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En Allemagne, l'initiative privée à la rescousse pour le sauvetage des migrants naufragés en Méditerranée

dimanche 3 mai 2015 à 16:52
The Italian coastguard rescues two of the 156 survivors of the October 3 tragedy off Lampedusa Island. Photo by UNHCR under CC BY-NC 2.0

Les garde-côtes italiens repêchent deux des 156 survivants de la tragédie du 3 octobre au large de l'île de Lampedusa. Photo UNHCR CC BY-NC 2.0

Plus de 800 réfugiés sont morts dans un naufrage au large des côtes libyennes le mois dernier. Selon un document (téléchargeable en français, PDF) d'Amnesty International, le bateau transportant les réfugiés a chaviré lorsque les passagers se sont précipités en trop grand nombre d'un côté pour faire des signaux à un navire marchand offrant de l'aide.

Hélas, le naufrage du 18 avril n'a pas été le seul de ces derniers mois. Frontex, l'agence des frontières de l'Europe, mandatée en novembre 2014 pour surveiller les frontières maritimes de l'UE dans le cadre de l'Opération Triton, dit ne plus avoir les moyens d'une action de sauvetage à grande échelle. Ce sont donc les garde-côtes nationaux respectifs des Etats membres et les navires marchands qui effectuent les opérations de recherche et de sauvetage.

La politique de repli de l'Union Européenne est de plus en plus critiquée [allemand]. L'opération Mare Nostrum, avant Triton, qui avait sauvé plus de 130.000 vies, a été stoppée fin octobre 2014 par l'UE, par crainte qu'une opération organisée de sauvetages maritimes ne fasse un appel d'air pour les réfugiés. De plus, les coûts de l'opération étaient trop élevés. L'objectif de l'Opération “Triton” qui a suivi n'est désormais plus le sauvetage, mais la sécurisation des frontières externes de l'UE contre l'immigration illégale.

Contre les attentes, l'abandon de ‘Mare Nostrum’ n'a pas fait cesser l'attrait de l'Europe. Le début de l'année 2015 a déjà vu mourir plus de 1700 réfugiés, 100 fois plus [anglais] que pendant la même période de 2014. De nombreuses organisations et la société civile poussent à une réaction des institutions de l'UE et à un programme de sauvetage coordonné et à grande échelle.

Liste de 17 306 migrants noyés en chemin vers l'Europe en Méditerranée. Les députés européens au parlement de l'UE doivent marcher dessus.

Pour combler les lacunes de la politique, quelques initiatives et organisations privées sont apparues ces dernières années, qui cherchent par leurs propres moyens à désamorcer la situation en Méditerranée.

Les politiques restent bras croisés, les citoyens agissent

Avec d'autres bénévoles sous le choc de la catastrophe devant Lampedusa [allemand] et l'aggravation de la situation en Méditerranée, Harald Höppner, a fondé l'Initiative Sea Watch. Sea Watch, constituée à l'origine par plusieurs familles du Brandenbourg, regroupe actuellement une douzaine de bénévoles de toute l'Allemagne. Le projet, financé par des dons privés, veut surveiller avec son propre bateau la zone maritime entre Malte et la côte libyenne, apporter les premiers secours aux embarcations en détresse, ainsi que rendre compte au public de ses expériences en mer. La durée du projet est fixée pour le moment à trois mois.

Le projet écrit sur son site web [allemand] :

Nous nous sentons responsables, et nous ne voulons plus regarder sans rien faire les souffrances et les morts.

Sea Watch promeut une “culture de la bienvenue”, prêchée par les politiques, mais pas traduite en actes, et parle des politiciens qui ont en bouche la “froideur de coeur des individus” tout en faisant prévaloir en Europe une politique de fermeture. A l'opposé des motivations de Sea-watch :

Nous avons décidé de combattre pour l'humanisation de la politique. L'hospitalité doit de nouveau appartenir à notre quotidien. Un service de sauvetage en mer doit être instauré d'urgence. L'UE y rechigne. C'est pourquoi nous en prenons l'initiative.

La mise en oeuvre concrète du projet doit démarrer mi-mai. Un équipage de 4 à 8 personne parcourra et observera pendant 12 jours la zone maritime des côtes nord-ouest de la Libye. A la vue d'un bateau de réfugiés en détresse, l'organisation se propose d'offrir les premiers secours avec de l'eau potable et de la nourriture, en cas de besoin fournir aussi de l'aide médicale ainsi que des radeaux et gilets de sauvetage, tout en informant les autorités  compétentes. Ils ne recueilleront pas eux-même de réfugiés, conformément aux recommandations de l'organisation ProAsyl.

Sea Watch met aussi à disposition une ligne téléphonique d'urgence pour transmettre l'information sur les urgences aux garde-côtes nationaux.

Cartographier la Med

Sea Watch collabore étroitement avec Watch The Med [surveiller la Med], une autre iniative privée, dont la création remonte à 2012. Depuis, cette initiative regroupe un large réseau de militants, chercheurs, organisations de défense des réfugiés et navigateurs, qui documentent à l'aide de technologies de cartographie les accidents avec morts et blessés de réfugiés dans la zone méditerranéenne. A partir des données de téléphones mobiles, de l'analyse des vents et courants, et des récits de témoins oculaires, la position exacte des bateaux et accidents peut être documentée, afin de pouvoir aussi déterminer ultérieurement les responsabilités de violations du droit de la mer.

L'objectif de l'organisation est de documenter les crimes contre les réfugiés en mer. Au coeur du projet, la technologie de cartographie, avec laquelle on voit clairement quand et où un incident s'est produit et combien de réfugiés ont été concernés. La carte rend aussi compte du nombre de réfugiés qui ont pu être sauvés. Un utilisateur peut donc parfaitement saisir que Watch the Med a reçu le 11 avril un appel par téléphone satellitaire en provenance d'un bateau avec près de 1000 passagers à proximité de la côte libyenne et que ces réfugiés auraient pu être sauvés avec la transmission du S.O.S. aux autorités compétentes. Sea-Watch tient également une ligne téléphonique d'urgence servant à transmettre les situations d'urgence à la garde côtière compétente.

Dans un entretien avec le portail suisse d'actualités 20Minuten, Simon Sontowski, formé au fonctionnement du téléphone d'urgence de Watch the Med à Zurich, explique sa motivation à participer à l'initiative :

Parce que je peux faire quelque chose de concret. Watch the Med est un véritable coup de pouce dans une tragédie politique et humaine. Tout le monde est d'accord qu'il est effroyable que tant d'êtres humains meurent chaque année, mais on entend trop dire «nous avons les mains liées» ou «que peut-on y faire ?» dans ce contexte. Et c'est complètement faux. Naturellement, nous ne pouvons pas les sauver tous, ce n'est pas non plus notre mission. Mais nous pouvons aider à réduire un peu ce drame, et nous voulons par ce projet rendre attentifs qu'en réalité ce n'est pas notre mission, mais celle de l'UE.

La vie des travailleurs philippins, peinte par Antipas ‘Biboy’ Delotavo

dimanche 3 mai 2015 à 12:44
"Itak sa Puso ni Mang Juan" (Dagger at the Heart of Mang Juan). Watercolor on Paper, 1978

“Itak sa Puso ni Mang Juan” (Poignard au Coeur de Mang Juan). Aquarelle sur Papier, 1978. Republiée avec permission.

[Tous les liens sont en anglais]

Dans le cadre de la Journée Internationale du Travail, Global Voices présente plusieurs tableaux qui illustrent la situation des travailleurs philippins.

Antipas “Biboy” Delovato est un célèbre artiste visuel philippin qui consacre son art à révéler des réalités douloureuses vécues par les citoyens ordinaires de la société philippine. En plus des autres réalités sociales qui exposent la face sombre de la dictature des années 1970, Biboy continue de réaliser des peintures qui éclairent le public sur l’impact de la pauvreté, l’oppression, et l’injustice dans le pays.

L’un de ses plus célèbres travaux présente un vieil ouvrier marchant devant le logo d’une compagnie transnationale (voir la photo ci-dessus). Des critiques décrivent cette œuvre comme « une crucifixion du prolétariat par un système capitaliste impitoyable. »

Interrogé par Global Voices quant à son inspiration, Biboy a déclaré :

Le grand art émane pour la plupart d’un esprit positif et encourageant qui l’inspire. Mon art semble être en contradiction avec ça. Le fardeau social l'a initialisé et je cherche le soulagement en le peignant. Je ne sais pas si c’est de l’inspiration. Je crois que c’est davantage une responsabilité en tant qu’être social doté d’une conscience.

Biboy ajoute également quelques conseils aux jeunes artistes :

Ce que vous créez en tant qu’artiste révèle ce que vous êtes. Si vous peignez uniquement pour l’argent ou autre, ça se verra. La sincérité, la conviction, la passion et le talent constituent les ingrédients du travail durable des artistes.

Le tableau ci-dessous illustre l’exode de masse des travailleurs philippins. Ils sont 12 millions, par delà les mers, à quitter leurs amis et leurs familles.

Diaspora Oil on Canvas, 2007

Diaspora. Huile sur Toile, 2007. Republiée avec permission.

Le spécialiste de l’art Patrick D. Flores dit de ce tableau :

Ils sont confrontés à un horizon qui semble se déplacer, mais leurs pas semblent décidés, leurs bagages les enracinent à leur terre, et ils sont résolus à « être présents » et disparaissent dans les profondeurs. Arrivent-ils ou partent-ils ? Sont-ils dans un vaste terminal à l’aéroport ou sur le tarmac pour attraper leur vol, ou arrivent-ils ?

Les Philippines détiennent une grande population de travailleurs clandestins, comme les vendeurs de rue, souvent harcelés et malmenés par les autorités.

Bawal Hanapbuhay (No Vendors Allowed) Watercolor, 1978

Bawal Hanapbuhay (Les Vendeurs sont Interdits). Aquarelle, 1978. Republiée avec permission.

La disparité de revenus entre les régions rurales et urbaines est immense. De nombreux agriculteurs vivent dans une pauvreté chronique, qui les force à migrer vers les zones urbaines.

Oil on Canvas, 2012

Huile sur Toile, 2012. Republiée avec permission.

Un critique d’art a décrit ce tableau comme un rappel de « la fausse bienveillance accordée aux Philippins depuis plus de 100 ans par les envahisseurs américains, dont les effets nous poursuivent encore aujourd’hui. » Les Philippines furent une colonie américaine, de 1898 à 1946.

Lead White Oil on Canvas, 2011

Guied Blanc. Huile sur Toile, 2011. Republiée avec permission.

Les manoeuvres militaires communes des armées philippine et américaine sont devenus plus fréquentes pendant la soi-disant « Guerre contre le Terrorisme », après les attentats du 11 septembre à New York.

America Gave Us John Wayne Oil on Canvas, 2003

L'Amérique Nous A Donné John Wayne. Huile sur Toile, 2003. Republiée avec permission.

Ce tableau est décrit par un critique comme une allusion aux « embarras de l'opulence reposant sur un drapeau philippin abîmé. »

Steal Life Oil on Canvas, 2008

Nature morte – Vie Volée. Huile sur Toile, 2008. Republiée avec permission.

Toutes les images d’Antipas “Biboy” Delotavo sont republiées ici avec sa permission.

Chine : de nouvelles règles contraignantes sur les pseudonymes et les images de profil en ligne

dimanche 3 mai 2015 à 11:58
Anti-umbrella sketch by Ellery Roberts Biddle.

caricature anti parapluie par Ellery Roberts Biddle.

 Ceci est un article réalisé à partir d'un interview de Wu Tun, propriétaire d'une boutique en ligne qu'il a été contraint de fermer en novembre 2014 (Taobao shop) . L'interview a été réalisé par Yi Que Tang  et d'abord publié sur pao-pao.net. La version anglaise a été traduite par Mandy Wong puis éditée et republiée par GV dans le cadre d'un accord de partenariat.

La nouvelle législation surInternet en Chine criminalise l'utilisation de pseudonymes ou d'images sur les profils pouvant “contrevenir aux lois existantes, menacer la sécurité nationale, détruire l'unité ethnique ou diffamer des tiers.”

Peu avant que cette loi entre en vigueur, le 1er mars, plus de 60 000 comptes d'utilisateurs ont été supprimés des grandes plates-formes de médias sociaux chinoises. Par la suite, plus de 7000 ont été supprimées en mars, au premier mois de la mise en place de nouvelles règles.

除執行網絡實名際外,中國針對網名及自我介紹進行管理,防止滲入政治訊息。圖片來自 Jason Ng 可能吧。

La Chine a mis en place de nouvelles règles pour  contrôler les utilisateurs d'Internet. Image de Jason Ng's Kenengba.  Usage non commercial

Le 4 février, le bureau d'information pour l'internet national chinois a publié un règlement sur l'utilisation des comptes d'utilisateurs sur Internet, qui impose neuf restrictions concernant les noms d'utilisateurs sur Internet. Cette règle a été mise en place dans le cadre d'un vaste ensemble de changements sur  l'identité des utilisateurs d'Internet en Chine. Ceux-ci seront désormais obligés de s'enregistrer sous leur vrai nom pour tout service en ligne. Bien qu'il puissent encore utiliser des avatars  ou des pseudonymes personnalisés, ils ne pourront le faire que dans le cadre de cette nouvelle politique

Ceci pourrait poser un problème a beaucoup d'utilisateurs d'Internet en Chine. Des internautes marqués politiquement utilisent souvent pseudonymes, avatars ou une image de leur profil pour faire une déclaration politique. Par exemple, les utilisateurs qui croient à des valeurs universelles ajoutent quelquefois “MZ” (forme abrégée de Minzhu, signifiant démocratie) à leur identifiant. Lors de l'évasion du militant des droits de l'homme, aveugle Chen Guangcheng (réfugié à l'embassade des Etats-Unis en 2012), ses partisans avaient changé leur nom d'écran en “Besoin de Guang [Lumière] et Cheng [Sincérité]”. Les avatars jouent un rôle similaire. Pendant la révolution des parapluies à Hong Kong, les sympathisants venus du continent chinois ont changés leur image de profil, affichant l'icône du mouvement : le parapluie ouvert.

Dans le cas de Wu Tun, s'il changeait son image de profil pour la remplacer par celle de son T-shirt montrant son soutien à  Ai Weiwei, son compte serait suspendu en vertu du nouveau règlement des “neuf restrictions”.

Ces restrictions peuvent être adaptées à pratiquement tout. Par exemple, l'une d'elle concerne  la diffusion de rumeurs et les  troubles à l'ordre public .”Mais franchement, qui peut juger si une information est ou non une rumeur en Chine” ? Comment une image de profil ou un titre d'article pourrait-il troubler l'ordre public ? Les autorité ont le pouvoir en dernier recours, d'interpréter à leur guise ces restrictions. Récemmment un internautes de Chine continentale ayant publié sur Photoshop une image de Xi Jinping pour son cercle d'amis sur WeChat a été interpellé par la police l'accusant de “troubler l'ordre public”.

De nombreux internautes chinois expriment leurs doutes et leurs inquiétude sur ces restrictions et les accusations de subversion contre le pouvoir de l'État, destruction de l'unité nationale. Encore une fois, on se demande comment un avatar pourrait détruire l'unité nationale ? Il semble bien que n'importe quelle image soit susceptible d'être interprétée comme une critique envers les autorités, pouvant donner lieu à des poursuites en vertu du nouveau règlement.

L'internet chinois a adopté la politique de la porte close et l'espace d'expression en ligne rétrécit rapidement. Beaucoup dans ces conditions choisissent de demeurer silencieux, par prudence ou peur.

Manifestations, casseurs et lacrymogènes pour les débuts de l'Exposition Universelle de Milan

samedi 2 mai 2015 à 20:00
Anti-Expo march in Milan city centre. Photo taken on 30 April 2015 by Marco Aprile. Copyright Demotix.

Les anti-expo défilent dans le centre de Milan, 30 avril 2015. Photo Marco Aprile. Copyright Demotix.

Les manifestations de masse prévues pour l'ouverture de l'Expo 2015 à Milan, que l'Italie se préparait depuis des années à accueillir, ont dégénéré quand des heurts entre policiers et certains manifestants ont éclaté le 1er mai au centre-ville.

Des récits indiquent que des manifestants du “black bloc” sont devenus violents et se sont mis à vandaliser, notamment autour de la gare centrale Cadorna. Les casseurs seraient, dit-on, associés aux mouvements radicaux anti-mondialisation de toute l'Europe. Les policiers en attirail anti-émeutes, qui étaient préparés aux violences, ont riposté en aspergeant les manifestants de gaz lacrymogène et en procédant à de nombreuses arrestations.

L'exposition durera six mois, et le gouvernement italien a consacré 1,3 milliards d'euros à la construction des pavillons et autres infrastructures pour un événement auquel participent 145 pays.

Pour les contestataires, l'Expo 2015 symbolise une corruption qui ne profite qu'aux entreprises participantes. Ils affirment que la foire n'aide pas l'Italie à surmonter sa crise financière. Au contraire, disent-ils, c'est un gaspillage d'argent qui aurait dû être dépensé pour la croissance économique et la création d'emplois.

Les violences tranchaient sur la journée précédente du 30 avril, qui avait vu des dizaines de milliers d'étudiants, de militants anti-austérité et anti-mondialisation et d'écologistes défiler pacifiquement contre l'Expo.

Affrontements à Milan, 1er mai 20&5. Photo Marco Aprile. Copyright Demotix.

Affrontements à Milan, 1er mai 2015. Photo Marco Aprile. Copyright Demotix.

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants masqués, dont certans ont caillassé les agents, mis le feu à des poubelles et des voitures, et lancé des bombes fumigènes et des pétards dans quelques magasins.

Les Black blocs ont utilisé des bombes fumigènes pour aveugler les flics, puis ont changé de vêtements, ont abandonné leur matériel et se sont fondus dans la foule. Génie.

L'Expo 2015 en chiffres

L'Exposition Universelle doit amener à l'Italie 20 millions de visiteurs jusqu'à sa fermeture en octobre. Neuf millions de tickets d'entrée ont déjà été vendus.

Le premier ministre italien Matteo Renzi anticipe un chiffre d'affaires généré de 10 milliards d'euros et la Chambre de Commerce de Milan annonce 191.000 emplois créés pour les Italiens pour les mois à venir. Des prédictions énergiquement contredites par les contestataires.

Bloc des luttes #autonomes#logement & #notav en marche de la place du 24 mai vers le centre-ville

Répression sécuritaire

Au début de la semaine, la police italienne a mené une série de perquisitions contre les groupuscules soupçonnés de planifier des manifestations violentes. Des pétards, battes de baseball et masques à gaz ont été saisis. Un ressortissant allemand a été appréhendé et 26 personnes, dont 16 Français, ont été placés sous enquête. La veille des violences, The Times of Italy a rapporté, citant des sources policières, qu’ “un groupe d'un millier d'anarchistes de toute l'Italie et l'Europe se sont rassemblés à Milan avant l'Expo”.

Des milliers de policiers italiens ont été déployés dans le centre-ville et la sécurité était renforcée.

Des Italiens étaient mécontents des violences qui se sont produites dans les rues, après des manifestations qui avaient commencé dans le calme :

Ce n'est pas en détruisant des magasins et des voitures de citoyens innocents qu'on manifeste. Et il aurait fallu manifester plus tôt

beaucoup des #noexpo2015 ne savent pas ce qu'ils disent et n'ont rien à faire de la liberté d'opinion et du droit à manifester

Le mouvement No Expo

La manifestation était la première d'une série prévue autour de l'Expo 2015, dont le thème, “Nourrir la planète, énergie pour la vie”, est critiqué par les mouvements écologistes, anti-capitalistes et anti-mondialisation.

Les contestataires défendent que le thème de l'Expo est ironique, puisque beaucoup de gens n'ont pas accès à la nourriture et à l'eau. Les manifestants s'opposent aussi à l'intégration à l'Expo de multi-nationales de l'alimentation comme Coca Cola, Nestlé et McDonald's.

Ils ajoutent que des milliers de personnes ont été exploitées en travaillant de longues heures dans les pavillons de l'exposition, sans être payées.

“Non à l'expo2015, mangez les riches”

Voici une vidéo des manifestations pacifiques de hier :

Italie : Heurts à Milan lors du défilé d'étudiants gauchistes contre l'Expo Milan 2015

Parlant d'une banderole tenue par un manifestant dans l'image ci-dessus, Andrea Petti en relève l'ironie :

“La ville appartient aux étudiants, non à l'Expo”. Ah oui, aux étudiants qui manifestent seulement pour ne pas aller aux cours.

L'Italie et l'Expo

Milan se prépare à l'Expo depuis 2008, quand elle a gagné l'appel d'offres pour l'accueillir. La précédente s'est tenue à Shanghaï en 2010. L'événement fait partie d'une série d'expositions universelles remontant à 1851, chacune a lieu dans un pays différent, tous les cinq ans.

La réputation de l'exposition a déjà été ternie par l’arrestation pour corruption de plusieurs hauts-fonctionnaires.

La presse italienne a usé de titres comme “Les cinq journées de Milan”, en italien “Cinque giornate di Milano”, référence à un événement fondateur de 1848 au début de la première guerre de l'Unité italienne.

Quelqu'un n'a toujours compis que la fin ne justifie pas les moyens, ce sont les moyens qui déligitiment les fins.

Cette bataille pour l'Expo 2015 attise la curiosité d'autres :

Quand même, ces NoExpo m'ont seulement rendue plus curieuse sur l'Expo2015… J'irais presque faire un saut

L'Italie n'a pas besoin d'Expo, mais de plus d'engagement envers les citoyens plus démunis qui n'ont pas pour ami quelque “politicien par hasard”

L'Exposition a obtenu beaucoup de buzz sur les médias sociaux, avec de nombreux mots-dièses pour ou contre, tels #Noexpo , #Noexpo2015, et #Noexpomayday coïncidant avec la fête du Travail le 1er mai.

Pendant ce temps, les rassemblements anti-austérité se propageaient dans d'autres villes italiennes avec également des heurts entre policiers et manifestants.

Le porno sur Internet interdit au nom de lois tsaristes au Tatarstan

samedi 2 mai 2015 à 14:21
Ilya Repin's "Ivan the Terrible Killing His Son," featuring former porn star Sasha Grey. Images edited by Kevin Rothrock.

Le tableau d'Ivan Répine “Ivan le Terrible assassinant son fils” dans lequel s'est illustrée l'ex-star du porno Sacha Grey. Photomontage de Kevin Rothrock.

Vladimir Poutine a un jour déclaré [en anglais], que la moitié de ce qu'on trouve sur Internet n'était rien d'autre que du “contenu pornographique”. Une grande étude universitaire de 2010 a montré alors [en anglais], qu'en réalité, seulement 4% des sites Web peuvent être considérés comme pornographiques. Que la majeure partie de l'information disponible sur Internet soit réservée à un public adulte ne fait en revanche pas de doute.

Si le système judiciaire russe suit le président sur cette voie, le nombre de sites pornographiques légaux va vite tomber à zéro. Et c'est bien ce qui se passe : le tribunal régional du Tatarstan a banni 136 sites porno, et le délibéré indiquait clairement qu'il est illégal de diffuser de la pornographie sur Internet.

Le 13 avril 2015, le quotidien “Izvestia” écrivait [en russe] que le tribunal régional d'Apastovo, au Tatarstan, avait demandé au Roskomnadzor, le chien de garde des médias, d'ajouter 136 sites à sa liste noire s'ils ne supprimaient pas dans les trois jours tout contenu pornographique de leurs pages. La liste de ces sites contient xHamster, l'un des sites pornographiques les plus populaires dans le monde.

Le parquet local, qui a soumis une pétition au tribunal exigeant la fermeture de tous les sites pornographiques, cite d'obscurs accords internationaux datant du début du XXe siècle, selon “Izvestia”.

Premièrement, les procureurs font remarquer que les normes internationales font partie intégrante des lois russes, en accord avec la Constitution de la Fédération de Russie, et sont même prioritaires sur la législation nationale en cas de divergences, soulignent-ils de façon assez peu orthodoxe. Le parquet cite aussi la Convention internationale pour la répression de la circulation et du commerce de publications pornographiques, signée à Paris en 1910, ainsi que le dernier accord de Genève de 1923, qui interdisent tout deux la production et la diffusion de contenus pornographiques.  

Ces conventions ont bien entendu été signées du temps de la Russie tsariste puis de l'Union soviétique, et selon le tribunal d'Apastovo, la Russie d'aujourd'hui est toujours liée par ces accords.

Selon un producteur de films “réservés aux adultes”, les lois russes sont plutôt floues dans le domaine de la pornographie. La seule loi sur l'édition de livres est l'article 242 du Code pénal russe, celui qui définit les aspects illégaux de la diffusion de pornographie, mais à part ça rien qui définisse de cadre légal pour la publicité, la distribution et le commerce dans ce domaine.

Alors sur quels critères le parquet du Tatarstan a-t-il sélectionné ces 136 sites promis à la liste noire du Roskomnadzor ? Il s'avère que le procureur a juste tapé sur Yandex [le moteur de recherche le plus populaire en Russie, l'équivalent de Google] les mots “prostituées à Kazan” et “vidéos porno”. Après quoi les experts en cinématographe du ministère de la Culture ont confirmé que les sites en question recelaient bien un contenu pornographique.

Cependant, on ignore encore si le Roskomnadzor va bloquer l'accès à ces sites sur tout le territoire russe ou seulement au Tatarstan. On ne sait pas non plus si le Roskomnadzor et le tribunal régional d'Apastovo vont se contenter de fermer ces 136 sites, ou s'ils vont lancer une campagne d'envergure contre des millions d'autres sites porno.

Quoi qu'il en soit, ce n'est que le dernier épisode d'une série de mesures pour le contrôle d'Internet, en vogue depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, en 2012. Pour certains internautes russes, tel par exemple le musicien Sergueï Chnourov, le troisième mandat présidentiel de Poutine suffit à lui seul à vous gâcher le plaisir du porno, et ça n'a rien à voir avec les décisions de justice qui peuvent se prendre au Tatarstan:

Корректорская правка: Vitaliy

A la télévision il y a Poutine, à la radio il y a Poutine, sur Internet… il y a Poutine aussi. J'ai carrément la trouille de mettre un porno…
– Le Chien de Chnourov @YaTebyaEbal), 10 mars 2015