PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Maldives : Fermeture forcée d’un journal et arrestations de journalistes

samedi 9 avril 2016 à 17:52
Des journalistes dans les Maldives manifestent pour la liberté de la presse, le 3 avril 2016. Photo partagée sur Twitter by Zaheena Rasheed (@ZaheenaR).

Des journalistes des Maldives manifestent pour la liberté de la presse, le 3 avril 2016. Photo partagée sur Twitter by Zaheena Rasheed (@ZaheenaR).

Le 3 avril, la police maldivienne a arrêté seize journalistes lors de manifestations contre le gouvernement, suite à la fermeture officielle du plus ancien journal imprimé du pays. La police anti-émeutes a employé la force et du spray au povre, et a fouillé au corps des journalistes hommes et femmes travaillant au sein de plusieurs agences de presse locales.

Les Maldives réagissent aux menaces à la liberté des médias #TrouvezMoyameehaa #tuezlaloidediffamation mettez fin à la procédure contre Haveeru, Raajje TV

Des journalistes des Maldives disent que les policiers les ont attaqué avec du spray au poivre (Photos via @ppl_powers)

Dimanche, une cinquantaine de journalistes se sont rassemblés autour des bureaux de la présidence pour évoquer plusieurs sujets, dont la décision récente de la justice de fermer le journal Haveeru, le plus grand et plus ancien journal du pays, à cause d’un contentieux sur sa propriété. Plusieurs journalistes arrêtés travaillent chez Haveeru. Ils portaient des pancartes et scandaient « cessez d’entraver la liberté de la presse ».

Mohamed Hamdhoon a partagé la liste des journalistes arrêtés sur Facebook.

Screenshot of Haveeru Online English site

Capture d'écran du site en anglais Haveeru Online. Texte : Les Maldives réagissent à la fermeture de leur unique journal – La décision judiciaire de cesser la publication de l'unique et plus ancien journal des Maldives jeudi a été reçue avec stupéfaction et désolation tandis qu'affluaient les réactions de soutien à Haveeru.

Le journaliste Ali Naafiz a décrit sur Facebook l’importance du journal :

An institution older than almost half of the population has been killed. The largest written archive in the country has been torn apart. The de facto ‘training institute’ of journalists in the nation has been destroyed. The livelihood of dozens is shrouded in confusion. And above all, thousands have been barred from their primary source of information. If this doesn't concern those in power, I wonder what will? ‪#‎IAmHaveeru‬ ‪#‎IStandWithHaveeru‬

Une institution plus ancienne que presque la moitié de la population a été tuée. Les plus vastes archives écrites du pays ont été déchirées. L’institut de facto de formation des journalistes de la nation a été détruit. Les moyens d’existence de douzaines de gens sont précarisés. Et surtout, des milliers de gens ont été privés de leur première source d’informations. Si ceci ne préoccupe pas ceux qui sont au pouvoir, je me demande ce qui pourrait le faire ? ‪#‎JeSuisHaveeru‬ ‪‪#‎JeSuisAuxCôtésdeHaveeru

Les journalistes ont aussi revendiqué que le gouvernement reconsidère un projet de loi récemment introduit au parlement qui criminaliserait la diffamation — en dépit du fait que la diffamation a été décriminalisée en 2009. Ils craignent que la loi ne soit utilisée par les adversaires politiques des journalistes pour empêcher la couverture des accusations sérieuses concernant la corruption et l’intégrité des gouvernants.

Parmi les autres sujets évoqués figurent les restrictions récentes sur la couverture des procès criminels, et l’absence de protection des journalistes par le pouvoir. Jusqu’ici, il n’y a aucun progrès important dans l’investigation de la disparation mystérieuse d'Ahmed Rilwan, un journaliste, blogueur, et militant des droits humains qui travaillait avec plusieurs agences de presse indépendantes.

Suite à la déclaration de l’état d’urgence le 4 novembre 2015, Reporters Sans Frontières (RSF) a condamné une série d’attaques contre des journalistes, chaînes de télévision, et journaux en ligne. Les Maldives 112ème sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2015.

Sur Twitter, des militants pour la liberté de la presse ont montré du doigt des changements dans les organes de régulation des médias du pays, qui semblent donner plus de contrôle au parti au pouvoir sur les sociétés de diffusion, la télévision et la radio :

Quatre militants du pouvoir et un journaliste raté vont régler les sociétés de diffusion des Maldives dès aujourd’hui #libertédelapresse

La répression continue des médias libres dans les Maldives ; un régime autocrate a nommé des militants de son parti à la Commission de la Diffusion

La répression a aussi provoqué la colère sur les médias sociaux, où ont été partagées des images et des vidéos des manifestations :

Chapeau, les journalistes courageux qui luttent pour la liberté de la presse #LeJournalismeNestPasUnCrime

Ceux qui ont été mis en garde à vue n’ont reçu ni déjeuner ni autre nourriture, on ne leur a donné que de l’eau chaude à boire #LeJournalismeNestPasUnCrime

Les journalistes des Maldives continuent à manifester une deuxième journée en dépit des arrestations massives de dimanche

Arrêtez le harcèlement des médias #LeJournalismeNestPasUnCrime #SauvezlesMaldives

Libérez @sampathmasiw @MrLeevaan deux journalistes de @Raajje_tv arrêtés #LeJournalismeNestPasUnCrime

Tous les journalistes ont été libérés plusieurs heures après leur arrestation. Parmi eux s’est trouvé le reporter de Haveeru Ali Naafiz. Après sa libération, il a écrit sur Facebook :

If being pepper sprayed at close range, and spending almost 12 hours in police custody with nothing to eat except on demand and sharing a 25 by 18 foot cell with 17 men is what it takes for us to get our voices heard, I, for one, am prepared to do it again. Thank you everyone for the support and well wishes. ‪#‎IAmHaveeru‬ ‪#‎IStandWithHaveeru‬.

S’il faut être attaqué avec du spray au poivre à bout portant, détenu pendant presque 12 heures par la police avec rien à manger sauf à la demande, et contraint à partager une cellule de 8m sur 5 avec 17 hommes, pour faire entendre nos voix, je, pour ma part, suis prêt à le refaire. Merci à tout le monde pour le soutien et les vœux. #JeSuisHaveeru #JeSuisAuxCôtésDeHaveeru.

L’ambassadeur américain auprès des Maldives a rencontré certains des journalistes qui ont manifesté et il a tweeté :

Je suis reconnaissant pour l’opportunité de rencontrer des journalistes des Maldives arrêtés pendant la manifestation de dimanche

La nation insulaire des Maldives, très connue pour être une destination touristique, est devenue une démocratie multipartite en 2008 après une longue période d’autocratie. Pourtant, l’agitation politique s’est intensifiée depuis le coup présumé qui a fait tomber le premier chef démocratiquement élu du pays, Mohamed Rasheed.

Est-ce que les manifestations  des journalistes ont servi à quelque chose de positif? Peut-être. Bien que les mobiles ne soient pas clairs, deux individus ont été arrêtés mardi 2 avril concernant la disparition d’Ahmed Rilwan Abdulla, qui est porté disparu depuis 608 jours.

“Libérer la Papouasie Occidentale” : un appel au soutien international sur les réseaux sociaux

vendredi 8 avril 2016 à 12:04
Let West Papua Vote Interbational Campaing. Picture by Free West Papua Campaign Twitter. Available to the Public

Source : campagne Free West Papua

La campagne « Libérer la Papouasie Occidentale » déployée sur les réseaux sociaux appelle les internautes à soutenir le mouvement en postant des photos accompagnées du hashtag #LetWestPapuaVote (Laissez voter la Papouasie occidentale).

Si la Papouasie occidentale constitue actuellement l'une des 34 provinces d'Indonésie, un mouvement à la fois interne et externe au pays réclame la création d'un Etat indépendant. La campagne lancée sur les médias sociaux grâce au hashtag #LetWestPapuaVote vise à recueillir le soutien de la communauté internationale en amont du rassemblement du comité International Parliamentarians for West Papua (IPWP) le 3 mai au Parlement britannique.

Les organisateurs de la campagne expliquent :

This meeting is very important, as it will mark the official call for an internationally supervised vote in West Papua by the end of the decade.

Cette session revêt une grande importance, car elle officialisera l'appel à la tenue d'un référendum supervisé par la communauté internationale en Papouasie occidentale d'ici 2020.

Un bref aperçu du conflit en Papouasie occidentale

La Papouasie occidentale a été colonisée par les Pays-Bas en 1898. Soixante-deux ans plus tard, le gouvernement néerlandais s'apprête à accorder l'indépendance à la Papouasie occidentale. En 1961, les citoyens de Papouasie occidentale déclarent leur indépendance et hissent leur nouveau drapeau, « L'étoile du matin ».

C'est alors que l'armée indonésienne envahit la Papouasie occidentale. En 1969, un plébiscite y est organisé, lors duquel 1000 représentants soigneusement sélectionnés par l'armée indonésienne décident à l'unanimité de maintenir la Papouasie occidentale dans le giron de l'Indonésie. Nommé « Act of Free Choice », cet évènement a été rebaptisé « Act of No Choice » par les nationalistes papous.

L'Indonésie est régulièrement accusée de commettre des exactions systématiques à l'encontre des habitants de Papouasie occidentale. De nombreux rapports démontrent que l'importante militarisation de la région entraîne de sévères violations des droits humains. Le mouvement indépendantiste est quant à lui qualifié de groupe terroriste. La couverture médiatique de la Papouasie occidentale étant strictement contrôlée par les autorités indonésiennes, il existe très peu d'informations sur la situation réelle des habitants de la province. Bien que la Papouasie occidentale soit l'une des régions les plus riches en ressources naturelles d'Indonésie, elle connaît un taux de pauvreté très élevé.

Alors que « l'occupation » indonésienne de la Papouasie occidentale se poursuit, le mouvement en faveur de la lutte pour l'indépendance s'étend. Des avocats et des parlementaires du monde entier ont exprimé leur soutien à la campagne demandant à l'Indonésie d'organiser un nouveau référendum relatif au droit à l'auto-détermination de la Papouasie occidentale.

#LetWestPapuaVote

Cette initiative menée par la branche australienne de la campagne Free West Papua encourage les internautes à soutenir la lutte de la Papouasie occidentale en postant des photos sur les réseaux sociaux et ainsi accentuer la pression sur le gouvernement indonésien. Voici quelques clichés de citoyens ayant déjà participé à la campagne :

Source: Free West Papua Campaign Australia / Facebook

Source : page Facebook de Free West Papua Campaign Australia

Source: Free West Papua Campaign Australia / Facebook

Source : page Facebook de Free West Papua Campaign Australia

Source: Free West Papua Campaign Australia / Facebook

Source : page Facebook de Free West Papua Campaign Australia

Source: Free West Papua Campaign Australia / Facebook

Source : page Facebook de Free West Papua Campaign Australia

Source: Free West Papua Campaign Australia / Facebook

Source : page Facebook de Free West Papua Campaign Australia

Les cerisiers sont en fleurs au Japon

vendredi 8 avril 2016 à 11:40
Cherry blossom viewing in Japan

Les illuminations des cerisiers en fleurs au temple Kanegasaki de Tsuruga, Fukui. Photo Nevin Thompson.

La fin de mars et le début d’avril marquent la saison des fleurs de cerisiers pour la majeure part du Japon. Les fleurs de cerisiers sont attendues à ce moment, qui marque le véritable commencement de l’année japonaise.

A photo posted by しぃ 。 (@shiinyanko77) on

La nouvelle année scolaire débute en avril, lorsque les nouveaux employés entrent habituellement en poste, eux aussi. Les fleurs de cerisiers sont censées souhaiter la bienvenue à tous dans la nouvelle année. Récemment, en conséquence du changement climatique, les cerisiers ont fleuri plus tôt d’une semaine ou deux.

This is #Yoshino #吉野 in NARA

A photo posted by JapanGram 🇯🇵 いいね!ニッポン。 (@this_is_japan) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
La température et les fleurs de cerisiers ont coopéré en 2016. Pour quelques jours, tout le monde a suspendu ses activités pour étendre une couverture bleue sur le sol et profiter des fleurs de cerisiers pendant qu’ils mangent, boivent et souvent chantent le plus qu’ils peuvent.

Yoshino, dans le sud de la préfecture de Nara, est l’un des observatoires de fleurs de cerisiers les plus connus (et le plus difficile d’accès) du Japon.

A photo posted by Asuka(明日香) (@_asuka_asuka_) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Des bosquets de cerisiers fleurissent de haut en bas du flanc de montagne, ce qui en fait un site spectaculaire.

A photo posted by @mao_saori on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Diverses espèces de cerisiers ont étés plantés en bosquets à différentes altitudes dans Yoshino pour que ceux-ci fleurissent successivement.

#yoshinoyama #吉野山 😍🌸

A photo posted by Lena 🍫🍰🍮🍵 (@lleffox) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Alors que les cerisiers fleurissent durant mars et avril dans la majeure partie du Japon, les cerisiers des préfectures et régions plus froides du nord-est, où l’hiver perdure plus longtemps, ne commenceront pas à fleurir avant la fin d’avril.

Voici un célèbre cerisier “pleureur” près du petit village de pêcheurs d’Obama, à environ deux heures au nord de Kyoto.

A photo posted by Masato Kawakatsu (@masattoh) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Les remparts du château au centre de la ville de Fukui, sur la côte de la mer du Japon, sont bordées par des cerisiers dont les fleurs sont illuminées durant la nuit. 

A photo posted by tkeuchi_ryoutarou (@riyo_take) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Le parc Ueno à Tokyo, est probablement le site d’observation de cerisiers en fleurs le plus populaire de Tokyo, ou même du Japon. Chaque printemps, des centaines de milliers visiteurs viennent y contempler la floraison.

A photo posted by yuka (@yuka_tokyoadvisor) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Des familles et groupes d’amis installent une bâche bleue sur le sol et mangent, boivent et se reposent sous les cerisiers en fleurs. Beaucoup d'entreprises organisent pour leurs employés des sorties d’observation de la floraison. 

A photo posted by viachesiva (@viachesiva) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">
Le temps est habituellement encore frisquet. S’il pleut, cela annonce une fin rapide à la saison des cerisiers en fleurs, puisque la pluie détache les pétales. Par contre, le beau temps ne tardera pas.

A photo posted by Ichina Kurita (@ichina.k) on

La rivière Asuwa à Fukui.

Quoiqu’elle ne dure que quelques jours, la saison des fleurs de cerisiers est la période préférée de beaucoup de Japonais et Japonaises. Les yeux de tous et de toutes sont tournés vers cette courte saison.

A photo posted by @xiaoqiume on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">

La loi iranienne du foulard refusée par le personnel féminin d'Air France

mercredi 6 avril 2016 à 20:14
Image edited by Kevin Rothrock.

Photomontage de Kevin Rothrock.

Le dernier vol Paris-Téhéran d'Air France, c'était il y a huit ans. La reprise [après la levée des sanctions contre l'Iran, NdT] pose problème au personnel féminin de la compagnie : les hôtesses réclament le droit de refuser de voler vers Téhéran si elles sont contraintes de se voiler et de modifier leur conduite en public. Des revendications qui rouvrent les débats sur le port obligatoire du hidjab (foulard islamique) à l'intérieur et l'extérieur de l'Iran.

La représentante syndicale Françoise Redolfi a déclaré à Radio RFI que les femmes devaient avoir le droit de refuser de travailler sur la ligne Paris-Téhéran :

Là, on nous oblige à porter un signe ostentatoire religieux. il faut laisser le choix aux filles de le porter ou pas. Celles qui ne le souhaitent pas, il faut qu'elles puissent dire : ” Moi, je ne suis pas volontaire sur ces vols, je ne veux pas faire ces vols”.

Air France a fini par autoriser son personnel à décliner les missions en Iran au motif de l'obligation du hidjab.

Décoller sans foulard

En solidarité avec les hôtesses de l'air d'Air France et les femmes d'Iran, le mouvement My Stealthy Freedom [‘Ma liberté furtive’] a lancé une campagne demandant aux femmes étrangères voyageant en Iran d'ôter leurs foulards et de partager leurs photos ce faisant. Les contributions ont afflué.

Photo shared on My Stealthy Freedom Facebook page. From France and Italy; visiting beautiful Iran.

“De France et d'Italie, nous visitons le beau pays d'Iran.Voici notre photo où j'ai ôté le voile. Je vous souhaite plein succès pour votre campagne.” Photo: My Stealthy Freedom / Facebook

Maria from Germany on a rooftop in Iran. Photo from My Stealthy Freedom.

Maria d'Allemagne sur un toit-terrasse en Iran. Elle écrit : “J'ai pensé que c'est un geste de solidarité avec toutes les femmes d'Iran (qui disent non au hidjab forcé) et je serais très heureuse si je pouvais ainsi contribuer de quelque manière à la liberté furtive de toutes les femmes iraniennes”. Photo: My Stealthy Freedom / Facebook

La page Facebook My Stealthy Freedom a été lancée par la journaliste iranienne Masih Alinejad, qui parle de “mouvement” et écrit :

Cette page n'appartient à aucun groupe politique, l'initiative reflète les préoccupations des femmes iraniennes, confrontées à des limitations juridiques et sociales.

Toutes les photos et légendes postées ont été envoyées par des femmes à travers l'Iran, et ce site est dédié aux femmes iraniennes dans le pays qui veulent partager leurs photos prises “furtivement” sans voile.

Réactions ailleurs

Si la protestation des hôtesses d'Air France a été un peu éclipsée sur les médias sociaux par les premières révélations des “Panama Papers”, l'affaire n'en a pas moins fait parler d'elle en ligne.

L'analyste spécialiste du Moyen-Orient Holly Dagres a tweeté une photo datant de 2004 d'employées d'Air France en hidjabs.

Les hôtesses de l'air d'Air France n'étaient pas gênées par le foulard à l'atterrissage en Iran en 2004. Qu'est-ce qui a changé ?

Le journaliste indépendant Ali Alimadadi estime que la ligne Paris-Téhéran est vouée à disparaître si les femmes refusent de porter foulard et pantalon.

Les hôtesses d'Air France ne veulent pas mettre de voile ni de pantalon. La ligne directe vers l'Iran pourrait NE PAS durer longtemps.

Les internautes ont abondamment repris le dessin de Sharokh Haydari d'un avion d'Air France arborant un foulard.

Dessin de Sharokh Haydari : “Un hidjab pour Air France”. Les hôtesses de la compagnies confrontées à la politique vestimentaire de l'Iran

Mr. Tickle s'est demandé si un ayatollah Khomeini en carton serait la prochaine exigence imposée aux équipages d'Air France. Son tweet comporte une photo prise lors d'une récente commémoration de l'anniversaire de son retour en Iran.

Je me demande si les hôtesses de l'air d”Air France seront requises de débarquer avec des effigies en carton de l'ayatollah Khomeini ?

Ai-je bien entendu ?

Le prix de l'insensibilité culturelle ira sans conteste à la ministre française des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol. Interrogée sur les femmes musulmanes qui choisissent de se voiler, elle a répondu “Il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres américains qui étaient pour l’esclavage..”

Sur Slate, Christina Cauterucci écrit :

Maintenant que le différend entre Air France et son personnel volant féminin est réglé, les législateurs français devraient prendre acte de ses implications. Dans les jours suivant l'annonce par Air France de son code vestimentaire pour [les vols vers] Téhéran, un syndicat d'hôtesses de l'air a contacté la ministre française des droits des femmes et des familles, Laurence Rossignol, en quête de soutien à leur contestation de la politique du foulard. Rossignol a récemment comparé les femmes musulmanes qui portent le foulard ou le voile aux “nègres américains qui étaient pour l'esclavage”. Si l'idée que des Françaises non musulmanes soient contraintes à mettre un foulard dans un pays islamique répugne tant que cela à la ministre et aux autres féministes, elles seraient sages d'imaginer ce que ressentent les femmes musulmanes quand la France les force à ôter le leur.

Il faut noter que le personnel féminin d'Air France ne refuse pas seulement les hidjabs obligatoires, il s'oppose également à l'exigence de modifier son comportement. Dans un message posté sur My Stealthy Freedom, une hôtesse d'Air France a écrit :

Le personnel féminin en vol d'AF est irrité qu'on lui impose un certain uniforme à bord (pas de robes, que des pantalons et une tunique) et d'avoir à porter un voile à l'arrivée en Iran, ainsi que de ne pas être autorisé à fumer ni à côtoyer familièrement leurs collègues masculins. Aucune femme ne doit se faire dire comment s'habiller ou se comporter.

A Rome, fais comme les Romains

Sur My Stealthy Freedom et d'autres sites de médias sociaux, beaucoup commentent sur le double standard imposé par le gouvernement iranien. Les responsables politiques et diplomates femmes qui se rendent en Iran sont obligées de se couvrir les cheveux. En revanche, leurs homologues iraniens en visite en Occident exigent que les réceptions auxquelles ils participent soient sans alcool et refusent de serrer la main des femmes.

L'avis de l'auteur

The author in Iran. Photo taken by Kamran Ashtary.

L'auteur en Iran. Photo Kamran Ashtary.

Je ne suis pas une observatrice neutre sur ce sujet. Après avoir vécu quatre ans en Iran, je suis arrivée à deux conclusions. Un, je ferai n'importe quoi pour ne plus être forcée à porter un hidjab. Deux, jamais je ne demanderais à quiconque d'enlever le sien.

Dans un article que j'ai écrit pour Tehran Bureau, j'ai relaté comment ma belle-soeur m'a défendue devant la police des moeurs iranienne :

Dans la rue, mes belles-soeurs applaudissaient chaque infraction au hidjab. La plus pratiquante d'elles, Forough, applaudissait le plus bruyamment. Quand une femme nous a abordées pour me reprocher mon foulard desserré, Forough lui a dit, “Quand je vais chez elle personne ne me demande d'enlever mon foulard. Je ne lui demande pas d'arranger le sien”.

“Le premier mars des grand-mères”, la tradition balkanique d'échange d'amulettes faites à la main

mardi 5 avril 2016 à 19:18
Tree decorated with amulets. Photo by Flickr user Niv Singer (CC BY-SA).

Arbre décoré d'amulettes de mars. Photo sur Flickr de Niv Singer (CC BY-SA).

[Article d'origine publié le 29 janvier 2016] Dans certains endroits des Balkans, il existe une tradition consistant a fêter le premier jour de mars appelé pour l'occasion ” Ziua de Martie a Bunicii” (jour de mars des grand-mères). Ce jour là, pour marquer l'arriver du printemps on offre à ses êtres chers des glands blancs et rouges, des pompons ou des bracelets confectionnés à la main.

Les “amulettes de mars”,  de confection artisanale sont connues sous différents noms: martinki (Мартинки en Macédoine), mártenitsa (Мартеница en Bulgarie), mărțișor (en Roumanie et Bulgarie), martis (en Grèce). Elles se portent épinglées sur les vêtements ou liées au poignet jusqu'aux premières floraisons de la nature, ensuite on les accroche dans les arbres. Cette vidéo a été réalisé par le ministère roumain des affaires extérieures, elle montre dans le détail cette tradition de mars.

En 2013,  quatre pays, la Macédoine, la Bulgarie, la Roumanie et la Moldavie ont déposé une demande auprès de l’UNESCO pour l'inclusion de cette tradition du “mars des grand-mères” dans la liste du patrimoine culturel des Balkans. En décembre 2015, l'UNESCO a invité ces pays à envoyer la demande et le processus d'enregistrement est en marche.

Pour promouvoir cette tradition culturelle commune, quatre organismes ou instituts culturels de Macédoine, Bulgarie, Roumanie, Serbie ont lancé le projet “Ziua Fericită de Martie a Bunicii 2016“. (Joyeux jour de mars des mamies 2016). Ce projet comporte une exposition itinérante dans ces pays d'amulettes originales faites à la main associée à des ateliers de création et un marché où l'on peut acheter les œuvres réalisées.

Hand made martinka from Macedonia. Photo by HAEMUS. Used with permission.

‘Martinka'” faite à la main en Macédoine. Photo de HAEMUS. Utilisée avec permission.

Dans le cadre de l'événement  “Identité nationale dans l'Europe unie” qui a débuté en mars 2016, cette exposition itinérante dont la destination finale n'a pas encore été décidée, va se déplacer à Skopje en Macédoine puis Vidin en Bulgarie et Buzău en Roumanie. Ce projet est réalisé dans le cadre d'une demande auprès de l'Unesco d'inclusion de ces amulettes dans la liste du patrimoine immatériel de l'humanité.

Cette tradition des Balkans liée à l'arrivée du printemps ne doit pas disparaître. Vous pouvez participez à sa diffusion en confectionnant votre propre martinka/mártenitsa/mărţişor/martis en suivant les explications de cette video venue de Bulgarie :

Vasilka Dimitrovska  est co- fondatrice du centre pour la recherche scientifique et la promotion culturelle (Haemus), un des sponsors de “Zilei Fericite de Martie a Bunicii 2016″.