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Le rapport Netizen : de nouvelles pannes d'internet en Irak et au Cameroun

samedi 18 février 2017 à 12:02

Rue commerciale à Baghdad, 2013. Photographie pour Chatham House via Wikimedia (CC BY 2.0).

Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.

Le rapport Netizen de Global Voices Advocacy propose un aperçu global de problèmes, victoires et avancées en matière de droits numériques.

Au Cameroun comme en Irak, les habitants sont de plus en plus habitués aux coupures d'internet. Le premier pays a imposé des restrictions d'accès le 17 janvier après des mois de protestation contre la marginalisation des anglo-saxons dans ce pays d'Afrique occidentale dominé par les francophones. Ces manifestations ont donné lieu à des détentions massives et le haut commissaire de l'ONU pour les Droits de l'Homme a même déclaré que la police avait fait un “usage de la force excessif” contre les manifestants camerounais.

Pendant ce temps dans ces régions, il fut impossible de se connecter à internet pendant plus de trois semaines. La suspension du service a eu des effets néfastes pour les commerces, les entreprises de technologie et dans la vie quotidienne. D'après les organisations de défense du numérique, Internet Sans Frontières et Access Now, les quinze premiers jours sans connexion ont coûté au Cameroun environ six cent quatre-vingt mille euros.

En Irak, entre le 1er et le 6 février, il y a eu quatre coupures irrégulières d'une heure. Elles coïncidaient avec les examens scolaires de la fin de l'école primaire. Pour la troisième année consécutive les autorités ont interrompu les connexions internet pour éviter que les étudiants trichent pendant les examens. Les coupures d'une heure de cette année étaient courtes comparées à celles de mai dernier, d'une durée de trois heures chacune.

Le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU a approuvé une résolution sans rapport en juin 2016 condamnant ce type de mesures et insistant sur le fait que les “droits qu'on les personnes dans le monde réel doivent aussi être protégés en ligne, en particulier la liberté d'expression”.

Interdiction d'entrer aux États-Unis d'une Canadienne pour une vidéo de prières musulmanes

Bien que le décret migratoire de Donald Trump ne s'applique en théorie qu'aux résidents de sept pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Les voyageurs provenant d'autres pays dénoncent des interrogatoires sur leur foi et la réquisition de leurs téléphones portables par les agents de la police des frontières. Le 4 février, une citoyenne canadienne d'origine marocaine, de confession musulmane et portant un hijab s'est vue refuser l'entrée à la frontière entre les États-Unis et le Canada après la fouille de son téléphone par des agents qui y ont trouvé des prières en arabe. On lui a dit “Vous n'êtes pas autorisée à entrer aux États-Unis car nous avons trouvé des vidéos représentant des menaces contre nous.”

Dans le cadre des procédures de sécurité, le nouveau secrétaire de la sécurité intérieure John Kelly, avance que les agents du contrôle des frontières peuvent demander aux voyageurs de ces pays leurs identifiants de messagerie et de réseaux sociaux. Dans une interview sur National Public Radio, Kelly annonçait que cette mesure pourrait s'élargir aux voyageurs d'autres pays.

Le droit s'applique-t-il en Algérie ? Il est temps de lâcher Facebook

Désormais, selon un communiqué du président du barreau de Tlemcen (Algérie), les avocats utilisant les réseaux sociaux [fr] encourent des sanctions telles que la suspension des bourses de scolarité et d'autres “mesures correctives”. La décision a été adoptée suite aux critiques du président du barreau des avocats d'Alger, Abdelmadjid Sellini, sur l'utilisation “abusive” de Facebook par les avocats de la ville. Sellini a aussi souligné son intention de prendre les mesures “nécessaires” contre les avocats qui selon lui pourraient nuire à la profession avec les réseaux sociaux.

Des internautes chinois détenus pour insulte à la police

La police chinoise a incarcéré des internautes qui insultaient des agents des forces de l'ordre sur les réseaux sociaux. D'après Radio Free Asia, au moins six personnes ont déjà été arrêtées et au moins une a été accusée d'enfreindre la loi sur la sécurité publique pour avoir publié sur Weibo des critiques contre un policier mort en service. La loi, en vigueur depuis 2006, classe les délits pouvant être sanctionnés administrativement par la police sans contrôle judiciaire.

Deux Ukrainiens sont condamnés à cinq ans de prison pour discours séparatiste sur les réseaux sociaux

Deux citoyens ukrainiens ont été condamnés à cinq ans de prison pour “support au séparatisme” en publiant sur Vkontakte. La semaine dernière, ces hommes incarcérés depuis avril 2015 ont été déclarés coupables d'être les organisateurs de groupes séparatistes en février 2014, peu après la Révolution d'Euromaidán. Ils s'ajoutent à la liste de deux autres cas d'utilisation de réseaux sociaux jugés pour soutien virtuel au séparatisme.

Les Émirats Arabes Unis poursuivent un journaliste jordanien pour ses publications sur Facebook

Le journaliste jordanien Tayseer al-Najjar détenu depuis quelques temps a été accusé par le Tribunal de la sécurité des EAU d'insulte à l'État sur Facebook. Al-Najjar aurait publié des critiques sur Facebook concernant la position des EAU dans les opérations belliqueuses à Gaza (Israël) en 2014 alors qu'il vivait en Jordanie. L'auteure de Global Voices, Afef Abrougui, relate que “ce qui est préoccupant dans le cas de Najjar n'est pas qu'il soit poursuivi pour avoir exprimé ses opinions, chose courante sur le territoire, mais pour des déclarations qu'il a fait avant d'emménager dans le pays”. Il a été détenu en décembre 2015, tenu au secret pendant environ cinq mois et est resté en détention préventive pendant plus d'un an.

En Inde, des experts en nouvelles technologies lancent une campagne sur la protection de la vie privée en ligne

En Inde, les groupes de soutien des logiciels libres et ouverts ont organisé une campagne pour sensibiliser le public aux enjeux de la vie privée en ligne et ont déclaré janvier comme mois de la vie privée en étiquetant sur Twitter #PrivacyAware (Conscience relative à la vie privée) pour inviter les usagers à participer à la campagne. C'est un effort important au vu du manque de contenu en langues hindi, bengali et tamoul disponibles pour les indiens qui sont particulièrement vulnérables face aux menaces de sécurité en ligne.

Une application mobile permet aux citoyens d'évaluer la censure 

L’Open Observatory of Network Interference (OONI) a créé une application mobile pour iOS et Android qui permet aux usagers de suivre les sites web bloqués, d'évaluer les performances du réseau et de publier les informations collectées par les utilisateurs pour actualiser cette base de données ouverte.

Nouvelles enquêtes

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Côte d’Ivoire : la nécessaire réforme de l’armée est en marche

vendredi 17 février 2017 à 14:49

Capture d'écran de la caserne à Bouaké, CIV

« Les militaires ont accepté de rentrer dans les casernes et les tirs ont cessé », affirmait une source locale à Bouaké. Une semaine après le début des mutineries dans la ville du centre de la Côte d'Ivoire, les 6 et 7 janvier, les négociations engagées entre le gouvernement et les soldats semblaient avoir abouti. Dans plusieurs villes du pays, les militaires ivoiriens ont provoqué des incidents, tirant des coups de feu en l'air. Leurs revendications : le paiement de primes, des augmentations de solde et une promotion plus rapide entre les grades. « Je confirme mon accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l'amélioration des conditions de vie et de travail des soldats », a déclaré le président ivoirien, Alassane Ouattara.

La question des revendications matérielles de l'armée est récurrente depuis que la Côte d'Ivoire est sortie, en 2011, d'une décennie de guerre civile et de rébellion – une rébellion dont Bouaké était alors la capitale. De cette période troublée l'armée ivoirienne a hérité d'une organisation désormais obsolète.

Aux racines des revendications

Après la tentative de coup d'Etat en 2002, la Côte d'Ivoire a été partagée en deux : la rébellion au Nord, les forces loyales à l'ancien président, Laurent Gbagbo, au Sud. Refusant de reconnaître sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2010, ce dernier a plongé le pays dans une crise violente, se soldant par 3 000 morts.

Associées à cette décennie de crise, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) ont été, depuis, rebaptisées en Forces armées de Côte d'Ivoire (FACI). Un changement de nom bienvenu, mais insuffisant, à lui seul, pour réformer une armée de quelque 22 000 hommes, sans compter les plus de 19 000 gendarmes que compte le pays. « C'est une armée mexicaine qui bouffe du budget », confesse un militaire à la retraite, pointant le fait que plus de 12 000 hommes avaient été intégrés aux corps réguliers de l'armée avant ou après la crise post-électorale de 2010-2011.
Déjà en 2014, les militaires avaient obtenu de meilleurs salaires et conditions d'avancement après de premières manifestations. Conséquence de ces largesses politique, les FACI compteraient aujourd'hui pas moins de 14 000 sous-officiers pour 22 000 militaires. Un sacré déséquilibre, quand on sait qu'au sein d'une armée moderne un sous-officier doit encadrer quatre hommes et un officier, dix.

D'autres mesures, prises dans les années 1990, ont conduit à un vieillissement des effectifs. Les crises successives traversées par le pays ont également détruit les infrastructures et matériels militaires, affaibli la chaîne de commandement, diminué la capacité opérationnelle des forces armées et altéré l'esprit de corps. Enfin, l'Onuci, la force de l'ONU, présente depuis 2004 et dont les effectifs ont compté jusqu'à 10 000 hommes, s'apprête à quitter le pays à l'été 2017. Autant de défis qu'a bien compris le gouvernement d'Alassane Ouattara, en proposant un ambitieux projet de loi de programmation militaire.

Loi de programmation et nouveau « plan Marshall » pour l'armée

Première du genre en Côte d'Ivoire, la loi de programmation militaire a été adoptée le 4 janvier 2016. S'étendant sur la période 2016-2020, le texte entend réformer en profondeur la défense ivoirienne. A terme, l'objectif est d'adapter l'armée aux réalités actuelles du pays.
Le programme est doté à la hauteur des objectifs poursuivis : pas moins de 2 000 milliards de francs CFA (3,8 milliards d'euros) ont ainsi été budgétés d'ici à 2020. Au programme, la modernisation et l'achat d'équipement, mais surtout une refonte des effectifs. Alors que 90% du budget alloué à l'armée est, aujourd'hui, consacré au versement des salaires, il s'agit « d'inverser la pyramide », pour le ministre de la Défense, Alain-Pierre Donwahi. Autrement dit, de faire en sorte que l'armée compte moins de gradés par rapport au nombre de soldats.

Pour répondre aux dernières revendications exprimées par les militaires, le gouvernement Ouattara a adopté plusieurs résolutions améliorant leurs conditions de vie et instaurant un dispositif sécuritaire. Les autorités ivoiriennes ont pris leurs demandes très au sérieux, à en croire Bruno Nabagné Koné, le porte-parole du gouvernement : « Le président a instruit les grands commandements d'initier des rencontres avec toutes les composantes des forces de sécurité du pays afin que leurs conditions de vie soient améliorées ». Tous les arriérés de primes seront payés, selon le ministère de la Défense.

Pour Arthur Banga, chercheur ivoirien spécialiste des questions de défense, « Il y a des efforts qui sont faits par le gouvernement ivoirien en termes d'amélioration du cadre de vie et des moyens des militaires, mais (…) il faut bien comprendre la sociologie de ceux qui manifestent aujourd'hui. Ce sont d’anciens soldats issus des FAFN qui estiment qu'ils ont contribué plus que d'autres à la prise de pouvoir d'Alassane Ouattara et qui aujourd'hui s'estiment mal récompensés au niveau de la rémunération (…). Les officiers issus des Forces nouvelles (…) ont connu une ascension. Il y en a qui sont lieutenants-colonels, colonels, alors que les soldats n'ont pas connu cette ascension-là ». Autant de problématiques auxquelles répond la « nouvelle loi de programmation militaire qui veut justement un nouveau statut pour les nouveaux soldats, qui seront des soldats sous contrat », selon le chercheur.

Quant au départ de l'Onuci, le ministre de la Défense, Alain-Pierre Donwahi, assure que tout est fait pour que « le transfert de compétences se fasse correctement. Nous y sommes tout à fait préparés », soulignant que les FACI ont assuré « avec succès » la sécurité lors du référendum constitutionnel organisé en octobre 2016.

Sur les traces des migrants disparus pendant leur voyage vers les États-Unis

vendredi 17 février 2017 à 10:21

Un migrant cherche à passer la frontière vers les États-Unis au niveau de Tijuana-San Diego. Les croix rappellent tous ceux qui n'ont pas réussi à passer et sont morts pendant leur tentative. Photographie de Tomas Castelazo sur Wikimedia Commons.

Lorsqu'un groupe de migrants est surpris en train d'essayer de passer la frontière entre le Mexique et les États-Unis, la Patrulla Fronteriza [patrouille des frontières] les poursuit à travers un terrain hostile inconnu de la grande majorité des Mexicains, Guatémaltèques et Honduriens qui cherchent à atteindre les États-Unis afin d'améliorer leur qualité de vie ou de fuir la violence en hausse dans leurs pays d'origine.

Ainsi, les autorités utilisent le désert comme une “arme” qui mène à la mort et à la disparition de dizaines de milliers d'immigrants sans papiers. La zone sud-ouest de la frontière des États-Unis est un “grand cimetière de disparus”, selon le rapport de l'organisation No More Deaths/No Más Muertes [Plus de morts], recueilli par The Guardian. Le porte-parole de fondation signale que ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont disparu depuis les années 1990, dont mille deux cent pour la seule année 2015.

D'autre part, les chiffres de la Patrulla Fronteriza estiment à au moins six mille personnes décédées depuis les années 1990. Mais d'autres estimations sont significativement plus hautes. Il est impossible d'obtenir un chiffre, exacte ou approximatif, puisque beaucoup de corps n'ont jamais été retrouvés.

En plus de la persécution et de la dispersion effectuées par les autorités, la disparition de personnes est aussi la conséquence de l'abandon des “coyotes” ou “plumeurs”, comme sont surnommés les contrebandiers qui font passer les migrants d'un pays à l'autre. Souvent, les contrebandiers trompent leurs “clients” en leur disant que le passage est sûr bien que la réalité soit tout autre : un terrain hostile, une patrouille vigilante, des conditions climatiques extrêmes et le manque d'eau.

Le Bureau de Washington aux Affaires Latino-américaines (WOLA) a signalé que l'augmentation de la migration est une crise humanitaire et non une menace pour la sécurité nationale des États-Unis.

Face à cette problématique, de nombreuses organisations sont apparues, qui utilisent les plateformes numériques comme un outil permettant de donner une identité aux cadavres trouvés dans le désert et déclarés “inconnus”.

Des pantalons, des boucles de ceintures et autres objets personnels

I Have A Name/ Yo tengo Nombre [J'ai un nom] est une base de données qui cherche à faciliter l'accès à l'information liée au décès des personnes à la demande des familles. Ces dernières veulent savoir si leurs êtres chers ont été victimes de la délinquance en Amérique Centrale, s'ils ont été séquestrés au sud du Mexique, arrêtés au nord ou s'ils ont réussi à arriver à destination sains et saufs.

Fotografía tomada del sitio yotengonombre.com

Cas numéro 0409 : “Chemise café avec le logo de Guinness. Chaussures de sport de la marque Nike, pointure 8.5 des États-Unis. Caleçon rouge de la marque Funk, taille extra large. Trouvés à Dos Palmas Ranch.” L'information de contact se trouve en suivant le lien. Photographie prise sur le site et utilisée avec autorisation.

Le projet numérique montre des photographies d'articles personnels apparus parmi les biens des migrants trouvés dans le Sud du Texas. L'initiative vient du média El Observatorio de Texas, qui – avec l'autorisation des médecins légistes – a photographié des vêtements, des chapelets, des bijoux, des ceintures, des chaussures, des peignes, des bracelets, des casquettes, des sacs à dos, des boucles de ceintures et d'autres objets qui pourraient être déterminants pour que ceux qui cherchent leurs disparus réussissent à les localiser et à savoir ce qui leur est arrivé.

Imagen tomada del sitio yotengonombre.com

Cas numéro 0419 : “Foulard bleu. Dentifrice et brosse à dents. On pense que les restes ont été trouvés dans le comté de Jim Hogg, mais ils ont été enterrés dans le cimetière Sacred Heart dans le comté de Brooks County puis exhumés le 23 mai 2013.” Le contact se trouve en suivant le lien. Photographie prise sur le site et utilisée avec autorisation.

Pendant ce temps, il existe sur Facebook une page appelée “Desaparecidos y sin reclamar en la frontera” [“Disparus et sans réclamation à la frontière”], qui réalise le même travail et ajoute des photographies de tatouages qui facilitent l'identification des corps. Dans le fil d'actualité, on peut lire des messages qui annoncent la localisation d'êtres chers :

FAMILIA LOCALIZADA. MIL GRACIAS POR COMPARTIR!! (…) Cuerpo encontrado el día martes 3 de enero de 2017 en Río Grande, Hidalgo, Texas. El cuerpo mostraba signos moderados de descomposición, y determinaron que se trataba de un varón en edad adulta, de aproximadamente entre 30 y 40 años”.

FAMILLE LOCALISÉE. MILLE MERCIS POUR  LES PARTAGES!! (…) Corps retrouvé le mardi 3 janvier 2017 à Río Grande, Hidalgo, Texas. Le corps montrait des signes modérés de décomposition, on a pu déterminer qu'il s'agissait d'un individu adulte de sexe masculin, âgé entre 30 et 40 ans”.

Les utilisateurs qui souhaitent partager la photographie et l'information concernant leur proche disparu au cours de sa tentative de passage de la frontière, peuvent le faire sur cette même page.

Ces photographies sont la preuve silencieuse de la manière dont le désert est devenu un enfer à 43°C pour les sans-papiers. La politique migratoire des États-Unis et le renforcement de la militarisation de la frontière semblent obliger les migrants à s'enfoncer dans les zones les plus éloignées du désert de l'Arizona et dans d'autres régions qu'ils ne connaissent pas.

Voici le témoignage du dénouement de l'une des affaires :

Un caso más se cierra, y una familia se encuentra plenamente agradecida con todos ustedes por haber compartido este caso, y que llegará hasta Mexicali, Baja California.

En el mes de octubre por medio de las fotografías que se publicaron, pudieron identificar algunos tatuajes de su familiar, tuve la oportunidad de hablar con ellos, y lamentablemente todo coincidía, pero esperamos a que la familia hiciera el trámite y lo pudiera identificar, durante ese mismo mes nos confirmaron que se trataba de Emilio Hipólito, pero nos pidieron tiempo, para el duelo y tiempo para esperar recibirlo de nuevo. En el mes pasado se comunicaron y nos confirmaron que sus restos ya están descansando en su natal Mexicali, y que querían dar el caso por cerrado agradeciendo a toda y cada una de las personas que compartieron el caso, ya que si no fuera por eso, tal vez hoy aún se preguntarían donde está.

Une affaire de plus est clôturée, et une famille vous remercie tous d'avoir partagé cette histoire et d'avoir fait en sorte qu'elle arrive jusqu'à Mexicali, en Basse Californie.

Au mois d'octobre, grâce aux photographies qui ont été publiées, on a pu identifier quelques tatouages de leur proche. J'ai pu leur parler et, malheureusement, tout coïncidait, mais nous avons attendu que la famille fasse les démarches pour l'identifier. Le même mois, on nous a confirmé qu'il s'agissait d'Emilio Hipólito, mais ils nous ont demandé de prendre le temps pour le deuil et l'espoir de le revoir. Le mois dernier, ils nous ont contactés et ont confirmé que ses restes reposaient désormais dans sa ville natale de Mexicali et que l'affaire était close, remerciant au passage toutes les personnes qui avaient partagé l'histoire car, sans cela, ils se demanderaient encore aujourd'hui où il est.

Puis il conclut :

Emilio Hipólito salió de su casa con un sueño pero jamás regresó, su madre aún albergaba la esperanza de que el volviera pero al pasar de los días se preguntaban que le habría pasado.

Hoy el ya descansa en paz pues fue plenamente identificado y sus restos ya fueron repatriados a su natal Mexicali. Sus hermanos y familia se encuentran encuentran muy agradecidos, en especial su madre, pues el vivía con ella. Le sobrevive una hija, descanse en paz Emilio Hipólito.

Mil gracias amigos! Todo es gracias a ustedes, sigamos compartiendo casos, su ayuda es imprescindible!

Emilio Hipólito a quitté sa maison avec un rêve, mais n'est jamais rentré. Sa mère nourrissait encore l'espoir qu'il revienne mais, au fil des jours, ils se demandaient ce qu'il s'était passé.

Aujourd'hui, il repose en paix car il a été formellement identifié et ses restes ont été rapatriés dans sa ville natale de Mexicali. Ses frères et sa famille sont très reconnaissants, particulièrement sa mère, car il vivait avec elle. Il laisse derrière lui une fille. Reposez en paix, Emilio Hipólito.

Mille mercis, les amis ! C'est grâce à vous tous ! Votre aide est indispensable !

Beaucoup de migrants sont exposés au pire des destins et meurent. Avec un peu de chance, leurs restes seront retrouvés, mais jusqu'à ce qu'ils reviennent dans leurs familles, ils ne feront qu'augmenter le nombre de disparus, de ceux que l'on a arrachés à leur rêve américain sans même l'avoir vécu.

Créer des mèmes en famille pour soutenir le karuk (et l'apprendre à son fils)

vendredi 17 février 2017 à 09:57

Mème en karuk créé par Susan Gehr. Traduction : “Quel est votre problème ?”

Susan Gehr participe au Défi du mème de la langue maternelle et crée des mèmes dans sa langue familiale, le karuk.

Susan vit à Blue Lake, une petite ville du Comté de Wiyot, en Californie. Elle est à la fois étudiante, enseignante, libraire à temps partiel au College of the Redwoods, et elle s'occupe aussi de deux projets liés à la langue et la culture, financés par la National Science Foundation. Le premier a pour objectif d'aider les individus travaillant sur la linguistique dans les universités tribales à renforcer leurs connaissances dans la discipline et leurs compétences de recherche. Le second consiste à créer une archive de ressources en karuk pour rendre celles-ci plus accessibles et plus facilement navigables.

Dans un entretien avec Rising Voices, elle présente sa langue et explique sa participation au défi #MemeML, pour lequel elle a publié ses mèmes sur son compte Twitter @vurayav et sur Facebook.

Rising Voices (RV): Quel est le status de votre langue, dans la vie courante ainsi que sur Internet ?

Susan Gehr (SG): My tribe, the Karuk Tribe, has over 3700 enrolled members and another 4200 enrolled descendants. Currently, I know of approximately six people who are first language speakers of Karuk. For California, where there are over one hundred different tribes, having six living fluent speakers of your language is considered very lucky.  Fortunately, there are also dozens of intermediate speakers, and still more Karuks who are learning.  Unfortunately, it’s a five hour drive between the most far-flung Karuk speech communities, so we really depend on the internet between face to face gatherings.

Our language has an online dictionary and text corpus. The website is a collaboration between the Karuk Tribe and the University of California, Berkeley. William Bright and I co-published the dictionary and Berkeley’s Department of Linguistics created the website and continues to add to the content. Karuk also gets used on social media and there are videos available on YouTube and on the Internet Archive.

Susan Gehr (SG) : Ma tribu, les Karuk, compte plus de 3 700 membres inscrits et 4 200 descendants inscrits. À ce jour, je connais environ six personnes dont le karuk est la langue maternelle. Pour la Californie, où se trouvent plus d'une centaine de tribus différentes, avoir six personnes vivantes parlant la langue couramment est considéré comme une chance. Heureusement, il y a aussi des dizaines de locuteurs de niveau intermédiaire, et bien plus encore de Karuks qui apprennent la langue. Malheureusement, les communautés de locuteurs les plus éloignées sont à cinq heures de route, nous dépendons donc vraiment d'Internet entre chaque réunion.

Notre langue a un dictionnaire en ligne et un corpus de texte. Le site Internet est issu d'une collaboration entre la tribu karuk et l'Université de Californie de Berkeley. William Bright et moi-même avons co-publié le dictionnaire, et le Département de linguistique de Berkeley a créé le site et continue d'y ajouter du contenu. Le karuk est aussi utilisé sur les médias sociaux et des vidéos sont disponibles sur YouTube et sur l'Internet Archive.

RV : Pourquoi avez-vous décidé de participer au Défi du mème de la langue maternelle ?

SG: Because memes make me laugh! Also, I have a son, Logan, who sometimes describes himself as a Meme Lord and who used to say “I like turtles” every five minutes when the “I like turtles” video first went viral.

I figured that the Meme Challenge would be a terrific way to engage him in some Karuk language use. I have asked him to suggest my next meme and he always has ideas. Then he’ll ask me how I would say that in Karuk. It’s nice when he asks for the language himself. It sticks with him better if I’m not just forcing it on him.

I have been reflecting on something I learned from Zalmai Zeke Zahir at the Breath of Life Workshop held by the Advocates for Indigenous California Language Survival.  He recommended to us to find a language domain and always use the language in that domain, whether it is the kitchen, community events, hunting, or basket making. Well, I find myself on Facebook more often than I’d like, so I decided that Facebook would be my Karuk language domain. I started with this series of toy turtle photographs, posing the turtles, then describing what they’re thinking or doing in Karuk. The Meme Challenge is taking all my time at the moment, though I have done a few “I like turtles” memes.

SG : Parce que les mèmes me font rire ! Aussi, j'ai un fils, Logan, qui se décrit parfois comme le Seigneur des Mèmes et qui disait “J'aime les tortues” toutes les cinq minutes quand la vidéo “I like turtles” est devenue célèbre.

Je me suis dit que le défi serait un super moyen de le faire utiliser le karuk. Je lui demande de me suggérer mon prochain mème et il a toujours des idées. Il me demande ensuite comment je le dirais en karuk. C'est bien quand il pose la question lui-même. Il s'en souviendra mieux si je ne le force pas.

Je me suis souvenue de quelque chose que j'ai appris de Zalmai Zeke Zahir pendant l'atelier Breath of Life, organisé par les Militants pour la survie des langues indigènes de Californie. Il nous a recommandé de trouver un domaine pour la langue et de toujours utiliser la langue dans ce domaine, que ce soit la cuisine, les événements communautaires, la chasse ou le tressage de panier. Hé bien, comme je passe plus de temps sur Facebook que j'aimerais, j'ai décidé que Facebook serait mon domaine de karuk. J'ai commencé avec cette série de photographies de jouets en forme de tortue, en les faisant poser, ensuite en décrivant ce qu'elles pensent ou font en karuk. Le défi des mèmes me prend tout mon temps en ce moment, même si j'ai réussi à faire quelques mèmes avec des tortues.

RV : À qui aimeriez-vous lancer le défi de créer un mème en karuk ?

SG: I would like to encourage my fellow Karuk language speakers and learners to create Karuk memes. And I would like to encourage all the California Natives who have participated in AICLS’ Breath of Life Workshops or Master Apprentice Programs to create memes in their languages.

SG : J'aimerais encourager mes camarades locuteurs et étudiants de karuk à créer des mèmes en karuk. Et j'aimerais encourager tous les Amérindiens de Californie qui ont participé à l'atelier Breath of Life ou au Programme maître-apprenti de l'AICLS à créer des mèmes dans leurs langues.

Découvrez plus de mèmes participant au Défi dans différentes langues du monde en recherchant le mot-clé #MemeML sur Instagram, Twitter, ou Facebook. Le Défi a aussi son groupe sur Facebook et accueille les contributions du monde entier.

Brésil : pour ou contre les chansons sexistes et racistes dans le Carnaval ?

vendredi 17 février 2017 à 09:55

Le carnaval de Rio de Janeiro. Photographie de Ronald Woan sur Flickr, CC-BY-NC 2.0

[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.]

“Tes cheveux ne peuvent le nier, mulata [métisse] / Parce-que t'es de couleur mulata / Mais comme la couleur ne s'enlève pas, mulata / Mulata, je veux tout ton amour”. Ce sont les paroles d'une des marchinhas (style musical à la mode au plus grand pays du carnaval) les plus populaires au Brésil.

La chanson “O Teu Cabelo Não Nega” (Tes cheveux ne peuvent le nier), composée en 1929, est l'une des traditions du carnaval la plus débattue ces dernières années au Brésil. Cette année encore la fête débutera à la fin du mois de février. Au moins trois groupes du carnaval, appelés blocos, ont annoncé qu'ils ne garderaient pas ce type de chanson dans leur répertoire cette année. Alors que d'autres s'opposent à de telles initiatives en argumentant que le carnaval est un temps de fête sans limite.

La marchinha (petit défilé) est une satire musicale de la rigidité des marches militaires jouée par un orchestre et  une caisse claire. Elles sont devenues populaires dans les années 1930 et restent une caractéristique du carnaval de certaines villes, particulièrement à Rio de Janeiro et São Paulo. Les paroles sont souvent drôles et satiriques, avec un double sens que certains pourraient trouver comme “politiquement incorrect”.

Le musicien Thiago França, créateur de Charanga do França, une chanson populaire de São Paulo, explique dans une interview au site web UOL pourquoi il n'aime pas les chansons comme “O Teu Cabelo Não Nega”:

É uma afirmação racista. Deixar essa música de fora não deixa a festa menos animada e a gente consegue fazer um baile em que todo mundo se diverte numa boa. Sou responsável por 50 músicos, 20 pessoas da produção e cerca de 10 mil pessoas que vão com a gente para a rua. Tenho essa preocupação de não ofender quem está ali. A sátira deve existir com quem é opressor, não com quem é oprimido. Por outro lado, não quero insinuar que quem toca é racista. Cada um sabe de si. Essa decisão faz sentido para mim.

C'est une affirmation raciste. La fête ne sera pas moins divertissante en supprimant cette chanson et on se rassemblera autant pour s'amuser. Je suis responsable de cinquante musiciens, vingt personnes en production et environ dix mille personnes nous suivront dans la rue. Je ne veux pas vexer ceux qui y prendront part. La satire devrait être sur les oppresseurs, pas sur les oppressés. Mais d'un autre côté, je ne veux pas laisser croire que ceux qui la jouent sont racistes. Chacun fait ce qui lui convient. Ça me semble évident.

Renata Rodrigues, une des organisatrices de Mulheres Rodadas, un autre bloco de Rio, a rajouté ceci dans une interview à la radio brésilienne CBN (via O Globo) :

Se a gente é um bloco feminista, não temos como passar ao largo dessas coisas. Se isso está sendo considerado ofensivo, acho que a gente não deve fazer coro.

Etant un bloco féministe, on ne peut pas être indifférent à ça. Si ça peut blesser, je pense qu'on ne peut pas continuer comme ça.

Concernant les marchinhas, d'autres chansons pourraient être censurées incluant des grands classiques connus des brésiliens, entre autres “Maria Sapatão” (1981) et “Cabeleira do Zezé” (1964), toutes deux de João Roberto Kelly. Regardons rapidement les paroles de ces deux chansons :

Maria Sapatão*
Sapatão, Sapatão
De dia é Maria
De noite é João

O sapatão está na moda
O mundo aplaudiu
É um barato, é um sucesso
Dentro e fora do Brasil

Maria aux grandes chaussures
Grandes chaussures, grandes chaussures
De jour elle est Maria
De nuit elle est João

Ses grandes chaussures sont à la mode
Le monde les veut
Elles ont du succès, elles ont du succès
A l'étranger et au Brésil

Sapatão, qui signifie “grandes chaussures”, est souvent employé comme un mot péjoratif en argot brésilien renvoyant à une lesbienne masculine. Le mot existait avant cette chanson mais a aussi popularisé par celle-ci. Dans les années 1970, on prétendait que les lesbiennes aimaient porter des chaussures d'hommes mais ne pouvaient en trouver à leur taille, et qu'elles portaient donc de grandes chaussures.

Olha a cabeleira do Zezé
Será que ele é?
Será que ele é?
…..
Corta o cabelo dele!
Corta o cabelo dele!

Regarde la coupe de Zezé
Ce n'est pas possible ?
Ce n'est pas possible ?
…..
Coupez ces cheveux !
Coupez ces cheveux !

Dans un article relatif à la marchinha du carnaval publié sur un portail de sensibilisation à la santé mentale (En)Cena,  Kelly, 78 ans aujourd'hui, affirme que “Cabeleira do Zezé” renvoie à la contre-culture des hommes aux longs cheveux. Il y a aussi un contre-sens qui suggère que Zezé est en réalité un gay ou simplement efféminé.

Traditions sujettes aux critiques

Le bloco Domésticas de Luxo présentant des hommes blancs déguisés en bonnes noires a dû faire face à des critiques en ligne. Image de TV Globo / copie d'écran.

La période du carnaval tombe à pic pendant les vacances au Brésil et ramène des millions de personnes dans les rues pour profiter des festivités pendant au moins cinq jours. D'une région à l'autre, il y a différents styles de musique et de types de fêtes. Dans les villes du Nord-Est comme Salvador, les styles de musique comme l’axé dominent, alors que les fameuses compétitions des écoles de samba se déroulent plutôt dans les villes du Sud-Est comme Rio de Janeiro. Depuis la fin des années 1970, cette culture des costumes et orchestres s'était largement effritée, mais cela fait déjà une décennie qu'elle revit dans plusieurs villes, notamment Rio de Janeiro et São Paulo où ressurgissent les marchinhas oubliées.

D'autres costumes traditionnels sont aussi jaugés, comme celui de “l'indien” et de la “nega maluca”, signifiant la “femme noire folle” dont les habits sont composés d'un pantalon noir et vêtements associés aux costumes de domestiques. En 2015, le bloco “Domésticas de Luxo” (Domestiques prestigieuses) venant de la ville de Juiz de Fora a subi beaucoup de critiques sur la toile car ses membres portent d'habitude des vêtements de domestiques noirs. Le bloco existe depuis since 1958.

En discutant des marchinhas qu'il a composé, João Roberto Kelly déclarait ceci sur la polémique au journal O Globo :

Acho um pouco exagerada. Eu respeito todo mundo, todas as opiniões, mas acho que o carnaval é uma festa tão alegre, tão pura, é brincadeira em cima de brincadeira. O sujeito vai censurar uma letra de carnaval? No carnaval, o homem se veste de mulher, mulher se veste de homem, a gente brinca com careca, com barrigudo, brinca com todo mundo. A gente sai fantasiado de índio, sai assim, sai assado.

Je crois que c'est un peu exagéré. Je respecte tout le monde, toutes les opinions, mais je pense que le carnaval est une fête joyeuse, une vraie fête, on enchaîne des blagues les unes après les autres. Pourquoi censurer les paroles des chansons du carnaval ? Pendant le carnaval les hommes s'habillent en femmes, les femmes en hommes, on se moque des hommes chauves, gros, on se joue de tout. On sort habillés comme des indigènes, ou n'importe qui d'autre.

Et lorsqu'on lui demande si il considère cela comme une sorte de patrulha, qui est un terme péjoratif pour les groupes de militants, il dit :

É uma patrulha, mas sem necessidade. O carnaval é isso, é todo mundo solto, todo mundo procurando fazer uma fantasia qualquer. E agora vem o politicamente correto, o que é, o que não é… Essas músicas todas têm por volta de 50 anos, e o povo as consagrou, o povo gosta de cantar.

C'est une patrulha, même si on n'en a pas besoin. C'est le carnaval, tout le monde se lâche, tout le monde essaie de faire des costumes. Et maintenant il faudrait faire attention au politiquement correct en disant ce que c'est, ce que ce n'est pas… Ces chansons existent depuis environ 50 ans et les gens y sont attachés, ils aiment les chanter.

Les blocos ne souhaitant pas retirer ces chansons du répertoire pensent comme Kelly. Pedro Ernesto Marinho, le président de l'un d'entre eux, Cordão da Bola Preta, déclarait :

Não consideramos essas marchinhas ofensivas. Quem as compôs, certamente, não tinha essa intenção. Carnaval é uma grande brincadeira. Essa polêmica não vai levar ninguém a lugar algum e até desmerece o carnaval. O preconceito está mais dentro das nossas cabeças do que nas marchinhas.

Nous ne trouvons pas ces chansons du carnaval offensives. Ça n'était certainement pas l'intention des compositeurs. Le carnaval est un grand jeu. Ce scandale ne conduira nulle part et se fait même au détriment du carnaval. Les dommages sont plus dans nos têtes que dans les chansons du carnaval.

Un autre journaliste argumentait à son tour dans son article intitulé “Censurer les chansons incorrectes du carnaval est inutile, mais il est nécessaire de réfléchir aux paroles” en tenant compte des deux points de vue :

Talvez o melhor, em ambos os casos, seja refletir sobre o conteúdo dessas músicas e cantá-las em contexto adequado – como em um baile ou bloco de Carnaval, no caso das marchinhas – com a consciência de que não há mais como defender tais letras e, sobretudo, de que é preciso combater o racismo e a violência contra a mulher em qualquer tempo ou lugar. Inclusive em um baile ou bloco que toque O teu cabelo não nega e que, por acaso, registre caso de racismo ou de violência contra a mulher. Boicotar tais músicas é ineficaz, assim como pôr na mira qualquer outra composição que tenha a palavra mulata na letra chega a ser risível pelo exagero. Ter bom senso também é ser politicamente correto.

Il se peut que le meilleur soit dans les deux cas de réfléchir au contenu de ces chansons et de les chanter dans un contexte convenable – comme dans une parade ou un bloco du carnaval, dans le cas des marchinhas – en sachant qu'on ne peut défendre de telles paroles et surtout qu'il est essentiel de se battre contre le racisme et la violence envers les femmes en tous temps et lieux, incluant les danses et blocos qui passent  sur “O Teu Cabelo Não Nega” et font des insinuations racistes et sur la violence contre les femmes. Boycotter ce type de chanson ne sert à rien, tout comme rechercher le mot mulata dans les paroles des autres chansons est ridicule. Faire preuve de bon sens c'est aussi être politiquement correct.

Cette polémique s'enflamme mais secoue les idées préconçues. Les blocos contre les paroles citées ci-dessus ne souhaitent pas qu'on retire ces chansons du carnaval – ils veulent plutôt défier les préjugés qu'elles entretiennent. Ceux qui ne sont pas pour le changement sont libres d'aller ailleurs et il y a des milliers d'autres options. Au final, toute modification ne sera qu'encore plus en faveur du carnaval, un événement où il y en a pour tous.