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Le blog “Bien Chabacano” se bat pour l'unique créole espagnol d'Asie

samedi 15 septembre 2018 à 16:35

Mairie de Zamboanga, aux Philippines. Photographie de JC Tuclaud sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

Le chavacano [fr], l'une des 170 langues des Philippines, est couramment parlé dans la ville australe de Zamboanga et se distingue en tant qu'unique langue créole d'Asie basée sur l'espagnol. Le blog Bien Chabacano a été créé pour préserver et promouvoir cette langue et pour offrir des ressources en ligne au Philippins (et aux autres) qui voudraient l'apprendre :

It's all about the Chabacano de Zamboanga. Bien Chabacano is the first and only blog designed for Chabacano language enthusiasts which discusses and analyzes Chabacano word origins, Chabacano grammar, and vocabulary, and so much more!

Il s'agit du chavacano de Zamboanga. Bien Chabacano est le premier et le seul blog créé pour les passionnés du chavacano, qui examine et analyse l'origine des mots chavacanos, la grammaire, le vocabulaire, et plus encore !

Le créateur du blog Jerome Herrera explique son inspiration :

Bien Chabacano seeks to instill pride and improve proficiency in the Chabacano language among the young Chabacano speakers by talking about its rich and colorful history and demystifying its grammar's many intricacies and nuances.

Bien Chabacano veut inspirer de la fierté et améliorer la compétence en chavacano des jeunes locuteurs en parlant de son histoire riche et colorée, et en démystifiant la complexité et les nuances de sa grammaire.

Langue créole, le chavacano est un mélange d'espagnol et de langues autochtones et a évolué dans une histoire d'interactions coloniales entre l'Espagne et les Philippines. On estime qu'il existe aujourd'hui plus de 600,000 locuteurs de chavacano dans ce pays.

Les Philippines ont été une colonie espagnole pendant plus de trois siècles, de 1565 à 1898. Contrairement aux autres colonies, l'espagnol n'y a pas été enseigné. À la place, les religieux et les fonctionnaires espagnols ont introduit le christianisme et dirigé le pays en étudiant les langues locales.

L'Espagne a conquis l'archipel des Philippines en entier, mais a fait face à une résistance acharnée de la part de certains groupes autochtones. Les troupes espagnoles ont posté une garnison à Zamboanga, sur l’île de Mindanao, et l'ont utilisée pour attaquer les populations musulmanes. Pourtant, l'Espagne n'a jamais réussi à établir un contrôle total sur Mindanao pendant son occupation coloniale.

Bureau des services de santé de la ville de Zamboanga et son slogan : “Nuestro deseo un ciudad sin enfermedad” (Notre désir, une ville sans maladie). Photographie et légende de Bien Chabacano, reproduites avec autorisation.

Le professeur John M. Lipski de Pennsylvania State University, aux États-Unis, a étudié l'histoire colorée du chavacano et ses origines à Zamboanga :

Chabacano is the product of a rich cross-fertilization that could only have occurred in a region in which both great linguistic diversity and considerable overlapping areal features predominated. Chabacano is a manifestation of linguistic and cultural resilience, a language which continues to grow in number of speakers and sociopolitical impact.

Le chavacano est le produit d'un enrichissement mutuel qui n'aurait pu survenir que dans une région dans laquelle prédominaient à la fois une grande diversité linguistique et de considérables similitudes [entre les variantes] régionales. Le chavacano est une manifestation de résistance linguistique et culturelle, et une langue qui continue de croître en nombre de locuteurs et impact sociopolitique.

“Bien Chabacano” enseigne à son lectorat des mots et expressions simples en chavacano. Il contient des chansons populaires et des nouvelles, et même une traduction en chavacano du Petit prince.

Publicité en chavacano pour une libraire à Zamboanga, qui se traduit approximativement par : “Le parfait endroit pour vous arrive bientôt”. Photographie et légende de Bien Chabacano, reproduites avec autorisation.

Le blog redirige ses lecteurs vers des sites internet et des comptes de médias sociaux utilisant le chavacano, tels que des programmes de radio [en], des journaux télévisés et des communiqués [en] du gouvernement.

Il donne aussi une brève histoire du chavacano, discute ses différents accents [en] dans la province de Zamboanga et l'impact de la migration et de la modernisation de l'économie [en] sur son développement. Il déplore l'absence d'efforts concertés pour promouvoir la langue :

The state of Chabacano today is lamentable. Let me sound the alarm bells as early as now! Unless more aggressive preservation efforts will be implemented, the day will come when Chabacano will only be spoken inside the home. This prediction is bleak but it is not without merit.

Le chavacano est dans un état lamentable aujourd'hui. Permettez-moi de sonner l'alarme dès maintenant ! À moins que des efforts de sauvegarde plus vigoureux soient implémentés, le jour viendra où le chavacano ne sera plus parlé qu'au sein du foyer. Cette prédiction est lugubre mais pas sans valeur.

On peut espérer que des plate-formes comme “Bien Chabacano” généreront plus d'enthousiasme aux Philippines et inspireront étudiants et internautes à apprendre, adopter et continuer à développer la langue chavacano.

Au Venezuela, les femmes font les frais de la crise

vendredi 14 septembre 2018 à 21:29

“Et voici Patricia, ma sœur, la vraie Wonder Woman. Mère célibataire de deux enfants, à la tête d'une entreprise malgré une cheville cassée pendant neuf mois. Malgré les manifestations et le chaos, le décès de notre père et son incapacité à travailler [à cause de sa blessure], elle est plus géniale que n'importe qui de ma connaissance. J'ai un respect fou pour elle. Comparé à elle, je suis un dégonflé.” Illustration et légende de l'artiste et dessinateur vénézuélien Leonardo Gonzalez, reproduit avec autorisation.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en espagnol.

L'un des visages de la crise économique du Venezuela passe souvent inaperçu : l'impact de cette crise sur les femmes et les jeunes filles.

Les femmes dirigent quarante-quatre pour cent des foyers du pays, et ce sont généralement elles qui attendent dans les queues interminables au supermarché, qui endurent le système de santé défaillant quand leurs proches tombent malades, et qui pleurent les décès de leurs enfants aux mains de la police, tout en survivant aux statistiques sinistres qui les affligent.

Bien que le gouvernement vénézuélien, qui s'est souvent auto-proclamé “féministe”, ait mis en place des politiques aspirant à réduire la pauvreté féminine, bien d'autres aspects de l'autonomie des femmes ont été négligés.

Des programmes de transfert de revenus comme Madres del Barrio (“Mères des quartiers”) en 2006, et Hijas e Hijos de Venezuela (Filles et fils du Venezuela) en 2011, ont créé un filet de sécurité crucial pour les familles en situation d’extrême pauvreté. Combinés, ils ont attribué entre 130 et 300 euros par famille, selon le nombre d'enfants.

D'une autre côté, la Constitution bolivarienne du Venezuela a rendu l'avortement illégal, prolongeant un statut hérité d'un régime politique que les Bolivariens ont pourtant renversé. Ni Chávez ni Maduro, présidents successifs pendant vingt ans, n'ont fait d'efforts pour modifier cet état des lieux. L'avortement ne reste autorisé qu'en cas de danger pour la vie de la mère.

Aglaia Berlutti, féministe de premier plan sur Internet et contributrice à Global Voices, souligne les contradictions de la rhétorique chaviste sur l'égalité des sexes :

…en Venezuela el término feminismo fue consumido, abusado y sobre todo tergiversado por el poder. […] Al mismo tiempo que se habla de la representatividad política, el Presidente Nicolás Maduro usa términos machistas para insultar a minorías […] Al mismo tiempo que se insiste en que el número de Ministras del tren ejecutivo supera al de cualquier otro del continente [las mujeres continúan]  padeciendo de una situación donde su identidad sigue siendo aplastada por una interpretación histórica que la desvaloriza.

Au Venezuela le terme “féminisme” a été usé et abusé et surtout, déformé par le pouvoir. […] Pendant qu'il parle de représentation politique, le président Nicolás Maduro utilise des termes sexistes pour insulter les minorités […] Pendant qu'il insiste que le nombre de femmes dans l'exécutif est supérieur à celui de n'importe quel autre pays du continent, [les femmes continuent] d'endurer des situations dans lesquelles leur identité continue d’être écrasée par une interprétation historique qui les dévalue.

Non seulement les problèmes existants n'ont pas été abordés, mais ils ont aussi été dangereusement aggravés par la violente crise économique.

Selon trois organisations locales de suivi des droits, le Venezuela fait maintenant partie des quinze pays où le taux de féminicides est le plus élevé. De nombreux cas d'abus sexuels perpétrés par les autorités ont été signalés pendant les manifestations de 2017.

En 2016, d’après l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC, qui publie chaque année des statistiques sur les homicides dans le monde), les meurtres au Venezuela ont atteint un taux de 56 pour 100.000 personnes, le plus important en Amérique du Sud. L'Observatoire de la violence du Venezuela (OVV) est arrivé à un taux de 89 pour 100.000 personnes en 2017 avec une méthodologie différente : le pays serait dans ce cas le plus meurtrier au monde.

Également selon l'OCC, 40 % des crimes survenus dans le grand Caracas en juillet 2018 ont été commis par des policiers.

Avec l'intensification de la criminalité et de la violence policière ces dernières années, de nombreuses femmes pleurent la disparition de leurs enfants. Dans un entretien avec La vida de nos [“Notre vie à nous”, NdT], un projet numérique rassemblant les comptes-rendus personnels de la crise, Elibeth Pulido se souvient du meurtre de deux de ses enfants, dont l'un par un policier :

Como a la media hora me llamaron para decirme que fuera a buscar a los niños. El corazón se me iba a salir del pecho cuando los vi y ellos me vieron. Fueron tan increíbles nuestras miradas. ¡Jamás nos miramos de esa manera! No tenían camisa ni zapatos […Entonces] me dieron la noticia más espantosa de mi vida. Se repitió la historia: me volvieron a quitar otro hijo.

Une demi-heure plus tard ils m'ont appelée pour me dire de venir chercher les enfants. J'ai eu l'impression que mon cœur allait éclater quand je les ai vus et qu'ils m'ont vue. Les regards que nous avons échangés étaient incroyables. Nous ne nous étions jamais regardés ainsi ! Ils étaient pieds nus et torses nus [… Et puis] ils m'ont donné la pire nouvelle de ma vie. C'était arrivé à nouveau : ils m'avaient pris un autre enfant.

En outre, la combinaison de l’absence d'éducation sexuelle à l'école et d'un accès insuffisant aux contraceptifs, causé par la pénurie de médicaments [en] dans tout le pays, se traduit par un nombre élevé de grossesses imprévues. La chercheuse et fondatrice du Women Studies Center [“Centre des études sur les femmes”, NdT] de la Central University of Venezuela, explique :

…hay una cifra, pequeña pero importante, de madres pre adolescentes […] Es un círculo vicioso. Muchas no se controlan, se practican abortos. Se mueren luego de ocho meses hospitalizadas por una infección y, las que se salvan, regresan al barrio a mantener un muchacho sin el apoyo de los padres.

Des mères préadolescentes, il y en a. Un petit nombre, mais il y en a. […] C'est un cercle vicieux. La plupart de ces jeunes filles n'utilisent pas de moyen contraceptif, elles ont des avortements [risqués]. Elles meurent huit mois plus tard à l'hopital d'une infection, et celles qui survivent rentrent chez elles dans des bidonvilles pour prendre soin d'un enfant sans soutien parental.

Enfin, les femmes qui quittent le pays traversent elles aussi des épreuves : le nombre de Vénézuéliennes victimes de trafiquants en Amérique du Sud et en Europe a quadruplé entre 2014 et 2018.

Dans la Colombie voisine, un pays qui a accueilli plus d'un million de Vénézuéliens en 2017, les femmes sont sujettes aux préjugés et aux abus. Pendant que beaucoup accusent les Vénézuéliens de “voler” les emplois locaux et de s'adonner au crime, les femmes sont souvent considérées comme des prostituées.

Pour mettre à mal ces idées fausses, la chaîne YouTube féministe “Las igualadas” [“Les égales”, NdT] a réalisé un épisode spécial sur les Vénézuéliens dans la ville frontière de Cúcuta, en Colombie (en espagnol non sous-titré).

Avec l'extrême-droite au gouvernement autrichien, ‘éthique’ des journalistes contre libertés des médias

vendredi 14 septembre 2018 à 16:24

Un journaliste de l'ÖRF interviewe l'avocat et homme politique Rudolf Vouk. Photo : Eino81 via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Écrit par Eliška Pírková.

Quand les conservateurs de l'ÖVP, le Parti populaire autrichien, et la droite radicale du FPÖ, le Parti libéral autrichien, ont été portés au pouvoir par les élections en 2017, il y a eu peu de réactions : pratiquement aucune manifestation, à part quelques rassemblements à Vienne, la capitale.

Le gouvernement populiste à majorité droitière a depuis resserré les lois sur l'asile, suspendu l'immigration, et mis le cap sur la restriction de la liberté de la presse.

Quelques mois seulement après l'investiture du gouvernement, Norbert Steger, un membre du Conseil des administrateurs de la Radio-diffusion autrichienne (ORF), a accusé celle-ci de parti-pris dans sa récente couverture des élections parlementaires en Hongrie. M. Steger est un ancien président du Parti libéral qui est resté proche de sa direction.

M. Steger a exigé que le diffuseur public prenne des “mesures en direction d'une couverture plus objective” et menacé que faute de s'y conformer, un tiers des correspondants étrangers pourraient perdre leurs postes. Si cette décision ne relève pas de ses attributions, il dispose d'un pouvoir politique (ne serait-ce que d'influence) non négligeable.

Comme le parti libéral (FPÖ) entretient des liens amicaux avec le parti droitier hongrois Fidesz, conduit par Viktor Orbán, il n'est pas difficile de deviner pourquoi les membres du FPÖ ont pu trouver trop critique la couverture par l'ÖRF. M. Steger a aussi déclaré dans le même entretien que les journalistes qui enfreindraient le nouvellement écrit “Guide de bonne conduite des journalistes pour les médias sociaux” recevront un avertissement mais pourraient aussi perdre leurs emplois.

Le hic : au moment de l'entretien, en avril 2018, le personnel de l'ÖRF et les autres journalistes n'avaient même pas entendu parler de ce Guide, rédigé mais non communiqué aux journalistes ou au public.

Après des mois de tensions entre le FPÖ et les équipes de l'ÖRF, et de multiples attaques personnelles contre les journalistes, le projet de Guide de bonnes pratiques de médias sociaux est officiellement paru en juin 2018.

Le texte a immédiatement soulevé l'inquiétude de nombreux travailleurs des média. Il représente un exemple dérangeant de la façon dont de tels codes de conduite “auto-régulateurs” peuvent être abusivement utilisés par ceux qui souhaitent instaurer un contrôle plus étroit sur les médias dans leur pays.

Les chartes de déontologie sont une pratique commune dans les cadres régulant les médias à travers l'Europe. Leur finalité générale est dans leur nom : c'est de guider. L'ÖRF lui-même possède un guide des médias sociaux en place depuis 2012, construit sur l'exemple des Conseils sur les médias sociaux au personnel de la BBC. Leur fonction générale est d'articuler les principes déontologiques du journalisme, et ils consistent traditionnellement à servir de voix de la raison, en soulignant et protégeant l'intégrité professionnelle du journalisme.

Mais le récent projet de Guide de l'ÖRF (qui attend encore son approbation), menace précisément ce que ses promoteurs prétendent protéger : l'indépendance et l'objectivité.

Le projet de directive stipule :

…öffentliche Äußerungen und Kommentare in sozialen Medien, die als Zustimmung, Ablehnung oder Wertung von Äußerungen, Sympathie, Kritik und “Polemik” gegenüber politischen Institutionen, deren Vertreter/innen oder Mitgliedern zu interpretieren sind.

…[doivent être évités] les déclarations et commentaires publics sur les médias sociaux pouvant être interprétés comme approbation ou rejet de propos, sympathie, critique et “polémique” envers les institutions politiques, leurs représentant.e.s ou membres.

Chaque mot utilisé dans la phrase ci-dessus, que ce soit “antipathie” ou “polémique”, est extrêmement vague par nature. Un tel flou permettrait aux autorités d'utiliser ces directives comme munitions contre tout propos critique visant le gouvernement actuel, toute objective, équilibrée ou bien intentionnée que puisse être cette critique.

Ensuite, les directives demandent aux journalistes de s'abstenir de

…öffentliche Äußerungen und Kommentare in sozialen Medien, die eine voreingenommene, einseitige oder parteiische Haltung zum Ausdruck bringen, die Unterstützung derartiger Aussagen und Initiativen Dritter sowie die Teilnahme an derartigen Gruppen, sofern damit Objektivität, Unparteilichkeit und Unabhängigkeit des ORF konterkariert würde. Die entsprechenden Meinungsbekundungen können dabei sowohl durch direkte Äußerungen erfolgen als auch indirekt durch Zeichen der Unterstützung/Ablehnung wie Likes, Dislikes, Recommends, Retweets oder Shares.

…déclarations et commentaires publics dans les médias sociaux qui expriment une attitude partiale, partielle ou partisane, le soutien à de telles déclarations et initiatives de tiers, ainsi que la participation à de tels groupes, dans la mesure où l'objectivité, l'impartialité et l'indépendance de lÖRF pourrait être compromise. Les déclarations correspondantes d'opinions peuvent être faites par des déclarations d'opinions directes autant qu'indirectement par des gestes de soutien/rejet comme des j'aime, je n'aime pas, des recommandations, des retweets ou des partages.

Là encore, des termes comme “opinions partisanes” est hautement problématique. La critique de violations de droits de la personne ou un traitement factuel de groupes luttant contre le changement climatique pourrait-il être qualifié de partial ? Avec une telle formulation, l'effet dissuasif sur le droit à la liberté d'expression est inévitable, et susceptible de conduire les journalistes à s'auto-censurer, afin de s'éviter des difficultés et des incertitudes futures chez leur employeur.

Dans le même temps, si le principal diffuseur public du pays cherche à atteindre une relative neutralité — dans un effort pour servir au mieux l'intérêt général — il doit présenter un large éventail d'opinions. Cet engagement à l'impartialité et à la neutralité a pour but d'empêcher le détournement des médias en propagande et autres formes de manipulation.

Enfin, les nouvelles directives usent aussi d'un langage suggérant qu'elles sont des ordres plutôt que des recommandations, telles que stipulées dans la formulation originelle du Guide de 2012. Le projet de juin 2018 use d'un ton très différent. Le document crée une hiérarchie de l'ombre en contraignant chaque journaliste de l'ÖRF à y penser à deux fois avant de poster quelque chose sur leurs comptes de médias sociaux.

Le premier devoir de la presse autrichienne est de surveiller et informer que l'état de droit est intact et pleinement respecté par le gouvernement élu. A cause de son importance essentielle pour la préservation de la démocratie, la protection d'une presse libre est inscrite dans les constitutions nationales et mise en œuvre par les lois internes sur les médias. La liberté d'expression non seulement garantit les droits des citoyens à dire ou écrire ce qu'ils veulent, mais aussi protège et favorise le droit du public à accéder à l'information importante et porteuse de conséquences pour eux.

Bien que n'étant pas un document juridiquement contraignant, les directives n'en posent pas moins un vrai danger pour la démocratie. La nature non-contraignante du Guide sert de prétexte aux décideurs qui défendent ses dispositions comme étant des principes éthiques pour la conduite des journalistes au lieu d'obligations juridiques en soi, appliquées par un agent de l’État. Mais dans la pratique, le travail indépendant et impartial des journalistes pourra être de plus en plus compromis, puisque chaque propos, que ce soit dans leur capacité personnelle ou professionnelle, sera sujet à une auto-censure bien plus rigoureuse dans le but d'éviter des embûches supplémentaires dans leur travail, voire l'imposition d'une responsabilité “éthique” pour leur conduite.

Si le projet actuel est adopté en l'état, il ajoutera une couche supplémentaire de contrôle strict visant à faire taire la critique et la dissidence.

Lorsqu'en 2000, le FPÖ et l'ÖVP formèrent leur première coalition de pouvoir, le gouvernement autrichien fut mis au ban des pays européens et menacé des sanctions de l'UE. Aujourd'hui, l'atmosphère a changé du tout au tout en Europe. Les pouvoirs autoritaires et populistes sapant ouvertement la gouvernance démocratique sont la nouvelle normalité. Dans un tel contexte, les droits humains de tous sont en péril avec le recul démocratique généralisé présent tant dans l'ouest que dans l'est de l'UE.

Il ne fait pas de doute que les journalistes et les organes de médias ont l'immense responsabilité d'informer impartialement le public sur ces sujets et d'autres d'intérêt général. Les codes éthiques de conduite peuvent jouer un rôle crucial dans le travail journalistique, en affirmant l'importante responsabilité d'informer avec exactitude, tout en s'abstenant de préjugés ou de tout potentiel dommage à autrui.

Cependant, quand la liberté d'expression des journalistes est bafouée, le droit de chacun de nous à recevoir et partager l'information est en péril, et la démocratie aussi. Les droits humains et l'éthique sont deux catégories différentes. L'une ne doit pas être utilisée à tort pour restreindre sans justification l'autre.


Eliška Pírková est chercheuse associée au Privacy and Sustainable Computing Lab de Vienne, spécialisé dans la liberté d'expression et la protection des droits numériques. Son pays d'origine est la Slovaquie.

En mémoire des efforts oubliés de Kofi Annan au Timor-Leste

jeudi 13 septembre 2018 à 18:58

Portrait de Kofi Annan en 2015, image fournie par la Kofi Annan Foundation. Utilisée avec autorisation via Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

Les habitants du Timor-Leste (aussi connu sous le nom de Timor-Oriental) s'associent au reste du monde pour pleurer la perte du diplomate international Kofi Annan, décédé en Suisse le 18 août 2018 à l'âge de 80 ans.

C'est lors de crises internationales qui ont défini la période de l'après-guerre froide, que Kofi Annan a laissé un héritage en terme de rétablissement de la paix à l'échelle mondiale. Son action de maintien de la paix au Timor-Leste est souvent oubliée, mais dans la petite capitale côtière de Dili, des bougies ont été allumées en l'honneur de l'ancien secrétaire général des Nations-Unies. C'est lui qui avait négocié la paix pour cette nation au terme de deux décennies d'une violente occupation indonésienne débutée en 1975.

Le Timor-Leste fait partie d'un archipel d'Asie du Sud-Est, peuplé par environ un million de personnes qui ont obtenu leur indépendance par rapport à l'Indonésie en 1999 et rejoint les Nations Unies en 2002.

João Martins, un utilisateur de Facebook, a publié un message à propos de cette cérémonie à la chandelle :

Dozens of Timorese conducted candle light vigil in remembrance of former UN Secretary General Kofi Annan who passed away 2 days ago and his contribution to the Independence process of East Timor during his time at UN. Thank you Mr Kofi Annan and May his soul rest in peace in heavenly God’s Kingdom.

Des dizaines de Timorais ont organisé une veillée aux chandelles en souvenir du secrétaire général des Nations-Unies décédé il y a deux jours, Kofi Annan, et de sa contribution au processus d'indépendance du Timor-oriental lors de son mandat à l'ONU. Merci Mr. Kofi Annan et que votre âme demeure en paix au royaume céleste de Dieu.

En dehors du Timor-Leste, les hommages à M. Annan ont inondé les médias et les réseaux sociaux. Malgré tout, certains ont critiqué Kofi Annan pour ses erreurs de politique étrangère lors de son mandat à la tête du maintien de la paix de l'ONU, citant la guerre en Irak et les atrocités perpétrées au Rwanda et en Bosnie.

Kofi Annan et le rôle de négociateur de paix au Timor-Leste

En 1975, l'armée indonésienne envahit Ie Timor-Leste et occupa la région, imposant la culture et la langue indonésiennes. Ils ont fait taire tous les dissidents, conduisant à des atrocités telles que le massacre de Santa Cruz en 1991, au cours duquel 250 manifestants timorais pacifiques et favorables à l'indépendance furent tués.

Durant cette occupation, l'armée indonésienne a séparé environ 4 000 enfants des familles de la résistance, prenant les enfants comme un moyen “d'humilier et affaiblir” leurs adversaires.

Quinze années de pourparlers de paix n'ont abouti à rien jusqu'à ce que Kofi Annan prenne en charge les Nations Unies en 1997 et ne s'engage à résoudre la crise au Timor oriental. D'après de livre de l'historien Geoffrey Robinson, If You Leave Us Here, We Will Die: How Genocide Was Stopped in East Timor (Si vous nous laissez ici, nous mourrons : Comment le génocide a été stoppé au Timor oriental), Kofi Annan et le Président indonésien B.J. Habibie discutaient tous les jours dès août 1999.

Le 4 septembre 1999, M. Annan s'est entretenu jusque tard dans la nuit avec M. Habibie, ce dernier livrant une bataille avec Kofi Annan de l'autre côté de la planète.

La semaine précédente, les deux hommes ont négocié un référendum pour l'indépendance qui choqua et irrita l'armée indonésienne. Après 24 années d'une brutal eoccupation, quasiment 80% des électeurs du Timor-Leste ont voté pour une indépendance totale vis-à-vis de l'Indonésie.

M. Annan savait qu'il ne pourrait pas organiser de mission de maintien de la paix sans le consentement du Président Habibie, il a donc pris contact avec les dirigeants mondiaux afin de mettre la pression sur l'Indonésie. Kofi Annan s'est assuré du soutien de l'Australie pour intervenir le 12 septembre 1999.

B.J. Habibie a finalement accepté les résultats du référendum et a plaidé pour la paix et la sécurité. Cependant son gouvernement a perdu le contrôle de l'armée et des nouvelles de massacres se sont répandues à travers le Timor-Leste.

Trois cent mille personnes ont fui vers le Timor occidental, mais des milliers d'entre elles sont mortes lors d'attaques à travers le pays et notamment 200 civils  en une seule journée avec le massacre de l'église de Suai, dans le sud-ouest du pays.

Kofi Annan a assuré l'intervention des Nations Unies avec le support de troupes australiennes pour restaurer le calme sur l'île. Même après avoir établi la stabilité, M. Annan a insisté pour que les forces de maintien de la paix restent dans le pays pendant près de trois ans, retardant ainsi l'indépendance du Timor-Leste jusqu'au 10 mai 2002.

L'historien Geoffrey Robinson affirme que l'intervention humanitaire de Kofi Annan au Timor-Leste a été décisive pour assurer la stabilité et la sécurité de l'île.

Une réflexion sur la politique d'intervention

Pendant son mandat à la tête du maintien de la paix des Nations Unies, Kofi Annan a déclaré que le Timor-Leste et le conflit simultané au Kosovo (1998) demandaient une sérieuse réflexion sur la politique d'intervention. Dans ses mémoires, Interventions: A Life in War and Peace (en français : Interventions : une vie dans la guerre et dans la paix), il écrivait ainsi :

…the world had confronted two separate crises – Kosovo and East Timor – that had triggered a global debate on intervention and sovereignty, the rights of peoples and the responsibilities of states. I have combined my own intense diplomatic engagement on both crises – with the UN playing a central role in the case of East Timor – with a determination to reframe the question of intervention, and restore the United Nations to a central place in setting the boundaries of what states could do within their borders.

…Le monde est confronté à deux crises distinctes, le Kosovo et le Timor oriental, qui ont déclenché un débat mondial sur l'intervention et la souveraineté, le droits des peuples et les responsabilités des États. J'ai associé mon engagement diplomatique sur ces deux crises, l'ONU jouant un rôle central dans le cas du Timor oriental, avec la volonté de redéfinir la question de l'intervention et redonner aux Nations Unies une position centrale dans la délimitation de ce que les États peuvent faire à l'intérieur de leurs frontières.

Marianne Jago, une travailleuse humanitaire et experte universitaire sur le Timor-Leste, a déclaré que le rôle de Kofi Annan fut crucial et sans précédent :

Annan had determined to take an active role on the East Timor question. His predecessor Javier Pérez de Cuéllar had publicly indicated that he saw his role in the East Timor question as that of a ‘go-between’ rather than one of leadership and innovation.

By contrast, soon after he took office Annan contacted the governments of Portugal and Indonesia, and informed them of his desire to use his good offices to help find a solution to the question of East Timor.

Kofi Annan était déterminé à jouer un rôle actif sur la question du Timor oriental. Son prédécesseur, Javier Pérez de Cuéllar, avait publiquement indiqué qu'il voyait son rôle au Timor-Leste comme celui d'un intermédiaire plutôt qu'une position de leadership et d'innovation. Au contraire, peu après sa prise de fonction, M. Annan a contacté les gouvernements du Portugal et d'Indonésie et les a informés de son désir d'utiliser ses bons offices pour aider à trouver une solution à la question du Timor Oriental.

Elle insiste sur le fait que la gestion audacieuse de Kofi Annan au Timor-Leste s'est distinguée comme la plus grande réussite de sa carrière :

In contrast to Annan’s own much-regretted reticence during the Rwanda and Srebrenica massacres, when as Head of the UN Department of Peacekeeping Operations (DPKO), and then as secretary-general, he submitted to the ‘institutional tendency’ of the UN Secretariat to ‘follow rather than lead the Security Council’, the Secretary-General’s office was at the heart of intense international diplomatic efforts to coerce Habibie into accepting an international force in East Timor.

Contrairement à ses réserves très regrettées lors des massacres au Rwanda et à Srebrenica, alors qu'en tant que responsable du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), puis secrétaire général, il avait suivi la tendance à ‘suivre plutôt que d'orienter le Conseil de Sécurité’, les services du Secrétariat général étaient cette fois au cœur d'intenses efforts diplomatiques pour forcer le Président Habibie à accepter une force internationale au Timor oriental.

La semaine dernière, José Ramos-Horta, l'ancien Président du Timor-Leste et co-récipiendaire du Prix Nobel de la Paix de 1996, a loué Kofi Annan pour son oeuvre au Timor-Leste.

Le réseau d'Action pour le Timor oriental et l'Indonésie (The East Timor & Indonesia Action Network), une organisation qui continue de militer pour la réconciliation après des décennies de violence et d'occupation, a exprimé son insatisfaction persistante face aux conflits non-résolus :

L'ancien Secrétaire Général de l'ONU Kofi Annan est mort aujourd'hui. Le Prix Nobel de la Paix a cité ses efforts pour le Timor en 1999. Cependant, son engagement au nom de l'ONU pour la justice et la responsabilité des crimes contre l'humanité commis par l'Indonésie et d'autres reste inachevé.

Au Japon, le plus violent typhon depuis 25 ans éclipsé par un tremblement de terre massif le lendemain

mercredi 12 septembre 2018 à 21:13
KANSAI AIRPORT

Textes : “En direct de l'aéroport international du Kansai : après les dégâts des inondations, quand la piste et l'accès au pont seront-ils rétablis ?” Arrêt sur image de la chaîne officielle YouTube d'ANN.

Pendant l'été 2018, le Japon aura connu une succession de catastrophes naturelles telle que l’État et les autorités locales ne savent plus où donner de la tête pour fournir de l'aide. Les médias sont aussi à la peine pour les traiter, ce qui donne un sentiment général que certaines calamités en éclipsent d'autres dans la conscience publique.

La série a commencé en juillet, quand une grande partie de l'ouest du Japon s'est retrouvé sous des pluies torrentielles sans précédent, qui ont entraîné des inondations et des glissements de terrain coûtant des centaines de vies. Ensuite, une canicule prolongée a causé plus de cent morts et des dizaines de milliers d'hospitalisations.

Puis, le 4 septembre, le typhon Jebi est devenu le plus violent qui ait frappé le Japon en 25 ans. Mais cette catastrophe, qui a essentiellement touché Osaka et la région environnante, a été éclipsée par un tremblement de terre de forte magnitude frappant Hokkaido, l'île la plus au nord de l'archipel, le lendemain. On a compté pour le moment 39 morts suite au séisme, et une grande partie de l'île est privée d'électricité.

Cette succession de catastrophes naturelles d'une telle ampleur en a laissé plus d'un confus devant l'avalanche d'images sur l'internet :

Je m'y perds. J'ai cru que c'était une photo de la coupure d'électricité après le séisme d'Hokkaido alors qu'il s'agit des dégâts du typhon à Osaka.

D'autres ont déploré que l'attention se soit vite détournée du typhon Jebi qui a pourtant laissé des dégâts étendus autour d'Osaka dans la région du Kansai, 22 millions d'habitants et troisième plus importante économie après celles de Tokyo et de la région de Kantō.

Près de deux millions de personnes ont été évacuées avant l'arrivée du typhon Jebi, mais la tempête n'en a pas moins laissé 11 morts et des centaines de blessés dans son sillage. Dix-mille foyers restent privés d'électricité une semaine après la fin de la tempête.

Voici les suites du typhon à Senshu (sud-ouest de la préfecture d'Osaka). Alors que les médias se concentrent maintenant sur le tremblement de terre de Hokkaido, je voudrais qu'on parle plus de ce qui se passe à Senshu. Je veux qu'on sache comme il est impossible d'arriver à s'en sortir sans électricité ni eau courante. Je souhaite seulement qu'il y ait un moyen de donner un coup de main.

L'aéroport international du Kansai, qui dessert annuellement vingt millions de passagers, est privé d'électricité, de climatisation, de signal téléphonique, et même d'issues de secours. Alors qu'une marée de tempête a inondé les bâtiments de l'aéroport, tous les accès ont été coupés lorsque les vents puissants du typhon ont échoué un cargo à la dérive sur l'unique pont qui relie la terre ferme à l'île artificielle sur laquelle est localisé l'aéroport.

Au moins 5.000 voyageurs ont dû passer une nuit caniculaire et sans sommeil dans l'aérogare. Au micro de reporters de la télévision, les passagers en rade ont raconté une absence totale d'information venant du monde extérieur. On voit sur cette vidéo les voyageurs faisant la queue le lendemain à l'extérieur de l'aéroport pour une distribution d'eau et de nourriture :

Dans certains cas, ce sont des organisations extérieures qui ont dû mobiliser un sauvetage.

Le consulat de Chine à Osaka a dû affréter 15 bus pour évacuer les voyageurs chinois coincés à l'aéroport du Kansai. On a apparemment pu entendre les passagers des bus louer la Chine, “Nous réalisons à présent que la Chine est vraiment un grand pays” et “J'aime la Chine”, une beau succès de communication pour ce pays.

Tandis que les reportages des médias ont aidé à rendre publique l'épreuve de ceux qui étaient coincés à l'aéroport du Kansai, d'aucuns n'ont pas apprécié l'accent mis par le traitement médiatique sur l'inaction des autorités. Le blogueur et critique des médias Fujiwara Kazue était de leur nombre :

(Tweet cité de Fujiwara Kazue) Alors que le personnel de l'aéroport fait désespérément de son mieux en pleine crise de catastrophe, ce journaliste a choisi de venir à l'aéroport du Kansai pour se plaindre et semer la zizanie. Pourrait-il avoir l'obligeance de nous dire ce qu'il ferait réellement pour remédier à la situation ?)

Regardez ce reporter de TV Asahi se faire incendier pour avoir laissé entendre que plus de 24 h après le passage du typhon Jebi il ne devrait peut-être plus y avoir de queues de gens perdus, attendant des bus qui ne viennent pas [et] sans information sur ce qui se passe dans le plus grand aéroport international, celui du Kansai.

Le tweet de Fujiwara a été retweeté 25.000 fois, et la discussion sur la couverture médiatique de l'aéroport du Kansai s'est traduite par plus de 500 commentaires aussi largement critiques contre les journalistes.

Toute la matinée les émissions d'informations ont répété que l’État ne fait pas ci, ou que les Forces d'auto-défense (l'armée japonaise) ont fait ça, et qu'on laisse attendre les enfants et les personnes âgées… les autres ont beau se démener sur le terrain, (les médias) disent ce qu'il leur plaît une fois de retour dans les studios (de la télévision).

Le tremblement de terre à Hokkaido survenu sitôt après le typhon Jebi a lui aussi provoqué la fermeture d'un hub aérien majeur. A nouveau, des milliers de voyageurs se sont trouvés coincés à l'aéroport de Chitose, porte d'entrée de la ville de Sapporo. Un journaliste écrivant pour le quotidien Mainichi Shimbun a observé :

Alors que le nombre de touristes étrangers au Japon est en augmentation, je me demande si la fermeture totale des deux aéroports du Kansai et de Chitose aura une incidence sur cette tendance à la hausse. Le Japon devient la sorte de pays où l'on va sans savoir si on pourra en revenir. Ce serait malheureux si une telle perception du Japon commençait à se répandre, et que les gens cessent de venir ici.

Si l'aéroport de Chitose a pu rapidement rouvrir après le séisme, de nombreux foyers de Hokkaido resteront sans électricité jusqu'au début d'octobre. Du fait du pont endommagé et de la grande superficie inondée, il faudra plus de temps encore pour rétablir un fonctionnement normal à l'aéroport du Kansai.

Pour certains, la vie d'après-catastrophe peut prendre des aspects tout à fait surréalistes. Une rupture dans la logistique a compliqué le maintien de l'approvisionnement des rayons des supermarchés. On a signalé de nombreuses supérettes de proximité et d'autres commerces offrant un choix des plus limités. Ce tweet d'une supérette de proximité à Sapporo ne vendant rien d'autre que des bananes a été retweeté plus de 70.000 fois.

Le magasin de proximité (Lawson) près de chez moi est devenu un stand de bananes.