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Ojovoz,”la voix des yeux”: une application pour aider les communautés rurales isolées à utiliser Internet

dimanche 25 janvier 2015 à 18:03
Demonstrating the use of the OjoVoz app. Photo provided by Eugenio Tisselli and used with permission.

Les communautés apprennent à utiliser l'application OjoVoz. Photographie de Eugenio Tisselli utilisée avec autorisation.

Il existe évidemment de nombreuses applications mobiles qui permettent aux utilisateurs de faire des photos et enregistrer de l'audio, mais l'application Android OjoVoz (littéralement : oeil-voix) a été conçue spécialement pour les communautés sous représentées ou marginales. Ces personnes ne sont souvent pas familiarisées avec les nouvelles technologies, alors l'interface est très simple à utiliser et comporte seulement quatre boutons permettant de faire une photo, enregistrer sa voix, ajouter un mot de passe et se connecter à internet. En 2011, le programmeur Eugenio Tiselli a commencé à travailler sur cette application mobile après avoir collaboré pendant 8 ans à Megafone —un projet  proposant des outils pour raconter ses histoires. Avec ce nouveau projet, Eugenio Tiselli offre un outil et une aide pour tout ceux qui souhaitent partager leur histoire, leur culture et leurs connaissances au sein de leur propre communauté et pour un public plus large.  Lors d'un échange par courrier électronique avec Rising Voices, Tiselli insistait sur le fait que OjoVoz n'est pas seulement un outil technologique, mais également un moyen de faire la promotion d'une collaboration dans l'acquisition de connaissances. La technologie intervient comme médiateur mais le plus important reste les rencontres et les rapprochements dans le cadre de ce projet. Ces dernières années l'application OjoVoz a joué un rôle majeur dans des projet concernant des communautés de Tanzanie, Colombie et du Mexique. Nous voudrions maintenant vous montrer quelques exemples illustrant la manière dont les communautés utilisent cette technologie mobile pour “se raconter”:  Sauti Ya Wakulima (la voix des agriculteurs) est un projet collectif que les agriculteurs de la région de Chambezi dans le district de Bagamoyo (Tanzanie) ont créé pour faire connaître leurs pratiques agricoles au travers de photographies et de vidéos dans le but de préserver ces connaissances. Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder au contenutanz3
Mariam cultive le manioc et nous explique comment elle le fait. Elle nous dit que au contraire des dernières récoltes elle a bien amélioré ses conditions de culture, elle a de meilleures semences et sait mieux aujourd'hui comment planter bien droit et désherber. Elle remercie les autorités d'avoir envoyé un technicien agricole, et des investisseurs dans les villages pour mieux préparer la farine de manioc, avoir une bonne récolte et vendre leurs produits à d'autres personnes, c'est un progrès. On vend maintenant directement la farine à des commerçants de Dar es Salaam. Avant on avait habituellement des récoltes beaucoup plus faibles, maintenant si les choses continuent ainsi , Mariam projette de se construire une maison dans les cinq prochaines années grâce à son activité agricole…

Los Ojos de la Milpa (les yeux de la Milpa), un autre projet collectif dont l'objectif est de collecter les histoires que racontent les anciens dans les montagnes du Nord dans la région d’ Oaxaca au Mexique. La milpa (traitement des terres destinées à la culture du maïs) est un agrosystème utilisé au Mexique ainsi que dans d'autres régions d'Amérique centrale qui s'est maintenu depuis des temps très anciens et ne nécessite aucun fertilisant ni aucune technologie particulière. Ce projet est présenté en espagnol, en anglais, et en ayuujk (une langue amérindienne du groupe Mixe utilisée au Mexique). cliquez sur l'image pour accéder au contenumilpa2

Yïte’n ëëts mïku’uk ïxaa nyïkwä’ätsy yë tsapajkx jïts yë ujts yïktäjjë’kkixy jïts jïtïn wä’äts yyo’nt, jïts yë pyijyu’nk yë’ tpëkt xaa të yïkkukeepy jïts yä’ät wyä’ätst jatïkoojk.

Voilà comment nous entretenons nos plantations de pêchers, on coupe toutes les branches entremêlées pour que rien n'empêche une bonne croissance des arbres, mais pour que ces arbres  se développent de nouveau et puissent avoir des fleurs on leur laisse quelques branches.

 Le fait que l'application soit gratuite et que le logiciel soit libre d'accès est fondamental pour son développement. Tiselli signale également qu'un groupe de programmeurs colombiens a développé une nouvelle fonction pour enregistrer des vidéos, qui s'ajoutera à la possibilité de graver de l'audio et des photographies. OjoVoz  joue un rôle actif d'incubateur de projets offrant une assistance technique et des emplacements sur le site de son serveur Web pour stocker des images. Pour télécharger et configurer cette application, aller sur le site Web de OjoVoz  où vous trouverez plus de renseignements et un mode d'emploi  en espagnol permettant de l'utiliser.

Apprenez à protéger vos communications par courriel en moins de 30 minutes

dimanche 25 janvier 2015 à 17:51
#EmailSelfDefense infographic par Journalism++ pour la Free Software Foundation (CC BY 4.0)

#EmailSelfDefense infographie par Journalism++ pour la Free Software Foundation (CC BY 4.0)

Autodéfense courriel, guide de chiffrement des courriels destiné aux débutants, conçu par la Free Software Foundation (FSF), a été publié dans six langues supplémentaires [frdejprupttr] le 30 juin 2014. Il est prévu d'ajouter de nouvelles langues.

Même si vous n'avez rien à cacher, l'utilisation du chiffrement vous aidera à protéger la vie privée des personnes avec qui vous communiquez, et rendra la tâche plus difficile aux systèmes de surveillance de masse. Si en revanche vous avez quelque chose d'important à cacher, vous serez en bonne compagnie ; Edward Snowden a utilisé ces outils pour partager ses fameux secrets sur la NSA.

"Edward, le robot de messagerie amical aide les utilisateurs de fonctions d'autodéfense courriel à tester leur nouveau système de chiffrement."

Edward, le robot de messagerie amical aide les utilisateurs de fonctions d'autodéfense courriel à tester leur nouveau système de chiffrement.

Le guide de la FSF a été lancé initialement dans le cadre de la campagne Reset The Net du 5 juin 2014 — une journée d'action globale contre la surveillance de masse, qui a marqué le premier anniversaire des révélations d'Edward Snowden sur le système d'espionnage global de la National Security Agency (NSA) des Etats-Unis.

Autodéfense courriel n'est qu'un élément – certes important – de la solution face à la surveillance de masse,” comme l'indique la FSF :

Tout en apprenant à nous servir des outils de chiffrement, nous devons exercer une pression politique pour mettre la surveillance sous contrôle, construire un Internet plus sûr et forcer gouvernements et entreprises à réduire la quantité de données qu'ils accumulent à notre sujet. Nous espérons que les versions traduites d'Autodéfense courriel seront un point d'entrée dans ce mouvement multiforme pour les gens de tous les continents.

263Chat, la plate-forme de conversations qui séduit au Zimbabwe

dimanche 25 janvier 2015 à 17:00
Nigel Mugamu,  blagueur zimbabwe et fondateur de 263chat. Photo par Davina Jogi. Utilisée avec la permission.


Nigel Mugamu, blogueur zimbabwéen et fondateur de la plate-forme 263chat. Photo par Davina Jogi. Utilisée avec la permission.

263Chat est un projet qui a débuté en 2012 comme un hashtag sur Twitter pour encourager le dialogue et les conversations sur le Zimbabwe. L'idée a depuis été élargie pour inclure d'autres plates-formes de médias sociaux, des blogs collectifs, des événements en direct et de la formation et de la stratégie des médias sociaux. La plate-forme a remporté le prix pour l'utilisation novatrice de la technologie pour l'engagement communautaire au Telkom-Highway Africa New Media Awards [fr] 2013.

Pour en savoir plus sur cette initiative, nous avons récemment rencontré le fondateur de 263chat, Nigel Mugamu.

Ndesanjo Macha (NM): Merci d'avoir accepté de parler avec Global Voices. Pouvez-vous vous présenter ?

Nigel Mugamu: Merci beaucoup pour cette opportunité. L'Afrique a souvent été mal comprise. Donc en bref, je suis un passionné du Zimbabwe et de l'Afrique et intéressé à jouer un rôle en racontant l'histoire de l'Afrique à l'aide des médias sociaux et  d'Internet en général. Je porte souvent plusieurs casquettes, mais ma passion réside dans les médias.

NM: Le principal objectif de cette entrevue est d'en apprendre davantage sur 263Chat. Qu'est-ce ?

Nigel Mugamu: 263Chat est passée d'un compte Twitter et hashtag à un organe de presse qui utilise des outils de médias sociaux, des événements en direct et des blogs pour encourager le dialogue et les débats au Zimbabwe. L'idée est de s'engager dans ce que j'appelle “dialogue nécessaire” comme une façon de commencer quelque chose de positif dans la communauté.

NM: Quand avez-vous commencé 263Chat ?

Nigel Mugamu: J'ai d'abord eu l'idée en janvier 2012, mais je n'ai rien fait pendant neuf mois. J'avais peur, je suppose. J'étais inquiet de savoir si j'étais prêt à “m'exposer” et si le concept lui-même serait accepté par le grand public. À la fin de septembre 2012, nous avons eu notre première discussion #263Chat et nous en avons parlé tous les jours depuis.

NM: En dehors de Twitter, quelles autres plates-formes utilisez-vous?

Nigel Mugamu: Nous avons un site webune page FacebookGoogle +SoundCloud et YouTube en dehors du compte Twitter.

NM: Comment choisissez-vous un sujet de discussion ?

Nigel Mugamu: La nature des discussions est intéressante. Nous avons des conversations quotidiennes qui sont généralement lancées par la communauté. N'importe qui peut utiliser le hashtag #263Chat et le compte Twitter pour contribuer et partager ses pensées. Nous essayons de retweeter autant que nous le pouvons. Nous posons des questions et sondons encore. Nous aimons amplifier la voix des gens aussi – c'est important pour nous. La discussion la plus structurée de #263Chat les mardis est encore quelque peu différente, la communauté décide ou suggère un thème et je planifie et prépare l'information de base à l'avance. Les sujets dépendent de ce qui se passe à un moment donné.

NM: Qui d'autre est impliqué dans cette initiative ?

Nigel Mugamu: Maintenant, je ne peux pas gérer 263Chat selon mon bon vouloir. Ma femme joue un rôle fondamental dans le processus. Elle est ma “caisse de résonance” et fait beaucoup de recherches de base pour nous. Elle a été la première personne avec laquelle j'ai parlé de cette idée et, à l'époque, elle m'a immédiatement suggéré d'aller de l'avant. Je me demande où 263Chat serait sans son soutien initial. J'ai aussi une petite équipe de journalistes à Harare et Bulawayo qui nous fournissent du matériau pour le site. Nous essayons de publier sur une base quotidienne et encore une fois il y a plusieurs personnes qui contribuent avec leurs articles et leurs idées dans le processus.

NM: Quelles questions ont suscité un intérêt énorme sur 263Chat jusqu'ici ?

Nigel Mugamu: Les questions qui tournent autour des femmes, de la corruption et de la prestation de services ont tendance à susciter un énorme débat au sein de la communauté 263Chat. Bien sûr, il y a d'autres questions telles que les élections et la nouvelle constitution qui attirent beaucoup de gens dans les débats. La discussion se poursuit comme plus de gens se joignent à Twitter et d'autres plates-formes de médias sociaux en général. En fin de compte les questions aussi simples que le pain et le beurre ont tendance à dominer les conversations.

Le logo de 263Chat.

Le logo de 263Chat.

NM: Y a-t-il des questions que vous jugez trop sensibles au Zimbabwe pour en discuter sur 263Chat ?

Nigel Mugamu: Oui, il y a certainement des questions qui sont sensibles à discuter pour diverses raisons. Par exemple, je ne pense pas personnellement que 263Chat soit l'endroit le mieux placé pour mener une discussion sur Gukurahundi [une répression brutale des civils dans les terres Matebele par le président Robert Mugabe du Zimbabwe]. Nous avons besoin d'un organisme national pour conduire cette question pertinente pour le pansement des plaies et la réconciliation nationale. C'est un vrai débat qui doit avoir lieu, cependant, nous avons besoin d'une consultation plus large que le pays avec des gens et des organisations compétentes. Cela dit cependant, les gens parlent souvent ouvertement. Pas plus tard qu'hier il y avait une conversation sur Twitter à ce sujet on nous a inclus et nous y avons participé. Cependant, certaines questions doivent effectivement être résolues. Nous ne pouvons pas continuer à parler de la corruption, par exemple, tandis que ceux qui sont impliqués dans des activités de corruption ne sont pas interpellés et arrêtés. Toutefois, le dialogue que je ressens est un bon début.

NM: Est-ce que 263Chat a déjà eu des problèmes avec les autorités ?

Nigel Mugamu: Non, pas du tout et je ne m'attends pas qu'il y ait des ennuis.

NM: Que considérez-vous comme votre plus grande réalisation à ce jour avec l'initiative ?

Nigel Mugamu: Nous aimons célébrer les victoires simples. En arriver à ce point est un bon et un vrai départ. Je n'ai jamais eu des plans pour faire durer 263Chat aussi longtemps ou faire le travail dans lequel nous sommes impliqués. Le lancement du site a été énorme pour nous. Remporter un prix au Highway Africa en 2013 a changé le jeu pour nous d'une manière très importante.Des choses simples comme la mise en place de nos groupes de WhatsApp et la discussion qui a lieu tous les jours dans ces groupes est vital. J'apprécie et salue ces apparemment petites victoires.

NM: Quels sont vos grands projets pour 2015?

Nigel Mugamu: Nos plans pour 2015? Il y aura plusieurs événements, plusieurs événements à travers le Zimbabwe. La collaboration avec différents acteurs est essentielle. Nous devons travailler ensemble davantage surtout si nous opérons dans les mêmes espaces. Plus de contenus sur le site. Nous travaillons sur l'application 263Chat que nous aimerions lancer cette année. Nous espérons voir une croissance de l'organisation 263Chat.

Manifestations anti-Kabila en République Démocratique du Congo : 36 morts et brève coupure de l'Internet

dimanche 25 janvier 2015 à 16:44

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Le 19 janvier, la police congolaise a violemment dispersé à Kinshasa des manifestants opposés à une révision de la loi électorale qui aurait permis au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir. 35 manifestants, pour la plupart des étudiants, et 1 policier ont été tués. La ville de Goma a aussi connu des heurts qui se sont traduits par de nombreuses arrestations parmi les milliers de manifestants. M. Kabila cherche à indirectement rallonger son mandat, qui arrive à son terme l'an prochain, en organisant un recensement dont l'exécution prendrait 3 ans. Alors que la constitution interdit au président de se présenter une troisième fois, son mandat actuel serait automatiquement prorogé jusqu'à la fin des opérations du recensement. Peu après les manifestations, l'internet et les SMS par mobiles étaient brièvement coupés en ville, de même que la plupart des écoles étaient fermées. Des dortoirs ont été incendiés pendant les affrontements.

Le gouvernement Kabila argue qu'un recensement est indispensable à la production des listes électorales pour les élections présidentielle et parlementaires de 2016. La très influente Eglise catholique soutient l'exigence de l'opposition de renoncer à toute révision du calendrier électoral prévu. Le projet de révision est examiné en ce moment par le Sénat.

Cette vidéo citoyenne prise par Kininfos le 19 janvier décrit une scène de chaos dans la capitale quand les manifestants essaient de bloquer les rues :

Paul Nsapu, le secrétaire général pour l'Afrique de la Fédération internationale des Droits de l'homme à Kinshasa, est horrifié par les excès des autorités : 

Ces gens ont été tués pour la plupart alors qu'ils s'approchaient pour manifester. Nous n'imaginions pas que le pouvoir agirait comme avec un groupe rebelle.

La vidéo suivante récapitule les événements au long de la semaine passée :

Ida Sawyer, chercheuse de Human Rights Watch pour la RDC, ajoute que la répression contrevient à la libre expression des citoyens : 

Les forces de l'ordre congolaises ont tiré mortellement dans la foule des manifestants. Les gens doivent être autorisés à manifester pacifiquement sans crainte d'être tués ou arrêtés

La coordinatrice du programme afrique du CPJ, Sue Valentine, estime que fermer les communications par internet et SMS dans le pays est une atteinte aux droits fondamentaux des Congolais : 

En fermant les services internet et de messagerie et en bloquant les sites web, les autorités congolaises refusent aux citoyens leur droit fondamental à communiquer et à recevoir et transmettre l'information

Sur son blog Congo Siasa, Jason Stearns explique en quoi ce mouvement de protestation est différent :

Les étudiants jouent cette fois un rôle beaucoup plus important qu'en 2011. L'épicentre de la contestation a été l'Université de Kinshasa (UNIKIN), qui a été envahie par la garde présidentielle et la police. L'université compte plus de 30.000 étudiants, et il y en a des centaines de milliers à travers le pays. A Bukavu aussi, les étudiants ont été au premier rang des manifestations organisées hier. Dans le passé, la ferveur politique des campus universitaire a souvent été calmée quand les promotions estudiantines ont été cooptées par les élites politiques. Cette fois cela paraît changer.

Joseph Kabila a pris le pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père Laurent Kabila. Selon la loi congolaise, la police nationale congolaise est responsable du maintien de la sécurité et de l'ordre public pendant les manifestations. Le chef de la police nationale peut appeler en renfort l'armée régulière si les forces de police sont débordées.

Le Pape François appelé à dénoncer les investissements dans l'exploitation des combustibles fossiles lors de sa visite aux Philippines

dimanche 25 janvier 2015 à 12:27
Veille tenue à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestissent dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion

Veillée à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestisse dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion

Cet article a été écrit par Jamie Henn pour 350.org, une organisation qui milite pour la création d'un mouvement climatique mondial. Il est repris sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Lors de la visite du Pape François aux Philippines, les écologistes et les organisations philippines ont haussé le ton de leurs appels pour que le Vatican désinvestisse sur les combustibles fossiles. Vous pouvez vous joindre à leur appel à l'action en cliquant ici.

“Nous attendons du Pape François qu'il brise l'impasse politique empêchant une action réelle sur le changement climatique. Vingt ans de négociations sur le climat ont livré le monde à la merci des milieux politiques et économiques qui cherchent à protéger leurs intérêts au détriment de l'humanité et de la planète”, a déclaré Yeb Sano, commissaire aux changements climatiques des Philippines. “La crise du changement climatique est le reflet d'une profonde crise morale mondiale, et de ce point de vue, les organisations de l'Église jouent un rôle important pour nous tirer de ce bourbier. Une façon de le faire est que l'Eglise examine non seulement la pureté de ses investissements, mais aussi là où il investit”.

Aux Philippines, dans la soirée du 14 janvier, quelques heures avant l'arrivée du souverain pontife, des centaines de militants se sont réunis à Manille pour une veillée demandant au Vatican de désinvestir. Le lendemain, une caravane pour une justice climatique a quitté la ville de Dolores pour se diriger vers Tacloban, où le pape était en visite. À Tacloban, au cours d'un déjeuner organisé avec les victimes du typhon Haiyan, on a remis en main propre au Pape une lettre et un appel pour demander au Vatican de retirer ses investissements des combustibles fossiles.

“Quand le Pape François se préparait à visiter les collectivités touchées par le super typhoon Haiyan, nous demandons qu'il se prononce pour la protection de l'humanité et de l'environnement, et qu'il prenne la tête des actions qui aideront à prévenir d'autres catastrophes climatiques”, a déclaré Lidy Nacpil, membre du conseil d'administration de 350.org et coordinatrice du Jubilé du Mouvement Pacifique-Asie du sud sur la dette et le développement (JS-APMDD). ”Une telle action urgente pourrait porter au désinvestissement dans l'industrie des combustibles fossiles. Nous exhortons le Vatican et l'Eglise catholique romaine à montrer la voie “.

Veille tenue à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestissent dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion

Veillée tenue à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestissent dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion

Les manifestations aux Philippines ont été organisées par des groupes de fidèles locaux, des écoles théologiques et des organisations de développement. Partout dans le monde, des dizaines de milliers de personnes ont signé une pétition lancée  par l'organisation 350.org pour la campagne climatique, qui demande au Vatican de désinvestir dans ce domaine. Les 13 et 14 février, les organisations militantes vont se réunir pour une journée d'action mondiale pour le désinvestissement, lorsque des militants du monde entier et feront pression sur le Vatican et d'autres institutions pour s'engager pour cette cause.

Le désinvestissement dans les combustibles fossiles gagne de plus en plus de terrain au sein des communautés religieuses. Le Conseil oecuménique des Eglises a récemment décidé d'éliminer progressivement ses participations dans les combustibles fossiles et a encouragé ses membres à faire de même. D'autres groupes religieux soutenant ce désinvestissement, comprennent le diocèse anglican de Melbourne, l'Église anglicane d'Aotearoa, la Nouvelle-Zélande et la Polynésie, les Quakers au Royaume-Uni, l'Église unie du Christ et unitariens universalistes aux Etats-Unis, et de nombreuses églises plus régionales et locales.

Depuis sa prise de fonction, le Pape François a publié plusieurs déclarations reconnaissant les résultats scientifiques qui confirment la responsabilité humaine dans les changements climatiques et a invité les dirigeants du monde à prendre les mesures nécessaires pour résoudre la crise climatique actuelle. Au courant de cette année, le pape devrait présenter une encyclique sur l'écologie et la relation de l'homme avec la nature pour servir comme lettre d'orientation envoyée aux 5 000 évêques catholiques et 400 000 prêtres avec pour objectif d'atteindre les 1,2 milliards de catholiques du monde entier.

Veille tenue à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestissent dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion

Veillée tenue à Manille demandant au Pape François que le Vatican désinvestissent dans les carburants fossiles. Crédit photo: LJ Pasion