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Le gouvernement roumain dans les pas de Trump pour déménager à Jérusalem son ambassade en Israël

mercredi 6 juin 2018 à 22:39

Mémorial aux victimes à Gaza devant l'ambassade de Palestine. Photo de la page Facebook Romania Palestine Solidarity, utilisation autorisée.

La Roumanie envisage de suivre la décision controversée de Trump de déplacer l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, écornant la neutralité affichée de la Roumanie dans le conflit israélo-palestinien. Le déménagement de l'ambassade de Roumanie n'est qu'un épisode de plus dans la mésentente entre le gouvernement dirigé par le Parti social-démocrate (PSD) et le Président Iohannis.

L’initiative de déménager l'ambassade de Roumanie en Israël à Jérusalem divise le pays en deux camps : ceux qui veulent suivre la position de l'Union européenne (UE) de garder le consensus international sur Jérusalem (ville dont la partie orientale est considérée comme territoire palestinien occupé par Israël) et ceux qui veulent s'aligner sur la politique étasunienne.

Le président américain Donald Trump a établi un précédent en déplaçant l'ambassade des USA à Jérusalem le 14 mai, reconnaissant ainsi la ville disputée comme la capitale d'Israël. Ce qui a eu pour effet de multiples réactions négatives au Moyen-Orient et au-delà.

Cette journée marquait le 70e anniversaire de la naissance d'Israël, ainsi les 70 années écoulées depuis l'expulsion de plus de 700.000 Palestiniens de leur terre, connue en arabe sous le nom de Naqba (catastrophe) en arabe. Et notamment aussi la répression brutale par Israël d'une manifestation populaire organisée à Gaza en commémoration de la Naqba, qui a tué plus de 60 Palestiniens.

La Première ministre roumaine Viorica Dăncilă et son homologue israélien Benjamin Netanyahou. Photo : Gouvernement roumain, usage loyal.

La Roumanie a été l'un des quatre États-membres de l'UE à accepter l'invitation à la cérémonie d'inauguration placée sous l'égide d'Ivanka Trump et Jared Kushner, à la différence des 24 autres qui l'avaient déclinée.

La Roumanie, avec la Hongrie et la République tchèque, avait auparavant bloqué la publication par l'UE d'une déclaration visant à montrer un front uni contre la décision des USA. Un représentant de l'Autriche a également été dépêché à l'inauguration de l'ambassade étasunienne. Le ministère roumain des Affaires étrangères avait qualifié de “déséquilibrée” la déclaration projetée de l'UE, qui appelait à une solution du statut de Jérusalem par des négociations de paix.

Le gouvernement roumain refuse d'autoriser les manifestations contre l'initiative

Entre temps, le Groupe de solidarité Roumanie-Palestine a indiqué à Global Voices qu'il n'avait pas reçu l'autorisation d'organiser des manifestations dans la capitale. L'autorisation de manifester est donnée par le maire de Bucarest, poste occupé par Gabriela Firea, membre du Parti social-démocrate (PSD) et auparavant journaliste.

Solidarité Roumanie a néanmoins manifesté devant l'ambassade de Palestine où un mémorial aux victimes de Gaza a été dressé.

Concernant le déplacement de l'ambassade, la position du ministère des Affaires étrangères rejette celle de l'UE et reflète celle du gouvernement, dirigé par le PSD et en opposition au Président de centre-droit Klaus Iohannis.

M. Iohannis a affirmé sans équivoque qu'il est contre le déplacement de l'ambassade à Jérusalem parce que cela modifierait la position de la Roumanie de médiateur neutre en participant actif dans le conflit. Cette fracture à propos de l'ambassade souligne les divisions existantes dans la politique intérieure ainsi que le défaut de communication et de confiance entre le gouvernement et la présidence.

Une visite en Israël controversée

En avril, le leadeur social-démocrate Liviu Dragnea a dévoilé un mémorandum secret décidant de déplacer l'ambassade à Jérusalem sans consulter le Président. Une annonce suivie par une visite en Israël de Dragnea et de la Première ministre Viorica Dăncilă.

Vidéo: La Première ministre roumaine Viorica Dăncilă, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Meleșcanu arrivent en Israël.

Le Président Iohannis a affirmé que le mémorandum était contraire à la constitution et à la loi roumaines qui donnent au président le pouvoir de décision en matière de politique étrangère et le droit international. Il a aussi déclaré que Dragnea et Dăncilă n'avaient pas de mandat pour une visite en Israël sur ces sujets et a demandé la démission de la Première ministre.

Un communiqué de l'Administration présidentielle a rappelé que c'est le Président qui est responsable des principales décisions de politique internationale.

La présence d'officiels roumains sans mandat à l'inauguration de l'ambassade étasunienne a eu de promptes répercussions dans le pays. Le chef du Parti national-libéral Ludovic Orban a déposé une plainte au pénal contre Dăncilă, qu'il accuse de haute trahison. Dragnea a riposté en affirmant que cette plainte peut être qualifiée d'antisémitisme institutionnel.

Rappel de l'ambassadeur palestinien

La Palestine a rappelé son ambassadeur en place en Roumanie, Fouad Kolali, troublant les relations diplomatiques paisibles entre Bucarest et Ramallah. L'ambassadeur Kolali a déclaré que la Roumanie a joué depuis toujours un rôle d'équilibre dans les négociations de paix entre Israël et la Palestine, et que son intention de déplacer l'ambassade allait à l'encontre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Une déclaration publiée par le ministère des Affaires étrangères, dans laquelle le soutien du gouvernement à la solution des deux États était réitéré, demandait où seraient les capitales des deux États. Un rappel que les partisans de la solution à deux États espèrent un futur État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

Dans un entretien avec la presse roumaine, l'ambassadeur a indiqué que la Palestine ne voulait pas rompre avec la Roumanie en raison de la présence dans le pays de quelque 3.500 Palestiniens. Il s'est aussi dit encouragé par le fait que la décision finale est entre les mains du président.

La fracture à propos de l'ambassade a des incidences sur la politique intérieure

Difficile de connaître les raisons de la décision de relocalisation de l'ambassade, et les bénéfices qu'en tireraient les sociaux-démocrates. De nombreux détracteurs ont critiqué la recherche par Dragnea d'une relation plus étroite avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sous le coup d'accusations de corruption en Israël.

La Roumanie est elle-même connue pour sa corruption, et se débat pour guérir du traumatisme post-communiste depuis le renversement en 1989 du régime dirigé par Nicolae Ceaușescu. Depuis son adhésion à l'UE en 2007, beaucoup estiment que le pays est sur la bonne voie dans la lutte contre la corruption, même si celle-ci a été aussi attaquée de l'intérieur du système politique.

Dragnea a été reconnu coupable de fraude électorale, abus de charges publiques et faux en écritures. La Direction nationale anticorruption (DNA) a ouvert une enquête sur des fraudes présumées qu'il aurait commises sur des fonds européens. Le projet RISE, une organisation roumaine de journalisme d'investigation, a révélé que Dragnea faisait l'objet d'une enquête au Brésil pour blanchiment d'argent, une accusation rejetée comme fausse par le leadeur social-démocrate.

C'est Dragnea qui a conduit le PSD à la victoire aux élections parlementaires de 2016, et depuis, il a fait nommer des Premiers Ministres marionnettes agissant pour son compte, car ses idées lui interdisent d'occuper la fonction lui-même. Il y a eu trois changements de Premier ministre depuis 2017 et la titulaire actuelle du poste est Viorica Dăncilă, la première femme de l'histoire de la Roumanie à ces fonctions.

Dăncilă, qui a gravi les échelons sous la protection de Drangea, s'est vu reprocher son manque de qualification pour ce poste, même si elle a été députée européenne. Le Président l'a aussi accusée d'être aux ordres de son parti.

En janvier 2017, la Roumanie a connu ses plus grosses manifestations depuis la révolution anti-communiste de 1989. Plus de 500.000 personnes ont protesté contre les ordonnances adoptées par le Ministère de la Justice, proposant de réformer le code pénal et le code de procédure pénale dans le but d'amnistier certains crimes, notamment ceux en rapport avec l'abus de pouvoir. Les opposants à l'ordonnance ont accusé ses auteurs de vouloir dépénaliser la corruption des gouvernants et ont crié à la tentative de gens comme Dragnea d'échapper aux poursuites.

Les manifestations ont été décriées autant par le PSD que par les chaînes de télévision servant de principale plate-forme de propagande au PSD. Les présentateurs prétendaient que les manifestants étaient payés par le philanthrope américano-hongrois juif George Soros et que le mouvement était un complot de “l’État profond”. (Note de la rédaction : Global Voices est bénéficiaire des Fondations Open Society, partie du réseau Soros.)

C'est la même rhétorique anti-Soros que dans des pays voisins, notamment en Hongrie sous le gouvernement de Viktor Orbán. Le Fidesz, parti hongrois conservateur nationaliste et droitier au pouvoir suit un schéma similaire, se nourrissant de la montée de l'extrême-droite et de son discours mêlant antisémitisme à propos de Soros, et islamophobie, à l'égard des réfugiés.

Ce type de discours est souvent changeant et incohérent, en fonction de l'estimation du type de discours de haine le plus porteur auprès de l'électorat à un moment donné. C'est pourquoi de nombreux populistes européens, tout en extériorisant leur antisémitisme chez eux, exaltent en même temps Israël comme l'exemple du traitement à réserver aux musulmans, et soutiennent son rôle au Moyen-Orient. Attiser la xénophobie contre les réfugiés (présentés comme une menace islamique) est un élément essentiel de la montée populiste dans tout le continent, depuis la Pologne jusqu'à la Macédoine et à la Slovénie.

La visite de Dragnea en Israël a soulevé des soupçons que son parti veuille éloigner la Roumanie de l'UE, laquelle a émis des mises en garde contre la corruption et le non-respect des directives européennes. L'appui à Netanyahou pourrait rapprocher Dragnea de l'establishment américain de droite derrière l'administration Trump, lui apportant des alliés de poids. Un mouvement analogue à ceux des gouvernements eurosceptiques comme ceux du Fidesz en Hongrie et de l'alliance ÖVP-FPÖ en Autriche, qui recherchent eux-aussi le soutien des conservateurs étasuniens.

Tandis que les polémiques sur le possible déplacement de l'ambassade roumaine de Tel Aviv sont un épisode de plus dans le conflit interne entre le gouvernement du PSD-ALDE et le Président, elles affectent à présent la neutralité proclamée de la Roumanie dans le conflit israélo-palestinien.

Lors d'un débat le 17 mai à Bucarest sur le déménagement de l'ambassade, Gideon Levy du journal Haaretz a mis en garde la Roumanie contre le lourd rôle qui serait le sien en reconnaissant Jérusalem capitale d'Israël. L'assistance et le modérateur régurgitaient la propagande pro-israélienne du gouvernement en ne cessant de mentionner le “terrorisme” palestinien et du Hamas contre Israël, et ignorant complètement les violences de l'occupation israélienne du territoire palestinien et les politiques discriminatoires qui ont été comparées à l'apartheid.

La combinaison de xénophobie et de partialité dans le conflit israélo-palestiniens exploite la crainte des réfugiés musulmans qu'ont beaucoup de Roumains, et permet au gouvernement de prendre une décision aussi lourde et controversée.

Entretien avec Rosaly Lopes, astronome brésilienne à la NASA et première femme rédactrice en chef de la revue Icarus

mardi 5 juin 2018 à 17:59

Dr. Rosaly Lopes | Photo : Divulgação, reproduite avec son accord.

Billet d'origine publié le 15 mai 2018 en portugais et traduit depuis l'anglais.

Rosaly Lopes a grandi dans une famille de la classe moyenne de Rio de Janeiro (Brésil), en regardant Star Trek, fascinée par le télescope de son école et en suivant toutes les informations à propos de la mission Apollo. Quand Apollo 13 est retourné sur Terre en avril 1970, c'est l'histoire de Frances Northcutt [en], la femme responsable du calcul de la route du retour du vaisseau, qui attira son attention.

“Le simple fait de montrer une femme, au centre de contrôle de Houston [Texas, États-Unis], a été une grande source d'inspiration pour moi”, a déclaré Lopes lors d'une interview téléphonique avec Global Voices.

Quarante-huit ans après cette mission, Rosaly Lopes [en] est devenue l'une des plus importantes personnalités scientifiques au monde. Directrice du département de planétologie de la National Aeronautics and Space Administration (NASA), elle est entrée dans le Livre Guinness des records en 2006 pour avoir découvert le plus grand nombre de volcans : elle a recensé 71 volcans sur Io, l'une des lunes de Jupiter tout en travaillant sur la mission Galileo.

Depuis 2002, Lopes fait partie des personnes en charge d'explorer Titan, une lune de Saturne et le deuxième plus grand satellite du système solaire, à l'aide de la sonde Cassini. C'est sur Titan qu'elle commencera ses recherches sur la possibilité d'une vie hors de la planète Terre.

En 2018, Lopes devient la première femme rédactrice en chef de la revue Icarus. Créée par le célèbre astronome Carl Sagan, la revue est une référence dans le domaine de la planétologie.

Lopes a discuté avec Global Voices (GV) de ses projets et du fort impact que peut avoir le fait de voir des femmes à des place importantes dans le domaine scientifique pour aider les générations futures.

GV : Comment êtes-vous devenue la première femme rédactrice en chef de la revue Icarus ?





Rosaly Lopes (RL) : Carl Sagan começou a Icarus porque na época não existia um periódico científico para publicar trabalhos em ciências planetárias, exclusivamente. Os editores todos vieram da Cornell University porque na época os manuscritos eram todos enviados para lá e passou de um professor para outro. Foram poucos editores, acho que 3 ou 4. O último ficou mais de 10 anos. Ele e a Sociedade Astronômica Americana, que tem uma divisão de Ciências Planetárias, começaram a perguntar quem queria se candidatar. Eu me candidatei e eles me escolheram.

Rosaly Lopes (RL) : Carl Sagan a lancé Icarus car il n'existait pas à l'époque de revue scientifique dédiée exclusivement à la publication de travaux en planétologie. Les rédacteurs venaient tous de l'université Cornell, car, à l'époque, les textes soumis étaient tous envoyés là-bas et circulaient d'un professeur à l'autre. Il y avait peu de rédacteurs, trois ou quatre je pense. Le dernier est resté pendant plus de 10 ans. Ce dernier et l'American Astronomical Society [Société Américaine d'Astronomie], qui possède un pôle Planétologie, ont demandé aux personnes souhaitant candidater de se manifester. J'ai postulé et ils m'ont choisie.

GV: Que pensez-vous de la tendance à questionner les données, les faits et la recherche scientifiques ?

RL : Isso é uma pequena parte da população que pensa. Mas existem pessoas que não querem acreditar que é a ação do homem que está causando [as mudanças climáticas]. Isso é porque tem muita gente que tem medo que nosso estilo de vida tenha que mudar. Eu sou otimista, acho que vamos descobrir maneiras de usar energia que não causem aquecimento global. O problema é que isso se tornou uma questão muito mais política do que científica.

RL : Seule une petite partie de la population pense cela. Mais il y a des gens pour refuser de croire que c'est l'activité humaine qui cause [le changement climatique]. C'est parce qu'il existe beaucoup de personnes qui sont effrayées par le fait que notre mode de vie doit changer. Je suis optimiste, je pense que nous allons découvrir des moyens d'utiliser l'énergie qui ne causent pas un changement climatique général. Le problème est que cette question est devenue plus politique que scientifique.

Rosaly Lopes lors de recherches à Vanuatu dans le Pacifique Photo : archive personnelle, publiée avec son accord.

GV : En 2015, vous avez reçu la médaille Carl Sagan pour votre travail pédagogique visant à inclure tous les publics, notamment à destination des jeunes hispaniques et des femmes. Pouvez-vous nous parler plus précisément de votre avis sur ce sujet ?

RL :  A inclusão é importante porque a ciência precisa de talentos, precisa de pessoas dedicadas e, não importa, se for homem ou mulher, de raças diferentes, o que seja. É importante ter jovens voltados à carreira de ciências e tecnologia porque é o nosso futuro. Até medicina está muito ligada à área tecnológica. A ciência tem que ser uma área preparada para incluir a todos.

RL :  Il est important d'avoir une politique inclusive car la science a besoin de talents, de personnes dévouées et il importe peu que ces personnes soient de sexe masculin ou féminin, d'ethnies spécifiques ou quoi que soit d'autre. Il est important d'avoir des jeunes qui visent une carrière dans les sciences et les technologies car c'est notre avenir. La médecine est également très liée au domaine de la technologie. La science doit être un domaine prêt à tous les inclure.

GV : On dit que le milieu scientifique est plus difficile pour les femmes, qu'elles ont besoin de faire encore plus leurs preuves que les autres. Êtes-vous d'accord ?

RL :  Eu acho que isso também é um pouco de mito. Eu acho que há 50 ou 30 anos, sim. Mas, hoje em dia, por exemplo, na área de Ciências Planetárias, as mulheres correspondem a 30 ou 35%. Já não é uma coisa que a gente considere “diferente” ver uma mulher cientista. A partir do momento que você tem 25% de mulheres numa área científica, começa a ser uma coisa mais normal

RL : Je pense que cela relève un peu du mythe. Je pense que oui, c'était le cas, il y a 50 ou 30 ans. Mais, aujourd'hui, par exemple, dans le domaine de la planétologie, les femmes sont présentes à hauteur de 30 à 35 %. Voir une femme scientifique n'est plus maintenant quelque chose que les gens trouvent “singulier”. À partir du moment où vous avez 25 % de femmes dans un domaine scientifique, cela comment à être quelque chose de plus normal.

GV : Avez-vous jamais rencontré de préjugés ?

RL : Não e eu nunca me preocupei muito com isso. A gente não deve perder tempo se preocupando com isso. Sempre fui da opinião que, se alguém tem preconceito, o problema é deles, não é meu. É melhor ir em frente e fazer o trabalho da melhor maneira que você puder.

RL : Non et je ne me suis jamais beaucoup inquiétée de ça. Les gens ne devraient pas perdre leur temps à s'en inquiéter. J'ai toujours considéré que, si quelqu'un avait un préjugé, c'était son problème et non le mien. Il vaut mieux aller de l'avant et faire son travail du mieux qu'on peut.

GV: Comment avez-vous commencé à vous intéresser à ce domaine ?

RL : Eu cresci com o programa Apollo e foi ele que me inspirou muito. Eu queria ser astronauta, a princípio, mas vi que era mulher, brasileira e muito míope. Então, realmente, não ia dar. Decidi que eu ia ajudar o programa espacial sendo cientista. Decidi isso muito cedo e nunca me desviei desse caminho.

RL : J'ai grandi avec le programme Apollo et cela m'a énormément inspirée. Au début, je voulais devenir astronaute, puis j'ai vu que j'étais une femme, brésilienne et avec une mauvaise vue ; ce n'était donc pas près d'arriver. J'ai décidé que j'allais aider le programme spatial en tant que scientifique. J'ai décidé cela très tôt et je n'ai jamais dévié de cette voie.

GV: Qu'en ont pensé vos parents ?

RL : Felizmente, eles me apoiaram muito, porque sem isso eu não poderia ter aceito nada. Minha mãe se preocupava que eu, como astrônoma, não teria emprego. Mas ela fez questão que eu aprendesse inglês e francês, para eu ter um jeito de ganhar dinheiro, mesmo que a profissão não me desse dinheiro. Eles me encorajaram muito para que eu estudasse no exterior, pagaram tudo, fizeram sacrifícios, porque viram que, principalmente naquela época, não existia campo de cstronomia no Brasil. Agora já está melhor.

RL : Heureusement, ils m'ont beaucoup soutenue, car sans cela je n'aurais rien réussi. Ma mère était inquiète que, en tant qu'astronome, je n'aie jamais de travail. Mais, elle a mis un point d'honneur à m'apprendre l'anglais et le français pour que j'aie un moyen de gagner ma vie, même si mon métier ne me payait pas. Ils m'ont énormément encouragée à étudier à l'étranger, ils ont tout financé, fait des sacrifices, parce qu'ils ont vu, particulièrement à cette époque, qu'il n'y avait pas de débouchés en astronomie au Brésil. C'est mieux maintenant.

GV : Est-il fréquent de voir des personnes venant de pays en voie de développement dans ce domaine ?

RL : Não é muito comum, mas está mudando. Quando eu comecei, realmente, não era nada comum. Mas agora estou vendo mais e mais pessoas. Existem chances, principalmente, se você é muito dedicado e estuda bastante. Precisamos de talentos trabalhando nessas áreas, então, é importante encorajar a todas as pessoas que realmente gostam da área.

RL : Ce n'est pas très fréquent, mais c'est en train de changer. Quand j'ai commencé, je vous assure, ce n'était pas du tout fréquent. Mais maintenant, je vois de plus en plus de personnes. Il y a des opportunités, en particulier si vous êtes dévoués et que vous travaillez beaucoup. Nous avons besoin de bons éléments pour travailler dans ces domaines, il est donc important d'encourager toutes les personnes qui aiment vraiment ce domaine.

GV : Un magazine brésilien a parlé de vous comme de la “Brésilienne qui a réussi à la NASA“. Que pensez-vous de ce titre ?

RL :(risos) Não sabia desse título, interessante. Tudo na vida é esforço e um pouco de sorte, aproveitar as oportunidades que vêm. Eu assumi alguns riscos. Aos 18 anos, saí do Brasil para estudar na Inglaterra e foi difícil. O meu inglês era bom, mas não era excelente para nível universitário e eu tive dificuldade. Meu preparo no Brasil era mais baixo que dos estudantes ingleses, embora eu tivesse passado por bons colégios. Depois, eu estava na Inglaterra com um bom emprego, dentro do governo, trabalhava no Observatório de Greenwich, mas decidi que aquilo não era o que eu queria fazer, porque não tinha chance de pesquisa. Me arrisquei, deixei o emprego e fui para os Estados Unidos participar do JPL (Jet Propulsion Laboratory) da NASA, com uma bolsa de dois anos de duração. Felizmente, deu certo, mas foi um risco, porque eu sabia o que queria. Meu pai dizia que a coisa mais importante da vida era ter uma paixão, ir atrás daquilo e não desistir.

RL : (rires) Je n'avais pas connaissance de ce titre, intéressant. Tout dans la vie nécessite un effort et un peu de chance, de profiter des opportunités qui apparaissent. J'ai pris des risques. À 18 ans, j'ai quitté le Brésil pour aller étudier en Grande-Bretagne, et ça a été difficile. Mon anglais était bon, mais pas excellent pour un niveau universitaire et j'avais du mal. Ma préparation au Brésil était plus faible que celle des étudiants britanniques, bien que je sois allée dans de bonnes écoles. J'ai ensuite obtenu un bon travail pour l'État britannique, je travaillais pour l'Observatoire de Greenwich, mais j'ai décidé que ce n'était pas ce que je voulais faire, car il n'y avait aucune chance de faire de la recherche. J'ai pris un risque, quitté mon travail et suis partie aux Etats-Unis pour contribuer au JPL (Jet Propulsion Laboratory) [Laboratoire de Propulsion par Réaction] de la NASA, avec une bourse d'études pour une durée de deux ans. Heureusement, cela a marché, mais c'était risqué, car je savais ce que je voulais. Mon père disait que la chose la plus importante dans la vie était d'avoir une passion, de la poursuivre et de ne pas abandonner.

GV : Vous avez participé à la mission Cassini et êtes devenue l'un des spécialistes mondiaux de premier plan en matière d'activité volcanique. Auquel de vos projets avez-vous préféré travailler ?

RL : Isso é difícil saber. Acho que meu trabalho na Missão Galileo, sobre as luas vulcânicas de Júpiter, foi o que mais se destacou até hoje. Mas, espero que meu trabalho mais importante, eu ainda não tenha feito. Que eu ainda tenha tempo pela frente.

RL : C'est difficile à dire. Je pense que mon travail sur la mission Galileo, à propos des lunes volcaniques de Jupiter, est celui qui se démarque le plus, même aujourd'hui. Mais j'espère que mon travail le plus important, je ne l'ai pas encore réalisé. Que j'ai toujours du temps devant moi.

Photo: Rosaly Lopes, archives personnelles, publication autorisée.

GV : Quel est votre prochain projet ?

RL : Acabei de ganhar uma verba da NASA, um projeto meu grande foi aprovado, para estudar mais a fundo a lua Titã, que é uma lua de Saturno. Queremos fazer esse estudo com muitos pesquisadores, distribuídos por todos os Estados Unidos, no Havaí, Chicago, Inglaterra. Estamos fazendo um trabalho sobre a possibilidade de vida se desenvolver em Titã.

RL : Je viens juste de recevoir un financement de la NASA : l'un de mes gros projets a été approuvé. Il s'agit d'étudier plus à fond la lune Titan, qui est un satellite de Saturne. Nous voulons faire cette étude avec un grand nombre de chercheurs, disséminés dans tous les Etats-Unis, à Hawai, à Chicago, en Grande-Bretagne. Nous menons une étude sur la possibilité que la vie se développe sur Titan.

GV : Pensez-vous que nous sommes proches du jour où nous pourrons vivre hors de la planète Terre ?

RL : Isso é que nós vamos pesquisar. Vamos pesquisar, não só a área biológica, que já tem uma equipe de biólogos em Chicago pesquisando se vida pode se desenvolver no oceano de água líquida que tem embaixo de uma crosta de gelo em Titã, mas se o material orgânico, que poderia servir de alimento para essa vida, que sabemos que tem na atmosfera e na superfície, poderia penetrar até o oceano e depois, com o criovulcanismo, um vulcanismo gelado, se ele poderia vir para a superfície e nós detectaríamos esses sinais de vida.

RL : C'est ce que nous allons étudier, non seulement les aspects biologiques, – pour lesquels une équipe de biologistes à Chicago a été désignée pour étudier si la vie pouvait se développer dans un océan d'eau liquide en dessous d'une couche de glace sur Titan -, mais également la question des matières organiques qui pourraient servir de nourriture pour cette vie ; matières dont nous connaissons l'existence dans l'atmosphère et sur la surface, qui pourraient pénétrer les océans, et ensuite, avec du cryovolcanisme et de l'activité du cryomagma, si cela remontait à la surface, nous pourrions détecter des signes de vie.

GV : Mais pensez-vous que nous sommes proches du jour où nous pourrons vivre dans de tels environnements ?

RL : Estou falando de possibilidades de vida microscópica, que é uma das questões fundamentais, pra saber se vida se desenvolveu em outros planetas e luas. A possibilidade de colonização, agora há planos de se fazer uma base na Lua, mas acho que vai demorar muito tempo. Se eu tivesse uma oportunidade de ir ao espaço, eu iria. Meu sonho de ser astronauta ainda está lá.

RL : Je parle de la possibilité d'une vie microscopique, qui est l'une des questions fondamentales pour savoir si la vie s'est développée sur d'autres planètes ou lunes. Concernant la possibilité d'une colonisation, il y a aujourd'hui des plans pour créer une base sur la Lune, mais je pense que cela va prendre du temps. Si j'avais une opportunité d'aller dans l'espace, j'irais. Mon rêve d'être astronaute est toujours là.

GV : Icarus a été créée par Carl Sagan et il en a été le rédacteur pendant quelque temps. Est-il devenu l'une de vos références ? Quelles sont les autres ?

RL : Eu conheci Carl Sagan pessoalmente, porque quando eu trabalhava na Missão Galileo, ele também trabalhava nela. Ele fez coisas muito importantes, não só para a área das Ciências, mas por ter sido o primeiro cientista que se destacou na divulgação da Ciência em grande forma. Na época que ele começou a fazer isso, com programas de TV e tudo mais, a maioria dos cientistas achava que não era uma coisa boa. ‘Cientista não deveria perder tempo fazendo essas coisas’. Carl Sagan quebrou essa barreira. Mostrou que ele poderia ser um ótimo cientista e fazer divulgação ao mesmo tempo. Eu sempre fiz muita divulgação, porque acho que é muito importante inspirar a nova geração. Ele facilitou com que eu fizesse isso, eu ganhei a medalha [com o nome dele] justamente por isso. Ainda tem quem tenha preconceito, mas está diminuindo.

RL : J'ai connu personnellement Carl Sagan, car, lorsque je travaillais sur la mission Galileo, il y travaillait également. Il a fait des choses très importantes, pas uniquement dans le domaine des sciences, mais également en tant que premier scientifique à s'être distingué dans la vulgarisation scientifique de manière très active. À l'époque où il a commencé avec des programmes télévisés et toutes sortes d'autres moyens, la majorité des scientifiques pensaient que ce n'était pas une bonne idée. “Un scientifique ne devrait pas perdre son temps à faire ce genre de chose”. Carl Sagan a brisé cette barrière. Il a montré qu'il pouvait être un grand scientifique et un médiateur scientifique en même temps. Il a toujours fait beaucoup de vulgarisation, car il considérait important d'inspirer la prochaine génération. Il m'a aidée à le faire, j'ai gagné la médaille (portant son nom) en faisant exactement ça. Il y a toujours des personnes qui ont des préjugés, mais cela se réduit.

GV: Cosmos [l'émission TV de Sagan dans les années 80] est toujours une référence pour beaucoup de personnes.

RL : Pois é. Mas, quando eu era menina no Brasil não tinha ouvido falar dele. Tinha poucos livros de Astronomia, naquela época. Meu pai me deu “O Universo”, do Isaac Asimov, e isso foi muito importante. Eu lembro que, quando eu estava crescendo, teve a missão Apollo 13, que teve que voltar para a Terra. As reportagens dos dois jornais que eu peguei no Rio de Janeiro falavam de uma moça Francis Northcutt. O apelido dela era Poppy. Ela trabalhava para uma companhia de aeroespaço, calculando órbitas para espaçonaves e tinha ajudando a calcular para a Apollo 13 voltar. Só de mostrarem uma mulher, no centro de controle de Houston, foi uma inspiração muito grande para mim. Engraçado, eu nunca a conheci pessoalmente. Ela deixou a NASA logo depois, foi estudar Direito e se tornou advogada. É importante mulheres cientistas fazerem divulgação para inspirar as próximas meninas.

RL : Effectivement. Mais, quand j’étais enfant au Brésil, je n'en avais pas entendu parler. Il y avait peu de livres sur l'astronomie à cette époque. Mon père m'avait donné “The Universe” [“L'Univers de la Science” en français] d'Isaac Asimov, et ç'a été très important. Je me souviens qu'en grandissant, il y avait la mission Apollo 13 qui devait revenir sur Terre. Les articles des deux journaux que j'avais pris à Rio de Janeiro parlaient d'une fille, Frances Northcutt. Son surnom était Poppy. Elle travaillait pour une entreprise d'aérospatiale, où elle calculait les orbites des vaisseaux spatiaux et elle aidait pour les calculs de retour d'Apollo 13. Le simple fait de montrer cette femme, dans le centre de contrôle de Houston, a été une très grande inspiration pour moi. C'est amusant, je ne l'ai jamais rencontrée en personne. Elle a quitté la NASA peu de temps après, pour étudier le droit et devenir avocate. C'est important pour les femmes scientifiques de faire un travail de sensibilisation pour inspirer les filles d'aujourd'hui.

Féminicide : “Avant toute chose, traitons le sujet avec humanité”

mardi 5 juin 2018 à 09:26

Le projet Histoires recadrées [en] demande à ses participants de réagir aux thèmes dominant la couverture médiatique les concernant. Ces articles se concentrent sur les réflexions de personnes plus souvent représentées dans les médias par d'autres qu’elles-mêmes. La génération de nuages de mots sur la plate-forme de Media Cloud [en], qui effectue des recherches dans des collections de médias d'une région donnée du monde, peut donner un aperçu aux participants de leur représentation dans les médias et leur donner une occasion de l'analyser. Ce projet s'abstient de porter une quelconque conclusion sur les données, mais au contraire, fournit le point de départ d'une discussion sur la forme qu'ils peuvent donner à leur propre représentation dans les médias numériques.

Natalia Montoya est membre de Colectivo G [es], qui “construit, pilote et met en œuvre des projets sociaux, principalement par une approche axée sur le genre et fondée sur les droits de l'homme”. Le collectif est basé à Cochabamba, en Bolivie. Voici l'analyse du nuage de mots associés au terme “féminicide” [fr] réalisée par Natalia. 

Mots dominants extraits de 1.540 articles publiés entre mai 2017 et mai 2018 qui mentionnent le mot “féminicide” dans deux collections de Media Cloud issues de médias de langue espagnole boliviens. Cliquez pour agrandir l'image.

La realidad actual que nos muestra esta nube sobre feminicidios nos refleja por un lado una falta de sensibilización respecto a la temática, ausencia estatal al momento de crear políticas públicas que garanticen verdaderamente los derechos a la no violencia hacia las mujeres; y por otro lado la ineficacia de nuestro sistema legal.

¿Qué quisiéramos encontrar?

¿Qué deberían reflejar los medios respecto a este tema?

Que se está utilizando todos los mecanismos a nuestro alcance para hacer justicia. Que el Estado toma acción y genera políticas públicas que precautelan los derechos de las mujeres y niñas, además de políticas de educación encargadas de romper con las estructuras patriarcales y machistas vigentes. Por último, que como miembros de la sociedad civil, asumimos el compromiso de combatir la violencia, de sensibilizarnos con las víctimas (directas e indirectas) y sobretodo de tratar la temática con humanidad.

Ce nuage [de mots] nous montre la réalité d'aujourd'hui sur les violences faites aux femmes : d'un côté, le manque total de  compréhension du sujet, l'absence de volonté d'une véritable politique publique qui garantisse réellement les droits à la non-violence envers les femmes ; et de l'autre le manque absolu d'efficacité de notre système judiciaire.

Qu'aurions-nous souhaité y trouver ?

Que devraient nous dire les médias sur le sujet ?

Que tous les moyens mis à notre disposition ont été utilisés. Que l'État prend des mesures et met en place une politique publique garantissant les droits des femmes et des enfants, et qu'il mène une politique d'éducation chargée de rompre avec les structures patriarcales et machistes actuellement en vigueur. Et enfin, qu'en tant que membres de la société civile, nous prenons l'engagement de combattre la violence, de mieux comprendre les victimes (directes ou indirectes) et surtout de traiter le sujet avec humanité.

Cet article fait partie d'une série de Rising Frames réalisée dans le cadre d'une activité organisée par Raisa Valda Ampuero de Warmi.Red et Fabiola Chambi. Elles ont animé ensemble un atelier le 30 mai 2018 à Cochabamba, en Bolivie, réunissant des représentants de divers collectifs et groupes, afin d'examiner comment ils sont représentés dans une collection de médias boliviens et de créer des articles en réponse à cette représentation.

Netizen Report: Les réglementations de WhatsApp et des cartes SIM rendront la connexion plus difficile en Ouganda

lundi 4 juin 2018 à 22:10

Publicité de Telco sur une camionnette à Kampala, en Ouganda. Photo par futureatlas.com via Flickr (CC BY 2.0)

Le Netizen Report de Global VoicesAdvox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

Le gouvernement ougandais a approuvé une nouvelle loi fiscale qui appliquera des prélèvements à une gamme de biens et de services, y compris les comptes de paiement mobiles et les services de médias sociaux tels que Facebook et WhatsApp.

Lorsque les responsables politiques ont proposé pour la première fois la “taxe WhatsApp“, ses partisans – parmi lesquels le président Yoweri Museveni – ont fait valoir que cela aiderait à réduire les “potins” sur les médias sociaux. La proposition a été également populaire parmi les fournisseurs de télécommunications locaux, qui ne bénéficient pas directement de l'utilisation de services par contournement [fr] basés à l'étranger tels que WhatsApp.

Dans une interview, la blogueuse ougandaise Pru Nyamishana, auteur de Global Voices, a déclaré à BuzzFeed :

L'un des deux plus grands défis auxquels nous sommes confrontés dans la gouvernance d'Internet est l'accès. Cette taxe exclut des gens … nous pensons également que c'est une tentative délibérée de censurer les Ougandais et de réduire les voix dissidentes.

Citant une augmentation récente des meurtres et des enlèvements dans le pays, le gouvernement ougandais a également mis fin à un gel de deux mois sur les ventes de cartes SIM et ordonné aux entreprises de télécoms d'enregistrer toutes les nouvelles cartes SIM mobiles auprès du National Biometrics Data Center (Centre national des données biométriques). Il a également interdit la vente de cartes de recharge effaçables.

Les autorités disent que les criminels violents communiquent en utilisant des cartes SIM non enregistrées afin de planifier les attaques sans être retracés.

Alors que l'interdiction des vente de cartes SIM a été levée, de nouveaux règlements exigent désormais que les Ougandais présentent aux fournisseurs leurs pièces d'identité nationales afin que leurs données personnelles puissent être vérifiées sur des lecteurs de cartes électroniques au moment de l'achat. En vertu de la nouvelle loi, qui entrera en vigueur le 1er juillet, les clients seront également obligés d'utiliser des comptes de paiement mobile pour recharger leurs cartes SIM.

Dans un communiqué de presse, l'Association ougandaise de protection des consommateurs a déclaré que les mesures réglementaires de la carte SIM ne réduiraient pas le taux de criminalité. Parlant de la nouvelle loi fiscale, Juliet Nanfuka de la Collaboration sur la politique internationale des TIC en Afrique de l'Est et du Sud (CIPESA) l'a qualifiée de “dernière d'une série d'actions gouvernementales menaçant l'accès des citoyens à Internet”.

Prises ensemble, ces nouvelles politiques rendront plus coûteux pour les Ougandais – en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté – de communiquer et d'effectuer des tâches quotidiennes en utilisant leurs appareils mobiles.

Fermeture d'Internet dans l’État indien du Tamil Nadu après un massacre de manifestants

Après que la police a abattu 13 civils lors d'une manifestation publique dans l’État du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde, les réseaux Internet fixes et mobiles ont été fermés dans trois districts sur ordre des autorités locales. Les manifestants protestaient contre l'extension d'une usine de cuivre qui, selon eux, pollue l'air et l'eau dans leur district et met leur santé en danger. Des vidéos de policiers qui agissaient violemment ou cruellement envers des manifestants circulent sur les réseaux sociaux, laissant de nombreux citoyens sceptiques sur les motivations du gouvernement de couper l'accès à Internet.

Selon le Software Freedom Law Center de New Delhi, il y a eu 55 fermetures d'Internet régionales en Inde jusqu'à présent en 2018.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée interdit l'accès à Facebook pendant un mois, en invoquant de “faux utilisateurs”

Les responsables de l'État insulaire du sud Pacifique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée [fr] imposeront une interdiction d'un mois à Facebook, ce qu'ils considèrent comme une action pour mieux comprendre que la plate-forme est un catalyseur de la diffusion de fausses informations.

Dans une interview avec The Guardian, l'auteur de médias numériques et de Global Voices Aim Sinpeng a exprimé son inquiétude quant à cette interdiction, mais a également noté qu'elle aurait moins d'impact que dans d'autres parties du monde, compte tenu de la faible proportion d'internautes. La Papouasie-Nouvelle-Guinée compte un peu plus de huit millions d'habitants et un taux de pénétration de l'Internet de seulement 12 %.

Dix ans de prison pour un défenseur des droits humains dans les Emirats arabes unis (EAU) pour militantisme sur les médias sociaux

Ahmed Mansour, un défenseur émirati des droits humains, a été condamné à dix ans de prison [fr] par une cour d'appel d'Abu Dhabi pour “propagation de la haine et du sectarisme” ainsi que pour publication de “fausses informations” sur les réseaux sociaux. Il a également été condamné à une amende d'un million de dirhams (environ 272 000 dollars US) pour avoir “insulté le statut et le prestige des EAU”.

Mansour, qui est détenu depuis mars 2017, fait partie des quelques défenseurs des droits humains dans le pays du Golfe. Il a reçu le prix Martin Ennals 2015 pour les défenseurs des droits humains. Il a également été emprisonné en 2011, après avoir fait campagne pour des réformes démocratiques aux EAU et signé une pétition en faveur de la démocratie. De cette époque jusqu'à sa dernière arrestation, il a fait l'objet de harcèlement [fr] et de surveillance tant en ligne que dans la réalité.

Avec un nouveau logiciel, Amazon.com aide les gouvernements à surveiller les résidents américains

La multinationale Amazon.com a développé son propre logiciel de reconnaissance faciale, Rekognition, un produit qui, selon la société, peut effectuer une “reconnaissance faciale en temps réel [fr] sur des dizaines de millions de visages et détecter jusqu'à 100 visages dans des photos complexes et pleines de monde”.

Par une demande en vertu du Freedom of Information Act (loi sur la liberté d'information), les avocats de l'American Civil Liberties Union (Union américaine pour les libertés civiles) ont obtenu et publié des courriels prouvant qu'Amazon vendait le logiciel aux gouvernements locaux des États américains d'Arizona, de Californie et d'Oregon. L'entreprise a également formé et consulté des fonctionnaires gouvernementaux dans le cadre d'un accord de non-divulgation initié par Amazon.

L'American Civil Liberties Union a également co-écrit une lettre collective au PDG d'Amazon Jeff Bezos, exigeant qu'Amazon “arrête d'alimenter une infrastructure de surveillance gouvernementale qui menace gravement les consommateurs et les collectivités à travers le pays”. Le Conseil sur les relations américano-islamiques, l'Electronic Frontier Foundation et Human Rights Watch sont parmi les signataires de cette lettre.

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La mise en scène par l'Ukraine du meurtre d'un journaliste, degré supérieur des ‘fake news’

lundi 4 juin 2018 à 21:31

Arkadi Babchenko à Tskhinvali, Géorgie, en 2008. Photo anonyme via Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0.

L'information est tombée le 29 mai : presse et télévisions annonçaient le meurtre du journaliste russe Arkadi Babtchenko, atteint de trois balles mortelles dans le dos à l'intérieur de son immeuble à Kiev.

La nouvelle a ébranlé le monde, et conduit les dirigeants dans les médias et les gouvernements à exprimer leur indignation et leurs condoléances à son épouse et sa fille — avant qu'il ne soit révélé, le lendemain, que le meurtre avait été simulé.

Lors d'une conférence de presse le 30 mai, les responsables ukrainiens ont fait réapparaître Babtchenko, visiblement sain et sauf, à la stupéfaction de l'assistance. Les officiels expliquèrent avec fierté que l'incident avait été mis en scène par le SBU, le service de renseignement intérieur de l'Ukraine, dans le cadre d'une opération spéciale destinée à faire échouer un supposé complot pour assassiner Babtchenko et trente autres exilés politiques en Ukraine et dans d'autres pays. 

DERNIÈRE HEURE : BABTCHENKO EST VIVANT. Incroyable. Arkadi Babtchenko est vivant ! Je suis dans son appartement en ce moment et ses voisins parlent de lui en pleurant pendant que le service de sécurité de l'Ukraine l'exhibe devant les caméras de télévision.

Correspondant de guerre vétéran et féroce critique des politiques de Vladimir Poutine, Babtchenko a fui la Russie en 2017 après un billet Facebook controversé dans lequel il refusait de déplorer les victimes d'un accident d'avion mortel. Ce qui avait fait de lui la cible d'une campagne de propagande sur les médias d’État russes, et engendré de multiples menaces de mort contre lui.

Selon le chef du SBU, Vasil Gritsak, le meurtre de Babtchenko avait été ordonné par les services de sécurité russes, qui avaient recruté un ancien combattant ukrainien par l'entremise d'un sous-traitant local. La prime pour son exécution aurait été de 40.000 dollars.

Le plan aurait été déjoué lorsque l'ancien combattant embauché comme tueur à gages décida de coopérer avec la police ukrainienne, et de témoigner au [futur] procès. Afin de convaincre ses commanditaires que l'assassinat de Babtchenko avait été mené à bonne fin, le SBU a fabriqué une photo du journaliste mort, réaliste jusqu'à la mare de sang de porc, comme l'a révélé Babtchenko lui-même pendant la conférence de presse.

La jubilation des services de sécurité ukrainiens étaient si éclatante pendant la conférence de presse que des correspondants en Ukraine l'ont trouvée déconcertante :

[1er tweet] C'était peut-être le seul moyen de s'emparer d'un dangereux tueur à gages. Et je ne vais pas reprocher à Babtchenko de vouloir sauver sa peau. Mais la “révélation” aurait pu être gérée avec plus de dignité et de professionnalisme. C'est important… (4/8)]
Certes, le Service de la sécurité savait que ceci était une opération inhabituelle et choquante pour un objectif louable. Une conférence de presse solennelle, sérieuse, sans parade victorieuse, sans distribuer de bons points, sans exulter n'aurait rien coûté et aurait contribué beaucoup à la faire paraître légitime. (5/8)

D'autres journalistes ont été mis dans l'embarras d'avoir écrit des nécrologies émues et publié des scoops sur ce qui paraissait sur le moment un événement d'actualité authentiquement tragique :

En mentant aux médias, Babtchenko et les autorités ukrainiennes ont ridiculisé tous ceux qui ont rapporté le “meurtre” de hier. Mes excuses à tous mes abonnés d'avoir colporté ce qui s'avère un total bidonnage. La leçon à en tirer est de ne pas se fier aux informations d'Ukraine.

La journaliste d'Associated Press Natalia Vassileva s'est inquiétée des effets qu'aura le coup d'éclat de Babtchenko et du SBU sur la crédibilité des médias en général :

La liste est longue de ce que tout journaliste se fait jeter à la figure par les gens, entre autres : vous mentez, vous déformez ce que disent les gens, vous êtes irresponsables. Désormais on me dira : et vous fabriquez même votre propre mort ! Qui sait si (le journaliste tué) est vraiment mort ?

L'affaire sape gravement la crédibilité des responsables et journalistes ukrainiens. Et dans une région où les “fake news” et la désinformation sont déjà endémiques, la chance que des événements réels soient fabriqués ou déformés met la barre encore plus haut pour les journalistes cherchant à rapporter la vérité.

Des préoccupations similaires ont été soulevées par les défenseurs de la liberté de la presse. Harlem Désir, le représentant pour la liberté des médias à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a critiqué le choix des autorités ukrainiennes :

Soulagé qu'Arkadi Babtchenko soit vivant ! Je déplore la décision de propager une fausse information sur la vie d'un journaliste. C'est le devoir de l’État de fournir une information exacte au public.

Le Comité pour la protection des journalistes a eu le même message :

What is known is that the Ukrainian government has damaged its own credibility. And given the SBU is an intelligence agency, which engages in deception, obfuscation, and propaganda, determining the truth will be very difficult.

Ce qu'on sait, c'est que le gouvernement ukrainien a nui à sa propre crédibilité. Et comme le SBU est un service de renseignement, qui [en tant que tel] pratique la duperie, l'embrouille et la propagande, établir la vérité sera très difficile.

Après son retour miraculeux à la vie, Babtchenko a écrit sur Twitter qu'il était “fatigué” de mourir :

Mon cul. Je ne leur ferai pas ce plaisir. J'ai juré de mourir à 96 ans, après avoir dansé sur la tombe de Poutine et pris un selfie sur un [char] Abrams rue Tverskaïa [la grande artère de Moscou] — et je ferai de mon mieux pour m'y tenir. Ça doit être mon destin, de ressusciter tous les quatre ans.
Mon Dieu, j'en ai marre de mourir.
Bien le bonjour.

Une enquête a été ouverte sur le présumé complot en vue d'assassiner Arkadi Babtchenko.