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En Serbie et Macédoine, nationalistes et populistes célèbrent le triomphe de Trump

vendredi 11 novembre 2016 à 23:22
Widely shared photo-montage by unknown author presenting Donald Trump as a Crusader carrying the old Macedonian flag.

Ce photo-montage largement diffusé d'un auteur anonyme représente Donald Trump en Croisé envoyé de Dieu brandissant l'ancien drapeau de la Macédoine.

Dans plusieurs pays des Balkans, des politiciens d'extrême droite ainsi que leurs partisans ont exulté après la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine.

Plusieurs raisons sont à l'origine de telles réactions, allant d'une haine généralisée de la famille Clinton à la solidarité avec les milieux d'extrême droite américains en passant par un sentiment islamamophobe partagé. L'opinion publique dans cette région s'avère également de plus en plus réceptive à la propagande russe qui avait soutenu sa candidature.

En Serbie, l'image que l'on se fait de Trump se base sur le principe de “l'ennemi de mon est ennemi est mon ami”. Dès lors en s'opposant au clan Clinton, accusé des bombardements durant la guerre du Kosovo de 1998-1999 et des autres interventions de l'OTAN dans les conflits yougoslaves, Trump fut propulsé au rang de favori parmi des politiciens nationalistes d'extrême droite comme Vojislav Šešelj, président du Parti Radical Serbe.

Le lendemain matin de l'élection, le rédacteur en chef du journal serbe à sensation Informer a annoncé qu'un panneau d'affichage félicitant Trump serait érigé en son honneur avec le texte suivant : “Nous félicitons Trump le Serbe !”

Nous voilà, dans les rues :)))

Le journal Informer est considéré comme étant très proche du gouvernement du premier ministre serbe Aleksandar Vučić et fut auparavant impliqué dans des affaires de lynchages médiatiques, par le biais de campagnes de diffamation et de menaces proférées à l'encontre de jounalistes d'investigation qui avaient révélé au grand jour des affaires de corruption d'Etat.

Le site d'information Balkan Insight a rapporté qu'au-delà des frontières serbes, en particulier au Kosovo et en Bosnie-Herzégovine, “beaucoup d'Albanais et de Bosniens pleurent la défaite de Hillary Clinton”.

Comme partout ailleurs, les commentaires sur les résultats des élections américaines déferlaient sur les réseaux sociaux macédoniens. L'utilisateur de Twitter Srbak commentait la contradiction entre le fait de tenir le clan Clinton responsable [des maux des Balkans] tout en ignorant les conséquences de la politique conduite par le défunt autocrate Slobodan Milošević.

- Bête
– Plus bête
– C'est la faute de Hillary si la Serbie était gouvernée par un monstre coupable de génocide et de violation de tous les droits humains.

Les politiciens macédoniens ont dans l'ensemble fait preuve de modération dans leurs déclarations officielles sur tous les candidats. Malgré tout, de nombreux membres du parti au pouvoir, la VMRO-DPMNE (droite), se sont réjouis de la victoire des Républicains, qu'ils considèrent leurs alliés et soutiens. Beaucoup ont relayé la capture d'écran d'un billet sur Facebook du dirigeant du parti Antonijo Milošoski, député et ancien ministre des affaires étrangères. Il y troquait dans le nom du parti, Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, “révolutionnaire” pour “républicaine”.

En honneur de la victoire de Trump, Milošoski “a rebaptisé la VMRO-DPMNE !

Il y a eu beaucoup d'autres réalisations avec Photoshop. Un des exemples les plus outrés (voir l'image en tête du présent article) présentait Trump en croisé Templier (guerroyant contre les musulmans) envoyé de Dieu (symbolisant les valeurs familiales traditionnelles) faisant claquer au vent le drapeau de la Macédoine de 1992 à 1995, avec le Soleil de Vergina (qui représente la continuité de la nation macédonienne depuis l'époque d'Alexandre le Grand).

De nombreuses conversations ont porté sur la victoire de l'extrême-droite aux USA en rapport avec les élections de décembre prochain en Macédoine, sur le même ton de jubilation maligne que lors du Brexit. D'un autre côté, certains ont aussi relevé que les Américains avaient voté pour le changement, ce qui transposé dans le contexte macédonien signifierait une défaite de l'extrêm-droite.

Le portail alternatif d”information Okno.mk a relayé une observation de l'influente voix des médias sociaux Slobodan Jakjosk i:

Би рекол дека тие што не ја разбираат победата на Трамп и импликациите врз светот, Балканот и нас не го сфаќаат духот на времето.

Сржта на проблемот е што либералната демократија од финансиски неолиберален тип не функционира. На глобално ниво. Не функционира, затоа што и тој економски раст што го испорачува се редистрибуира крајно нееднакво. Незадоволниците од овој систем со право бараат суштински промени.

Тие промени, секако, им ги нудат десничарски демагози и популисти во вид на едноставни решенија („ќе изградам ѕид, ќе забранам влез на муслимани, ќе излеземе од ЕУ“).

Нашиот случај е различен бидејќи тој систем кај нас ВЕЌЕ е крахиран, веќе краткото искуство со либералната демократија е доживеано како целосен неуспех и веќе 10 години владеат десничарски популисти кои на огромен дел од населението му испорачуваат едноставни решенија за егзистенцијалните проблеми.

Да, зборувам за клиентелистичкиот систем на ВМРО. Ако мислите дека вработениот во администрација после години невработеност НЕ ЗНАЕ за фактот дека некого утепала полиција и се обидела да скрие, дека државата безочно се краде, дека УБК прислушкува и снима сè живо и диво, тогаш се лажете.

Многу добро знаат. Но, кога егзистенцијата ти е доведена во прашање, ќе замижеш пред секакви неправди и ќе си рационализираш дека оние што се осмелуваат да ти го нарушаат ресурсниот раат се предавници, комуњари, исти… или на крајот на краиштата, не се замараш со политика.

Je dirais à ceux qui ne comprennent pas la victoire de Trump et ses conséquences pour le monde, que les Balkans et nous [la Macédoine] n'avons pas saisi l'esprit de l'époque.

L'essence du problème est que la démocratie libérale néo-libérale à caractère financier ne fonctionne pas. Et ce, à un niveau mondial. Elle ne fonctionne pas parce que la croissance économique qu'elle produit est distribuée inégalement. Les mécontents de ce système sont en droit de demander des changements essentiels.

De tels changements leurs sont proposés par les démagogues d'extrême-droite sous forme de solutions simples (“Je construirai un mur ; j'interdirai aux musulmans d'entrer ; nous sortirons de l'Union Européenne”).

Le cas macédonien est différent car ce système a déjà fait faillite ici. L'éphémère expérience de la démocratie libérale est perçue comme un échec total, qui a conduit à 10 ans de gouvernement de populistes de droite apportant des solutions simples aux problèmes vitaux d'une grande partie de la population.

Oui, c'est du système clientéliste de la VMRO que je parle. Si vous ne pensez pas qu'une personne embauchée après des années de chômage par une administration étatique boursouflée ignore que la police a tué quelqu'un et a tenté de maquiller l'affaire, qu'il y a un vol généralisé des ressources publiques, que la police secrète mène une omniprésente surveillance illégale, vous vous bercez d'illusions.

Ils le savent tous parfaitement. Mais si votre gagne-pain est en jeu, alors vous fermez les yeux aux injustices de toutes sortes et justifiez que ceux qui osent défier ce système de dépouilles sont des traitres, des cocos, etc… Et, en dernier ressort, disent qu'ils ‘ne font pas de politique’.

Pendant ce temps, en Slovénie, d'anciens compatriotes de l'épouse de Donald Trump, Melania, ont organisé une fête dans un bar de sa ville natale de Sevnica. L'idéologie y cédait le pas au simple patriotisme local.

Le monde essaie de comprendre la Trumpocalypse

jeudi 10 novembre 2016 à 17:18
Black Lives Matter Protest. Public Domain picture form Pixabay.

Manifestation de Black Lives Matter. Photo : Pixabay, domaine public.

Victoire surprise pour les uns, attendue pour les autres, et état de choc pour le plus grand nombre. Le controversé candidat d'extrême-droite Donald Trump a été élu Président des Etats-Unis d'Amérique le 8 novembre 2016. Ce qui a fait la popularité de Trump auprès de ses partisans, c'est avant tout qu'à leurs yeux, il n'a rien à voir avec l'establishment politique dans lequel ils ont perdu toute foi.

Beaucoup d'experts (et une foule de journalistes) ont échoué à le comprendre. Hors des Etats-Unis, le monde se demande comment on en est arrivé là.

Ceci N'est Pas Que ‘Les Blancs Pauvres Votent Trump’. Ceci est l'Amérique avec laquelle nous avons toujours vécu, qui se met à nu aujourd'hui.

Un autre pays n'a pas voté Trump. Celui-ci l'a fait. Vos voisins, votre famille, vos collègues l'ont fait.

Latoya Peterson, une critique sur les questions de race et de culture, co-auteure du blog Racialicious, a tweeté :

Je ne vais pas avoir peur. La peur, c'est ce qui tue l'esprit. La peur est la petite mort qui mène à l'effacement total. Je vais affronter ma peur.

La Palestinienne-Américaine Sara Yasin a illustré la peur que vit la communauté musulmane aux Etats-Unis :

Une jeune musulmane de Caroline du Nord réagit aux premiers résultats de la nuit électorale

Dans l'Iowa, l'auteur pan-africaniste Siyanda Mohutsiwa a cette réflexion :

Quand on parle de radicalisation on parle toujours des musulmans. Mais la radicalisation des hommes blancs sur internet atteint des niveaux astronomiques

Le défenseur de la vie privée en ligne et fondateur de la Freedom of the Press Foundation [Fondation pour la liberté de la presse] Trevor Timm a tweeté :

Ravi que les Démocrates aient institutionnalisé un vaste et irresponsable appareil de sécurité nationale qui sera bientôt contrôlé par un fou.

Quelques réactions dans le monde

La journaliste arménienne Liana Aghajanian constate :

Voilà l'Amérique, dans sa réalité crue. C'est comme si tout ce temps nous avions fait semblant de connaître l'Amérique, mais notre erreur était totale.

Marko, en Macédoine essaie d'expliquer pourquoi les sondages se sont autant trompés :

Cassons les clichés ! Les sondages aux USA étaient faux parce que des tas de gens avaient honte de reconnaître publiquement qu'ils voteraient Trump.

Siobhan O'Dwyer vit au Royaume-Uni. Il a partagé cette pensée de l'anthropologue Sarah Kendzior :

“Pensez Brexit, mais avec un paquet de flingues en plus” – @sarahkendzior a tapé dans le mille.

L'activiste palestinien des droits humains Mohammed Suliman juge :

La Grande-Bretagne et maintenant l'Amérique. L'Occident ne peut plus se prétendre supérieur moralement. Il ne peut pas cacher son visage derrière le masque de l'universalisme libéral.

De Belgrade, la consultante en communication d'entreprise, et précédemment éditrice de Global Voices pour l'Europe centrale et orientale Danica Radisic a fait cette analyse sur Facebook :

Ce qui me fascine, c'est que la plupart des gens dans l'hémisphère occidental semblent croire que cette élection américaine est un incident isolé. Tout comme ils pensaient que le Brexit était isolé et une surprise. Ou la réélection d'Orban en Hongrie. Ou l'ascension à coups de jurons de Duterte aux Philippines. Ou Vucic et ses progressistes nationalistes et droitiers en Serbie.

Ce ne sont pas des coups de bol, mes amis. C'est une tendance claire. J'ai tweeté l'autre jour que “les idéologies d'extrême-droite croissent et se multiplient quand les réformes économiques et sociales sont nécessaires, mais que les libéraux et centristes tardent à offrir des solutions.” Je n'ai pas trouvé ça toute seule. Tout ça est déjà arrivé. Ça a commencé en 1912 avec les guerres balkaniques et s'est terminé avec l'ascension de Hitler et la Deuxième guerre mondiale. Et si vous ne comprenez pas ça, c'est que vous faites partie de ces très privilégiés déconnectés de l'humanité ordinaire et du reste du monde.

J'ai lu cet article de Michael Moore il y a quelque temps. Ce type ne m'a jamais beaucoup plu (ouais, je trouve que c'est un idiot de pleurnichard), mais je ne peux qu'être d'accord avec lui quand il a raison. Et il a raison.

De Green Bay à Pittsburgh, ça, mes amis, c'est le milieu de l'Angleterre – cassé, déprimé, en difficulté, les cheminées d'usine éparses dans le paysage avec la dépouille de ce qu'il est convenu d'appeler la classe moyenne, des travailleurs (et non-travailleurs) aigris et en colère à qui on a menti sur les retombées positives de la dérégulation à la Reagan et qui ont été abandonnés par les Démocrates toujours dans les palabres mais en réalité juste intéressés à se masturber avec un lobbyiste de Goldman Sachs qui leur signera un beau gros chèque avant de quitter la pièce. Ce qui est arrivé au Royaume-Uni avec le Brexit va arriver ici.”

Et ça va continuer à arriver ici. Tant que les classes supérieures défaillantes resteront si éloignées des classes travailleuses (ou chômeuses), ça ne peut qu'aller plus mal. D'une manière ou d'une autre, nous allons tous passer par ce cycle de nettoyage. Plus nous l'ignorons, plus il sera hideux.

Ceci dit… putain, la prochaine décennie sera un régal à regarder ! Enfin, pour certains d'entre nous. Aussi longtemps qu'on n'est pas trop obligé de vivre et travailler dans certaines parties du monde.

A propos de la montée mondiale de l'extrême-droite ces derniers temps, le journaliste mexicain et directeur du site web d'informations Animal Político Daniel Moreno s'est demandé :

Poutine en Russie
Trump aux USA
Rajoy en Espagne
Le temps est venu pour Le Pen en France et Farage au Royaume Uni

J'espère que le Canada a de la place pour 7,5 milliards de personnes

Parlant de l'incapacité des sondeurs à prédire le résultat de l'élection, la militante mozambicaine des droits humains Zenaida Machado a dit :

Il faudra réinventer les data, le calcul des probabilités et la statistique, après le bouleversement causé par le Brexit et l'élection US de 2016. Les chiffres étaient faux.

Sur le rôle des médias étatsuniens dans l'élection, Nwachukwu Egbunike, contributeur nigérian de Global Voices, a écrit :

La prochaine fois, rapportez l'info. Hélas les médias classiques ont perdu la boule pendant les élections américaines : ils  ont fabriqué l'info.

Tandis que la journaliste indépendante Amy Mackinnon, qui couvre l'Europe centrale et orientale, partageait cette photo de Russie:

Image du jour. Quelqu'un a mis des fleurs devant le Consulat des Etats-Unis à Moscou, avec une affichette ‘Je Suis USA’

Par contraste, l'auteur et journaliste chilien Pedro Cayuqueo a ainsi conclu son éditorial “Trump, ¿Apocalipsis ahora?” (Trump, Apocalypse Now ?) :

Si decimos creer en la democracia, poco y nada que lamentar. Felicitaciones al vencedor y que sea, en la medida de lo posible, un no tan mal gobierno. Mientras tanto la vida sigue.

Si nous décidons de croire en la démocratie, il n'y a guère de quoi se lamenter. Félicitations au vainqueur quel qu'il soit, et autant que possible, un gouvernement pas si mauvais. Pendant ce temps la vie continue.

Se remettre en route !

L'auteur et cinéaste Mark Frost a tweeté :

Ce soir est une tragédie. Allons dormir. Demain est le premier jour de la résistance.

Jameel Jaffer, ex-directeur adjoint juridique de l'American Civil Liberties Union a exhorté les Américains à ne pas bouger :

Arrêtez de dire que vous allez déménager au Canada. Ce que vous avez ici vaut d'être défendu.

La militante de la technologie ouverte et de l'égalité de genre Willow Brugh a tweeté :

Les gens protestent, sont justes et bons, chaque jour de milliers de façons. Faites de même à présent. Aimez ceux avec qui vous n'êtes pas d'accord.

Le blogueur syrien établi aux USA Anas Qtiesh, qui est aussi un contributeur de Global Voices, a offert un peu de consolation canine à ceux qui ont encore le sens de l'humour :

Je crois qu'il vous faut tous des carlins en ce moment

Danny O'Brien, directeur international de la Electronic Frontier Foundation, a appelé à la solidarité dans ce billet Facebook :

Un coucou à tous mes amis et tous mes héros à travers le monde : de Thaïlande, du Pakistan, de Hong Kong et du continent, de Russie, du Venezuela et de Cuba, de tout le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord du Maroc à Bahreïn. Chiranuch Premchaiporn, Nighat Dad, Esra'a Al ShafeiRami Nakhla, Alaa, Oiwan Lam, Nassir et merde je suis nul pour citer tout le monde. Coucou aussi à mes potes du Brexit, Tom Steinberg et autres.

Je suis dans les bureaux de la fondation Electronic Frontier à San Francisco à faire le tour des scénarios-catastrophe avec nous tous à 22h, pour essayer de faire passer tout ce que je vous ai vus faire et agir et dire dans des situations largement pires.

Nous aurons plein de temps demain pour mettre au point les détails, mais voilà  ce que je vais défendre, si ça se passe comme je le pense : que notre travail quotidien est là, défendre /tous/ contre ce qui peut arriver ici, tous et chacun sur toute la planète.

Il nous faudra de l'aide, et vous êtes tous si bons en solidarité et expérience et simplement me dérider et rester positif et continuer même dans les pires des situations. Ce n'est pas tout le monde ici qui a compètement pigé ce qui se passe, mais quand ils y seront, je vais VOUS ENQUIQUINER sans fin de mes questions et mes conseils mendiés.

Solidarité, tout le monde. Nous allons construire une maison pour la liberté, nous allons créer les outils les plus fantastiques, nous allons rallier tout le monde et alors NOUS IRONS SUR MARS.

Les électeurs de Trump font le bonheur sur Twitter de la chef-propagandiste russe

mercredi 9 novembre 2016 à 20:51
Photo: Gage Skidmore / CC 2.0

Photo: Gage Skidmore / CC 2.0

Alors que le monde est aujourd'hui sous le choc du stupéfiant renversement par Donald Trump de la course présidentielle étatsunienne, les Russes regardent l'Amérique avec la confiance retrouvée que les années de bataille contre la domination des médias libéraux de l'Occident sur les flux mondiaux d'information ont fini par payer.

En la matière, il n'y a probablement pas plus heureux que Margarita Simonyan, la rédactrice en chef de RT (anciennement “Russia Today”), le principal organe de propagande du Kremlin, dont la raison d'être est de faire passer la vision du monde de Moscou aux auditoires de l'étranger.

Sur Twitter, Mme Simonyan a d'abord suivi l'élection comme tout un chacun en se reposant sur les prédictions des sondeurs, qui s'attendaient à une victoire de Hillary Clinton. Un des premiers tweets de Simonyan le jour du scrutin déclarait simplement la mort de la démocratie.

Requiem pour la Démocratie

A mesure que la victoire de Trump gagnait en certitude, le ton de Simonyan sur Twitter virait du désespoir au ravissement. Elle s'est même mise en quête d'un drapeau américain, qu'elle promettait de fixer à sa voiture, dans son empressement à faire honneur à une élection qu'elle décrivait quelques heures auparavant comme l'acte de décès de la démocratie.

Aujourd'hui je veux circuler à travers Moscou avec un drapeau américain à la fenêtre de ma voiture. Si je peux trouver un drapeau, joignez-vous à moi. Aujourd'hui ils l'ont mérité.

En somme, aujourd'hui je vais rouler comme ça : à une fenêtre notre drapeau, à l'autre le drapeau américain. Je symbolise le chewing-gum de l'amitié entre les peuples. En acompte.

Et ce n'est pas sa dette de deux caisses de bière—apparemment le prix d'un pari perdu sur Clinton—qui aurait pu refroidir l'enthousiasme de la rédactrice en chef.

Je viens juste de me rendre compte que j'y ai perdu deux caisses de bière !

Comme beaucoup d'observateurs aux USA et ailleurs dans le monde, Mme Simonyan a interprété la victoire de Trump comme un puissant rejet du statu quo américain et de décennies de ce qu'on appelle le ‘consensus de Washington’ s'agissant de la politique étrangère des USA.

Pour Simonyan, la preuve est là qu'une majorité d'électeurs américains sont dégoûtés et las des médias classiques, du multiculturalisme, de la liberté du commerce et des interventions à l'étranger.

Corbyn. Le Brexit. Trump. Encore des questions ? Le monde en a par-dessus la tête de l'establishment, de ses mensonges, de l'arrogance de ses médias mensongers.

Quand les médias et le pouvoir sèment pendant des années des valeurs auxquelles la société n'est pas prête, en expliquant à la société qu'elle est trop figée, c'est Trump qui est le vainqueur.

Les gens sont fatigués de la guerre. Les gens sont fatigués des média. Les gens sont fatigués du libéralisme agressif. Les gens sont fatigués des immigrants. Bons ou mauvais, ce sont les faits.

Implicite dans les satisfecits de Simonyan sur Twitter, est l'idée que RT, son média à elle, est aussi gagnant, parce qu'il offre la perspective anti-establishment qui semble avoir prévalu dans cette élection américaine.

Des soutiens fervents de Hillary Clinton ont aussi endossé l'idée que des agents russes comme Simonyan ont une responsabilité dans la victoire électorale de Donald Trump.

Ainsi, Michael McFaul, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Russie et énergique champion de la campagne Clinton, a crédité Moscou d'avoir manipulé les Américains pour qu'ils votent Trump. Sur Twitter, McFaul a facétieusement félicité divers individus liés au Kremlin, sans oublier Simonyan, qui a promptement repris à son compte le message.

Bravo Poutine – Simonyan – [le magazine en ligne] Spoutnik – Jirinovski – Maria Katasonova. Victoire !

Quand elle regarde l'avenir, Simonyan a d'évidentes grandes espérances quant à ce que le président Trump pourra faire pour améliorer les relations russo-américaines, avec plusieurs concessions géopolitiques à Moscou impensables si Hillary Clinton l'avait emporté mardi.

Si Trump reconnaît que la Crimée est nôtre, annule les sanctions [économiques], s'accorde avec nous sur la Syrie et libère Assange, je prends ma retraite. Car le monde sera merveilleux.

Alors, “Requiem pour la Démocratie” ? Simonyan trouve que sur ce front les nouvelles sont bonnes :

Max Seddon : Alors, hier à peine vous disiez que la démocratie était morte. Elle est revenue à la vie ?
Margarita Simonyan : Elle est ressuscitée ! :-)

À 7 ans, la sud-africaine Michelle Nkamankeng a publié son premier roman

mercredi 9 novembre 2016 à 12:03
Micelle au micro dans les studios de la radio Powerfm987. Micelle au micro dans les studios de la radio Powerfm987. Photo extraite de Twitter

Michelle Nkamankeng au micro dans les studios de la radio Powerfm987. Photo via @Powerfm987 sur Twitter

Depuis le début d'octobre la petite sud-africaine Michelle Nkamankeng, âgée seulement de 7 ans a créé le buzz parmi les internautes. Cette fillette vient de publier son premier roman et en aurait d'autres au programme.

Sur le site ecceafrica.com, qui veut donner une vision positive de l'Afrique, Servan Ahougnon écrit:

Bien au-dessus des attentes que peut susciter un livre rédigé par un enfant de 7 ans, « Waiting for the waves » raconte l’histoire d’une petite fille en vacances avec ses parents dans une station balnéaire. Cette dernière va devoir surmonter, avec l’aide de ses proches, une phobie à laquelle elle sera confrontée durant toutes les vacances: les vagues. Le roman est en fait le premier tome d’une tétralogie dont les volumes suivants seront publiés au cours des prochaines années.

Michelle Nkamankeng est entièrement soutenue par ses parents, notamment sa mère, qui a créé la maison d’édition LANSM Publishing pour que le livre de sa fille soit publié. Il faut dire que la plus jeune auteure d’Afrique arrive facilement à communiquer sa passion à ceux qui l’entourent.

« Je suis une humble petite fille qui écrit des livres. Je suis confiante en moi et j’inspire les jeunes enfants à suivre leurs rêves », déclare-t-elle lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense d’elle-même.

Le site farabaleweekly.com aussi écrit sur ce phénomène hors du commun. Ce site se présente comme un centre d'agrégation qui regroupe les dernières tendances dans l'art, la culture, la mode, la musique et le cinéma. L'auteur GOKE ALABI remarque:

At an age where most girls will be busy playing with toys or watching cartoons, 7-year old Michelle Nkamankeng is making the list of the top 10 youngest authors in the world.

The young South African becomes the youngest author out of Africa after she published her first novel ‘Waiting for Waves’. In an interview with BBC Africa, Michelle tells the interviewer what inspired her to write the book.

À un âge où la plupart des fillettes sont occupées à jouer ou à regarder des dessins animés, Michelle Nkamankengde, âgée de 7 ans entre dans la liste des 10 auteurs les plus jeunes dans le monde.

La jeune sud-africaine devient le plus jeune auteur d'Afrique après avoir publié son premier roman «Waiting for Waves».

Le site negronews.fr rappelle brièvement le contenu du roman et rapporte les propos du père de Michelle:

Son livre qu’elle a écrit à l’âge de six ans raconte l’histoire d’une petite fille appelée Titi et sa famille qui vivent loin de la plage. Un jour, ils sont allés à la plage, mais la petite fille Titi avait peur des vagues et sa famille l’a aidé a affronté ses peurs. L’inspiration du livre lui est venue après avoir était à la plage avec sa famille.

Le père de Michelle, Paul Nkamankeng raconte qu’il ne savait pas que sa fille était en train d’écrire un livre jusqu’à ce qu’il soit terminé.

« La seule chose que nous avons remarqué quand elle avait environ quatre à cinq ans, c’était que Michelle aimait lire. Elle voulait tout le temps que nous allions à la librairie pour acheter des livres pour les enfants et elle terminait de les lire en une semaine. Quand elle a eu cinq ans, nous l’avons emmené à la plage pour la première fois et elle m’a demandé pourquoi tout le monde regardait l’océan, et je lui ai répondu qu’ils attendaient les vagues » explique Paul.

Le roman, «Waiting for the Waves» est le premier tome d’une série de quatre.

À part l’écriture Michelle Nkamankeng aime pratiquer le ballet, la natation et la gymnastique.

Cette écrivaine précoce a déjà sa page Facebook et son compte Twitter, que maman gère. La publication de son livre a fait d'elle une vedette invitée par des radios, des TV, des écoles, des ONG ainsique l'UNICEF, des radios et des TV telles que: Insta: Craze.tv, Radio2000, POWER98.7, etc. Même la prestigieuse BBC n'a pas résisté à l'envie d'interviewer Michelle Nkamankeng:

Sur le site konbini.com,  Daniel Orubo révèle les efforts de la maman du Michelle et les espoirs de la petite écrivaine:

Sur son compte Twitter, qui est géré par sa mère, Michelle a écrit: “Mon rêve est d’inspirer les jeunes enfants à croire en eux. Je suis heureuse et très fière de moi. J’adore lire depuis que j’ai quatre ans. J’aime écrire pendant mon temps libre.” La mère de Michelle a dû tout apprendre pour réussir à faire publier le livre de sa fille. Elle a même fini par créer sa propre maison d’édition. Interrogée par le site de la province de Gauteng, Michelle a évoqué ses espoirs pour son livre et pour l’avenir: “J’espère qu’on pourra gagner assez d’argent avec le premier livre pour publier les trois autres volumes de la série.” Le livre est disponible sur Amazon depuis le 11 octobre.

Le 7 novembre,  fait savoir sur sa page Facebook que Michelle était hote d'honneur de la SA Literary Awards 2016( SALA):

God is good!
Michelle is currently on her way to Pretoria as a special guest of honour to the 11th SA Literary Awards (SALA) taking place tonight!

Dieu est bon!
Michelle est actuellement en route pour Pretoria en tant qu'invitée d'honneur spéciale pour le 11e SA Literary Awards (SALA) qui aura lieu ce soir!

Michelle est une autre confirmation de la fameuse phrase que Pierre Corneille avait mise dans la bouche de son héros Rodrigue, dans  sa pièce théatrale le Cid.

Endormi ou Mort – Partie 1: « Tout crie la mort »

mercredi 9 novembre 2016 à 10:39
Solitary Confinement, Old Dubbo Gaol. PHOTO: Corrie Barklimore (CC BY 2.0)

Confinement Solitaire, Prison Old Dubbo. PHOTO: Corrie Barklimore (CC BY 2.0)

Ceci est la première partie de « Endormi ou mort », une série en six parties par l’activiste Sarmad Al Jilane sur son expérience dans une prison syrienne.

Loin de notre univers bleu et virtuel, vous vous regardez et découvrez que vous êtes le seul dont toute la pertinence a disparu. Elle se dissipe tranquillement, exposant la douleur telle une vérité que vous pouvez voir, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une vérité à la hauteur de son nom. Une vérité qui devient une liste d’émotions et d’expressions, pas de métaphores.

Cependant, lorsque vous revenez à la réalité au-delà du théâtre, des belles scènes et des acteurs et que vous ouvrez la porte qui mène à l’arrière-scène, les gens se transforment en chair et en sang et tout crie la mort. Le doute se dissipe et vous êtes réassuré de votre existence, bien que la Terre demeure en rotation sur son pivot du malheur. Vous réalisez ensuite que vous êtes ici, enfermé derrière des murs construits par vos parents, et par vos grands-parents avant eux, brique par brique.

Ils m’ont arrêté ainsi que mon père à trois reprises, mais cela n’a pas été suffisant pour que « j’apprenne ma leçon », comme l'a dit le chef de la division de sécurité, jurant que la quatrième fois serait la bonne. Il a prouvé sa domination sur nous en brisant même nos plus simples concepts.

Cinq jeunes hommes, arrachés du joli jardin de notre révolution durant une manifestation pacifique. Cela a suffi pour plonger la ville entière dans la noirceur de la nuit avec des cris de « Allahu Akbar ». Tous les quartiers se sont levés, à l’exception du mien. Pour la première fois, il était silencieux, absent, au moment où il n’aurait pas dû l’être — bien que je n’aie jamais eu beaucoup d’attentes envers une ville remplie de divisions de sécurité du régime et de leurs complices.

La troisième nuit, tout est devenu silencieux à la suite d’une interruption du principal module d’alimentation électrique. J’ai brisé ce silence en criant « Allahu Akbar », plusieurs fois du toit de ma maison. J’ai entendu l’écho de ma voix au travers du silence. Quelques minutes plus tard, des alliés se sentirent assez en sécurité pour s’y joindre. Je n’étais plus seul. Il y avait beaucoup de partisans, les vrais amis m’ont rejoint ; ensemble, nous avons formé une belle image qui a justifié mes attentes. C’est à ce moment que vous réalisez que vous laissez le génie sortir, mais vous ne vous en faites pas.

Un appel de mon père : « Prépare-toi, on se rencontre a la division militaire de sécurité ». Puis on raccrocha.

À ce moment, j’ai découvert que peu importe la quantité de miel qu’on avale, rien ne peut faire revenir votre voix après autant de cris à gorge ouverte avant d’atteindre une division de sécurité. J’y suis arrivé. Le colonel Ghassan était assis avec plusieurs de ses hommes, mon père et maintenant moi.

Le colonel Ghassan a commencé à parler : « Laisse-moi t’entendre crier “Allahu Akbar”, ou n’es-tu assez brave pour le faire que lorsque tu es loin de nous ? ». Ses yeux étaient fixés sur moi, laissant paraître sa haine. « Et tu as les tripes de me regarder dans les yeux plutôt que de fixer le plancher !».

Ce que j’ai alors fait n’était pas par courage. J’avais 18 ans, visitant le même bureau de division pour la quatrième fois. Il s’agit surement de stupidité, de fierté ou de révolte. J’étais tellement confiant en répondant : « Je ne m’attendais pas à ce que tu oublies ma voix depuis hier et je ne crois pas avoir arrêté de te regarder dans les yeux. Pourquoi arrêter aujourd’hui ? »

Il s’agit de la plus courte discussion m’ayant apporté autant de souffrances, comme fut le cas par la suite — cela dit, je ne la regrette pas. « Jetez-le à l'isolement, et remettez son père à l'isolement aussi ».

« Remettez son père à l'isolement aussi ». Cette phrase ignoble, dont la puanteur traîne dans mon nez encore à ce jour. Cela est devenu un « syndrome » qui m’a torturé psychologiquement durant des mois.

Je traverse la cour. Le premier bureau est là où je laisse mes effets personnels. Je retourne dans la cour et entre dans le deuxième bureau, lequel précède le corridor menant aux cellules de confinement solitaire. Je mémorise les lieux avant d’y pénétrer. Ma cellule semble être plus grande cette fois, contrairement à celles qui m’étaient normalement assignées. Je dois la partager avec seulement un autre détenu et je peux m’assoir dès maintenant, sans avoir à attendre mon tour, comme c'est d'habitude le cas.

Après quelques minutes, lesquelles semblèrent durer une éternité, le garde quitta la cellule et j’ai pu user d’une méthode de communication qui consiste à taper le mur avec le poing. Je pouvais déceler qu’il s’agissait de sa première fois. Après une longue hésitation, il me répondit. Aucune des cellules de confinement ne semblait détenir un homme d’âge moyen nommé « Le Docteur » et qui me ressemble. Mon visage n’a pas de traits sous cette noirceur totale et il n’y a pas de médecin ici ; nous sommes tous des numéros. « Peut-être qu’il sonne comme moi ? » Toutes les réponses niaient son existence. Peut-être qu’ils l’ont emmené aux grandes cellules. Il se peut qu’ils l’aient interrogé immédiatement. Les enquêteurs m’ont assuré qu’ils le relâcheraient si je restais. Menteurs. Je souhaite trouver un épouvantail pour faire fuir tous ces corbeaux qui festoient sur le verger de ma tête.

J’entends les cris lointains de « Allahu Akbar ». Il doit être autour de 22 h, l’heure à laquelle les cris surviennent chaque jour. La porte s’ouvre. J’ai toujours été convaincu que le noir était la couleur du jugement dernier jusqu’au jour où j’ai aperçu la couleur jaune du corridor qui nous apportait l’horrible Ar-Ra’d.

« Sors pour l’interrogatoire ». J’ai maintenant décelé le secret : pour protéger la sécurité de l’État de nous et pour nous empêcher de déchaîner le traitre et le terroriste qui vit en nous, ils parlent dans un dialecte alaouite, leur carte de chantage sectaire et l’angle étroit duquel ils perçoivent la vie. Ce n’est pas une maison, ce n’est pas un pays, c’est un fléau qu’ils appellent la coexistence dans le but de faire du criminel de leur clan un héros.

J’entre dans la salle d’interrogatoire et j’aperçois Abu Imad et son petit corps maigre, selon moi. Il débute sa discussion « amicale », malgré les expressions faciales qu’il ne peut cacher : « mon ami, tu es encore jeune. Tu peux faire de ta vie beaucoup de choses. Des choses plus importantes que de te tenir avec des vagabonds qui participent à des protestations, lesquelles vont bientôt mourir ». J’ai gardé mon silence. J’ai mémorisé cela par cœur. Je ne me souviens plus vraiment à quel moment recevoir un discours amical suivi d’insultes et de violence physique est devenu une manière normale de communication pour moi. Je ne m’en faisais pas trop à savoir quand et comment. Quelque chose en moi m’a dit de m’habituer à recevoir des punitions sans avoir rien fait de mal pour le justifier. De m’habituer à recevoir des châtiments de toutes les formes.

Il a l'ordre de m’enlever le plus de chair possible. Il aime appeler cela des « confessions ». Il débute avec un tube de plastique, probablement utilisé pour des travaux d’assainissement. Votre bourreau aime vos hurlements. Donnez-lui sa joie, vous n’êtes rien, vos cris ne peuvent être contenus. Mes hurlements ne lui plaisaient pas assez, alors il a échangé le tube pour un câble. Durant ma première détention, je me suis demandé si les enquêteurs avaient travaillé dans le ramassage d’ordures ou s’il s’agissait d’équipement venant avec l’emploi. Un large câble électrique fabriqué à partir de quatre câbles tressés ensemble pour nous offrir cette invention merveilleuse à leurs yeux.

Ce ne fut qu’une heure, durant laquelle trois d’entre eux travaillaient en rotation, pendant que moi je restais sur le même quart. Mon corps s'est engourdi et j’ai perdu la voix, alors je ne pouvais plus hurler. Il a senti la froideur et cela ne lui a pas plu, c’est pourquoi il m’a piqué avec une décharge électrique. Un courant électrique a couru à travers mon corps. Un courant électrique qui aurait été suffisant pour alimenter tout mon quartier. Mon corps à moitié nu et couché au sol était un conducteur parfait. L’engourdissement était parti et la douleur était de retour. Deux heures supplémentaires, après lesquelles il décida que la journée tirait à sa fin. Je crois qu’il était autour de minuit. J’ai décidé de me rendormir, ou disons qu’il s’agissait de mon seul choix.

Quelques heures sont passées, je les sentais comme des minutes. L’appel à la prière matinale. La porte s’ouvre et la lumière de la destinée pénètre. « Dehors, pourriture ». Je réponds dans ma voix fatiguée d’adolescent : « Monsieur, mon père doit être très inquiet ». « Ferme-la et bouge, tu es transféré ». C’était une première. Dans les occasions précédentes, c’était une remise en liberté. Où m’emmènent-ils ?