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Aux Philippines, quatre îles paradisiaques victimes de l'exploitation minière à grande échelle

mercredi 18 mars 2015 à 14:02
Polluted river in Rapu-Rapu Island caused by mining. Photo from Kalikasan People's Network for the Environment, used with permission

Rivière polluée par les activités minières sur l'île de Rapu-Rapu. Photo prise  par le mouvement écologiste Kalikasan People's Network for the Environment, utilisée avec permission.

Les Philippines forment un archipel de plus de 7000 îles. Certaines de ses îles ne vous sont sans doute pas inconnues comme Boracay, Cebu, Bohol, et Palawan, étant donné qu'elles comptent parmi les destinations touristiques les plus prisées. En revanche, vous n'avez probablement jamais entendu parler de Marinduque, Rapu-Rapu, Manicani, Homonhon, quatre petites îles victimes, ces dernières années, des ravages de l'activité minière.

Les Philippines possèdent un sous-sol riche en minerais pour lequel le gouvernement déploie des efforts considérables pour soutenir l'exploitation minière de manière à relancer l'économie locale. En 2014, il a accordé 999 permis d'extraction à travers tout le pays. Si les écologistes s'alarment des conséquences dévastatrices dues à ces mines à grande échelle sur les écosystèmes, d'autres militants se montrent, quant à eux, très critiques à l'égard de la domination étrangère et de la corruption dans le secteur minier.

Les histoires de Marinduque, Rapu-Rapu, Manicani et Homonhon soulignent que certains des problèmes sociaux auxquels font face ces îles, sont liés à l'industrie minière.

Il y a 10 ans, lorsque les opérations minières ont commencé sur l'île de Rapu-Rapu (une petite commune insulaire de la région de Bicol dans la partie orientale des Philippines), le gouvernement et l'industrie minière n'ont pas manqué de saluer cet exemple d'”exploitation responsable”. Un an après le début des opérations, le cyanure qui s'est répandu autour du site minier, a pourtant empoisonné de nombreux poissons provoquant la perte du seul moyen de subsistance des pêcheurs locaux.

Antonio Casitas, militant écologiste et principal leader des paysans, a été interviewé par Bulatlat – un site d'informations alternatif – sur l’impact des opérations minières menées sur l'île par la compagnie australienne, Lafayette :

Rapu-Rapu Island was once so beautiful. It was like paradise. Our lives there were simple — we lived off nature, and we took care not to damage it because we knew it was the source of our livelihood and means of survival. When the mining companies came, everything changed. Now, 97 percent of Rapu-Rapu Island is virtually under the control of these environmental destroyers, and what was once paradise is a wasteland.

Autrefois, Rapu-Rapu était une île magnifique. Un véritable paradis. Nos vies étaient simples, nous vivions de ce que nous offrait la nature et en échange, nous prenions soin d'elle. Nous savions qu'elle représentait notre source de subsistance et notre moyen de survie. Mais l'arrivée des compagnies minières a tout changé. Aujourd'hui, 97 pour cent de Rapu-Rapu est virtuellement passée sous le contrôle de ces fléaux de l'environnement, et ce qui était autrefois un paradis, n'est plus qu'une terre de désolation.

Marinduque, île et province située dans le centre de l’archipel des Philippines, subit encore les conséquences du déversement de déchets toxiques suite à l'effondrement en 1996 de la digue de résidus d'une mine exploitée par Marcopper (voir la vidéo ci-dessus). La tragédie de Marcopper a été considérée à cette époque comme la pire catastrophe minière du pays. Joseph Israel Laban, un réalisateur natif de l'île, a écrit sur Facebook que la compagnie minière n'avait pas réussi à réhabiliter les communautés touchées par cette catastrophe :

After 18 years and four Presidents, the river is yet to be cleaned and rehabilitated by Canadian mining firm Placer Dome/Barrick Gold. For me, this is personal. I grew up about 10 minutes away from the Boac River. Every time I pass by that waterway when I visit Marinduque, I am reminded that there really is no justice in the Philippines. Not for the poor people. But for us Marinduqueños, we will never forget.

Après 18 ans et quatre élections présidentielles, la rivière n'a toujours pas été dépolluée par la compagnie minière canadienne Placer Dome/Barrick Gold. Cette affaire me touche personnellement. J'ai grandi à environ 10 minutes de la rivière Boac. A chaque fois que je passe près de ce cours d'eau, lors de mes séjours à Marinduque, il me rappelle qu'il n'y a vraiment aucune justice aux Philippines. Du moins, pas pour les pauvres. Mais nous, les Marinduqueños, nous n'oublierons jamais ce drame.

Open pit mining in Manicani Island. Photo by Kalikasan People's Network for the Environment, used with permission

Exploitation minière à ciel ouvert sur l'île de Manicani. Photo prise par le mouvement écologiste Kalikasan People's Network for the Environment, utilisée avec permission.

En 2013, le typhon Haiyan (nom local Yolanda) a été la plus grande tragédie qu'aient connu les Visayas orientales. Mais d'autres catastrophes écologiques dues aux activités minières se sont également abattues sur la région. Sur la petite île de Manicani, la population s'oppose au retour d'une compagnie dont les activités ont durement endommagé les ressources naturelles de l'île. Le diocèse catholique de Borongan, à la tête de l'opposition, rappelle avec fermeté que “personne ne peut rester sourd et aveugle face aux excès de l'exploitation minière, pendant que notre peuple endure les conséquences des actions qui ne sont pas de son fait.”

Open pit mining in Homonhon. Photo by Kalikasan People's Network for the Environment, used with permission

Exploitation minière à ciel ouvert sur l'île d'Homonhon. Photo prise par le mouvement écologiste Kalikasan People's Network for the Environment, utilisée avec permission.

Homonhon, une autre île dans les Visayas orientales, continue de lutter pour venir à bout de l'héritage empoisonné, légué par la mine. Les opérations minières commencées sur l'île en 1983, ont laissé dans leur sillage des dommages environnementaux, qui suscitent une vive opposition de la part des insulaires contre l'expansion de la mine. L'équipe de Bulatlat témoigne de ce paysage de désolation :

The team was greeted by glorious beaches, but as the journalists went near the mountains, they saw telltale signs of fires, streams without water, the loose soil only a few meters away from the nearly 10 deep pits in every mining site.

Toute l'équipe a été accueillie par de magnifiques plages, mais en se rapprochant des montagnes, les journalistes se sont aperçus des traces révélatrices d'incendies, de cours d'eau asséchés et de terre meuble sur chaque site comprenant pas moins de 10 mines à ciel ouvert.

Un responsable local a déclaré à l'équipe de Bulatlat : ” Nous, les habitants de l'île, nous résisterons jusqu'au bout. Et si nous devons dresser des barricades pour mettre fin à leurs opérations, nous le ferons.”

La pollution environnementale et la perte des moyens de subsistance sur Marinduque, Rapu-Rapu, Manicani et Homonhon devraient alerter les représentants locaux des petits écosystèmes insulaires qu'avant de se féliciter du premier coup de pioche d'une mine à grande échelle sur leurs îles, il vaut mieux réfléchir à deux fois.

Les choix des électeurs israéliens : “Nous ou Eux”, “Tout sauf Bibi” et le reste

mardi 17 mars 2015 à 12:23
Israel elects its next Knesset on March 17, 2015. Pictured: party ballots from 2013. Source: Danny Zelazo on Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

Israël élit sa nouvelle Knesset le 17 mars 2015. Les bulletins de vote des partis en 2013. Source : Danny Zelazo sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

A quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote ce matin 17 mars 2015 en Israël, pour l'élection de la 20ème Knesset (parlement), les principaux candidats au poste de premier ministre essayaient encore de changer la donne avec leurs annonces. 

Le premier-ministre sortant Benyamin (“Bibi”) Netanyahu déclarait : 

“Je pense que quiconque veut créer aujourd'hui un Etat palestinien et évacuer des territoires donne à l'Islam radical un territoire d'où attaquer l'Etat d'Israël.” Et d'ajouter : “Si [les opposants] Tzipi [Livni] et Buji [Isaac Herzog] montent le prochain gouvernement, le Hamastan 2 s'installera sur ces collines.”

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Autocollant électoral de Netanyahu : “C'est Nous ou Eux. Likoud seulement. Netanyahu seulement”.

L'autocollant de campagne du Likoud de Netanyahu (“Consolidation”) proclame donc logiquement “C'est nous ou eux” (“זה אנחנו או הם”). 

En quelques heures, Tzipi Livni, dirigeante du parti HaTnua (“Mouvement”) et chef de file de la coalition électorale l’Union sioniste, a annoncé abandonner ses projets avec son partenaire Isaac (“Buji”) Herzog en faveur d'une alternance au poste de premier ministre, avec M. Herzog en place les deux premières années et Mme Livni prenant sa suite. Le renoncement à partager le siège visait à éliminer la controverse et gagner les électeurs indécis au moment de la décision finale. 

Sur les médias citoyens, Yair Zivan note que tous les politiciens n'ont pas consacré les dernières heures de la campagne aux synthèses. Il a cité Yair Lapid, tête de liste du Yesh Atid (“Il y a un avenir”), et sa priorité à la communication personnalisée avec les électeurs. 

24 heures avant l'arrêt des sondages et @LapidAtid répond aux questions des électeurs sur sa page Facebook. Plus de 1500 commentaires en 20 minutes

Réagissant aux récents événements, Yair Rosenberg a tweeté :

Ce que j'aime dans les élections israéliennes : contrairement à celles de l'Amérique, il y a toujours la magie de la surprise le jour même, puisque les sondages ne peuvent nous dire qui va gagner.

 Avi Mayer, un des blogueurs israéliens les plus percutants, lui a fait écho : 

A 11 heures de l'ouverture du scrutin ici en Israël, les partis se battent encore pour chaque suffrage. Excitant et épuisant.

Le 8 décembre 2014, la Knesset israélienne a voté la dissolution du gouvernement actuel et l'organisation de nouvelles élections parlementaires. Les partis qui se disputent les suffrages vont de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, et d'une liste arabe commune aux religieux conservateurs du Shas. Chaque parti doit atteindre un seuil de 3,25 % des voix — une disposition controversée qui limite la représentation des plus petits partis à la Knesset.  

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Le doodle de Google Israël pour le jour du scrutin lllustre l'urne. (Source: March 17, 2015.)

Cette courte et sympathique vidéo fournit un aperçu complet du processus. Tout citoyen de plus de 18 ans a le droit de vote. Le jour des élections est férié, entreprises et écoles sont fermées, et pour voter il suffit de se présenter à son bureau de vote avec sa carte nationale d'identité. (Si vous avez oublié où vous avez voté la dernière fois, allez sur ce  site web et tapez votre numéro d'identité ; en hébreu). A la différence d'autres pays, aucune inscription préalable n'est requise. Les 11.000 bureaux de vote du pays sont ouverts de 7 à 22 heures. 

Les Israéliens votent en choisissant sur un plateau le bulletin de vote du parti de leur choix, le placent dans une enveloppe, qu'ils collent et introduisent dans une boîte verrouillée. Une commission de contrôle électoral est présente dans la pièce du vote en cas de problème. Une seule personne peut entrer à la fois dans la pièce, et le vote a lieu derrière un paravent ou un rideau pour garantir la confidentialité.

Ceci est la première année où les partis arabes se présentent avec une plate-forme commune. Sous le nom de Liste arabe unifiée, Balad, Hadash, Ta'al et la Liste arabe unifiée se sont mis d'accord pour fusionner leurs programmes afin de s'assurer d'atteindre le seuil électoral, maximiser leur représentation à la Knesset et limiter la capacité du parti Likoud de Netanyahu à former une coalition parlementaire. Ils peuvent espérer récolter 15 sièges au plus. 

Le journaliste de gauche Noam Sheizaf opine :

Scénario de rêve demain : La Liste unifiée remporte 15 sièges et grâce à une participation en hausse, Liberman reste hors de la Knesset

Avigdor Lieberman est le fondateur et chef du parti “ultra-nationaliste” Israel Beytenou (“Notre maison”) et actuel ministre des Affaires étrangères. 

La Campagne V15 (hébreu) (“V” comme victoire) a été constituée avec un programme tout aussi stratégique : chasser Netanyahu, comme le dit son mot d'ordre, “Tout sauf Bibi”. Collaboration de l'Union Sioniste, de la liste arabe, du Meretz (“Energie”) et d'autres partis de gauche, la mise en scène la plus frappante de cette campagne a été l'envoi d'un camion de déménagement au domicile des Netanyahu en février. Selon les mots du militant Hagai Hirschfeld : 

Dans un mois il devra déménager, alors nous sommes venus l'aider. Bibi habite ici depuis trop longtemps. Nous avons déjà emballé sa corruption, son indécision et ses mensonges. Tout ce qui lui reste à faire, c'est de se lever et partir.

Malgré le théâtre pré-électoral, une portion significative de l'électorat reste indécise. Raphael Ahren du Times of Israel a rapporté sur Twitter :

18 % des électeurs israéliens sont encore indécis, me disent les politologues.

Khulud Khamis, qui collabore à l'organisation féministe arabe Kayan et est l'auteur du récent roman Haifa Fragments, qui offre une vision nuancée des vies de femmes arabes en Israël et Palestine, a expliqué son dilemme : qui voter, et même voter ou pas : 

Voter ou ne pas voter, telle est la question. La Liste arabe unifiée m'a d'abord jetée dans la confusion. J'ai toujours perçu voter comme une responsabilité personnelle du citoyen. Mais pour la première fois de ma vie, j'ai eu des doutes. Je ne savais que penser. Comment puis-je voter pour une liste comportant des islamistes, des nationalistes et des partisans de la polygamie ? J'ai donc décidé de ne pas voter.

Mais les jours qui passent m'ont fait comprendre que plus qu'une responsabilité, voter est mon droit. Et un droit durement gagné pour lequel des femmes avant moi ont lutté en mon nom. Comment pourrais-je ne pas voter ?

… Je vote pour la Liste Arabue unifiée parce que Ie passé me rend malade. Avec tous les défis et les aspects problématiques, je pense qu'il est temps d'adopter le changement et l'incertitude, parce que les vieilles pratiques ne nous ont certainement emmenés nulle part. Alors je donne une chance, en espérant que cela mènera au changement. Parfois on doit faire un pas en avant, changer de direction, et adopter l'incertitude.

Même pour ceux qui ont décidé de leur vote, il n'y a pas de choix évident. Jen de Tel Aviv raconte une division familiale dans l'isoloir : 

Demain notre famille de 4 va voter ; pour au moins 3 partis politiques. Est-ce que cela changera quelque chose ?

Le blogueur populaire The Muqata a publié un logigramme pour ceux en mal d'orientation électorale, avec le commentaire, “Maintenant tout est clair”. 

Israel Elections, Bibi, #Israelex, #Israelelex, #IsraelElections #V15

Le blogueur Adam Vinokoor a aimé l'idée et proposé cette infographie de son cru pour expliquer les tourments partisans. 

Israel Elections, #Israelex, #Israelelex, #IsraelElections #V15

Le blogueur éponyme Anne's Opinions poste ce visuel, qui redispose les bulletins de vote de façon à lire : ”La vérité  - ils sont tous des menteurs” (“האמת – כולם שקרנים”):

Israel Elections, #Israelex, #Israelelex, #IsraelElections #V15

A noter que “vérité” ou “אמת” est le symbole du bulletin de vote de l'Union Sioniste.  

Le thème prioritaire de l'élection semble être la sécurité de l'Etat, suivi de près par son jumeau ombilical, l'identité juive/nationale. Mais l'économique et le social ne se laissent pas si facilement oublier des électeurs. Noga Tarnopolsky nous rappelle la réalité économique israélienne : 

Si Netanyahu perd le pouvoir, ce sera pour ça

Au-dessus de tous ces coups de clairon, l'énergie des électeurs est positive. A l'aube du scrutin, la journaliste et blogueuse Sarah Tuttle-Singer, avec “Devinez pour qui je vais voter ?”  illustre le mieux l'optimisme du pays. 

Et surtout, je vote pour le pays imaginé par nos fondateurs  — une patrie reposant sur des principes magnifiques d'égalité, de justice et de vertu — les valeurs mêmes dont sont imprégnées notre peuple et notre culture antiques, choisies à travers nos histoires diverses… des valeurs qui respectent la dignité fondamentale des autres, qui peuvent avoir d'autres fois et prier en d'autres langues.

Cette élection est importante — nous avons atteint un point où nous devons montrer au monde qui nous sommes. Nous devons regarder notre visage dans le miroir et espérer l'aimer assez pour lui rendre son sourire.

Alors oui, je vote.
Et je vais vous dire pour qui :

Je vote pour Israël.

Suivez la journée électorale sur les médias sociaux, avec : #IsraelElections, #IsraElex (le mot-dièse originel des élections), et #IsraelElex

Gambie : une lettre de M. Obama au président détournée à des fins de propagande ?

mardi 17 mars 2015 à 12:01
Le Président de la Gambie Yahya Jammeh s’adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies le 24 septembre, 2013. UN Photo par Erin Siegal. Utilisée sous licence Creative Commons BY-NC-ND 2.0.

Le Président de la Zambie Yahya Jammeh s’adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies le 24 septembre, 2013. UN Photo par Erin Siegal. Utilisée sous licence Creative Commons BY-NC-ND 2.0.license BY-NC-ND 2.0.

Un responsable américain aurait nié qu'une lettre envoyée au Président zambien Yahya Jammeh soit une reconnaissance de son régime dans ce minuscule état ouest-africain. La lettre qui assure que les Gambiens ont “beaucoup à célébrer”, a été envoyée par le Président Barack Obama à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance de la Gambie.

Le journal progouvernemental Daily Observer a rapporté que “Barack Obama le président des États-Unis d'Amérique a félicité le président gambien, S. E. Sheik Professeur Alhaji Dr. Yahya AJJ Jammeh.”

Cependant, un fonctionnaire de l'administration a dit à l'agence d'informations AFP, “Nous avons seulement félicité le peuple zambien, et non Jammeh.”

Le fonctionnaire a déclaré, “Nous continuons à avoir de sérieuses divergences avec le gouvernement de la Gambie sur une série de questions, y compris sur son bilan en matière de droits de l'homme.”

Le Président Jammeh est connu pour la répression de l'opposition et des médias. Dans son rapport sur l’Examen périodique universel (EPU) de la Gambie [fr], l'organisation des droits humains Amnesty International a déclaré [fr], “Depuis le premier examen périodique universel de la Gambie (EPU) en 2010, la situation des droits de l'homme dans le pays s'est détériorée. Le gouvernement continue d'étouffer la liberté d'expression et à commettre d'autres violations des droits humains en toute impunité “.

Le journal nigérian The Vanguard a cité Jeffrey Smith du Robert F. Kennedy Center pour la justice et les droits de l'homme à Washington DC qui soutient que M. Jammeh a longtemps essayé de redorer son image par des déclarations étrangères.

Il a dit ”(M. Jammeh) est très impopulaire dans son propre pays, et dans la région, alors il cherche souvent à légitimer son pouvoir en soutenant d'une certaine manière que le monde, y compris aux États-Unis, approuve la brutalité qu'il utilise pour se maintenir au pouvoir. “

Les internautes ont immédiatement recouru aux médias sociaux pour ridiculiser le Président Jammeh et le journal pro-gouvernemental, certains accusant leur président d'essayer de profiter d'une “popularité bon marché”.

Sulayman Makalo, un journaliste gambien en exil, a écrit sur ​​son mur Facebook:

Honnêtement, Jammeh est une honte non seulement pour la #Gambia, mais aussi pour l’#Africa dans son ensemble; il arrive au point de détourner les intentions d'une lettre sans vergogne juste pour l'amour d'auto-célébration – aux yeux d'un peuple qu'il maltraite continuellement. 

Sam Phatey, un Gambien vivant aux États-Unis, a publié sur son mur Facebook sa “lettre d'invitation d'Obama”, en disant:

Depuis qu'Obama écrit une lettre de félicitation (toux discrète) à tout le monde, il m'a écrit aussi et il l'a publiée sur ma page Facebook LOL! Si vous n'avez pas reçu votre lettre, faites le moi savoir et je vais contacter la Maison Blanche et vous obtiendrez la vôtre immédiatement. Rejoignez la campagne sur twitter pour dénoncer la fausse publication de Jammeh d'une lettre que M. Obama n'a jamais écrite. #RealLetterFromObama (#lavraielettred'Obama).

Une capture d'écran de Sam Phatey page Facebook de "lettre d'invitation" d'Obama à un citoyen gambien Sam Phatey.

Une capture d'écran de Sam Phatey page Facebook de “lettre d'invitation” d'Obama à un citoyen gambien Sam Phatey.

Fatu Camara, une journaliste radio gambienne basée aux Etats-Unis, a également tweeté sa “lettre d'invitation” dans laquelle le président Obama dit qu'il est impatient de manger de petits gâteaux avec elle:

Merci Je ne vois pas l'heure de manger de petits gâteaux avec vous

Sainey MK Marenah a lui aussi publié sa “lettre d'invitation” d'Obama. Il a écrit:

Même un garçon du village de Kudang est invité par le président américain Barack Obama à la Maison Blanche pour une brève discussion sur l'état de la liberté des médias en Gambie. Voici ma lettre d'Obama!

Faisant référence aux affirmations de M. Jammeh de guérir le VIH / sida, James Chikonamombe s'est demandé:

Allons Yahya… comment quelqu'un qui a trouvé le médicament contre le SIDA peut-il tomber si bas.

Fatu Camara a relevé que:

Un grand succès! La “lettre d'Obama à  #Jammeh n'a pas été citée par la TV nationale, elle aurait été le titre No.1, si nous ne l'avions pas dévoilée.

Alors que Foday Justice Darboe a adressé son tweet à la Première Dame de Gambie:

s'il vous plait dites à votre dictateur de mari d'arrêter de mentir aux gambiens. 20 ans de mensonges, ça suffit

Jeffrey Smith a noté que le hashtag #RealLetterFromObama a attiré l'attention:

Heureux que #RealLetterFromObama a attiré l'attention. Les dictateurs comme celui de la #Gambia font ou disent des choses parce qu'ils profitent du fait que personne n'y prête attention. Pas cette fois-ci!

Certains militants sont allés jusqu'à accuser le journal pro-gouvernement de publier une lettre falsifiée de M. George W. Bush. Selon certaines sources, suite à la publication de la vraie lettre de M. Obama, ce sont des militants qui auraient contrefait une lettre, probablement du Président Bush, et qui l'auraient envoyé à M. Jammeh.

Le Daily Observer a publié la lettre attribuée à l'ancien président américain remerciant M. Jammeh pour son “engagement en faveur du peuple gambien et pour vos efforts pour assurer un avenir prospère à votre pays.”

Alors que le débat fait rage sur les médias sociaux, il n'y a pas de doute que les autorités gambiennes envisagent leur prochaine action, y compris l'option de ne pas y répondre. Quant au journal Daily Observer, l'option la plus raisonnable est simplement de supprimer la “lettre” en mettant à jour son site Web.

Cameroun : L'Etat de santé du couple présidentiel au centre d'une polémique

mardi 17 mars 2015 à 00:06
Capture d'écran du couple Biya revenant à Yaoundé

Capture d'écran du couple Biya revenant à Yaoundé

Les séjours réguliers de Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, et de son épouse en Europe ont toujours été source d'interrogations pour tout citoyen et observateur attentif de la scène politique camerounaise. Mais en ce début d'année 2015, l'état de santé du couple présidentiel se retrouve au centre d'une polémique, sur fond de complot allégué contre le chef de l'Etat camerounais orchestré par l'ancienne puissance coloniale, la France.

Un article, trois titres

Tout commence le 13 mars 2015, lorsque Le Monde Afrique, l'édition africaine du site du quotidien français Le Monde, publie une article d'abord intitulé “Le couple présidentiel hors du pays et en mauvaise santé”. Dans cette première version de l'article, partagée sur les réseaux sociaux, notamment par Bergeline Domou, une activiste camerounais, la rédaction de Le Monde Afrique écrivait :

Depuis le 2 mars, le chef de l’Etat camerounais « effectue une visite privée en Europe », indique un communiqué du palais d’Etoudi, le siège de la présidence, sans préciser la destination. Mais de sources concordantes, Paul Biya séjourne actuellement dans un centre hospitalier du canton de Genève, où il suit un traitement pour des soucis cardiaques et un cancer de la prostate, ajoutent les mêmes sources. Âgé de 82 ans – dont 33 passés au pouvoir – « l’homme lion », comme on le surnomme au Cameroun, hésiterait à subir une opération chirurgicale envisagée par les médecins.

Une source bien introduite dans les organisations de la diaspora camerounaise affirme que les médecins et autres personnels soignants camerounais ou d’origine camerounaise travaillant aux HUG (Hôpitaux universitaires de Genève, structure publique mais de grande qualité où sont souvent hospitalisés des chefs d’Etat africains) ont été récemment invités à prendre leurs congés. “

Dans la version actuellement en ligne de l'article, ces informations ont été supprimées. Le titre est lui aussi différent : “Le couple présidentiel hors du pays et en mauvaise santé” a été remplacé par “Le couple présidentiel s'exile pour raisons médicales”, avant de devenir “Le couple présidentiel est à Genève et s'occupe de sa santé”, comme on peut le lire sur ces captures d'écran prises sur le Blog du camerounais Allain Jules :

Captures d'écran par le blogueur camerounais Allain Jules - http://allainjules.com/2015/03/15/cameroun-france-journal-le-monde-contre-biya-cameroun-pays-dinsulteurs-et-de-faineants/ Captures d'écran par le blogueur camerounais Allain Jules

 

Secret médical et tentative de destabilisation du Cameroun

L'article a suscité de nombreuses réactions de la part du lectorat camerounais. D'abord s'est posée la question du secret médical. Pour Allain Jules, interrogé par le site Cameroon Infot Net, toute personne, y compris publique a droit au respect de sa vie privée et du secret médical :

Même s'il y a des vérités, c'est de l'ordre du privé. Parce que, chaque personne est libre de garder un secret médical. Encore plus, les médecins. Le secret médical est un des fondements de la médecine libérale dont la violation est réprimée par le code de santé publique et le code pénal.

Une position partagée par le gouvernement camerounais : invité sur le plateau d'une émission de débat d'une chaine camerounaise, l'inspecteur général du Ministère de la Communication affirme :

le droit aussi pour le chef de l’Etat camerounais au respect de sa vie privée, nonobstant son statut de personnalité publique.

L’article 9 du Code civil français prescrit que «chacun a droit au respect de sa vie privée», a-t-il rappelé. Le Pr. Albert Mbida a également évoqué un arrêt rendu par la Cour de cassation en 1998 qui abonde dans le même sens.

Pour l'analyste Abdelaziz Moundé, l'affaire de l'article du monde pose une question fondamentale :

La fonction présidentielle sacrifiera t-elle à l'impératif d'une mutation moderne ? : déclarer ses biens suivant la Constitution et publier son bulletin de santé, gage de responsabilité et de transparence.

La question du secret dans la gestion des affaires de l'État n'a plus la même nature qu'au mitan des années 60. La vie politique evolue avec les exigences de son temps.

Plus que la question du secret médical, un argument est revenu souvent à la lecture des réactions camerounaises : Le Monde Afrique serait en réalité le pendant journalistique d'une entreprise de déstabilisation du Cameroun, orchestrée depuis l'extérieur du pays. Citant une source anonyme, le site 237online écrit :

Cela trahit une sorte de complot du Quai d’Orsay, par presse interposée, contre le pouvoir de Yaoundé au moment où le pays de Paul Biya inspire confiance, à l’intérieur comme à l’extérieur, explique un fin analyste. On a envie de dire que c’est une histoire de fou, car Paul Biya subit régulièrement des check-up dont les résultats sont toujours satisfaisants. S’il y a des malades dans cette affaire, on pourrait dire que c’est plutôt le journal Le Monde qui mérite d’être conduit à l’hôpital et non le chef de l’État camerounais. Cette affaire pue la manipulation

  L'argument sur les manœuvres alléguées de l'ex-puissance coloniale pour déstabiliser le Cameroun, dont les plus de 30 années de paix sont mises à la mal par les fondamentalistes de Boko Haram au Nord du pays,  n'est pas nouveau.

Le 28 février 2015, au cours d'une marche organisée à Yaoundé en soutien aux populations du nord qui subissent les attaques de Boko Haram, et aux soldats qui combattent ces assaillants, l'ambassadeur de France au Cameroun, Madame Christine Robichon, a été huée par les participants qui scandaient “Non à la guerre, Non à Boko Haram, Non à la France !”

Sur le réseau social Twitter, un utilisateur résume :

Ce sentiment anti français qui continue de se propager partout au Cameroun… Le monde Afrique a pas aidé avec son article c'est sûr

— Ottou Sydney Olivier (@sydneyolivierO) March 16, 2015

5 jeunes féministes disparues en Chine

lundi 16 mars 2015 à 18:44
Five young women have been missing for more than a week. Photo from Free Chinese Feminists Facebook group.

5 jeunes féministes ont disparu depuis une semaine. Photo de la page Facebook de Free Chinese Feminists

Les 5 jeunes femmes arrêtées par la police chinoise à la veille de la Journée Internationale de la Femme sont portées disparues depuis plus d'une semaine. Le 12 mars la police a déclaré qu'elles étaient soupçonnées d’ “incitation à la violence et de trouble de l'ordre public” mais a refusé d'en dire plus.

La société civile de Hong Kong va manifester dans la ville auprès des représentants du gouvernement de la Chine continentale le 21 mars pour demander leur libération.

Les 5 femmes, activistes pour la défense des droits humains, sont Wu Rongrong, Wei Tingting , Wang Man, Zheng Churan et Li Tingting, connue aussi sous le nom de Li Maizi. Leurs familles et leurs avocats n'ont pas pu entrer en contact avec elles depuis qu'elles ont été arrêtées et la police refuse de fournir des informations sur leur arrestation.

Les Etats Unis comme l'Union Européenne ont exprimé leurs préoccupations sur le sort des 5 jeunes femmes. L'ambassadeur des Etats Unis auprès des Nations Unies, Samantha Power, a critiqué les autorités chinoises pour avoir arrêté les 5 femmes au motif qu'elles auraient pu créer des troubles.

En Chine s'exprimer sur le harcèlement sexuel c'est “créer des troubles”. Les troubles c'est d'empêcher les ONG de se battre pour des droits universels.

Les autorités chinoises devraient libérer immédiatement “Pékin+20 cinq”. Terrible sujet de réflexion sur le sujet “les droits des femmes sont des droits humains”.

Un porte-parole des Affaires Etrangères des Etats Unis a aussi fait une déclaration pour demander avec insistance à la Chine de relâcher immédiatement les jeunes féministes et de leur donner accès à une assistance juridique.

A woman worker from mainland China holding a placard and calling for the release of the Five. Photo from Free Chinese Feminists.

Une ouvrière de Chine continentale porte une pancarte pour demander la libération des 5 jeunes féministes. Photo de Free Chinese Feminists.

Malgré les réactions politiques hostiles, des femmes, des étudiants, des organisations de travailleurs de Chine continentale continuent à demander la libération des 5 jeunes femmes en téléchargeant des photos sur les médias sociaux et en signant des pétitions.

Et les autorités chinoises enregistrent les noms des signataires des pétitions. @swye105 en fait état sur Twitter:

Les étudiants chinois qui ont signé la pétition pour la libération des jeunes féministes disent qu'ils subissent des pressions de la part des autorités scolaires.

Hors de Chine, des groupes féministes et des associations de la société civile du monde entier ont condamné la répression brutale des autorités chinoises. Amnesty International a lancé une campagne sur Tumblr et un hashtag sur Twitter #FreeTheFive pour recueillir des messages de soutien et des images du monde entier.

Un groupe féministe dédié, Free Chinese Feminists, a lancé une campagne de signatures et une campagne de cartes postales. Le groupe demande à tous ceux qui les soutiennent d'envoyer une carte postale à la police de Pékin pour exiger la libération des 5 féministes.

Send a postcard to Beijing Police demanding the release of the Five. Photo from Free Chinese Feminists.

Envoyer une carte postale à la police de Pékin pour demander la libération des 5. Photo de Free Chinese Feminists.

En Malaisie, pays qui compte une importante population chinoise, 26 organisations de la société civile on signé une déclaration commune pour condamner les autorités chinoises et exprimer leurs préoccupations sur la sécurité des jeunes féministes.

Un groupe de féministes taïwanaises fait part de son indignation sur cette arrestation et insiste auprès de son Président Ma Ying Jeou pour qu'il inscrive les droits humains et l'égalité des sexes à l'ordre du jour des échanges bilatéraux.

Face à la sourde oreille que les autorités chinoises prêtent aux critiques, un certain nombre de groupements représentant la société civile de Hong Kong ont décidé de manifester devant le Bureau de Liaison du Gouvernement Populaire Central  et de remettre une déclaration signée par 50 groupes de la société civile et 2.500 individuels le 21 mars.

Actuellement se tient la 59ème Commission sur le Statut des Femmes au siège des Nations Unies à New York. La Commission entreprendra un examen des progrès réalisés dans l’application de la Déclaration et du Programme d'actions de Pékin, qui traite de l'égalité des sexes et de l'émancipation des femmes. La détention des 5 féministes de Pékin est maintenant devenue un cas d'école sur sur les obstacles à surmonter pour atteindre les objectifs.