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Guide éducatif : “Comment élever un enfant à la manière arabe”

jeudi 30 avril 2015 à 16:35

Le blogueur satirique Karl Sharro a prodigué à ses 51 000 abonnés sur Twitter des conseils parentaux sur la manière d'élever des enfants, après avoir lu la nouvelle d'aujourd'hui [29 avril] : le roi d'Arabie saoudite Salman bin Abdulaziz Al Saud a annoncé un grand remaniement de son gouvernement.

Le roi saoudien a désigné son neveu, l'actuel ministre de l'Intérieur Mohammed bin Nayef, comme héritier du trône, et son fils, Mohammed bin Salman, actuellement ministre de la Défense, a lui été nommé futur prince héritier du trône.

Sharro tweete:

Le roi Saoudien a remplacé son frère par son neveu. Je ne savais pas que nous pouvions remplacer nos frères.

Il ajoute:

Sur le principe je suis contre la politique du gouvernement saoudien. Mais en pratique c'est une manière très efficace de garder mes enfants de 3 et 5 ans sous mon contrôle.

Sharro explique aussi l'importance d'avoir des parents qui accrochent des photos d'eux dans toute la maison:

Une autre stratégie qui j'ai apprise auprès des Baasistes est de créer un culte de ma propre personnalité en mettant des photos de moi dans toute la maison.

Pour plus de conseil parentaux, vous n'avez plus qu'à attendre la publication du futur livre de Sharo sur l'éducation moderne:

Je publierai toutes ces astuces et bien d'autres dans mon futur livre sur comment être de bons parents.

Ai-je précisé que Sharro est un blogueur satirique ?

Une Philippine raconte comment elle s'est retrouvée dans le couloir de la mort en Indonésie pour trafic de drogue

mercredi 29 avril 2015 à 19:29
Mary Jane (right) is reunited with her mother (left) during a prison visit in 2013. Photo from Migrante

Mary Jane (à droite) et sa mère (à gauche), réunies lors d'une visite en prison en 2013. Photo de Migrante

Condamnée à la peine de mort en Indonésie pour trafic de drogue, une travailleuse philippine raconte comment elle a fini en prison.

Mary Jane Veloso a été arrêtée en 2010 en Indonésie lorsque les autorités aéroportuaires ont trouvé 2,6 kilos d'héroïne dans ses bagages. La Cour suprême indonésienne l'a condamnée à mort. Elle dit avoir accepté de transporter la valise sans en connaitre le contenu.

Ces cinq dernières années, son histoire n'a reçu que très peu d'attention de la part de la presse philippine mais cela a changé lorsqu'une association de migrants a demandé le réexamen de son dossier et que d'autres associations ont demandé à l'Indonésie de revenir sur sa décision de maintenir la peine de mort pour toutes les affaires liées à la drogue.

La soeur de Mary Jane a publié une transcription de la lettre manuscrite de cette dernière. Dans un anglais maladroit, elle explique pourquoi elle a quitté le pays en 2010 :

Je travaille à Dubaï aux Émirats Arabes Unis. Je travaille comme domestique pour un contrat de deux ans. Mais je suis ici depuis dix mois car on a essayé de me violer et j'ai décidé de rentrer aux Philippines le 31 décembre 2009, mais je n'avais pas assez d'argent car mon fils va déjà à l'école. Je dois encore travailler…

Christine, sa voisine, lui a promis un travail en Malaisie. Mais lorsqu'elles arrivent en Malaisie, Christine dit à Mary Jane qu'elle doit d'abord rencontrer quelqu'un en Indonésie avant de pouvoir travailler :

Elle m'a dit  que je devais aller en Indonésie dans sept jours pour Holiday In, que je devais rencontrer un ami et que si je revenais à Kuala Lumpur en Malaisie, je commencerai à travailler.

Je n'avais donc pas d'autre choix que d'aller là-bas… Et une fois terminé en Indonésie, je commencerai à travailler, parce que c'est important que je travaille car j'ai un enfant…

Mary Jane a été arrêtée en Indonésie après que les autorités ont trouvé de la drogue dans ses bagages. Sa réaction :

Mon corps est froid… Je n'arrive pas à parler… Tout ce que je fais… c'est pleurer encore et encore !!! Parce que je sais que ma vie est finie. Parce que la drogue est au sommet de l'illégalité. Je me déteste d'avoir cru Christine… Pourquoi est-ce que j'ai pas eu de mauvais pressentiment à son égard… Et maintenant je suis là… Mais je ne sais rien du tout.

La famille de Mary Jane, qui affirme qu'elle a quitté le pays pour travailler et non pour faire passer de la drogue, a été interviewée dans cette vidéo :

Après avoir appris son histoire et étudié son dossier, des associations de migrants pensent que Mary Jane est victime d'un trafic d'êtres humains. Ils demandent donc au gouvernement indonésien de réexaminer son dossier. Le groupe Migrante a envoyé cette lettre au Président indonésien :

Nous pensons que Mary Jane a été victime de grands réseaux de drogue qui profitent de l'ignorance, de la vulnérabilité et du désespoir de notre population. Nous sommes déçus qu'elle soit condamnée à mort alors que les vrais grands trafiquants et réseaux de drogue continuent leur activité en toute impunité.

L'Association internationale des juristes démocrates, accréditée auprès de l'ONU, pense également que Mary Jane n'a pas eu le droit à un procès équitable car on ne lui a pas attribué immédiatement des représentants légaux et des traducteurs professionnels :

Ce sont les circonstances économiques qui ont contraint Mme Veloso à chercher du travail à l'étranger. Son intention n'était pas de faire passer de l'héroïne en Indonésie. Elle n'a découvert qu'elle avait été utilisée pour faire passer la drogue qu'après son arrivée et son arrestation.  Son seul but était de trouver un emploi. Mme Veloso n'a pas reçu de services juridiques suffisants ni eu droit à un traducteur et n'a eu aucun représentant légal tout au long de son procès.

Mary Jane's parents appeal for clemency during a visit to the Indonesian Embassy in Manila. Photo from Facebook

Les parents de Mary Jane appellent à la clémence lors d'une visite à l'ambassade indonésienne à Manille. Photo de Facebook

L'Indonésie rejette toutes les demandes d'annulation de condamnations à mort pour les crimes liés à la drogue. Elle déclare qu'il est nécessaire de gagner la guerre contre les cartels de drogue qui ont fait de l'Indonésie leur plaque tournante.

Pendant ce temps, des mouvements de défense des migrants de tous les coins du monde, des avocats des droits de l'Homme et des civils indonésiens intensifient leurs efforts pour sauver la vie de Mary Jane.

[Note de l'éditeur, 29 avril : L'exécution de Mary Jane a été reportée à la dernière minute suite à une demande du président philippin liée à une délinquante soupçonnée de trafic humain qui s'est rendue (à la police) aux Philippines]

Alpha Condé accuse les militaires de la transition d'avoir pillé le trésor de la Guinée

mercredi 29 avril 2015 à 19:26
Capture d'écran d'Alpha Condé pendant son discours aux Etats-Unis

Capture d'écran d'Alpha Condé pendant son discours aux Etats-Unis

A Washington, le Pr. Alpha Condé a fait des révélations lors d’une rencontre avec les guinéens vivant au pays de l’Uncle Sam. Dans une vidéo publiée sur Youtube, l’ancien opposant historique, devenu premier président de la Guinée démocratiquement élu en 2010, accuse les dirigeants de la transition militaire d’avoir pillé les ressources de la Guinée.

‘’En deux ans, le régime militaire a sorti plus d’argent au Trésor de la Guinée, que de l’indépendance à la mort de Conté. En deux ans seulement. C’est des faits qui sont là, allez-y à la banque centrale, ils ont été jusqu’à fabriquer de faux billets de dix mille francs’’, a-t-il déclaré à nos compatriotes vivant aux Etats-Unis.

 

Tellement ils étaient pressés, ils ont fabriqué des [billets de] dix mille sans sécurisation. Même vous, vous pouvez fabriquer ces billets en allant sur la photocopieuse

‘’Avant ma prestation de serment, j’ai demandé au FMI de faire l’état des lieux. Quand on m’a présenté l’état des lieux, honnêtement, j’ai regretté d’avoir été élu. Ensuite, je ne connais pas les cadres guinéens, c’est mon frère Malik [Condé] qui pouvait me dire qui est qui’’, a reconnu le président Condé.

‘’Malheureusement, Malik est mort quatre jours avant mon investiture, donc je suis devenu comme aveugle, parce que si Malik était là, la moitié des ministres qui sont là ne seraient pas ministre’’, a-t-il avoué à ses compatriotes.

Comment le blogging est maintenu en prison par le pouvoir en Ethiopie

mercredi 29 avril 2015 à 19:16
Une foule dans une rue d'Addis Ababa. Photo de Sam Effron via Wikimedia (CC BY-SA 2.0)

La foule dans une rue d'Addis Ababa. Photo de Sam Effron via Wikimedia (CC BY-SA 2.0)

Il faut beaucoup de temps pour aller n'importe où à Addis-Abeba. Le trafic exige que vous soyez patients, énormément. L'utilisation des services de télécommunications de l'Éthiopie exige un niveau de patience similaire. Vous envoyez un texto à quelqu'un que vous êtes censé rencontrer, pour lui faire savoir que vous êtes en retard, probablement à cause d'un embouteillage. Mais vous pourriez arriver bien longtemps avant que le message s'affiche sur le téléphone de votre ami, ce qui pourrait vouloir dire des heures ou même des jours plus tard. En Ethiopie, plus de 40 pour cent des textos ne sont pas livrés à temps, ou tout simplement n'atteignent jamais leur destinataire.

La connexion tombe souvent au beau milieu d'une conversation, et le temps de communication indiqué  sur les cartes de téléphone portable prépayées est généralement moins que ce qui est annoncé. Pendant la saison des pluies, il n'est pas rare de se retrouver dans de longues panne de réseau pendant des heures de suite, même dans la capitale. Dans la première moitié de 2014 seulement, les médias publics ont rapporté que plus de 25 pannes de réseau s'étaient produites à l'échelle nationale.  Et quand les réseaux sont en place, ils sont douloureusement lents : pour télécharger un fichier aussi petit que 2 Mo ou moins sur la norme Gmail peut prendre jusqu'à cinq minutes.

EthioTelecom, la seule société de télécommunications à gestion publique, est passée au moins dans les mains de trois dirigeants ; elle a offert des contrats de plusieurs millions de dollars pour améliorer ses services à des entreprises chinoises et fait depuis 2010 d'innombrables promesses d'améliorer le service “très bientôt”. Malgré des années d'efforts EthioTelecom n'a pu obtenir une couverture médiatique plus favorable, il n'y a eu aucune amélioration majeure dans le service s'il y en a eu. Leur service a empiré.

Pourtant, quand le gouvernement éthiopien veut communiquer avec le public, les services de télécommunications fonctionnent très bien. Un citoyen ordinaire a besoin d'une autorisation officielle pour diffuser un message SMS à plus de 10 personnes, mais dans des occasions comme le 40e anniversaire du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) [fr], célébré le 18 février, d'innombrables Ethiopiens ont reçu de nombreux messages pro-gouvernementaux pour marquer l'occasion.

Le pouvoir exerce également un contrôle strict de l'accès aux services Internet. Salomon, un bon ami à moi, récemment diplômé en sciences politiques, voulait créer un blog personnel avec le nom de domaine de son pays. Il a demandé à acheter un domaine sous .et, mais on lui a dit qu'il avait besoin de s'inscrire comme entreprise pour que l'administrateur général du domaine de l'Etat examine sa demande. Quand Salomon a exprimé sa frustration auprès du service clientèle d'EthioTelecom, un employé a appelé la sécurité qui a obligé Solomon à sortir du bâtiment.

Pourquoi n'y a-t-il qu'un seul fournisseur de services Internet, – qui, en plus, fonctionne mal – pour les 90 millions d'habitants de l'Ethiopie? Nous avons mieux à faire que de le demander à des fonctionnaires. De telles questions seraient considérées comme une tentative de saper la souveraineté nationale, ou de vendre le pays aux capitalistes néolibéraux étrangers.

Horn of Africa map from the UN. Released to public domain.

Horn of Africa map from the UN. Released to public domain.

Le contrôle exercé par l'Etat sur les services de télécommunications de l'Éthiopie est généralement justifié par la préservation de la souveraineté économique du pays. Dans une large mesure, l'Éthiopie exploite sa position d'allié stable des puissances occidentales dans une Corne de l'Afrique volatile. Bordée par le Soudan et l'Erythrée, avec une véritable menace terroriste permanente de la Somalie voisine, le gouvernement peut utiliser la justification abusive de la loi antiterroriste [fr] comme un outil pour supprimer toute velléité de dissidence.

Les services de messagerie mobile ont été suspendus pendant trois ans après l'élection de 2005, la seule véritable élection pluraliste de toute l'histoire politique de la nation. En mai 2011, l'ensemble du pays a été déconnecté de l'Internet mondial pendant des heures, parce que le gouvernement craignait que l'Internet puisse alimenter une “révolution” de style égyptien en Ethiopie. A cette époque, les médias contrôlés par l'Etat ont régulièrement représenté les médias sociaux comme étant “mauvais pour la santé de la société” [fr].

Il y a plus d'un siècle, lorsque l'empereur Ménélik II a relié le palais et la trésorerie par une ligne téléphonique, le son de la voix désincarnée avait effrayé la noblesse et les prêtres. Ils avaient essayé de bannir la ligne téléphonique, la qualifiant de travail des démons. Parfois, c'est comme si les dirigeants actuels avaient ré-adopté ces scénarios en mettant les technologies de télécommunications hors de la portée de la plupart des Ethiopiens et en enveloppant leurs efforts dans une idéologie politique.

Pour les Ethiopiens comme mon ami Solomon, qui essaient de s'exprimer en ligne, la punition par l'État ou par EthioTelecom est une habitude. En 2012, avec quelques collègues nous avons commencé un blog collectif appelé Zone9 [fr]. Après seulement trois semaines nous avons découvert que notre blog n'était pas accessible en Ethiopie. Nous n'avions jamais cru que le gouvernement verrait notre blog comme une grave menace politique – nous essayions simplement de former une identité et une voix au sein de la génération de l'après-guerre civile en Ethiopie avec un cœur engagé et une peau épaisse.

Et nous voulions donner à notre gouvernement le bénéfice du doute, en dépit du fait que nous ayons reçu beaucoup de conseils nous décourageant de la part des journalistes qui avaient subi la brutalité du régime de première main. Nous avons refusé d'être récupérés par les différentes forces politiques éthiopiennes, qui ont tendance à être divisées selon des lignes idéologiques, ethniques et religieuses. Notre objectif n'était pas de nous confronter au pouvoir, mais d'utiliser un minuscule espace web de l'Éthiopie pour autant que possible provoquer de véritables débats publics au niveau local. Nous écrivions à propos de questions d'intérêt public.

Dans le but d'allonger la vie de nos blogs, nous avons essayé de généraliser notre critique, plutôt que de nous concentrer sur des actes répréhensibles spécifiques du gouvernement. En l'espace de quelques mois, nous avons lancé plus de dix blogs, se déplaçant à chaque fois, pour peaufiner leurs adresses Web afin de contourner la censure. Nous changions alternativement les plates-formes de Blogger à WordPress et retour à Blogger. C'était bien sûr une mauvaise stratégie de médias numériques, mais il ne s'agissait pas d'un jeu d'enfants. Et puis nous avons dépassé la limite. Cela a abouti à ce que certains d'entre nous soient battus par la police et accusés d'incitation à la violence, et même de terrorisme. C'est ce qui est arrivé à neuf de mes amis, qui souffrent actuellement dans les prisons à Addis-Abeba [fr].

Nous avons appris que nous avions tort de supposer que le gouvernement ne nous aurait pas touchés, qu'il connaissait nos vulnérabilités et ne nous aurait pas arrêtés. La chose la plus importante que nous avons faite a été de demander au pouvoir de commencer à respecter la constitution du pays et de résoudre les problèmes des services de télécommunications, comme ceux que j'ai décrits au début de ce billet. Nos campagnes ont réussi à attirer beaucoup d'internautes de la relativement petite communauté de la blogosphère éthiopienne, mais nos activités n'ont jamais été criminelles.

Dans l’acte d'accusation [fr] de mes collègues, le procureur a présenté une transcription complète des conversations téléphoniques sur écoute que j'avais eues avec mes amis quand j'étais encore en Ethiopie, comme preuves du “crime” que nous avions commis. Ils ont enregistré des conversations téléphoniques que nous avions sur nos vies privées, à propos de notre formation en matière de sécurité numérique, et tout le reste. Le gouvernement nous a accusés de collaborer avec les groupes politiques dont nous avions été ouvertement critiques.

Les blogueurs de Zone9 tentaient tout simplement de titiller un peu l'agence à travers l'Internet. Mais, nous sommes maintenant pris au piège entre les cercles locaux de pouvoir avides de ceux qui dirigent le gouvernement éthiopien et utilisent la rhétorique mondiale de l'anti-terrorisme pour écraser tout ce qu'ils craignent susceptible de menacer leur pouvoir et leur stabilité de leaders. Pendant ce temps, près d'un an après leur arrestation, mes amis continuent à vivre derrière les barreaux, avec peu de possibilité de voir leurs familles, sans accès au monde extérieur ni aucune justification juridique claire pour leur maintien en détention.

Ce billet a remporté le troisième prix dans la compétition #SommetGV2015, Participez au concours GV et envoyez votre article sur l'impact chez vous des politiques de l'Internet Endalk Chala est un étudiant de doctorat en Études des médias à l'Université de l'Oregon et un des membres fondateurs du collectif blogging Zone9 en Ethiopie. Il a rejoint Global Voices en 2011.

Tchernobyl brûle, on cherche un coupable

mercredi 29 avril 2015 à 19:01
Chernobyl reactor #4 seen from across the man-made cooling river, Ukraine, in 2013. Image by Guy Corbishley from Demotix.

Le réacteur N° 4 de Tchernobyl ve l'autre rive du canal de refroidissement, Ukraine,  2013. Photo Guy Corbishley, Demotix.

Alors que la Russie se remet des vastes incendies de forêt dans les régions sibériennes de Khakassie et de Transbaïkalie, l'Ukraine est confrontée à un problème plus alarmant encore : un feu de forêt de 400 hectares dangereusement proche de la zone d'exclusion de Tchernobyl.

Les responsables ukrainiens ont indiqué que le réacteur N° 4, celui qui a défailli lors de la catastrophe de 1986, n'est pas menacé par l'incendie. L'Ukraine n'en a pas moins mobilisé pompiers, Garde Nationale et hauts-fonctionnaires dans la zone affectée pour parer à une crise potentielle.Le premier ministre Arséni Iatséniouk, arrivé sur les lieux le 28 avril, a déclaré que même si la situation est “sous contrôle,” il s'agit du plus grand incendie de forêt à proximité de Tchernobyl depuis un gros brasier en 1992.

Le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsène Avakov, a d'abord annoncé les faits sur sa page Facebook dans la soirée du 28 avril, quand des forts vents rendaient probable l'extension de l'incendie à la zone d'exclusion de 20 kilomètres entourant Tchernobyl.

Работаем. Понимаем ответственность и не допустим недооценки рисков!

Nous travaillons. Nous comprenons notre responsabilité et ne commettrons pas de sous-estimation des risques !

Comme pour les incendies de forêt en Russie, les médias sociaux se révèlent ici aussi un outil vital pour distribuer aux habitants l'information sur l'état de l'incendie. Aux côtés du ministre Avakov, le chef du service d'Etat ukrainien des Situations d'urgence, Zoryan Shkiryak, actualise régulièrement sur Facebook les données sur l'incendie, précisant les opérations et l'étendue des feux.

Il n'empêche : tout comme Greenpeace a critiqué la riposte russe aux incendies de forêt sibériens, les chiffres cités par l'organisation écologiste sur celui de Tchernobyl diffèrent de ceux publiés par les officiels ukrainiens. Peu après les déclarations d'Avakov et de Shkiryak donnant pour dimension de l'incendie 4.000 hectares au plus, Greenpeace l'estime à 10.000 hectares.

Réactions du voisinage
Beaucoup dans la capitale ukrainienne Kiev, à une centaine de kilomètres au sud de Tchernobyl, disent sur Internet leurs craintes. Un sondage sur le populaire groupe VKontakte “Kiev typique” (Типичный Киев) qui demandait aux lecteurs s'ils sentaient la fumée de l'incendie, a engrangé dans les 4.000 réponses (dont seulement 20 % de oui).

S'il y a peu de chances que la fumée perçue par ces 20 % provenait de cet incendie, un autre billet très lu sur le groupe, proposant des conseils pour faire face aux radiations, prouvait l'anxiété qui plane toujours sur l'Ukraine une génération après la catastrophe de Tchernobyl. Les niveaux de radiations dans la capitale restaient cependant dans la norme, comme l'a démontré le journaliste Sergiy Karazy dans un article sur Facebook :

Screen Shot 2015-04-29 at 8.34.27 AM

Сьогодні можна проводити експрес IQ тест в українському сегменті ФБ. Всі хто серйозно обговорює необхідність заклеювати вікна, не виходити на вулицю і пити йод, його безнадійно провалили.
На фото – рівень Гамма-потужності в центрі Києва 0.09 од. при допустимому максимумі в 0.30.

Aujourd'hui on pouvait faire un test express de QI dans le segment ukrainien de FB. Tous ceux qui discutaient sérieusement de scotcher les fenêtres, rester à l'intérieur et boire de l'iode ont lamentablement échoué à ce test.
La photo montre le niveau de rayonnement gamma au centre de Kiev à 0,09 μSv/h le maximum  acceptable étant de 0,30 μSv/h.

Réactions de plus loin
Si la réaction en ligne à Kiev était une inquiétude confinant à la panique, celle de l'Ukraine orientale tenue par les séparatistes était un tantinet plus bizarre. Selon une théorie du complot émanant d'un site d'information pro-séparatiste, le gouvernement ukrainien a pu allumer l'incendie de forêt en guise de “provokatsiya” (provocation, en gros un “leurre”) pour extorquer une assistance financière de l'Union Européenne, dont des représentants se sont récemment rendus à Kiev.

Примечательно, что пожар вспыхнул как раз во время проведения в Киеве саммита «Украина-ЕС». Учитывая, насколько Евросоюз озабочен безопасностью объектов, подобных Чернобыльской АЭС, и в этой связи на протяжении нескольких десятилетий выделяет немалые средства на предотвращение техногенных катастроф, то исключать вероятность провокации со стороны киевской хунты нельзя.

Curieusement, l'incendie a éclaté tout juste au moment du Sommet “Ukraine-UE” à Kiev. Connaissant la préoccupation de l'Union Européenne pour des objets dangereux du genre de la centrale nucléaire de Tchernobyl, et la dimension des moyens distribués pendant des décennies pour la prévention des catastrophes tehchnogènes, il ne faut pas exclure la possibilité d'une provocation de la part de la junte de Kiev.

S'il paraît invraisemblable que les responsables ukrainiens aient organisé un incendie à côté du site d'une catastrophe nucléaire pour ensuite fournir aux médias sociaux une information minute par minute des opérations d'extinction, le ministre Avakov a indiqué via sa page Facebook que le feu pourrait être d'origine criminelle.

Dans la matinée du mercredi 29 avril, des officiels des services d'urgence ont indiqué que l'incendie était contenu, avec plus de 300 pompiers et une cinquantaine d'engins travaillant à éteindre les foyers restants sur une superficie descendue à 270 hectares. Quels que soient les faits, tant la panique que les théories du complot couveront encore un moment sous la cendre. Pendant que les services d'urgence ukrainiens combattent pour empêcher une nouvelle catastrophe de Tchernobyl, la guerre de l'information ne s'est guère refroidie.