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Barry Diawadou, homme clef de l’indépendance guinéenne

mercredi 4 janvier 2017 à 15:56
Barry Diawadou via la capture d'écran de la vidéo Camp Boiro: 45 ans après sur YouTube

Barry Diawadou via la capture d'écran de la vidéo Camp Boiro: 45 ans après sur YouTube

L'histoire de la Guinée est encore incomplète et elle oublie encore trop souvent celle qui n'ont pas fait allégeance au régime dictatorial qui s'est mis en place après l'indépendance du pays. Lors des fêtes nationales, pas un mot n'a été prononcé pour commémorer les Barry Ibrahima, dit Barry III, ni Barry Diawadou, comme tant d’autres, qui gisent tous dans des fosses inconnues de leurs familles, après avoir été couverts de mensonges, arrêtés, humiliés, torturés et ont eu leurs biens confisqués. Aucune tentative de réhabilitation à leur égard n’a été initiée, alors que leur bourreau a souvent été glorifié. Dans ce billet, nous essayerons de mieux connaître Barry Diawadou, leader de l'indépendance de la Guinée, puis victime du régime de Sékou Touré:

Diplômé de l’Ecole Normale William Ponty de Gorée, section administration, il participa à la 2ème Guerre mondiale et obtint le grade de Sergent chef. Il fut élu député plusieurs fois à l’Assemblée nationale française. Dans un article publié sur le site “La Plume Plus”, Mody Boubakar Diallo écrit:

Il fut le premier leader guinéen à donner le mot d’ordre à ses militants de voter ‘’ Non’’ au référendum proposé par le général De Gaulle, en vue d’une indépendance de la Guinée. Par ailleurs, il fut le premier leader à renoncer à tous les avantages dont il bénéficiait auprès de la France à savoir: Sa pension d’ancien combattant, ses biens matériels, sa pension de député à l’assemblée nationale française, sa nationalité française, tout ceci dans le seul but de favoriser l’accession de son pays à l’indépendance totale par patriotisme. En plus de tout cela, en 1959, quelques mois après l’indépendance, il refusera fermement l’offre de la France , de mettre à sa disposition de l’argent et une armée, pour un vote en faveur du « oui » évitant ainsi un bain de sang à son peuple. A noter que Barry Diawadou sauva de justesse le président Sékou Touré en lui recommandant de refuser de monter dans l’avion militaire devant le conduire à Dakar. La raison était très simple, les français voulaient le larguer en haute mer après son discours du 25 août 1958 à De Gaulle.

Dans son livre intitulé “Guinée, Le temps des fripouilles” Sako Kondé le décrit ainsi, en citant une phrase de Sékou Touré :

Un homme d’une honnêteté intellectuelle et d’un sens du bien public exemplaires. Certains ont pu dire de lui qu’il était « trop droit pour réussir en politique ». C’est sans doute, vrai… Beaucoup d’entre eux se souviennent de cette entrevue qu’il eut avec Sékou Touré à la veille du référendum : celui-ci vint le trouver pour lui dire en substance : « Le sort de la Guinée est entre tes mains ; tout dépendra de toi”

Dans son livre Expérience guinéenne et Unité africaine ,Sékou Touré, avant sa dérive autoritaire totale, a écrit:

A l’avance, je vous dirai que chez ce camarade, nous avons constaté une parfaite loyauté.

Sako Kondé nous décrit la situation politique qui prévalait en Guinée et son évolution, juste après son accession à l’indépendance:

A la veille du référendum il y avait, outre la section guinéenne du R.D.A., deux principales formations politiques minoritaires : le Bloc Africain de Guinée (B.A.G.) et le Mouvement Africain Socialiste (M.S.A.), dirigées respectivement par Barry Diawadou et Barry Ibrahima dit Barry III, tous deux assassinés depuis par leur ancien adversaire. L’« accord » entre ces deux partis et le P.D.G. intervint dans les tout premiers jours de l’indépendance. Sékou Touré pouvait alors exulter et déclarer que « notre peuple avait » transcendé les contradictions mineures qui le divisaient en de nombreux partis politiques » ; et que leur « unité » « donnait à l’option de la Guinée son entière signification politique et morale ». La population venait de rejeter la Communauté à plus de 94 %, conformément aux consignes concordantes de tous les dirigeants de parti. Mais s’agissait-il véritablement d’accord, d’unité ? Les faits n’allaient pas tarder à montrer que cette obscure convention entre états-majors n’était rien d’autre que l’arrêt de mort des partis minoritaires. Certes, leurs deux dirigeants étaient entrés dans le gouvernement P.D.G. Mais, en pratique, ils étaient désormais coupés de leur base, laquelle fut, en quelque sorte, aussitôt phagocytée par le parti unique. Et, déjà, le chef de cette dernière formation fourbissait ses armes et construisait, pièce par pièce sa machine à asservir.

Et d’ajouter à son analyse de la fourberie et des tendances dictatoriales de Sékou Touré, qui profita de la bonne foi ces deux dirigeants nationalistes:

Barry Diawadou est tombé victime d’un adversaire (Sékou Touré) bien plus à l’aise dans les marécages de la basse « politique politicienne » que sur le chantier de la construction nationale. L’histoire sait jouer des tours révoltants où l’on voit les tricheurs, les ignares, prendre le pas sur les honnêtes, les capables. Ce fut bien à un de ces tours qu’on assista en Guinée dans les premiers jours de l’indépendance. Que retenir de tout cela ?

Le site campboiro.org décrit l’acharnement de Sékou Touré contre Barry Diawadou et sa famille. Son père, ses frères, un de ses fils, deux neveux et un gendre connurent la prison. Tout comme lui, son frère n’en survivra pas. Voici une vidéo qui retrace les souvenirs des familles dans cette prison:

Camara Kaba 41, dans son livre “Dans la Guinée de Sékou Touré : cela a bien eu lieu” nous donne une description à faire venir faire couler les larmes, même après tant d’années:

Ils étaient méconnaissables avec leur maigreur extrême et surtout avec leur barbe de plusieurs mois. A gauche de Fodéba, son ami Fofana Karim, ministre des Mines et de la Géologie. Kaman était à l’extrême droite. Il creusait sa tombe sous les baïonnettes de ses soldats d’hier. Depuis 2 heures du matin, ces infortunés creusent. A 4 heures 15 le trou du plus vaillant arrivait tout juste à ses genoux.

Tant que l'histoire ne sera pas ré-écrite avec toute la nation,  il n’y aura que les parents et amis pour se rappeler de ces illustres disparus.

Cet article est une republication d’un billet sur le site Konakry Express.

Connaissez-vous le Kilichi, la saveur sahélienne nigérienne ?

mercredi 4 janvier 2017 à 14:31

 

Kilichi au Niger via Ali avec sa permission

Kilichi au Niger via Ali Mahaman avec sa permission

On parle souvent du Niger pour ses paysages sahéliens majestueux, son rôle dans la lutte contre le terrorisme et ses ressources en uranium mais rarement de ses spécificités culinaires. Et pourtant, la cuisine nigérienne est aussi riche que sa diversité culturelle. Ainsi voici un met méconnu hors du Niger que nous présente Ali Douka Mahaman, blogueur pour le site Mapping for Niger et résident à Madaoua, dans l'Est du pays.

Le Kilichi est un plat d'origine nigérienne. Son nom vient de la langue Haoussa qui signifie “fine tranche de viande séchée et pimentée”. Le Kilichi est  issu de la transformation de la viande de bœuf et ou de mouton désossée. Le produit final est donc une fine tranche de viande séchée au soleil. Il existe tout un processus de préparation du kilichi dont entre autres :

–        La sélection des tranches de la viande ;

–        Le tannage des tranches ou ‘’Lay-laya’’ en Haoussa ;

–        L’exposition au soleil pour le séchage ;

–        Enrobage en pâte d’arachide et au colorant rouge,

–        Le grillage à feu et enfin un assaisonnement en épice et l’huile d’arachide.

Kilichi avec épices avec la permission de l'auteur

Kilichi avec épices avec la permission de l'auteur

Au Niger les centres de production du kilichi se localise surtout dans la bande sud du pays notamment dans la ville comme Madaoua, la ville de Guidan-Roumdji et même la capitale Niamey. A noter que les principales acteurs de la production du Kilichi sont les ‘Bangarou’ ou bouchers, qui demeurent réputer pour leur savoir faire et la délice de leur produit. Il existe deux types de kilichi à savoir:

– le kilichi  enrobé avec la pâte d’arachide et du colorant rouge appelé  »Ja » en Haoussa

– et enfin le kilichi simple à l’huile d’arachide appelé  »rumuzu .

Cette activité de production ce fait de manière traditionnelle puisque n’existe aucune industrie de production moderne de ce produit de convoitise au Niger, car tout est à la merci de la main d’œuvre informelle.

Mais aujourd’hui, compte tenu de la problématique de migration et de l’exode rurale au Niger, cette activité de transformation de viande est véhiculée dans les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigéria, le Gabon etc.

Une étude réalisée dans la ville de Niamey indique que la capacité de production annuelle est d’environ 700 à 950 Kg de kilichi (Kalilou, 1997).  Ce produit est un dessert dont sa consommation s’accompagne par la saveur des tranches d’oignon et d’épices. C’est très délicieux et confortable à goûter.

Cet article est une republication du billet sur le site Mapping for Niger.

Le fondateur d'une plate-forme de discussion en ligne arrêté en Tanzanie

mardi 3 janvier 2017 à 18:44
Maxence Melo, via Facebook.

Maxence Melo, via Facebook.

Le Rapport Netizen de Global Voices Advocacy offre un aperçu international des défis, des victoires et des nouvelles tendances en matière de droits sur Internet dans le monde.

Le co-fondateur de l'un des principaux sites de discussion en ligne d'Afrique de l'Est Jamii Forums a été arrêté à Dar Es Salaam, en Tanzanie, le 13 décembre. Il a été accusé d'entrave à une enquête, pour ne pas s'être conformé aux exigences de la police de fournir les données personnelles des membres du forum.

Jamii Forums est un site web communautaire de partage et de commentaires ainsi que de discussions sur des sujets principalement politiques, et permet également aux utilisateurs de publier des documents et d'autres matériaux sur le site. Maxence Melo et le co-fondateur de Jamii Forums Mike Mushi ont été régulièrement confrontés à des menaces de la part des autorités étatiques depuis les premiers jours, où diverses allégations de corruption contre des responsables gouvernementaux et des membres du parti au pouvoir ont été révélées.

L'accusation se  base sur la relativement nouvelle et controversée loi sur la cybercriminalité [fr], de la Tanzanie qui a été utilisée pour poursuivre de nombreux utilisateurs des médias sociaux depuis son approbation en 2015.

En plus du refus de divulguer les données personnelles de l'utilisateur que les autorités ont demandées en vertu de la loi sur la cybercriminalité [fr], Melo a contesté en justice ces exigences, faisant valoir qu'elles étaient anticonstitutionnelles et que la loi sur la cybercriminalité limitait la liberté d'expression en Tanzanie. Jamii Forums demande aux utilisateurs de consulter sa réglementation officielle avant de le rejoindre, et se réserve le droit de radier les utilisateurs du forum qui ne se conformaient pas aux règles concernant le harcèlement, les discours de haine ou toute autre activité illégale.

L'arrestation de Melo a déclenché une condamnation générale de la part des utilisateurs locaux des médias sociaux, des militants et des groupes de défense des droits humains, comme la Tanzania Human Rights Defenders Coalition (Coalition des défenseurs des droits humains de Tanzanie) et la  Coalition on International ICT Policy in East and Southern Africa (CIPESA) [Coalition pour la politique internationale en matière des TIC en Afrique orientale et australe (CIPESA)].

La république démocratique du Congo (RDC) ordonne aux entreprises des télécoms de bloquer les médias sociaux

Les autorités de la République démocratique du Congo ont enjoint au moins à trois grands FAI de bloquer l'accès [fr] à Facebook, Twitter, WhatsApp et Skype, entre autres plates – formes de communication, à partir du 18 décembre. L'ordre fait suite à des mois de désaccord et de manifestations [fr] en réponse au refus du Président en exercice Joseph Kabila d'organiser les élections, malgré le fait que son mandat prenait fin le 19 décembre. Les partisans de M. Kabila affirment que le pays ne dispose pas des ressources nécessaires pour organiser des élections équitables à l'heure actuelle, mais beaucoup d'autres citoyens croient que c'est tout simplement une tentative de conserver le pouvoir au delà de la limite légale de son mandat.

Un journaliste algérien meurt en prison après une longue grève de la faim

Le journaliste et blogueur algérien Mohammad Tamalt est mort le 12 décembre, à la suite d'une grève de la faim prolongée pour protester contre son arrestation en juin de cette année. Tamalt avait été inculpé et condamné à deux ans de prison pour avoir publié un poème et une vidéo sur Facebook jugés désobligeants à l'égard du Président algérien Abdelaziz Bouteflika et du Premier ministre Abdelmalek Sellal. En réaction à la mort de Tamalt, le journaliste et éditeur Ihsane El Kadi a écrit [fr]:

Le pouvoir politique algérien a commis deux erreurs infamantes pour l’Histoire. Il a mis Mohamed Tamalt en prison pour un délit qui ne doit pas conduire à la détention, en 2016, dans les pays respectueux de la presse et des journalistes ; il a persisté à le laisser en prison lorsque sa grève de la faim a clairement mis, dès la fin juillet, sa santé en danger.

Le Qatar bloque Doha News

Le site d'information indépendant Doha News (Nouvelles de Doha) a été bloqué au Qatar le 30 novembre, et restait inaccessible sur les ordinateurs ainsi que sur les appareils mobiles. Dans une déclaration annonçant le bloc, les rédacteurs du site ont écrit :

“Nous sommes profondément déçus de cette décision, qui semble être un acte de censure … Nous sommes également perplexes parce que les autorités n'ont pas discuté avec nous de leurs préoccupations avant de prendre de telles graves mesures”. Une des rares sources de médias indépendants dans le pays, le site Doha News existe depuis huit ans et a traité des sujets jugés controversés et sensibles pour le gouvernement, y compris l'homosexualité et le traitement des travailleurs migrants.

La Biélorussie tente de bloquer Tor

Le réseau Tor d'anonymisation semble avoir été bloqué [fr] en Biélorussie depuis la fin de novembre, selon des internautes biélorusses. Le ministère des Communications a confirmé le 6 décembre, indiquant que le réseau avait été bloqué pour limiter la distribution de matériel illégal en ligne. Le Ministère a justifié la coupure des services anonymes par un décret publié en février 2015, qui se référait explicitement à Tor.

Cuba et Google signent un accord pour établir des serveurs de mise en cache

Les dirigeants d'Alphabet (la société mère de Google) et ETECSA, la société de télécommunications publique cubaine, ont signé un accord [fr] le 12 décembre pour établir des serveurs de mise en cache à Cuba qui permettront aux internautes cubains d'accéder plus rapidement au réseau Google Cache Global, qui stocke des contenus de sites comme Gmail et YouTube sur des serveurs situés plus près des utilisateurs finaux. Dans un pays où le simple accès à Internet est instable, il est difficile de savoir quel impact cela aura pour les utilisateurs.

Raid de la police dans les bureaux d'une ONG malaisienne

Les employés de EMPOWER, une ONG malaisienne engagée dans la protection des droits des femmes à l'ère numérique, ont été perquisitionnés lors d'une descente de la police le 28 novembre [fr] au courant de laquelle des agents ont fouillé des documents et des ordinateurs et sont partis avec six boîtes de documents. Pendant le raid qui a duré quatre heures, la police a enfermé le personnel, bloqué les fenêtres et leur a refusé l'accès à des avocats. Les agents n'ont pas présenté de mandat de perquisition, mais plutôt cité des infractions de sécurité (mesures spéciales) de 2012. Une descente similaire de la police a eu lieu dans les bureaux du groupe des libertés civiles Bersih 2.0 le mois dernier.

Des entreprises européennes associées à la Syrie pour installer des équipements de surveillance

Les documents nouvellement divulgués obtenus par Privacy International révèlent que les autorités syriennes ont commencé la recherche de matériel de surveillance [fr] pour la collecte de données sur Internet concernant le pays bien avant les soulèvements 2011 qui ont précédé la guerre civile en cours dans le pays. La Syrian Telecommunications Establishment, propriété de l'Etat, avait lancé un appel d'offre en octobre 2007 pour l'aider à construire cette infrastructure de surveillance, et de nombreuses entreprises européennes avaient manifesté leur intérêt. Le contrat a été remporté par un partenariat entre trois entreprises européennes Ultimaco (Allemagne), Area Spa (Italie) et Qosmos  (France).

Les mauvaises cotes de crédit mettent les habitants de Hangzhou sous surveillance

La ville chinoise de Hangzhou est l'une des 30 régions du pays qui expérimentent un nouveau système de crédit social, un modèle par lequel les autorités compilent et évaluent le comportement quotidien des citoyens pour révéler l'historique de leur comportement en matière de crédits. D’après des documents préparatoires, le système vise à “permettre ceux qui sont dignes de confiance de se déplacer partout sous le ciel tout en rendant difficile pour ceux qui ne le sont pas de franchir une seule étape”. Les théoriciens du système, qui n'a pas encore été finalisé, envisagent une étape où les comportements en ligne tels que la demande de crédits, la recherche de travail et les voyages seront enregistrés et évalués. Ouïe.

Cyber-militantisme

La Coalition nationale contre la censure a lancé Censorpedia, un wiki qui vise à constituer une base de données collaborative collectant les cas de censure individualisés.

Nouvelles recherches

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Mali: la promotion de la culture recule-t-elle face à l’insécurité?

mardi 3 janvier 2017 à 11:41
Jeunes peuls entrant dans le village pendant la cérémonie du Yaral - avec la permission de l'auteur

Jeunes peuls entrant dans le village pendant la cérémonie du Yaral – avec la permission de l'auteur

L’édition 2016 du Yaaral, communément appelé la traversée des bœufs et initialement prévue le 21 novembre, a été annulé à cause des risques d’insécurité dans la localité. Ce beau monde venant de partout pour découvrir le talent culturel des jeunes de la localité de Diafarabé, n’a pas pu se tenir cette année. Les amis de la culture malienne, les touristes et les populations des localités qui prenaient part à cette grande fête annuelle, ont tous regretté cette annulation.

Selon wikipédia, l‘espace culturel du Yaaral et du Dégal désignent les festivités annuelles peules qui entourent les traversées du Fleuve Niger par les troupeaux de retour de transhumance dans le delta central du Niger au Mali. Ces manifestations, qui remontent au XIVe siècle, ont été réglementées par un code établi par l’empereur peul du Macina Sékou Amadou en 1821. Le Yaaral ouvre les festivités à Diafarabé. Les troupeaux se dirigent ensuite vers Dialloubé ou le Dégal clôt les festivités.

Ces festivités combinent plusieurs expressions culturelles comme la danse et la musique, ou le concours du plus beau troupeau.

Proclamé chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2005, l’Espace culturel du Yaaral et du Dégal a été classé au patrimoine culturel national par décret au conseil des ministres du 3 septembre 2008.

Les jeunes peuls traversant le fleuve avec les bœufs avec la permission de l'auteur

Les jeunes peuls traversant le fleuve avec les bœufs, avec la permission de l'auteur

Au-delà de son facteur économique, touristique et spectaculaire, cette fête ancestrale constitue une opportunité d’intégration sociale et une école d’apprentissage des pratiques anciennes traditionnelles et culturelles pour les jeunes. Elle constitue également une opportunité annuelle pour les populations de différentes contrées, de se rencontrer, de se connaitre, d’échanger et de partager leurs savoirs et leurs expériences. La fête permet aux jeunes peuls, de retour du pâturage, d’exprimer leur résistance face aux aléas climatiques et leur capacité de bien nourrir les animaux et de les protéger contre les bêtes féroces dans la grande forêt et de les ramener sains et saufs dans le village. C’est également une période de joie pour les parents, épouses et amis de rencontrer les personnes qu’ils aimes et auxquelles ils ont été séparées durant des mois et qui couraient des danger tout au long de leur séjour dans la grande forêt. La joie de rencontrer saines et sauves, les personnes qu’on aime, la joie de voir son volaille multiplié et bien nourri, la joie de voir son enfant et son époux bien accomplir une tâche qu’on lui a confiée, sont des émotion qui dominent la localité tout au long de cette période, car la responsabilité est grande et l’humiliation est sans limite, quand un de ces jeunes faillit à cette responsabilité.

Période de joie et de grandes émotions sur toutes les populations, la traversée des bœufs à Diafarabé, du début à nos jours, contribue à la perpétuité des tresses traditionnelles féminines, des fabrication et de la manipulation des gourdins par les jeunes peules, de l’utilisation des instruments de musique traditionnelle ainsi qu’à la transmission des chants et des pas de danse aux jeunes générations. Bref, le Yaral constitue un repère culturel pour les jeunes et une manière de préserver, de valoriser et de promouvoir les pratiques traditionnelles et culturelles de leurs localités tout en suivant et en innovant petit à petit, la trace des anciens pour renforce la paix, la cohésion et la stabilité sociale.

Soirée de danse musicale des jeunes peuls

Soirée de danse musicale des jeunes peuls

Empêcher ce rassemblement des populations peuls, c’est de priver les jeunes et les populations de s’épanouir avec leur valeurs traditionnelles, culturelles et sociales, la seule grande occasion pour eux d’exprimer leur talents face au monde entier. A cause de cette annulation, seront alors individuelles, la joie, l’émotion, le savoir et les grandes expériences qui se partageaient avec le grand public tout au long des festivités de cette pratique culturelle qui a existé tant d’années. Chaque jeune berger, obligé de traverser seul et de manière cachée pour sauver sa vie et la vie de ses animaux, aura la pensée fixée sur les éditions passées et remémore intérieurement son parcourt et son talent qu’il devrait bien avoir l’occasion d’exprimer aux grands publics, mais la crainte de leur sécurité leur en empêche!

Nous vivons cette année en souvenir, cette grande manifestation culturelle sans pour autant baisser les bras. Nous allons tous et ensemble, user de nos capacités pour maintenir perpétuelle, cette pratique culturelle ancestrale dans notre pays et redonner aux jeunes des localités concernées, d’avoir toutes les opportunités d’exprimer leurs talents.

Que le Mali se stabilise et que la paix régne dans notre pays.

Cet article est une republication du texte dans le blog Quand le village se réveille.

Bon et moins bon, ce qui change en Russie au 1er janvier 2017

lundi 2 janvier 2017 à 23:27
Source: Renate Dodell, Flickr.

Source: Renate Dodell, Flickr.

Chaque année, la Douma D'Etat russe adopte des lois programmées pour entrer en vigueur au 1er janvier. En 2017, comme à chaque fois, certains de ces textes semblent pouvoir apporter des améliorations à la société russe et d'autres… nettement moins. Pour le cru 2017, RuNet Echo a trié le positif du négatif, de la mise en ligne des décisions de justice à l'instauration du travail forcé dans certains établissements pénitentiaires.

La ‘taxe Google’

A partir du 1er janvier, certaines entreprises étrangères d'e-commerce devront commencer à acquitter en Russie une taxe sur la valeur ajoutée. Comme la loi concerne les sociétés qui vendent des livres électroniques, de la musique, des films et des programmes informatiques, elle a déjà un surnom : la taxe Google. En conséquence, Google a augmenté de 18 % les prix des services de Google Drive et des achats sur Google Play.

Des registres pour handicapés et séropositifs

Le 1er janvier marque aussi la mise en oeuvre d'un registre pour les Russes porteurs du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Le Ministère russe de la Santé justifie la création de ce registre par une meilleure connaissance des caractéristiques—et de l'étendue—du problème du VIH dans le pays : plus d'1,5 million de gens, soit plus d'un pour cent de la population russe, sont diagnostiqués séropositifs ou malades du SIDA. Plus tôt dans l'année, les autorités russes ont annoncé que Iekaterinbourg, la quatrième ville de Russie, située dans l'Oural, connaissait une épidémie de VIH. Plus d’1,8 % des 1,4 millions d'habitants sont porteurs du virus.

Pour le moment, l'inscription au registre est volontaire, bien que la liste soit appelée à servir de base pour l'approvisionnement par l'Etat en traitements antirétroviraux.

A partir du 1er de l'an, le Fonds de Retraite russe va aussi mettre en place un registre des personnes handicapées. Les responsables publics espèrent ainsi aider ces personnes à trouver du travail, et faire mieux connaître les allocations et programmes auxquels ont droit les personnes handicapées. La Russie a, de tous les pays, un des écarts les plus grands de taux d'emploi entre personnes avec et sans handicap, selon une récente étude menée par l'Organisation Internationale du Travail (OIT).

Plus de 12 millions de Russes, soit près de 9 % de la population, vivent avec un handicap, dont 620.000 enfants.

De nouvelles règles pour les agrégateurs d'informations

La Nouvelle Année apporte aussi son lot de nouvelles règles pour les agrégateurs d'informations en Russie. Ceux dont le trafic journalier excède 1 million de vues seront considérés comme des organes de médias aux yeux de l'administration russe, et auront l'obligation de vérifier la véracité des articles d'actualités reproduits—une tâche quasi impossible qui paraît donner toute latitude aux agents publics de sévir contre les sites d'information multisources les plus populaires du pays, comme Yandex, Mail.ru, Google et Bing. RuNet Echo a traité dans les détails de l'introduction de cette législation et des pressions gouvernementales (ainsi que du rétropédalage) sur Google.

Travail forcé

A dater du premier de l'an, les tribunaux russes seront autorisés à condamner les prévenus aux travaux forcés dans des établissements pénitentiaires à travers le pays. Quatre grandes installations pénitentiaires devaient ouvrir leurs portes le 1er janvier: en Sibérie à Tioumen, dans la région de Tambov (sud-est de Moscou), dans le Kraï de Stavropol (Nord-Caucase), et celui de Primorié (Extrême-Orient), s'ajoutant à des établissements plus petits à travers le pays. Ces centres n'auront pas le même degré de sécurité que les établissements pénitentionaires ordinaires, et les détenus pourront obtenir des permissions de sortie des directeurs. En revanche, ils ne pourront pas choisir leur travail ni en changer.

Après l'adoption de la loi, Valeri Maximenko, le directeur des Services pénitentiaires fédéraux, a affirmé que le travail forcé était un progrès par rapport aux autres types de sanctions, car les détenus ne seraient pas isolés de la société : “Le travail forcé dans les centres pénitentiaires, malgré l'appellation, se compare au travail par équipes de gens qui vivent en dortoirs loin de chez eux”.

La confiance de M. Maximenko aura quand même du mal à rassurer ceux qui perçoivent des réminiscences du Goulag dans les formes existantes de travail au sein des colonies pénitentiaires actuelles de la Russie.

Le travail forcé a été introduit en 2011 dans l'arsenal des sanctions du Code Pénal russe, mais sa mise en oeuvre a été reportée à maintes reprises depuis.

La justice mise en ligne

Les lois du Nouvel An vont aussi mettre les tribunaux russes sur internet—du moins certains d'entre eux. Les tribunaux de la ville et du district de Moscou acceptent désormais dépositions, appels et tous autres formulaires au format électronique, et les minutes des procès peuvent être consultées par nom des parties, par ordonnances et toutes sortes d'autres voies. Seuls les tribunaux possédant les capacités techniques pour réaliser cette numérisation le feront, autrement dit la large majorité des tribunaux russes resteront dépourvus de site internet semblable à celui de l'appareil judiciaire moscovite, déjà opérationnel. Au total, le projet de numérisation de Moscou a pris deux ans pour être mis en oeuvre et développé, pour un coût de 172,4 millions de dollars, dont 50 sont venus de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement.

L'augmentation de l'âge de la retraite pour les fonctionnaires

Avant le premier de l'an, l'âge de départ à la retraite pour les fonctionnaires et employés municipaux russes était de 55 ans pour les femmes et 60 pour les hommes. A dater du 1er janvier, cet âge passera progressivement à 63 ans pour les femmes et 65 pour les hommes à raison d'une demi-année par an (L'augmentation s'étalera jusqu'à 2032 pour les femmes et 2026 pour les hommes). Le gouvernement affirme que la mesure est destinée à garder les fonctionnaires qualifiés plus longtemps à leur poste, et à réduire le poids des pensions sur le budget fédéral.

Des droits d'accises plus élevés sur l'alcool et les cigarettes

Enfin, à partir du 1er janvier, les buveurs d'alcool russes paieront des droits d'accise plus élevés sur la bière, le vin, le champagne, le cidre, la medovukha (une sorte d'hydromel) et les alcools forts. L'accise sur le champagne importé augmentera de 10 roubles pour en atteindre 36 par litre, et sur le vin mousseux local de 1 rouble, à 14 roubles par litre. La taxation du vin russe ne bougera pas, tandis que celle des vins étrangers augmentera de 9 roubles, à 18 roubles. Les droits d'accise sur les cigarettes et les e-cigarettes va aussi augmenter ces trois prochaines années.