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PHOTOS : La vie dans une communauté autochtone au Paraguay

samedi 1 février 2014 à 12:29

Notre  boursier Rising Voices [anglais], le Ache djawu (le mot Ache) vise à faire connaître et à documenter la culture locale autochtone au Paraguay par le biais de la Photographie. Ces photos sont publiées sur la page Facebook et le blog du projet. A l'occasion d'un atelier sur les Médias Citoyens, Eddie Avila de Rising Voices s'est rendu sur les lieux et en est revenu avec ces images : 

Citizen Media workshop

Atelier sur les Médias Citoyens (Photo par Eddie Avila)

 

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Atelier sur les Médias Citoyens (Photo par Eddie Avila)

A local demonstration with Aché Djawu

Une manifestation avec Aché Djawu (photo par un des participants au projet)

 

ache indigenous workshop

Atelier sur les Médias Citoyens (photo par Eddie Avila)

 

Une famille Aché  (photo par un des participants)

 

PHOTOS : Humains d'Ukraine dans le mouvement #Euromaidan

samedi 1 février 2014 à 10:56
Protesters help the driver by pushing his car up the street. Photo by Olha Harbovska, used with permission.

Des manifestants aident un automobiliste en poussant sa voiture dans une rue en pente. Photo d'Olha Harbovska, avec permission.

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur le mouvement de contestation #Euromaidan en Ukraine.

L'adoption éphémère de lois entravant les manifestations pacifiques en Ukraine a provoqué de violents affrontements sporadiques entre policiers et protestataires anti-gouvernement depuis le 19 janvier 2014. Les photos spectaculaires des confrontations tendues, parfois enveloppées de la fumée noire de voitures incendiées à proximité, ont fait le tour du monde, pris de stupeur. 

Mais les photos qui font rarement leur chemin dans les médias traditionnels sont celles du visage humain de ce long et âpre mouvement contestataire d'Euromaidan, personnifié par les images publiées sur les médias sociaux et comptes de partage de photos des protestataires et journalistes sur le terrain. 

Des images qui montrent comment les protestataires s'aident mutuellement à maintenir une vie aussi normale que possible, tout en essayant de renverser un pouvoir qu'ils estiment corrompu et failli. En plus de se tenir chaud et en sécurité les uns les autres, les protestataires aident souvent ceux qui passent par là à traverser la foule par les températures glaciales de l'hiver ukrainien. Des bénévoles dispensent aussi des soins médicaux gratuits des deux côtés des barricades.

A member of volunteer medical aid briggades. Kyiv. Photo by the creator of Facebook page 'Maidaners'. Used with permission.

Un membre des brigades médicales bénévoles à Kiev. Photo du créateur de la page Facebook “Maidaners”. Avec permission.

An elderly woman pouring hot tea to protesters. Photo by Olha Harbovska, used with permission.

Une vieille dame sert du thé chaud aux protestataires. Photo de Olha Harbovska. Avec permission.

Des cuisines improvisées et des distributions de thé sont apparues à Kiev et dans d'autres villes pour nourrir et réchauffer les protestataires. Des bénévoles enlèvent aussi la neige et les ordures des sites de manifestation.

A man giving out sandwiches to protesters. Photo by Hanna Hrabarska, used with permission.

Un homme distribue des sandwiches aux manifestants. Photo de Hanna Hrabarska. Avec permission.

Another tea station to keep protesters warm. Photo by Clashdot user Volye101, used with permission.

Un autre poste de distribution de thé pour tenir chaud aux manifestants. Photo sur Clashdot de l'utilisateur Volye101. Avec permission.

A woman volunteering to clean protest grounds in Kyiv. Photo by a creator of a Facebook page 'Maidaners'. Used with permission.

Une bénévole participe au nettoyage du site de manifestation à Kiev. Photo du créateur de la page Facebook “Maidaners”. Avec permission.

A man minds several caldrons of food being prepared for protesters, making sure the meal doesn't burn. Photo by Clashdot user Volye101, used with permission.

Un homme surveille plusieurs marmites de nourriture préparée pour les protestataires, en remuant pour que le repas ne brûle pas. Photo sur Clashdot de l'utilisateur Volye101. avec permission.

Fait remarquable, et preuve de plus que les êtres humains restent en toutes circonstances des créatures sociales et créatives, spectacles et musique en particulier ont une large part pour conserver le moral durant les rassemblements d'Euromaidan. Sean Lennon, le fils du légendaire musicien John Lennon, a été ému en voyant comment une interprétation live de la célèbre chanson de son père “Imagine” a servi pendant Euromaidan [anglais] à envoyer un message de représaille pacifique contre le système en Ukraine, et l'a qualifiée de “fantastique” sur son compte Facebook. La musique vivante reste un trait régulier des rassemblements Euromaidan dans tout le pays, exemple ci-dessous :

A man playing violin to the protester in the center of Kyiv. Photo by Olha Harbovska, used with permission.

Un homme joue du violon pour un protestataire dans un passage souterrain de Kiev. Photo de Olha Harbovska. Avec permission.

Il y a aussi beaucoup de créativité visuelle : création d'affiches, peintures sur les casques, les tentes, etc…

A woman painting a tent at the main protest grounds in Kyiv. Photo by a creator of Facebook page 'Maidaners'. Used with permission.

Une jeune femme peint une tente sur le site principal des manifestations à Kiev. Photo du créateur de la page Facebook Maidaners”. Avec permission.

Malgré les heurts avec la police, et la répression policière coordonnée des manifestations, avec déjà six morts de civils et des milliers de blessés, les protestataires parlent et communiquent souvent avec les policiers lors des rassemblements, et trouvent de temps en temps un langage et un terrain communs. Voici une photo d'un policier ukrainien en service, qui paraît heureux d'avoir trouvé un accord avec les manifestants pour sauvegarder la paix et ne pas utiliser la force :

A smiling policeman. He just promised not to use force against protesters. Photo by Hanna Hrabarska, used with permission.

Un policier sourit. Il vient de promettre de ne pas utiliser la force contre les manifestants. Photo de Hanna Hrabarska. Avec permission.

A volunteer defender of protest grounds in Kyiv. Has initiated the creation of human chanin between the protesters and the police to prevent provokations and violence. Photo by the creator of Facebook page 'Maidaners'. Used with permission.

Un membre du service d'ordre bénévole du site de manifestation à Kiev à l'origine d'une chaîne humaine entre protestataires et policiers pour prévenir les provocations et la violence. Photo du créateur de la page Facebook “Maidaners”. Avec permission.

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur le mouvement de contestation #Euromaidan en Ukraine.

Les images de ce billet ont été compilées par les auteurs de Global Voices Tetyana Bohdanova and Tetyana Lokot.

Château-Rouge : le célèbre marché africain de Paris

vendredi 31 janvier 2014 à 23:47
Market in Chateau-Rouge, Paris by Zanbard on Flickr via CC-BY-NC

Le marché de Château-Rouge, Paris par Zanbard sur Flic kr sous CC-BY-NC

Pour trouver les ingrédients nécessaires à la cuisine africaine à Paris, le meilleur endroit est dans le 18ème arrondissement au métro Château-Rouge, et plus particulièrement Rue Dejean où le marché est ouvert tous les jours sauf le lundi. “The African Expatriate” explique pourquoi ce marché attire autant d'acheteurs :

La visite de ce quartier majoritairement africain de Paris vous ramène tout droit au marché congolais de Freetown, au marché Serrekunda de Banjul, au marché Sandaga de Dakar, au marché Adjame d'Abidjan. Votre regard est tout de suite attiré par les étals colorés de produits frais, disposés en tous sens sur la rue [...] vous allez adorer, et vous retrouver subitement en Afrique un jour de marché typique.

Metro Politics fait remarquer que la gentrification a eu une influence sur ce marché local :

La densité extraordinaire des activités commerciales du quartier cache des flux de mobilité quotidiens de grande ampleur qui le connectent à d’autres espaces, résidentiels ou commerciaux, et dépassent l’échelle métropolitaine. 67 % des clients [interrogés lors d'une étude] ont déclaré ne pas résider dans le quartier. Ces non-résidents partagent certaines caractéristiques : ils sont nés pour plus de 70 % d’entre eux hors de France métropolitaine, dont la moitié en Afrique subsaharienne.

Conversation avec 3 geeks africaines de talent sur les nouveaux médias

vendredi 31 janvier 2014 à 16:31

Le secteur des nouvelles technologies est en plein essor sur le continent africain. Le fil conducteur de cet essor est essentiellement le talent et la passion de jeunes Africains pour l'innovation et les technologies d'information. Cependant, ces talents reconnaissent aussi l'existence de nombreux axes d'amélioration en termes d'éducation, de compétitivité et égalité des chances. Nous avons demandé à trois talentueuses blogueuses du continent leurs points de vue sur les nouveaux médias en Afrique et sur ce qu'être une femme “geek” (geek-ette) implique dans ce contexte :

Mariam Daby with permission

Mariam Daby avec sa permission

Mariam Diaby est basée à Abidjan en Côte d’Ivoire. Mariam se définit avant tout comme une entrepreneure qui s’intéresse à tout ce qui touche le marché numérique. Son parcours universitaire l’a menée à Londres à la London South Bank University.

Julie Owono fait des études de droit à Paris, et est actuellement élève-avocate à l'école du Barreau de Paris. Originaire du Cameroun,  Julie contribue régulièrement à des publications en ligne telles que Global Voices, ou Quartz Magazine pour lequel elle a fait une enquête sur les nouvelles technologies en Afrique Centrale. Julie est également responsable du bureau Afrique d'Internet Sans Frontières.

Julie Owono avec sa permission

Julie Owono avec sa permission

Lalatiana Rahariniaina est une blogueuse depuis 2008 basée à Antananarivo, Madagascar. Passionnée d’écriture et de photographie, Lalatiana partage son regard sur la société malgache sur son blog « Ampela Miblaogy » (Femme qui blogue). Parmi les lauréats du concours Mondoblog, en 2011, elle a obtenu une formation avec l’Atelier des Médias – RFI au Sénégal. En tant que blogueuse, elle a été invitée par Global Voices et Google Africa à un atelier portant sur le thème « La liberté d’expression en ligne » qui s’est déroulé en Afrique du Sud. Lalatiana a également participé au programme « Cannes vu par… (7 blogueuses du Sud et du Caucase) » de Canal France International lors de la 65ème édition du Festival international du Film de Cannes (2012).

Lalatiana Rahariniaina avec sa permission

Lalatiana Rahariniaina avec sa permission

   GV: Vous considérez-vous  comme étant une Geek (ou Geek-ette) ? 

MD : Alors là, pas du tout. C'est vrai que j'ai toujours adoré les jeux vidéos (même si je n'y joue plus très souvent), que mon premier réflexe est de “tripatouiller” tout nouvel appareil technologique qui me tombe sous la main, que l'informatique a fait partie de mon cursus universitaire et que je travaille dans le domaine, mais non, je ne suis pas une Geek. Je suis juste attentive au monde des NTIC.

JO: Qu'est-ce qu'être une Geekette, aurais-je envie de demander. Dans l'imaginaire, Geek et son féminin Geekette représentaient des êtres peu sociables, toujours le nez dans leur ordinateur, à la poursuite du dernier gadget électronique. Cette vision a sûrement changé aujourd'hui, et si Geekette, c'est être une personne qui utilise de manière intensive les nouveaux médias, dans un but précis, je pense en effet pouvoir dire que j'en suis une. Internet et les outils qui en sont des dérivés offrent des possibilités en terme de démocratie, de participation multi-acteurs dans le jeu politique, de gouvernance, de transparence, toutes ces questions qui m'importent. Je suis à ce sujet très fière d'un outil nommé Feowl sur lequel j'ai travaillé, et qui permet de mesurer le défaut d'électricité dans les métropoles africaines.     

LR: Si geek veut dire être passionné dans un domaine précis – dans mon cas le blogging – alors je pourrai peut-être en faire partie. Je tiens juste à préciser que ma vie n’est pas que virtuelle.

Comment est ce qu'une femme africaine “geek” est perçue aujourd'hui dans le monde des nouveaux médias ?  

MD : Je crois que les femmes africaines ont su s'imposer ces dernières années. Des femmes comme Marieme Jamme représentent le visage de la “Technology African Woman”. Il n’ y a pas de différence entre femmes et hommes, il n'y a que les compétences qui parlent, et sur ce point il n'y a rien à redire. Pour moi, elles ont le mérite qui leur revient.

JO: Il faut d'abord signaler que nous ne sommes malheureusement pas si nombreuses… ou alors nous nous cachons bien ! J'organise parfois des formations portant sur l'utilisation des nouveaux médias, les candidatures féminines se font rares ! A quoi cela est dû, peut-être est-ce à cause de l'éducation distributive, en fonction des genres, qui irrigue encore le système éducatif et l'inconscient de beaucoup de parents dans l'éducation qu'ils transmettent à leurs enfants : les filles auraient plus des âmes de littéraires que de techniciennes. Il faut croire que les choses ne sont pas si différentes ailleurs qu'en Afrique, mais fort heureusement, elles sont en train de changer progressivement. On voit se développer sur le continent de plus en plus de programmes pour encourager les vocations de femmes technophiles, et celles-ci, surtout parmi les jeunes générations, ont une idée différente de leur place dans ce monde des nouveaux médias, et de leur rapport avec ces nouveaux médias. Et puis, le fait d'avoir de plus en plus de modèles ne peut qu'aider. J'ai moi-même été, et suis toujours, très inspirée par le parcours d'Ory Okolloh. Donc pour répondre, la geekette africaine c'est encore une perle trop rare, mais c'est aussi un formidable réservoir d'idées, de projets, et de progrès.

LR: Je ne pense pas que dans le monde des nouveaux médias on distingue particulièrement les femmes des hommes. Cependant, si on parle de Madagascar, on constate qu’il y a peu de femmes par rapport aux hommes qui s’intéressent réellement aux nouveaux médias.

Au regard de la culture bro de la silicon valley, le “glass ceiling” est-il plus difficile à briser dans le monde des nouveaux médias  ? 

MD: Je ne pense pas du tout, au contraire. Les réseaux sociaux sont tellement efficaces en terme de viralité, qu'il est encore plus facile de diffuser l'information sur les geekettes comparé aux médias traditionnels.

JO: Finalement, à force de vouloir être totalement différent, “disruptive” comme on dit, le secteur des nouveaux médias a fini par ressembler aux secteurs d'activités plus traditionnels : un monde sexiste, où les femmes n'aurait qu'exceptionnellement un rôle important à jouer. Pour autant, contrairement à avant, le plafond de verre est peut-être moins insurmontable : avec Internet, et l'ouverture que cet espace offre, il peut être un peu moins compliqué d'accéder à un réseau d'autres femmes ayant réussi, et de se faire introduire, d'être soutenu lorsqu'on a des idées, de mettre en application ces idées avec trois sous pour commencer, recevoir des financements, avoir des modèles de réussite (je pense à Sheryl Sandberg, Marissa Meyer et al.), comme je l'écrivais plus haut. Le plafond de verre il est surtout dans le mental à mon avis : penser que pour y arriver dans ce domaine, il faudrait avoir le cerveau d'un homme dans un corps de femme.

LR: Je ne crois pas. Dans le cas de Madagascar, comme je l’ai dit précédemment, les intérêts des femmes sont ailleurs. C’est ma façon de voir en tout cas. Mais j’avoue que c’est un défi permanent entre les tâches, les devoirs, les activités qui m’incombent. Et c’est peut-être l’une des raisons de cette grande absence des femmes malgaches dans le monde des nouveaux médias. Sinon, puisqu’on parle du sujet, le glass ceiling n’a pas sa raison d’être. Si les femmes veulent vraiment s’y mettre, je ne vois aucune raison qui pourrait les en empêcher. Il faut arrêter de se passer pour des victimes. C’est une grande opportunité pour montrer ce dont femmes sont également capables de faire sans toujours vouloir « s’immiscer » ou entrer « de force » dans une « culture bro ». A croire qu’on doit demander la permission aux hommes. Pourquoi ne pas créer notre « propre culture » ? Petite précision, je ne cherche pas à dénigrer qui que ce soit en disant cela – genre groupe d’hommes contre groupe de femmes. C’est juste pour dire que de notre côté, nous les femmes, nous pouvons également faire les choses, alors faisons-les.

Quelles sont les forces et les faiblesses de la culture geek dans votre pays ?

MD : En Côte d'Ivoire, nous avons des Geeks, des informaticiens et des sympathisants de la technologie. Parmi les Geeks, il y a ceux qui pensent innovation et développement, et il y a les autres. Nos technologues  font bouger les choses à petits pas avec la communauté qui grandit, mais l'accès technologique n'est pas optimal pour qu'une culture geek s'impose et que notre Silicon Valley locale éclose réellement. Cependant, ces dernières années, ça bouge fort avec les forums et évènements technologiques.

JO: La culture geek au Cameroun évolue rapidement, elle est dynamique, inventive. Elle se créé ses propres opportunités, et je pense qu'elle fera évoluer la société. Sa principale faiblesse : les pouvoirs publics camerounais n'ont pas encore compris l'intérêt d'investir massivement dans les nouvelles technologies. C'est d'ailleurs le sens d'une préoccupation que j'ai quand je pense à mon pays : le coût prohibitif de l'accès à Internet. Quelle culture geek peut sereinement s'épanouir sans un Internet de bonne qualité et à un prix raisonnable ?

Qu'aimeriez vous voir changer dans un futur proche dans le monde de l'IT ?

MD: De la vulgarisation  des investissements pour la formation et l'équipement. C'est entre autre, ce dont le secteur IT a besoin en Côte d'Ivoire.

JO: Plus de femmes bien sûr, et un Internet beaucoup moins cher en Afrique Sub saharienne.

LR: Une meilleure utilisation des outils TIC par les citoyens.

 

La sagesse de paix des plus démunis pour reconstruire la Centrafrique

vendredi 31 janvier 2014 à 15:35
Une école à Bangui, Centrafrique via wikipédia - license  Creative Commons Attribution 2.0 Generic

Une école à Bangui, Centrafrique via wikipédia – license Creative Commons Attribution 2.0 Generic

 Les volontaires permanents du Mouvement ATD en Centrafrique ont été présents auprès des plus démunis avant que le violent conflit religieux ne déchire le pays. Leurs actions pour soutenir les populations locales ont permis de maintenir la solidarité et le lien social dans certaines communautés fragilisées par les luttes fratricides. Leurs présences continues auprès des citoyens ont font des acteurs et observateurs privilégiés de la situation actuelle.  Global Voices a sollicité ces volontaires pour connaitre leur points de vue et les actions à mener pour reconstruire le pays; voici l'entretien à bâtons rompus avec Michel Besse et l'équipe de ATD-Quart Monde à Bangui:

 GV: Quelles sont les besoins pressants pour la Centrafrique maintenant ? Quelles solutions peut on proposer ?

MB: Pour nous, ce dont le pays a besoin pour reconstruire,  c'est de tenir compte de ceux qui ont résisté, et compter avec eux, s’appuyer sur leur expérience et leur savoir. Des familles, des personnes qu'on considère pour rien, isolées de tous et sans appuis chez les « kotazo » (les puissants, en sango langue nationale), ont maintenu malgré tout un lien de paix et de survie, au cœur des conflits. C'est ce lien dont le pays a besoin pour se rassembler après toutes ces distensions brutales. En revanche ceux qui sont restés comme des « blocs » par l'usage de la force (les milices armées) ou par l'usage de la ruse pour la survie de leurs intérêts politiques ou autres, n'ont pas cette vision de résistance et de reconstruction. Nous souhaitons que cette sagesse de paix des très pauvres puisse être connue de ceux qui sont dans leurs sécurités, ceux qui peuvent se protéger, ou ceux qui sont à l'abri. 

Dans votre localité, quelle est la situation à ce jour ? il y a t-il des réfugiés et si oui, d’où viennent-ils ?

MB: On peut dire que depuis le 24 décembre, toutes les maisons dans notre quartier ont accueilli des familles déplacées fuyant les quartiers devenus dangereux ; nous-mêmes, à la Maison Quart Monde, nous accueillons désormais une vingtaine de personnes, des membres du Mouvement venant de quartiers proches. Par ailleurs, un site de déplacés existe à quelques rues de chez nous, avec 19.000 personnes déplacées.
Des jeunes de ces familles déplacées sont souvent envoyés pour essayer de passer une nuit dans les maisons familiales, mais au bout de quelques essais ils retournent à nouveau dans des quartiers plus sûrs, à cause de regain de violences et de scènes de tueries qui ont eu lieu dans les zones d'affrontement. La situation, d'après ce que nous entendons de leur part, ainsi que par d'autres amis du Mouvement ATD, l'instabilité d'un jour sur l'autre est la marque de cette insécurité. Elle empêche de pouvoir se réinstaller durablement chez soi.
Beaucoup de ceux avec qui nous sommes en lien, entre autres des jeunes qui viennent prendre des matériaux d'animation pour les Bibliothèques de Rues dans leurs sites, et qui nous racontent leur vie quotidienne dans ces camps dont le plus grand à l'aéroport compte 100.000 personnes, nous le disent : « Ça fait très mal quand je vois ma famille sur cet aéroport. Quand je fais l'animation avec les enfants, la douleur est enlevée, j'ai moins de soucis ni de tracas, pas de douleur ».

Quand il y a de l'électricité, nous pouvons rester en lien avec des membres du mouvement, donner et recevoir de nouvelles des uns et des autres. Comme les déplacements sont limités, ces liens se font par téléphone mobile, surtout avec des familles qui sont dans zones de combats, avec un SMS, un appel de quelques secondes, parfois ces familles répondent en murmurant, de peur d’être entendues par les groupes armés qui passent, dans les ruelles près de leurs maisons. Nous faisons tout le possible pour que les nouvelles circulent : nous savons que c'est vital pour ne pas se sentir seuls.

Nous avions un projet de faire découvrir aux enfants et aux animateurs de Bibliothèque de rue et d’action Tapori dans sept zones de la capitale un DVD de chansons Tapori . C’était prévu pour Fin 2013, début 2014 : malheureusement, la flambée du 5 décembre nous a empêché de vivre ce projet : « C'est reporté, pas annulé », disait un de ces animateurs. « Dans le pays, un jour le calme viendra, alors ça sera possible ». Mais en attendant, les animateurs ne restent pas les bras croisés. Ils ont rejoints les enfants dans différents camps de déplacés. A l’aéroport, ils les réunissent plusieurs fois par semaines autour des livres, des chansons, du dessin. C’est ainsi que les enfants de la BDR du Camp de Mpoko, ont réalisé des coloriages, et ont choisi de les offrir à l’hôpital-mobile de MSF lors de l'inauguration , et avec leur fameux DVD en prime ! En recevant ce cadeau, la Directrice de l’hôpital, une MSF qui avait travaillé dans bien d'autres pays, disait sa joie de voir pour la première fois de sa carrière, que la force des enfants à travers leurs paroles et leurs chansons des enfants pour la joie d'autres enfants était mise en avant.

La situation est vraiment inquiétante au quotidien mais comment gérez-vous les incertitudes et quels sont les besoins les plus pressants à ce jour ?

MB: Nous voyons que pour les familles qui sont déplacées, l'important est de pouvoir continuer à gagner de quoi vivre. Pour deux mères de familles qui sont avec nous, il s'agit de vendre de la farine de maïs : pour cela il faut aller acheter le grain en vrac, puis le mettre à tremper une nuit, le sécher et aller trouver dans le marché Lakouanga à deux kms un moulin qui fasse la farine à bon prix, et enfin organiser la vente au détail dans l'un ou l'autre marché « spontané » qui est né du déplacement de la moitié de la ville. Toute cette activité de survie donne à la famille toute entière une raison de se lever, de se battre, d'espérer.
L'incertitude, c'est de vendre suffisamment pour pouvoir acheter de quoi manger à la famille ; c'est aussi d'avoir à traverser des quartiers où les conditions de sécurité sont tellement changeantes : celui qui a moulu mon grain aujourd'hui sera-t-il encore vivant demain ? C'est par exemple sur ce trajet de fabrication de la farine de maïs qu'une des mamans a été témoin devant ses yeux du lynchage d'un homme par la foule. C'est aussi l'incertitude de pouvoir rentrer avant le couvre-feu et la tombée de jour à 18 heures, alors que des bandes commencent à sortir pour aller piller des maisons désertées. L’autre souci des parents, c’est l’éducation des enfants, ils ne veulent pas que les enfants soient témoins de scènes de violence. depuis le début des tensions, les animateurs disaient : « il nous faut continuer nos Bibliothèque de rue pour désarmer l’esprit des enfants ». c’est aussi pour cela que nous allons soutenir l’initiative de l’école qui se trouve proche de la Maison Quart Monde. elle accueille depuis quelques jours plus de 1000 enfants et proposent des activités ludiques.

Depuis le jeudi 20 janvier 2014 et la prestation de serment de la Présidente de la transition, les radios nationales donnent des communiqués sur les réalités de violence qui continuent de toucher le pays : cela fait que les déplacés qui vivent avec nous, et d'autres qui passent nous voir, se posent beaucoup de questions pour le devenir de leur pays. Si malgré un deuxième gouvernement de transition les choses en restent à la violence, alors qu'est-ce qu'on va devenir?

La situation est très compliquée, c'est vrai. Mais on ne peut pas dire que tout le monde est ennemi. On ne peut pas sous-estimer les risques que prennent certains pour sauver d'autres qui ne sont pas de leur communauté. Par exemple, telle maman musulmane qui un midi voit passer une jeune fille chrétienne, ployant sous le poids du sac de grain qu'elle est allée moudre, et s'avance dans une rue ou des exactions viennent d'avoir lieu : « Viens ma fille »,dit-elle pour faire croire qu'elle est une parente, « je t'aide à porter »… et elle lui montre une ruelle pour éviter le quartier ! Dans ce même quartier, 17 lieux de culte chrétiens ont étés protégés par des groupes de jeunes musulmans qui ont voulu que l'honneur de leur voisinage soit respecté. Un autre exemple, un jeune chrétien a sauvé un homme poursuivi par une foule qui le soupçonnait d’être un ex rebelle. Lorsqu’on lui a dit : « mais pourquoi tu as sauvé ce rebelle ? » il a répondu : « j’ai sauvé un homme ».

En parlant de l'avenir du pays, un éducateur spécialisé dit : « Qu'on en finisse avec la haine. C'est une catastrophe. Les centrafricains veulent quelqu'un qui peut assurer cette transition, faire grandir un esprit qui bannit la haine et la jalousie. Qui favorise que l'un accepte l'autre. Un esprit de pardon pour assurer la paix, quelles que soient les origines de l'un et de l'autre. Les politiques doivent accepter que les gens veulent vivre en paix. Les gens réfléchissent : des dirigeants créeront-ils encore des divisions ? Car depuis si longtemps nous arrivions à vivre sans tenir compte de l'appartenance religieuse».

La deuxième partie de cet entretien sur comment peut-on venir en aide aux centrafricains sera publiée demain