territoire, et agir ou parler de l'Irak comme bon leur semble.

Parmi les visites de ce week-end, il y a eu celle du Président bolivien Evo Morales. Là encore, le thème s'est concentré sur la politique américaine, et tout particulièrement sur ses efforts pour “ruiner” les cultures locales et les politiques menées en Amérique latine et au Moyen-Orient. Pendant cette discussion, Ali Khamenei a affirmé le soutien de l'Iran aux opprimés, où que ce soit dans le monde.

Rencontre avec le Président bolivien : Il est nécessaire d'affirmer notre volonté de nous opposer aux politiques des États-Unis qui veulent changer les identités des nations.

La République islamique d'Iran soutient toute personne, dans le monde entier, qui affronte et résiste à l'oppression et à la domination.

Ali Khamenei: L'arrogance des États-Unis alimente le conflit

Dans un discours devant les Bassidj, organisation paramilitaire d'Iran, l'Ayatollah a révélé son point de vue sur nombre de conflits actuels au Moyen-Orient, y incluant le mouvement brutalement réprimé au Bahreïn, la guerre civile au Yémen, le mouvement palestinien contre l'occupation israélienne, et les soutiens directs ou indirects à des organisations comme Daech.

Encore une fois, il a évoqué tous ces sujets en accusant les États-Unis d'avoir non seulement contribué à faire émerger Daech avec son intervention en Irak et dans la région, mais aussi de soutenir des pays comme le Bahreïn, l'Arabie Saoudite (qui dirige une coalition intervenant au Yémen au nom du gouvernement contesté du Président Abd Rabbuh Mansur Hadi), et Israël.

Des milliers de commandants des Bassidji venus des quatre coins du pays rencontrent le Guide Suprême.

Il y a un conflit mondial entre le mouvement de l'arrogance représenté par les États-Unis, et le mouvement des valeurs, et de l'indépendance et de l'identité nationale représentée par les Bassidji.

Sur le Bahreïn: Qu'est ce qui ne va pas dans les demandes du peuple du Bahreïn ? Ils demandent le suffrage universel. Ne prônez-vous pas la démocratie ? Existe-t-il quelque chose de plus clair ?!

Le peuple yéménite innocent est bombardé depuis maintenant des mois, pourtant les organisations des droits de l'homme soutiennent toujours les agresseurs… C'est ça, l'arrogance.

L'intifada palestinienne a commencé en Cisjordanie, et 60 ans après le début de l'occupation, les générations ont changé mais la cause palestinienne existe toujours.

L'arrogance soutient directement et indirectement les organisations terroristes les plus diaboliques en Syrie.

Le journaliste zambien et contributeur de Global Voices Gershom Ndhlovu n'est plus

mercredi 2 décembre 2015 à 21:12
Gershom Ndhlovu intervenant au Sommet  Global Voices Citizen Media 2015 à Cebu, Philippines. Photo par Jeremy Clarke. Utilisée sous licence Creative Commons

Gershom Ndhlovu intervenant au Sommet Global Voices Citizen Media 2015 à Cebu, Philippines. Photo par Jeremy Clarke. Utilisée sous licence Creative Commons

C'est avec une grande tristesse et douleur que nous annonçons le décès de l'un de nos membres actifs, Gershom Ndhlovu, à Basingstoke au Royaume-Uni, dimanche 22 novembre 2015, à l'âge de 51 ans.

Ndhlovu a rejoint Global Voices le 9 juillet 2010. Durant cette période de plus de cinq ans au sein de la communauté GV, il a contribué sans relâche, même quand il n'était pas dans son meilleur état de santé, avec des textes couvrant les événements économiques et socio-politiques dans son pays d'origine, la Zambie. Il a écrit un total de 136 articles.

Son premier billet, Zambia: Meet Zambian Citizen Broadcasters (Zambie: Les radiodiffuseurs citoyens), a été publié le 20 juillet, 2010. Le dernier, Zambia’s Master Class in Mishandling ICT Exams, (la Zambie maîtresse dans la manipulation des examens en matière de TIC), le 7 novembre 2015.

Voilà comment il se décrit dans son profil sur Global Voices :

Je suis un journaliste et blogueur zambien avec la passion de tout ce qui concerne la Zambie. Dans mes analyses des questions politiques, sociales et économiques de mon pays de naissance, certaines personnes pourraient se sentir offensées, ce qui de toute évidence n'est pas mon intention. Ma mission est de présenter les faits tels qu'ils sont. En tous cas, l'idée est de laisser une meilleure Zambie pour nos enfants et leurs enfants..

Gershom a travaillé au quotidien gouvernemental Zambia Daily Mail en Zambie pendant 12 ans en tant que rédacteur en chef adjoint pour les informations et plus tard comme rédacteur en chef adjoint du Sunday Mail. Il a étudié la communication de masse à l'Université de Zambie, et il a obtenu par la suite, en 2008, une maîtrise à l'Université de Winchester au Royaume-Uni où il a déménagé pour des raisons politiques. Il a poursuivi des études pour un diplôme de troisième cycle à la même université.

Gershom est le fondateur du site d'informations Zambia News Features et co-animateur du célèbre podcast du populaire site d'analyse de la politique ​​zambienne CrossFire Blogtalk Radio. Il écrivait également pour le blog Issues Over Matters.

En 2013, il a publié un livre intitulé “The Declaration of Zambia as a Christian Nation: Blessing or Curse (La déclaration de la Zambie comme une nation chrétienne: Bénédiction ou malédiction).

Gershom Ndhlovu à Cebu, aux Philippines, au cours de Global Voices Citizen Media Summit 2015. Photo de Facebook

Gershom Ndhlovu à Cebu, aux Philippines, au cours du Citizen Media Summit Global Voices de 2015. Photo Facebook

Un ancien ami et neveu a écrit:

Oncle Gershom Ndhlovu était un ancien collègue et ami. Je n'arrive pas à croire que tu es parti. Je me souviens l'an dernier, le 17 juillet, tu as pris un congé et suspendu ton programme chargé à Basingstoke pour te rendre à Londres afin de me rencontrer et de m'accompagner à la cérémonie de remise des diplômes de mon Université à Greenwich. Tu m'as invité à déjeuner en compagnie de ma mère Maria Kapambwe Kasolo et mes amis. Tu m'as gâté oncle Gersh en me donnant tout ce dont j'avais besoin en cette journée spéciale.

Comme si cela ne suffisait pas, tu nous as invités pour fêter à l'O2, avec mes amis Mutulu Shalyako Chilenga. Tu as vraiment coloré ma journée, tu m'as fait sentir spécial et aimé. Tu m'as traité comme un fils / frère avec mon homme Champo Nkonjela. Oncle Gersh, aussi longtemps que ce jour me restera dans la mémoire, je me souviendrai toujours de toi. Tu m'as laissé avec un selfie, tu nourrissais l'amour des selfies. Tu as aussi promis de venir faire un projet en Zambie avec moi, pourquoi t'en aller maintenant…? Que ton âme repose en paix éternelle. Tu vas beaucoup nous manquer.

Son ami Benjamin Esau-Mkono se souvient de la première fois qu'il a rencontré Gershom après avoir été amis sur Facebook :

En novembre 2010, j'ai eu un ami Facebook, Gershom Ndhlovu. Quand je l'ai informé que je me trouvais dans le pays de la Reine, il a insisté pour que nous nous rencontrions. Il m'a invité chez lui, à Basingstoke. J'avais prévu une visite d'une journée, mais il a insisté, j'ai passé une nuit là-bas, dans sa maison ; il a tout arrangé.

Après un peu de boissons, nshima et tout le reste, nos discussions ont continué au Pub de la Lloyd à côté. Les discussions étaient sans fin, de la façon dont il est entré dans le milieu de la politique en Zambie, à comment il a fini au Royaume-Uni et à la façon dont les médias sociaux sont en train de redéfinir la gouvernance (accès à l'information) en Afrique et au-delà […]

Maintenant, ce 22 novembre 2015, ce blogueur, journaliste, père, oncle n'est plus. La vie est une bougie exposée au vent ! Chut !

Hamba Kahle ! Reposez-vous bien, ba Gersh !

Gershom Ndhlovu sera profondément regretté dans la communauté Global Voices. Nos plus sincères condoléances vont à sa famille, à ses amis et à la communauté zambienne  des médias. Que son âme repose en paix.