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La crise humanitaire s'aggrave dans le centre de détention australien de réfugiés de Manus, en Papouasie Nouvelle Guinée

vendredi 10 novembre 2017 à 18:53
Protest for Manus refugees

Manifestation de solidarité avec les réfugiés de Manus, Melbourne 4 novembre 2017 – Photo avec l'aimable autorisation du compte Flickr de Corey Oakley (CC BY-NC-SA 2.0)

Une crise humanitaire de grande ampleur se déroule en Papouasie Nouvelle Guinée, dans le Centre Régional de Traitement de l'île de Manus, récemment désaffecté, ce centre de détention très décrié où pendant des années l'Australie a envoyé les demandeurs d'asile arrivés sur ses côtes par bateaux.

Le centre a été officiellement fermé fin octobre sur un ordre de la Cour Suprême de Papouasie-Nouvelle Guinée en avril 2016 au motif que la détention en ce lieu de demandeurs d'asile était illégale.

Malgré cela, 600 demandeurs d'asile refusent d'être déplacés vers d'autres installations, arguant de leurs craintes de violences et d'un manque de confiance en les autorités, et cette même cour a rejeté une demande de rétablir les services de base, électricité, soins médicaux, nourriture et eau.

L'inquiétude grandit pour leur sécurité :

“Après quatre années de peur, de violences et de souffrance, ces hommes méritent un avenir”, dit le Centre pour les Droits Humains

Il y a eu de nombreux incidents de violences contre les détenus, et même des coups de feu visant le camp, semble-t-il par des membres de l'armée de Papouasie Nouvelle Guinée.

‘Les réfugiés n'ont aucune raison de se fier au gouvernement australien’

Comme expliqué dans des articles antérieurs de Global Voices sur le sujet, la politique controversée de l'Australie traite les réfugiés arrivés par bateau par :

[…] le parcage dans des centres de détention offshore soit à Nauru soit sur l'île de Manus en Papouasie Nouvelle-Guinée, et le refoulement pur et simple. Ceux qui sont détenus et voient leur demande d'asile acceptée ne sont supposés rester dans les centres que jusqu'à l'aboutissement de leur relocalisation dans un pays de la région. Mais le manque de pays convenables pour les y réinstaller a pour effet que de nombreux demandeurs d'asile croupissent pour un temps indéfini dans les centres de détention.

Le gouvernement australien affiche pour buts la “défaite des passeurs et la fin des morts en mer”.

A ce jour, une cinquantaine de réfugiés ont été acceptés par les États-Unis en vertu d'un accord négocié avec le président Barack Obama en septembre 2016 et accepté à son corps défendant par Donald Trump. Le traitement des requérants avance à petits pas. Mais le premier ministre australien Malcolm Turnbull n'a pas accepté l'offre renouvelée de la Nouvelle-Zélande d'en prendre 150, que la première ministre récemment élue Jacinta Ardern a réitérée le 5 novembre 2017.

Une décision qui a aggravé la défiance des demandeurs d'asile envers le gouvernement australien, a expliqué sur Facebook le journaliste iranien et détenu Behrouz Boochani, qui a porté l'action en justice pour rétablir les services de base sur l'île de Manus. Il a détaillé les raisons du refus de quitter le centre :

Malgré les conditions [qui y règnent], les gens continuent à dire qu'ils ne quitteront pas le camp-prison tant qu'on ne leur proposera pas la liberté dans un lieu sûr ; qu'ils n'ont commis aucun crime et n'en peuvent plus de rester en prison. Rien que penser au transfert d'une prison à une autre exténue les réfugiés. […] Les réfugiés n'ont aucune raison de faire confiance au gouvernement australien, cela fait plus de quatre ans qu'on leur ment et qu'on les traite sans respect.

M. Boochani a écrit de multiples articles sur la crise pour The Guardian, et a été co-réalisateur et scénariste du documentaire “Chauka Please Tell Us the Time [Chauka dis-nous quelle heure il est]” sur la vie en détention. Il a utilisé son téléphone portable pour enregistrer des scènes de l'intérieur. Le film a été projeté dans un certain nombre de festivals internationaux de cinéma, y compris à Londres :

Boochani n'est pas le seul demandeur d'asile à avoir documenté son séjour. Omar Jack, un réfugié du Darfour (Soudan), tweete régulièrement depuis douze mois depuis le centre de détention :

Le monde combat aujourd'hui le terrorisme, mais le gouvernement australien combat les réfugiés ! Être un réfugié n'est PAS un crime. #ONU #SOS #Manus. 4-5 ans à subir torture et abus.

On le retrouve sur une vidéo publiée cette semaine et montrant des détenus de Manus :

‘Il faut #ÉvacuerManus et #LesAmenerIciDeSuite !’

Pendant ce temps, une frénésie a saisi les médias sociaux d'Australie. Les mots-dièses Twitter #EvacuateManus (Évacuer Manus) et #BringThemHere (Les ramener ici) ne sont que deux parmi de multiples autres. La twitteuse Liz en a utilisé une poignée d'autres dans son appel à la solidarité mondiale :

[Image :
Les réfugiés de l'île Manus privés depuis une semaine déjà de nourriture, eau, électricité, assainissement, médicaments, évacuation médicale
Décision de la Cour de PNG aujourd'hui : elle n'ordonne pas la reprise des services
L'armée de PNG, en armes, déployée autour du camp pour empêcher la livraison par des “Bons Samaritains” de produits vitaux (eau) mais la collectivité est déterminée à ne pas les laisser mourir de faim. Affrontement inévitable
Le gouvernement australien refuse l'offre de la NZ de relocaliser les réfugiés, double la mise, arrestation de protestataires
Le gouvernement australien interdit de visas les journalistes australiens qui informeraient directement de Manus
]

Appel mondial #médias #journalistes @ICIJ [Le consortium de journalistes à l'origine des révélations des Paradise papers] La situation à #Manus se détériore rapidement. Il faut que les médias du monde TÉMOIGNENT MAINTENANT #ManusSOS

Beaucoup de gens sont passés à l'action en Australie. Des rassemblements en série ont eu lieu pendant le premier week-end de novembre :

Flinders Street est coupée en ce moment. Il faut #ÉvacuerManus et #LesAmenerIciDeSuite !

Les protestataires ont même porté leur cause au champ de courses de Flemington pour l'emblématique journée de la Melbourne Cup. L'Alliance des lanceurs d'alerte, militants et citoyens a revendiqué l'action :

Nos grimpeurs sont prêts à redescendre après avoir passé plus de 3 heures et demie au sommet de la grue. Évacuer Manus #JusticePourLesRéfugiés

Un autre militant a stationné une voiture sur la ligne de tramway menant au champ de course :

Héros – Une manifestante pour Manus verbalisée pour avoir perturbé la Melbourne Cup

Le lendemain, des protestataires ont escaladé les bureaux à Perth de la Ministre des Affaires étrangères Julie Bishop :

“Nous sommes désespérément inquiets que si rien n'est fait dans la semaine qui vient, on aura des morts” Évacuer Manus #L'AmourEstLaSolution

Tous les Australiens ne désapprouvent pas la détention offshore. Les travaillistes aujourd'hui dans l'opposition ont mené une politique similaire pendant des années. Si l'opinion publique est polarisée, une majorité plutôt silencieuse paraît soutenir la politique rigoureuse actuelle.

Les commentaires sur le Morning Mail, journal “conservateur, indépendant, patriote” reflètent une part du sentiment anti-réfugiés. Jarrah a réagi à l'article Fauteurs de troubles à Manus :

If they really want to go somewhere, send them back from where they came from, we certainly don’t want them here. They can cry and wail as much as they want, I have no sympathy for them, they have had plenty of warning that this day was coming.

S'ils veulent vraiment aller quelque part, renvoyez-les là d'où ils sont venus, on ne veut certainement pas d'eux ici. Qu'ils pleurent et gémissent autant qu'ils veulent, je n'ai aucune sympathie pour eux, ils ont été largement prévenus que ce jour viendrait.

‘Si vous demandez l'asile à l'Australie, vous allez souffrir’

Le Centre Wheeler de Melbourne, un lieu de débats publics, organise depuis mars 2016 un podcast régulier avec le détenu Abdul Aziz Muhamat, en formats de 30 secondes sur WhatsApp. Aziz, dont le sobriquet est “The Messenger” (le messager) est Soudanais.

Après le refus de la Cour Suprême de Papouasie Nouvelle Guinée de rétablir l'électricité, l'eau et la nourriture au centre de détention, Aziz a soutenu que le gouvernement “envoie un message au monde. Si vous demandez l'asile à l'Australie, vous allez souffrir”.

Et d'expliquer pourquoi les détenus avaient peu d'espoir d'une issue favorable par la justice. “Tout en [Papouasie Nouvelle Guinée] s'est politisé, et surtout notre affaire”. Il a déclaré qu'ils étaient prêts “à mourir dans la dignité”.

Le premier ministre australien Malcolm Turnbull a laissé entendre que les détenus n'ont pas vraiment peur, mais se font manipuler par les activistes et le parti Vert. Là-dessus, l'idée d'Aziz est tout autre :

Je crois sincèrement que chacun de ces hommes … a fait son choix de rester.

L'épisode peut être suivi en entier ici :

Pendant ce temps, l'action la plus récente a enrôlé une autre icône australienne :

Des contestataire escaladent l'Opéra de Sydney pour attirer l'attention sur les réfugiés de l'île Manus [Sur la banderole : ‘L'Australie, leader mondial de la cruauté’]

Pour revenir sur l'île, Behrouz Boochani a publié sur Facebook ce plaidoyer :

Les services de l'immigration viennent d'afficher un avis disant qu'il ne reste que deux jours pour partir. Si vous ne partez pas nous vous emmènerons de force. Nous sommes dans une protestation pacifique depuis plus de 100 jours. Nous montrons une résistance pacifique pour envoyer le message que nous n'allons pas quitter ce camp-prison pour un autre camp-prison, et que nous ne voulons pas vivre en PNG. Nous ne sommes pas venus en PNG par notre propre volonté. L'Australie nous a exilés de force dans ce pays et nous maintient dans ce camp-prison depuis cinq ans bien que nous n'ayons commis aucun crime. Puis elle nous a abandonnés et c'est [son] obligation de droit international d'offrir un asile sécurisé. Ce qu'a fait le gouvernement de PNG est d'essayer de contraindre les gens à vivre en PNG, et il continue à vouloir nous déplacer par la pression et la force dans un autre camp-prison. L'usage de la force est totalement inacceptable. Nous sommes parfaitement pacifiques et même silencieux dans notre protestation quotidienne. Nous ne faisons rien de mal, nous ne faisons que résister pacifiquement. Nous demandons à nouveau la liberté dans un pays tiers.

Hong Kong : l'outrage à l'hymne national pourrait être passible de peines de prison

vendredi 10 novembre 2017 à 13:10

La loi sur l'hymne national susceptible de s’appliquer à Hong Kong. Image de Stand News, usage non commercial

Cet article a été rédigé par Kris Cheng et publié à l'origine le 4 novembre 2017 sur le site d’information Hong Kong Free Press. Une version adaptée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un partenariat avec Global Voices..

Hong Kong est dans le viseur d’une nouvelle loi chinoise qui criminalise le non-respect de l'hymne national.

Le 4 novembre, la cour suprême de Chine a décidé d'insérer cette loi dans l'annexe 3 de la loi fondamentale, la constitution de facto de Hong Kong, une région administrative spéciale jouissant d’une grande autonomie.

D’après cette loi, votée en Chine en septembre et promulguée en octobre 2017, quiconque modifie de façon malveillante les paroles de l'hymne national, “La Marche des Volontaires”, ou alors le joue ou le chante en public de manière déformée ou irrespectueuse, peut être détenu pendant une période pouvant aller jusqu'à 15 jours, et même être tenu pénalement responsable.

Peu de temps après la promulgation de la nouvelle loi, le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (APN) a amendé la loi pénale du pays afin d’y inclure des sanctions pénales de violation de la loi. Ces sanctions vont de la suppression des droits politiques à l'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans en passant par la surveillance publique et la détention criminelle.

Le gouvernement de Hong Kong a déclaré qu'il mettrait en application la décision de l'APN en  se basant sur la législation locale. Il a aussi indiqué qu'il se basera sur la loi sur le drapeau et les emblèmes nationaux, qui prévoit également une peine maximale de trois ans de prison.

Cette nouvelle loi intervient  après que les supporters de football de Hong Kong ont à plusieurs reprises, depuis 2015, hué l’hymne  national chinois, une manière de montrer leur hostilité envers Pékin pour avoir renforcé son contrôle sur Hong Kong.

Effet rétroactif ?

Le gouvernement local de Hong Kong ne dit pas si la version locale de la loi aura un effet rétroactif.

Pour Rita Fan, membre du Comité permanent de l'APN, il faut que Hong Kong fasse appliquer la loi immédiatement après sa présentation à la législature afin d’empêcher tout acte “irrespectueux”  pendant les débats publics. Le conseiller exécutif Ronny Tong a de son côté prévenu de ce que, juridiquement, les autorités peuvent appliquer la loi avant son adoption par le parlement local:

Je conseille aux gens de Hong Kong de ne pas tester la loi, parce que si elle se trouve en annexe III, théoriquement parlant, comme je l'ai dit, ces actes seront déjà considérés comme illégaux.

Le secrétaire aux affaires constitutionnelles et continentales, Patrick Nip, a déclaré que le gouvernement consultera la législature et le peuple au moment d’adopter la nouvelle loi au niveau local.

Le gouvernement a exprimé sa position dans une déclaration datée du 4 novembre : «Au cours du processus législatif, le gouvernement [de la région administrative spéciale de Hong Kong] prendra pleinement en considération l’opinion du peuple ainsi que celle des membres du Conseil législatif ».

La semaine dernière, le président du comité de la loi fondamentale, Li Fei,  a déclaré que les Hongkongais vont devoir se lever lorsque l'hymne résonne sur les hippodromes de Happy Valley et de Sha Tin. Il a également fait savoir qu'il sera désormais obligatoire de chanter l'hymne national dans les écoles primaires et secondaires.

“Les gens respecteront cette loi par peur et non pas par respect.”

L'opinion publique est divisée. Les pro-Pékin estiment que la loi permet le respect du peuple chinois.

Cependant, David Tang du secteur judiciaire a écrit sur le portail d'information citoyen Stand News que le respect devrait se mériter :

英文那句 “earn someone's respect” 我真的喜歡得很。

立法禁止大眾侮辱國歌,難度不大,人家怕了,只好聽你的。但要別人打從心底尊重你?什麼國歌法也沒有用,迫不來的。你要别人尊重,就要先問問自己,做了什麼來贏得別人的尊重。…

以改善民生來換取大眾對政權的支持,是北京三十年來的國策,但在香港卻倒行逆施,只一味靠惡,迫人家尊重。Why?因為北京缺乏自信,只能依重無能但信得過的人?還是多少有種「抵佢死」的心態,覺得香港在英國底下威水了那麼久,現在老子當家了,就是不讓你有好日子過才高興?

J'aime l'expression anglaise “earn someone's respect” «gagner le respect de quelqu'un».

Il est facile d'adopter une loi et d'empêcher le public d'insulter l'hymne national. Les gens la respecteront par peur, et non pas par respect. La loi sur l'hymne ne peut pas forcer le respect des gens. Si vous voulez qu’on vous respecte, demandez-vous ce que vous avez fait pour gagner le respect des autres …

Ces 30 dernières années, Pékin a adopté la politique d'amélioration des moyens de subsistance pour gagner le respect.  Mais dans le cas de Hong Kong, il utilise la tactique des menaces et force les gens à le respecter. Pourquoi ? Est-ce parce que Pékin manque de confiance et ne peut compter que sur des personnes en qui il peut avoir confiance? Ou est-ce parce qu’il est jaloux de l'excellente performance de Hong Kong du temps de la domination coloniale britannique et maintenant heureux de voir Hong Kong souffrir ?

Éducation patriotique

Selon le dissident politique Lau Shan Ching, la loi sur l'hymne national ne consiste pas juste à punir ce qui est considéré comme irrespectueux, mais aussi à introduire l'éducation patriotique dans les écoles primaires et secondaires. La loi précise que les écoles doivent enseigner l'hymne national et l'intégrer dans le programme d'éducation patriotique.

Mais, nombreux sont ceux qui pensent que si les écoles doivent enseigner l'hymne national, elles doivent également enseigner la biographie de Tian Han, le parolier de l'hymne national. Tian Han était un militant anti-impérialiste et anti-féodal du Mouvement du 4 mai 1919. Sa vie a été une source d'embarras pour le Parti communiste chinois à une époque où ce révolutionnaire de première génération était torturé à mort pendant la Révolution culturelle.

Le leader d'opinion Ng Chi Sum a publié la biographie de Tian sur le média citoyen inmediahk.net afin de  montrer que les actes les plus outrageants orchestrés sur l'hymne national ont été commis par le PCC :

文化大革命期間,田漢被扣上「資產階級反動學術權威」的帽子,鬥倒批臭,受盡折磨侮辱,兒子更公開宣布與他劃清界線。田漢在囚室一樣的醫院病房中度過生命最後的歲月,死時身邊一個親人都沒有,更有記載說,為防泄露死者身分,用了假名。

田漢被打倒,反動學術權威的歌詞當然不能再唱,之後曾經出現民間改編版本:「起來!忠於毛主席的紅衛兵,把我們的血肉,築成中國的反修長城!」其後又有官方修改的版本:「高舉毛澤東旗幟前進!前進!前進!進!」直至1982,才恢復《義勇軍進行曲》的舊詞,並正式寫進憲法,成為中華人民共和國國歌。

Pendant la révolution culturelle, Tian Han a été qualifié d’autorité académique réactionnaire de la classe capitaliste ” puis insulté et torturé. Son fils a dû le défier ouvertement. Il a été emprisonné dans une chambre d'hôpital sans qu'aucun membre de sa famille ne l'assiste à sa mort. D’après certains documents non officiels, il était enregistré sous un pseudonyme pour empêcher le public d'apprendre sa mort.

Tian Han a été retourné et bien sûr, les gens ne pouvaient pas chanter les paroles réactionnaires de la Marche des Volontaires. On a changé les paroles en: “Debout ! Les gardes rouges fidèles au président Mao. Utilisez notre sang et notre chair pour construire la Grande Muraille de Chine contre le révisionnisme “. Plus tard, les paroles officiellement éditées ont été rendues publiques: ” Nous ferons flotter bien haut le drapeau de Mao Zedong en avant, en avant, en avant”. Ce n’est qu’en 1982 que les ancienes paroles de la Marche des Volontaires ont été restaurées et inscrites dans la Constitution comme hymne national.

En septembre, la biographie de Tian Han a été supprimée du site Web du Bureau de l’Éducation de Hong Kong lorsque la loi sur l'hymne national a été adoptée à Pékin, puisque la vie du parolier de l'hymne national est trop sensible pour être incluse dans le programme d'éducation patriotique.

Khazar Fatemi, la journaliste suédoise à la recherche de l'Afghanistan qu'elle a fui.

vendredi 10 novembre 2017 à 10:14

Arrêt sur image du documentaire « Where My Heart Beats ». Version publiée sur Vimeo par Khazar Fatemi.

À première vue, le talent et la beauté de Khazar Fatemi, une journaliste suédoise de premier plan, lui donne un certain air d'insouciance. Néanmoins ses sacrifices personnels et ses combats qui prennent racines dans son histoire familiale refont surface avec une formidable force dans son documentaire intitulé Where My Heart Beats (« Là où bat mon coeur ») filmé en Afghanistan.

Fatemi est née en 1983. Sa famille a déménagé en Suède alors qu'elle avait huit ans, après que ses parents – tous deux engagés dans la résistance kurde contre le régime Iranien – ont fui la violence grandissante de leur pays adoptif, l'Afghanistan.

À cette époque, les moudjahidines étaient parvenus à repousser l'invasion soviétique pour ensuite sombrer dans une spirale de conflits internes. Fatemi ressentira par la suite une nostalgie très forte envers Kaboul, où elle a grandi, ainsi qu'un sentiment de culpabilité pour avoir réussi à échapper aux guerres sanglantes du pays, contrairement à beaucoup de ses amis.

Where My Heart Beats raconte l'histoire du retour de Fatemi dans une Kaboul radicalement différente, entre le rire et les larmes et avec une authenticité qui a permis au film d'acquérir une renommée internationale dans des festivals comme l’IDFA et le Raindance Film Festival.

Son périple a été à la fois celui d'une journaliste – afin de témoigner de la transformation du pays – et celui d'une personne à la recherche de l'entourage de son enfance. Cependant, la recherche la plus importante de toutes, celle de sa meilleure amie, s'est avérée compliquée. Elle n'est jamais parvenue à savoir ce qui lui était arrivée.

Global Voices a récemment rencontré Fatemi et a engagé un dialogue qui a touché à tous les sujets : des difficultés d'intégration en Europe pour les personnes nées dans des pays majoritairement musulmans, de son enfance, et du passé et présent agités de l'Afghanistan.

Nevena Borisova (NB) : Comment décririez-vous le fait d'être une femme moderne dont l'identité est enracinée dans une société fortement traditionnelle ?

Khazar Fatemi (KF): The reason my family fled Iran during the 1980s was that they wanted to keep the freedom their parents have given to them, despite their own religious background […] My grandparents were Muslims but still believed that everyone has the right to make their own choice of life and beliefs. So, for me it is important to use the freedom my parents fought so hard for, including [their struggle] against the regime, which left them with no choice but to leave their home. For 35 years they have not been able to go back.

The biggest challenge for me is not that I am coming from a traditional society. For me it has been Swedish society, which keeps questioning me because of my foreign name the way I look. I have had to work ten times harder to prove myself, despite the fact that I know Swedish perfectly. God knows what my mom has gone through because of her accent.

Khazar Fatemi (KF) : La raison pour laquelle ma famille a fui l'Iran dans les années 1980 est qu'ils désiraient conserver la liberté que leurs parents leur avaient donnée, en dépit de leur propre éducation religieuse […] Mes grand-parents étaient musulmans mais considéraient malgré tout que chacun avait le droit de prendre ses propres décisions quant à sa vie et ses croyances. Il est donc important pour moi de profiter de cette liberté pour laquelle mes parents se sont tant battus, y compris [leur lutte] contre le régime, qui ne leur a laissé d'autre choix que de quitter leur foyer. Cela fait maintenant 35 ans qu'ils n'ont pas pu y retourner.

Le plus gros défi pour moi n'est pas que je vienne d'une société tradionnelle. Pour moi, c'est la société suédoise, qui ne cesse de me remettre en question à cause de mon nom étranger et de mon apparence. J'ai dû travailler dix fois plus dur pour faire mes preuves, bien que je maîtrise parfaitement le suédois. Dieu sait ce que ma mère a traversé à cause de son accent.

Arrêt sur image du documentaire « Where My Heart Beats ». Version publiée sur Vimeo par Khazar Fatemi.

NB : Vous expliquez dans le documentaire que lors des déplacements de votre équipe à Kaboul, il y avait des mesures de sécurité régulières comme des contrôles de bombes, etc. Comment avez-vous géré la peur ?

The fear is always there, but one still can travel under control. I have tried my best to work with people that have the knowledge of security but they also know the local society, culture, tradition and religion. We tried not to leave the car unwatched and we also tried as often as we could to travel low key profile. We did not stay too long and we even changed our car from day to day when it was possible. At the same time, no one has ever taken so much care of me [as my team]. Even when I got sick, they treated me so well. I'm their guest, they kept saying.

KF : La peur est toujours présente, mais on peut quand même se déplacer sous contrôle. J'ai fait de mon mieux pour travailler avec des gens qui connaissaient à la fois les dispositifs de sécurités ainsi que la société, la culture, la religion et les coutumes locales. Nous essayions de ne pas laisser la voiture sans surveillance et nous essayions aussi souvent que possible de voyager en faisant profil bas. Nous n'y sommes pas restés trop longtemps et nous changions de voiture chaque jour si c'était possible. Par ailleurs, personne n'a jamais pris autant soin de moi [que mon équipe]. Même quand je suis tombée malade, ils m'ont si bien traitée. Ils ne cessaient de dire que j'étais leur invitée.

NB : La manière dont le documentaire est tourné le rend très authentique, chaque émotion y est saisie. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez eu l'idée de le réaliser et comment vous avez procédé ?

KF: When you make a documentary, you know what you want. However, we never had a script, so we just let the camera roll and hoped for the best. I kept asking myself what had happened to those who didn't have the chance to flee when the war came. I wondered what had happened to my best friend Marim, to my teachers, to the baker in the neighborhood. So, I had all these questions that I needed to find answers to. Maybe I wanted to ease my own guilt which kept growing the older I got. I had always known I would go back at any chance, so why not document it? So I talked to my media outlet and asked if I could borrow technical equipment.

I have learned that if you just listen to what people say, you will understand that they have amazing, heartbreaking, but inspiring and empowering stories to tell.

KF : Lorsque l'on fait un documentaire, on sait ce que l'on veut. En revanche, nous n'avions pas de scénario donc nous laissions la caméra tourner et espérions que tout se passe pour le mieux. Je ne cessais de me demander ce qui était arrivé à ceux qui n'ont pas eu la chance de fuir lorsque la guerre a éclaté. Je me demandais ce qui était arrivé à ma meilleure amie Marim, à mes professeurs, au boulanger du quartier. J'avais donc toutes ces questions auxquelles je me devais de répondre. Peut-être que je voulais soulager mon sentiment de culpabilité qui ne cessait de croître avec l'âge. J'ai toujours su que j'y retournerais à la moindre chance, alors pourquoi ne pas le documenter ? J'ai donc parlé à mon entreprise et demandé si je pouvais emprunter du matériel technique.

J'ai appris que lorsque l'on écoute ce que les gens ont à dire, on comprend qu'ils ont des histoires incroyables à raconter, certaines qui fendent le coeur et d'autres qui inspirent et rendent plus fort.

NB : Dans le documentaire, il paraît clair que la sécurité et la pauvreté n'ont fait qu'empirer au cours des dernières années. Pensez-vous cependant que les Afghans ont changé ? Sont-ils aussi déterminés que jamais ?

KF: The worst was the hopelessness, especially among men. Many times it felt that women were braver. Many of them continue studying, even if they know that the society won’t let them in, when it comes to time to actually work.

The young men I talked with wanted to leave the country, they didn't see any future for themselves. The elders keep living with the corrupt system and the so called “leaders” and [believe] foreigners only come to Afghanistan to serve their own interests. This lack of trust and disappointment has grown every time I returned. When I was there in 2008, Kabul was safe and we even traveled with a car on roads, whereas today it is totally impossible to travel. Now, even Kabul has become very unsafe. For me as a journalist it means it is more difficult to gain the trust of those I interview, to get close and to understand them. The good thing is that I see how the young generation which got the chance to get an education has really done well. One can find hope there, especially among young women, even though they are fighting two wars — one a physical war, with poverty and the insecurity, the other in terms of their own society, family, tradition, culture…

KF : Le pire, c'était le désespoir, surtout chez les hommes. Souvent, les femmes semblaient plus courageuses. Beaucoup d'entre elles poursuivent leurs études alors même qu'elle savent que la société ne les laissera pas travailler une fois le temps venu.

Les jeunes hommes à qui j'ai parlé voulaient quitter le pays, ils n'y voient aucun avenir pour eux-mêmes. Les ancients continuent de vivre avec le système corrompu et les soit-disants « leaders » et étrangers ne viennent en Afghanistan que pour servir leurs intérêts personnels. Le manque de confiance et la déception se sont accrus à chacune de mes visites. Quand j'y étais en 2008, Kaboul était sûr et on se déplaçait même en voiture sur les routes, alors que maintenant il est tout à fait impossible de voyager. Même Kaboul est devenu très dangereux. Pour moi, en tant que journaliste, cela signifie qu'il me devient de plus en plus difficile de gagner la confiance de ceux que j'interviewe, de les approcher et de les comprendre. Ce qui est bien, c'est que je vois que la jeune génération qui a eu la chance d'étudier s'est bien débrouillée. On peut y trouver de l'espoir, surtout chez les jeunes femmes, même si elles mènent deux guerres – l'une physique, avec de la pauvreté et de l'insécurité, et l'autre en ce qui concerne la société, la famille, la tradition et la culture.

Arrêt sur image du documentaire « Where My Heart Beats ». Version publiée sur Vimeo par Khazar Fatemi.

NB : Vous êtes-vous parfois sentie visée en tant que femme au cours de la réalisation du documentaire ?

KF: I haven’t noticed this so much, because they still treated me as a foreigner. But I can say that taking a walk around the neighborhood, going to the bazaar by myself, even if I almost managed to fit into the crowd, it would still have been much easier if I was a man. I have also noticed that women didn’t feel comfortable to be interviewed in front of the camera. […] Attitudes about women have only grown harder. I think I got away with that, because I am regarded as a foreigner.

KF : Je ne m'en suis pas vraiment rendu compte car ils me traitaient comme une étrangère. Mais je peux dire que d'aller se promener dans le quartier, d'aller au bazar toute seule, même si je parvenais plus ou moins à me fondre dans la foule, aurait quand même été plus facile si j'avais été un homme. J'ai aussi remarqué que les femmes n'étaient pas à l'aise pour répondre aux questions face à la caméra. […] Les comportements envers les femmes n'ont fait que se durcir. Je pense y avoir échappé parce qu'ils me voyaient comme une étrangère.

NB : Êtes-vous aussi nostalgique de l'Iran ? Que pensez-vous de l'état actuel de la société civile sur place ?

KF: No, I don’t have any nostalgia feeling, but would love to go back one day.

KF : Non, je ne suis pas nostalgique, mais j'adorerais y retourner un jour.

NB: Cheryl Benard, une chercheuse de RAND Corporation a fait remarquer que les jeunes Afghans (plutôt que les générations plus âgées d'Afghans et les jeunes d'autres pays) ont des difficultés à s'intégrer dans la société suite à leur migration vers l'Europe. Est-ce juste ?

KF: I don’t know about such a phenomenon, What I know from studies made here in Sweden is that Afghans are doing very well. They learn Swedish much faster than other groups. Of course when maybe 80% of the youth that come here [from other countries] are from Afghanistan, [it is no surprise] that when crimes are committed by migrants, most of them turn out to be from Afghanistan. But as I mentioned, we are talking about people who value education and have managed to learn the language and integrate into society faster than other groups, as one study I know has shown.

KF : Je ne sais rien d'un tel phénomène. Ce que je sais d'études menées ici en Suède, c'est que les Afghans se débrouillent très bien. Ils apprennent le suédois beaucoup plus rapidement que les autres groupes. Bien entendu quand 80 % de la jeunesse qui vient ici [en provenance d'autres pays] est d'Afghanistan, [il n'est pas surprenant que] lorsque des crimes sont commis par des migrants, la plupart d'entre eux s'avèrent être afghans. Mais comme je l'ai déjà fait remarquer, il s'agit là de personnes qui attachent de l'importance à l'éducation et qui réussissent à apprendre la langue et à s'intégrer dans la société plus rapidement que les autres groupes, comme l'a montré une étude que j'ai lue.

Audrey Azoulay succède à une autre femme à la tête de l'UNESCO

vendredi 10 novembre 2017 à 09:37

 

Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication par Didier Plowly CC-BY-3.0

C'est donc Mme Audrey Azoulay ancienne ministre française de la culture que les 58 membres du Conseil exécutif de l’UNESCO vont soumettre aux 195 Etats membres de l’Organisation le 10 novembre 2017. Elle était confrontée à neuf autres concurrents.

Le verdict en sa faveur n'est arrivé qu'au 5e tour avec 30 voix pour elle et 28 pour son concurent Hamad bin Abdulaziz Al Kawari du Qatar.  Formellement elle ne sera élue que le 10 novembre 2017, avec l'approbation par la conférence générale des 195 États membres.

La succession d'une femme à une autre femme à la tête d'une des plus grosses agences des Nations Unies est sans précédent. C'est ce qui s'est passé à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), où la française Mme Audrey Azoulay va remplacer la bulgare Mme Irina Gueorguieva Bokova qui a terminé son deuxième mandat comme Directrice generale. Le fait mérite d'être souligné.

Des 8 candidats, l'ancienne ministre française de la culture était la plus jeune et, logiquement celle qui avait le moins d'expérience du travail dans les organisations internationales ou dans la diplomatie de son pays. En outre,  comme sa prédécesseur était une femme, son élection n'était pas acquise d'avance.

Amina Benlhasen a retracé son parcours académique et professionnel pour le site d'actualités marocain MAP. Elle la présente ainsi:

A son actif, Audrey Azoulay peut se prévaloir d’un pedigree “diversité” en or. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une grand-mère marocaine séfarade, un père conseiller du Roi du Maroc et une mère écrivaine qui, vivant entre Paris et Rabat, ont su créer un pont entre les deux rives de la Méditerranée, écrit également d’elle le “Journal du Dimanche”.

De par sa diversité, la richesse de son vécu et sa foi en les valeurs de dialogue et de multiculturalité dans lesquelles elle a puisée depuis sa tendre enfance, Audrey Azoulay réunit, à ne pas en douter, toutes les qualités qui lui permettront durant son mandat, comme elle s’y est engagée, de redonner toute sa place à l’UNESCO et de restaurer la confiance en cette institution et de placer l’éducation et la Culture au  coeur de la gouvernance mondiale.

Pour en arriver là Mme Audrey Azoulay a dû surmonter de nombreux obstacles. Avant tout, comme Anissa Hégly le  rappelle sur oumma.com, qu'en avalisant la candidature de Mme Azoulay, c'est un impair diplomatique que l'ancien Président français, François Hollande, laissait en héritage à son successeur, brisant une règle tacite dans le choix des responsables des organisations internationales qui veut qu'un ressortissant d'un pays où se trouve le siège d'une d'entre elles ne soit pas nommé au plus haut niveau. Elle révèle aussi que:

L’annonce de la candidature d’Audrey Azoulay a fait l’effet d’une petite bombe dans les milieux feutrés de la Diplomatie et de la Culture. Une situation gênante pour le Quai d’Orsay, car il était à peu près entendu depuis de nombreuses années dans les différentes chancelleries que le prochain Secrétaire général de l’organisation devait être issu d’un pays arabe. En effet, durant ses 72 ans d’existence, l’UNESCO a vu à sa tête 10 présidents, dont 7 venaient d’Europe ou d’Amérique du Nord. Il faut savoir que les pays membres de l’UNESCO sont divisés en six groupes, chacun représentant une zone culturelle et géographique donnée. Le premier groupe auquel appartient la France a obtenu six fois le poste de Directeur général, et chaque autre groupe une fois, à l’exception… des pays arabes…

Un impair diplomatique d’autant plus grave qu’en voulant trouver un parachutage en or pour son ancienne ministre, François Hollande a aussi brisé une règle tacite des organisations internationales : un pays où siège l’une de ces institutions ne propose pas de candidat à sa tête. Une forme de courtoisie pour assurer une neutralité maximale et pour éviter qu’un Suisse siège à l’OMC, un Italien à la FAO… ou un Français à l’UNESCO. Les ennuis s’accumulent pour les fonctionnaires du Quai d’Orsay, contraints de devoir défendre une candidature qui horripile la plupart de nos partenaires.

Cette victoire, inattendue selon plusieurs observateurs, a été rendue possible, grâce à la discorde au sein du groupe des états arabes, due aux relations diplomatiques difficiles du Qatar avec voisins. Parmi les 58 membres du Conseil Exécutif de l’organisation il y a sept représentants arabes, à savoir l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, le Qatar, Oman et le Soudan.  Khaled Elraz explique pour afrik.com:

Lors de l’ultime tour d’un scrutin très serré entamé lundi…Audrey Azoulay a reçu le soutien de l’Egypte, dont la candidate avait été éliminée sur la dernière ligne droite, contre le candidat du Qatar, qui faisait la course en tête depuis le début. Mais le Qatar était loin de faire l’unanimité du monde arabe, d’autant plus que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec lui en juin dernier. La candidate française d’origine marocaine, fille d’Essaouira, était idéalement désignée pour battre un candidat qatari, en rupture de ban dans le monde arabe.

La bataille a cependant été âpre pour prendre le leadership d’une organisation déjà fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, et à laquelle les Etats-Unis et Israël avaient porté “un coup dur” avec l’annonce jeudi de leur départ, selon la directrice générale sortante de l’organisation, la Bulgare Irina Bokova…

Un problème auquel Audrey Azoulay saura sans nul doute répondre : car elle est issue d’une famille marocaine, issue d’une terre dont le souverain musulman est commandeur des croyants, musulmans aussi bien que juifs.

D'autre part, l'Ambassadeur Qatari, Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari, avait  tenu des attitudes dans le passé que le Centre Simon Wiesenthal avait dénoncées à la veille de l'élection. Pierre-Alain Lévy se demande sur le site online WUKALI, sur les arts et la culture, se demande:

Quelle est donc la stratégie du Quatar, et quelle mouche a piqué leurs dirigeants pour avoir désigné comme candidat au poste de directeur-général de l’Unesco monsieur al-Kawari ? Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, tout est dit, pourquoi alors un tel candidat, Le Centre Simon Wiesenthal avait pourtant à plusieurs reprises alerté l’opinion sur les propos inquiétants de l’Ambassadeur al-Kawari, notamment ses propos furieusement antisémites tenus lors du salon du Livre de Doha et sur ses écrits. On aurait pu souhaiter que pour une telle responsabilité à ce poste éminent Doha fût plus circonspect sur ses choix… Par ailleurs dans les semaines qui précédèrent le vote, le Quatar avait multiplié les pressions et les invitations généreuses auprès de délégués, ce qui n’avait pas manqué de susciter pour le moins l’irritation de certains. En outre la stratégie diplomatique du Quatar manque (en termes diplomatiques) de lisibilité.

Malgré cette polémique autour de sa candidature et son élection, on ne peut que souhaiter bonne chance à la première Mme Audrey Azoulay qui succède à une autre femme à la tête d'une des majeures institutions spécialisées des Nations unies et qu'elle puisse redorer le prestige de cette importante institution dont l'utilité n'est pas à démontrer.

 

 

VIDEO : Un court documentaire raconte l'histoire des films d'horreur japonais

jeudi 9 novembre 2017 à 19:25
onibaba

Arrêt sur image du film de 1964 Onibaba. Source : YouTube.

Pour tous ceux qui sont intéressés par les films d'horreur japonais, la chaîne YouTube Cent ans de cinéma se penche sur ce genre dans un documentaire de quinze minutes.

“Une petite histoire du film d'horreur japonais” passe en revue l'horreur dans la culture japonaise à travers les âges, depuis ses racines dans les histoires folkloriques au théâtre traditionnel kabuki [fr].

Cette vidéo mentionne de nombreux classiques du cinéma d'horreur japonais, dont les productions de l'âge d'or du cinéma japonais des années cinquante et soixante “Kaidan” et “Onibaba“, mais également des films marquants contemporains comme “Tetsuo : l'homme de fer” et “Ring“.

La chaîne offre d'autres courts documentaires, comme “Comment Metropolis a changé la façon dont nous envisageons le futur“, “L'invention du cinéma (1888-1914)” et “Ce que les films sur une main possédée nous disent sur nos peurs“.

Pour en apprendre plus sur le sujet, consultez par exemple “So You Want to Read Japanese Horror: Here’s Where to Start” [Vous voulez donc lire plus d'horreur japonaise : voici par où commencer] de Feliza Casano sur Unbound Worlds, un site internet dédié à la littérature de science-fiction et fantasy.