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Pakistan : Le fondateur d'un mouvement militant interdit offre de l'aide aux USA

samedi 3 novembre 2012 à 00:21

Après avoir causé de vastes dommages le long de la côte atlantique des États-Unis, l'ouragan Sandy se voit qualifié de tempête la plus coûteuse de l'histoire. Avec des estimations s'élevant à 45 milliards de dollars pour la reconstruction, le pays se prépare à faire face aux pertes. Au moins 33 personnes seraient mortes et très nombreux sont les déplacés.

Au milieu de l'agitation, Hafiz Mohammad Saeed, le fondateur de l'organisation militante interdite Lashkar e Taiba (LeT) et dirigeant de la Jaamat ud Dawa (JuD) a offert une aide humanitaire considérable aux USA pour supporter les pertes.

L'ouragan Sandy a semé le chaos sur Rockaways et Breezy Point dans le Queens. Beaucoup de gens ont perdu leur maison, travail et possessions. Image de Kevin Downs. Copyright Demotix.

Promettant de l'aide en tout genre, il dit que “la Jamaat-ud-Dawa est prêt à envoyer ses volontaires, médecins, nourriture, médicaments et autres matériel de secours pour motif humanitaire si le gouvernement des USA le lui autorise.”

Connu comme l'homme qui a orchestré les attaques à Mumbai en 2008, le fondateur de la JuD a aussi une prime de 10 millions de dollars sur sa tête.

L'ambassade américaine dans la capitale pakistanaise Islamabad refuse néanmoins d'accepter de l'aide de la part de Saeed. Via son compte Twitter, l'ambassade a fait savoir que bien qu'elle apprécie le geste des Musulmans pour aider, elle ne prend pas du tout cette offre au sérieux.

@usembislamabad (Ambassade des USA à Islamabad) : Nous respectons la tradition islamique de l'aide aux nécessiteux, mais nous ne pouvons pas prendre l'offre de Hafiz Saeed au sérieux.

Suite au tweet, un porte-parole de la JuD a posté la réponse suivante :

@JuD_Official (Jamat ‘ud' Da'wah) : @usembislamabad Notre offre était précisément liée à la gravité de la situation. Nous espérons que les Musulmans des USA garderont la tradition vivante. Inshallah

@JuD_Official (Jamat ‘ud' Da'wah) : @usembislamabad Notre offre d'aide est pour le peuple américain, nous engagerons les Musulmans des USA pour être au premier rang pour aider leurs concitoyens.

@JuD_Official (Jamat ‘ud' Da'wah) : @usembislamabad Rajiv Shah de l'USAID nous a pris au sérieux quand il a visité notre camp de réfugiés en 2010 & y a distribué des produits de première nécessité - #Hafiz Saeed

L'ambassade des USA est allée jusqu'à traiter Saeed de suspect pour son implication dans les attaques de Mumbai et a aussi classé la JuD en organisation ‘terroriste qualifiée’.

@usembislamabad (Ambassade des USA à Islamabad) : Saaed est recherché pour son implication suspectée dans les attaques de Mumbai, qui ont tué 166 personnes. La JuD est une une organisation qualifiée de terroriste par les États-Unis.

Une nouvelle fois, une réponse a été postée sur le compte Twitter de la JuD.

@JuD_Official (Jamat ‘ud' Da'wah) : @usembislamabad Le gouvernement américain a reconnu l'irrecevabilité de preuves contre Hafiz Saeed. La séance de résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU est en attente. Elle ne laisse rien derrière.

Les réactions à cette offre restent mitigées. Alors que beaucoup la qualifient de généreuse, d'autres y voient aussi l'ironie qu'elle recèle.

@Rifaqat_Mir (Rifaqat A. Mir) : Malgré l'inimitié que les États-Unis affichent vis à vis d'Hafiz Saeed, il a toujours la générosité et la bienveillance de montrer de la compassion pour son ennemi.

@humayusuf (Huma Yusuf) : Ils disent que les musulmans n'ont pas le sens de l'humour, mais Hafiz Saeed offrant d'aider les victimes de Sandy est HILARANT http://www.thenews.com.pk/Todays-News-13-18499-Hafiz-Saeed-offers-humanitarian-aid-to-US …

@anDYRude (Anirudh Malladi) : Viens de lire que Hafiz Saeed, un terroriste redouté, a offert “de l'aide sous forme de nourriture, de médecin etc” aux victimes de l'ouragan Sandy. MDR !

@nidak_ (Nida Khan) : Échange divertissant d'arguments entre Hafiz Saeed et l'ambassade des États-Unis à Islamabad. 1-1, je dirais. #ProchainRound ?

@anamzehra86 (Anam Zehra) : La réponse de l'ambassade des États-Unis à l'offre de Hafiz Saeed est leur manière de dire ”nous prenons votre religion au sérieux, vous devriez aussi”.

Un nouveau système de déclaration des naissances en ligne pour la Thaïlande

vendredi 2 novembre 2012 à 23:58

Le gouvernement thaïlandais a lancé en partenariat avec l'UNICEF un programme de déclaration des naissances en ligne qui est actuellement appliqué dans 44 hôpitaux à travers le pays. L'administration propose également un service simplifié de déclaration en une seule étape. Environ 5 % des enfants nés chaque année en Thaïlande ne sont pas déclarés.

Allemagne : Un magazine satirique propose des thèses à titre gracieux

vendredi 2 novembre 2012 à 23:56

Après la série de scandales ayant touché plusieurs hommes politiques allemands accusés de plagiat lors de la rédaction de leurs travaux universitaires, le magazine satirique “Der Postillon” propose une thèse gratuite [en allemand] pour tous les hommes politiques :

Cela évitera l'annulation des doctorats, qui est politiquement déshonorante et embarrassante. La ministre allemande de l'éducation a d'ores et déjà donné son feu vert pour des “Pseudo Docteurs.”

(more…)

Italie: Pour les jeunes au chômage, “se montrer difficile” ou s'exiler ?

vendredi 2 novembre 2012 à 23:48

Le 22 octobre dernier, lors d'une conférence organisée par l'Assolombarda [en italien comme les liens suivants, sauf indication contraire], l'association des entreprises industrielles et de services de la région de Milan, la ministre du Travail, Elsa Fornero a déclaré : “Les jeunes quittant l'école pour trouver un emploi, ne devraient pas être trop “choosy” (difficiles), comme disent les Anglais. Je veux dire, j'ai toujours dit à mes étudiants : “Prenez la première [offre], puis une fois à l'intérieur, regardez autour vous” .

Foto dell'utente instagram @elisadospina, dal sito Generazione Choosy

Photo de l'utilisatrice d'instagram @elisadospina, publiée sur le site Generazione Choosy

Cette déclaration, dans une situation particulièrement dramatique du chômage, notamment des jeunes, a immédiatement provoqué la controverse, car elle a été considérée comme un acte d'accusation contre les jeunes, qui rencontreraient des difficultés à trouver un emploi parce que “difficiles”. Selon les données les plus récentes, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans en Italie est de 34,50% et environ la moitié des jeunes n'ont qu'un emploi temporaire, souvent mal payé. L’Italie a le pourcentage le plus élevé de NEET [en anglais] (”ni étudiant, ni employé, ni stagiaire”) parmi les pays européens, après la Bulgarie et la Grèce, et les taux d'émigration ainsi que de ce qu'on pourrait qualifier de “fuite des cerveaux” sont en hausse.

La ministre a ensuite mieux précisé, expliquant qu'elle n'avait “jamais dit” que les jeunes Italiens étaient difficiles, et qu'ils “étaient prêts à accepter n'importe quel emploi, si bien que les jeunes étaient dans des conditions précaires.” Mme Fornero a clarifié que son commentaire faisait allusion à une situation qui a prévalu dans le passé, quand refuser de faire un travail en dessous de ses compétences était une attitude courante chez les jeunes Italiens, alors que, a-t-elle dit: “les jeunes Italiens d'aujourd'hui ne sont pas en mesure d'être difficiles.”

La précision n'a pas, pour autant, servi à calmer la controverse, et le terme “choosy” (la fine bouche) est rapidement devenu “très populaire”, souvent utilisé ironiquement pour critiquer la déclaration du ministre.

Sur Twitter, les jeux de mots n'ont pas manqué avec le hashtag #choosy (exigeants) - comme ce qui suit:

@jacopopaoletti: Stay hungry, stay #choosy. (restez affamés, restez fous, célèbre phrase de Steve Jobs)

@sergioragone: #choosy in the sky with diamonds (Lucy dans le ciel avec des diamants, chanson des Beatles).

@taniuzzacalabra: #choosy è se vi pare (c'est comme ça si vous le dites, pièce de Pirandello)

Dalla pagina del gruppo Facebook

Extrait de la page Facebook du groupe “Lo Stato Sociale”.

Sur Facebook, beaucoup d'internautes ont commenté la déclaration avec sarcasme. Le groupe musical Lo Stato Sociale, (L'État-providence), par exemple, a téléchargé une série de parodies de titres de films, des livres et des chansons reformulés “choosy” encourageant les fans à contribuer à la liste.

Pendant ce temps, le site de Generazione Choosy (la génération Choosy) a créé une galerie automatique de toutes les images publiées sur Instagram à cet égard.

dal sito Generazione Choosy

Photo de l'utilisatrice d'instagram @idacia, sur le site “Generazione Choosy”.

Toutes les initiatives, cependant, n'ont pas été aussi peu conventionnelles. Le blog Choosy Sarai Tu (Choosy, c'est toi), a soulevé des critiques et des accusations plus graves en signalant l'expérience de ceux qui sont aux prises avec les problèmes de chômage ou de sous-emploi. Beaucoup en ont profité pour donner libre cours à leur colère en racontant leurs vécus, souvent de jeunes hautement qualifiés, mais avec peu de perspectives d'emploi. Parmi ceux qui ont écrit, il y a eu un grand nombre de jeunes en possession de diplômes qui, jusqu'à il y a quelques années, auraient trouvé facilement un emploi sur le marché du travail. Parmi les nombreuses lettres téléchargées sur le site, il y a celle d'une jeune fille, qui, quatre ans après avoir obtenu un diplôme en ingénierie de la construction et de l'architecture et une série de stages et de contrats pour des projets, dit avoir trouvé une place dans un cabinet technique où elle est payée cinq euros de l'heure. Il y en a même une qui perçoit trois euros de l'heure, en dépit d'un diplôme de fin d'études universitaires obtenu avec 110 points, soit le maximum, et félicitations du jury, comme le révèle la lettre ouverte ci-dessous.

Lettera aperta al ministro dal sito choosysaraitu.tumblr.com

Lettre ouverte au ministre publiée sur le site choosysaraitu.tumblr.com

Plusieurs intervenants révèlent leur intention de quitter l'Italie ou la conviction de ceux qui vivent déjà à l'étranger que les conditions de travail y sont meilleures : un miroir d'une réalité nationale dans laquelle, selon les dernières données de ISTA, un tiers des jeunes a intention d'émigrer.

A l'opposé, d'autres minimisent la polémique, en soulignant l'importance de l'adaptation et signalant des cas de jeunes encore réticents à accepter des emplois qui ne correspondent pas à leurs aspirations. Sur le blog RENA, Irene Borin parle de son expérience en France, où elle a commencé à travailler comme baby-sitter en devenant par la suite, grâce à une rencontre fortuite qui a eu lieu dans ce contexte professionnel, responsable de la communication pour un grand groupe bancaire, une profession pour laquelle elle s'était formée à la fois en Italie et en France :

Je comprends pourquoi ça valait le coup de ne pas être pointilleuse et d'accepter de faire la baby-sitter avant, puis la bonne à tout faire. Je comprends pourquoi un ministre ou tout simplement un adulte avec le sens commun, puisse conseiller aux jeunes de ne pas être “exigeants”, mais de retrousser leurs manches et de commencer d'où que ce soit. Ce n'est certainement pas en restant enfermé à la maison à envoyer des CV que j'aurais trouvé le travail que je fais maintenant.

Enfin, il y a ceux qui ont réagi positivement et se plaçant en dehors de la controverse, ont décidé de lancer Io Voglio Restare, une initiative visant à collaborer pour essayer d'améliorer le statut professionnel de la jeunesse italienne et ne pas permettre que l'Italie devienne simplement un pays à fuir.

Conversation avec Rebecca MacKinnon sur son livre “Consent of the Networked”

vendredi 2 novembre 2012 à 23:04

Rebecca MacKinnon, co-fondatrice de Global Voices, est une journaliste et blogueuse (en anglais) à la longue expérience, aux opinions aiguisées sur les thèmes où elle s'engage, généralement liés à la société de la connaissance [en anglais] et à la liberté sur Internet. En  janvier dernier (2012), elle a publié son  livre  ”Consent of the Networked”  [Consentement des connectés, non encore traduit en français] où elle analyse  en profondeur ces questions. Pour marquer la publication de ce livre, Bernardo Parrella, collaborateur de Global Voices, a écrit:

Comment nous assurer que l'Internet évolue d'une manière compatible avec la démocratie? Compte tenu du grand élan donné par les médias sociaux dans les récents soulèvements au Moyen-Orient et d'autres parties du monde, comment s'assurer que les mêmes outils ne soient pas utilisés à des fins de censure et de contrôle gouvernementaux (souvent avec plus qu'un peu d'aide des sociétés de technologie de l'Ouest)? Et, finalement, comment  pouvons-nous cesser de nous voir, nous-mêmes, comme des “utilisateurs” passifs de la technologie, au lieu de «citoyens du net» sont prêts à assumer la possession et la responsabilité de notre avenir numérique?

Le livre a été publié en espagnol en juin 2012, par Editorial Deusto sous le titre de “No sin nuestro consentimiento” (Pas sans notre consentement, en espagnol). L'édition en langue espagnole inclut des textes additionnels de deux «gourous» de l'Internet hispanique : José Luis Orihuela a écrit la préface, et Enrique Dans la postface. Orihuela a présenté le livre sur son blog et publié en ligne la préface, qui, entre autres, dit :

Le grand sujet que MacKinnon examine dans ce livre n'est rien moins que la gouvernance de ‘administration de l'Internet et la nécessité d'exiger, en tant que citoyens numériques, que les décisions des entreprises et des politiques qui ont un impact sur Internet ne soient pas prises sans notre consentement éclairé.

‘No sin nuestro consentimiento' est un diagnostic large et détaillé sur les pratiques des entreprises et les réglementations gouvernementales qui rognent les espaces numériques de la société civile, et est  également un inventaire des initiatives visant à ouvrir des chemins vers l’expansion des biens communs numériques face à l’avance des entreprises de technologie et des gouvernements assoiffés de contrôle.

Enrique Dans a fait de même, et de ce qu’il commente dans la postface, ont peut signaler les points suivants :

Ce que fait ce livre, c’est de susciter l'inquiétude de réaliser jusqu'à quel point nous devrons, si les choses ne changent pas, nous référer, en parlant à nos enfants, à l’internet comme à une illusion de liberté que nous aurons vécue pendant quelques décennies, mais qui aura fini par devenir quelque chose d'autre. Jamais, à aucun autre moment dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons eu une si claire conscience de l'étendue de notre manipulation par un pouvoir qui, déguisé en quelque chose que l'on appelait la démocratie, a passé du temps à manipuler les gens au travers de l'utilisation de médias unidirectionnels, de communication asymétrique et des techniques de manipulation collective. Ce que fait ce livre, c'est de nous montrer, comme cela devrait se produire avec le pouvoir dans le monde physique, que la puissance du monde numérique doit être restreinte, équilibrée et contrôlée par les utilisateurs eux-mêmes.

Lors du dernier Sommet Global Voices à Nairobi, au Kenya, l'auteur s'est entretenu brièvement avec Rebecca sur son livre :

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Le livre n'est pas encore traduit en français, mais des versions électroniques sont disponibles en anglais et en espagnol.

Billet publié initialement sur le blog Globalizado.