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Alors que les critiques des missions de maintien de la paix de l'ONU se multiplient, l'Afrique recherche la paix selon ses propres termes

mercredi 22 novembre 2017 à 18:34

Des médecins militaires indiens soignent un enfant à Kiwanja, République Démocratique du Congo via The Blue Berets. CC BY-SA 2.0

Les missions de maintien de la paix des Nations Unies (ONU) sont omniprésentes sur le continent africain malgré les critiques croissantes sur leur efficacité. Les soldats de la paix travaillent en coopération avec les militaires africains avec des mandats de plus en plus larges de protection des civils, d'opérations anti-insurrectionnelles et de contre-terrorisme, entre autres. Les missions de maintien de la paix de l'ONU dans des pays comme le Libéria [fr] la Sierra Leone [fr] et la Côte d'Ivoire [fr] ont été saluées comme des succès, mais les activités terrestres des troupes onusiennes ont été fortement remises en question.

Depuis la première mission en 1948, les missions de maintien de la paix de l'ONU ont évolué de façon radicale, mais l'objectif principal a toujours été la démobilisation, le désarmement et la garantie de la paix sur le terrain. En mai 2015, 80% des casques bleus de l'ONU ont été déployés sur le continent africain (80 000 soldats) pour participer à neuf missions de maintien de la paix. Le Bangladesh, l'Inde et le Pakistan sont les principaux pourvoyeurs de soldats dans ces missions, tandis que les États-Unis, le Japon et la France ont été les principaux bailleurs de fonds.

Les membres des missions pour la paix de l'ONU, également connus sous le nom de Casques bleus, ont servi comme observateurs militaires ainsi que soldats, parfois engagés dans le combat sans le consentement du gouvernement. L'ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a recommandé des réformes visant à améliorer l'efficacité des missions de maintien de la paix de l'ONU avec des responsabilités élargies, y compris le recours à la force.

Les missions de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique sont-elles efficaces ?

Selon un rapport de Human Rights Watch de 2014 [fr] les forces de maintien de la paix de l'ONU et l'armée congolaise n'ont pas réussi à empêcher une attaque en République démocratique du Congo (RDC) qui a fait au moins 30 morts parmi la population civile. En République centrafricaine (RCA), des membres de la mission de maintien de la paix de l'Union africaine ont été impliqués dans les disparitions de 11 personnes en 2014 [fr]. Des casques bleus français ont fait également l'objet d'une enquête en RCA pour agressions sexuelles [fr]. La France a ouvert une enquête, mais les procureurs ont ensuite abandonné les affaires en disant qu'il n'y avait pas assez de preuves pour inculper les soldats.

Paula Donovan, co-directrice de l'organisation AIDS-Free World, a réagi à la nouvelle :

C'est une parodie. Si des soldats africains avaient agressé sexuellement de petits garçons à Paris, l'enquête ne serait pas close avant que chaque auteur soit derrière les barreaux.

Les missions de l'ONU en désaccord avec les gouvernements nationaux

Dans un discours à l'ONU en mars 2017, le président de la RDC, Joseph Kabila, a demandé une réduction [fr] significative des casques bleus sur le terrain. Il a fait valoir que leur présence était inutile et entravait l'action de l'administration congolaise. Le secrétaire général actuel de l'ONU, António Guterres, a vu dans la déclaration de Kabila une volonté de renforcer son emprise sur la RDC et de réprimer la dissidence. Pourtant, selon Pierre Okungo, un homme politique de Kinshasa, une réduction substantielle des forces de maintien de la paix de l'ONU sur le terrain en RDC pourrait mener à l'implosion et à la destruction.

Dans son livre Interventions: A Life in War and Peace (Interventions: une vie de guerre et de paix), Kofi Annan déplore le manque de coordination ainsi que de confiance entre l'ONU et les gouvernements dans les conflits en Somalie (1992) et au Rwanda (1994). Dans le cas du Rwanda, l'ONU n'a mis en place une mission d'intervention sur le terrain qu'un an après le début de la guerre civile, en raison d'un manque d'information et de coordination sur la réalité des tensions après les élections de 1994.

Les pays africains développent leurs stratégies d'autodéfense

Le “G5 Sahel”, composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, a été créé en 2014 pour mieux coordonner les efforts militaires et de développement en Afrique centrale. Au cours des assemblées générales des Nations Unies, des pourparlers ont été lancés par la France [fr] pour déterminer l'avenir du G5 Sahel. Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré [fr]:

La situation au Sahel nous interpelle tous. Le sens du sacrifice [des 3 Casques bleus tchadiens de la Mission des Nations Unies au Mali, tués le 26/10/17] nous oblige à trouver d'urgence des solutions pour contrer le terrorisme au Mali, tout en assurant la sécurité et la sûreté de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

L'Union africaine coopère actuellement au Soudan du Sud, où la disparition de l'État central a rendu les missions de l'ONU sur le terrain extrêmement compliquées.

Les missions de maintien de la paix de l'ONU en Afrique. Source: the United Nations crédits: Danielle Renwick & Julia Ro.  Domaine Public

Construire la paix en Afrique à ses propres conditions

Des dirigeants tels que Joseph Kabila (RDC) ou l'ancien président tchadien Hissène Habré, considèrent le travail des Casques bleus comme une “interférence inefficace” ne servant que les intérêts des Occidentaux. Les pays africains qui travaillent pour construire leur propre paix cherchent la continuation de l'aide étrangère, pas une présence militaire étrangère sur le terrain. Cela pourrait atténuer le gaspillage de ressources que constituent les missions de maintien de la paix de l'ONU en Afrique avec leurs soldats mal préparés. De nombreuses voix ont estimé qu'il était temps que le continent africain dirige les efforts de maintien de la paix dans la région :

Missions de maintien de la paix de l'ONU : un bilan des échecs en Afrique?

Ce court documentaire est un excellent travail soulignant les échecs des missions de maintien de la paix de l'ONU

Compte tenu du déluge d'abus au Soudan du Sud et en République Centrafricaine, quand pouvons-nous appeler échecs les missions de maintien de la paix de l'ONU ? demande @hannahekbryce

Par exemple, en Somalie, les États membres de l'AMISOM (Mission de l'Union africaine en Somalie) fournissent des troupes tandis que les Nations Unies fapportent des fonds, de la formation, de la logistique et un soutien pour la planification. Depuis la création du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, cette organisation a déployé plus de 64 000 personnes dans des missions pour la paix sur le continent, y compris pour combattre l'Armée de résistance du Seigneur en Afrique centrale et Boko Haram au Nigeria.

Au cours des dernières décennies, les troupes de l'ONU sur le terrain ont empêché de nombreux pays en conflit de tomber dans le désarroi total. Pourtant, une myriade de conflits persistent encore en Afrique et la menace du terrorisme est à son plus haut niveau. Les missions de maintien de la paix de l'ONU sont essentielles au développement ainsi qu'à la sécurité en Afrique et les agences des Nations Unies comme la Commission des droits de l'homme des Nations Unies déploient des fonds importants (7,7 milliards de dollars en 2017) pour atténuer les crises civiles sur le terrain.

Dans le même temps, cependant, l'Afrique continue de chercher des stratégies pour assurer la paix et la stabilité selon ses propres termes.

Une scientifique kirghize symbolise malgré elle la résistance au sexisme

mercredi 22 novembre 2017 à 12:39

Arrêt sur image de la vidéo sur YouTube “Asel Sartbaeva Discusses Thermally Stable Vaccines” [Asel Sartbaeva discute les vaccins thermiquement stables, NdT] téléchargée par X, the moonshot factory le 8 janvier 2015.

Quand un homme d'affaires de premier plan au Kirghizistan a mis le feu aux poudres sur les médias sociaux en qualifiant le leadership féminin de “bêtise” et en assimilant le féminisme au “terrorisme”, c'est une scientifique d'un pays d'Asie Centrale qui a offert une réponse parfaite.

La biochimiste Asel Sartbaeva et l'Université britannique de Bath ont remporté le Prix de la biotechnologie lors de la cérémonie des Prix IChemE mondiaux à Birmingham le 2 novembre, à la plus grande joie de ses compatriotes.

D’après IChemE, le projet de biotechnologie de Bath conduit par Sartbaeva “utilise des silices pour empêcher les vaccins de s’abîmer et réduit le besoin d'équipement de chambre froide.”

Dans la vidéo ci-dessous, Sartbaeva décrit comment elle s'est intéressée au développement d'une technologie qui, selon IChemE, “pourrait sauver des millions de vies” en conservant les vaccins en sécurité dans des locations dépourvues d'énergie.

After the birth of my daughter I took her to the doctor to be vaccinated. The doctor took the vaccine out of the fridge and was going to administer it. And I naively thought he was going to warm it up. But he said, “No, no, no, because if we warm it up it would denature.”

And I thought, OK, I know nothing about vaccines, so I started searching and found out that vaccines need to be stored in refrigerators all the time. That is when I thought I can maybe use silicon to cage them so they don't unfold.

Après la naissance de ma fille, je l'ai emmenée chez le médecin pour la vacciner. Celui-ci a sorti le vaccin du réfrigérateur et s'est préparé à le lui injecter. J'ai pensé naïvement qu'il allait le réchauffer d'abord. Mais il a dit “Non, non, non, parce que si on le réchauffe il va se dénaturer.”

Alors je me suis dit, Ok, je ne connais rien aux vaccins, donc je me suis mise à faire des recherches et j'ai réalisé que les vaccins doivent être conservés dans des réfrigérateurs constamment. C'est à ce moment-là que j'ai pensé que je pourrais peut-être utiliser du silicium pour les enfermer de façon à ce qu'ils ne se déplient pas.

“Le féminisme est comme le terrorisme”

La nouvelle de ce prix est arrivée quelques jours après que Babur Tolbaiev, fondateur de l'une des institutions de micro-crédit les plus prospères du pays, a fait des vagues sur les médias sociaux en comparant le féminisme au “terrorisme” et en qualifiant l'idée de leadership féminin de “bêtise”.

Dans un entretien dans une émission de débats locale, Tolbaiev, dont l'entreprise Mol Bulak prête de l'argent en Russie aussi bien qu'au Kirghizistan, a affirmé :

Многие женщины хотят быть супербизнесвумэн, лидерами — это все хрень, извиняюсь. Феминизм — это терроризм, это та же форма радикализма

De nombreuses femmes veulent devenir des super-business-women, des leaders. Désolé, mais ce ne sont que des bêtises. Le féminisme, c'est du terrorisme. C'est une forme de radicalisme.

Arrêt sur image de la vidéo sur YouTube “Asel Sartbaeva Discusses Thermally Stable Vaccines” [Asel Sartbaeva discute les vaccins thermiquement stables, NdT] téléchargée par X, the moonshot factory le 8 janvier 2015. Ici, Sartbaeva est filmée avec sa fille.

Un hypocrite ?

Ainsi que la journaliste Bermet Talant kyzy l'a remarqué dans son blog, ce sont des mots étranges dans la bouche d'un homme dont les entreprises incluent plusieurs femmes à des postes de responsabilité et a accordé un nombre incalculable de prêts à une clientèle en majorité féminine, dont des prêts nécessaires pour démarrer une entreprise.

Talant kyzy conclue que Tolbaiev, qui se aime se définir comme un philanthrope, est un “sacré hypocrite” :

Все женщины, очевидно, делятся для Тольбаева на две категории: те, кто его обслуживает, как его жена, и те, за счет которых он наращивает свое богатство, как сотрудницы его компании и клиентки.

Apparemment pour Tolbaiev, les femmes appartiennent à deux catégories : celles qui le servent, comme sa femme, et celles qui l'aident à accroître sa fortune, comme ses employées et ses clientes.

Sur les médias sociaux, des liens vers l'interview de Tolbaiev ont circulé pendant des jours.

Dans un billet sur Facebook, l'auteur pour enfants Altyn Kapalova accuse Tolbaiev de mal comprendre le féminisme et a inventé un nom de personnage basé sur lui, qui figurera peut-être dans l'un de ses livres :

В стотысячный раз повторяю:
Феминизм – это не поклонение каким-то взглядам, феминизм – это простые адекватные действия в реальности, которые не ограничивают женщину, но и не привилегируют ее. #корольразбросанныхносков

Je le répète pour la 100.000ème fois :

Le féminisme n'est pas une adhésion à de quelconques vues. Le féminisme n'est que des actions simples et pratiques qui ne restreignent ni ne privilégient les femmes #TheKingofDiscardedSocks [#LeRoiDesChaussettesQuiTraînent, NdT]

Arrêt sur image de la vidéo sur YouTube “Asel Sartbaeva Discusses Thermally Stable Vaccines” [Asel Sartbaeva discute les vaccins thermiquement stables, NdT] téléchargée par X, the moonshot factory le 8 janvier 2015.

Asel Kubanysh, spécialiste de l'éducation, raisonne :

Понимаю, когда-то мужчины были добытчиками. Когда нужно было уметь убивать животного, бегать с копьем на руках и тд. Но с того времени, столько воды утекло как говорится…

Сегодня, не надо кормить женщину. Так и так видим, на примере трудовых мигрантов, как женщина кормит целые семьи…. И это, заметьте, женщина делает практически в наихудших условиях… в дали от детей, без никаких соцпакетов и тд. А теперь представьте, каких успехов достигла бы женщина имей она поддержку мужа, семьи и государства.

Je comprends bien qu'à un moment, les hommes étaient chasseurs-cueilleurs, qu'ils couraient avec une massue et tout ça. Mais pas mal de choses ont changé depuis…

Aujourd'hui, une femme n'a pas besoin d'être nourrie. On le voit bien dans le contexte des travailleurs migrants kirghizes, quand parfois une migrante nourrit des familles entières. Et ce sont des choses que des femmes réussissent dans les pires conditions qu'on puisse imaginer. Maintenant, imaginez quels succès une femme pourrait obtenir si elle bénéficiait du soutien de son mari, de sa famille et de l'état.

La députée Elvira Surabaldieva s'est énervée sur Twitter :

Où est la surprise ? Babur Tolbaiev est un représentant typique des cercles d'affaires kirghizes, pour lesquels une femme est un être humain de seconde classe.

Tolbaiev a ensuite essayé d'expliquer ses remarques. Il a reconnu que sa comparaison entre féminisme et terrorisme était “exagérée” et a prétendu défendre “une politique de genre correctement implémentée” qui permette aux hommes et aux femmes de poursuivre les objectifs personnels aussi bien que professionnels.

Néanmoins, argumente-t-il, les femmes sont “la fondation de la famille”, ce qui justifie ses commentaires de l'interview selon lesquels avoir une famille “vaut plus qu'un MBA” pour une femme, et que celles-ci devraient essayer d'avoir “autant d'enfants que possible” avant d'atteindre 35 à 40 ans.

Naturellement, cette marche arrière a peu convaincu :

Après une intervention sexiste stupéfiante, le patron de la banque KG poursuit avec plus ou moins la même chose, juste dit différemment.

Quelques jours plus tard cependant, avec la victoire d'Asel Sartbaeva, les femmes kirghizes avaient à la fois un exemple de leadership exceptionnel et une excuse pour revenir s'en prendre à Tolbaiev sur les médias sociaux :

Le billet de Rimma Sultanova (à gauche) annonce “Femmes de science” et est adressé à Tolbaiev. Celui d'Umetai Davluetayeva (à droite) s'exclame “Dans les dents le patriarcat ! Une scientifique sauve des vies pendant que vous expliquez comment ramasser les chaussettes sales !”

Le billet d'Altyn Kapalova (à gauche) annonce : “Quelle super nouvelle ! Je parade avec fierté comme si j'avais développé cette nouvelle technologie moi-même ! C'est probablement une mauvaise nouvelle pour le Roi des Chaussettes Qui Traînent.”

Pour en savoir plus sur la progression du Dr Sartbaeva sur le devant de la scène scientifique internationale, lisez son interview sur le site de la Société royale de chimie.

En Macédoine et en Serbie, les politiciens de droite font (littéralement) s'évanouir leurs partisans

mercredi 22 novembre 2017 à 12:22

Capture d'écran d'une vidéo montrant les supporters d'Alexandre Vučić et de Nikola Gruevski en train de tomber comme des mouches.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Le Président serbe Alexandre Vučić et l'ancien Premier ministre macédonien ont plusieurs points communs.

Tous deux appartiennent à des partis politiques conservateurs et populistes. En fait, le SNS, le parti au pouvoir en Serbie, et le VMRO-DPMNE de Macédoine sont des «partis frères» dans la famille du Parti populaire européen.

MM. Vučić et Gruevski ont tous deux été visés par des accusations de corruption et ont fait face à des mouvements protestataires d'ampleur contre leur régime.

Et il est arrivé plusieurs fois que des participants à leurs meetings soigneusement organisés s'évanouissent…

Le 5 septembre, le nouveau gouvernement macédonien célébrait les 100 jours de son entrée en fonction. Le Premier ministre Zoran Zaïev a prononcé le traditionnel discours se félicitant des avancées obtenues durant cette période, tandis que Gruevski, leader du parti d’opposition VMRO-DPMNE, donnait une contre-conférence de presse, où il mettait une série d'échecs sur le compte du chef du gouvernement.

Une journée somme toute ordinaire sur la scène politique macédonienne, n'était cet incident qui a monopolisé l'attention du public lors de la conférence de presse de Gruevski.

A un moment donné, un jeune homme qui se tenait derrière lui s'est évanoui, mais Gruevski, n'en sachant visiblement rien, continue à discourir sans qu'aucun de ses subordonnés ne tente de lui couper la parole pour venir en aide au jeune homme qui gisait au sol.

La vidéo de la scène filmée avec un téléphone portable s'est répandue à toute allure sur les réseaux sociaux ; au moment de la rédaction de cet article, elle cumulait plus de 170.000 vues.

La vidéo a été partagée surtout par ceux qui n'aiment pas Gruevski. Ils y ont vu une preuve du manque d'empathie qui règne au sein du VMRO-DPMNE, le parti qui a dirigé la Macédoine d'août 2006 à mai 2017. Beaucoup ont aussi rappelé d'autres événements plus anciens, quand le parti avait prouvé ne se préoccuper que peu de ses membres.

Par exemple, certains ont évoqué la mort de Martin Neskovski, tué par le garde du corps de Gruevski alors que le parti fêtait sa victoire aux élections en juin 2011. D'autres se souviennent de Sedad Asanovski [mk], qui a trouvé la mort dans un accident de voiture alors qu'il se rendait à un meeting du parti, en novembre 2016. Alors qu'il venait de se faire heurter par une voiture, ses « camarades » du parti se sont éclipsés en laissant le corps sur la route [mk], parce qu'il fallait que le bus du parti arrive à l'heure pour le meeting. La famille a affirmé que personne du parti n'avait cherché à la contacter par la suite.

Capture d'écran du post de Gruevski sur Facebook, où il chante les louanges du jeune homme évanoui pour détourner l'attention des reportages sur la conférence de presse gouvernementale dans les médias.

Pour un meilleur effet, Gruevski a publié un post Facebook avec photos [mk] montrant qu'il a ensuite rencontré le jeune homme évanoui, identifié comme Marko, pour s'assurer qu'il allait bien. Le post, rédigé dans le style d'un message de félicitations, a récolté des centaines de likes et de commentaires approbateurs:

Марко беше во право дека успеал да го засени пресот на Заев пласиран кај некои провладини медиуми за 100 дена влада каде што не слушнавме ниту еден проект.
На прес конференцијата не приметив, но потоа лично се уверив, вистинскиот борец, младиот Марко е во добра состојба и одлично расположение. Одиме напред заедно во нови победи! #УМС #Силна #Победа

Marko a eu bien raison d'éclipser la transmission par des médias pro-gouvernementaux de la conférence de presse des 100 jours de Zaïev au gouvernement, où aucun projet n'a été évoqué.
Je n'ai rien remarqué pendant la conférence, mais je me suis par la suite personnellement assuré que cet authentique combattant, le jeune Marko, était en bonne condition physique, et son moral excellent. Continuons ensemble vers d'autres victoires ! #UnionDesForces Jeunes #Forte #Victoire

Ceux qui ont vu le visage du jeune homme ont plutôt fait le lien [mk] avec un participant à d'autres « cascades » qui ont émaillé le gouvernement de Gruevski, quand il était encore au pouvoir. Le journaliste Borjan Jovanovski affirme qu'il a reconnu en lui celui qui a été envoyé lui cracher dessus en public [en] avec une équipe de photographes, en mars 2017. Des membres du « Plénum étudiant » l'ont identifié comme l'un de ceux qui, en compagnie des gardes du corps et sous la protection de la police ont subtilisé des urnes lors des élections étudiantes [en] de juin 2016.

Vous vous rappelez le mec qui est tombé dans les pommes derrière Gruevski ? Le voilà en train de faire du vélo avec Koce [Trajanovski, le maire sortant de Skopje, qui a essayé de faire réélire pour la troisième fois sous l'étiquette VMRO-DPMNE].

La jubilation de Gruevski et la possible participation de Marko à d'autres « cascades » politiques de haut vol ont éveillé les soupçons sur la nature de cet évanouissement.

« En Serbie, il est temps de s'évanouir ! »

Deux événements similaires se sont produits cette année en Serbie: les deux fois, un homme dans le public s'est évanoui pendant une interview en direct d'Alexandre Vučić sur une chaîne favorable au pouvoir.

Le premier incident a eu lieu le 31 mars lors d'un talk-show sur Happy TV. Le Premier ministre qu'il était alors racontait qu'il avait dû travailler dans sa jeunesse pour payer ses études, avant de percevoir « sans piston » une bourse dont il était reconnaissant au gouvernement. Quand le jeune homme s'est évanoui, Vučić s'est levé pour l'aider, et a même réprimandé ses gardes du corps qui ne s'étaient pas précipités assez vite.

Ce n'était pas la première fois que Vučić jouait en public le rôle du sauveteur. En février 2014, alors vice-Premier ministre, il apparaît en personne sur une route enneigée non loin de la localité de Feketić, en Voïvodine. Il est aussi filmé en train de transporter un enfant albanais [sr] d'un autobus jusqu'à un hélicоptère militaire. Les images ont été diffusées dans les médias serbes comme preuve de son humanité et de sa générosité.

L'évanouissement a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Le jeune homme a fait une courte déclaration pour les médias [sr], où il affirme que l'incident n'a pas été prémédité. Il a ajouté qu'il n'y aurait pas de séquelles pour sa santé et que par ailleurs il ne s'intéressait pas à la politique.

Il ne fait pas de politique, juste du sport. Il a été choisi par hasard pour applaudir les politiciens. Et là, le grand sportif tombe dans les pommes !
Autour d'[Alexandre Vučić], rien que mensonge et tromperie.

Les doutes qui se sont répandus quant à l'authenticité de l'incident ont fait le bonheur des opposants et sont entrés dans la culture protestataire serbe. Au printemps, on a entendu plusieurs fois les étudiants et les autres manifestants anticorruption scander « Il est temps de tomber dans les pommes ! » et on a même vu des centaines de personnes se laisser tomber au sol [sr].

Il est temps de tomber dans les pommes ! #Protest2017

Le deuxième évanouissement dans les parages de Vučić s'est produit le 4 septembre, la veille de l'incident macédonien. Cette fois-là, le talk-show n'a pas été interrompu. Le journaliste pro-gouvernement a continué son interview :

Les usagers serbes des réseaux sociaux continuent à commenter les évanouissements. Par exemple, après une interview de Vučić début novembre, l'un d'eux a écrit ceci sur Twitter :

Comment ça : Vučić donne une interview, et il n'y a personne qui tombe dans les pommes ?

Ce que disent les Chinois de la chute au Zimbabwe de Robert Mugabe , ce vieil ami de leur pays

mardi 21 novembre 2017 à 17:57
Chinese president Xi Jinping welcomed Zimbabwe President Mugabe's visit in August 2014. Photo from Xinhua.

Le Président chinois Xi Jinping accueille le Président du Zimbabwe Robert Mugabe lors d'une visite en août 2014. Photo : Agence d'information d'état chinoise Xinhua.

Tandis que les forces politiques et militaires se liguent au Zimbabwe pour faire quitter le pouvoir à l'inamovible président Robert Mugabe, les Chinois observent avec intérêt le possible retrait d'un homme que beaucoup qualifient de dictateur.

Mugabe, 93 ans, dirige le Zimbabwe depuis l'indépendance du pays d'avec la colonisation britannique il y a plus de 30 ans. Quand la majeure partie des pays occidentaux ont commencé à sanctionner le Zimbabwe à cause de la politique de confiscations de terres de Mugabe et de ses violations des droits humains au début des années 2000, la Chine a fait son entrée et est devenue la principale alliée de Mugabe.

Au cours des années, les relations entre le Zimbabwe et la Chine se sont resserrées au fil des crédits, projets d'infrastructures et d'investissement,  et visites diplomatiques. Entre 2010 et 2015, la Chine a accordé au Zimbabwe plus d’un milliard de dollars US en prêts.

Un tel soutien financier a conduit l'opposition au Zimbabwe à accuser Pékin de complicité avec Mugabe et de vol par milliards au pays grâce au trafic illicite de diamants. Et de fait, l’économie du Zimbabwe s'est détériorée pendant le règne de Mugabe, avec une corruption devenue un grave problème. Au début de novembre Mugabe avait limogé son vice-président, Emmerson Mnangagwa, une manoeuvre apparemment destinée à positionner son épouse Grace Mugabe pour qu'elle s'empare de la présidence.

La situation a atteint son apogée le 15 novembre 2017, quand l'armée a pris le contrôle du pays. Des dizaines de milliers de Zimbabwéens se sont déversés dans les rues de la capitale Harare pour scander dans la liesse des slogans anti-Mugabe comme “Mugabe doit partir” et “Non à la dynastie Mugabe”. La ZANU-PF a privé Mugabe de ses fonctions à la tête du parti au pouvoir, mis Mnangagwa à sa place, et menacé de destituer Mugabe s'il ne se retirait pas de la présidence.

Jusqu'à présent, Mugabe refuse toujours de démissionner. [NdE : il vient de le faire ce mardi après-midi]

‘Ce vieil ami n'était pas fiable’

Les médias internationaux ont été nombreux à s'interroger sur l'implication de la Chine dans le coup d’État zimbabwéen, puisque l'action de l'armée s'est déroulée à peine trois jours après le retour d'une visite en Chine du commandant en chef de l'armée, Constantino Chiwenga.

Sur la populaire plate-forme de médias sociaux Weibo, un grand nombre d'Internautes chinois ont aussi fait écho à cette théorie :

政变的总司令刚从中国回去,一回去就政变,自己想吧

Le chef du putsch venait de revenir de Chine. Le putsch a eu lieu peu après son retour, concluez vous-même.

老朋友已经老了,成天听枕边风吹。枕边风总说中国坏话。前两年老朋友还说他们国家经济不好都是中国的缘故呢。这样的老朋友让人寒心啊。还是石家庄某学院的新学生更让人放心。

Le vieil ami est devenu très vieux et sous la coupe de sa femme. Sa femme a souvent dit des choses négatives sur la Chine. Il y a seulement deux ans, ce vieil ami est même allé jusqu'à dire que si l'économie du pays allait mal, c'était à cause de la Chine. Un ami comme ça n'était pas fiable. Les nouveaux types sont diplômés de l'Académie militaire Shijiazhuang.

Le Zimbabwe envoie sa hiérarchie militaire étudier en Chine depuis les années 1960, et l'ex-Vice Président Mnangagwa aurait aussi été formé par l'Armée populaire de libération chinoise.

‘Une version africaine de la chute de la Bande des Quatre’

Au-delà d'une possible influence chinoise sur le coup d’État, de nombreux internautes ont discerné un parallélisme entre la situation au Zimbabwe et une période précise de l'histoire chinoise : l'arrestation de la “Bande des Quatre” par l'armée le 6 octobre, un mois après la mort de l'ancien chef de l’État Mao Zedong.

La figure de proue de la Bande des Quatre était la dernière femme de Mao, Jiang Qing. Le commentaire ci-dessous est l'un des plus populaires sur Weibo :

这次事件,基本上可以断定是一次非洲版的“粉碎四人帮”事件

Cet incident est essentiellement une version africaine de la répression de la Bande des Quatre.

Tout comme Mao Zedong était considéré comme le père fondateur de la République populaire de Chine, Mugabe faisait figure de grand leader ayant joué un rôle central pour libérer le Zimbabwe du pouvoir colonial britannique.

Les dégâts infligés à l'économie de son pays et les violations de droits humains sous Mugabe n'ont pas empêché celui-ci d'être désigné en 2015 président de l'Union Africaine qui regroupe 54 États du continent.

‘Un pays non démocratique est par nature une prison’

De nombreux commentaires sur Twitter expriment l'idée que la chute de Mugabe démontre le pouvoir du peuple. Ainsi, @twiqiang08 écrit :

Les gens au Zimbabwe arrachent les portraits géants de Mugabe, jadis leur “grand leader, grand capitaine, grand professeur et soleil rouge”. Commentaire : quand les gens se réveillent, toute la “grandeur” va disparaître, le dictateur sera relégué dans les poubelles de l'histoire.

Les termes “grand leader, grand capitaine, grand professeur et soleil rouge” étaient utilisé pour décrire Mao Zedong. Dernièrement, les organes de médias d'obédience étatique ont commencé à appeler le Président Xi Jinping “grand leader” à la suite du 19ème congrès national du PCC et récemment utilisé plus de 15.000 vocables chinois pour expliquer en quoi “Xi est le timonnier sans rival qui guidera la Chine vers ce grand rêve”.

Sur Weibo, un utilisateur a dit son doute de l'euphémisme “pouvoir du peuple” alors que les dictateurs sont souvent mis d'abord en place par le “peuple” :

看来全世界皆然,所谓人民,只知道欢呼。穆加贝被他们欢呼上台,视为救世主,把他们都搞成万亿富翁,人均寿命从60多岁降到30多岁,现在终于倒台了,又来欢呼。

Le soi-disant “peuple” n'est autre que des escouades d'acclamation, les gens sont les mêmes partout dans le monde. Quand Mugabe est arrivé au pouvoir, ils l'ont acclamé et pris pour un sauveur. Il a fini par les transformer tous en milliardaires (à cause de la dépréciation monétaire) et leur espérance de vie moyenne est descendue de la soixantaine à la trentaine. [Selon la Banque Mondiale, l'espérance de vie au Zimbabwe a diminué de 62 ans au milieu des années 1980 à 40 ans en 2002 et 2003. Dans les années récentes le chiffre est revenu à 59.] Maintenant qu'il est tombé, ils acclamant à nouveau.

Mais l'utilisateur de Twitter @huangmeijuan de relever que les foules en délire sont forcées d'approuver les dictateurs, puisqu'il n'y a pas de place pour le désaccord :

Aujourd'hui, les slogans comme “Mugabe doit partir”, “On n'a pas besoin d'un grand leader” tiennent les rues du Zimbabwe. Le grand leader est parti, mais le pays n'est pas tombé pourtant dans le chaos ou la guerre de clans. La police responsable des répressions de rassemblements du passé s'est enfuie, personne ne s'est montré. La nature d'un pays non démocratique, c'est d'être une prison, et le grand leader n'est qu'un gardien de prison.

Les dissidents politiques chinois sur Twitter ont exprimé des vœux pieux sur le prochain dirigeant autoritaire susceptible de tomber. @BaiqiaoCh a écrit :

Encore un dictateur notoire est tombé. Mugabe, 93 ans, a été contraint à se retirer par un coup d’État au Zimbabwe. Mugabe a une relation étroite avec le Parti Communiste Chinois, et en 2015 il s'est même vu décerner le Prix Confucius de la Paix. Quel sera le prochain [dictateur] à se retirer dans un coup d’État ? Le gros Kim de Corée du Nord or ou Xi la brioche à la vapeur de Corée de l'Ouest [la Chine] ? J'ai tellement envie de voir ça.

L'Azerbaïdjan gère une «lessiveuse» de 2,9 milliards de dollars, mais c'est la faute de Soros et des «lobbies arméniens»

mardi 21 novembre 2017 à 10:29

Le président Ilham Aliyev aux Jeux européens de 2015. Creative Commons.

[Article d'origine publié le 9 septembre 2017]

Dans le cadre d'une série de nouvelles investigations, un réseau de journalistes-enquêteurs a découvert que le gouvernement de l'Azerbaïdjan gérait un fonds secret de 2,9 milliards de dollars de pots de vin et commissions, qui l'a vraisemblablement aidé à s'entendre avec des politiciens européens.

Ce fonds secret [en anglais], surnommé «le “Laundromat” azerbaïdjanais», est entré en activité entre 2012 et 2014, selon les données de l'OCCRP (Centre de recherche sur la corruption et le crime organisé):

«Азербайджанский “ландромат”» — сложносочиненная схема по отмыванию денег, через которую за два года благодаря четырем зарегистрированным в Великобритании подставным компаниям прошло 2,9 миллиарда долларов. С 2012 по 2014 год казнокрады из азербайджанской правящей элиты выкачивали деньги через счета этих компаний в эстонском банке. Их реальные владельцы тем временем были скрыты за никому не известными акционерами офшоров.

«Le “Laundromat” azerbaïdjanais» désigne un schéma complexe de blanchiment d'argent, qui a fait transiter en deux ans 2,9 milliards de dollars via quatre sociétés écrans domiciliées en Grande-Bretagne. De 2012 à 2014, les élites dirigeantes kleptocrates de l'Azerbaïdjan retiraient les fonds détournés via le compte de ces compagnies dans une banque estonienne. Leurs propriétaires réels se dissimulaient derrière les identités secrètes d'actionnaires offshore.

Des sommes versées sur les comptes d'hommes politiques européens ont-elles contribué à convaincre l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) de voter en 2013 contre un rapport critiquant l'Azerbaïdjan et demandant une résolution sur les prisonniers politiques ? Il n'y a pas de preuves…

L'OCCRP donne les explications suivantes:

Схемы наподобие «ландромата» часто встречаются в бывших советских республиках и нередко глубоко врастают в экономическую систему. С их помощью чиновники, представители оргпреступности и даже обычные компании скрывают происхождение тех или иных средств, уклоняются от налогов или обходят санкционные требования, платят взятки, избегают таможенных сборов, переправляют деньги в Европу и другие регионы, а также незаконно присваивают средства.

Основное предназначение азербайджанской «мегапрачечной» также, судя по всему, заключается в сокрытии происхождения и назначения грязных денег. Кроме того, ее использовали в качестве «черной кассы» для выплат взяток лицам (как в самой стране, так и за ее пределами), которые действовали в интересах бакинской политической элиты, а также для приобретения предметов роскоши и перевода денег за границу для самых разных целей.

Des schémas comparables au «laundromat» se rencontraient souvent dans les anciennes républiques soviétiques, et il n'était pas rare que ces pratiques fassent partie intégrante de leur système économique. Elles permettaient aux fonctionnaires, aux représentants des organisations criminelles et même à des sociétés ordinaires de dissimuler la provenance de certaines sommes, de contourner taxes et sanctions, de payer des pots-de-vin, d'éviter les frais de douane, de réinjecter l'argent en Europe ou d'autres régions, et aussi de s'approprier des fonds illégalement.

Cette «mégablanchisserie» azerbaïdjanaise a pour but premier d'opacifier la provenance et la destination de sommes d'argent sale. Elle sert aussi de «caisse noire» pour verser des pots-de-vin à des personnalités (à l'intérieur ou à l'extérieur du pays) agissant dans le sens des intérêts de l'élite politique de Bakou, pour acquérir des objets de luxe et transférer des fonds à l'étranger aux fins les plus diverses.

Plus important encore, l'OCCRP déclare ceci :

В частности, на эти деньги было куплено молчание [европейских политиков]. За вышеуказанный период азербайджанские власти отправили за решетку более 90 правозащитников, оппозиционеров и журналистов <…> на основании политически мотивированных обвинений.

Plus précisément, ce qui a été acheté avec cet argent, c'est le silence [d'hommes politiques européens]. Pour la période citée, les autorités azerbaïdjanaises ont envoyé en détention plus de 90 avocats, opposants et journalistes… pour des raisons politiques.

Les trolls à l'assaut

Suite à la publication de l'enquête de l'OCCRP, des trolls nationalistes ont orchestré un buzz en ligne pour accuser les journalistes de diffuser des informations non vérifiées et d'être liés à un certain «lobby arménien».

Toural Ismaïlov: Une «enquête» absurde: n'importe quel possesseur d'ordinateur peut élaborer ce genre de schéma et le diffuser. Cet article semble avoir été pondu par des journalistes arméniens ou qui n'aiment pas l'Azerbaïdjan. L'un de ses auteurs s'appelle d'ailleurs Dina Nahapétian (elle est arménienne).

Movsoun Miralissada: Hum, encore une hystérie inepte et des arguments infondés contre un petit pays en voie de développement et de modernisation intensive, peuplé surtout de musulmans, ce qui a le don d'énerver l'Occident. Je ne serai pas surpris si j'apprends que c'est l'OCCRP lui-même qui a reçu de l'argent de lobbyistes (vraisemblablement arméniens) pour noircir la réputation de l'Azerbaïdjan à tout moment

Eldakhan Kalouzadé: «Enquête» stupide : n'importe quel possesseur d'ordinateur peut élaborer ce genre de schéma et le diffuser. Cet article semble avoir été pondu par des journalistes arméniens ou qui n'aiment pas l'Azerbaïdjan. L'un de ses auteurs s'appelle d'ailleurs Dina Nahapétian (elle est arménienne).

Seïkhoun Akhmedli: Il est évident que les lobbies arméniens, Georges Soros et ses hommes de main mènent une campagne sordide contre le président de l’Azerbaïdjan et sa famille. Le fait que l'un des auteurs de l'article publié dans The Guardian soit Dina Nahapétian, d'origine arménienne, montre bien que c'est rien de plus que les calomnies habituelles des Arméniens partout dans le monde.

Tourané Hesguerli: Si des politiciens et des personnalités européennes reconnues expriment des jugements positifs et objectifs qui soutiennent les décisions de l'Azerbaïdjan, vous n'en tenez pas compte et vous basez vos impressions sur une information non objective. Pourquoi n'écrivez-vous pas sur le million de réfugiés azerbaïdjanais qui ont perdu leur patrie à cause de la politique d'occupation arménienne ? Pourquoi n'écrivez-vous pas sur la contrebande illégale sur les terres azerbaïdjanaises occupées par l'Arménie ?

Karim Abdoullaïev: Les mecs, pourquoi vouloir à toute force montrer que tout ceci ne porte pas la «patte arménienne»? Sardar, si tu crois que réclamer des preuves objectives revient à soutenir quelqu'un, tu fais une grossière erreur.

Karim Abdoullaïev: Au fait, où sont-elles, ces données ? L’auteur de l'article s'y réfère sans cesse, mais personne ne les a vues. Les déclarations sont très sévères, mais pour le moment aucune preuve fiable n'a été présentée. L'article publié dans The Guardian est signé Nahapétian (une journaliste arménienne). Ce qui montre bien la source et la cause d'une telle haine envers l'Azerbaïdjan.

Certains de ces trolls patriotes ont repris les mêmes textes en commentaire sous l’article partagé sur Facebook par l'OCCRP.

La position adoptée par les trolls est presque un copié-collé de celle des fonctionnaires azerbaïdjanais, qui pour faire bonne mesure ont bloqué l'accès au site de l'OCCRP.

Le vice-président de l'Azerbaïdjan trouve que l'affaire du «laundromat» de l'OCCRP relatée dans «The Guardian» est «fallacieuse, provocatrice et dénuée de fondement».

Les autorités azerbaïdjanaises ont bloqué l'accès au site de l'OCCRP après la publication de l'article sur l'affaire du «laundromat». Si on ne peut pas leur graisser la patte, on les ferme ?

Entre-temps, l'attaché de presse du ministère des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan avait exprimé son émotion :

Soros a financé une campagne de fausses informations et de désinformation contre l'Azerbaïdjan, menée par The Guardian, Berlingske et certains soi-disant défenseurs corrompus des droits de l'homme.

L'animosité envers Soros est compréhensible si l'on se rappelle que le milliardaire philanthrope Georges Soros a subventionné via l'OCCRP le fonds pour une «Société ouverte». Mais Khadjiev aurait pu demander au centre de presse présidentiel de supprimer cette photo de sa page officielle avant le début de la vaste campagne de dénigrement à l'encontre de Soros.

Si la stratégie de communication de l'Azerbaïdjan consiste à attaquer Soros, ils devraient peut-être enlever sa photo du site présidentiel.

Hésitations en Europe

Pendant que les autorités azerbaïdjanaises étaient occupées à réfuter tout lien avec ce rapport, des gens influents à Bruxelles exigeaient des enquêtes sur les actes de personnalités et d'hommes politiques mentionnées dans ces investigations.

Nous exigeons une enquête complète sur le scandale du «laundromat». Les banques et le personnel politique doivent en assumer la responsabilité!

Azerbaïdjan: @TheProgessives réclament au Parlement européen une enquête sur l'affaire du «laundromat».

Le Conseil de l'Europe@CoE a débuté une enquête interne sur la corruption du «„laundromat“ azerbaïdjanais».

Aujourd'hui, la commission des affaires juridiques de l’Assemblée parlementaire de l'Europe s'est attaquée au problème de la corruption et du blanchiment d'argent en Azerbaïdjan.

De plus, le parquet bulgare a ordonné [en anglais] l'ouverture d'une nouvelle information sur les mouvements de fonds effectués par des compagnies azerbaïdjanaises sur le compte de Kalin Mitrev, le représentant de la Bulgarie au conseil des directeurs de la Banque européenne de reconstruction et de développement.

La Bulgarie enquête sur des accusations de blanchiment de 3 millions de dollars qui visent l'Azerbaïdjan.

«Le „laundromat“ azerbaïdjanais» et la Hongrie de Victor Orban.

L'OCCRP a publié [en anglais] la liste complète des réactions au projet du 8 septembre.

Sachant que le gouvernement azerbaïdjanais repose sur la corruption, corruption qui gangrène ses relations avec l'Occident, on ne s'étonnera pas que les journalistes et les organisations qui s’intéressent à la question se heurtent à de sérieux obstacles, et risquent même la prison.

En 2015, Khadija Ismayilova, une journaliste d'investigation qui a mené à l'aide d'une série de documents l'une des enquêtes les plus importantes sur le «laundromat», a été condamnée à plus de sept ans de demi de réclusion à partir de fausses accusations. Bien qu'elle ait été libérée après un an et demi, les accusations portées contre elle n'ont pas été retirées.

Transparency International, qui est sans doute l'organisation anticorruption la plus connue dans le monde, a annoncé ce mois-ci la fermeture [en anglais] de son bureau à Bakou, après l'adoption de lois plus restrictives destinées à gêner le financement par l'étranger des ONG installées dans le pays.

Reste à savoir si les dirigeants européens feront barrage de manière analogue à l'argent sale provenant d'un certain Etat ex-soviétique du Caucase du Sud qui a beaucoup de pétrole…