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Envie d'agir efficacement contre le changement climatique? Inspirez-vous du passé

vendredi 26 juin 2015 à 09:01
People's Climate March 2014 NYC. Photo by South Bend Voice on Flickr. CC BY-SA 2.0

Marche pour le climat en 2014 dans la ville de New York. Photo de South Bend Voice sur Flickr. CC BY-SA 2.0

Cet article de Peter Dykstra a été publié initialement le 6 mai 2015 sur Ensia.com, un magazine qui présente des solutions environnementales concrètes au niveau international. Il est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Nous connaissons tous le scénario: des militants passionnés et déterminés tentent de s'attaquer au pouvoir et aux masses d'argent brassées, à une idéologie bornée et à la paralysie bureaucratique pour inverser le cours du problème le plus important jamais rencontré.

Nous pourrions parler du changement climatique. Mais nous pourrions également évoquer l'abolition de l'esclavage, le mariage pour tous ou un nombre incalculable de luttes politiques dans l'histoire des Etats-Unis. Tous ces mouvements sont une aubaine pour les activistes du climat car ils permettent de tirer des enseignements sur la manière dont un changement de grande envergure réussit ou échoue.

Abolition de l'esclavage : le ‘Bien’ et la ‘Distance’

Nul mouvement ne peut autant prétendre donner des leçons de morale que celui des abolitionnistes. Que peuvent apprendre celles et ceux qui militent pour le climat du mouvement antiesclavagiste?

D'abord, être du côté du ‘Bien’ importe peu. Aux Etats-Unis, le bon sens et la moralité des abolitionnistes se heurtaient aux arguments de la nécessité économique et des droits des Etats pro-esclavagistes. Actuellement, les droits des Etats et les impératifs économiques restent des refuges théoriques lors des débats sur le climat. Alors n'attendez pas que le bon sens l'emporte. Les abolitionnistes ont attendu durant des décennies, et il a tout de même fallu une guerre désastreuse pour résoudre le problème.

D'autre part, une attitude distante et suffisante n'aide pas. Les abolitionnistes étaient vus comme une élite peu efficace, intellectuelle et dilettante. Au point qu'ils ont même rebuté l'un d'entre eux. Dans son essai de 1841 intitulé Self-Reliance [La Confiance en soi], le philosophe existentialiste Ralph Waldo Emerson critique les dirigeants abolitionnistes pour ce qu'il considère comme leur «tendresse inouïe pour des Noirs à des milliers de miles de distance» tout en ignorant les problèmes sociaux chez eux dans le Nord.

If enviros made the rebirth of coal towns via renewable energy a priority, Appalachia’s coming Reconstruction Era could replace perpetual bitterness with prosperity.

Si les écolos faisaient de la renaissance des villes minières une priorité, via les énergies renouvelables,  le temps de la Reconstruction à venir dans les Appalaches pourrait substituer la prospérité à l'amertume perpétuelle.

Les écologistes d'aujourd'hui sont également perçus comme étant détachés des tristes réalités des villes minières, et cela a ouvert la voie aux critiques, pour qui les groupes écolos et les régulateurs sont responsables de l'inévitable effondrement du marché du Roi Charbon au cours des dernières décennies. La disparition du mode de vie sudiste il y a 150 ans a entraîné des décennies de violence et de corruption. Si les écolos faisaient de la renaissance des villes minières au moyen des énergies renouvelables une priorité, le Temps de la Reconstruction à venir dans les Appalaches pourrait substituer la prospérité à l'amertume perpétuelle.

Autre suggestion: l'écologie possède elle-même des habitudes de consommation très visibles qui rebutent et cela tient les gens à distance de valeurs et problématiques auxquelles ils pourraient autrement adhérer. Une Toyota Prius ne devrait pas être l'équivalent pour les amoureux des arbres d'un pin's représentant le drapeau des Etats-Unis. Une vidéo un temps virale l'an passé, “Rolling Coal” craze [le phénomène «rouler au charbon»], ou comment le fait de modifier sa camionnette permet de cracher le plus de fumée noire possible, devrait servir de leçon car elle montre que les meilleures intentions, lorsqu'elles sont exprimées avec suffisance, peuvent conduire des Etats-uniens à réagir de manière extrême et opposée.

Le mariage pour tous: le respect en temps record

Le passage du mariage pour tous d'une question controversée à un fait accompli a été incroyablement rapide. Comment est-ce arrivé?

Les conservateurs étaient partagés ou ont gardé le silence car certains de leurs proches étaient concernés par la question. Pour ce qui est du climat, à défaut de la famille, pourquoi pas l'habitat? Les habitants du sud de la Floride ont peut-être juste besoin de prendre conscience de la réalité de l'augmentation du niveau de la mer pour devenir des défenseurs du climat.

Le mariage pour tous trouve également un écho parmi ceux qui se définissent comme libertaires. Et si celles et ceux qui militent pour le climat formulaient leurs revendications en termes libertaires ? Un appel à soutien pour les îles du Pacifique, les villages côtiers en Alaska et les populations des bayous de Louisiane dont les droits fonciers et patrimoniaux sont littéralement engloutis par les combustibles fossiles et leur impact sur le climat?

La couche d'ozone : une victoire pour la planète Terre

Dans les années 70 et 80, nous avons constaté relativement rapidement l'appauvrissement de la couche d'ozone stratosphérique puis nous l'avons enrayé. Le Protocole de Montréal, qui a rendu illicites les chlorofluorocarbones et autres substances chimiques responsables de la destruction de la couche d'ozone, a été ratifié en 1987. La réduction de la couche d'ozone a diminué et les scientifiques estiment à présent que les «trous» qu'elle présente au pôle Sud et au pôle Nord se résorberont d'eux-mêmes dans les prochaines décennies.

Tout cela s'est produit sans la dynamique d'un mouvement politique de grande envergure. Mais cela s'est fait avec la participation active des dirigeants mondiaux appartenant à un large éventail idéologique. Parmi les plus éminents d'entre eux se trouvaient deux icônes conservatrices dont les précédents en matière de science et d'environnement étaient très critiqués — le président des Etats-Unis Ronald Reagan et la Première ministre britannique Margaret Thatcher.

Moralité de l'histoire: il n'y aura pas d'avancée politique sur le climat sans rompre l'impasse idéologique actuelle. Voici quelques exemples qui pourraient tous nous inciter à nous rapprocher de cet objectif. Premièrement, l'ancien secrétaire d'Etat de Ronald Reagan, George Shultz, a récemment suggéré qu'il serait judicieux de souscrire une police d'assurance vis-à-vis du changement climatique semblable à celle qu'avait adoptée son ancien patron pour la couche d'ozone. A l'inverse, les deux derniers candidats républicains à la présidentielle, John McCain et Mitt Romney, qui s'étaient jusque-là distingués pour leur soutien en faveur d'un plan d'action sur le climat, ont fait marche arrière sur la question lorsqu'ils se sont présentés aux élections — et ils ont perdu. Leur volte-face stratégique les a sans doute un peu aidé lors des primaires et de la campagne de financement de leur parti, mais cela ne leur a jamais ouvert les portes de la Maison Blanche.

Vietnam : intérêt personnel motivé, mobilisation médiatique

La colère que de nombreux Etats-uniens ressentent envers les opposants à la guerre au Vietnam n'est pas complètement apaisée, mais aujourd'hui, bien peu soutiendraient que l'engagement des Etats-Unis dans cette guerre était sage ou honnête.

L'attitude de défiance et les protestations massives lors de la guerre au Vietnam étaient en grande partie motivées par l'intérêt personnel. Des centaines de milliers de jeunes Etats-uniens ont durci leur position morale face à la guerre sachant qu'ils étaient susceptibles d'être enrôlés.

Agir en fonction de son intérêt personnel n'est pas forcément une mauvaise chose. En fait, celles et ceux qui s'engagent pour le climat devraient s'en inspirer. On pourrait faire le parallèle entre les jeunes Etats-uniens en âge d'être enrôlés dans les années 1960 et les fermiers, éleveurs, pêcheurs et propriétaires fonciers du littoral d'aujourd'hui dont les moyens de subsistance sont directement menacés par l'augmentation des températures, les conditions météo extrêmes et imprévisibles et l'élévation du niveau de la mer, de plus en plus tempétueuse. Le type de personnes auxquelles peuvent s'identifier les habitants de province aux Etats-Unis peut faire des miracles pour que d'autres se montrent intéressés par votre mission ou votre message.

Le mouvement d'opposition à la guerre au Vietnam a aussi bénéficié d'un appui considérable de la part des médias traditionnels. Des correspondants des principaux journaux, des chaînes de radio et des trois réseaux de télévision ont réalisé des reportages qui remettaient souvent en cause la politique états-unienne. Peut-être cela sera-t-il difficile d'empêcher les médias d'information, en particulier à la télé, de basculer dans une industrie du divertissement amorphe et de leur redonner le sens du devoir civique. Cependant, deux signes encourageants sont à noter dans The Washington Post, dont la couverture des questions environnementales et climatiques pourrait changer la donne, et The Guardian, dont la focalisation permanente sur le changement climatique comprend un passage en revue des politiques climatiques aux Etats-Unis à faire rougir de honte la plupart des médias outre-Atlantique.

Le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis

Les journaux télévisés ont également joué un rôle très important dans le basculement de l'opinion en faveur du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis. Les images de brutalité à Birmingham et Selma ont montré aux Etats-Unis le visage de la ségrégation qui repose sur la haine aveugle. Cela a persuadé un président réticent de défendre les lois sur les droits civiques et le droit de vote. Un demi-siècle plus tard, canons à eau, chiens policiers, gaz lacrymogènes et matraques restent des symboles forts.

Les catastrophes naturelles sans doute liées à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre sont des outils de choix pour créer un tel impact visuel. Et même si le mouvement ne doit pas forcément s'inspirer des textes sacrés comme le faisait si régulièrement Martin Luther King Jr., cela tuerait-il les défenseurs du climat de savoir quoi répondre lorsque la Bible est utilisée pour justifier l'absence d'action en faveur du climat? Voici une entrée en matière du Lévitique: «Dans tout le pays dont vous aurez la possession, vous établirez le droit de rachat pour les terres.»

Anti-Apartheid: Investir les rues — et les banques

L'écologiste états-unien Bill McKibben affirme que son mouvement de désinvestissement des énergies fossiles s'inspire du succès de la campagne anti-apartheid des années 1980 qui encourageait institutions, grandes entreprises et investisseurs à se détourner de l'Afrique du Sud. En ce temps-là, le mouvement de désinvestissement avait commencé par quelques protestations, puis avait pris de l'ampleur. Finalement, une véritable prise de conscience mêlée à des préoccupations marketing avaient propulsé des entreprises comme Cola-Cola à la tête de l'opposition au système d'apartheid sud-africain.

Perhaps the most encouraging sign for the climate divestment effort is that its targets are taking note. 

Peut-être le signal le plus encourageant pour l'opération de désinvestissement climatique est que ses cibles en prennent connaissance.

McKibben a reproduit les phases initiales du mouvement de désinvestissement sud-africain, d'abord au travers de manifestations plus réduites puis par des actions de plus en plus conséquentes. Dans un premier temps, seules quelques enseignes et institutions très attendues ont abandonné leurs investissements dans les énergies fossiles. Aujourd'hui, le mouvement semble être là pour durer, le plus important trophée de l'opération de désinvestissement étant constitué à ce jour par un fonds de pension norvégien d'une valeur de 850 milliards de dollars US [N.d.T. soit environ 760 milliards d'euro] qui a récemment rejoint le mouvement.

Mais peut-être le signal le plus encourageant pour l'opération de désinvestissement climatique est que ses cibles en prennent connaissance. Dans sa déclaration de février 2015 à la Securities and Exchange Commission des Etats-Unis [N.d.T. l'autorité états-unienne de surveillance des marchés financiers], le géant du charbon Peabody Energy observe: «Les préoccupations liées aux impacts environnementaux de la combustion du charbon, y compris … les opérations de désinvestissement … pourraient affecter de manière significative la demande pour nos produits ou nos titres.»

Un mouvement peut apprendre de lui-même

Ces mobilisations historiques sont porteuses d'enseignements à retenir ou éviter.  Le mouvement écologiste peut en outre apprendre de lui-même. Le bilan des défenseurs de l'environnement n'est pas parfait mais il est solide. Le fait d'avoir vu juste sur les DDT, la pureté de l'air et de l'eau, la disparition des espèces et des habitats, la protection de la couche d'ozone et l'élimination des déchets toxiques représente un héritage qui leur donne le droit de s'en enorgueillir. Les écolos ont lutté contre l'indifférence, l'inertie et les intérêts financiers pour exposer les menaces que sont la coupe à blanc, les pratiques abusives d'extraction minière, la surpêche et des douzaines d'autres enjeux, ce qui leur donne encore plus de poids en termes de crédibilité et d'autorité morale.

Alors foncez et vantez-vous. L'Histoire nous montre que lorsque des gouvernements écoutent les défenseurs de l'environnement, l'économie ne s'effondre pas, notre mode de vie n'est pas détruit et les terroristes ne gagnent pas. L'Histoire prouve que ce qui se passe est que nous sommes en meilleur santé, mieux protégés et plus forts. Au moment où nous plaidons pour des actions en faveur du climat, n'ayons pas peur de partager cet aspect important.

Peter Dykstra vit à Conyers, dans l'Etat de Géorgie. Il a été collaborateur à l'émission de Public Radio International Living On Earth, éditeur des magazines Environmental Health News et The Daily Climate (2011-2014), sous-directeur à la Pew Charitable Trusts (2009-2011) et producteur délégué à CNN (1991–2008). Son adresse Twitter est @pdykstra.

Au Bangladesh, la mousson apporte de la joie, des maux de tête et de superbes photos

jeudi 25 juin 2015 à 19:15
Bangladesh welcomes monsoon after a period of scorching heat wave. Images by Reza Suman. Copyright Demotix (15/06/2015)

Au Bangladesh, la mousson est la bienvenue après une vague de chaleur caniculaire. Photos par Reza Suman. Droits d'auteur Demotix (15/06/2015).

Quelqu'un a de l'eau jusqu'aux genoux, une voiture est tombée en panne à cause d'une défaillance de moteur et les embouteillages sont un véritable enfer pour les citadins. Voilà comment débute la saison des moussons cette année, au Bangladesh, alors que des pluies torrentielles ont obstrué les gouttières et tranformé les rues en rivières.

Alors que l'été tire à sa fin au pays, plusieurs vagues de chaleur ont rendu la vie insupportable aux gens, incitant les utilisateurs de Facebook a écrire sur leur page à propos de la chaleur étouffante. Puis, la saison des moussons a frappé, et la chaleur insupportable s'est transformée en inondations. La tension a laissé place au soulagement.

Le Bangladesh est un pays de six saisons. Barsha (pluvieuse) est l'une d'entre elles. Elle comprend les mois bengalis Ashar et Shrabon (mi-juin à mi-août). La mousson du golfe du Bengale provenant du sud-ouest provoque des pluies intenses dans plusieurs régions du pays. Environ 80% des précipitations annuelles au pays surviennent durant Barsha.

Sur les médias sociaux, les gens semblaient heureux de la mousson. Toutefois, ils ont critiqué les systèmes de drainage à Dacca, la onzième ville du monde en terme de population avec ses 170 millions d'habitants, selon un rapport des Nations Unies de 2014.

Le journaliste Probhash Amin a écrit :

বৃষ্টি আমার খুব প্রিয়। বিশেষ করে বৃষ্টি ভেজা সকালে ঘুরে বেড়াতে ভালো লাগে। বৃষ্টি ভেজা সকালটা সবুজের সাথে কাটাতে ভালো লাগে। আমি জানি বৃষ্টি হলে অনেক মানুষের অনেক অসুবিধা হয়, যেমন সকালে প্রসূনকে স্কুলে দিতে গিয়ে আমাকেও ভোগান্তিতে পড়তে হয়েছে। সকালের বৃষ্টি স্কুল আর অফিসগামী মানুষকে চরম দুর্ভোগে ফেলে। আর খোলা আকাশের নিচে যাদের বাস, তাদের দুর্ভোগের তো সীমা নেই।

J'adore la pluie. J'aime marcher, les matins pluvieux, surtout où il y a de la végétation. Je sais que la pluie rend notre quotidien difficile. Ce matin, ça n'a pas été facile d'amener mon fils Proshun a l'école. Ce sont surtout les étudiants et les gens qui travaillent dans les bureaux qui sont pénalisés par la pluie matinale. Pour ceux qui vivent à ciel ouvert, c'est un cauchemar sans fin.

L'activiste Akku Chowdhury a écrit sur Facebook :

Quelle belle façon de commencer la journée, cette mousson! J'ai marché sous la pluie ce matin en me rendant au travail, alors que l'avenue était fermée à cause de la pluie et de la visite de la première ministre [du Bangladesh]!

L'arrivée de la mousson laisse toujours place à des images saisissantes :

Water logging is very common scenerio in rainy season in Dhaka, Bangladesh. Images by SK Hasan Ali. Copyright Demotix (11/06/2015)

Les inondations sont communes durant la saison des pluies à Dacca, au Bangladesh. Photos par SK Hasan Ali. Droits d'auteur Demotix (11/06/2015)

A passenger and rickshaw puller caught in an accident on the stagnant water at the capital’s Rajarbag intersection.

À cause des engorgements, les accidents ne sont pas rares sur les rues. Photos par SK Hasan Ali. Droits d'auteur Demotix (11/06/2015).

People cannot go out in the rain. The whole economy comes to a standstill. Images by SK Hasan Ali. Copyright Demotix (11/06/2015).

Toute l'économie s'arrête. Photos par SK Hasan Ali. Droits d'auteur Demotix (11/06/2015).

But life does not stop. People goes to destination their own way. Images by SK Hasan Ali. Copyright Demotix (14/08/2014).

Mais la vie continue. Les gens se rendent à destination à leur façon. Photos par SK Hasan Ali. Droits d'auteur Demotix (14/08/2014).

Malgré ses inconvénients évidents, la saison des moussons apporte une beauté unique et des bénédictions inhabituelles. Chacun célèbre la saison à sa façon.

As part of welcoming rainy season each year Barsha utsab held on Fine arts institute in Dhaka university. Images by rezasuman. Copyright Demotix (15/06/2015).

Afin d'accueillir la saison des pluies, un festival de la mousson est organisé tous les ans à la faculté des beaux-arts de l'Université de Dacca. Photos par Reza Suman. Droits d'auteur Demotix (15/06/2015).

People welcomed the rain that engulfed Dhaka city after the period of hot and humid weather. Image by Bayejid Akter. Copyright Demotix (28/08/2010).

Les gens célèbrent la pluie en se rendant dans les rues. Photo par Bayejid Akter. Droits d'auteur Demotix (28/08/2010).

Rainy days are the source of endless fun for kid! Images by Mohammad Asad. Copyright Demotix (23/08/2014).

Les jours de pluie sont source de plaisir pour les enfants ! Photos par Mohammad Asad. Droits d'auteur Demotix (23/08/2014).

In rainy season rivers are full to the brim. People arranged boat races competition. Images by Indrajeet Ghosh. Copyright Demotix (28/09/2013).

Durant la saison des pluies, les rivières s'emplissent à ras bord, et les gens participent à des courses de bateaux. Photos par Indrajeet Ghosh. Droits d'auteur Demotix (28/09/2013).

Kadam, a rainy day flower. There are many poems and lyrics in Bengali literature where mentioned Kadam flower. Image by Zakir Hossain Chowdhuy. Copyright Demotix (18/05/2013).

Kadam, une fleur des jours de pluie. Plusieurs poèmes et chansons de la littérature bengalie mentionnent la fleur de kadam. Photo par Zakir Hossain Chowdhuy. Droits d'auteur Demotix (18/05/2013).

Special food of rainy days. Khichuri, Hilsa and Egg bhuna. Images by Mohammad Asad. Copyright Demotix (14/08/2014).

Un menu bengali spécial pour les jours de pluie. Du kichuri, de l'hilsa (poisson) et un oeuf frit. Photos par Mohammad Asad. Droits d'auteur Demotix (14/08/2014).

Monsoon tourism in Bangladesh gives you a magnificent experience. Bisnakandi, Syhlet. Images by Anawar Shamim. Copyright Demotix (06/08/2014).

Voyager au Bangladesh durant la mousson est une merveilleuse expérience. Bisnakandi, Sylhet. Photo par Anawar Shamim. Droits d'auteur Demotix (06/08/2014).

L'avortement au Chili prohibé par les lois les plus restrictives au monde

jeudi 25 juin 2015 à 09:08
Periódico El Ciudadano Follow Marcha Por el Aborto Libre, Seguro y Gratuito  Marcha por el Aborto, Santiago de Chile, 25 de Julio de 2014

Manifestation pour un avortement libre et sûr. Santiago de Chile, 25 juillet 2014. Photo du journal El Ciudadano (CC BY-NC-ND 2.0).

Depuis 1974, quand a été changée la loi sous la dictature d'Augusto Pinochet, le Chili est l‘un des sept pays dans le monde qui ne permettent l'avortement dans aucune circonstance. Avec le retour de la démocratie en 1990, il y eut diverses tentatives pour dépénaliser l'avortement, mais aucune, y compris une promesse de la présidente Michelle Bachelet de le légaliser en cas de viol ou de danger mortel pour la femme n'a abouti.

Quand, en 1974, la Constitution chilienne fut modifiée, le sénateur Jaime Guzmán Errázuriz fit un discours sur l'avortement qui incluait l'idée que : “La mère doit avoir son enfant même s'il s'avèrait anormal, si elle ne l'avait pas désiré, s'il était le produit d'un viol ou encore si l'avoir conduisait à sa mort”.

La Constitution elle-même était vague et se contentait de “protéger la vie du nouveau né” mais le discours de Guzmán continue d'être le meilleur résumé de la politique actuelle.

Dans le discours de Michèle Bachelet le 21 mai dernier, la promesse avait disparu, mais pas le débat. De temps en temps, la presse chilienne publie une série d'articles sur des filles très jeunes qui se retrouvent enceintes, généralement à la suite d'un viol, parfois de la part d'un proche, et auxquelles on ne permet pas d'avorter. Cette année, l'histoire tragique d'une fillette de 11 ans l'a transformé en un symbole de la cause.

Mon affiche pour la Journée de la Femme dira “Le Chili, un pays où une fillette de 11 ans peut être MERE PAR SON PROPRE FRERE. AVORTEMENT LEGAL MAINTENANT

Le Chili est un pays catholique jusqu'a la moelle, il n'est donc pas surprenant que la prohibition de l'avortement soit seulement un des nombreux aspects d'un problème social majeur.

Message des Évêques du Chili avant le projet de dépénalisation de l'avortement

La pilule contraceptive est vendue en pharmacie sans ordonnance. Le contraceptif d'urgence qui s'utilise de façon rétroactive pour éviter d'être enceinte est plus difficile à obtenir. Le contraceptif d'urgence fut légalisé en 2002, après une longue bataille dans les tribunaux. Les Chiliens aisés peuvent l'acquérir dans les cliniques privées, mais la majorité des femmes doivent recourir au service national de santé, qui ne la prescrivait qu'en cas de violence sexuelle. À partir de 2006, il fut mis à disposition des femmes à partir de 14 ans, sans le consentement des parents.

Le 8 mars 2015, lors de la Journée Internationale de la Femme, environ 8 000 personnes marchèrent dans les rues en exigeant des avortements sûrs et légaux. Une semaine plus tard,, près de 5 000 personnes marchèrent “pour la vie”. Siempre Por La Vida (Toujours Pour la Vie), organisation chilienne pro-vie, souhaite que la loi demeure identique à tout prix.

J'ai discuté avec Rosario Lagos, présidente de Siempre Por La Vida, qui croit que l'avortement thérapeutique (en cas de danger mortel) est lui aussi “complètement inutile”, car les “médecins ont l'obligation morale et professionnelle de sauver la vie de la mère”. Elle appelle l'avortement une “fausse promesse pour le confort mental”. Rosario Lagos me dit que les femme ont besoin de “compagnie, soutien et protection”, pas d'avortement.

“Et en cas de viol”, dit-elle, “il est fondamentalement injuste de condamner l'enfant à mort et au violeur la prison. L'avortement lui aussi cause plus de mal que de bien”. Selon Lagos, “la science” montre que l'avortement “cause plus de douleur physique et émotionnelle”.

Javiera et Amanda de Serigrafía Instantánea (Sérigraphie Instantanée) sont de l'autre côté du débat. Elles font partie d'un collectif d'artistes qui réalisent des affiches et des t-shirts pour appuyer des causes de justice sociale. “Le Chili est un pays conservateur, avec des dirigeants ultra-conservateurs”, dit Javiera. “Mais, pourquoi auraient-ils le droit de décisions sur mon propre corps? Je ne crois pas à la légalisation de l'avortement pour raisons thérapeutiques. Nous devrions avoir le droit de prendre librement les décisions sur notre fertilité”.

Brigada Serigráfica Marcha Aborto Libre. Chile

Sérigraphies pour une manifestation en faveur de l'avortement au Chili. Image publiée par  Tomás Matala Aedo sur Facebook.

Amanda parle de l'avortement comme partie d'un problème bien plus vaste. “L'avortement est seulement un symbole. Nous voulons récupérer nos corps, car l'avortement est déjà une réalité au Chili. Les femmes avec de l'argent vont dans les cliniques ; les femmes sans accès aux cliniques doivent avoir recours à d'autres moyens”.

Chaque année, entre dix et vingt mille femmes subissent un avortement illégal au Chili. Le tabou autour de cette activité projette une ombre massive sur tout le problème, ainsi, il est difficile de confirmer l'exactitude des chiffres. Human Rights Watch Amérique Latine estime que “une grande partie des grosses au Chili sont non-désirées. Près de 35 pour cent terminent en avortement, ce qui donne près de 160 000 avortement chaque année, 64 000 d'entre eux concernent des filles de moins de 18 ans”.

Une des organisations qui aident les femmes à avorter en toute sécurité à domicile est Línea Aborto Libre (Ligne Avortement Libre), dirigée par Angela Erpel Jara, qui est également sociologue de l'Université du Chili. Tous les jours, entre 20h et 23h, Línea Aborto reçoit jusqu'à 15 appels de femmes qui cherchent des informations sur la façon de réaliser un avortement sûr en utilisant Misopostrol. Pour compléter ce service, elles partagent des libres sur ce thème. L'année passée, après avoir placé les livres dans des bibliothèques locales, Línea Aborto Libre fut poursuivie trois fois, avec l'accusation de pratiquer la médecine illégalement et d'inciter à l'activité criminelle. Aucune des accusations n'a pu être prouvée.

Erpel Jara et ses collègues s'occupent dans la pratique davantage des femmes qu'elles assistent que sur la loi. “Ça ne nous intéresse pas de négocier avec les parlementaire”, dit-elle. “La loi qui permet l'avortement thérapeutique est une perte de temps. Les femmes ne devraient pas devoir demander la permission aux hommes législateurs, prouver aux hommes médecins qu'elles furent violées ou qu'elles sont en danger de mort pour pouvoir prendre la décision sur leur propre fertilité”.

Erpel Jara aide les femmes seulement avec le traitement à domicile ; légalement, elle ne peut pas leur dire comment obtenir du Misoprostol. Mais ce n'est pas si difficile. Avec l'aide de Google, un téléphone portable (les vendeurs communiques par WhatsApp) et 60 000 pesos (100$ US), quiconque peut obtenir les pilules. Une recherche rapide permet de trouver plus de 30 personnes qui ont assumé le risque de mettre leur numéro de téléphone en ligne, parfois avec leurs noms, et qui déclarent être vendeurs de Misoprostol. Où ils obtiennent le produit n'est pas clair. Une étude mentionne une “mafia de Misoprostol”, alors que le médicament est disponible sur ordonnance dans la majorité des pays voisins du Chili.

En guise de test, j'ai envoyé des messages à quelques-uns des numéros en demandant s'ils pouvaient me fournir du Misopostrol. Un me répondit instantanément, me demandant à quelle étape de la grossesse j'étais et m'assurant qu'ils avaient “de l'expérience dans le secteur médical”. Il devenait douloureusement clair que les femmes qui font cela prennent un double risque : mettre sa santé entre les mains d'un numéro trouvé sur internet, et sa confiance entre celles de vendeurs clandestins. Et si quelque chose tourne mal, un médecin pourrait les dénoncer, avec le risque de finir en prison.

À l'heure actuelle, il y a peu d'espoir que la situation s'améliore. La présidente est restée silencieuse, la loi reste inchangée. La prohibition de l'avortement est enracinée dans la Constitution chilienne, constitution qui dès son premier article garantit la sécurité de tous les citoyens et la liberté de réalisation spirituelle et matérielle — une liberté qui est niée à des centaines de Chiliennes chaque année.

Pourquoi l'Afrique du sud a-t-elle laissé le Président soudanais Bashir quitter le pays ?

jeudi 25 juin 2015 à 08:57
Sudanese President Omar al Bashir arriving in Juba, South Sudan in 2011. Photo released by Al Jazeera under Creative Commons (BY-SA 2.0)

Le President du Soudan Omar al Bashir arrive à Juba en 2011. Photo publiée par Al Jazeera  sous licence Creative Commons (BY-SA 2.0)

La saga impliquant le président soudanais Omar el-Bashir a connu de nombreux rebondissements. M. Bashir assistait à des débats de l'Union africaine en Afrique du Sud quand un tribunal local a émis une ordonnance provisoire pour l'empêcher de quitter le pays jusqu'à la conclusion de l'examen d'une demande d'arrestation. Le Président Bashir est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, génocide et crimes de guerre.

Défiant l'ordonnance du tribunal, il a quitté le pays. On a entendu des personnes rire dans le tribunal de Pretoria qui devait statuer sur son cas.

Une télévision locale a révélé que le Soudan retenait en otage des soldats sud-africains en contrepartie. La haute cour de Johannesburg a donné au gouvernement sud-africain sept jours pour déposer un affidavit expliquant comment le Président Bashir a pu quitter le pays.

Les avis sont très partagés entre ceux qui accusent le gouvernement sud-africain de défier un ordre de la cour de justice et d'avoir violé sa propre constitution et ceux qui dépeignent la CPI comme un “instrument de l'impérialisme occidental”.

Un ancien conseiller de l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki a expliqué sur son blog les raisons pour lesquelles le gouvernement aurait été “mal avisé” d'arrêter M. Bashir, dont:

  • mettre en danger nos relations bilatérales avec le Soudan, avec certains de ses voisins et l'ensemble du monde musulman. L’Afrique du Sud compte actuellement des milliers de policiers et de militaires servant au sein de la mission conjointe de l'Union africaine et des Nations Unies au Darfour, au Soudan. Nous pouvons imaginer les scénarios de ce qui pourrait arriver à ces Sud-africains si le Président Bashir venait à être arrêté. Cela signifierait considérer quelque chose qui malheureusement n'entre pas naturellement et facilement dans les intérêts de la société sud-africaine, à savoir l'intérêt national;
  • affaiblir et diviser au lieu de renforcer l'Union africaine et promouvoir l'unité du continent. Le Président Bashir est en Afrique du Sud à l'invitation de l'Union africaine, qui ne prévoit pas de sanctions contre lui. L'arrêter servirait à affaiblir et diviser l'UA car cela impliquerait que nous sommes incapables si nous manquons de volonté pour protéger l'UA, quand c'est cela qui compte le plus.
  • Le gouvernement américain n'a pas arrêté des chefs d'état et de gouvernements étrangers, même quand il y avait des sanctions contre eux quand ils assistaient à l'Assemblée générale de l'ONU chaque mois de septembre. Il aurait, sans aucun doute, affaibli et finalement détruit l'ONU en faisant le contraire.

Le Botswana est le seul pays en Afrique qui ait clairement fait savoir que M. Bashir aurait été arrêté et remis à la CPI s'il visitait le pays.

Commentant son post, Mangwale Gift fait valoir que la CPI vise injustement les présidents noirs. Il se demande pourquoi personne n'a été arrêté pour crimes de guerre en Irak après l'invasion du pays par les Etats-Unis :

En effet; la CPI est destinée à juger seulement les présidents noirs. George W Bush a tué le Président Saddam pour venger son père, sous le déguisement d'une accusation de détention d'armes de destruction massive en Irak, ce qui n'a jamais été prouvé. Mais, jusqu'à ce jour, personne n'a été arrêté. Le colonel Kadhafi a été tué. Tony Blair n'a jamais été jugé par la CPI. Pourquoi seulement les dirigeants africains ? Peut-être le nom devrait être changé en ACC (Cour pénale africaine)

Cependant, Simon Ndaba soutient dans la partie réservée aux commentaires du blog que le gouvernement sud-africain aurait du montrer l'exemple en matière de respect des décisions de justice:

Eh bien. L’Afrique du Sud a déifié l’ ordonnance du tribunal en ne s'organisant pas pour  que M. Al Bashir ne quitte pas le pays. Elle a donné l'exemple. Si les citoyens faisaient la même chose, les autorités resteraient-elles bouche bée? Le gouvernement doit être à l'avant-garde de la défense des obligations constitutionnelles.

Arnold Baldwin fait valoir que l'Union africaine est simplement un instrument pour la protection réciproque des dictateurs du continent:

La haine de l'Afrique à l'égard de l'ouest se creuse de jour en jour. L’UA est juste un club pour des dictateurs et ils se couvrent les uns les autres. On doit exiger de ces soit-disant dirigeants africains des comptes, mais l'UA en est incapable. Qui va parler en faveur des victimes du Darfour?

M. Bashir, arrivé au pouvoir en 1989, est devenu le premier président en exercice à être inculpé par la CPI. Le tribunal a délivré un mandat d'arrêt contre lui le 4 mars 2009, pour crimes de guerre commis pendant la guerre civile au Darfour avant le référendum qui a divisé le Soudan et conduit à la création du Soudan du sud. Le gouvernement soudanais ne reconnaît pas l'autorité de la CPI.

Sur Twitter, M. Paul Van Wyk dit que le Soudan a exercé un chantage auprès de l’ Afrique du Sud:

Il semble que les Soudanais ont exercé un chantage à l'égard de la RSA avec une guerre à grande échelle – et la mort possible de 1 400 de nos soldats – au Soudan

L'Afrique ne veut pas ignorer les atrocités, mais simplement résoudre ses problèmes sans l'intervention de l'Occident, a écrit Outside Rockstar:

Personne ne dit que nous appuyons ce que #AlBashir fait dans son pays, mais l'UA veut avoir le temps de résoudre les problèmes sans ingérence de l'UE.

Dipheta a qualifié toute l'affaire “d'absurde”:

Toute cette histoire sur l'arrestation d'Al Bashir est un épisode absurde et embarrassant qui ne doit jamais se répéter en RSA, plus jamais.

Akumu Fiona dit que M. Bashir a été autorisé à partir pour diminuer le risque d'autres pertes de vies soudanaises:

Ridicule! M. Al-Bashir a été laissé libre de repartir parce que nous banalisons les vies et décès des Soudanais

Trevor Ncube, faisant allusion aux milliers de personnes qui risquent leur vie en traversant la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, a écrit:

Mes compatriotes périssent dans la mer pour échapper à une existence inhumaine créée par nos dirigeants. Et nous pensons qu'arrêter #AlBashir SMH est un complot de l'Occident

Gontse Manyelo a fait valoir que ce qui a été fait, a été fait:

aux idiots qui veulent faire rentrer le dentifrice dans le tube, laissez tomber. Al Bashir est rentré chez lui et les Soudanais se réjouissent

Les #SaudiCables lèvent le voile sur la politique étrangère de l'Arabie Saoudite

mercredi 24 juin 2015 à 21:09
Berlin, Germany. 22nd May 2015 -- Activists hold large banners and posters to demand the release of arrested Saudi Arabian blogger Raif Badawi. -- Amnesty International supported activists held a protest in front of Embassy of Saudi Arabia in Berlin, to demand the release of Saudi Arabian blogger and activist Raif Badawi, who was jailed in 2012 and sentenced to 1,000 lashes for insulting Islam. Photograph by Jakob Ratz. Copyright: Demotix

Des manifestants allemands, soutenus par Amnesty International, demandent la libération de Raif Badawi, à Berlin, le 22 mai  2015. Le blogueur et militant saoudien, en prison depuis 2012, a été condamné à 1.000 coups de fouet pour insulte à l'Islam. Les “Câbles Saoudiens” révèlent que la monarchie absolutiste, qui régente minutieusement la vie quotidienne de ses sujets, a étendu son influence loin au-delà de ses frontières. Photo Jakob Ratz. Copyright: Demotix

La divulgation du demi-million de câbles dont WikiLeaks a commencé la publication, et qui alimente les discussions dans les médias sociaux du Golfe, offre une vue imprenable sur la politique étrangère de l'Arabie Saoudite.

On y trouve de tout, depuis les problèmes soulevés par la délivrance de visas à des chanteuses jusqu'aux questions de géopolitique régionale et internationale. Plusieurs conclusions peuvent en être tirées.

A. L'Arabie Saoudite peut être pragmatique

Une des dépêches révèle que la soeur d'un dignitaire chiite célèbre a approché l'Arabie Saoudite pour obtenir un don. La fondation caritative Al-Sadr porte le nom de Moussa Al-Sadr, le fondateur du parti chiite libanais Amal, proche affilié du Hezbollah.

Le thème rebattu du conflit Sunnites-Chiites au Moyen-Orient n'a pas fait obstacle à la décision du royaume d'accorder discrètement son soutien financier à cette fondation. Un signe qu'il essaie créer des alliances avec des adversaires idéologiques. La fracture confessionnelle tient plus de la rivalité d'intérêts, contrairement à ce que se plaisent généralement à décrire de nombreux médias.

A letter that says that the Saudi Ambassador in Lebanon received a request from a shia figure for funds from Sadui

B. L'élaboration de la politique étrangère est hyper-centralisée

Le volume de câbles adressés à l'ancien Ministre des Affaires étrangères Saud Al-Faiçal est énorme. Qu'il ait été tenu au courant de questions aussi minimes montre qu'il gérait son ministère dans les plus petits détails.

Sur ce câble, Al-Faiçal demande au ministère de l'Information de lui communiquer les noms des scouts sélectionnés pour un programme d'échange avec les Etats-Unis, une tâche habituellement confiée ailleurs au personnel d'exécution :
Reply to the request by the former foreign minister Saud Al-Faisall to get the name of the selected bpy scouts for the US exchange programme

C. Totalitaire, c'est peu dire

Où s'arrête la surveillance de l'Etat ? Dans les monarchies du Golfe, on n'a pas fini de répondre à cette question. Les câbles montre que l'Etat fourre son nez jusque dans la vie personnelle et familiale. Ce câble raconte comment un Jordanien s'est disputé au téléphone avec sa soeur mariée à un magistrat bahreïni. Conséquence : il a été interrogé par le renseignement saoudien jusqu'à ce qu'il signe un papier disant que la querelle était résolue.

A cable shows how a Bahraini Judge ordered the questioning of his brother in-law for a family matter

D. La diplomatie du chéquier

L'influence de l'Arabie Saoudite se mesure aux ressources financières qu'elle déploie. Son argent peut servir à payer des partisans, comme pour l'homme politique libanais Samir Geagea, chef des Forces Libanaises (FL), un parti politique chrétien membre de l'Alliance du 14 mars. Dans le câble suivant, Geagea sollicite l'aide financière de l'Arabie Saoudite pour couvrir les frais de sa protection personnelle :

Samir Geagea asks for Saudi funding

Les câbles montrent aussi que les pétrodollars saoudiens servent à financer les chaînes de télévision qui relaient les opinions de l'Arabie Saoudite et oeuvrent pour ses intérêts, comme la chaîne libanaise MTV. Un câble indique que la chaîne a sollicité 20 millions de dollars US, mais n'en a obtenu que 5, sous la condition de détailler comment elle allait garantir les intérêts du royaume dans son traitement de l'information.

MTV Lebanon asked for 20 million and received 5 from Saudi on the condition of providing a work plan the guarantees Saudi's interest

Les fonds saoudiens servent aussi, selon les câbles, à faire pression sur les télévisions diffusant des contenus qui déplaisent au gouvernement saoudien. Exemple, ce câble révèle que l'ambassadeur saoudien au Caire a réprimandé Naguib Sawiris, le milliardaire propriétaire d'ONTV, pour avoir reçu le dissident saoudien Saad Alfaqih. Le câble indique que Sawairis a promis de ne plus recommencer et proposé d'inviter l'ambassadeur saoudien pour réfuter les propos d'Alfaqih.

La réaction du royaume aux révélations est encore plus intéressante. Loin de réfuter leur authenticité, un fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères a fait ce commentaire : “Le document divulgué n'est pas en contradiction avec la politique étrangère publique adoptée par le royaume”

Suivvez sur Global Voices les prochaines révélations de documents.

Dossier spécial [en anglais] : WikiLeaks dévoile les #SaudiCables