PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Un groupe d'extrême droite hongrois manifeste contre un couturier

mercredi 26 mars 2014 à 00:51

Un groupe d'extrémistes de droite a occupé vendredi l'inauguration de l'exposition d'un couturier hongrois, rapporte le blog Kettos Mérce. 

La nouvelle collection du couturier en question, Koby, a d'abord été retirée [hu] d'un magasin d'une marque de sport hongroise en janvier 2014, après que des critiques nationalistes se sont élevées contre des modèles de t-shirts montrant des personnages historiques de la Hongrie tel que Lajos Kossuth, l'un des chefs de la révolution hongroise de 1848. On peut voir des photos de la ligne de t-shirts de Koby dans un article récent de Funzine.hu. 

Le débat public autour des mouvements d'extrême droite hongrois et du parti Jobbik devient plus tendu à l'approche des élections de 2014, fixées au 6 avril. Le 15 mars, fête nationale célébrant la révolution de 1848, un groupe de citoyens surnommé “Votez contre le Jobbik” a organisé une manifestation contre les extrémistes de droite en Hongrie. [liens en hongrois]

État de la littérature dans le Myanmar post-dictature

mercredi 26 mars 2014 à 00:40

Dans un article pour The Dissident Blog, James Byrne examine le statut de la littérature birmane dans le Myanmar de l'après-dictature :

Quand j'étais dans le pays l'an dernier, on y lisait des poèmes sur le Printemps Arabe. Il y en avait d'autres sur le traitement sévère réservé aux paysans birmans. Il y avait des satires sur les coupures de courant et des nouvelles avec un début et un milieu, mais pas de fin. Il y a seulement quelques années, tous auraient été immédiatement censurés.

Il a aussi observé le défi suivant qui devra être relevé :

Si on approfondit et si on parle à plusieurs écrivains du pays, le gouvernement et les organisations culturelles occidentales demeurent suspects.

Comment les Russes jouent au plus malin avec la censure d'Internet

mercredi 26 mars 2014 à 00:04
Pro-Navalny bloggers troll Internet regulators.

Des blogueurs pro-Navalny “trollent” les régulateurs d'Internet.

Il semble que les activistes de l'Internet russes ont pris à coeur l'adage “La meilleure défense, c'est l'attaque”. Quelques jours après le blocage [article Global Voices] de plusieurs sites de l'opposition par Roskomnadzor, l'agence régulatrice des communications en Russie, des partisans de la liberté de parole ont créé un système sophistiqué qui permet d'éluder et de contre-attaquer la censure. Le système pourrait rendre la vie dure aux censeurs et aux sites Web pro-Kremlin.

Le système était d'abord suggéré [russe] par alexkbs, un utilisateur du portail de programmation Habrahabr. Plus tard, il a été mis en œuvre [russe] par le blogueur Ruslan Leviev, comme une façon pour les utilisateurs ordinaires d'accéder au blog du leader de l'opposition russe Alexeï Navalny, mis sur « liste noire » par Roskomnadzor et bloqué par les fournisseurs d'accès Internet russes. Des utilisateurs ordinaires, dit alexkbs, pourraient ne pas avoir les capacités technologiques pour utiliser des services spécialisés comme Tor, i2p, VPN et des serveurs Proxy [russe] afin de contourner l'interdiction du site de Navalny. C'est pourquoi son approche est centrée sur ce qui permet aux utilisateurs d'accéder aux sites bloqués en utilisant le réseau Web ordinaire.

Le système se compose d'un réseau de miroirs, ou des copies exactes, du blog de Navalny (ou tout autre site Web concerné), combiné avec un ingénieux mécanisme de défense active. Puisque Roskomnadzor exige que les fournisseurs vérifient constamment si une ressource tente de contourner une interdiction en changeant son adresse IP, les ressources bloquées peuvent introduire un code qui redirige certaines de ces requêtes IP vers un site Web différent. Finalement, selon la théorie, les fournisseurs s'en prendront à ce renvoi et bloqueront aussi le site secondaire.

Cette idée a été mise à l'épreuve le 17 mars, quand le site populaire pro-gouvernemental LifeNews a été interdit par de nombreux fournisseurs de services Internet [ruse] grâce à cette astuce de redirection. Le site responsable de cette interdiction était un des miroirs du blog de Navalny. Plus tard, LifeNews a fait appel de l'interdiction à Roskomnadzor, et le miroir a été débloqué en conséquence, ce qui montre que la tentative de renverser la censure par force a réussi. Leviev a tweeté la nouvelle de son succès, en publiant une capture d'écran du miroir retiré de la liste de Roskomnadzor :

Apprenez à b..er le système ;)

- Ruslan Leviev (@RuslanLeviev) le 18 mars 2014

Bien sûr, comme toute arme, la redirection peut être utilisée et pour le bien et pour le mal–littéralement tout site Web pourrait être bloqué de cette manière, y compris, par exemple, le site d'un concurrent d'affaires. Roskomnadzor peut aussi combattre cet exploit par la création des « listes blanches, » c'est-à-dire des sites Web qui ne doivent en aucun cas être bloqués.

Une façon différente de « tromper » activement le système a été proposé par l'utilisateur de Twitter @unkn0wnerror, qui a suggéré de mettre Roskomnadzor-même sur liste noire. Dans ce cas-ci, quand les régulateurs essayent de voir un des miroirs du site Web de Navalny, tout ce qu'ils voient [russe] est une photo plein écran d'un chaton :

Navalny.us vu par les régulateurs de Roskomnadzor.

Leviev et acolytes continuent à penser à nouvelles façons de contourner la censure en ligne–par exemple, le 24 mars,  Leviev a annoncé [russe] sur son blog que son équipe de bénévoles avait créé une extension Google Chrome pour automatiser le processus d'accès aux miroirs du blog de Navalny. On pourrait critiquer le zèle que Leviev déploie pour contourner la censure pour le blog de Navalny en particulier. Après tout, des textes de Navalny sont aussi publiés sur son compte Facebook, qui est facilement accessible en Russie. Une autre solution extrêmement simple, suggérée [russe] par Anton Nosik, est de lire n'importe quel site Web bloqué grâce à un flux RSS. Une explication est que ce projet est une validation de principe–une façon de se préparer à un probable avenir sombre quand toute voix d'opposition sur RuNet sera en danger d'être étouffée.

“Chers contestataires taïwanais, ne laissez pas Taïwan devenir le prochain Hong Kong”

mardi 25 mars 2014 à 17:11
Political Satire of the economic way China is buying Hong Kong and Macau and Taiwan by 阿塗 (Atu). CC: NC.

Une satire politique sur la façon don't la Chine achète Hong Kong, Macau et Taïwan, par 阿塗 (Atu). CC: NC.

Puisque l'influence politique et économique de la Chine continue à grandir dans le monde, des communautés chinoises mineures dans la région Asie-Pacifique, telles que Hong Kong et Taïwan, se voient partager un sentiment semblable envers le continent. D'une part, elles désirent vivement pénétrer ce grand marché, mais d'autre part, elles ont peur que la Chine communiste puisse s'ingérer dans leur politique intérieure démocratique.

Les manifestants qui occupent, depuis ce 18 mars, l'Assemblée législative de Taïwan, protestent contre l'accord commercial sur les services trans-détroit avec la Chine continentale. Ils ont gagné beaucoup de soutien à Hong Kong, où le gouvernement de Pékin a restreint le développement démocratique. La ville de Hong Kong a son propre accord commercial avec la Chine continentale, l'Entente sur le partenariat économique rapproché, et des effets négatifs du partenariat économique et de l'afflux des capitaux du continent, tels que les prix de l'immobilier montés en flèche, se sont faits sentir.

Pour exprimer leur soutien aux protestataires taïwanais et les mettre en garde contre l'ingérence politique qui vient avec la coopération économique, une page Facebook appelée «Voir Hong Kong à Taiwan» a créé une page d'événement “Les gens de Hong Kong soutiennent Taïwan contre l'accord commercial sur les services ». Sur cette page, les gens de Hong Kong peuvent laisser des messages aux protestataires taïwanais. Ci-dessous, on trouve une sélection des messages traduits en anglais.

Lunyeah Wong a écrit :

「CEPA之後無香港,服貿過後無台灣。」台灣人,不要重蹈香港的覆轍。

« Hong Kong a disparu après avoir signé l'entente avec la Chine et Taïwan disparaîtra après avoir signé l'accord commercial sur les services. » Taïwanais, ne laissez pas Taïwan devenir le prochain Hong Kong.

Ka Shing Li a fait une remarque :

現在的香港真的很陌生了, 政府已經完全不理民意, 一心一意賣港, 香港簽了cepa, 一般香港人完全分享不了成果, 統計上的薪金漲幅停滯不前, 但通貨膨脹升幅巨大, 洗黑錢及貪污越來越嚴重, 生活空間越來越逼 (這台灣可能會好些始終隔了個海) 所以必須支持台灣, 引以為監

La Hong Kong actuelle ne me semble plus familière. Le gouvernement se désintéresse des opinions publiques. Ces gens-là veulent juste vendre Hong Kong pour leur propre bien. Après que la signature de l'Entente, nous, peuple de Hong Kong, n'avons pas goûté le fruit de cet accord-là. Statistiquement, nos salaires n'ont pas augmenté, tandis que l'inflation monte en flèche. Les cas de blanchiment d'argent et de corruption deviennent de plus en plus graves. Notre espace vital devient de plus en plus serré (peut-être, Taïwan aura plus d'espace car il y a un détroit entre Taïwan et la Chine). Voilà pourquoi je soutiens Taïwan. Tirez vos leçons de notre expérience.

Po Lui a averti :

看到Facebook日日都有人影到香港變成此樣子有點心痛。自由和法治到底還在嗎?
所以絕對不能讓台灣變成下一個香港!我愛台灣的人情味,而且小本生意在台灣也能生存!在香港?根本他媽一個鋪位都租唔起!貴到有大集團才租得起。
服貿的喪權辱國條款,根本對在地台灣人一點好處都沒有!還會損害台灣原有的文化和人情味

Chaque jour, des gens racontent sur Facebook comment Hong Kong a changé. Je suis triste de lire cela. Avons-nous encore la liberté et l'autorité de la loi ?

 C'est pourquoi je pense que Taïwan ne devrait pas décider de devenir le prochain Hong Kong. J'aime l'ambiance amicale à Taïwan. À Taïwan, les petites entreprises peuvent survivre. Qu'en est-il de Hong Kong ? Les petites entreprises ne peuvent pas se permettre de louer des locaux. Le loyer est si cher que seules les grandes entreprises ont de l'argent pour le payer.

L'accord commercial sur les services est une affaire qui fera perdre leur souveraineté aux Taïwanais. Cet accord ne peut pas bien servir les Taïwanais locaux. Et il nuira à la vie culturelle et l'ambiance amicale à Taïwan.

Jocelyn Yiu a encouragé les Taïwanais :

你們不要放棄, 不要讓台灣變成第2個香港, 不要讓內地人指著你們的鼻子說: 沒有中國, 你們早就完蛋了 這些廢話。

Ne vous rendez pas.  Ne laissez pas Taïwan devenir le prochain Hong Kong. Ne laissez pas les gens du continent braquer leur doigt sur votre nez et dire des bêtises comme « Sans la Chine, c'est la fin du jeu pour vous. » 

« Le commerce est politique »

Chan Hoi Yan a écrit :

香港失敗既經驗證明「逢中必反」係必須的
係中國, 所有行為都離不開政治: 做生意係政治, 移民係政治, 讀書都係政治, 婚姻又係政治, 連供水供電賣野畀你都係政治,總之一切渠道都可以成為共匪殖民滲透既手段 人口就係中國最大既武器

L'expérience ratée à Hong Kong prouve qu'il est nécessaire de « résister à la Chine ».

En Chine, tout va devenir politique. Faire des affaires est politique. L'immigration est politique. Etudier est politique. Le mariage est politique. Même l'approvisionnement en eau et en électricité [à Hong Kong] est politique. Après tout, les communistes chinois utilisent tous les canaux possibles pour leur colonisation. L'énorme population elle-même est la plus grande arme de la Chine.

Desmond Sham a soutenu que :

沒有中國的市場是不會死的,妄想自己可以得到中國的市場而放棄了自身,才是死亡的起點。

Vous ne mourrez pas en l'absence du marché chinois. Le fantasme que vous gagnerez quelque chose sur le marché chinois et ce faisant, ferez reddition, est le point de départ vers la mort.

Josephine Lui a dit :

見証著香港回歸 及 香港的淪陷。
台灣的朋友,一定不能讓服貿草率通過,必須逐條審查及否決不平等條約,尤其是 移民政策 及 新聞自由,更要小心謹慎。
在我個人來看,這是經濟侵略,買下台灣的一個手段。大陸對 新疆 西藏 香港的一貫方法是 使用 經濟侵略 及 殖民手段。

J'ai assisté à la rétrocession de Hong Kong à la Chine et à la chute de Hong Kong.

Taïwanais mes amis, ne permettez pas que l'accord commercial sur les services passe à la hâte. Vous devez examiner l'accord clause par clause et rejeter tout accord inégal. Il vous faut être extrêmement prudents en ce qui concerne la politique d'immigration et la liberté de parole.

À mon avis, cet accord commercial est une invasion économique ; pour la Chine, c'est une façon d'acheter Taïwan en bloc. La stratégie habituelle que le parti communiste chinois a appliqué au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong, est l'invasion économique et la colonisation.

Kay Lam a écrit :

香港人,被中共騙過一次又一次,白紙黑字寫好的的國際條約《中英聯合聲明》,中共也可以不守信約;所謂基本法白紙黑字保證,香港可以在 2007/2008 年民主普選,可是跳票完一次又一次,如今連 2017/2020 年都不會有真正的民主選舉
千。萬。別。相。信。中。共。的。任。何。承。諾

Les Hongkongais ont été trompés par le Parti communiste chinois à maintes reprises. La déclaration commune sino-britannique a beau être un accord international reconnu, le Parti communiste chinois ne tient pas sa parole. Selon ce qu'on appelle la Loi fondamentale de Hong Kong , le suffrage universel aurait pu être introduit à Hong Kong en 2007 ou 2008, mais il a été différé à maintes reprises. Maintenant, nous avons réalisé qu'ils ne nous permettraient pas d'avoir un vrai suffrage universel avant 2017 ou 2020.

NE CROYEZ AUCUNE PROMESSE QUE LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS FAIT !

« Protégez la démocratie. Soutenez Taïwan  »

Albert Ting a écrit :

我希望今次台灣呢件事可以燃燒起港人對民主政改O既意志 (雖然我知絶大部份香港人都係唯利是圖, 又唔願做馬前卒)

J'espère que cette protestation à Taïwan peut rendre les Hongkongais plus déterminés dans leur poursuite de la démocratie. (Bien que je sache que la plupart des Hongkongais ne s'intéressent qu'à l'argent et personne n'est prêt à se sacrifier.)

Yu Fung a dit :

守護民主,力挺台灣
相信香港仲有得救
共勉

 Protégez la démocratie. Soutenez Taïwan. Je crois qu'il y a un avenir meilleur pour Hong Kong. Encourageons-nous mutuellement.

Francis Wong s'est demandé :

我最不解的, 是為甚麼馬英九沒有正面回應學生的要求, 而是像香港特首一樣蔑視民意。香港特首不是香港人選出來, 沒關係, 馬英九你好歹也是台灣人讓你當總統的, 你的服務對象是台灣人。

Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi le Président Ma Ying-Jeou n'a pas répondu aux étudiants protestataires et a choisi d'ignorer les opinions des citoyens, tout comme le Chef de l'exécutif de Hong Kong. Nous les Hongkongais n'avons pas élu le Chef de l'exécutif, alors il n'est pas surprenant de découvrir qu'il ignore les opinions publiques. Cependant, le Président Ma Ying-Jeou a été élu par les Taïwanais et il devrait comprendre qu'il devrait servir les Taïwanais.

Mista Noeleon a écrit:

任何地方發展要先顧本土工相關行業發展,而且開放條件要對等,也要聽民眾意見,不能先斬後奏。台灣朋友們加油

Tout pays qui recherche la croissance économique doit d'abord s'occuper des commerces locaux et l'accord commercial devrait inclure des termes égaux pour les deux parties. Le gouvernement devrait écouter les opinions des gens, et il ne devrait pas signer un accord commercial d'une façon autocratique, avant que les gens en connaissent le contenu. Ajoutez de l'huile, amis Taïwanais.

La nouvelle agence de sécurité vénézuélienne : surveiller le web sans supervision judiciaire

mardi 25 mars 2014 à 16:33
Portrait de Hugo Chavez à Merida, Venezuela. Photo de David Hernandez par Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0)

Portrait de Hugo Chavez à Merida, Venezuela. Photo de David Hernandez depuis Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0)

En octobre 2013, le gouvernement vénézuélien promulguait par décret présidentiel la loi permettant la création du Centre stratégique de sécurité et de protection nationale (Centro Estratégico de Seguridad y Protección de la Patria – CESSPA), un organisme destiné à « unifier les flux d'informations concernant les aspects stratégiques de sécurité, de défense, d'intelligence, d'ordre intérieur et d'affaires étrangères  » dans les secteurs public et privé. Au sein de l’organigramme du CESSPA, on trouve la Direction des études technologiques et de l'information dont la fonction, entre autres, est le traitement des « informations provenant du web », et l'analyse des « événements ou des actions concernant la vie quotidienne et politique de l'Etat. » Le CESSPA, de par sa capacité à classifier toute information comme secrète [espagnol], établit des mécanismes de pré-censure sans avoir à passer par une quelconque procédure judiciaire.

Au Venezuela aujourd'hui, les manifestations de grande envergure, les détentions policières et l'incertitude perpétuelle qui plane autour de la censure du web et des applications mobiles sont monnaie courante. Avec la création du CESSPA, ces menaces à la vie privée, à la liberté d'expression et à l'accès à l'information pourraient devenir encore plus institutionnalisées qu'elles ne le sont déjà.

Le régime d'Hugo Chávez, poursuivi par son successeur Nicolás Maduro, a été caractérisé par un sérieux degré d'inquiétude concernant les réseaux sociaux et le contenu en ligne. Une préocupation démontrée par plusieurs initiatives gouvernementales, allant de la création d'un poste de ministre adjoint aux réseaux sociaux, aux déclarations récentes stipulant que les manifestations en cours au Venezuela feraient partie d'un « coup d'état twitter » ou d'un « coup 2.0 ». [espagnol]. En instaurant des mesures visant à limiter les flux d'informations en ligne et en développant une base de collaborateurs sur les réseaux sociaux qui répandent des informations et créent des hashtags pro-gouvernementaux (méthodes dites de « guérilla de la communication »), le socialisme vénézuélien se présente comme un gouvernement hyper-connecté à la tête d'un des pays doté des pires infrastructures réseau et d'une des connexions les plus lentes et les plus chères [anglais] d'Amérique latine.

Pour comprendre le contexte dans lequel le CESSPA a été créé, il est bon de procéder à un court exercice d'histoire contemporaine. En 2012, lors d'une session d'urgence [espagnol], l'assemblée nationale, alors sous la houlette de Hugo Chávez, avait voté une réforme intitulée « Loi fondamentale contre le crime organisé et le financement du terrorisme » (Ley Orgánica contra la delincuencia organizada y financiamiento al terrorismo) [espagnol]. Cette loi établissait que « tout acte intentionnel qui, par sa nature ou son contexte, serait susceptible de nuire à un pays ou une organisation internationale, commis dans le but d'intimider sérieusement une population ; obligeant un gouvernement ou une organisation internationale à agir ou à s’abstenir d'agir ; ou déstabilisant gravement ou détruisant les structures fondamentales, constitutionnelles, économiques ou politico-sociales d'un pays ou d'une organisation internationale serait catégorisé en tant que délit par la loi vénézuélienne ». Depuis son approbation, cette loi suscite des inquiétudes étant donné la nature vague et ambiguë de sa rédaction qui permet de couvrir quasiment n'importe quel comportement. Depuis, des organisations de défense des libertés d'expression ont dénoncé la loi argumentant qu'elle était destinée à criminaliser la contestation [espagnol] et plus encore, qu'elle établissait la délation en tant que devoir citoyen.

Retour au présent. La première version de la loi menant à la création du CESSPA mentionnait le concept « d'ennemi interne », ce qui a ensuite été éliminé lors d'une mise à jour [espagnol]. Bien que le texte de loi actuel ne fasse pas la distinction entre ennemis interne et externe, sa fonction reste de « neutraliser et vaincre les plans de déstabilisation de la nation, » et défendre l'Etat et la construction du socialisme contre toute possibilité de menace.

Dans son rapport intitulé « ennemis d'internet », Reporters sans frontières (RSF) signale que les agences de sécurité de différents pays, y compris les USA, l'Ethiopie et la Russie avaient largement outrepassé leurs responsabilités principales en espionnant des journalistes et en censurant des sources d'information. RSF signale que la tendance à utiliser la sécurité nationale comme principe pour saper les droits fondamentaux s'étend de plus en plus autour du monde.

Le gouvernement vénézuélien a démontré au long des années que s'agissant d'internet, les droit civiques ne sont pas une priorité. Pendant des années le gouvernement a forcé les fournisseurs d'accès internet à filtrer du contenu jugé inopportun : les sites internet signalant des taux parallèles au dollar ont été bloqués et accusés « d'être instigateurs de guerre économique. » [anglais] Plus récemment, les communications par l'intermédiaire de l'application « talkie-walkie » Zello ont été bloquées après que le gouvernement eut dénoncé l'application comme étant utilisée pour organiser les manifestations et des citoyens ont été arrêtés pour avoir propagé des informations « déstabilisantes » sur les réseaux sociaux [anglais].

Après le passage de la loi sur la responsabilité sociale de la radio, de la télévision et des médias électroniques [anglais] en 2010 qui a autorisé un corps administratif dépendant de la présidence à demander aux fournisseurs d'accès de bloquer le contenu transgressif, la création de la CESSPA donne encore un autre tour de clef au verrou posé sur l'information en ligne au Venezuela. 

Articles sur le même sujet :

Dossier spécial Global Voices sur les manifestations au Venezuela

Accès bloqué aux photos sur Twitter pendant les manifestations, Marianne Diaz, February 2014

Venezuela’s President Announces Web Blocking on Live TV [en], Marianne Diaz, November 2013

La révolution continuera-t-elle à être relayée sur Twitter ? Marianne Diaz, April 2013