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Désabusés par l'après-Fukushima, les Japonais veulent la vérité sur le nucléaire

lundi 18 mars 2013 à 22:16

Deux ans après que le puissant séisme et le tsunami qu'il a provoqué [français] sur la côte nord-est du Japon ont causé la fusion des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima [français], les Japonais deviennent de plus en plus frustrés par la réticence du gouvernement à les informer sur les véritables risques liés à l'utilisation du nucléaire.

Un groupe japonais de défense des citoyens, connu sous le nom de Let’s Decide Together (Décidons ensemble) [anglais], a organisé une importante manifestation le 10 mars 2013 [japonais] pour demander un référendum national sur l'avenir de l'énergie nucléaire au Japon, une des dernières initiatives citoyennes en date à encourager une politique énergétique sans nucléaire depuis le drame de Fukushima, la plus importante catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl.

Suite au tsunami, des critiques ont été émises partout dans le monde, reprochant au gouvernement japonais de dissimuler certaines informations concernant la fusion des réacteurs [anglais] aux citoyens, de retarder les évacuations et d'exposer inutilement certaines personnes à de fortes radiations. L'Organisation mondiale de la santé a conclu [français] dans ses rapports que les personnes qui étaient dans les zones les plus contaminées proches de la centrale de Fukushima avaient un risque plus élevé de contracter un cancer : les enfants de sexe masculin exposés aux radiations avaient 7% de chances supplémentaires de devenir leucémiques et le risque pour les enfants exposés de sexe féminin  d'avoir un cancer du sein augmentait quant à lui de 6%.

Manifestation organisée par le collectif « Nuclear Free Now »  dans le quartier de Hibiya à Tokyo. Photograhie prise par et diffusée par Masahiko Murata

Manifestation organisée par le collectif « Nuclear Free Now » dans le quartier de Hibiya à Tokyo. Photograhie prise par et diffusée par Masahiko Murata

Bien que la pression publique ait mené à la fermeture de presque tous les réacteurs nucléaires (à l'exception de 2 sur 50), le premier ministre japonais Shinzo Abe a récemment déclaré [anglais] que les centrales qui répondraient aux nouvelles consignes plus strictes de sécurité pourraient à nouveau fonctionner dans le courant de l'année.

Mais les efforts faits par le gouvernement sur la sécurité des centrales n'ont pas appaisé les résidents de Fukushima, ni les activistes à travers le monde qui demandent plus d'informations sur les dangers liés à l'utilisation du nucléaire, aussi effrayantes soient-elles.

La Conférence ministérielle de Fukushima sur la sûreté nucléaire [anglais], organisée conjointement par le gouvernement japonais et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) [anglais] du 15 au 17 décembre 2012 à Koriyama, dans la préfecture de Fukushima et tout près de la centrale nucléaire, a prouvé qu'il y avait un désaccord grandissant entre le gouvernement et les citoyens sur la question de l'énergie nucléaire.

La conférence, à laquelle ont participé 117 pays et 13 organisations internationales, visait à discuter de la sûreté nucléaire, de son renforcement [anglais] et tirer les leçons du drame de Fukushima.

Le ministre japonais des affaires étrangères a résumé ainsi [japonais] le but de la conférence gouvernementale de Fukushima, insistant sur l'engagement de l'Etat à rendre le nucléaire plus sûr :

事故から1年9ヶ月しか経っていない中で今回の会議を福島で開催することにより,原子力安全の強化の重要性につき強いメッセージを発信することができたものと考える。また,IAEA原子力安全行動計画の策定から1年を経たタイミングで国際社会の取組についてハイレベルで議論が行われたことにより,国際的な原子力安全を更に強化していくことにつながると期待される。

Nous pensons que le fait de tenir une conférence dans la préfecture de Fukushima seulement 1 an et 9 mois après l'incident est un message fort sur l'importance de renforcer la sûreté nucléaire. De plus, ces discussions au plus haut niveau sur les efforts faits par la communauté internationale ont été tenues une année seulement après la mise en place du projet de plan d'action de l'AIEA sur la sûreté nucléaire [anglais]. Voilà qui garantira qu'à l'avenir nous renforcerons la sécurité nucléaire sur le plan international.

Dans le même temps, de nombreuses associations anti-nucléaires ont planifié leurs propres conférences. Les 15 et 16 décembre 2012, le  comité d'organisation du collectif « Nuclear Free Now » ['Sans nucléaire maintenant', anglais] a organisé de son côté sa seconde conférence mondiale pour un monde sans nucléaire [anglais] dans le quartier de Hibiya, à Tokyo et la Coalition métropolitaine contre le nucléaire [anglais] a monté une manifestation au départ du parc Hibiya. Plus de 5 500 personnes ont participé à ces deux événements.

Le Plan d'action pour Fukushima [anglais], mené par un comité de citoyens de la préfecture de Fukushima en collaboration avec le collectif «Nuclear Free Now », a mené diverses actions entre les 14 et 16 décembre 2012, dont un symposium auquel assistait le réseau des maires qui veulent un Japon sans nucléaire [anglais], pour faire coïncider leurs événements avec la conférence gouvernementale.

Le premier jour de la conférence gouvernementale, quelque 200 citoyens se sont réunis devant la salle de conférence à Fukushima pour soumettre une demande officielle à l'AIEA, lui demandant de faire part des résultats d'une enquête de santé menée auprès d'enfants, de rendre des comptes et d'encourager le gouvernement japonais à démanteler immédiatement les centrales nucléaires.

"KOUIUKOTO" (Voilà vraiment ce qu'il se passe). Dessin par Misato Yugi (CC BY-NC-SA 2.1 JP)

“KOU-YU-KOTO” (Voilà ce qui se passe en réalité). Dessin par Misato Yugi (CC BY-NC-SA 2.1 JP)

Dans son introduction, le document explique [anglais] que les habitants de Fukushima doutent de l'honnêté de l'implication de l'AIEA dans la région :

Nous avons appris que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) établira deux centres de recherches dans la préfecture de Fukushima, dans le cadre de la création par la préfecture d'un « centre environnemental ». Nous considérons que l'AIEA est une entreprise qui œuvre pour le développement du nucléaire à l'échelle mondiale, insistant sur l'utilisation pacifique qui peut être faite du nucléaire et en sous-estimant les risques. Il est particulièrement difficile de comprendre ce qu'un tel organisme viendrait faire ici à Fukushima. Nombre d'entre nous qui ont été affectés par la catastrophe de Fukushima se demandent si ces centres de recherches bénéficieront à ceux qui ont été touchés par cette tragédie et se posent la question de leur véritable implication.

Cela ne fait que renforcer l'incertitude dans laquelle les habitants de la région sont obligés de vivre, ce qui ne changera pas tant que le gouvernement préférera diffuser des messages de sécurité plutôt que de communiquer sur la réalité de la situation :

Tout ce que le gouvernement a fait, c'est de diffuser une “campagne sur la sécurité” en disant aux gens qu’ « il n'y a pas de risques directs pour la santé » ou qu’ “une exposition à une radiation d'un niveau de100μSv par an ne représente aucun danger ». Les habitants de Fukushima sont poussés à faire un choix difficile, à savoir s'il faut avoir peur des radiations, qui ne peuvent être détectées ni par la vue, ni par l'odorat, ou s'il faut croire les « campagnes de sécurité » diffusées par le gouvernement ; cette situation est source de grande détresse et de tensions entre familles, amis et voisins.

L'agence a répondu [japonais] à ces questions le 17 janvier 2013, en insistant sur le fait qu'elle n'est pas décisionnaire quand il est question des problèmes nucléaires de Fukushima ou du reste du Japon :

IAEAとして、加盟国に対して原発を導入すべきである、原発の運転を継続すべきである、あるいは原発を停止させるべきであると言う立場にはありません。しかし、加盟国が厳守力発電を導入する、あるいは継続するという決定をした場合には、それらの原発が国際的な安全基準を十分満たし、周辺国の懸念にも十分対応する形で安全かつ持続的に運転されるよう支援するということがIAEAの役割です。

L'AIEA n'est pas en mesure de dire aux Etats membres s'ils doivent continuer ou arrêter leurs activités nucléaires. Quoi qu'il en soit, si les Etats membres envisagent l'utilisation du nucléaire ou décident de continuer à utiliser leurs centrales nucléaires, l'AIEA est là pour s'assurer que ces centrales sont sûres et répondent aux critères de sécurité imposés au niveau international. L'AIEA veillera à ce que les centrales nucléaires soient viables et sûres, tout en respectant les considérations des pays voisins.

Exiger la vérité

"KOUIUKOTO" by Misato Yugi (CC BY-NC-SA 2.1 JP)

“KOU-YU-KOTO” (Voilà ce qui se passe en réalité) par Misato Yugi (CC BY-NC-SA 2.1 JP)

Les deux dessins illustrant des radiations par « points rouges » ont été dessinés par l'artiste Misato Yugi et sont devenus très populaires dans le Japon d'après-Fukushima. Ces dessins veulent montrer à quel point la situation aurait été dramatique si la radioactivité avait été visible à l'oeil nu.

Mais dans la vraie vie, la radioactivité n'est pas marquée par des points rouges et les Japonais n'ont pas d'autres choix que de demander la vérité sur les dangers qu'elle représente à leur gouvernement et autres agences.

Le 15 décembre, la chaine de télévision à but non lucratif Ourplanet-TV [anglais] a filmé un membre de l'association Femmes de Fukushima contre les centrales nucléaires [japonais] posant justement ce genre de questions près de l'entrée de la Conférence gouvernementale et demandant à Jill Tudor, porte-parole de l'AIEA, de dire la vérité sur le nucléaire.

La vidéo est disponible sur YouTube [japonais] :

覚えておいて欲しいこと、それは、福島県はもう脱原発を決めた、ということです。それからもうひとつ、IAEAはぜひチェルノブイリの真実を語ってください。チェルノブイリの健康被害の真実を語ってください。[...] 最後にお願いです。今日から3日間行われている会議で、原発の安全性ではなくって、原発の危険性について語ってください。そして世界中の原発をなくすという、そういう会議に切り替えてください。

Nous voulons que l'AIEA se souvienne que la préfecture de Fukushima a déjà décidé de renoncer au nucléaire [japonais]. Il existe d'autres possibilités. Je vous en prie, dites-nous la vérité sur Tchernobyl. Au cours de ces trois jours de conférence à venir, parlez-nous enfin des dangers du nucléaire, et ne faites pas la publicité de la sécurité des centrales. Et s'il vous plaît, changez le programme et faites en sorte que le nucléaire disparaisse de la planète.

Au cours de la prise de vue, un autre membre a appelé Tudor à faire en sorte que les habitants de Fukushima aient leur mot à dire sur la question du nucléaire :

私たちのことを抜きに、福島のことを決めないでください!

S'il vous plaît, ne décidez rien sur Fukushima sans nous, les gens de Fukushima !

Kyania, qui a fuit de Fukushima vers Kyoto avec son enfant, a raconté sur un blog ce qu'elle a vécu. Le 12 décembre 2012, elle a publié un document, rédigé par les citoyens et soumis à la préfecture de Fukushima, qui conteste la présence de l'AIEA à Fukushima dans la supervision de la décontamination et autres formes de nettoyage des conséquences de la catastrophe. Elle a également souligné [japonais] à quel point il est important que les personnes soient informées sur les conséquences du drame afin de mieux se protéger :

国民の一人、一人が、自分と家族を守るのは自分自身である事を自覚し、情報を取り続けて下さい。
そして、あなたの思いが溢れた時には、私達と一緒に、ご自分が出来る事を、どんなに小さい事でも良いので続けて頂きたいです。

Chacun d'entre nous doit comprendre que lui seul peut se protéger et protéger sa famille ; continuez donc à vous informer par vous-même. Si cela vous donne des papillons dans le ventre, je veux vous voir continuer à agir, même un peu.

La vignette utilisée pour cet article a été prise et partagée par Masahiko Murata.

Accueillir le printemps, éloigner le mauvais oeil

lundi 18 mars 2013 à 21:50
File:Martenitsa E5.jpg

Martenitsas sur un arbre en fleurs.
Source: Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0

Μάρτης [grec], мартеница [bulgare], мартинка [macédonien], mărțișor [roumain]… sous tous ces noms, c'est une vieille tradition [grec] aux multiples variantes qui traverse les Balkans. Alors, tissez vos fils rouges et blancs pour éloigner le mauvais oeil” ou accueillir le printemps !

(more…)

Les iLabs : pour un développement contextualisé

lundi 18 mars 2013 à 15:29

(Article d'origine publié le 4 mars 2013)

Concevoir une technologie susceptible d'être utilisée dans le monde entier dans de nombreuses situations est une solution efficace – il est toutefois nécessaire de l'adapter afin d'éviter qu'elle ne soit un véritable échec.

L’InSTEDD conçoit des outils ouverts et construit des installations locales pour la santé, la sécurité et le développement. Différents projets utilisent des téléphones portables pour la création de logiciels basés sur les SMS et la voix, et adaptables en vue d'être utilisés dans le monde entier.

Afin d'utiliser ces outils au mieux, l'InSTEDD a ouvert deux “Innovation Labs” (iLabs), des start-ups situées au Cambodge et en Argentine. Les iLabs travaillent sur les solutions à apporter aux projets humanitaires et afin de répondre aux besoins locaux à l'aide de technologies adaptées au contexte.

Les iLabs reconnaissent qu'en s'appuyant sur l'interprétation à l'échelle locale plutôt que sur des “experts” étrangers, ils peuvent apporter des connaissances locales sur ce qui fonctionne – ou pas – socialement – en étendant leur impact au delà de la vie d'un projet unique. Ces programmes sont conçus en gardant à l'esprit cette flexibilité contextuelle.

Estamos convencidos de que los programas y tecnologías más eficientes se desarrollan a través deprocesos flexibles e iterativos, y se basan en la participación activa de las comunidades a las que deben servir… Nuestra experiencia nos indica que el uso de métodos ágiles y centrados en el usuario para diseñar y desarrollar tecnologías móviles permite la recolección confiable, el procesamiento y el análisis de los datos.

Nous sommes convaincus que les programmes et les technologies les plus efficaces sont développés dans le cadre de processus flexibles et itératifs, et qu'ils s'appuient sur la participation active des communautés qu'ils doivent servir… Notre expérience montre que le recours à des technologies agiles et centrées sur les utilisateurs permet de réaliser de manière fiable la collecte, le traitement et l'analyse des données.

- Boris Krygel sur le blog de l'iLab Amérique latine.

L'iLab de Phnom Penh, Cambodge

L'iLab de Phnom Penh, Cambodge

En s'appuyant sur la participation active des communautés locales, les iLabs travaillent avec des programmeurs locaux afin de développer des expertises, tout en encourageant l'innovation régionale par le biais de “hackerspaces”, “devcamps”, “barcamps”, etc. Il n'empêche qu'au début, le contexte de l'Asie du Sud-Est était bien différent de celui de l'Amérique latine.

Utilisation par des personnels médicaux communautaires et par des urgentistes à Mukdahan, en Thaïlande, d'un système de surveillance sanitaire basé sur des outils mobiles visant à répondre plus efficacement aux problèmes de santé publique.

Des personnels médicaux communautaires en Thaïlande utilisent le système de surveillance InSTEDD basé sur des outils mobiles pour répondre plus efficacement aux problèmes de santé publique.

Une start-up au Cambodge ne peut sans doute pas se payer le luxe de faire des expériences, au risque d'échouer. Au contraire, l’iLab Asie du Sud-Est accepte l'échec, qui participe du processus d'innovation. Un environnement tolérant face au risque favorise la volonté d'expérimenter des idées novatrices, même si, au final, elles n'aboutissent pas.

A Buenos Aires en revanche, l'InSTEDD a considéré que le contexte préexistant était totalement différent. Alors qu'il y avait déjà au Cambodge une culture de l'utilisation de la technologie pour le développement social, le nombre de programmeurs cambodgiens expérimentés était limité. L'Argentine comptait déjà sur de nombreux programmeurs travaillant sur divers projets technologiques – même si c'était rarement pour le développement social. C'est ce qui explique l'adoption à l'iLab Amérique latine d'un modèle de partenariat avec un organisme technique local. En travaillant avec un groupe de développeurs de logiciels préexistants, plutôt qu'en constituant et en formant leur propre équipe – ils peuvent concentrer leurs efforts sur la mise en place de passerelles avec des organismes locaux à vocation sociale, sur la collaboration à des projets et sur la participation à des groupes de travail et à des événements.

Une infirmière vaccine un bébé dans une clinique communautaire. Les outils InSTEDD sont utilisés dans cette clinique afin de fournir une assistance dans la gestion des ressources et la surveillance des maladies.

Une infirmière vaccine un bébé dans une clinique communautaire. Les outils InSTEDD sont utilisés dans cette clinique au Cambodge afin de fournir une assistance dans la gestion des ressources et la surveillance des maladies.

Les réponses apportées au contexte local ont des incidences sur la forme des organismes ainsi que sur la technologie qu'ils développent. Verboice, l'une des technologies conçues avec les iLabs et utilisées à travers le monde, est un logiciel destiné à être accessible aux programmeurs et aux utilisateurs. En s'appuyant sur des réussites passées avec les technologies SMS, Verboice permet à tout un chacun de créer et de réaliser des projets voix interactifs basés sur la téléphonie mobile. Les messages peuvent être enregistrés et lus dans n'importe quel dialecte ou langue au moyen de téléphones mobile, en permettant aux appelants d'accéder simplement à des informations à partir du clavier de leur téléphone.

Ils présentent des tutoriels sur leur blog :

Le programme n'a pas vocation à être lourd et difficile à gérer ; le directeur de l'ingénierie de la plateforme InSTEDD, Nicolas de Tada, écrit sur son blog,

“… nous travaillons selon des méthodes agiles en réalisant des choses rapidement et en les essayant avec les personnes qui les utiliseront dans les meilleurs délais possibles. Nous favorisons la simplicité et l'évolutivité…”

Verboice a été utilisé pour des projets aussi divers que l'unité d'intervention d'urgence de la Croix-Rouge de San Francisco – et était utilisé dans le cadre du programe Baby Monitor.

Piloté dans la région Ouest du Kenya avec Population Council, Baby Monitor est utilisé dans des situations dans lesquelles une femme enceinte, vivant dans une région éloignée, a plus de chances d'être jointe sur un téléphone portable qu'un professionnel de la santé ; des questions conçues par des cliniciens lui permettent de donner des réponses pour déterminer la nature des soins qui doivent lui être prodigués.

Le Baby Monitor du Population Council (également sur Facebook)

Le Baby Monitor du Population Council (également sur Facebook)

Ce projet pilote a permis à l'InSTEDD de tirer différents enseignements sur le programme et sur l'importance de la “conception autour de l'humain” – ainsi, il est apparu qu'il était problématique d'utiliser les boutons 1 et 2 du téléphone pour répondre oui/non : trop proches l'un de l'autre, ces boutons ont tendance à donner lieu à des réponses incorrectes et à couper la communication ! en associant l'option oui/non aux boutons 1 et 3, les erreurs sont devenues moins fréquentes. Par ailleurs, alors que le modèle conçu à l'origine commençait par une série de questions spécifiques sur l'état de santé de l'utilisateur, l'iLab est arrivé, par essais et erreurs, à la conclusion que la première question devrait être “Avez-vous actuellement une urgence ?”

Organigramme du système Verboice en Khmer (langue pratiquée au Cambodge) montrant les étapes d'enregistrement des patients séropositifs.

Organigramme du système Verboice en Khmer (langue pratiquée au Cambodge) montrant les étapes d'enregistrement des patients séropositifs.

Verboice est actuellement utilisé au Cambodge grâce à un financement du Spider Center, un organisme créant de nouveaux projets en partenariat avec BBC Media Action, Marie Stopes International et l'Organisation internationale du Travail, tous actuellement en phase de test.

La vieille dame et la pomme de terre: une histoire de pauvreté en Ukraine

lundi 18 mars 2013 à 14:40

Le mercredi 13 mars, la journaliste Olena Danko relate dans un court article [ukrainien] sur sa page facebook, sa rencontre dans un supermarché avec une vieille dame qui avait juste assez d'argent pour s'acheter une seule pomme de terre. Une histoire tristement banale pour l'Ukraine, qui n'a en rien surpris les gens qui vivent dans ce pays, même depuis peu de temps. Danko pouvait difficilement s'attendre à un buzz- elle avait juste besoin de soulager son coeur brisé et de partager sa frustration vis-à-vis de la situation en Ukraine. Pourtant, beaucoup d'internautes ont trouvé cette histoire de pauvreté extrême assez forte pour être partagée, et en quelques heures, elle a fait le tour de la toile.

Deux jours plus tard, une liste très incomplète des partages ressemblait à ça :

Voici l'histoire de Danko qui s'est déroulée [ukrainien] dans la ville de Brovary, une banlieue de la capitale Kiev :

Je faisais les courses. Au rayon légumes du supermarché, une vieille dame était en train de peser une!!! pomme de terre ! La pauvre vendeuse était pétrifiée. Moi aussi. La vieille dame a dit qu'elle avait payé l'appartement, les charges, les médicaments et qu'elle survivait avec ce qu'il lui restait. Aujourd'hui elle ne pouvait se permettre qu'une seule pomme de terre et un quart de pain noir. J'ai été choquée. Vite, je suis partie et j'ai rempli un sac entier de pommes de terre, je les ai achetées et je les ai données à la vieille dame à la caisse. Elle s'est sentie gênée, puis elle m'a abondamment remerciée, et elle a pleuré. Je sanglotais en rentrant à la maison. Ce sac de pommes de terre ne coûte que 6 hryvnias [$0.74 ou 0,56 €]. Qu'est-ce que ce pays, [bon sang!], où les chandeliers de [la résidence présidentielle à Mezhyhirya- en] coûtent des millions, les montres des députés coûtent des centaines de milliers de dollars, des milliards sont blanchis par [des réparations de routes inexistantes- fr] et la vieille femme est là, pesant sa petite pomme de terre????? Mais [où diable] êtes-vous [améliorations]???? [Vous méritez tous d'être brûlés]!!!

A screenshot of Olena Danko's story, taken roughly two days after it was posted.

La capture d'écran de l'histoire d'Olean Danko, réalisée deux jours environ après sa publication.

Et voici quelques unes des réactions de ceux qui ont choisi de partager l'histoire de Danko, ou juste de la commenter.

Nataly Levina écrit [russe] :

C'est une catastrophe ce pays…D'un côté, des veilles personnes affamées, des enfants négligés, chanceux si on ne s'en est pas juste débarrassé, des animaux sauvagement torturés ou abandonnés jusqu'à ce que mort s'en suive, des parents qui deviennent fous à cause de leur incapacité à aider leurs enfants malades, même si [ils n'ont besoin que de 1 000 dollars]. Et de l'autre côté, des palaces qui coûtent des milliards, des super voitures, des yachts, des hélicoptères, des accessoires hors de prix, des montres, des sacs et des weekends qui valent tous la vie de plus d'un enfant…

Oleksandr Zorya écrit [ukrainien] :

C'est un fait, ce n'est pas seulement parce que le pays est comme ça ! Il y a des gens qui manquent de dignité. Parce que s'ils se respectaient vraiment, déjà [en été 2012] au [championnat Euro 2012 de l'UEFA], on aurait joué au foot avec les têtes des [membres du parti au pouvoir le Parti des régions] et, lors de la finale, avec la tête du [Président Victor Ianoukovytch], c'est le moins que l'on puisse dire.

Ira Alymova écrit [russe] :

On dépense plus d'un million pour le cul du Président tous les jours, et la vieille dame achète une pomme de terre parce qu'elle n'a pas l'argent pour en acheter plus!!!! [De] quelle Europe [vous parlez]!!!!!??????

Larysa Masykova écrit [ukrainien] :

En voici une, d'amélioration…A l'étranger j'ai vu plus d'une fois comment les retraités allemands se promènent, font du tourisme, prennent des photos de monuments historiques. Ils ont l'argent pour ça, le courage et la dignité. Et comment nos vieilles personnes vivent ce qu'il leur reste de vie, plus particulièrement celles qui vivent seules???…

Lora Prykhodko écrit [russe] :

-Maintenant on vit mieux- dit le gouvernement.

- On est contents pour vous,- répond le peuple.

Natalka Fedechko écrit [ukrainien] :

Combien coûterait la montre [du Premier Ministre Mykola Azarov] si on [convertissait son prix en pommes de terre?] [...]

Sergei Gorbachevsky écrit [ru]:

Ma mère [a été enseignante pendant 50 ans], sa pension est de 1 100 hryvnias [par mois; 135 dollars ou 103€]

Alex Siriy ajoute [ukrainien] :

Vrai, et la députée communiste [Oksana Kaletnik] a une montre qui coûte 24 000 dollars [18 350 €]. [russe].

L'utilisateur Yarema Dukh n'a pas été trop impressionné par les réactions à l'histoire de Danko:

[...] Les amis, vous ne vivez pas en Ukraine là ou quoi?

Vous ne voyez pas les retraités au marché, au magasin, ou seulement mendiant hors de chez eux chaque jour?

Demain, allez aider votre voisin, ou n'importe quelle vieille dame- ou allez vraiment “brûler tous les politiciens.”

Et ensuite écrivez là-dessus sur Facebook et comptez les “partages” de vos messages. [...]

Parce que maintenant on a ce pays entier de “partages”, “partages”, “partages”. [...]

Katya Mykhaylova, croit elle aussi [russe] que les gens devraient se déconnecter et aider ceux qui en ont besoin :

Mes amis et chers inconnus! Faisons une flashmob de bienfaisance ce samedi! Chacun d'entre nous remplira d'abord un Sac d'Entraide avec de la nourriture et à 10H du matin pile (ou à 11h ou l'après-midi) on sortira dans la rue et on donnera le sac, et on présentera tous nos voeux de santé à une vieille personne qui [en a besoin].

Un Sac d'Entraide peut coûter environ 40 hryvnias [5 dollars ou 3,80€] et contenir une ration de dix jours pour une vieille personne:

- blé noir

- [produits laitiers]

- des pommes de terre

- des carottes

1 kg de chaque, ça pourrait être 2kg de pommes de terre- ils aiment quand il y en a beaucoup.

En plus, ça serait sympa d'ajouter un potiron, du beurre, des pommes, un poulet.

Eh, tout le monde ! les gens dans chaque ville ! dans chaque famille ! Commençons par offrir un peu d'aide aux gens dans le besoin. [... ]

Si on réussit à trouver 100 personnes bienveillantes et gentilles dans 10 villes, alors la vie de 1 000 personnes âgées seules deviendra plus facile…pour quinze jours environ. Et ensuite, il faudra rassembler des sacs et des amis, pour faire grandir le nombre de bénéficiaires.

[...]

A samedi…[dans les magasins], sur les marchés, [...] près des vieilles femmes qui vendent des choses près des entrées du métro.

An old woman in the city of Brovary, a suburb of Kyiv. Photo by Veronica Khokhlova, May 29, 2008.

Un vieille dame dans la ville de Brovary, banlieue de Kiev. Photo de Veronica Khokhlova, 29 mai 2008.

 

Vidéo : La génération des années 1970 en Chine

lundi 18 mars 2013 à 13:53

Words of a generation enregistre des histoires personnelles et des points de vue parmi la génération des années 1970, qui a grandi dans la Chine du passé et se trouve en première ligne pour observer la Chine du futur. Les vidéos se centre sur sept sujets principaux : travailler, consommer, aimer, connecter, jouer, explorer et rêver.