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Le dernier scandale de corruption en Grèce dévoilé grâce à une enquête du FBI

dimanche 11 février 2018 à 21:23

Corruption Image : Pixabay, CC0.

Depuis quelques semaines, le climat politique est de plus en plus houleux en Grèce. Au départ, une grande partie des événements politiques actuels tournaient autour de la résurgence du débat national sur la querelle autour du nom de la Macédoine, mais la tempête qui vient d'éclater a été déclenchée par un scandale financier impliquant le géant pharmaceutique Novartis et des accusations de corruption contre des responsables politiques.

Le 6 février 2018, le Parlement a été informé d'allégations contre l'entreprise pharmaceutique multinationale Novartis, émanant de témoins anonymes de l'affaire. D'après les faits les plus anciennement connus, il y a des indices de “pots-de-vin” totalisant jusqu'à 50 millions d'euros et impliquant dix personnalités politiques de haut rang des précédents gouvernements grecs au milieu d'une trentaine de secrétaires généraux, conseillers politiques et anciens directeurs de ministères. Les pertes pour l'Etat grec sont évaluées à plus de 3 milliards d'euros pour la période 2000-2015.

Le scandale est d'ores et déjà surnommé “bombe d'1 mégatonne“. Le ministre de la Justice Stavros Kontonis en parle comme du “plus gros scandale depuis la création de l'Etat grec moderne“, dépassant même l’affaire Siemens, un scandale de corruption et de pots-de-vin concernant l'achat de marchés publics de systèmes de sécurité dans les années 1990.

Novartis et l'enquête actuelle

Tour Novartis à Bâle, en Suisse. Wikimedia Commons, CC BY 2.0

La multinationale de la santé Novartis, qui a son siège en Suisse, est l'épicentre d'une enquête mondiale sur de supposés versements illégaux à des fonctionnaires étatiques ayant conduit à des pratiques anti-concurrentielles et assis sa position dominante sur le marché mondial.

Depuis 2014, la Securities and Exchange Commission (S.E.C.) des Etats-Unis (l'organisme de contrôle boursier) et le FBI enquêtent et découvrent de nombreuses malversations  dans l'entreprise — qui seraient également à l'oeuvre en Grèce. Ces pratiques incluent des pots-de-vin versés à des hommes politiques, à des fonctionnaires relevant du Ministère de la Santé, à des médecins et à du personnel hospitalier. Les médecins pousseraient et prescriraient les produits Novartis parfois plus coûteux que ceux de la concurrence.

Comme l'ont souligné plusieurs médias ces derniers jours :

[…] η Ελλάδα είναι χώρα ειδικού ενδιαφέροντος για την Novartis, αφού η τιμή ενός προϊόντος στην Ελλάδα, θα επηρέαζε την τιμή του διεθνώς. Έτσι, μια αύξηση 10 σεντ στην Ελλάδα, υπολογίζεται ότι μπορεί να μεταφράζεται σε κέρδη 25 εκατομμυρίων για την εταιρεία.

La Grèce est un pays qui a un intérêt particulier pour Novartis : le prix d'un produit en Grèce va influer sur son prix mondial. Une augmentation de 10 cents en Grèce va apporter un bénéfice de 25 millions à la firme.

Novartis a eu un rôle essentiel dans le développement de médicaments ophthalmologiques et oncologiques pour les malades du cancer ainsi que d'un grand nombre de vaccins contre le virus de la grippe H1N1, avec un gain financier conséquent pour la multinationale. Comme l’indiquait un article de 2009 du portail d'informations Euro2Day :

Η μετοχή της εταιρίας καταγράφει αυτήν την ώρα άνοδο της τάξης του 3,16%.

Les actions de l'entreprise enregistrent actuellement une hausse de 3,16  %.

Sur Twitter, NikosBovolos feint de s'étonner :

Qui aurait imaginé voir des scandales dans le secteur de la santé, quand [l'ex-ministre de la Santé et aujourd'hui mis en cause] M. Avramopoulos a commandé 16 millions de vaccins pour un pays avec une population de 10 millions ?

Réactions sur la scèe politique grecque

Lorsque l'information sur ce nouveau scandale a atteint la presse, les médias sociaux ont commencé à être noyés sous les réactions, les commentaires et les mèmes des internautes, sous les mots-dièses #novartis ou #Novartis_gate. Il y a aussi eu des réactions hors-ligne de la part des personnalités politiques mises en cause elles-mêmes.

Parmi les premières interrogations soulevées autour de la crédibilité de ce dernier épisode, il y avait le choix opportun de son moment. Les dépositions de témoins protégés anonymes ont été données en novembre dernier, et la dernière date du 4 février, à l'apogée des “discussions sur le nom de la Macédoine”. L'information sur le scandale a pris de l'ampleur à peu près au même moment que se tenait à Athènes un rassemblement de masse protestant contre l'utilisation du nom “Macédoine” comme appellation officielle de la ‘FYROM’ (Ancienne république yougoslave de Macédoine) voisine. Alors que l'actuel scandale domine les grands titres, certains se disent que ce pourrait être une tactique pour distraire de cette affaire politique pressante touchant le pouvoir actuel :

Voyez comment les priorités et les titres de l'actualité se déplacent, et le rassemblement s'évanouit purement et simplement

Un[e affaire] “Novartis” par jour évite à [l'affaire] “Macédoine” tout recours

Vous pouvez mettre au jour 100 [affaires]Novartis, la Macédoine est UNE et est grecque

De plus, un enjeu crucial pour le procureur anti-corruption est de préserver l'anonymat des témoins protégés — deux hommes et une femme — qui auraient fait état de craintes pour leur vie. Non sans raisons.

L'un des hommes politiques grecs mis en cause, Evangelos Venizelos, ancien Vice-premier ministre et titulaire de divers ministères pour le parti PASOK, a demandé que la protection des témoins soit levée pour que tout un chacun puisse les poursuivre en justice pour diffamation ou parjure. Par la suite, il a tenu des propos interprétés par beaucoup comme des menaces contre les témoins.

Evangelos Venizelos sur les témoins du scandale Novartis : “…pauvres gens, ils croient qu'ils seront protégés pour toujours”.

Peut-être la phrase la plus vile proférée par un politicien au 21ème siècle. Et la concurrence ne manque pas…

Marios Salmas, ancien ministre-adjoint à la Santé du parti Nouvelle Démocratie, lui aussi accusé d'avoir reçu des paiements illégaux de Novartis, est apparu en direct à la télévision et a également menacé de punir les témoins protégés de l'affaire. Selon la vidéo figurant sur un article du portail d'information Tribune, il enfonce le clou :

[…]Σας λέω ένα πράγμα οι μάρτυρες αυτοί που κατέθεσαν εδώ –ας τους άλλαξαν ταυτότητα- θα βρεθούν και θα τιμωρηθούν. Είναι μικρή η Ελλάδα.

Je dis une seule chose. Ces témoins qui ont déposé ici — même s'ils obtiennent de nouvelles identités — ils seront retrouvés et seront châtiés. La Grèce est petite.

Sur Twitter, @Kyria_Katy déplore profondément :

Je vis dans un pays où un ex-ministre de la Santé à l'audace remarquable menace des témoins protégés en direct à la télévision.

Et @Paralogistis de s'exclamer :

La Grèce, seul pays de la planète où ceux qui sont jugés sont les témoins.

[Sur l'image] :
Scandale Novartis.
Ev. Venizelos : Les témoins croient-ils qu'ils seront protégés pour toujours ?
M. Salmas : Les témoins protégés seront trouvés et punis !

Un débat public s'est aussi ouvert pour savoir si les allégations émanant des témoignages avaient un fondement, ou n'étaient qu'une tentative de ternir des personnalités politiques de premier plan des deux partis d'opposition précédemment au pouvoir, PASOK et Nouvelle Démocratie, comme le note le quotidien allemand Handelsblatt.

Les dix personnalités politiques, deux ex-Premiers ministres et huit ex-ministres suposés impliqués dans le scandale, ont dénoncé les accusations à leur encontre. Certains d'entre eux ont même brandi la menace de procès, traitant l'affaire de “ciblage politique” et de “harcèlement”. L'ex-Premier ministre Antonis Samaras a déclaré qu'il allait porter plainte contre le Premier ministre actuel Alexis Tsipras et contre Dimitris Papaggelopoulos, ex-directeur général du Service national de renseignement et actuel Ministre de la Justice.

Un autre député accusé, Adonis Georgiadis, ex-Ministre de la Santé du parti Nouvelle Démocratie, connu pour ses déclarations polémiques, a dit sa conviction que le scandale est entièrement “monté et dirigé” par le ministre suppléant de la santé Pavlos Polakis, implicitement traité d'agent du FBI.

M. Polakis a lui-même répondu sur sa page Facebook avec un mème comique reçu d'internautes :

Adonis, tu as raison !!!! Je viens même de recevoir ma carte professionnelle !!!!
Haha, je suis mort de rire, on m'a envoyé ça il y a peu !!!

L'argument pricipal contre les accusations dans cette affaire est que les coupables présumés prétendent ne pouvoir passer en justice pour cause de presciption.

Il faut être gonflé pour tweeter un article de presse disant que les délits du scandale Novartis – commis pendant votre mandat de ministre – sont prescrits ! Comme s'il avait jamais eu un honneur et l'avait perdu !

Est-ce possible que la ligne officielle de défense du parti Nouvelle Démocratie dans le #Novartis_Gate se centre sur la possibilité d'une prescription des délits ? Sérieusement ?

Ce scandale se déroule peu à peu et secoue la scène politique et sociale grecque. Mais des doutes existent sur la question de savoir s'il en sortira des résultats réels, car beaucoup pensent au maivais bilan de la Grèce en matière de traitement judiciaire “réel” dans des affaires similaires. Attendons les rebondissements des prochains jours et mois pour le savoir.

Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang 2018: Record de participation d'athlètes africains

dimanche 11 février 2018 à 15:59

Nigeria made her presence felt during the colourful opening ceremony of the 2018 winter Olympics Games- Public Domain

La présence de pays africains aux Jeux olympiques d'hiver est toujours un petit événement. En 1960,  seule l'Afrique du sud de l'apartheid était présente à des JO. C'était aux VIIIe Jeux olympiques d'hiver de Squaw Valley aux États-Unis.

Aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang 2018, qui ont démarré le 9 février, les huit pays africains suivants sont représentés par au moins 1 athlète. L’Afrique du Sud, l’Erythrée, le Ghana, le Kenya, Madagascar, le Maroc, le Nigeria et le Togo ont envoyé au moins un(e) athlète aux Jeux olympiques d’hiver 2018 (9 au 25 février à Pyeongchang). Au total, il y a treize athlètes.

Les sports d'hiver ne sont pas le foot, les problèmes pour les pratiquer sont plus nombreux. Ce qui explique que la majorité des sportifs africains évoluent ailleurs, loin des pays qu'ils sont sensés représenter.

Carole KOUASSI passe en revue quelques uns de ces problèmes qui vont de la création de fédérations pour leurs disciplines à la recherche de financement :

Une fierté pour le continent qui n‘éclipse cependant pas les difficultés auxquelles les athlètes africains, notamment subsahariens, ont fait ou feront face. En premier lieu, les températures glaciales des pays qui abritent ces jeux, aux antipodes de celles rencontrées en Afrique subsaharienne. Conséquences, la majorité des athlètes représentant le continent sont nés ou ont été formés hors de l’Afrique.

Une année de grandes premières

Autre difficulté, le manque de financement. Le cas de l‘équipe nigériane de bobsleigh est le plus patent. Les trois jeunes dames qui composent cette équipe, ont dû lever une collecte de fonds pour payer leurs séances d’entraînement et leurs équipements.

Avant elles, des sportifs africains ont dû faire face aux mêmes obstacles. En 1984, le Sénégalais Lamine Guèye, le premier Africain noir à participer aux Jeux olympiques d’hiver, a créé la fédération sénégalaise de ski et, plus récemment, Robel Teklemariam a créé la fédération éthiopienne de ski avant de faire ses débuts aux JO d’hiver 2006.

Toutefois, comme le souligne qz.com pour certains de ces sportifs, il ne s'agit pas d'une première participation:

While Mathilde-Amivi Petitjean and Adam Lamhamedi are veterans of sorts having represented Togo and Morocco respectively at the 2014 games in Sochi, Russia, at this year’s games, a number of African athletes will be history makers just by being there. Akwasi Frimpong will become the first Ghanaian to compete in Skeleton while Sabrina Simader and Mialitiana Clerc will become the first women to represent Kenya and Madagascar respectively. Nigeria’s bobsled team will also become the first Africans to participate in the sport at the games.

But there’s a bigger record up for grabs for all 13 African athletes in Pyeongchang, South Korea: becoming the first African to win a Winter Olympics medal.

Alors que Mathilde-Amivi Petitjean et Adam Lamhamedi sont des vétérans qui ont représenté respectivement le Togo et le Maroc aux Jeux de 2014 à Sotchi, en Russie, plusieurs athlètes africains seront des faiseurs de l'histoire par leur simple participation. Akwasi Frimpong deviendra le premier Ghanéen à participer à Skeleton tandis que Sabrina Simader et Mialitiana Clerc deviendront les premières femmes à représenter respectivement le Kenya et Madagascar. L'équipe de bobsleigh du Nigéria deviendra également le premier Africain à participer au sport aux jeux.

Mais il y a une médaille plus importante pour les 13 athlètes africains à Pyeongchang, en Corée du Sud: devenir le premier Africain à remporter une médaille olympique d'hiver.

individuellement, expliquant comment ils ont pu se retrouver là représentant des pays que certains ne connaissent que peu et remarque que:

Certains de ces athlètes pratiquent des sports inconnus dans le pays qu’ils représentent. Nombre d’entre eux sont nés et/ou ont grandi à l’étranger, sous des latitudes plus propices aux sports d’hiver, et ont choisi de participer à ces Jeux, pour certains en passant simplement d’un drapeau à un autre, pour d’autres en redécouvrant leurs racines…

Seun Adigun, Ngozi Onwumere et Akuoma Omeoga, toutes trois américano-nigérianes, participeront à l’épreuve de bobsleigh à deux. Née à Chicago, Adigun était déjà présente pour le 100 m haies des Jeux d’été 2012 à Londres. Avec Onwumere, originaire de Dallas, et Omeoga, du Minnesota, elles forment la toute première équipe africaine de l’histoire du bobsleigh olympique.

Simidele Adeagbo, participera à l’épreuve féminine de skeleton. Née à Toronto de parents nigérians et ayant vécu au Nigeria pendant son enfance, Adeagbo a mis à profit son expérience de coureuse pour participer, il y a seulement trois mois, à la première course de skeleton de sa vie et se qualifier à 36 ans dans l’équipe olympique nigériane.

Le cas de Alessia Afi Dipol est assez particulier, la seconde représentante togolaise. Elle est née le 1er aout 1995 Pieve di Cadore, un village de 4 000 habitants, une commune de la province de Belluno dans la région Vénétie en Italie. Avant de représenter le Togo dans le slalom géant féminin, elle a été affiliée à la Fédération italienne des sports d'hiver et à la Fédération indienne de ski. A  l'âge de 18 ans aux JO de Solchi, elle avait réussi à se classe 53ème et elle avait été aussi le porte-drapeau de son pays d'adoption.

Elle explique comment elle a pu devenir togolaise:

Mon père a une usine de vêtements de sport au Togo. Il tient à cette nation et je suis fière de l’opportunité que j’ai de concourir pour le Togo », a-t-elle confié. « Même si je suis née en Italie, que j’y vis et m’y entraîne, je serai désormais toujours avec le Togo, qui est comme une famille d’adoption.

Dans un message qu'elle a publié, en janvier 2018, sur son blog, alessiadipol.altervista.org, elle ne cache pas son enthousiasme et l'attachement aux couleurs du pays qu'elle représente à ces JO:

Ragazzi manca sempre meno alle Olimpiadiiiiii!!!!!! Noi del Team Togo ci stiamo preparando al meglio per questo super appuntamento!!! Dobbiamo sistemare ancora delle cose e poi siamo prontissimi per vivere questa magnifica avventura!! E voi come vi state preparando??

Les amis, il manque de moins en moins de temps pour les JOOOOO!!!!!! Nous de l'équipe togolaise nous préparons au mieux pour cette super rencontre !!! Nous devons encore arranger des choses et nous sommes prêts à vivre cette merveilleuse aventure !! Et comment vous préparez-vous?

Souhaitons donc bonne chance et bons jeux à tous les athlètes.

Netizen Report : les médias indépendants mis à mal par des cyber-attaques en Azerbaïdjan et aux Philippines

samedi 10 février 2018 à 21:42

“Hacker”, Preiser Project via Flickr. (CC BY 2.0)

Le rapport Advox Netizen offre un aperçu international des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de droits Internet à travers le monde.

Depuis les piratages informatiques de niveau 1:1 aux offensives DDoS (par déni de service distribué), les attaques techniques sont devenues un moyen de plus en plus courant de faire taire les voix critiques s’élevant sur internet. Deux exemples de ces pratiques d’intimidation ont été relevés ces dernières semaines en Azerbaïdjan et aux Philippines.

Le site d’information indépendant Meydan TV a fait partie des cibles visées lors d'une vague d'attaques [tous les liens sont en anglais sauf mention contraire] lancées à l'encontre des dissidents azerbaïdjanais et de leurs soutiens via leurs sites internet, pages Facebook et comptes e-mail. Meydan TV, qui a couvert quotidiennement l’actualité politique et les mouvements sociaux (malgré des risques clairement identifiés), a ainsi vu son compte Facebook piraté, ce qui a entraîné la perte de l’équivalent d’un an de publications et de 100 000 abonnés.

Ces attaques semblent faire partie d’une vaste campagne de répression de la contestation en ligne à l’approche des élections présidentielles anticipées du 11 avril. D’autres mesures de ce type avaient été prises en toute légalité, par voie d’amendements, en 2017 et conduit au blocage par le gouvernement de plusieurs sites internet, dont Meydan TV et les sites d’information indépendants Azadliq, Radio Azatliq, Turan TV et Azerbaijan Hour, pour des raisons de “sécurité nationale”.

A des milliers de kilomètres, aux Philippines, c'est le site indépendant Kodao qui subit une puissante attaque. Au 10 février, son accès était bloqué depuis plus d’une semaine. L’Union nationale des journalistes des Philippines (NUJP) a condamné l’attaque et fait savoir qu’elle consiste en une “injection de code” à l’encontre du site WordPress de Kodao qui empêche l’équipe comme les techniciens de se connecter.

Evoquant la récente tentative du gouvernement Duterte de faire retirer sa licence à Rappler, autre site d’information indépendant connu, le NUJP a affirmé “considérer ces attaques comme faisant partie des actions menées par le gouvernement Duterte pour réduire au silence les médias critiques, à l’image de ses tentatives renouvelées de faire disparaître Rappler, ainsi que pour menacer d’autres organes d’information et diverses voix dissidentes”.

Un blogueur koweïtien condamné à 31 ans de prison pour avoir “insulté” les pays du Golfe

Bien qu’actuellement exilé au Royaume-Uni, le Koweïtien Abdullah al-Saleh a été reconnu coupable par contumace par une cour de son pays, de multiples accusations d’insultes mises en ligne à l’encontre des Emirats arabes unis, du Bahreïn et de l’Arabie saoudite. Il a été condamné à plusieurs peines de prison représentant un total de 31 années. Blogueur bien connu, Al-Saleh est également YouTubeur et s’exprime sur les réseaux sociaux, son compte Twitter comptant plus de 106 000 abonnés. Parmi ses nombreux commentaires politiques, Al-Saleh a ouvertement critiqué le blocus du Qatar orchestré par les Saoudiens.

Une journaliste de la BBC expulsée de Papouasie, en Indonésie, pour un tweet

La correspondante de la BBC en Indonésie Rebecca Henschke s’est vue sommée de quitter la province indonésienne isolée de Papouasie, suite aux déclarations de responsables militaires affirmant qu’un de ses tweets avait “blessé les membres de la TNI (l’armée indonésienne)”. Henschke réalisait un reportage sur une importante épidémie de rougeole et de varicelle, qui avait déjà tué au moins 61 enfants de Papousie. Le tweet incriminé, retiré depuis par la journaliste, laissait planer le doute quant à la qualité de la nourriture distribuée par l’armée indonésienne aux enfants souffrant de malnutrition.

L’Egypte bloque l’AMP de Google, occasionnant de nouvelles difficultés pour les sites indépendants d’information

Développée par Google, la technologie open source AMP (pour Pages Mobiles Accélérées) est inaccessible en Egypte depuis le 2 février. Véritable aubaine pour les médias en ligne indépendants égyptiens, ce projet leur permettait de pouvoir fonctionner depuis l’intérieur du pays et de ne plus être automatiquement bloqués. Tout comme d’autres petits sites internet égyptiens, le média en ligne et partenaire de Global Voices Mada Masr utilisait la plate-forme depuis que son site avait été complètement bloqué en mai 2017.

Les législateurs du Honduras s’attaquent aux discours haineux en ligne

Les législateurs du Honduras travaillent actuellement à une loi [en espagnol] permettant de réglementer la diffusion en ligne des discours de haine, insultes, menaces et autres incitations à la violence. Celle-ci imposerait aux plates-formes privées telles que Facebook et Twitter de déterminer si tel ou tel contenu a un caractère offensant ou pas. Les entreprises ne respectant pas les règles se verront infliger des sanctions financières. Dans une analyse critique [en espagnol] de la loi, menée pour l’ONG chilienne Derechos Digitales, l’expert Juan Carlos Lara explique :

La regulación de las expresiones en línea en Honduras se produce en un contexto político álgido, de riesgo para la libertad de prensa, y un reciente proceso electoral marcado por las protestas y la violencia, donde las redes sociales digitales fueron quizás un factor importante en la movilización social.

La réglementation de l’expression en ligne au Honduras s’inscrit dans un moment charnière de la vie politique du pays, alors que la liberté de la presse est menacée et que les dernières élections ont été ponctuées de manifestations et marquées par la violence [en espagnol], les réseaux sociaux ayant joué un rôle clé dans la mobilisation sociale.

En Chine, une entreprise d’Etat va contrôler les données de l’iCloud d’Apple

L’iCloud d’Apple passera sous le contrôle, le 28 février, de Guizhou-Cloud Big Data (GCBD), une société appartenant au gouvernement provincial de Guizhou. Malgré le fait qu’Apple assure que de très sérieuses mesures de sécurité et de protection des données privées ont été mises en place, et qu’“aucune porte dérobée ne pourra permettre de pénétrer [leurs] systèmes”, GCBD aura bel et bien accès aux données de tous les utilisateurs – y compris au contenu de leur communications – du fait d’une clause récemment ajoutée à l’accord que tout utilisateur d’iCloud en Chine est obligé d'accepter.

Reporters Sans Frontières conseille vivement [en français] aux journalistes et blogueurs de quitter l’iCloud en Chine. L’organisation de défense de la liberté de la presse a fait part de son inquiétude quant à la menace sur la sécurité des journalistes et de leurs données personnelles que pose cette nouvelle configuration.

YouTube met en place des vignettes pour identifier la propagande d’Etat

YouTube a annoncé son intention de commencer à identifier par un système de vignettes les contenus mis en ligne par les gouvernements ou par des sources d’information et d’actualité sponsorisées par un Etat. Sur son blog, l’entreprise explique : “Notre but est de fournir aux utilisateurs de nouvelles informations leur permettant de mieux comprendre la provenance des contenus qu’ils choisissent de regarder sur YouTube.” Au tout début, cette fonctionnalité ne sera disponible qu’aux Etats-Unis.

Facebook fait breveter un calculateur de statut socio-économique

Des chercheurs ont révélé la semaine dernière que Facebook avait fait protéger par un brevet un procédé technique permettant de mesurer efficacement le statut socio-économique d’une personne. Il s’agit de valoriser des données telles que le fait d’être propriétaire d’un logement, les voyages effectués, le niveau d’éducation, ce qui va permettre, notamment, d’élargir encore la stratégie de publicité ciblée développée par Facebook.

Des choses sympathiques se produisent encore

La ville espagnole de Barcelone a annoncé son intention de remplacer toutes les applications Microsoft des ordinateurs utilisés par son administration par des alternatives open source. Cette année, 70 % du budget informatique de la ville sera dédié au développement de logiciels open source.

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Des fichiers top secret du gouvernement australien vendus accidentellement dans un meuble de classement

samedi 10 février 2018 à 15:43
The Australian Cabinet in session

Le gouvernement australien en réunion. Crédit photo: David Foote, AUSPIC/DPS (CC BY-NC-ND 3.0 AU) & Top Secret (Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0)

Tous les liens associés à cet article renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Comme le dit l’expression, cela ne s’invente pas. Des documents classifiés de cinq gouvernements australiens couvrant près de 10 années ont été accidentellement vendus avec deux meubles-classeurs fermés à clé dans une boutique d’occasion. La plupart de ces documents étaient « top secret » ou « AUSTEO » (Australian Eyes Only – visible seulement par les Australiens).

La société de radio-télédiffusion australienne (ABC) les a récupérés et a publié le contenu de quelques-uns de ces documents en ligne, mais en conservant par-devers elle les autres pour des raisons de sécurité nationale. L’agence de sécurité et de renseignements d’Australie (ASIO) a depuis récupéré les documents officiels suite à un accord entre le cabinet du Premier Ministre et du gouvernement et ABC. L’accord permet de protéger l’identité de la source qui a acheté les meubles-classeurs.

Nombreux sont ceux sur les média sociaux à être stupéfaits par cette étrange brèche de sécurité :

Je ne peux que rire devant l’incompétence du Gouvernement Australien. C’est comme dans un feuilleton.

Un journaliste peut-il vérifier si l’on s’est précipité pour acheter d’anciens meubles-classeurs du gouvernement à Canberra pendant les dernières heures – particulièrement de la part de ressortissants étrangers…

Vous vous moquez de moi ? Toutes ces fuites du gouvernement proviennent en réalité d’un meuble-classeur vendu lors d’une vente aux enchères du gouvernement. Quel est l’intérêt de lois draconiennes de sécurité alors que vous donnez les trucs vous-mêmes ?

Les dossiers n’ont pas seulement provoqué des moqueries. L’ancien Premier Ministre Kevin Rudd poursuit ABC pour avoir diffusé l’un des documents qui avertissait de « risques critiques » concernant un programme controversé d’isolation de logements durant la crise financière mondiale de 2009. Quatre jeunes installateurs travaillant à ce projet sont morts dans des accidents séparés par électrocution ou hyperthermie. Rudd prétend que le document faisait référence à des questions financières, et non de sécurité.

Le procès intenté par Rudd a aussi soulevé sa part de critiques :

Maintenant K. Rudd poursuit abcnews pour son article sur les fuites du gouvernement. On dirait qu'il n'a juste pas apprécié le fait que cette information devienne publique. Il a piqué sa crise.

Un autre document sensible concerne un audit de la police fédérale australienne révélant qu'elle aurait apparemment perdu 400 fichiers de la Commission nationale de sécurité du gouvernement (NSC) entre 2008 et 2013. La police fédérale a répondu publiquement, déclarant que le document n'était pas à jour et que le nombre final des fichiers non retrouvés n'était que de 33.

Aucun des dossiers manquants ne se trouvait dans le coup de filet d'ABC. “Ces documents ont été détruits, mais il n'y a aucune preuve officielle prouvant leur destruction”, a déclaré l'agence de police dans un communiqué de presse.

Un utilisateur de Twitter nommé “Dave The Happy Singer” a apprécié cette situation ironiqu e:

Ce que je préfère dans cet épisode de perte de dossiers du gouvernement dans un meuble-classeur d'occasion, c'est que l'un d'entre eux concerne la perte d'autres dossiers du gouvernement.

‘La gravité de ce scénario ne peut pas être surestimée.’

Chris Duckett, éditeur de ZDNet et TechRepublic Australia, a déclaré sobrement :

The gravity of this scenario cannot be overstated. These are some of the most secret documents that the Australian government creates, usually locked up for 20 years before being released to the public due to their sensitively and to put a bit of time between the actors and their actions, yet here they were, up for sale in suburban Canberra.

La gravité de ce scénario ne peut pas être surestimée. Certains de ces documents sont parmi les plus secrets que le gouvernement australien ait créés, normalement mis sous clés pendant 20 ans avant d'être divulgués au public en raison de leur caractère sensible et pour mettre un certain délai entre les acteurs et leurs actions, et malgré tout ils se trouvaient à vendre dans la banlieue de Canberra.

Noely a rejoint sur Twitter le groupe de ceux qui sont inquiets pour la sécurité des informations que le gouvernement collecte sur ses citoyens :

Ai-je bien compris ?
Le gouvernement et la police fédérale veulent tous les deux s'emparer de nos données autant qu'ils veulent, sans aucune supervision, mais ils ne peuvent même pas garder leur propre merde en sécurité ? Nous sommes foutus.

Des inquiétudes ont aussi été émises sur la confiance que peuvent avoir les alliés de l'Australie sur la capacité du pays à garder un secret. Defence Connect, un site d'information sur la Défense, a fait remarquer :

The ABC has said one file contained highly classified documents that revealed insights into the National Security Committee, which is charged with decisions related to intelligence and security.

When pressed by media in Adelaide, Defence Industry Minister Christopher Pyne refused to comment on what the revelations will mean for Australia's relationships with key allies.

ABC a déclaré que l'un des fichiers contenait des documents hautement confidentiels qui donnaient des indications sur la Commission National de Sécurité, responsable des décisions relatives au renseignement et à la sécurité.
Pressé par les média à Adélaïde, le Ministre de la Défense Christopher Pyne a refusé de commenter les impacts de ces révélations sur les relations qu'a l'Australie avec ses alliés essentiels.

Sur The Conversation, site d'analyse des actualités, le professeur Patrick Weller a étudié l'importance de la confidentialité pour le gouvernement en vue d’ une bonne prise de décision:

Cabinet government requires confidentiality. Ministers have to be able to discuss alternative options to solve the problems they must manage. They have to able to express opinions and probe proposals.

[…] We still need to balance a legitimate desire for transparency with the need for free and thoughtful debate (or rather, the possibility of thoughtful debate).

Le gouvernement exige de la confidentialité. Les ministres doivent être capables de discuter des options alternatives pour résoudre les problèmes qu'ils ont à gérer. Ils doivent être capables d'exprimer leurs opinions et de sonder les propositions.
[…] Nous avons toujours besoin d'un équilibre entre le désir légitime de transparence et le besoin d'un débat libre et réfléchi (ou plutôt, la possibilité d'un débat réfléchi).

Malgré ces tentatives d'analyses rationnlles, l'humour n'a cessé de dominer les réactions en ligne :

Le gouvernement fédéral s'est réuni aujourd'hui pour discuter des mesures de sécurité des documents classifiés. Le Premier Ministre a alors déclaré que les décisions allaient rester confidentielles et il a ensuite arrosé d'eau les journalistes avec la fausse fleur qu'il portait à sa boutonnière.

Cependant, le Premier Ministre Malcolm Turnbull ne sera sûrement pas enclin à plaisanter sur les futures fuites du gouvernement après sa prémonition involontaire plus tôt dans la semaine :

Avec le recul, cela paraît une vraie bourde. Lundi, le Premier Ministre australien Malcolm Turnbull plaisantait sur les quelques documents du gouvernement qu'ABC avait publiés en disant qu'ils provenaient “de fonds de tiroirs”.

Le cabinet du Premier Ministre et le gouvernement ont admis leur responsabilité dans la perte des fichiers. Dans un communiqué de presse, le secrétaire du cabinet Martin Parkinson a confessé :

This casts the Department in a poor light and this failure has implications for the rest of the Australian Public Service.

Cette affaire a donné une image très négative du cabinet et cet échec a des répercussions sur le reste du service public australien.

Entre-temps, ABC a révélé comment ils avaient pu récupérer les dossiers. Il s'agit d'une histoire fantastique en soi. Un “bushie” vivant aujourd'hui à Canberra avait acheté les meubles aux enchères à 10 $ australiens chacun (environ 7 euros). (Un bushie est une personne rurale d'Australie.) Après avoir fouillé le contenu, il a contacté Michael McKinnon, le rédacteur chargé de la liberté d'information chez ABC. Selon les dires de McKinnon, “c'est un vrai pirate”.

Prouvant une fois de plus tout est toujours lié, il est apparu que l'un des frères de McKinnon est “un secrétaire-adjoint du cabinet du Premier Ministre et du Département qui est actuellement en charge de la sécurité nationale pour le gouvernement fédéral”.

Instantané culturel N°6 : Honneur

vendredi 9 février 2018 à 21:56

Articles courts sur le cadrage des informations culturelles dans les médias, en petites doses.

Honor Them,” par LucasHimo sur Flickr (CC BY-ND 2.0).

Qu'est-ce qui vous vient immédiatement à l'esprit quand vous entendez le mot honneur ? La réponse à cette question peut différer selon la nature des médias que vous consommez habituellement. Dans ce nouveau numéro des Instantanés culturels, nous explorons la façon dont le terme honneur est utilisé dans les principaux médias des États-Unis et du Pakistan.

Pourquoi ces deux pays? Nous avons choisi d'analyser les médias des États-Unis parce qu'ils font régulièrement des reportages sur le Pakistan, et ceux du Pakistan car des événements récents liés aux questions d’honneur ont fait la une dans le monde entier. C'est également l'un des pays musulmans les plus couverts par les médias occidentaux, et à ce titre nous avons pensé qu'il serait intéressent d'examiner le contraste dans leur couverture de ce terme.

Le Larousse donne plusieurs définitions [fr] de l’honneur : en français, c'est un nom qui représente avant tout un “ensemble de principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l'estime qu'on a de soi ou celle qu'autrui nous porte”. En anglais, c'est aussi un verbe [honorer est “to honour”, NdT] qui signifie “respecter, rendre hommage, révérer”.

Afin de nous donner une meilleure idée de son usage quotidien, nous avons effectué une recherche dans la base de données de Media Cloud parmi les articles publiés entre 2015 et 2017 contenant les mots honor et honour [orthographes américaine et britannique correspondant toutes les deux à la fois au nom et au verbe, NdT]. Dans quelle mesure les médias populaires parmi les lecteurs américains et ceux, de langue anglaise, parmi les lecteurs pakistanais, diffèrent-ils… ou pas ?

Illustration des sujets qui apparaissent en compagnie du mot honneur, en ordre de prévalence, dans un échantillon d'articles de la collection de Media Cloud pour les médias américains en ligne les plus importants, entre 2015 et 2017. (voir la requête originale).

Aux États-Unis : “mémorial”, “vétérans” et “vigile”

Comme l'illustration précédente le montre, plusieurs mots-clés intéressants sont associés au terme honneur. Dans cette analyse, nous nous sommes concentrés sur un petit nombre d'entre eux et quelques interprétations possibles. Dans les médias américains, l'honneur est souvent associé à la fierté, aux célébrations et au respect des désirs de quelqu'un, parfois de manière inattendue :

Ces deux dernières années, les médias tournés vers les États-Unis ont publié plus de 155.000 articles contenant le mot honneur. Parmi les mots-clés qui ont retenu notre attention figurent mémorial, vétérans et vigile.

Quel type de mémorial ? Les sujets de premier plan sont la guerre du Vietnam et les tueries d'Orlando et de Virginie. Ces articles se réfèrent à des événements violents et utilisent le terme honneur pour rendre hommage aux survivants et aux victimes d'attaques, dont la fusillade de juin 2016 dans une boîte de nuit gay à Orlando et une cérémonie d'hommage aux vétérans au cimetière national d'Arlington pour Memorial Day [fr].

Honneur est également utilisé dans de nombreux articles sur les vétérans, les survivants d'attaques violentes et les héros ou ceux que le public tient en haute estime.

D'une manière générale, il est frappant de constater que lorsqu'il s'agit de couvrir des événements violents comme des fusillades ou des attaques terroristes, le mot honneur est principalement lié à l'action de rendre hommage aux victimes et aux survivants.

Au Pakistan : “martyrs”, “armée” et “victimes”

Cette association entre les victimes et l'honneur est également prononcée dans les médias pakistanais anglophones. Martyrs, armée et victimes figurent parmi les mots associés les plus fréquents.

Illustration des sujets qui apparaissent aux côtés du terme honneur, en ordre de prévalence, dans un échantillon d'articles issus de la collection des médias anglophones centrés sur le Pakistan de NewsFrames entre 2015 et 2017. (requête originale sur Media Cloud).

Ces deux dernières années, les médias ciblés sur le Pakistan ont publié au moins 11.185 articles contenant le mot honneur.

Les articles sur l'armée et les soldats y occupent une place importante. La corrélation avec le terme martyrs révèle une couverture sur les soldats et les citoyens morts suite à des attaques terroristes. Ainsi, cet article sur la pilote de l'armée de l'air pakistanaise Maryam Mukhtar, décédée dans un accident d'avion pendant une mission d’entraînement, est un exemple typique.

Une analyse de ces articles montrent que les tueries (killings), les victimes et la violence sont des termes de premier plan dans les médias pakistanais comme dans les médias américains. En revanche, les deux écosystèmes médiatiques ont aussi inclus l'honneur dans des articles sur des tueries ou des crimes perpétrés par des hommes musulmans dans leur couverture de la violence au Pakistan ou dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est.

Par exemple, les articles sur les tueries et le Pakistan dans les médias américains ont beaucoup parlé de Sharmeen Obaid-Chinoy. Mme Obaid-Chinoy est une réalisatrice de documentaires primée aux Oscars qui a réalisé un film sur la survivante d'un crime d'honneur. D'autres termes spécifiques au Pakistan incluent murdered [assassiné(e)], raped [violé(e)] et families [familles].

Au Pakistan, un crime d'honneur est généralement défini comme “le meurtre d'une personne par un membre de sa famille, provoqué par la conviction que la victime a déshonoré la famille.”

Similitudes et différences

Une interprétation de ces données nous amène aux similitudes entre la couverture des médias américains et pakistanais des événements concernant les victimes et les héros, comme les vétérans et les martyrs. Cependant, contrairement aux États-Unis, l'usage du mot honneur au Pakistan suggère que des actes de violence permettent de restaurer l'honneur de leurs auteurs et indique peut-être une divergence entre les deux pays dans l'utilisation de ce terme.

Pour déterminer si l'expression crime d'honneur représente une différence significative de contextes culturels uniques, il nous faudra examiner ces données de plus près : nous y reviendrons dans de prochains articles.

Cette première étude nous aide en attendant à poser des questions mieux ciblées sur les différences et similitudes culturelles. Ainsi, l'usage du mot honneur aux États-Unis et au Pakistan soulève une question intéressante : le sens de l'honneur existe-t-il vraiment en dehors des rhétoriques de guerre et de violence ?

Voici quelques articles de Global Voices sur le sujet : bonne lecture !