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L'impact des réseaux sociaux sur les élections générales de 2016 au Niger

vendredi 11 mars 2016 à 07:16

poster de tous les candidats au poste supreme au Niger - par l'auteur

poster de tous les candidats au poste supreme au Niger – par l'auteur


Le premier tour des élections générales nigériennes de 2016 s'est déroulé le dimanche 21 février 2016. Le second tour aura lieu le 20 mars, afin d'élire le président et les membres de l'Assemblée Nationale.
Au Niger, le système électoral est uninominal à deux tours dans le cas des présidentiel. Un candidat est élu s'il reçoit plus de 50 % des voix. Dans le cas contraire, les deux candidats ayant reçu le plus de voix sont en lice pour le second tour qui a lieu trois semaines plus tard. Le vainqueur du deuxième tour devient président.
Le président sortant Issoufou Mahamadou âgé de 63 ans, brigue un deuxième mandat de 5 ans. Selon les résultats publiés ce vendredi 26 février par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) , il est crédité de près de 48,41 %, ce qui le contraint à affronter au second tour son principal adversaire, Hama Amadou qui a recueilli pour sa part 17,41 % des voix. L’opposition a déjà accusé le pouvoir de fraude et a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats. Mais l'opposition n'est pas la seule à critiquer cette commission : nombreux sont les observateurs qui s'interrogent sur le fonctionnement de la CENI. Même dans le camp de la majorité certains font le constat d'un scrutin préparé dans la précipitation, avec des membres de bureau de vote nommés et formés à la dernière minute.

C'est comme si la mission avait été trop lourde pour les épaules des responsables

confie un membre du gouvernement. Le deuxième tour se prépare donc entre Hama Amadou et Issoufou, dont la campagne électorale est ouverte le mardi 08 mars 2016 à zéro heure et sera close le vendredi 18 mars 2016 à minuit.

Cartographie des résultats des élections au Niger via G. Luton

Cartographie des résultats du 1er tour des élections au Niger via G. Luton

L’utilisation des réseaux sociaux par la jeunesse Nigérienne lors de ces élections est très encourageante. Entre diverses discussions sur le processus électoral, ces jeunes et les partisans des différents candidats et formations politiques, se sont s’exprimé pour donner des informations leur avis sur les élections via Facebook, Twitter et Whatsapp pour faire véhiculer facilement les informations venant de tout le pays. On s’attend ainsi à suivre en direct le déroulement du vote dans les différents coins du pays et à coup sûr la proclamation des résultats via les médias sociaux. Les jeunes ne s’intéressent plus aux radios ou aux télévisions car un smartphone suffit pour suivre en direct. Ainsi le résultat de tout ce qui se passe dans le pays est rapporté sur twitter avec les hastags : ‪#‎présidentielles‬ ‪‪#team223 ‪#‎jevote‬ ‬ ‪#‎jevote‬ ‪#‎pour‬la‬‎stabilité‬ #Takara2016 #NigerVote #niger.

Pour la première fois dans l’histoire démocratique du pays, les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la campagne des différents candidats et partis politiques. Pour les journalistes et hommes de médias, les différentes publications ont été de véritables mines d’informations. Ces nouveaux moyens de communication ont permis un dialogue de haut niveau, argumenté et documenté entre les nigériens d’horizons divers d’une part et d’autre part entre adversaires politiques. Ils ont aussi permis à nos dirigeants d’avoir un aperçu de ce que la presse internationale en particulier pense de ces élections. On peut enfin noter que les réseaux sociaux permet à nos décideurs qui sont de plus en plus presents sur les réseaux sociaux de pouvoir se sensibiliser aux préoccupations de la génération consciente et si possible aussi répondre à ces préoccupations-là une fois au pouvoir.
Enfin ,Il est important de noter que les problèmes les plus importants du Niger qui sont la fraude électorale, le trouble public, la corruption, les détournements des fonds publics, le chomage, et les problèmes d’insécurité face au menace du groupe armée Boko Haram ont aussi été discuté abondamment sur les réseaux sociaux.

Amazonie extrême : Incendies et crues ont des effets sur la santé publique

jeudi 10 mars 2016 à 17:20
Queimadas para abertura de campo de plantio de soja na regi„o vizinha a Flona TapajÛs. Parte das queimadas descontroladas passam para regi„o controlada pelo ICMBio. FLAVIO FORNER / XIB… / INFOAMAZONIA

Brûlis réalisés pour des plantations de soja dans une zone proche de Flona Tapajós. Des brulis incontrôlés débordent dans les zones protégées par ICMBio. Photo: Flávio Forner/Infoamazonia

Ceci est la troisième partie (sur quatre) du reportage sur l’ “Amazonie extrême” (texte de Camila Fróis et photos de Flávio Forner) réalisé par InfoAmazônia, publié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus. Lire la première et la deuxième parties. 

Quels sont les principaux problèmes de santé pouvant être liés aux incidents climatiques extrêmes ? “Les maladies respiratoires peut être partiellement liées à la faible humidité et à la mauvaise qualité de l'air, les maladies transmises par des moustiques comme la dengue ou le paludisme sont favorisées par la contamination des eaux pendant les crues”, affirme Christovam Barcellos, de Fiocruz. Il se trouve que les périodes de crues sont liées aux hautes eaux provoquées par des pluies abondantes, accumulant des nappes stagnantes où les larves du moustique aedes aegypti peuvent proliférer, provoquant ensuite un accroissement du nombre de cas de dengue.

Dans l'idée de ce scientifique, une option pour diminuer l'impact du changement climatique sur la santé des personnes est d'éviter de brûler les forêts. “Il est nécessaire une fois pour toutes d'en finir avec le feu et  les fumées en Amazonie. Nous avons maintenant la technologie pour contrôler par satellite les foyers d'incendie et même pour faire des cartographies montrant l'apparition de zones brûlées dans les régions de protection environnementale. Maintenant, Il ne suffit pas de savoir ce qui se passe. Il faut patrouiller dans ces zones et empêcher que ces désastres se reproduisent tous les ans”.

Darlison Andrade, qui travaille pour ICMBio, un organisme qui gère les “Unités de conservation” brésiliennes, partage l'inquiétude de Christovam. Selon lui, ces zones sont littéralement assiégées par le feu parce que cet organisme n'a pas compétence pour superviser le contour des régions protégées, là où se déclenchent toujours les brûlis .

La prolifération des incendies n'est qu'un des effets des sécheresses brutale ou prolongées, elles perturbe aussi le transport, la pêche et les travaux des communautés. A Jamaraquá, le manioc est utilisé sous forme de farine (farofa), comme élément principal de leur régime alimentaire. Il se dessèche dans la terre. Ari, un habitant local montre qu'il a essayé d'en planter quelques pieds en espérant l'aide de la pluie qui n'est pas arrivée : “Celui qui a planté a tout perdu, il ne peut pas y arriver. Normalement en ce moment tout est prêt pour s'y mettre mais il faut attendre le moment où la pluie arrive pour pouvoir travailler la terre. Après on sera aussi en retard pour les récoltes. Et celui qui n'a pas qui n'a pas fait de réserves va devoir acheter”.

Na comunidade existem 24 n˙cleos familiares que possuem um estilo de vida regido pelo ritmo das ·guas do rio TapajÛs, ainda conservam uma simbologia arquitetÙnica ligada aos costumes de viver na regi„o em casas de moradia com rusticidade na construÁ„o, na maioria de palhas com parede de madeira, porÈm com energia elÈtrica da rede publica. FLAVIO FORNER/XIB…/INFOAMAZONIA

Une boutique dans l'agglomération de Maripá. Photo: Flávio Forner/Infoamazonia

Antônio Nobre, ingénieur en biogéochimie à l'INPE, estime que cette situation renforce la nécessité d'une action immédiate. Selon lui, bien que les études mettant en relation le déboisement et les changements climatiques soient encore en cours, il est nécessaire de commencer à agir maintenant pour éviter des dégradations majeures. “En tant que scientifique nous devons essayer d'améliorer nos connaissances pour comprendre. Les peuples natifs n'ont pas besoin de cela, ils ont déjà une perception précise de ce qui se passe. Voici le message des indigènes de l'Amazonie : Est-il possible que l'homme blanc ne sache pas que s'il enlève la forêt les pluies vont s'arrêter, et que si les pluies cessent , il n'y aura plus rien à boire ou à manger ?” Ils savent déjà cela. “Nous aussi devons agir, constater que la pluie s'est arrêtée, en tirer les conséquences et remettre en place la forêt”.

Les hôtes de Pedrinho, à Jamaraquá, ne peuvent pas se rendre compte que le poisson servi avec le manioc à l'ombre des arbres au bord de la rivière pourrait bien voir ses jours comptés : la rivière est dans une situation catastrophique en matière de pêche et les” cabocles” sont en train de s'en détourner. Ils préfèrent aller acheter de la viande en ville, passant une matinée entière sur la pirogue pour se procurer le repas.

“Dans les lacs à l'intérieur c'est pire. Là où l'eau est stagnante elle devient tellement chaude que les poissons ne résistent pas”, nous raconte Ildo Santos, 24 ans. En nous guidant par un sentier au milieu de la forêt, cet habitant explique qu'en réalité la majorité des lacs du coin sont complètement secs pendant “l'hiver”. Le problème, c'est que cette année beaucoup ont disparu avant la date habituelle, provoquant la mort de poissons qui auraient pu être utilisés par la population. “Tous les ans avant la sécheresse d'octobre les gens viennent ici et attrapent les poissons pour en faire provision,  mais cette année ça été trop rapide et quand ils sont arrivés en septembre les poissons étaient déjà tous morts”.

Pour Patrícia Pinho, cette modification des normes des événements climatiques provoque un manque de prévisibilité créant chez les habitants une incertitude sur le fonctionnement du système écologique qui régit l'Amazonie. À cause de cette modification brutale du régime des pluies, les riverains des fleuves ne savent plus exactement quand planter, quelle est la meilleure période pour la pêche, ou la quantité de farine à stocker pour faire face aux impondérables.

Cette spécialiste insiste sur le fait que ces événements climatiques extrêmes sont agravés par l'action humaine, en particulier la pratique d'une pêche prédatrice.  Et, bien que la forêt nationale du Tapajós soit une unité de préservation environnementale, le Rio Tapajós, qui donne son nom à la forêt, ne bénéficie lui-même d'aucune protection.

La Journée Internationale de la Femme au Japon, entre mimosa, guerrières et statistiques du harcèlement

jeudi 10 mars 2016 à 13:42
新島八重

Actrices d'une revue historique au Japon. Personnage de droite : Niijima Yae. Capture d'écran d'une vidéo YouTube de Tsunoda Kazushi.

Le 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, est appelée au Japon la Journée du Mimosa (ミモザの日, la fleur, pas le cocktail champagne-jus d'orange).

Ce n'est pas un jour férié au Japon, mais les médias sociaux relaient les messages d'amour, d'affection et de reconnaissance pour les femmes.

Bonjour. Aujourd'hui est la Journée Mondiale des Femmes — Journée du Mimosa.

En Italie c'est le jour où les hommes offrent des fleurs de mimosa aux femmes en signe de gratitude.

Alors, à toutes les femmes actives je voudrais dire un grand merci :)

Certaines marques trouvent dans le 8 mars une autre façon de s'adresser à leur cible de marketing. Fiat Japon a ainsi tweeté :

Chaque année le 8 mars l'ONU observe la “Journée Internationale des Femmes”. En Italie cette journée est connue comme la “Festa della donna” (Fête des Femmes), et les femmes reçoivent des fleurs jaunes (mimosa) en signe de reconnaissance.

Et si vous surpreniez [les femmes de votre vie] avec des fleurs aujourd'hui ?

D'autres entreprises utilisent la Journée Internationale de la Femme comme une occasion de prendre les quesrions féministes plus au sérieux.

A l'approche du 8 mars, Journée internationale de la Femme, nous proposons une sélection d'ouvrages relatifs aux droits des femmes et à l'égalité pour les femmes.

Le gouvernement japonais promeutune société dans laquelle les femmes sont dynamiquement engagées” (女性が輝く社会, parfois traduit par “Les femmes revitaliseront le Japon”), si le gouvernement est conscient de l'histoire des femmes pourquoi rien n'a-t-il été fait pour remédier à la discrimination qui existe contre les femmes ?

Inégalités et discrimination au Japon

Malheureusement, quand on compare la situation des femmes dans les autres économies avancées, le Japon fait mauvaise figure. Le bureau de Tokyo de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a tweeté :

Pour le nombre de femmes élues à des fonctions nationales, le Japon est parmi les derniers.

Selon les chiffres de l'OCDE, le Japon est bon dernier des Etats membres pour le nombre de femmes dans la représentation politique. Une carte en meilleure résolution peut être vue ici.

La Journée internationale de la Femme de cette année suit de moins d'une semaine une étude officielle japonaise établissant que 30 % des Japonaises qui travaillent subissent le harcèlement sexuel.

30 % des femmes au travail sont harcelées sexuellement.

[Types de harcèlement sexuel et pourcentage de sondées les ayant subis (D'après une enquête du Ministère de la Santé, du Travail et de la Protection Sociale. Réponses multiples possibles)
Réflexions sur l'âge, l'apparence et autres caractéristiques extérieures : 53,9 %
Contacts physiques non nécessaires : 40,1 %
Réflexions ou questions sur des sujets sexuels : 38,2 %
Questions excessives sur la vie privée, comme le statut marital ou les enfants : 36,8 %
Forcée à participer au karaoke, servir de l'alcool, s'asseoir à une place déterminée aux soirées arrosées : 35,2 %
Invitations insistantes au restaurant ou à des sorties : 27,5 %
Propositions sexuelles : 16,8 %
*Les chiffres montrent le pourcentage de sondées qui ont connu chaque type de harcèlement parmi la totalité de celles qui ont connu le harcèlement sexuel]

La prise de conscience sociétale du problème du harcèlement sexuel (セクハラ, sekuhara) progresse malgré tout, même si de grandes marques peuvent persister dans l'incompréhension. Une récente campagne publicitaire de Pizza Hut mettant en scène “l'idole” Nishino Nanase a été critiquée pour toujours encore réduire les femmes à des objets :

[Message publicitaire] “Alors, où est votre partie la plus savoureuse ?”

Si ça, ce n'est pas du harcèlement sexuel !?

Autre difficulté affrontée par les femmes au Japon : les inégalités croissantes de revenus, avec un enfant sur six vivant dans la pauvreté, dont la majorité dans des familles monoparentales dirigées par une femme.

Et pour beaucoup de femmes, les “Womenomics” [la politique économique pour les femmes] de l'actuel gouvernement Abe ne signifie rien d'autre que de devoir travailler plus en échange de moins de temps libre.

Rendre à César ce qui est à César

Le Japon a une longue tradition de femmes d'action et de “guerrières”, de l'antiquité à nos jours. S'il y a une grande marge de progrès pour les droits des femmes, il y a aussi eu ces dernières années des lueurs d'espoirs où des figures féminines ont reçu de l'opinion un respect mérité.

Le blog Tofugu sur la culture japonaise a consacré une série entière aux Femmes “qui déchirent” du Japon.

Par ailleurs, en 2013, les guerrières ont joué le premier rôle dans un drame historique de la télévision publique japonaise NHK. La série étirée sur une année Yae no Sakura (八重の桜) relatait les événements de la guerre de Boshin au milieu du XIXème siècle en explorant les vies de deux femmes qui y ont combattu, Niijima Yae et Nakano Takeko. Toutes deux venaient d'Aizu, aujourd'hui Fukushima.

Si Nakano, tuée à la guerre, est considérée comme une héroïne populaire moderne, ce n'est qu'avec le drame de 2013 que Niijima Yae est entrée dans la conscience du public.

Quand on parle des femmes d'Aizu c'est toujours Nakano Takeko, mais après avoir regardé la série toute l'année tout le monde parle de Niijima Yae.

[Note : l'affiche, photographiée à Aizu, Fukushima, montre Ayase Haruka, l'actrice interprétant Niijima Yae dans la série.]

La série avait démarré moins de deux ans après la catastrophe du Tohoku en 2011, qui dévasta Fukushima et une partie du Nord-Est du Japon.

Pour beaucoup, l'endurance, le cran et la détermination des femmes symbolisaient l'esprit de Fukushima et la volonté de reconstruction après le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire.

Texte de l'affiche : Aizu [Fukushima] ne cèdera jamais

J'ai récemment regardé Yae no Sakura.

Les dernières stratégies pour sauver les abeilles sont vraiment anciennes

jeudi 10 mars 2016 à 00:35
Photo by Flickr user Danny Perez Photography. CC-BY-NC-SA 2.0

Photo sur Flickr de Danny Perez Photography. CC-BY-NC-SA 2.0

Ce post de Christina Selby a été publié sur Ensia.com, un magazine qui s'intéresse aux solutions pour l'environnement mises en place à l'international. Il est republié ici dans le cadre d'un accord de partage de contenu. 

Au nord-ouest de l'Inde, les pics de l'Himalaya surgissent derrière les sapins et les cèdres. Les contreforts de la vallée de Kullu sont tapissés de pommiers qui commencent à fleurir. C'est un matin frais de printemps et Lihat Ram, un cultivateur du village de Nashala, me montre une petite ouverture dans une ruche en bois adossée contre sa maison. De robustes abeilles natives, noires et jaunes (Apis cerna), entrent et sortent de la ruche.

Depuis des siècles, les ruches sont intégrées dans l'architecture des chalets de montagne ici. Elles font partie de la masse des épais murs extérieurs. Les colonies d'abeilles sauvages trouvaient la ruche seules, ou l'essaim prélevé dans un tronc d'arbre dans la forêt y était installé par le fermier pour fournir aux villageois du miel à consommer ou vendre.

Ces dernières années, ces colonies sauvages se sont raréfiées dans la vallée. 90 pour cent des fermiers sont de petits exploitants. L'agriculture moderne a remplacé les forêts naturelles et les cultures de subsistance ont cédé devant la monoculture d'une variété de pommes très demandée, la Royal delicious. Les revenus tirés de cette culture intensive sont appréciables pour les horticulteurs de la vallée de Kuddu mais les pommiers ont aussi créé un environnement hostile aux abeilles. Comme ailleurs dans le monde, un mélange de monoculture, de déforestation, de destructions d'habitats naturels et de population humaine en explosion pèsent sur les ressources naturelles de la vallée et ont précipité le déclin des abeilles de montagne. Ce déclin a entrainé à son tour une baisse des récoltes des vergers, d'environ 50 pour cent.

Pour restaurer la pollinisation, des cultivateurs qui peuvent se le permettre ont commencé à embaucher des apiculteurs de l'Etat voisin plus chaud du Penjab, pour qu'ils installent des ruches d'abeilles européennes (Apis mellifera) durant la floraison des pommiers. “Le problème avec ça, c'est que les fermiers pauvres payent maintenant pour un service de l'écosystème que les abeilles natives fournissaient gratuitement avant” dit Pradeep Mehta, directeur de la recherche et du programme de l'Institut Earthwatch en Indie. De plus, l'introduction d'abeilles étrangères peut apporter des maladies et une compétition pour les sources de nectar, ce qui réduit la population des abeilles natives d'autant plus et diminue la biodiversité.

Aujourd'hui, cependant, des scientifiques mettent à contribution la nature pour changer cela dans ce coin isolé de la planète. Le Projet de recherche sur les écosystèmes himalayens (une collaboration entre scientifiques, villageois de Nashala et volontaires internationaux comme moi, invités par Earthwatch) étudie la pollinisation dans ce lieu et appliquent leurs conclusions dans les fermes. L'an dernier, le groupe a commencé à restaurer la pollinisation traditionnelle par des formations et en peuplant les nouvelles ruches d'abeilles asiatiques, tout en introduisant de nouvelles pratiques, telles que l'utilisation d'un extracteur pour récolter le miel au lieu d'écraser les rayons de cire, utiles aux abeilles pour résister à leurs nouvelles conditions de vie modernes.

Pour nourrir les abeilles durant la saison de la croissance, les villageois de Nashala ont recommencé à diversifier les cultures de leurs fermes. De l'ail, des oignons, des choux-fleurs et des fleurs sauvages, végétaux pour lequels les abeilles ont montré une préférence durant les relevés de terrain, poussent maintenant aux pieds des pommiers, après la floraison. Les floraisons étalées dans le temps ne compromettent pas la pollinisation des pommiers durant leur courte floraison et fournissent d'autres sources de nectars pour nourrir les abeilles durant le reste de la belle saison.

Une renaissance en cours 

Dans le monde entier, l'agriculture et sa collaboration traditionnelle avec les abeilles natives sont frappées par les dégâts collatéraux de la modernisation. L'agriculture industrielle emploie une poignée d'espèces d'abeilles, en général des abeilles réputées très efficaces et des bourdons, transportés d'une exploitation à l'autre pour polliniser où et quand c'est nécessaire.

“Les abeilles étrangères sont comme Walmart, les abeilles natives sont comme les petits commerces locaux. Quand vous cherchez un produit en particulier, si vous ne le trouvez pas à Walmart, vous allez vous trouver mal si le petit commerce de proximité ferme.”

Transporter des colonies d'abeilles non autochtones s'est révélé cependant risqué. Ces espèces peuvent transmettre des maladies aux colonies autochtones et réduire leur population. Ce qui peut compromettre toute la chaine de pollinisation. Comme le résume  Karen Wright, une chercheuse spécialiste des abeilles autochtones de l'université du Nouveau Mexique, les ”abeilles importées sont comme Walmart, les abeilles natives sont comme des petits commerces locaux. Quand vous cherchez un produit en particulier, si vous ne la trouvez pas à Walmart, vous allez vous trouver mal si le petit commerce de proximité ferme”.

Une renaissance est cependant en cours : un mouvement pour la protection des abeilles indigènes est né dans le monde entier. Et dans la vallée de Kullu, les cultivateurs commencent à voir leurs espèces locales comme des aides précieuses. Ils recommencent à les élever. La reprise de l'apiculture locale permet d'augmenter les populations d'abeilles locales et de reconquérir leur place dans les habitats naturels.

“Relancer ces pratiques traditionnelles va préserver l'environnement et l'agriculture dans la région”, dit Mehta.

Des abeilles sans dard au Mexique

Dans la péninsule du Yucatan au Mexique, on élève des abeilles depuis un millénaire. Les apiculteurs traditionnels prélevaient les abeilles, qu'ils appellent xunan kab (la reine), dans la forêt en abattant un arbre et en apportant l'essaim dans un tronc. La petite quantité de miel produite (entre 1 et 2 litres) chaque année était utilisée pour la médecine traditionnelle et les reines avaient un rôle dans les cérémonies traditionnelles.

Chez les Mayas, les anciens transmettaient leur connaissance des abeilles à un parent intéressé. La modernité a là encore fait tomber cette tradition en désuétude. “Les enfants ne sont plus intéressés par les choses traditionnelles” dit David Roubik de l'Institut Smithsonian Tropical Research. Depuis les années 1980, David Roubik, ainsi que les entomologistes de l'université de l'Arizona Stephen Buchmann et Rogel Villanueva-Gutiérrez, chercheur de El Colegio de la Frontera Sur au Mexique, ont étudié les pratiques d'apiculture chez les Mayas et l'espèce locale d'abeille sans dard, la Melipona, dans la Zona Maya, district créé par le gouvernement dans le Yucatan où les Maya vivent de façon traditionnelle. Les nouveaux apiculteurs recherchent avant tout à gagner de l'argent, et se tournent vers une abeille ‘commerciale’, hybride d'abeilles européennes et africaines qui produisent 40 à 50 kilogrammes de miel par colonie et par an.

Ce qui est perdu, c'est le rôle important de l'abeille locale dans l'écosystème.  “Les abeilles sans dard visitent de préférence la canopée des forêts natives, contrairement à l'abeille à miel qui a été introduite  — Apis mellifera — et qui tend a polliniser les plantes au niveau du sol. “Ces abeilles sont essentielles pour la conservation des essences d'arbres locales et d'autres végétaux dans la Zona Maya.

A l'est de la péninsule du Yucatan, où de larges bandes de forêts primaires sont encore intactes, les scientifiques qui souhaitent réintroduire l'abeille native travaillent avec les cultivateurs mayas pour faire renaitre l'apiculture traditionnelle. Les études à long terme des populations d'abeilles et des apiculteurs dans des villages mayas isolés montrent que la pratique n'est plus transmise dans les famille.  Buchmann, Roubik, Villanueva-Gutiérrez et des collègues de l'université du Yucatan estiment indispensable d'éviter l'extinction des abeilles sans dard et ont lancé des ateliers annuels pour former une nouvelle génération d'apiculteurs.  

“Nous formons et travaillons avec des techniciens mayas pour donner des cours et des ateliers sur la façon d'élever et de protéger l'abeille Melipona. Nous fournissons des colonies à des gens qui débutent et construisons des ruches, appelées meliponaries, qui ont toutes les caractéristiques de la meliponario traditionnelle maya”, dit M. Villanueva Gutiérrez.  Ces chercheurs ont aussi publié un guide d'apiculture en espagnol et en maya et une vidéo sur l'apiculture des Mayas. Ils espèrent que des apiculteurs formés pourront augmenter la population des colonies en les partageant.

“Nous rendons les gens conscients de l'importance des abeille pour la préservation de la forêt, et aussi de l'importance de la forêt pour l'existence des abeilles.”

Les hommes étaient traditionnellement les apiculteurs dans les villages mayas, mais des collectifs de femmes ‘gardeuses d'abeilles’ sont nés de ces initiatives. La nature docile de cette abeille en fait une invitée recherchée dans la cour d'une ferme familiale. Les bienfaits réputés du miel en médecine et un joli emballage permettent de tirer plus de revenus que d'un miel commercial au marché. Pour des mères de famille, cela suffit à régler les frais de scolarité de leur enfant.

Les ateliers aident les apiculteurs à voir que le miel n'est qu'une partie de la prestation. « Nous faisons en sorte que les gens prennent conscience de l'importance des abeilles pour la conservation de la forêt, ainsi que de l'importance de la forêt pour l'existence des abeilles », dit Villanueva Gutiérrez.

Les abeilles sans dard aident les apiculteurs mayas par la vente de miel et les apiculteurs mayas contribuent à préserver non seulement les abeilles sans dard, mais aussi l'équilibre écologique de la péninsule du Yucatán.

Une agressivité bénéfique 

En Tanzanie, les pratiques traditionnelles sont plutôt de récolter le miel sauvage au lieu d'entretenir des ruches, dit Noah Mpunga, zoologue de la Wildlife Conservation Society. Les cultivateurs repèrent des essaims dans la forêt, mettent le feu à des ballots d'herbes pour enfumer ces agressives abeilles et les chasser avant de récolter leur miel. Parfois, le feu se propage aux arbres alentour et détruit le tout.

Le nouveau project Elephants and Bees Project, une idée de la biologiste Lucy King, vise à soutenir les petits cultivateurs par les revenus du miel tout en réduisant les conflits entre éléphants et humains par la nature agressive de l'abeille africaine.

Les ruches sont traditionnelles, dans un tronc, ou modernes, à ouverture par clapet, ce qui permet de récolter le miel sans endommager la colonie. Des clotures ponctuées de ruches sont disposées autour des petites fermes. Les éléphants de passage qui convoitent les jeunes cultures se heurtent à la cloture, ce qui alerte les abeilles dans les ruches. Le seul son d'un vol d'abeilles suffit à mettre un éléphant en fuite. `

C'est un moyen de protéger des cultures des éléphants, qui s'ajoute à une meilleure pollinisation et aux revenus du miel. Le programme encourage les apiculteurs à créer et protéger des sources de nectar pour les abeilles natives, en ajoutant des fleurs sauvages à leurs cultures et en protégeant les forêts proches.

Les études montrent que des tactiques de protection pro-actives telle que celles-ci peuvent maintenir des conditions favorables pour les abeilles natives dans toute l'Afrique. La pratique se répand dans d'autres lieux où les éléphants représentent aussi un problème.

Rester local 

De retour en Inde, je suis Lihat Ram le long des sentiers étroits du village de Nashala. Quelques ruches dans les murs, et dans les troncs, bourdonnent d'abeilles autochtones. Nous croisons des femmes aux habits multicolores en train de planter des légumes dans leur jardin. Dans les vergers, les fleurs sauvages commencent à fleurir sous les pommiers. Les abeilles à miel, les abeilles natives solitaires, les insectes et les libellules s'activent. Tous pollinisent les bourgeons de pommes.

Une variété de pommes de la vallée de Kullu, ou bien une lotion pour la peau faite à base de gelée royale dans la Zona Maya, ou encore un éléphant africain qui fuit : les abeilles changent les choses chez les humains et les ecosystèmes. Des pratiques traditionnelles  d'apiculture sont peut-être exactement ce dont nous avons besoin pour préserver l'agriculture, les forêts et les exploitations familiales. 

Christina Selby a participé au programme de volontaires de Earthwatch en Inde au mois d'avril et a contribué cet article en tant que participante du dernier Ensia Mentor Program. Sa tutrice pour ce projet a été Hillary Rosner.

Christina Selby est  journaliste spécialiste de l'environnement et vit à Santa Fe, au Nouveau Mexique. Elle écrit sur la préservation de l'environnement, la biodiversité, les pollinisateurs et le développement durable. Ses articles ont été publiés par le Lowestoft Chronicle, le Green Money Journal, Mother Earth Living et d'autres publications. Twitter :  @christinaselby.

Jetez un œil à ce que porte la délégation tibétaine pour les deux congrès annuels chinois

mercredi 9 mars 2016 à 17:17
“Leader pins” belonging to Tibetan delegates at the Two Congresses. Image shared widely on social media.

« Pin's des dirigeants » appartenant aux représentants tibétains des deux Congrès. Image partagée largement dans les médias sociaux.

Les plus hautes instances législatives et consultatives de Chine, à savoir l'Assemblée nationale populaire et la Conférence consultative politique du peuple chinois, ont initié leur semaine de délibérations sur les politiques nationales ce samedi 5 mars. Dans le système politique du pays, le Parti communiste est le seul représentant du peuple chinois, et le Parlement approuve presque systématiquement toute décision prise par le Comité permanent du bureau politique du parti.

Faute d'accès à une participation politique directe, les internautes chinois prennent plaisir à disséquer et souvent à railler les déclarations des législateurs lors de la conférence annuelle. Cette année, leur attention s'est focalisée sur les pin's à l'image du président chinois Xi Jinping qui sont apparus sur la poitrine des représentants tibétains. De nombreux internautes affirment que les pin's leur rappellent la culture du culte de la personnalité qui a gangrené la Chine durant la Révolution culturelle, de 1966 à 1976, lorsque Mao Zedong a tenté de consolider son pouvoir et d'écarter les «révisionnistes» du parti.

Journaliste pour Hong Kong Star TV, Qin Feng a constaté que les délégués tibétains portaient deux pin's sur la poitrine au moment où ils ont franchi l'entrée du Congrès. Sur l'un des pin's figuraient les images de Mao Zedong, Deng Xiaoping, Jiang Zeming, Hu Jintao et Xi Jinping. L'autre représentait uniquement Xi Jinping. La délégation tibétaine était la seule à porter de tels accessoires.

Qin Feng a mis en ligne les photos sur son compte public WeChat, où elles se sont bientôt étendues à d'autres plateformes de médias sociaux, devenant virales en l'espace de quelques heures.

Peu de temps après, le compte WeChat de la journaliste a été bloqué et les recherches liées au terme «Xi's pin» sont devenues impossibles sur Sina Weibo [N.d.T site chinois de microblogging].

Les internautes qui sont parvenus à commenter les photos lorsqu'elles étaient encore largement accessibles ont eu tendance à traiter l'information de manière plutôt satirique. China Digital Times a conservé et sauvegardé plusieurs réponses, dont celles-ci:

@北外乔木:西藏团给所有代表委员和随行人员配发胸章,这个做法应该全国推广。中华民族的这个优良传统已经失传30多年,不能让朝鲜一枝独秀。

@”Bei-Wai-Qiao-Mu”: On a demandé aux représentants tibétains et aux membres de leur personnel de porter ces pin's. De telles pratiques devraient être encouragées dans tout le pays. Ce genre de traditions nationales chinoises avait disparu ces trois dernières décennies et nous ne devrions pas laisser la Corée du Nord se tenir seule sous le feu des projecteurs.

@巴楚渔樵: 像章应该别到肉里,才能表达忠诚。五人像章分散忠诚,不符合核心概念,文革中绝不允许五人这样的事情发生。

@”Ba-chu yu-qiao”: Ils devraient épingler les pin's sur leur peau pour exprimer leur loyauté. Celui avec cinq images est trop diffus et va à l'encontre du principe de défense de l'essentiel. Durant la Révolution culturelle, aucun pin's de ce type ne pouvait être distribué.

@相尋夢里花:嗯,天安门上也该挂起。

@”Searching for flower in dream”: Oui, ces images emblématiques devraient être suspendues sur la place Tiananmen.

@火石 :翻身农奴到北京开两会,胸前两个像章,毛泽东,邓小平,江泽民,胡锦涛在一个像章里,习近平独占了一个像章,岂不是说习近平比前任的几任领导人都伟大?

@”Fire rock”: les serfs libérés [selon les livres d'histoire en Chine, les Tibétains ont été libérés de l'esclavage par l'Armée populaire de libération dans les années 1950] portent deux pin's sur la poitrine. L'un représente Mao Zedong, Deng Xiaoping, Jiang Zeming, Hu Jintao [et Xi Jinping] et l'autre seulement Xi. Veulent-ils dire par là que Xi est le plus illustre de tous les dirigeants?

@賈葭:看着国内又是大字报大批判,又是红像章劝进表,又是表忠心站队列,就不免有些侥幸。感谢这么多年来的朋友和读过的书,让我还能像个正常人,保持了一些基本的原则。

@Jia Jia: j'observe ce qui se passe en Chine continentale, la culture des grandes affiches de propagande et des flots de critiques est de retour. Maintenant les pin's sont réapparus pour afficher sa loyauté. Je m'estime chanceux [d'avoir quitté le pays]. Je suis également reconnaissant à mes amis et aux livres que j'ai lus, qui m'ont tous aidé à rester une personne normale et à vivre en accord avec certains principes fondamentaux.