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Samira : enlevée mais présente pour tous les Syriens

dimanche 4 octobre 2015 à 17:25
Yasin Al Haj Saleh and Sameera Al-Khalil, in happier times. Photo from Yasin Al Haj Saleh's Facebook page.

Yasin Al Haj Saleh et Samira Al-Khalil. Photographie de la page Facebook de Yasin Al Haj Saleh.

Il est entouré d'amis qui lui demandent conseil sur leur propre épuisement. Après tout pourquoi pas, puisqu'il a vécu tout ça ? Il a traversé toutes les étapes de notre lutte syrienne et il est toujours en train d'en attendre la fin, armé d'une quantité d'espoir qui vous rend honteux de votre faiblesse.

Notre amitié – je ne suis pas certaine de pouvoir appeler ça amitié, il est plutôt comme un parrain pour moi et mes pairs – a commencé quand je lui ai écrit au début de la révolution, à chaque fois que j'étais invitée à intervenir dans une conférence.  Je ne savais rien des principes de base du travail public et je lui ai demandé conseil dans les moindres détails. La plupart du temps, j'acceptais son opinion et suivais ses conseils. Je lui envoyais mes articles remplis de fautes d'orthographe, comme ceux d'une écolière, et malgré son érudition, il les lisait tous et m'encourageait comme un père. Il donnait à tous l'estime paternelle à laquelle nous aspirions dans notre jeunesse.

Yasin Al Hajj Saleh est un professeur d'espoir. Je n'ai pas écrit cet article pour rendre hommage à ses écrits et à sa personnalité, mais pour essayer de transmettre à d'autres ce qui nous inspire en lui. Pour tenter de raconter au monde l'histoire qui, malgré toute sa tristesse, envoie un message retentissant : s'il est capable de sourire et d'espérer, quelle est votre excuse pour ne pas le faire ?

Yasin a été arrêté quand il avait dix-neuf ans et a passé seize ans en prison. Il a été parmi les premiers à écrire sur la révolution syrienne et à la vivre. Il fait preuve de cette maladresse en société qu'il a développée pendant ses longues années en prison. Quand vous lui en parlez, il sourit, simplement, et dit : “Samira. Sa force était les relations sociales. Samira était celle qui rassemblait les gens autour d'elle.”

C'est peut-être le sujet de cet article : son amour pour son épouse Samira, qui a été enlevée à Douma par l'armée islamique dirigée par Zahran Alloush en même temps que ses compagnons Razan, Wael et Nazem, et dont on ne sait toujours pas où ils se trouvent.

Chaque fois que vous lui rendez visite, dans la maison qu'il loue, il raconte avec fierté l'histoire d'une de ses amies et de son époux grec handicapé. Rien n'a changé dans cette maison, mise à part la collection de livres en arabe et une photographie de Samira, accrochée là où il peut la voir depuis son bureau. Elle est toujours présente dans ses conversations, ses écrits et dans sa vie quotidienne. Il a également essayé de graver son absence dans la mémoire des Syriens. Nous nous rappelons de son anniversaire. Nous nous inquiétons de sa culpabilité vis-à-vis de son absence. Nous sommes vaincus par notre incapacité à changer cet état des choses. En tant que Syriens, l'avons-nous à nouveau laissé tomber ?

Nous la voyons en lui dans sa colère et dans son languissement, dans sa défense de son droit d'être avec nous. Nous la voyons dans son attitude paternelle envers moi. A chaque fois que je vois le chagrin dans ses yeux, je réalise que l'absence de Samira dans nos vies est comme de perdre ma mère encore une fois dans la révolution syrienne. Demain, quand Samira reviendra (aucun de nous n'ose penser qu'elle pourrait ne pas revenir), elle sera choquée par le nombre de Syriens qui ressentiront sa présence, même si elle n'en connaîtra aucun.

Bien que triste à la pensée de son absence et de la disparition de son frère dans une prison de l'EI, malgré son propre exil et ses souvenirs de prison, Yasin continue d'écrire sur le courage et l'espoir, et nous enseigne que même si les kidnappeurs peuvent changer la direction de nos vies, la façon dont nous vivons, dans nos coeurs, ne tient qu'à nous.

Son amour pour Samira ne change ni avec l'absence ni avec la culpabilité, et n'est pas non plus touché par l'insolence des kidnappeurs. Son amour pour elle n'est pas terni par les accusations et les rumeurs. Son amour pour elle nous force, nous autres Syriens, à nous tenir sur le seuil de la souffrance et à leur souhaiter un heureux départ.

Fermons nos yeux et souhaitons à Samira, Razan, Wael et Nazem de rentrer chez eux, pour qu'ils puissent se dresser, comme ils l'ont toujours fait, pour les droits des femmes marginalisées et emprisonnées, pour qu'ils puissent créer peut-être ensemble un mouvement pour défendre les victimes de disparitions forcées.

L'ancienne prisonnière politique Samira Al-Khalil, l'avocate et défenseure des droits de l'homme Razan Zaitouneh, son mari, l'ingénieur et militant Wael Hamadeh, ainsi que l'avocat et poète Nazem Al Hamadi, ont disparu à Douma,en Syrie, en décembre 2013. Ils sont connus collectivement sous le nom de Douma4. Ce blog leur est dédié.

On craint pour la vie de Bassel Khartabil, blogueur syrien emprisonné, transféré dans un lieu inconnu

dimanche 4 octobre 2015 à 00:01
The FreeBassel poster from @freebassel on Twitter. Bassel Safadi has been imprisoned in Syria for almost four years and friends and activists fear for his life after he was transferred from his prison today to an unknown location

L'affiche FreeBassel (libérez Bassel) sur Twitter @freebassel. Bassel Safadi est emprisonné en Syrie depuis près de 4 ans et ses amis et activistes sont inquiets pour sa vie après son transfert aujourd'hui de sa prison vers un lieu inconnu.

Les activistes demandent au gouvernement syrien de libérer immédiatement le blogueur palestino-syrien emprisonné Bassel Khartabil, aussi connu sous le nom de Bassel Safadi, après qu'il a été transféré de sa prison vers une destination inconnue un peu plus tôt dans la journée.

Safadi, emprisonné depuis près de 4 ans, est un développeur de logiciels open-source bien connu. Il est à l'origine de Creative Commons en Syrie et a travaillé sur des projets tels que Mozilla Firefox et Wikipedia. On lui attribue l'ouverture de l'internet syrien et le développement de l'accès en ligne et de l'information du public. Selon le Parlement Européen, sa détention démontre la volonté du gouvernement syrien de réduire l'accès en ligne pour les communautés et d'étouffer la liberté d'expression dans le pays.

Selon une page Facebook créée par ses défenseurs qui demandent sa libération:

تم نقل باسل من سجن عدرا الى جهة مجهولة بعد ان اتت دورية لا يعرف بالضبط الى اي جهة تتبع وطلب منه اخذ كل اغراضه
من المتوقع ان يكون نقل الى مقر المحكمة الميدانية في الشرطة العسكرية في منطقة القابون
قلق ومخاوف على مصير باسل بعد ان اصبح وضعه مجهولا من جديد

Bassel a été transféré de la prison de Adra vers une destination inconnue après qu'une patrouille, dont on ne connaît pas l'origine, est venue lui demander de préparer ses affaires. On pense qu'il a été transféré au quartier général du tribunal civil de la Police Militaire dans le quartier de Al Qaboun. Une fois de plus nous ne savons pas où se trouve Bassel et sommes très inquiets.

Khartabil a été arrêté le 15 mars 2012, le jour du premier anniversaire du début de la révolution syrienne. Il a été interrogé et torturé pendant 5 jours par la Section Militaire 215. Il a ensuite été transféré à la Division des Interrogatoires Section 248 et détenu au secret pendant 9 mois. Le 9 décembre 2012, Khartabil il a été déféré devant un procureur militaire sans avoir droit à un avocat et condamné pour “espionnage pour le compte d'un ennemi de l'Etat”. Il a ensuite été envoyé à la prison de Adra, où il était détenu jusqu'à aujourd'hui. L’ Electronic Frontier Foundation (EFF) précise:

C'est la réputation de Bassel en tant que technicien et activiste qui en a fait une cible de détention

Son ami et militant Mohamed Najem a lancé une pétition en ligne sur Change.org pour demander la libération immédiate de Khartabi. Pour la signer, cliquer sur le lien suivant.

Jillian C. York, son amie et militante pour la liberté d'expression, également directrice d'EFF pour la Liberté Internationale d'Expression, soutient cette action. Elle tweete:

Mon ami Bassel Safadi a été transféré de la prison de Adra en Syrie, vers une destination inconnue. Signez la pétition

Nous savons bien que les pétitions de vont pas convaincre la Syrie (ni personne) mais c'est tout ce qu'il nous reste. Merci de nous aider à faire passer le message pour la sécurité de Bassel

Des révélations sur un projet d’ “Internet national russe” autarcique

samedi 3 octobre 2015 à 23:18
What would an autonomous Russian Internet look like? Images mixed by Tetyana Lokot.

A quoi ressemblerait un Internet russe autarcique ? Photomontage de Tetyana Lokot.

Ces dernières années, le pouvoir russe a fait de nombreux pas pour s'assurer un contrôle accru sur l'Internet, que ce soit en renforçant la régulation des contenus en ligne ou en poussant les entreprises étrangères d'Internet intervenant sur le RuNet, telles Apple et Google, vers une territorialisation de leurs données.

Une nouvelle fuite du mystérieux groupe de hackers Anonymous International (aussi connu sous les noms de Shaltaï Boltaï ou Humpty Dumpty) révèle que le gouvernement russe examine des propositions de mesures beaucoup plus radicales pour isoler l'Internet russe. L'une d'elles fait appel au concept de “plate-forme nationale d'information”, qui créerait effectivement un Internet alternatif à usage exclusivement russe.

Les documents révélés comprennent plusieurs courriels de Dmitry Panyukov (directeur de l’Institut de Démographie, des Migrations et du Développement Régional) et de Garald Bandourine (directeur informatique de RusHydro), ainsi qu'un document du 22 juin 2015 décrivant une proposition de “plate-forme nationale d'information”, qui éliminerait la dépendance de la Russie envers les firmes et la technologie occidentales. Ce document particulier paraît avoir été élaboré conjointement par MM. Bandourine et Sergueï Ganzya de la Banque du Commerce Extérieur, avec plusieurs autres personnes. Les premières phrases du document esquissent les raisons de développer un Internet russe séparé :

В интересах граждан Российской Федерации, российской государственности, развития экономики, ключевых предприятий и объектов инфраструктуры, предлагается создание национальной информационной платформы. Создание платформы призвано содействовать созданию независимого информационно-технологического базиса социально-экономического развития страны.

Dans les intérêts des citoyens de la Fédération de Russie, de la structure étatique russe et du développement de l'économie, des entreprises-clés et des infrastructures, la création d'une plateforme nationale d'information est proposée. La création de cette plateforme se veut une contribution à la fondation d'une base indépendante de technologies de l'information pour le développement socio-économique du pays.

L'idée que la Russie pourrait se détacher de l'Internet mondial pour créer son propre espace virtuel autonome n'a rien de neuf : elle avait déjà lancée dans des propos énigmatiques (Poutine traitant l'Internet de “projet de la CIA”) ou dans des appels de députés russes à se préparer à un cyber-blackout. Les auteurs de la proposition pointent dans leur document les menaces spécifiques à la sécurité nationale résultant de la dépendance russe à la technologie occidentale, et décrivent comment l'assujettissement de la Russie à des compagnies comme Microsoft, Apple et Google a permis aux ramifications politiques des actions russes en Ukraine d'impacter les opérations technologiques nationales.

Так, мы имеем недавний факт блокирования крымских пользователей компаниями Apple и Google. По мнению руководителя ведущей российской ИТ компании, Infowatch, Натальи Касперской, вероятность наличия в наиболее распространённой операционной системе Windows специальных «закладок», способных по внешней команде одномоментно блокировать большинство российских компьютеров и сетей, крайне высока.

Nous avons ainsi l'exemple récent du blocage des utilisateurs criméens par Apple et Google. De l'avis de Natalia Kasperskaïa, directrice de la société leader russe de TI Infowatch, la probabilité est extrêmement élevée qu'il existe dans Windows, le système d'exploitation le plus répandu, des “signets” spéciaux, capables de bloquer simultanément par une commande extérieure la majorité des ordinateurs et réseaux russes.

Selon les pères du concept de “plate-forme nationale d'information”, le besoin d'un Internet russe indépendant  dépasse les soubresauts éventuels de firmes technologiques occidentales particulières : c'est, croient-ils, une question de sécurité nationale. Les auteurs exposent un scénario où l'Occident “paralyserait” la Russie du fait de sa supposée dépendance technologique.

…сегодня не существует никаких объективных гарантий, что в случае эскалации конфликта с Западом, их спецслужбы не смогут парализовать, или хуже того, захватить прямое управление элементами ключевой инфраструктуры – стрелками железных дорог, кранами и насосами трубопроводов, не говоря уже об инфраструктуре связи и коммуникаций. Ведь все это работает на западных платформах.

…Il n'existe aujourd'hui pas de garanties objectives que, dans le cas d'une escalade du conflit avec l'Ouest, les services de sécurité de ce dernierne puissent pas paralyser, ou pire encore, prendre le contrôle direct d'éléments d'infrastructures essentielles—noeuds ferroviaires, valves et pompes de pipe-lines, sans parler des infrastructures de télécommunications. Tout cela fonctionne en effet sur des plateformes occidentales.

Outre l'adaptation aux sanctions occidentales contre les capacités technologiques de la Russie, le plan donnerait un stimulant bienvenu au secteur russe des TI, tout comme les sanctions alimentaires de la Russie contre l'Ouest visaient ostensiblement à renforcer l'agriculture russe appelée à se substituer aux importations.

En avril 2015, le Ministère russe des Communications a présenté au Premier Ministre Dmitri Medvedev son plan de substitution aux importations pour l'industrie des TI, qui proposait que, d'ici 2025, la proportion de logiciel étranger sans substitut russe utilisé en Russie tombe à 50 %.

Les auteurs admettent cependant qu'un obstacle initial à franchir pour développer le potentiel russe est la disponibilité de jeunes esprits pour générer un essor technologique en Russie. La mise en oeuvre d'une “plateforme nationale d'information” inverserait, veulent-ils croire, l'actuelle “fuite des cerveaux” parmi la main d'oeuvre qualifiée et les professionnels des TI de la Russie.

Потеря, утечка самых перспективных кадров, лучших отечественных умов – пожалуй, это главный вызов момента. Без передовых кадров, компетентных и конкурентных, на уровне мировых требований завтрашнего дня, Россий обречена быть зависимой и ведомой.

La perte, la fuite des cadres les plus prometteurs, des meilleurs esprits russes, est peut-être le défi le plus important. Sans ressources humaines avancées, compétentes et compétitives, au niveau des exigences mondiales de demain, la Russie est vouée à être dépendante et à se faire mener.

Si la fuite d'Anonymous International ne précise pas quel niveau de la hiérarchie du Kremlin la proposition a atteint, et si elle a été prise au sérieux, elle n'en donne pas moins un aperçu révélateur des soucis technologiques de l'élite russe. Les courriels et documents fuités ne contiennent aucune allusion aux préoccupations idéologiques ou morales de Roskomnadzor (le chien de garde d'Internet du Kremlin), en revanche ils font état de sérieuses inquiétudes sur les fragilités stratégiques de la Russie au cas où ses relations avec l'Occident continueraient à se détériorer. Alors que la Russie continue à réprimer les libertés Internet, le résultat des courses, tel que révélé dans cette proposition mise au jour, pourrait laisser l'internaute russe dans un système plus proche du Grand firewall de Chine que du sélectivement mais lourdement censuré Internet turc.

L'immense mural qui a rendu un quartier “magique” au Mexique

samedi 3 octobre 2015 à 20:44
Mural palmitas

Las Palmitas et le “macro mural” dans son ultime phase. Photo prise avec permission de la page FB de Germen Crew collective.

Au centre d'un petit quartier de la ville de Pachuca, Hidalgo, le plus grand ‘mural’ du Mexique, peint sur la ‘toile’ de 200 maisons, a été inauguré au mois de juillet. Mais le “macro mural” a fait plus qu'uniquement rendre de la couleur à ce quartier perché sur une colline, majoritairement rural et où règne une certaine pauvreté et de la délinquance.

Cette entreprise collective a créé des emplois, réduit la déliquance juvénile et instillé un sens de la communauté. Les chefs de ce projet ont nommé Las Palmitas le  “premier quartier magique” – jeu de mots sur une autre initiative, la campagne du gouvernement sur les “villages magiques” (Pueblos Mágicos), un slogan publicitaire pour le tourisme.

A la tête du projet, le collectif mexicain indépendant, Germen Crew (l'équipe des graines), qui se compose d’ artistes urbains auteurs de graffiti, murals ou documentaires audiovisuels. Le groupe souhaite par l'art de rue injecter un nouveau sens aux espaces publics et restaurer le tissu social pour le bénéfice des communautés.  Leur page Facebook précise :

Nuestro trabajo es una ofrenda artística para nuestras ciudades ya que mediante colores formas texturas y técnicas mixtas compartimos nuestra forma de hacer y entender el arte, buscamos detonar la semilla de lo posible fortaleciendo el corazón y el entusiasmo de quien vive en los lugares que intervenimos, queremos refuncionalizar el espacio público haciéndolo más útil para quienes lo habitan, un lugar que eduque, motive, ayude aporte y germine una nueva relación de los ciudadanos con su entorno y las expresiones que ahí convergen.

Notre travail est une offrande artistique à nos villes. C'est par les couleurs, les formes, les textures et le mélange des médias que nous partageons notre façon de faire et de comprendre l'art. Nous souhaitons faire exploser la graine des possibles en réconfortant les coeurs et fortifiant l'enthousiasme de ceux qui vivent dans les lieux où nous nous installons. Nous voulons qu'ils trouvent de nouvelles utilisations à l'espace public, qu'ils le rendent plus utile à ses habitants, avec des endroits où éduquer, motiver et aider, créer de nouvelles relations avec les citoyens autour et les expressions qui convergent là.

La collaboration entre le gouvernement fédéral et local ont permis d'acquérir les matériaux nécessaires, mais le projet a été mené pour sa grande partie par les 452 familles qui vivent à Las Palmitas (environ 1808 personnes). Les habitants ont été consultés durant les trois mois du projet, ils ont aussi pris part à des activités parallèles : ateliers, conférences et tours guidés, organisés dans l'objectif de réduire la délinquance juvénile.

‘Tellement d'harmonie et de coexistence’

Dans la vidéo ci-dessus, celle d'un atelier pour fabriquer des lanternes volantes, des habitants de Las Palmitas remarquent que les activités artistiques améliorent le quartier.

Para nosotros es un día de fiesta en nuestra colonia, porque estamos viviendo cosas que nunca antes habíamos vivido.

For us it is a festive day in our district, because we are experiencing things we had never experienced before.

Pour nous, c'est un jour de fête dans notre village, parce que nous vivons des chose que nous n'avons jamais vécu avant.

Veo que hay mucha armonía y convivencia, más que nada en las familias. Yo creo que con estos eventos mi colonia va a mejorar bastante y siento que no va a haber delincuencia.

Je vois tellement d'harmonie, de coexistence, surtout dans nos familles. Je pense que ces événements dans mon quartier vont beaucoup améliorer les choses et je pense qu'il y aura moins de délinquance. 

Une vidéo sous-titrée en anglais est disponible ici

Dans un interview avec le magazine Planisferio, les Seed Crew expliquent que ce qui rend leur démarche innovante : peindre non pas des espaces institutionneles mais des places publiques, des marchés, et même des lieux marginalisés où le taux de criminalité est élevé. Leur succès est le fruit de l'effort collectif et de la dynamique de groupe.

‘Le premier quartier magique du Mexique’

“La couleur est magique” est la phrase qui ouvre une brève vidéo qui documente la transformation de Las Palmitas en un quartier coloré et vibrant. Pour voir la vidéo sous-titrée en anglais, cliquez ici.

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Le Crew existe depuis treize ans, et a entrepris des projets dans le Jamaican marché jamaïcain de Mexico ; sur l’esplanade des cités nouvelles d'Ecatepec à Mexico; et à Miravalle, Guadalajara, parmi d'autres lieux. Ils ont aujourd'hui achevé leur objectif de transformer Las Palmitas en ce qu'ils appellent le “premier quartier magique du Mexique” et tout indique qu'il y en aura d'autres.

Vous pouvez trouver plus d'informations sur le travail de Seed Crew sur leurs pages Facebook et Instagram, et sur YouTube.

France : Le projet de loi de surveillance internationale alarme les défenseurs de la liberté d'Internet mais peine à mobiliser

vendredi 2 octobre 2015 à 10:03
Manifestation anti-surveillance en France. Photo via Amnesty International.

Manifestation anti-surveillance en France. Photo via Amnesty International.

Dans la foulée de l'attaque contre Charlie Hebdo, et malgré l'opposition véhémente des groupes de défense des libertés civiles, l'Assemblée nationale française a adopté en mai 2015 un projet de loi permettant au gouvernement de surveiller les appels téléphoniques et les courriels de terroristes présumés sans l'autorisation préalable d'un juge. Le projet de loi impose également aux fournisseurs de services Internet d'installer de soi-disant “boîtes noires” qui balaient et analysent les métadonnées sur des millions d'utilisateurs du Web, et les oblige à mettre ces données gratuitement à la disposition des services de renseignement. Le projet de loi permet également aux agents du renseignement de planter des microphones, des caméras et des enregistreurs de frappe dans les habitations des terroristes présumés. Selon la loi, le gouvernement peut autoriser la surveillance pour des raisons vaguement définies comme “intérêts majeurs de la politique étrangère” et empêcher “la délinquance organisée.”

Des groupes de défense des libertés civiles, y compris Amnesty International, Article 19, le Comité pour la protection des journalistes et de Global Voices Advox ont co-signé une lettre écrite par le principal groupe de défense des droits numériques français La Quadrature du Net, publiée le 30 septembre et adressée aux députés français, suggérant toute une série d'amendements au projet de loi. Ils écrivent:

Avec cette nouvelle proposition de loi, l'Assemblée Nationale est sur le point d'adopter de nouvelles mesures disproportionnées de surveillance des communications internationales. Basée sur le principe de collecte massive des données, la proposition de loi vise à légitimer les pratiques contraires aux droits civils et humains mises en place par les services de renseignement, et notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni telles que révélées par Edward Snowden. Dans la mesure où une grande partie du trafic Internet mondial transite à travers les câbles sous-marins français, cette loi intégrerait la France dans le système de surveillance mondial.

Malgré les critiques fermes des groupes de défense des libertés civiles, le projet de loi n'a suscité qu'une une attention minimale du public et de la classe politique. Le Président français François Hollande avait demandé au Conseil constitutionnel d'examiner le projet de loi après qu'il ait été définitivement approuvé en juin ; c'était la première fois qu'un président consulte les tribunaux avant de permettre à une loi d'entrer en vigueur. Le site français Les Moutons enragés a expliqué le processus, résumant un article détaillé de Nextimpact :

…le Conseil constitutionnel avait censuré un des articles du projet de loi gouvernemental, celui encadrant la surveillance internationale. Pourquoi cette censure ? Principalement, parce que la disposition législative renvoyait à décret en Conseil d’État le soin de définir les modalités d’exploitation, de conservation et de destruction des renseignements collectés. Un joli cas d’incompétence négative [puisque cette matière est réservée par la constitution au législateur]

[…] Après une longue période d’incertitude, le gouvernement a annoncé la semaine dernière le dépôt surprise d’une proposition de loi pour combler cette lacune. […] par ce biais, il évite le passage par un projet de loi, qui l’aurait obligé à publier une étude d’impact. Une étape potentiellement douloureuse où il aurait dû détailler le coût de ces mesures notamment.

Déjà, les articles sont beaucoup plus denses que la partie censurée par le Conseil constitutionnel. C’était prévisible puisque le gouvernement a dû (faire) replacer dans la future loi des dispositions qu’il tentait de publier dans un décret secret.

Pour un examen détaillé des dispositions de cette proposition de loi complémentaire sur la surveillance internationale, lire l’analyse complète publiée par le magazine français L'Obs le 9 septembre.

Les associations militantes pour les libertés civiles sont immédiatement montées au créneau après la large validation de la loi par le Conseil Constitutionnel. Amnesty International France a dénoncé le projet de loi complémentaire comme un “grand coup contre les droits humains.”

La Quadrature du Net a déclaré sur son site Internet le 15 septembre :

Un tel dispositif de surveillance de masse participe de la course à l'espionnage mondial, et fait de la France un pays ennemi des libertés fondamentales. S'il semble clair que cette loi est une simple légalisation des pratiques secrètes mises en œuvre depuis 2008, alors il est plus que temps que l'opinion publique et les représentants de la Nation donnent clairement leur avis sur cette course à l'armement du XXIe siècle que représentent l'espionnage et la surveillance de masse.

Sur le plan juridique, une action a été également entreprise auprès des tribunaux français, comme le précise European Digital Rights (EDRI, un collectif basé à Bruxelles).

Le 3 Septembre 2015, le fournisseur de service Internet (FSI) à but non lucratif, French Data Network (FDN) et la Fédération FDN (FFDN) ainsi qu'un groupe de défense des droits numériques La Quadrature du Net ont annoncé l'introduction de deux recours en justice auprès du Conseil d'Etat contre les activités de surveillance de l'Internet de la part des services de renseignement extérieur de la France, Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

La mobilisation autour du projet de loi s'accélère, mais avec un certain retard.

Espérons pour le bien de la démocratie que nous aurons, alors, un ‘Snowden’ français.