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Otages et rançons : quelle politique pour la France ?

lundi 29 avril 2013 à 09:40

Environ trois mois après la décision de François Hollande de stopper le versement de rançons aux preneurs d’otage, la famille des Moulin-Fournier a été enfin libérée, un immense soulagement pour leurs familles et amis. Cependant, il n’ en reste qu'aucune information à ce jour n'est venue éclairer les conditions de cette libération.

Mi-janvier, le président de la république François Hollande a fait savoir à l’ensemble des familles de citoyens français à travers le monde que la France allait dorénavant suivre une politique refusant toute transaction financière avec les détenteurs d’otages. Autrement dit, le temps des rançons est terminé.

Un changement déjà envisagé sous l’ère Sarkozy car le versement de rançon attise la convoitise des kidnappeurs. Abdoulaye Bah sur Global Voices notait en 2010 que:

Plus de 90% du financement des groupes terroristes proviennent de paiement de rançons. [..] Tant que les pays occidentaux paient pour libérer leurs otages, les groupes terroristes garnissaient leurs «comptes».

C’est la crise au Mali qui a accéléré le processus. Désormais, les agents des services de renseignements vont être tenus d’adapter leurs méthodes de négociation. Il s’agit d’une décision en rupture avec les techniques françaises qui prévalaient jusqu’ici. Le modèle adopté est plutôt celui des pays anglo-saxons.

Quelle différence avec les pays anglo-saxons ?

Bernard Kouchner rappelle les différentes approches sur la résolution des prises d'otages:

On oppose souvent un modèle français qui paie et un modèle anglo-saxon qui ne paie pas mais les choses ne sont pas si claires que cela, chaque affaire d'otage est unique et plus complexe qu'on ne le croit.

 

A la différence des pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis) où il est en effet clairement spécifié aux citoyens que la politique gouvernementale ne prévoit aucune espèce de concessions à l’égard des individus ou des groupes preneurs d’otages, la France ne précisait aucunement sa politique en la matière dans ses documents officiels. Elle mettait simplement en garde contre les enlèvements.

François Hollande a donc opéré un changement radical en énonçant clairement le refus français de céder aux demandes de rançon. Mais l'opacité de la dernière libération des otages au Cameroun laisse penser que la situation est plus compliquée.

Quid de la libération des Moulin-Fournier ?

La famille d’otages français enlevés le 19 février au Cameroun et revendiqués par Boko Haram, groupe terroriste nigérian a été libérée le 19 avril. « La France a-t-elle payé une rançon à Boko Haram? » interrogeait Slate Afrique au lendemain de leur libération:

Des questions qui se posent avec d’autant plus d’acuité que l’on se souvient des revendications de Boko Haram, lorsque la secte nigériane a confirmé être l’auteur de l’enlèvement de cette famille française, dans la localité de Dabanga, dans l’extrême-nord du Cameroun, le 19 février dernier

L'article remarque aussi la discrétion du gouvernement camerounais et français dans cette affaire.


(Vidéo de l'arrivée des otages suite à leurs libérations via zoominwal)

L’Elysée a réaffirmé ne pas avoir enfreint ses résolutions de non versement de rançon. Les membres de Boko Haram avaient notamment fait savoir, dans une vidéo publiée le 25 février, qu’ils souhaitaient la libération de membres de leurs familles « emprisonnés au Nigeria et au Cameroun. Le gouvernement nigérian a intercédé. Mais les détails des négociations n’ont pas été révélés.

De leur coté, les Moulin-Fournier se contentent de raconter leur dure expérience aux médias dans les locaux du cabinet de communication de crise Vae Solis et ne laissent filtrer aucune information concernant les conditions de leur libération.  La question reste donc entière.

Brésil : Une marche des jeunes pour la paix à Fortaleza

dimanche 28 avril 2013 à 21:44

Des centaines de personnes ont défilé lors d'une marche pour la paix dans les rues du quartier de Canindezinho à Fortaleza [seconde ville du Nordeste brésilien] pour dénoncer à la fois les assassinats parmi la jeunesse, les mesures visant à la réduire celle-ci à néant  et les fragilités des infrastructures dans cette région connue sous le nom de Grande Bom Jardim couvrant cinq quartiers. En début d'après-midi du 18 avril 2013, sur la place de Canindezinho se sont rassemblés des jeunes, des étudiants, des professeurs, des responsables des différentes communautés, des artistes et des sympathisants. Quelques uns, arrivés plus tôt, ont confectionné leurs pancartes sur les bancs de la place, et d'autres y ont apporté leurs banderoles : ils voulaient parler de la jeunesse, de la paix et de la vie. En guise d'hommage, certains d'entre eux portaient des t-shirts arborant la photo de voisins ou de proches assassinés.

Une banderole pose la question : "Combien de jeunes devront encore mourir avant que la société et l'État ne réagissent ?". Une autre porte le titre "Manifeste pour la paix". Photo de Icaro Martins, publiée sur Facebook.

Une banderole pose la question : “Combien de jeunes devront encore mourir avant que la société et l'État ne réagissent ?”. Une autre porte le titre “Manifeste pour la paix”. Photo de Icaro Martins, publiée sur Facebook.

La marche a été organisée par le groupe des Jeunes Agents de la Paix (Jovens Agentes de Paz – JAP), un projet du Centre de Défense de la Vie – Herbert de Souza qui repose sur le partenariat avec les écoles, les associations communautaires, les organisations non-gouvernementales et les groupes artistiques et religieux. Selon les organisateurs, 1.500 personnes ont participé à la marche.

Donner de la voix pour défendre la vie

Marche pour la paix du Grande Bom Jardim. Image diffusée sur la page Face du projet Jovens Agentes de Paz.

Marche pour la paix du Grande Bom Jardim. Image diffusée sur la page Face du projet Jovens Agentes de Paz / Jeunes Agents de la paix.

D'après la lettre ouverte de la marche intitulée “Contre la violence de l'État et l'extermination annoncée : faisons entendre notre voix pour défendre la vie !” et en lecture sur le site du Centre de Défense de la vie – Herbert de Souza, 491 morts entre 2007 et 2010 au Grande Bom Jardim sont liées à la violence. Toujours selon cette lettre, ce chiffre comprend 186 jeunes de 15 et 29 ans, morts entre 2007 et 2009 ; pour la seule année 2012, 166 personnes ont été assassinées dans la région. Pour rapporter ces données à un rapport de grandeur, ces cinq quartiers comprennent 204 281 personnes, dont 120 957 de moins de 30 ans, selon le recensement de 2010 de l'Institut brésilien de géographie et de statistiques (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística – IBGE [en français]). Pour les organisateurs de cette marche, nombreux sont les combats à mener contre la “chaîne de violations” [des droits de l'enfant], comme celui contre l'analphabétisme (la lettre indique que plus de 9 611 enfants, adolescents et jeunes adultes, sur une fourchette de 5 à 24 ans, ne savent ni lire ni écrire), la lutte contre les maladies résultantes de conditions sanitaires et d'infrastructures inappropriées et la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs, garçons et filles. La lettre, remise aux personnes en présence et distribuée dans la rue, adressait aussi une critique au débat concernant la baisse de l'âge de la majorité pénale au Brésil, fixée à 18 ans :

Et comme si la terrible situation en cours ne suffisait pas, les jeunes doivent dorénavant porter eux-mêmes la responsabilité de la violence croissante au Brésil, dans un processus de criminalisation de la jeunesse, s'articulant avec l'augmentation consécutive de l'incarcération des jeunes et le combat des milieux réactionnaires exigeant la diminution de la majorité pénale [à 16 ans, voire 14 ou 12 ans]. Ils ont même à subir jour et nuit la brusquerie des contrôles policiers et un traitement [médiatique] de la même teneur par les chaines de télévision dont les grilles comprennent des émissions policières criminalisant les pauvres et stigmatisant les quartiers.

Le groupe de percussion du projet Luthieria Cultural joue au beau milieu du défilé. Photo publiée sur Facebook via le profil du collectif Crítica Radical.

Le groupe de percussion du projet Luthieria Cultural joue au beau milieu du défilé. Photo publiée sur Facebook via le profil du collectif Crítica Radical.

Un des jeunes participants, Icaro Martins a suivi l'événement de près, muni de son appareil photo, et a créé un album sur Facebook afin de diffuser les photos de la marche.

Des citoyens portent la banderole "La jeunesse osant lutter vient avec nous marcher - La jeunesse a le droit de vivre". Photo publiée par Icaro Martins sur Facebook.

Des citoyens portent la banderole “La jeunesse osant lutter vient avec nous marcher – La jeunesse a le droit de vivre”. Photo publiée par Icaro Martins sur Facebook.

Défiler pour la paix

Le 16 mars 2013, les enfants et les jeunes du projet Luthieria Cultural ont aussi participé à un cortège pour la paix dans le parc São Vicente, situé dans le quartier de Canindezinho. Le projet Luthieria est une “initiative artistique, ludique et éducative” visant à “diminuer les situations de violence présentes dans le quartier” par le biais de la musique à percussion et de formations [des jeunes].

Peinture murale pendant le cortège : "Unissons nos mains pour la paix". Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Peinture murale pendant le cortège : “Unissons nos mains pour la paix”. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Des participants au projet jouent des percussions au parc São Vicente, dans le quartier de Canindezinho. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Des participants au projet jouent des percussions au parc São Vicente, dans le quartier de Canindezinho. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Plusieurs projets conduits dans ces endroits se sont appliqués à faire face aux situations de violences parmi les jeunes du Grande Bom Jardim. Pour Jair Soares, coordinateur du projet Luthieria, les actions culturelles constituent une issue importante :

Notre objectif principal a été de rappeler que les actions culturelles du quartier représentent un leviers de solution face aux situations d'inégalité et de violence que connaissent les banlieues de Fortaleza.

Un dessinateur brésilien provoque une “manifestation de baisers”

dimanche 28 avril 2013 à 18:48
Mockup by Leonardo Maciel. Charges by Laerte/ Proféticos/ Vida de Suporte/Os Levados da Breca/Nabunda Nada/RyotIras/Peixe Aquático/Juventude Perigosa/WIll Tirando/Tiras da Jeh/Talco e Show/O Diário de Virgínia/Chairim/Mulher de 30/Mentirinhas/Como EuRealmente.../Tirinhas do Zé/Esboçais/ Clara Gavilan/Lobo Limão/Maurício Rett/ Meus Nervos!/Sapo Brothers (CC BY 3.0)

Montage de Leonardo Maciel. Crédits complets sur le blog  de Solon Maia. (CC BY 3.0)

Des dessins de personnes s'embrassant ont fait le tour de Facebook, des blogs et de Twitter au Brésil, sous les hashtags #beijaço (manifester en s'embrassant) et#Laerte. Les dessins de Laerte publiés sur le quotidien Folha de São Paulo ont provoqué une “manifestation de baisers” contre le prédicateur homophobe Marco Feliciano, récemment élu [en français] à la tête du comité des droits humains du Brésil.

Le bien-être animal au programme scolaire des écoles de Singapour

dimanche 28 avril 2013 à 17:48

Une bonne nouvelle pour les amoureux des animaux. Le ministère de l’Éducation de Singapour a confirmé que le bien-être animal sera inclus dans le nouveau programme scolaire des élèves du primaire et du secondaire, dans les leçons d’ ‘Éducation du caractère et de la citoyenneté’.

La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux a applaudi l'introduction du bien-être animal dans le programme scolaire :

Nous ne pouvons pas souligner suffisamment l'importance de ces changements dans le programme scolaire alors que nous éduquons la prochaine génération de jeunes filles et garçons pour en faire des citoyens respectables et responsables, vivant dans la gentillesse et faisant preuve de compassion envers les animaux et les autres êtres humains. C'est le pas en avant que nous espérions !

A rabbit grooming workshop conducted by the Society for the Prevention of Cruelty to Animals

Un atelier de toilettage des lapins dirigé par la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux

Kwan Jin Yao, auteur pour le « Breakfast Network », reconnait l'importance d'enseigner le bien-être animal dans les écoles :

Les horribles cas de maltraitance, de cruauté et d'abandon des animaux à Singapour, bien qu'anecdotiques, signalent que nous devons faire preuve d'un plus grand respect envers les animaux – et il vaux mieux commencer jeune.

Le fait d'apprendre à être bienveillant envers les animaux peut susciter un sentiment de responsabilité car les jeunes enfants impressionnables font alors preuve de plus d'empathie et montrent qu'ils se soucient des autres. La compassion peut être nourrie, alors qu'ils apprennent comment se comporter et à vivre avec.

Sur Facebook, René Ser explique comment cette réforme va bénéficier à la société :

C'est une grande nouvelle. En plus de l'excellence académique, nous encourageons nos jeunes à apprendre le respect des autres êtres vivants car le monde n'est pas exclusivement fait d'êtres humains. L'écosystème se constitue de beaucoup de plantes et d'animaux et en apprenant à aimer les animaux, nous apprenons à aimer la terre. En prenant une vue d'ensemble, ceci représente un bienfait incontestable pour la société et notre écosystème.

Alycia Lynch partage la bonne nouvelle avec sa fille :

Ma fille de 12 ans sera ravie d'apprendre cela car elle m'a dit que le bien-être animal devrait faire parti de tous les programme scolaires afin que les enfants grandissent dans le respect des animaux.

Zeus IsCute pense qu'on devrait aussi enseigner aux parents le bien-être animal :

Honnêtement, je ne sais pas comment les enfants vont apprendre si ce sont les parents qui ont besoin d'être éduqués.

TrashOut : une application pour dénoncer les décharges d'ordures illégales en Russie

dimanche 28 avril 2013 à 16:19

Une nouvelle application pour l'environnement a été lancée [russe] en Russie. Baptisée  ”TrashOut“, il s'agit d'une application liée à une carte interactive des décharges d'ordures illégales, qui permet de les localiser sur une carte.

Cette application gratuite (iOS et Android), déjà disponible dans d'autres langues, est maintenant disponible en russe grâce à un partenariat entre TrashOut et Emerald Planet [russe]. Cette collaboration permet à la Russie de se joindre à une initiative mondiale pour l'environnement. 

Elena Sharoykina, écologiste et fondatrice de Emerald Planet [russe], explique :

Интерфейс приложения TrashOut

TrashOut – более чем актуальное приложение для России, ведь в нашей стране ситуация с твердыми бытовыми отходами (ТБО) катастрофическая: более 90% мусора вывозится на свалки, по оценкам Росприроднадзора, их на сегодняшний день более 35 000, абсолютное большинство из них являются несанкционированными. Все это наносит непоправимый ущерб окружающей среде и здоровью россиян. С помощью приложения TrashOut и активных россиян мы узнаем о реальных местах расположения как крупных, так и небольших несанкционированных свалок. А самое главное — наглядно продемонстрируем властям и всем россиянам масштабы проблемы и потребуем экстренных мер для устранения конкретных свалок. Символично, что это приложение стало доступно россиянам в Год охраны окружающей среды.

TrashOut ne pouvait pas arriver à un meilleur moment pour la Russie. Notre pays est dans une situation catastrophique pour ce qui est des déchets ménagers solides :  Rosprirodnadzor [une agence fédérale de protection de l'environnement] estime que plus de  90% des ordures finissent en décharges qui seraient au nombre de 35 000 en Russie – la grande majorité illégales. Tout cela cause des dégâts irréparables à l'environnement et à la santé des Russes. Avec l'aide de l'application TrashOut et quelques militants actifs de la communauté, nous découvrirons la véritable localisation de ces décharges illégales, petites ou grandes. Et, plus important que tout, nous apporterons la preuve de la gravité de ce problème aux autorités et aux Russes et nous demanderons des mesures d'urgence pour fermer certaines décharges. C'est symbolique, mais l'application est disponible en Russie durant l'Année de l'environnement.

Le printemps est la saison durant laquelle ont lieu traditionnellement en Russie des subbotniks [journées de nettoyage organisées par des volontaires] et des initiatives communales de ramassages des ordures. L'initiative de Emerald Planet plaira à ceux qui prennent part à ces opérations de nettoyage, et aux Russes de façon plus large.

Pour prendre part à la cartographie des décharges d'ordures illégales, vous devez : 

  1. Installer l'application sur votre téléphone mobile. L'application est disponible pour iPhone et Android.
  2. Géolocaliser la décharge sur la carte. Si vous trouvez une décharge illégale, prenez une photo avec l'application, sélectionnez sa taille estimée et le type de déchets qu'elle contient majoritairement, et un nouveau marqueur apparaîtra sur la carte des décharges. L'application déterminera automatiquement la géolocalisation. 

Pour télécharger l'application :

Les données de la carte interactive peuvent être utilisées pour planifier la fermeture des décharges illégales, dans le cadre de programmes entrepris par les instances du gouvernement chargées de l'environnement et les associations. 

L'application TrashOut a été développée par de jeunes écologistes de Slovaquie, qui ont décidé de créer un outil efficace afin de pouvoir identifier, localiser, photographier et mettre à jour les lieux exacts des décharges illégales sur une carte, via un téléphone mobile. Début 2013, l'application TrashOut s'est placée parmi les finalistes de la Coupe européenne de la meilleure application pour téléphone mobile (European AppCup).

Cet article a a été écrit [russe] par Yekaterian Izmestyeva. L'article original [russe] peut être trouvé sur le site de Teplitsa, consacré à la technologie à but social.