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Bangladesh: Lancement de la campagne ‘un milliard se lèvent'

jeudi 4 octobre 2012 à 20:34

Pour mettre fin à la violence envers les femmes et les jeunes filles une nouvelle journée d'action va être mise en place au Bengladesh le 14 février 2013, avec pour slogan “faire grève, danser, se lever”. L'événement aura lieu à l'occasion du 15ème anniversaire du mouvement V-Day.

Pour marquer cette journée, la campagne un milliard se lèvent a été lancée à Dacca le 13 septembre 2012. Des féministes éminentes et des activistes des droits humains représentant différentes organisations ont pris part à la cérémonie de lancement qui s'est tenue au Goethe Institut de Dacca.

Le mot “milliard” fait référence au milliard de femmes rescapées de mauvais traitements; 160 pays, dont le Bangladesh, ont déjà mis en place de nombreux projets qui convergeront pour le 15ème anniversaire du V-Day.

 

One Billion Rising Logos in different languages including Bangla

Les logos de “Un milliard se lèvent” dans différentes langues, y compris en bengali

V-DAY est un mouvement activiste mondial, et chaque étape de cette campagne a pour objet de mettre fin progressivement aux violences faites aux femmes et aux jeunes filles. L'écrivaine de théâtre et actrice américaine Eve Ensler, et son organisation V-Day, sont à l'origine de la campagne Un milliard se lèvent.

L'équipe de la campagne et ses partenaires travaillent au Bangladesh pour les mêmes objectifs. Grâce à cette initiative des millions de femmes et d'hommes, dans le monde entier, peuvent dire : “Assez! la fin de la violence, c'est maintenant”. Eve Ensler a produit un court-métrage sur le sujet, dont voici la bande-annonce :

 

Une femme sur trois sur la planète est battue ou violée au cours de sa vie. Selon les statistiques, un milliard de femmes seraient victimes de violence dans leur vie.

V-Day sera déclaré le 14 février 2013 pour que cesse la violence à l'égard d'un milliard de femmes et de jeunes filles. Ce jour-là les femmes n'effectueront pas de tâches pénibles, n'iront pas sur leur lieu de travail, et ne resteront pas chez elles. Ce jour-là elles participeront aux programmes d'activités mis en place pour que cesse la violence.

Au Bangladesh, le lancement de la campagne a été l'occasion de récitals de poésie, de lectures de texte, de gonosangeet (chansons mimées) et de danses. Voici quelques photos de ces activités, avec l'autorisation de  la page Facebook  Un milliard se lèvent au Bangladesh

Quelques responsables lors du lancement de “un milliard se lèvent au Bangladesh”

Dance performance by Shadhona

Danse de Shadhona

Les hommes aussi se lèvent.

Shayan chante sur le comportement des hommes envers les femmes.

La violence faite aux femmes au Bangladesh

Le Bangladesh compte 160 millions d'habitants et le ratio hommes/femmes est de 100 pour 106. Les femmes sont fréquemment victimes de violence et de harcèlement, chez elles et à l'extérieur.

Selon un rapport des Nations Unies sur le Développement Humain, le Bangladesh est le pays qui enregistre le plus grand nombre de viols pour l'Asie du Sud. Statistiquement, ici, une femme sur 1000 est violée. De plus, selon un rapport établi par les autorités de police, 174 691 femmes ont fait l'objet de violence entre 2001 et 2012 (juin), dont des attaques à l'acide, des enlèvements, des meurtres après viols, des trafics, des meurtres, des violences à cause des dots, etc.

Les actions des autorités ne suffisent pas à protéger les femmes de toutes ces formes de violence. ZaZafree écrit dans sont blog Change and be the change (change et sois le changement) [en bengali] :

শুধু সরকারী উদ্যোগে এবং নারীদের নিজেদের মধ্যে সচেতনতা বৃদ্ধিই নারী নির্যাতন রোধে যথেষ্ট নয়। এ জন্য মূলত এগিয়ে আসতে হবে পুরুষকে। নারী নির্যাতন প্রতিরোধের মিছিলে সবার অগ্রে থাকা চাই পুরুষের। নারী নির্যাতিত হচ্ছে পুরুষের মাধ্যমে আর তাই নারী নির্যাতন রোধে পুরুষই পারে সবচেয়ে বড় ভূমিকা রাখতে।

Les seules initiatives du gouvernement et la prise de conscience des femmes ne suffisent pas à empêcher la violence envers les femmes. Il faut que les hommes s'engagent. Les hommes doivent être en première ligne dans les manifestations contre la violence envers les femmes. La plus grande part des violences exercées contre les femmes vient des hommes, et ce sont eux qui doivent jouer le plus grand rôle pour mettre fin à ce problème.

Nazim Farhan Chowdhury dans un tweet :

@nazimfarhan: je me LEVE parce que la violence ne peut engendrer que la violence! #onebillionrisingbangladesh #Bangladesh

Poroma Kanya tweete :

Lancement de @OneBillionRising Bangladesh……le 13. Pourquoi vous levez-vous(#Rising)?

De nombreuses organisations ont rejoint l'initiative, dont Aide et Action, Ain o Salish Kendra, Blast, BNPS, Brac, Fondation Manusher Jonno, Care Bangladesh, Kormojibi Nari, Nijera Kori, TEDxDhaka et Oxfam.

 

Pérou: La monoculture met en danger l’eau d’Iquitos

jeudi 4 octobre 2012 à 15:58

[Tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]

Voici la troisième et dernière partie d’une série de trois billets concernant la problématique de l’eau dans la ville d’Iquitos. Lire la première et la deuxième.

Le premier billet de cette série servait d’introduction en ce qui concerne le problème de l’eau à Iquitos et la controverse au sujet de la prospection et l’exploration d’hydrocarbures effectuées par la compagnie internationale ConocoPhillips dans le bassin de la rivière Nanay. Le deuxième billet présentait plus en détail le cas de ConocoPhillips et décrivait aussi les actions menées par des organisations comme le Comité de l’eau pour protéger la rivière et assurer l’approvisionnement en eau d’Iquitos.

Ce troisième et dernier billet concerne la monoculture dans le bassin de la rivière Nanay et la polémique engagée entre ceux qui soutiennent ce genre de culture et ceux qui conseillent de l’éviter.

Ce combat pour l’eau d’Iquitos n’est pas sans risque. Le chercheur de l’IIAP (Institut de recherche de l’Amazonie péruvienne pour les sigles en espagnol) José Álvarez, a publié un article intitulé Monoculture autour du Nanay ? Non, merci, dans lequel il signale les raisons qui poussent l’IIAP à déconseiller  la culture du palmier à huile dans le bassin du Nanay, notamment dans le bassin de la Quebrada Curaca, affluent du Nanay, contigu à la zone tampon de la Réserve nationale Allpahuayo-Mishana. Certaines de ces raisons sont :

- Le bassin du Nanay approvisionne en eau potable la population d’Iquitos et les populations voisines. Une quelconque modification de la couverture végétale peut mettre en danger la production de cet élément vital, que ce soit en quantité ou en qualité. Les plantations industrielles de palmiers à huile impliquent non seulement l’abattage de grandes surfaces de forêt vierge, mais requièrent aussi l’utilisation de produits agrochimiques avec le risque important de contamination de l’eau qu’ils représentent.

- Les zones où il est prévu de mettre en place des plantations de palmiers à huile sont totalement recouvertes de forêt primaire très peu modifiée, n’ayant subi que quelques prélèvements sélectifs d’essences forestières et spécimens de faune sauvage. Protéger la forêt vierge amazonienne fait partie des responsabilités politiques de l’État péruvien et c’est aussi un engagement formel envers la communauté internationale, dans le cadre des mesures prises pour réduire les émissions de carbone et contribuer à limiter les impacts du changement climatique.

Reserva Allpahuayo Mishana, cuenca del Nanay, Loreto, Perú.

Réserve Allpahuayo Mishana, bassin du Nanay, Loreto, Pérou. Photo de Maholyoak sur Flickr. Publiée sous Licence Creative Commons (CC BY-NC-ND2.0) 

Mais cela n’a pas plu à tout le monde et un groupe de personnes, soi-disant des paysans de la région, se sont réunis pour manifester en faveur de la culture du palmier à huile et à l’encontre du chercheur José Álvarez, en arborant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « trafiquant de ressources naturelles » et en réclamant son expulsion du territoire national.

Dans une déclaration de soutien au chercheur, un groupe de citoyens d’Iquitos explique qu’après avoir discuté avec les manifestants, ces derniers ont déclaré avoir été informés qu’Álvarez « était responsable du fait que la culture du palmier à huile ne soit pas développée et que les crédits budgétaires du gouvernement à cet effet ne soient pas adoptés », ce qui fait croire que l’origine de ces attaques se trouve dans des milieux proches des autorités régionales.

Mais toutes les opinions ne vont pas à l’encontre de la culture du palmier à huile dans le bassin du Nanay. Certains sont pour, comme l’économiste Víctor Villavicencio la Torre, ancien responsable du développement économique du gouvernement régional de Loreto qui écrit :

Il est impératif d’adopter ou de définir une orientation politique régionale au sujet de la promotion et du développement d’une culture qui, ayant démontré être hautement rentable, pourrait constituer l’alternative permettant de sortir des centaines ou des milliers de paysans de la pauvreté, la prostration et la misère grâce à une alliance entre l’État et l’investissement productif.

Cette alliance doit écarter du jeu politique ces organismes non gouvernementaux qui reçoivent et gèrent de l’argent issu de pays qui, n’hésitons pas à le dire, sont les premiers à porter atteinte à l’environnement et à la biodiversité de nombreuses nations dans le monde.

Puis il explique quel doit être le rôle de l’État, selon lui :

L’État doit se fixer comme objectif immédiat la révision des lois régulant l’activité agraire et forestière, pour pouvoir ainsi arracher les banderoles progressistes arborées par cette « gauche caviar » de l’environnement et cesser d’être le spectateur passif des actions agressives qu’ils mettent en œuvre.

…trouvons un point de convergence évitant que les paysans, lassés de tant de promesses de changement, finissent par mettre le feu aux prairies et fassent ressurgir de la mémoire collective les terribles événements de Cajamarca, Espinar, Madre de Dios et Bagua. C’est ça que nous voulons ? Oublions les revendications stupides et les cris stridents et battons des mains pour le palmier à huile car ce sera comme battre des mains pour la région de Loreto.

En guise de réponse, le susnommé chercheur et biologiste José Álvarez a publié un autre article intitulé Le sous-développement chronique dans lequel il expose les arguments suivants :

On raconte que les conservateurs ont dépensé des dizaines de millions dans des projets financés par de sinistres étrangers qui cherchent à freiner le développement de notre région. Cependant j’ai pu observer, depuis 30 ans que j'habite dans cette région, que les promoteurs du modèle raté de développement agricole et d’industrie extractive, que nous allons appeler « les partisans du sous-développement », ont dépensé non pas des dizaines mais des milliards de sols : […] projets agricoles ratés, salaires de fonctionnaires et consultants, infrastructure agricole improductive (usines de farine de yucca, moulins à riz, usines laitières, usines de conditionnement de cœurs de palmiers, etc.) […] La question est la suivante : quelqu’un a-t-il empêché le développement sans limites de l’agriculture et de l’élevage dans la forêt amazonienne pendant toutes ces années dans la région de Loreto ? Non.

Et il ajoute:

Mais leur ineptie n’a pas été gratuite : grâce à ces devis et ces projets, les « partisans du sous-développement » se sont rempli les poches avec les commissions, aides, pots-de-vin, enquêtes, cabinets-conseil, consultants, postes bureaucratiques, études de faisabilité, plans de développement, plans d’investissement, avant-projets, projets et aides, sans que les populations autochtones et indigènes aient vu leur qualité de vie s’améliorer mais au contraire plutôt se détériorer.

Mais les entrepreneurs sont toujours très intéressés par les possibilités que représentent les 620 000 hectares de la région de Loreto qui, selon le ministère de l’Agriculture, sont aptes à la culture et ils se chargent d’en faire la promotion.

Par ailleurs, les universitaires et les chercheurs continuent à apporter des données et des études concernant le danger que la culture du palmier à huile représente pour le fragile écosystème amazonien. Ils alertent d'une part sur le fait que les entreprises présentent les plantations de palmiers à huile comme une activité de reboisement, et d'autre part sur les primes accordées à cette culture par le gouvernement.

Même le président Ollanta Humala, lors d’une récente conférence de presse, a fait référence à une zone amazonienne, l’Alto Huallaga, comme ayant du « potentiel pour l’agro-industrie, pour le café, le cacao, les palmiers à huile, les arbres fruitiers ».

Il est donc facile de voir qu’il n’existe pas, parmi tous les acteurs impliqués, de consensus clair au sujet de la politique officielle à tenir. D’un côté, ceux qui encouragent les investissements à grande échelle et de l’autre, ceux qui défendent l’environnement. Le problème étant aggravé par le fait que les possibilités de dialogue ne sont pas nombreuses, à l’image du manque d’information précise et transparente dont auraient bien besoin les citoyens.

Billet publié à l’origine sur le blog personnel de Juan Arellano.

35 millions de Brésiliens émergent de la pauvreté, mais les inégalités demeurent

jeudi 4 octobre 2012 à 15:42

[liens en anglais sauf mention contraire] Il semble que la campagne des Nations Unies pour mettre fin à la pauvreté d'ici à 2015 est un défi parmi d'autres à relever par de nombreux pays à travers le monde, bien que quelques pays soient plus proches de l'atteindre que d'autres.

Le Brésil, le plus grand pays d'Amérique du sud avec une population de 194 millions de personnes, a capté l'attention du monde entier pour sa performance : 35 millions de Brésiliens ont échappé à la pauvreté au cours de la dernière décennie grâce à son économie en croissance rapide qui a par conséquent élargi la classe moyenne.

Economy Watch a écrit:

Au moins 53 pour cent de la population du Brésil - des 104 millions de Brésiliens - font désormais partie de la classe moyenne du pays, comparativement à seulement 38 pour cent il y a dix ans, selon une étude officielle du gouvernement, publiée jeudi […..] “Si la classe moyenne brésilienne formait un pays, il serait le 12e plus grand, derrière le Mexique, “

Les Favelas, ou bidonvilles urbains. Source: blog Formae Mentis NGO

Mais l'organisation Christian Aid doute des efforts du gouvernement pour lutter contre la pauvreté dans son rapport de 2012 “Le vrai Brésil: L'inégalité derrière les statistiques” [pdf] qui examine :

l'impact des diverses mesures de lutte contre la pauvreté mises en place par les deux gouvernements de Lula, en particulier les subventions Bolsa Familia, le programme de colonisation des terres pour les petits agriculteurs, la retraite plus tôt en milieu rural, et constate qu'elles ont eu peu d'effet sur l'inégalité. C'est parce que ce qui fait vraiment une différence pour les revenus des pauvres est leur salaire et, tandis que les hausses successives du salaire minimum du gouvernement Lula ont joué un rôle important dans la réduction de la pauvreté, ils n'ont pas réduit l'écart entre les salaires les plus élevés et les plus faibles.

Le programme Bolsa Familia anciennement connu sous le nom de Bolsa Escola a été créé en 1995 par le sénateur Cristovam Buarque, alors qu'il était gouverneur de Brasilia. Il a été transformé plus tard en un programme national par l'administration de Lula da Silva en 2003-2011.

Chiffres de la pauvreté au Brésil

Robson Leite, membre du Parlement de l'état de Rio de Janeiro, a écrit sur son blog [en portugais] que le Brésil a atteint l'objectif de réduction de la pauvreté mis en place depuis 25 ans:

De acordo com a 16ª edição do relatório do Ministério da Fazenda, “Economia Brasileira em Perspectiva”, divulgada no final de agosto, a queda da taxa de pobreza vai atingir 70% em meados de 2014, seja pela ação dos programas sociais inclusivos, seja pelo crescimento de oportunidades no mercado de trabalho para jovens.

Selon la 16e édition du rapport du ministère des Finances, “L'économie brésilienne en perspective”, publié à la fin du mois d'août, la baisse du taux de pauvreté atteindra 70% à la mi-2014, que ce soit à partir de l'action d'intégration des programmes sociaux, ou de l'accroissement des possibilités pour les jeunes sur le marché du travail.

Proportion of the poor in percent. Source: <a href="http://www.robsonleite.com.br/brasil-atinge-meta-de-reducao-da-pobreza-estabelecida-para-25-anos/">Robson Leite</a> Blog

Proportion de pauvres en pourcentage. Source: Robson Leite Blog

Tandis que le rapport mentionné ci-dessus met en garde:

Plus l'inégalité régionale et locale est élevée, plus faible est la possibilité d'échapper à l'inégalité à travers des mécanismes traditionnels - Transfert des revenus et création d'emploi formel.

Poverty and inequality. Source: OCED, Filips pagnoli blog

Pauvreté et inégalité. Source: OCDE, blog Filips pagnoli

A l'aide d'une longue liste d'articles et de dessins animés, Filip Spagnoli a défini sur son blog P.a.p.-Blog, Human Rights Etc. une série de causes de la pauvreté, tels que la dette extérieure, la mondialisation, le manque de liberté économique, l'absence de croissance économique, l'éducation, la surpopulation, la structure familiale, l'esclavage et la surpopulation:

si l'on veut réduire le nombre de personnes pauvres, on doit savoir ce qui les rend pauvres en premier lieu.

Dans son dernier article à propos de la hausse des prix des denrées alimentaires, il analyse en profondeur et dit:

….. Les personnes démunies, en effet, consacrent une part importante de leur revenu à la nourriture, ce qui signifie que les augmentations de prix ont un effet direct sur leur situation financière et peut même causer la faim. D'autre part, beaucoup de gens pauvres gagnent leur vie dans l'agriculture. La hausse des prix peut signifier des prix plus élevés pour eux. Les pauvres sont, cependant, de plus en plus pauvres en milieu urbain et pour eux des prix des denrées alimentaires plus élevés sont des mauvaises nouvelles absolues.  Donc, il n'est pas erroné d'attribuer la pauvreté à la hausse des prix alimentaires. Selon la Banque mondiale, les prix alimentaires ont poussé 44 millions de personnes dans la pauvreté en 2010-11.

Child labour in Brazil. Source <a href="http://www.un.org/works/sub3.asp?lang=en&amp;id=92">UN website</a>

Child labour in Brazil. Source UN website

Le Brésil est encore un pays qui a une longue histoire avec la pauvreté, qui a contraint en 2012 près de 1,4 millions d'enfants à travailler, selon des chiffres officiels publiés lors de la Journée mondiale contre le travail des enfants [pdf], le 12 juin.

Le travail des enfants au Brésil est un phénomène de nature éminemment rural. Selon cette étude, la majorité de ces enfants travaillent dans les zones rurales, où la pauvreté règne et les écoles sont peu nombreuses et dispersées.

L'étude comptabilise 304.415 enfants âgés de 5-10 ans (9,9%) et 755.973 enfants âgés de 11-14 ans (36,6%), tandis que dans l'ensemble, il y a quelque 1,4 millions d'enfants brésiliens âgés de 5 à 14 ans sur le marché du travail.

Dans le cas des enfants âgés de 11 à 14 ans qui vivent dans des familles dirigées par des femmes sans la présence d'un mari, environ 12,2 pour cent travaillent ou cherchent un emploi. D'autre part, près de 15 pour cent des enfants qui vivent avec des couples sont sur le marché du travail.

Alors qu'un débat est en cours sur les actions du gouvernement pour vaincre la pauvreté dans le pays, de nouvelles mesures continuent à être mises en œuvre, tels que les projets Dom Távora et Paulo Freire d'une valeur de 56 millions de dollars financés par le Fonds international des Nations Unies pour le Développement Agricole (FIDA ).

Les projets “portent les noms de célèbres éducateurs brésiliens et défenseurs des pauvres, et considèrent la connaissance comme l'outil central de lutte contre la pauvreté”.

Un chanteur italien encourage les Kazakhs à parler leur langue maternelle

jeudi 4 octobre 2012 à 15:15

Le chanteur-compositeur Son Pascal, de nationalité italienne, fait un tabac sur la scène musicale kazakhe. Pascal, qui a quitté Londres pour le Kazakhstan il y a moins d'un an, s'est fait une réputation dans le pays pour son interprétation cocasse de la chanson de Sting “Englishman in New York”. Sa parodie “Englishman in Shymkent” - Shymkent est une ville du sud du Kazakhstan - a attiré plus de 200 000 vues sur YouTube et est devenue le clip le plus recherché sur google.kz.

Cet été, sa notoriété dans ce pays d'Asie Centrale a explosé avec un nouveau titre dans un style décontracté, “You Should Speak Kazaksha” (Vous devriez parler kazakh). Produite par Alen Niyazbekov, cette chanson s'est vue propulsée instantanément en tête du hit parade sur les plateformes de partage de vidéos en ligne et a été reprise par les médias kazakhs. En implorant les Kazakhs entre autres à parler la langue nationale, Pascal s'est aussi fait des amis en haut lieu. En effet, les politiciens, dont le Président Nursultan Nazarbayev, se plaignent souvent de l'influence corrosive de la culture pop russophone et se sont exprimés sur le besoin d'agir en faveur de la promotion de l'usage du kazakh dans le domaine public.

La semaine dernière, Global Voices Online s'est entretenu avec Son Pascal. Nous lui avons posé quelques questions sur son amour pour le Kazakhstan et tout ce qui s'y rapporte.

Global Voices Online: Parallèlement à la chanson “You should speak Kazakhsha”, vous avez aussi produit une série de vidéos amateur intitulée “Паскальжан”(Paskaljan)” où vous apprenez le kazakh avec des internautes dans une ambiance informelle et divertissante. Comment en êtes-vous venu à apprendre le kazakh? Est-ce facile ou difficile en comparaison avec d'autres langues?

Son Pascal: Je n'ai pas vraiment appris le kazakh encore: je le parle juste un peu. Ce n'est pas si difficile que ça par rapport au russe mais le fait que tout le monde parle russe au quotidien veut dire que cela me prend plus de temps d'apprendre le kazakh. [Le russe est beaucoup pratiqué comme langue maternelle au Kazakhstan]

GVO: Quand avez-vous décider de rester ici et de composer de la musique au Kazakhstan?

Son Pascal: J'ai décidé de rester car j'ai compris que j'avais des chances sur ce marché et j'aime beaucoup vivre à Almaty [la plus grande ville de l'est du Kazakhstan].

GVO: “You Should Speak Kazaksha” est un chanson très populaire auprès des internautes. Quelle a été votre inspiration?

Son Pascal: Cette chanson a vu le jour vraiment facilement : j'étais en train de manger un shashlik (kebab en brochette) avec mon ami Gallardo (rappeur kazakh qui apparaît dans la vidéo) et nous étions en train de faire une jam avec mon ukelele.  Je crois qu'il est important pour un pays de ne pas oublier sa culture et ses racines. Tout comme je suis fier d'être Italien, vous devriez être fiers d'être Kazakhs.

Son Pascal en train de jouer du yhe dombra [instrument national kazakh].”Je ne connais pas les paroles de l'hymne national kazakh mais je sais en siffler la mélodie” confie le jeune artiste à Global Voices Online. Photo personnelle utilisée avec la permission de l'auteur.

GVO: Selon vous, quelle est l'importance de la musique pour la préservation d'une langue?

Son Pascal: La musique sous forme d'une chanson ou d'un opéra, c'est de la littérature, qui est l'un des éléments essentiels à la préservation et la diffusion d'une langue. Cela peut se traduire par un genre classique, tel qu'un poème de Abay [Abay Qunanbaiuli est un poète kazakh de renom du 19ème siècle] et cela peut passer par la culture populaire, comme une chanson de Beibit Korgan ou même de Son Pascal!

 

Ce billet fait partie du projet de stage GV Asie Centrale en collaboration avec l'Université Américaine d'Asie Centrale à Bishkek au Kyrgyzstan.

Loi Lèse-majesté en Thailande: Une législation obsolète qui a besoin d'être modernisée

jeudi 4 octobre 2012 à 15:07

L'article 112 du code pénal de la Thaïlande est considéré comme la loi Lèse-majesté (insultes contre les souverains) la plus sévère du monde. La loi controversée est souvent invoquée pour censurer certains contenus du web et pour faire fermer des sites internet. Outre des webmestres, des citoyens ordinaires ont été emprisonnés [en anglais] pour avoir prétendument envoyé des textos insultant la famille royale.

 

Des intellectuels et des activistes ont demandé une réforme de la loi mais le gouvernement a ignoré la pétition. Le roi de Thaïlande est une figure extrêmement populaire et respectée dans le pays. Les hommes politiques ont déclaré que la loi est nécessaire à la promotion de l'unité nationale.

Un contributeur de Global Voices s'est rendu à Bangkok et a interviewé un ancien agent du Comité d'enquête sur les affaires lèse-majesté de la police royale thaïlandaise. La personne interviewée a tenu à rester anonyme pour des raisons de sécurité. Ci-dessous se trouve un extrait de la conversation avec cette personne :

Rare protest over Lese Majeste Laws - Bangkok

Une rare manifestation contre la loi  lèse-majeste  à Bangkok. Photo de Matthew Richards, copyright Demotix (12/10/2011)

Quelle est la procédure lorsque une plainte relative à l'Article 112 est reçue?

Lorsqu'une personne dépose une plainte à la police contre un autre individu pour violation de l'article 112 du code pénal, la plainte sera examinée par trois services de la police royale thaïlandaise. Ils peuvent poursuivre une personne à ce stade ou soumettre une plainte au bureau central d'enquête (Central Investigation Bureau ou CBI) à Bangkok, en fonction de la nature de l'affaire. Une fois que les plaintes sont soumises au CBI, elles sont ensuite transférées au Comité pour une enquête plus approfondie.

Quel est le rôle des différents comités traitant les affaires de l'Article 112?

L'Article 112 peut être violé de différentes façons. S'il s'agit d'un message sur Facebook, le premier sous-comité a le pouvoir de bloquer ou de fermer le compte Facebook par exemple. Si la plainte nécessite une enquête ultérieure, elle est alors transférée au second sous-comité qui examine d'une manière plus approfondie la validité de la plainte. Cette procédure concerne les cas pour lesquels le nom des auteurs présumés ne peut pas être dévoilé.

Fondamentalement, les premiers deux sous-comités déterminent si l'Article 112 a été violé ou pas. Le second sous-comité, plus particulièrement, s'assure qu'il est possible d'un point de vue légal de poursuivre. Une fois que cela a été défini, le troisième sous-comité, auquel j'appartiens, enquête sur l'identité des coupables.

 

Ci-dessous se trouve un entretien filmé [en anglais] avec CJ Hinke, responsable de Liberté contre la censure de Thaïlande. Le film fournit une présentation de la loi “Lèse Majesté” de Thaïlande.

Ci-dessous la suite de notre interview avec l'ancien enquêteur des affaires de Lèse majesté em Thaïlande. Que pensez-vous du débat autour de l'application de la loi?

 

L'article 112 est une législation à part. Elle se base sur les “émotions” et les “normes” plutôt que sur les règles de droit. L'article concerne “toute personne diffamant, insultant ou menaçant le Roi, la Reine, l'héritier du trône ou le Régent…,” et ainsi de suite. Le procédé qui permet de déterminer si une personne “diffame” la monarchie est plus émotionnel que logique. Ansi, il est préférable que les enquêteurs se protègent et valident les charges. Personne ne veut donner l'impression d'être déloyal envers la monarchie

Pensez-vous que la loi doit être réformée?

Nous savons que la Lèse Majesté porte préjudice à Sa Majesté mais nous nous trouvons dans une situation très difficile. En tant que police, nous estimons que la société s'attend à ce que nous condamnions les personnes considérées comme une “menace à la nation”. L'institution royale engendre trop d'émotion dans la société. Si le comité commence à prendre son rôle moins au sérieux, les autres unités à l'intérieur et à l'extérieur de la police commenceront à nous examiner. Il est difficile de trouver une solution qui plaise à tout le monde, d'où le statu quo.

Je pense que l'article 112 a besoin d'être réformé. Mais avant de le réformer nous devons nous demander quel est l'objectif de l'article et à qui  s'adresse-t-il ? Si l'article a pour objectif l'unité nationale, je pense alors que la condamnation est trop sévère. Le problème vient peut-être du traitement des affaires, pourquoi est-ce la responsabilité de la police, par exemple? Le Bureau de la maison royale pourrait-il prendre la relève? Je ne pense pas qu'il soit possible de supprimer complètement l'article 112. Trop de personnes s'y opposeraient.

Qu'est-ce qui devrait être réformé?

En effet, certaines personnes estiment que la formulation de l'article 112 est correcte en soi, mais le problème est son application. Il existe tellement de pression de la part de la société pour condamner les contrevenants de façon si sévère qu'il est difficile d'utiliser la loi correctement. Sincèrement, je pense qu'étant donné que la loi est défectueuse, il est devenu problématique de l'appliquer.