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Le plus grand réseau social de Russie autorise maintenant les publicités politiques, mais pas pour tout le monde

mercredi 7 juin 2017 à 00:43

Photographie : Pixabay

Vkontakte, le réseau social le plus populaire de Russie, a levé l'interdiction des publicités à caractère politique, mais avec de strictes limitations susceptibles de bénéficier à l'establishment politique du pays.

Selon le site web TJournal, l'analyste politique Dmitri Kovalev a récemment remarqué ce changement de dispositif. Dans un post sur Facebook écrit lundi, Kovalev a attiré l'attention sur les nouvelles règles publiées sur Vkontakte, qui déclarent que l'interdiction de la publicité politique du site web « ne s'applique pas au matériel de campagne dans la Fédération de Russie ».

Même lorsqu'il s'agit de faire campagne en Russie, pourtant, Vkontakte impose plusieurs restrictions, qui s'appliquent à toute personne ne faisant pas partie de la sphère politique officielle du pays. Conformément à ces nouvelles règles, Vkontakte ne vendra de l'espace publicitaire qu'aux candidats politiques officiellement déclarés à la Commission électorale centrale de Russie (excluant les candidats non officiels, tels qu’ Alexeï Navalny dans la course présidentielle de 2018), aux partis politiques officiellement reconnus (excluant les groupes d'opposition dont l'enregistrement a été refusé par les autorités), et aux organisations sociales dont les membres sont des candidats enregistrés aux élections.

En dehors de ces limites, Vkontakte interdit formellement « toute publicité à caractère politique » y compris celles par des publications politiques, par des sites web de députés d’État, des « acteurs politiques », des responsables publics, des protestataires, ainsi que toute publicité répandant « des opinions sur les événements politiques ».

Vkontakte a confié à  TJournal que ces règles actuelles sur les publicités politiques ont en fait été mises en place au mois de septembre dernier, mais la société a refusé de divulguer le nom des candidats qui avaient publié des annonces électorales sur son site web pendant les élections parlementaires de Russie à l'automne dernier.

Kovalev a spéculé sur Facebook que le fait de permettre les publicités à caractère politique sur Vkontakte et Odnoklassniki, les deux plus grands réseaux sociaux de Russie, tous les deux appartenant à Mail.ru, pourrait créer « le plus gros régulateur de politique intérieure » du pays.

Un des fils du président angolais expose l'extrême richesse de sa famille lors d'enchères à Cannes

mercredi 7 juin 2017 à 00:29
Eduane Danilo dos Santos, lors de la vente aux enchères d'amfAR à Cannes, France. Capture d'écran / YouTube

Eduane Danilo dos Santos, lors de la vente aux enchères d'amfAR à Cannes, France. Capture d'écran / YouTube

Une vidéo diffusée sur les médias sociaux montrant l'un des plus jeunes fils du président angolais dépenser 500 000 euros, lors d'une vente aux enchères en France, a suscité des critiques en Angola.

Eduane Danilo Dos Santos, 25 ans, est le fils de José Eduardo Dos Santos, qui célébrera en septembre ses 38 ans de présidence.

La vidéo a capturé le moment où Danilo a fait un achat – d'abord présenté comme une montre, mais qui s'est révélé ensuite être une collection de photographies – pour un demi-million d'euros lors d'une vente aux enchères organisée le 25 Mai à Cannes par amfAR, une organisation qui lutte contre le SIDA. L'ONG organise une vente aux enchères chaque année et elle est connue pour la fréquentation de célébrités de Hollywood.

Dans la vidéo, l'acteur américain Will Smith, qui semble agir en qualité de commissaire-priseur, tout en complimentant Danilo et son compagnon sur la scène,  remarque : “Ils ont l'air trop jeunes pour avoir 500 000 euros”.

La vidéo a été partagée à l’ origine sur les posts Instagram du blogueur sur les montres de luxe Anish Bhatt, dont le compte enregistre 1,7 million de followers. Avant de disparaître du site, la vidéo a été enregistrée et téléchargée sur YouTube et a rapidement été virale, provoquant beaucoup d'indignation chez les Angolais.

Le style de vie luxueux de la famille Dos Santos attire souvent l'attention de la presse internationale et la colère sur les médias sociaux angolais. Deuxième producteur de pétrole en Afrique, l'Angola reste parmi les 40 pays [fr] aux pires indices de développement humain du monde. Un tiers de la population vit avec moins de 2 dollars par jour [fr].

Pendant ce temps, la fortune de José Eduardo dos Santos a été estimée à 20 milliards [fr] de dollars US, ce qui le placerait parmi les 50 personnes les plus riches du monde.

Il y a des rumeurs sur son état actuel de santé. JES, comme on le surnomme, a récemment passé 28 jours en Espagne [fr] pour un traitement médical et tout indique qu'il va quitter la présidence en août 2017 [fr]. Pour la première fois depuis l'introduction des élections générales en Angola 1992, son nom ne figurera pas sur la liste des candidats de son parti, le MPLA – cette fois, la liste est dirigée par le ministre actuel de la Défense João Lourenço, son successeur probable.

Mais José Eduardo dos Santos n'a épargné aucun effort pour que son patrimoinee se transmettre à sa famille. Le plus célèbre de ses enfants est la femme d'affaires Isabel Dos Santos, 44 ans, la seule femme milliardaire en Afrique. En plus d'être présidente du conseil d'administration de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, elle a des investissements dans diverses multinationales, des banques aux télécommunications, totalisant une fortune de 3 milliards de dollars [fr] américains, selon le magazine Forbes .

Pour sa part, Eduane Danilo dos Santos a supervisé la privatisation d'Angola Telecom, apparemment son seul travail jusqu'à présent.

Après les critiques sur les réseaux sociaux pour ses dépenses lors de la vente aux enchères, Danilo, comme on l'appelle, a décidé d'écrire sur sa page Facebook personnelle. Il a déclaré que l'affaire n'était qu'un malentendu et que les 500 000 euros étaient liés à l'achat d'œuvres d'art pour sa fondation “Espírito de Criança” (Esprit de l'enfance) une organisation inconnue en ligne, à l'exception de sa propre mention lors de la vente aux enchères.

Le message, qu'il a ensuite supprimé, mais qui a été copié par d'autres sites, disait :

[…] Gostaria de informar que eu participei sim num Leilão de caridade, não para a aquisição de um relógio, mas sim de uma colecção de Quadros de George Hurrell, em representação da minha associação “Espírito de Criança”.

Tenho forte convicção que devo estar envolvido nesta causa, e acredito que existe uma cura para HIV/SIDA, e devemos continua a procura deste tratamento. O valor monetário desta doação de 500.000€ vai se reflectir para continuarmos de uma maneira unida, a combater este mal que afecta a sociedade em Angola, e o mundo em geral, de forma difícil nos dias de hoje.

A saúde, a cultura e a educação são coisas importantes que defendo, e esta coleção de Quadros de George Hurrell fará parte da Associação ” Espírito De Criança “. […]

[…] Je voudrais vous informer que j'ai participé à une vente aux enchères de charité, pas pour l'achat d'une montre, mais pour une collection de peintures de George Hurrell, en tant que représentant de mon association “”Espírito de Criança”.
J'ai une forte conviction que je dois être impliqué dans cette cause, et je crois qu'il existe un remède contre le VIH / SIDA, et nous devons continuer à chercher son traitement. La valeur monétaire de cette donation de 500 000 € constitue une continuation de notre engagement dans cette direction, pour lutter contre ce mal qui affecte la société en Angola et dans le monde en général, d'une manière difficile aujourd'hui.

La santé, la culture et l'éducation sont des choses importantes que je défends, et cette collection de peintures de George Hurrell fera partie de l'association “”Espírito de Criança”. […]

Le blogueur Anish Bhatt, se présentant comme son ami, a écrit un commentaire sur Instagram en soutien à Danilo. La publication originale en anglais a été supprimée, mais le site PlantinaLine a publié une traduction en portugais :

O Meu amigo Eduane Dos Santos não comprou ‘NENHUM’ relógio no Amfar – American Foundation for AIDS Research. A Amfar é uma organização sem fins lucrativos que tem contribuído muito para a pesquisa da AIDS e HIV, o seu tratamento e educação. […]

Fizemos a compra em ‘conjunto’ das peças de arte como uma doação de 500 mil e pretendemos oferecer estas peças de arte (10 no total) , para usar uma parte na exposições em museus em Angola (4 no total) e as outras (6) para um evento no início de Julho de angariação de fundos.

Mon ami Eduane Dos Santos n'a acheté “AUCUNE” montre à Amfar – une Fondation américaine pour la recherche sur le SIDA. Amfar est une organisation à but non lucratif qui a beaucoup contribué à la recherche sur le SIDA et le VIH, son traitement et son éducation. […]

Nous avons fait l'achat “ensemble” d'œuvres d'art comme don de 500 000 et avons l'intention d'offrir ces œuvres d'art (10 au total), pour une utilisation dans le cadre d'expositions dans des musées en Angola (4 au total) et les autres (6) pour un événement au début du mois de juillet pour la collecte de fonds.

Les internautes angolais, cependant, n'ont pas cru à son histoire. Les critiques continuent à affluer, par exemple, cette publication de Maka Angola, un site Web critique du régime :

Uma primeira correcção a Danilo: não foi uma colecção de quadros que ele comprou, mas sim uma colecção de fotografias. Hurrell não foi pintor, foi fotógrafo. Relógios, quadros ou fotografias… Nada muda. Apenas sublinha a leviandade do gesto. Em vez de 500.000 dólares, Danilo gastou ainda mais dinheiro: 500.000 euros, ou seja, cerca de 560.000 dólares. Em vez de um relógio de luxo, comprou uma colecção de fotografias de luxo de George Hurrell. Muitas das suas fotos originais estão à venda no e-Bay por cerca de 100/200 dólares cada. Entregar as fotos à sua associação é um gesto oco. Para que quer a associação essas fotos? Relógios de luxo ou fotografias de Hollywood por 500.000 euros são sinónimo de total falta de discernimento.

Tout d'abord, une correction pour Danilo: ce n'était pas une collection de peintures qu'il a achetées, mais une collection de photographies. Hurrell n'était pas peintre, il était photographe. Montres, tableaux ou photographies … Ça ne change rien. Cela souligne simplement la légèreté de l'acte. Au lieu de 500 000 dollars, Danilo a dépensé encore plus d'argent : 500 000 euros, soit environ 560 000 dollars. Au lieu d'une montre de luxe, il a acheté une collection de photographies de luxe de George Hurrell. Beaucoup de ses photographies originales sont en vente sur e-Bay pour environ 100/200 dollars chacune. Donner les photographies à sa fondation est un geste vide de sens. Pourquoi la fondation a-t-elle besoin de ces photographies ? Des montres de luxe ou des photographies d'Hollywood pour 500 000 euros sont synonymes d'un manque total de jugement.

Dans les commentaires sur la publication ci-dessus, Elsa Beatriz, une habitante de la capitale angolaise, a écrit:

O que está em causa para nós Danilo não é o que você comprou, mas sim com que dinheiro comprou, se for seu terás que ajustar contas com a justiça, mostrar como é porque ganhou este dinheiro, sendo que apenas tens 23 anos, por seres filho de quem és nós desconfiamos que este dinheiro saio dos cofres do Estado, quer dizer nosso dinheiro, então pedimos que nos proves que nos proves o contrário.

La question pour nous, Danilo, n'est pas ce que vous avez acheté, mais quel argent vous avez utilisé, si cela vous appartient, vous devrez régler les comptes devant les tribunaux, en montrant comment et pourquoi vous avez gagné cet argent, à seulement 23 ans, étant le fils de qui vous êtes, nous soupçonnons que cet argent est sorti des coffres de l'État, ça veut dire que c'est notre argent, alors nous exigeons que vous nous prouviez le contraire.

Des petits paysans de Madagascar se disent forcés par des investisseurs chinois à leur vendre leurs terres pour presque rien

mardi 6 juin 2017 à 17:07

Le lac Tsimanampetsotsa, dans le sud-ouest de Madagascar. Photo de Frank Vassen, de Bruxelles, Belgique – CC-BY-2.0

Des ressortissants chinois forcent des paysans du sud-ouest de Madagascar à leur vendre leur terre pour à peine 7 ariary (moins de 0,01 dollar US) le mètre carré. C'est ce qu'affirme le bulletin d'information de TV Plus Madagascar, rapporté par les journalistes Ivon Mahandrisoa et Angelo Ranaivoarisoa le 24 mai 2017. Une transaction foncière similaire au Kenya en 2008 s'est faite à un prix de 0,05 dollars US le mètre carré pour un total de 40.000 hectares. (Le prix d’un pain blanc de 500 grammes est 1.481,85 ariary).

Déjà plus de 5.000 hectares ont été acquises par les investisseurs chinois, apparus avec les documents à signer par les paysans pour leurs terres. Les agriculteurs des communes rurales d'Antanimieva et Befandriana Atsimo se disent dans l'impossibilité de refuser, par crainte d'être de toute façon expulsés, auquel cas ils perdraient à la fois leur terre et la petite indemnisation offerte.

Jean Renoavy, un paysan d'Antanimieva, a déclaré à la chaîne d'information que les investisseurs ont acquis des terres où pâturait le bétail, et qu'à ce jour trois vaches qui ont erré sur les parcelles devenues propriété chinoises ont été abattues. Dans certains cas, a-t-il dit, les investisseurs ont déjà commencé à mettre la terre en exploitation, et c'est ainsi que les gens ne se sont pas senti d'autre choix que de signer les papiers et prendre l'argent.

Les réactions en ligne au reportage ont mêlé résignation et critiques envers le gouvernement de Madagascar. Mirija974 a écrit :

Fanambakana tsotr’izao ‘zany tany namidy 7 Ar/m2 ‘zany. Fa tany tsisy fanjakana intsony angaha i Madagasikara?

La terre vendue 7 ariary le mètre carré, c'est du racket pur et simple. Madagascar a donc cessé d'être un État avec un gouvernement ?

Les acquisitions de terres par des étrangers ne se bornent pas à Madagascar. Il est de plus en plus courant pour les pays riches ou les multinationales d’acquérir des terres agricoles dans les pays pauvres. Les pays riches ont une demande croissante de nourriture et d'autres produits comme le caoutchouc, et des contraintes en matière de terres disponibles et de ressources naturelles, alors que dans les pays pauvres, les coûts de production sont bas et les ressources abondantes. En la quasi-absence de réglementation internationale sur le commerce des terres, les firmes n'ont pas d'incitation juridique à s'assurer que leurs investissements et chaînes d'approvisionnement ne comporte pas de terres prises aux dépens des personnes qui en vivent.

Global Witness, une ONG internationale qui sonne l'alarme sur les conflits liés aux ressources naturelles et à la corruption, a rapporté des accaparements de terres dans des pays comme le Liberia et au Myanmar. Ses enquêtes ont révélé des transactions foncières à base de faux documents et des autorisations accordées en violation de lois locales. Des signalements similaires ont été faits par Oxfam sur des terres sucrières au Brésil en relation avec Coca-Cola et PepsiCo, et des Amis de la Terre sur des Ougandais déplacés par les plantations d'huile de palme de Wilmar International.

Leurs défenseurs arguent que ces investissements fonciers sont des opportunités mutuellement avantageuses capables d'apporter un nombre significatif d'emplois à une population rurale vivant dans la pauvreté, ainsi que d'encourager la construction d'infrastructures, d'écoles et de centres médicaux. Les défenseurs des droits à la terre, quant à eux, invoquent les dangers des liens entre les acquisitions de terres et la corruption, la destruction de l'environnement et les conflits locaux —sans oublier le legs des accaparements illégaux de terres sur des communautés déjà marginalisées. Selon l'Institut International de recherche sur la politique alimentaire (IFPRI), à Madagascar les baux de location de 1,3 million d'hectares pour le maïs et l'huile de palme ont pu contribuer aux conflits qui ont conduit au coup d’État de 2009 et aux crises politiques et économiques qui l'ont suivi.

Des organisations comme Global Witness appellent à l'instauration de règles internationales garantissant la transparence dans les transactions foncières et la protection des droits et moyens de subsistance des populations locales. Dans le même temps, l’IFPRI propose une vigoureuse action collective des petits exploitants, avec l'appui de la société civile, stratégie prometteuse de plaidoyer plus efficace pour une politique nationale et locale des droits et utilisations de la terre.

Theo Rakotovao, un musicien populaire originaire des environs d'Antanimieva, est de ceux qui œuvrent à amener plus d'attention sur la question des droits fonciers. Parlant sur TV Plus, Rakotovao explique qu'il se rend dans les communes pour parler tant aux expulsés qu'à ceux qui exécutent les évictions. Son message est simple : escroquer les petits paysans est une injustice et ne doit pas être fait, et tous les Malgaches doivent être informés de la situation.

Un usager de YouTube nommé manarivo, commentant une copie de la séquence de TV Plus qui y a été mise en ligne, a critiqué l'inaction des autorités :

Aza ny vahiny no homena tsiny na enjehana hanaovana fitsaram-bahoaka, ireo Malagasy ampiasain'izy ireo na mpitondra na iza na iza no ataovy hazalambo. Avy eo dia avereno amin’ny ireo olona tena tompony ny tany. Misaotra an'i Theo Rakotovao amin’ny fijoroana amin’ny marina.

Il ne faut pas accuser les étrangers ou les pourchasser pour se rendre justice soi-même ou lyncher. Ce sont les Malgaches travaillant pour eux ou les fonctionnaires quelconques qui doivent être poursuivis. Et ensuite, redonner la terre à ses propriétaires légitimes. Merci à Theo Rakotovao de s'être levé pour ce qui est juste.

Tandis que Herinirina Doris Ratovondrahona s'interrogeait :

Azo atao ve ny maka ny ampahany amin itony(sp) vaovaontsika itony sy mizara izany ao amin’ny tambazotra sosialy!? Mila mahalala izao fanamparam pahefana ataon’ny sinoa sy ny fanjakana izao ny any antsimo. Ny tambazotra sosialy no afaka izarana izao vaovao izao malaky ho an ireo tsy mahita vaovao.

Est-il possible de prendre des extraits de ces articles d'information et de les partager sur les médias sociaux ? Il faut que les gens dans le sud aient connaissance de ces abus par les Chinois et l'administration. Les médias sociaux sont le moyen de partager cette information rapidement pour ceux qui ne regardent pas la télévision.

La page Facebook à succès “Malagasy ve ianao” (“Vous êtes Malgache ?”)—suivie par une communauté de plus de 170.000 personnes—a également sensibilisé à ces affaires suspectes à 7 ariary le m2 avec un bref article d'Evah Randrianotahiana.

Les abonnés du groupe Facebook ont exprimé colère et résignation. Un commentaire de Nirina Andriatiana rend bien le sentiment général :

Dia tsy hisy azontsika vahoaka madinika atao mihitsy ve hiarovana ny tanintsika e? Mitaraina etsy sy eroa na @haino aman-jery na @n'itony tambanjotra itony fa tsy misy mahasahy mijoro miaro, mila manambatra hery isika hamerenana ny hasin'ny tanintsika ry mpiray tanindrazana fa raha izao ny mitohy dia tsy hay intsony izay hiafarana.

Y a-t-il quelque chose que des gens ordinaires comme nous puissions faire pour protéger notre terre ? Nous exposons des griefs aux […] médias ou aux médias sociaux, mais il n'y a personne pour résister. Il nous faut joindre nos forces pour restaurer la dignité de notre pays et de nos concitoyens, parce que si ceci continue, nous n'avons plus idée de ce que sera notre sort.

Les violences à Kaboul : “Nous mourons à chaque instant !”

lundi 5 juin 2017 à 13:17
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La police tire à balles réelles sur les manifestants vendredi 2 juin à Kaboul, photo extraite du compte Twitter de Tahir Qadiry.

Avertissement : L'article ci-dessous contient des images à caractère explicite et éprouvant.

Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, est enfermée dans des souffrances sans fin.

Il y a eu au moins sept morts et de nombreux blessés lorsque les forces de sécurités responsables sous les ordres du Président Ashraf Ghani ont ouvert le feu sur des manifestants le 2 juin. La manifestation se tenait sur les lieux de la puissante explosion au centre de Kaboul qui a tué près de cent personnes. Le lendemain, plusieurs explosions ont ciblé les funérailles de l'un des deux manifestants tués par des policiers le 2 juin –par ailleurs fils du vice-président du Sénat afghan. Au moins vingt personnes ont été tuées.

L'énorme explosion qui a lancé le dernier en date des cycles de violence à Kaboul a été l'une des plus meurtrières à frapper la ville dans les années récentes, et est survenue quelques jours après le début du mois saint musulman du Ramadan. Aucun mouvement n'en a encore revendiqué la responsabilité.

La manifestation anti-gouvernement qui l'a suivi avait commencé pacifiquement, et se dirigeait vers le palais présidentiel. Les manifestants scandaient “A bas Ghani” et réclamaient la démission du gouvernement d'union nationale, accusé d'avoir totalement échoué à assurer la sécurité dans le pays. Quand les protestataires ont tenté de pénétrer dans le palais, les forces de sécurité ont ouvert le feu.

Selon le chef de la police de Kaboul, le général Hassan Shah Frogh, le rassemblement n'était pas pacifique, et les manifestants portaient des fusils. Il a aussi commencé par prétendre que seulement un ou deux individus avaient été blessés. Des témoins oculaires ont dit que les manifestants lançaient des pierres mais n'étaient pas armés.

La police a aussi utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour empêcher les manifestants furieux d'entrer dans le palais présidentiel, et a procédé à de multiples arrestations.

Au moins 4 Afghans tués par balles par les policiers dans une manifestation anti-gouvernement après l'attentat de Kaboul

Au nombre des individus arrêtés par la police se trouvait Haroon Mutaref, un des organisateurs de la manifestation.

Flash info : on signale que Haroon Mutaref, militant de la société civile et un des meneurs de la foule de Khair Khana a été arrêté par la police.

La riposte extrême des policiers contre les manifestants fait que les Afghans vivent en assiégés dans une des villes les plus dangereuses du monde.

Tahir Qadiry, un journaliste afghan, a tweeté :

Une image odieuse de la manifestation d'aujourd'hui à Kaboul : des policiers tirent à balles réelles.

Avant d'ajouter un peu plus tard :

L'ironie est la quantité de balles tirées par les policiers de Kaboul sur les manifestants des 2 journées, qui auraient pu servir contre les insurgés pour sauver Kunduz, Baghlan, Fariab…

Beaucoup s'inquiètent que des opportunistes profitent du vide sécuritaire pour créer davantage d'instabilité. Omid Sharifi, co-fondateur du collectife de créateur Art Lords, a demandé aux Afghans de s'unir au lieu de se combattre.

Laissons guérir l'Afghanistan ! Se combattre les uns les autres et perdre des vies précieuses, voilà ce que veut l'ennemi ! Revenez à la raison !

Quelques heures après le début de la manifestation, le Président Ghani a publié une déclaration :

Civil and peaceful protests are the rights of all citizens of the country. But among them, those who want to agitate and hurt public order, their issue is separate — they will not be allowed to use the people’s emotions against the people’s interest.

Les manifestations civiles et pacifiques sont un droit de tous les citoyens de ce pays. Mais parmi eux, ceux qui veulent troubler et détruire l'ordre public, leur cas est différent – ils ne seront pas autorisés à utiliser les émotions du peuple contre les intérêts du peuple.

Après les faits, Amnesty International a appelé à une enquête indépendante :

Le recours à la force excessive et meurtrière contre des manifestants criant leur colère au lendemain de l'un des attentats les plus sanglants en Afghanistan témoigne du mépris des autorités à l'égard de la vie des simples citoyens. Même si une minorité de manifestants a, selon certaines informations, usé de violence, notamment en jetant des pierres sur les policiers, cela ne justifie pas une réaction aussi excessive et meurtrière.

L'explosion du 31 mai a fait plus de 90 morts et 400 blessés, traumatisé des milliers de personnes et détruit un quartier central connu de la capitale.

Abdul Waris Ahmadzai, un habitant afghan, a posté des images crues de l'après-attentat et des victimes.

Plus d'une centaine de martyrs aujourd'hui dans un attentat à la bombe aujourd'hui à Kaboul
Combien de temps encore les Afghans vont-ils être endeuillés ?
38 ans de guerre en Afghanistan

Résumant le sentiment de désespoir au milieu de la violence récurrente dans la capitale afghane, une militante civique a posté sur Facebook :

Ceux qui meurent une fois meurent une fois pour toutes ; ceux qui vivent meurent à chaque instant ! Nous mourons à chaque instant !
#Kabul

Mais la semaine ne s'est pas terminée sans un dernier carnage, à l'enterrement le 3 juin de Salem Izidyar, le fils d'un homme politique éminent du Sénat, et le plus en vue des manifestants tués par balle vendredi. Les auteurs de l'attentat ciblaient probablement certaines figures politiques de premier plan assistant aux funérailles.

Images de l'explosion aux funérailles de Kaboul

Les trois attentats-suicide ont tué au moins 20 personnes, en ont blessé beaucoup plus, et on ne peut exclure un alourdissement de ce bilan.

Des émoticônes par et pour les populations autochtones latino-américaines

lundi 5 juin 2017 à 13:11
Emojis depicting Mapuche culture. Republished with permission.

Emoticônes représentatives de la culture mapuche. Publié avec autorisation.

Dans toute l'Amérique latine, des militants des langues indigènes sur Internet se mettent à développer des émoticônes qui peuvent être utilisées dans des communications électroniques comme un moyen de promouvoir leurs langues et cultures.

Ces deux dernières années, des entreprises de technologie comme Apple et Twitter ont répondu à la demande de plus de diversité d'émoticônes, en offrant aux utilisateurs la possibilité de choisir entre différents tons de couleur de peau. Malgré quelques utilisations discriminatoires, ces ajouts ont été bien accueillis et ont suscité de nouvelles requêtes pour inclure d'autres cultures et régions, comme par exemple cette demande d'une émoticône en hijab.

Les groupes indigènes sont parmi ceux qui souhaitent voir leur culture reflétée dans des émoticônes. Au lieu d'attendre que les compagnies les incluent finalement, quelques internautes ont pris l'initiative de créer leurs propres collections d'émoticônes.

Luis Padhum Flores, originaire de l'état de San Luis Potosí au Mexique, est un activiste numérique qui promeut sa langue maternelle, le huastèque (également appelé tének). Parmi ses projets actuels se trouve la création d'une série d'émoticônes de visages avec coiffure et chapeaux traditionnels qu'il a partagées sur son compte Facebook.

Emojis depicting Huastec culture. Republished with permission.

Emoticônes représentatives de la culture huastèque. Publié avec autorisation.

De même, le professeur d'origine mapuche Victor Carilaf s'est associé à l'artiste chilien Fiestoforo pour lancer Kimeltuwe, une initiative de promotion de la langue mapudungun du peuple mapuche au Chili et en Argentine. Dans une partie du projet, ils ont créé des illustrations qui décrivent la culture mapuche et ont mis l'accent sur la transmission de la langue locale. Certaines illustrations sont des émoticônes de visages et de personnes en vêtements traditionnels, que les créateurs encouragent leurs cent douze mille abonnés sur Facebook à utiliser dans leurs communications.

Emojis depicting Mapuche culture. Republished with permission.

Emoticônes représentatives de la culture mapuche. Publié avec autorisation.

Les créateurs de ces deux projets cherchent encore des façons d'intégrer complètement les émoticônes sur différentes plateformes de messagerie. Jusqu'à présent, elles ont été utilisées comme des images ou des étiquettes téléchargeables, modifiables et partageables sous format jpeg (ou autre) dans des commentaires ou des messages.