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Pourquoi les internautes chinois croient qu'un indice de produits de consommation courante peut prédire la contagion des Gilets jaunes

mardi 1 janvier 2019 à 11:57

Manifestation de “Gilets Jaunes” dans le département français de la Haute-Saône en novembre 2018. Photo : Obier via Wikimedia Commons. CC: AT-NC.

Une rumeur sur la contagion du mouvement contestataire français des “gilets jaunes” à d'autres pays européens est devenue virale sur les médias sociaux chinois avant Noël.

L'histoire a fait surface après l'annonce par le président français Emmanuel Macron de plusieurs concessions pour répondre aux griefs des manifestants contre sa politique économique. Pendant que Macron en attendait à un retour au calme et à l'ordre, la rumeur made in China prédisait l'inverse.

De multiples versions de l'histoire ont été diffusées via un grand nombre de comptes de micro-blogging sur Weibo et Wechat, citant des sources provenant d'un grossiste de la ville de Yiwu— connue comme un paradis du commerce de gros—affirmant être en rupture de stock de gilets jaunes et recevoir de nouvelles commandes en provenance de pays européens comme la Suède, la Suisse, Prague, etc. Sous-entendu, les manifestations de “gilets jaunes” se propageaient à tout le continent.

Voici une version de l'histoire qui circulait sur Weibo et WeChat :

【义乌指数】中国义乌的服装调研报告指出,现在来自欧洲的“黄背心”订单继续暴涨,现在黄背心制作工作已经在加班加点地进行,更有不少跨境电商卖家将此视为一次绝佳的销售机会。不少网友说,根据义乌商品市场的大数据,可以预测,未来黄背心运动的的浪潮还有可能蔓延到瑞典、捷克、瑞士、西班牙等国。早前就有外媒发文指出,义乌具有一股神秘力量,可以通过市场行情来预测国际政治大事件的走向。在义乌,接受的海外订单数量更被视为民意的风向标,可以惊人地对将要发生的事件做出准确预测。早在2016年美国大选的时候,义乌制造商就通过美国订购的旗帜和衣衫的数量提前5个月预测出特朗普将会成为总统。据了解,目前义乌的一些纺织厂已经开始陆续接受到美国订单,开始生产特朗普2020年竞选时的旗帜和支持者所穿的衬衫,由于订单量已经比民主党竞选所开出的需求高出数倍,因此也有人通过这点来预测特朗普很有可能连任美国总统。这是中国制造的大数据威力

[Indice Yiwu] le rapport de recherche de Yiwu sur l'habillement a montré que les commandes européennes de “gilets jaunes” continuent à déferler. Les fabricants font des heures supplémentaires pour satisfaire la demande et de nombreux marchands de plateformes étrangères d'e-commerce voient le mouvement comme une excellente opportunité de ventes. Les internautes chinois ont cru sur la base de l'indice des produits de base de Yiwu et son big data, que le mouvement des gilets jaunes allait se propager à la Suède, la République tchèque, la Suisse et l'Espagne. Les médias étrangers ont souligné que l'indice Yiwu pouvait prédire correctement les tendances politiques internationales. Les commandes d'articles de consommation par les marchés étrangers pourraient servir d'indicateurs d'opinion publique et donc prédire avec précision les résultats d'événements politiques. En 2016, sur la base des commandes de t-shirts et de fanions en rapport avec les élections, les fabricants de Yiwu avaient prédit la victoire de Donald Trump à la présidence des USA cinq mois à l'avance. Les observateurs disent que les usines textiles de Yiwu ont commencé à recevoir des commandes des USA et démarré la fabrication de fanions et de T-shirts pour les supporters de Trump en vue de l'élection présidentielle de 2020. La demande est actuellement plusieurs fois plus importante que les commandes des supporters du Parti Démocrate. Certains ont commencé à prédire que Trump sera réélu. Ça montre la puissance du big data chinois.

Beaucoup ont retweeté l'information, en l'assortissant de commentaires comme “Yiwu est devenu une base de prédiction des tendances mondiales” ou “Jetez un coup d’œil aux statistiques d'exportation de Yiwu et vous pourrez devenir un analyste des affaires mondiales.”

Le mythe de l'indice Yiwu

Situé dans la province du Zhejiang, Yiwu est la plus grande plaque tournante du monde pour les biens de consommation courante, et l'un des marchés de gros les plus connus de Chine pour ce type d'articles. Le marché international de Yiwu possède son indice appelé l’Indice Yiwu des biens de consommation chinois qui reflète les tendances du marché.

Pendant l'élection étasunienne de 2016, l'indice Yiwu est devenu un sujet brûlant sur les médias sociaux chinois, alors que les conversations sur les chiffres de commandes de produits dérivés électoraux à Yiwu paraissaient indiquer que Donald Trump était plus populaire que Hillary Clinton. Après l'élection, même les médias dépendant de l’État écrivirent que les chiffres de commandes d'articles en provenance de Yiwu et Alibaba avaient une valeur prédictive, et de nombreux internautes chinois crurent que l'indice Yiwu était plus exact que les résultats électoraux américains. Des observateurs des médias eurent beau souligner très vite que cette interprétation était discutable, puisque Clinton obtint en réalité plus de voix que Trump, leur analyse fut dédaignée.

Cette fois, le Global Times, contrôlé par l’État, a vérifié les faits du récit en ligne et constaté que les gilets jaunes n'étaient pas en rupture de stocks dans la ville commerçante, et que le volume de leurs ventes ne dépassait pas celui de l'année précédente. Pour autant, les conclusions du Global Times n'ont nullement stoppé la propagation du mythe de l'indice Yiwu. Mieux, de nouveaux commentaires sont apparus après Noël, réaffirmant le pouvoir prédictif de l'indice Yiwu. Le narratif, repris sur diverses plateformes de médias en ligne, a bien reconnu que les chiffres de vente de gilets jaunes étaient erronés, mais continuait en insistant que l'indice Yiwu avait réussi à prédire les résultats tant de l'élection présidentielle américaine de 2016 que de la Coupe du monde de foot de 2018.

L'auteur se faisait l'écho du discours du 18 décembre du président chinois Xi Jinping pour le 40ème anniversaire de la politique de “réforme et d'ouverture” de la Chine, qui citait Yiwu comme modèle de réussite de ce changement. Et le commentaire de conclure que le pouvoir prédictif de l'indice Yiwu reflète la glorieuse histoire de la transformation du pays :

实际上,义乌之所以能够一次次“精准预测“国际重大事件的走向,究其原因是义乌人通过几十年的奋力拼搏,将小商品产业在世界范围内做的了独树一帜、傲视群雄,成为世界多国所依赖的小商品产地。

在改革开放的历史浪潮中,就是无数个义乌这样曾经名不见经传的无名小城,在国家政策的鼓励扶持下,刻苦攻坚、努力拼搏、敢为天下先,使中国在短短40年里,实现了史无前例的惊天巨变。

Si Yiwu peut encore et toujours “prédire avec précision” la tendance des affaires mondiales, c'est grâce aux réalisations des gens de Yiwu dans les décennies passées. Ils ont frayé leur propre voie dans les marchés mondiaux des biens de consommation et établi la position de leader de la ville comme pôle de fabrication des produits indispensables du quotidien.

La politique d'ouverture et de réformes a aidé de nombreuses cités comme Yiwu à prendre des mesures courageuses pour aller vers le succès. Leurs efforts ont réalisé la grande transformation de la Chine en à peine 40 ans.

L'imbrication du pouvoir prédictif de l'indice Yiwu dans la transformation économique de la Chine a rendu le mythe encore plus difficile à déconstruire.

Pour voter le 30 décembre, les Bangladais auront dû surmonter de multiples obstacles

lundi 31 décembre 2018 à 13:40

Image via Pixabay. Domaine public.

Dimanche 30 décembre 2018, des millions d'électeurs bangladais se rendront [l'article d'origine est paru le 29 décembre] dans 42.000 bureaux de vote de 299 circonscriptions pour glisser leur bulletin aux 11èmes élections parlementaires de ce pays. Les votants sont cependant confrontés à de nombreux défis du fait de l'environnement restrictif que le gouvernement a créé autour du scrutin, avec interdictions et fermetures au milieu d'un climat de peur. Pour couronner le tout, dans la soirée du 29 décembre, le gouvernement a décrété la suspension totale des services d'internet mobile.

Les élections au Bangladesh ont toujours été entachées de violences sporadiques, aussi cette fois les autorités ont-elles pris des mesures pour muscler la sécurité. 600.000 paramilitaires et policiers sont déployés, aux côtés de 50.000 hommes de l'armée.

Sans transports, comment aller au bureau de vote ?

Samedi, à la veille du scrutin, les tristement célèbres embouteillages de Dacca, la capitale, avaient disparu.

La capitale Dacca avait l'air totalement déserte aujourd'hui, avec très peu de véhicules dans les rues à la veille des élections. Même les autoroutes qui d'habitude connaissent une circulation pare-choc contre pare-choc paraissaient vides.

Une raison possible à cela est que des millions d'électeurs auront quitté la capitale pour voter dans leurs villages ou villes. Pas seulement : une interdiction pèse aussi sur les déplacements. Tous les transports motorisés publics et privés, y compris l'auto-partage et les embarcations à moteur et hors-bords, ont interdiction d'opérer pendant 24 heures à partir de 0 heure le 30 décembre. Quant à la circulation des motos, y compris les services de partage comme Pathao, elle a été suspendue depuis samedi matin de bonne heure jusqu'à 0 heure le 1er janvier 2019.

Seuls les services d'urgence, les forces de sécurité, les journalistes roulant dans des véhicules portant les macarons appropriés, les fonctionnaires et observateurs des élections, sont exemptés de l'interdiction des transports.

Une situation qui fait s'interroger les électeurs sur comment aller voter s'ils habitent loin de leur bureau de vote ? Ils peuvent marcher, ou y aller en bicyclette ou cyclo-pousse, mais ceci ne vaut que pour de courtes distances. Comme l'écrit sur Facebook Sadmaan Bin Omar Saikat :

আমি ঢাকা-১০ আসনের(ধানমণ্ডি) ভোটার । কিন্তু আমার বর্তমান বাসা বসুন্ধরা আবাসিক এলাকা । আমি ভোট দিতে যাব কিভাবে?

Je suis un électeur de la circonscription Dacca-10 ((Dhanmondi). Mais j'habite dans le quartier résidentiel de Basundhara (à 15 km de là). Comment aller au bureau de vote pour voter ?

Le site web satirique Earki a publié samedi quelques mèmes sur la façon de se rendre aux urnes avec des moyens de transports alternatifs : un char à bœufs, une machine à remonter le temps…

Dans l’Égypte ancienne, c'est comme ça que les gens allaient voter puisqu'il y avait aussi une interdiction des transports en place les jours d'élections.

Pas d'Internet, pas de rumeurs

Samedi 29 décembre, avant l’arrêt complet du service d'internet mobile, les FAI locaux avaient ralenti les vitesses de connexion de la 4G à la 2G, apparemment pour empêcher “la propagande” de se diffuser par les informations live sur les médias sociaux. Ce qui n'a pu qu'avoir un fort impact sur les usagers des médias sociaux, Dacca étant considérée comme la deuxième ville la plus active du monde des utilisateurs de Facebook.

Le photo-journaliste Shahidul Alam, emprisonné en août pour avoir couvert les manifestations d'étudiants, a demandé aux gens d'enregistrer sur leurs smartphones toute irrégularité électorale :

Comme il n'y aura que peu d'observateurs pour surveiller l'élection au Bangladesh dimanche, l'éminent activiste bangladais Shahidul Alam veut que les jeunes enregistrent les irrégularités sur leurs smartphones. Voici ce qu'il faut savoir sur l'opération

Les électeurs qui s'y essaieraient seront pourtant limités par le fait qu'ils ne sont pas autorisés à introduire des téléphones portables dans les bureaux de vote.

Samedi, les forces de sécurité ont arrêté huit hommes accusés de propager du “contenu fabriqué” sur les médias sociaux à l'approche du scrutin. 57 postes spéciaux ont été installés par le Bataillon d'intervention rapide pour combattre rumeurs et fausses nouvelles.

Les services suspendus le jour du vote

Le jour de l'élection est férié au Bangladesh, et vendredi et samedi étant les jours du week-end, ce sera un week-end prolongé.

Les 28 fournisseurs de paiements par mobile du pays ont tous suspendu leurs services du 28 décembre 17h au 30 décembre 17h, jour du vote, conformément à un ordre de la Banque du Bangladesh sur demande de la commission électorale. Pendant ce laps de temps il sera possible d'envoyer ou de recevoir au maximum 5.000 takas (52 euros) de ou sur son compte personnel.

Les distributeurs d'essence et de GNL (gaz naturel liquéfié) resteront fermés le jour du scrutin. On signale cependant que bon nombre de stations d'essence de la capitale Dacca ont déjà fermé pour cause d'absence de véhicules dans les rues.

Comment les journalistes vont-ils travailler ?

La commission électorale a finalement accepté d’autoriser les journalistes à utiliser des motos le jour du vote, à condition d'y apposer les macarons approuvés. A en croire les journaux, beaucoup de journalistes au Bangladesh se sont auto-censurés dans la période précédant l'élection, dans la crainte des lois toujours plus restrictives sur les médias et des intimidations.

Le 24 décembre 2018, au moins 12 journalistes en reportage pour l'élection dans une circonscription de Dacca ont été attaqués par un gang d'une vingtaine d'individus masqués. Amnesty International a appelé à une enquête impartiale sur cette agression.

La commission électorale du Bangladesh impose des restrictions aux journalistes sur l'usage de leurs véhicules et demande aussi de s'abstenir de tout direct y compris sur les médias sociaux.

Un certain nombre de restrictions exceptionnelles ont été imposées aux journalistes par la commission électorale avant le jour des élections et sur la mesure dans laquelle les médias pourront couvrir le scrutin le 30 décembre.

La faible participation toujours un problème

Analysant la situation, le blogueur expatrié bangladais Sabhanaz Rashid Diya cite ces chiffres :

A recent report published in The Daily Star summarizing results from a survey indicated while 75 percent of the respondents are first-time voters, only 30 percent plan to vote on Sunday’s election. Seventy percent of respondents are still undecided or will not be voting.

Un récent article publié par le Daily Star résumant les résultats d'un sondage a indiqué que si 75% des personnes interrogées sont primo-votants, seuls 30% ont l'intention de voter dimanche. 70% des sondés sont encore indécis ou n'iront pas voter.

La commission électorale a annoncé la mise en place d'un service de SMS push/pull pour fournir des informations aux électeurs. Ceux-ci peuvent envoyer un SMS avec leur identification nationale à 17 chiffres à un numéro d'appel particulier et l'information adéquate leur sera envoyée dans un SMS de réponse. Des informations sont aussi disponibles sur le site web de la Commission électorale.

L'opposition craint que les barrières érigées par le gouvernement ne soient pensées pour tenir les gens à l'écart des bureaux de vote. Si les électeurs veulent exercer leur droit de décider et choisir, il leur faut être présents et voter malgré toutes les embûches.

Un journaliste et activiste aborigène assassiné en Inde

dimanche 30 décembre 2018 à 20:05

Un nouveau meurtre de journaliste non élucidé

Capture d'écran de YouTube Video

(Article d'origine publié le 24 décembre 2018)
Cet article écrit par Nupur Sonar est initialement paru sur Video Volunteers, un média communautaire international primé basé en Inde.

À l'aube du 9 décembre 2018, Amit Topno, un correspondant communautaire de Video Volunteers, a été retrouvé mort à Ghaghra dans le Jharkhand, en Inde. Topno, un Adivasi (aborigène) habitant la région conflictuelle de Khunti dans l’État de Jharkhand, était un membre de Video Volunteers (VV) depuis 2012, un reporter pour Newscode et OK Times et plus récemment un chauffeur de taxi pour Ola Cab.

Topno enquêtait sans peur sur des problèmes tels que l'extraction du sable, la vente d'alcool de contrebande, les droits des Adivasis, l'éducation, l'hygiène publique, le trafic d'êtres humains, les droits fonciers, et dernièrement sur le mouvement des Pathalgadi. Écrit il y a 6 mois, son dernier article pour VV concernait les Pathalgadi, un mouvement par lequel les communautés Adivasis des États de Jharkhand et Chhattisgarh revendiquent leur droit à l'autonomie. Le mouvement a été créé pour sensibiliser et garantir la mise en œuvre des dispositions majeures de la loi de 1996 sur les Panchayats (leur extension aux zones répertoriées) qui définit un village en tant qu'unité administrative.

En plus d'être un journaliste communautaire, Topno était également un activiste social. Il suivait ses reportages vidéos d'actions sur le terrain pour résoudre le problème sur lequel il enquêtait. Amit faisait des projections communautaires, dirigeait des réunions de village, assistait la communauté pour la rédaction de demandes ou les rencontres avec les fonctionnaires,, et travaillait pour instaurer la redevabilité. Il a fait de l'école un lieu plus sûr et a encouragé l'administration à gérer des problèmes comme le conflit entre les hommes et les animaux [sauvages] dans la région. On se souvient de lui comme étant quelqu'un de curieux, chaleureux, bon vivant, et extrêmement serviable et courageux. Lors d'une interview en 2014, Amit Topno déclara :

Jharkhand is a land caught up in a frightful storm. Its people are being whirled around in a storm of starvation, conflict, and poverty. I am the headman of my village, Nichitpur, Jharkhand, and I’m tired of seeing my people die

Le Jharkhand est une terre prise dans un effrayant orage. Son peuple tourbillonne dans une tempête constituée de famine, de conflits et de pauvreté. Je suis le chef de mon village, Nichitpur dans le Jharkhand, et je suis fatigué de voir mon peuple mourir.

Son corps a été retrouvé le 9 décembre sur la route reliant Namkum à Doranda dans la ville de Ranchi. L'autopsie révélera deux impacts de balles, l'une restée logée à l'intérieur du corps. Le rapport établit également l'absence de signes de lutte ou de rixe, pas même une égratignure. Son taxi, son téléphone et sa carte d'identité avaient disparu, mais pas son argent. Aucune arme n'a été retrouvée sur la scène de crime. Tous ces éléments désignent un meurtre prémédité exécuté par un professionnel. Onze jours ont déjà passé depuis, mais il n'y a encore eu aucune arrestation – même si la police déclare avoir des pistes.

Le 14 décembre 2018, plus de 100 personnes : leaders de mouvements sociaux, activistes, journalistes, étudiants et membres du réseau VV ont participé à une marche silencieuse en protestation contre son meurtre. Lors de cette marche, Jerrome Kujur, Dayamani Barla, Deepak Bara ont dénoncé les menaces fréquentes et le harcèlement contre les journalistes et activistes du Jharkhand. Ils ont exhorté l’État à mener une enquête rigoureuse afin d'amener les assassins d'Amit Topno devant l justice.

Le 15 décembre 2018, une délégation d'organisations civiles incluant VV a rencontrée le superintendant de la police et lui a demandé une investigation rapide et complète concernant le meurtre de Topno. Le SSP (Senior Superintendant de Police) a assuré que tous les angles possibles seront examinés.

Le 17 décembre 2018, le Jantantrik Mahasabha du Jharkhand a organisé une manifestation pacifique à Jamshedpur. Des amis et alliés d'Amit ont aussi présenté une demande à la Commission nationale des tribus répertoriées, lui demandant instamment de prendre connaissance de l'horrible meurtre. Les organisations de la société civile ont saisi de l'affaire le Secrétaire général du Jharkhand et les ministres le 19 décembre. Arup Chatterjee, un député de l'Assemblée législative de Nirsa et Dhanbad, s'est vu remettre les documents relatifs au travail de Topno et a promis d'évoquer l'affaire durant la session hivernale de l'assemblée commençant le 24 décembre.

Bien que Topno n'ait pas informé ses collègues de quelconques menaces le concernant au cours des 18 derniers mois, on ne peut exclure qu'il ait été assassiné à cause de son travail de journaliste et d'activiste social qui soulevait des questions concernant les communautés marginalisées, et travaillait dans des zones où les conflits autour de l'utilisation des terres sont monnaie courante. À un moment où l'Inde se classe quatorzième à l'Index mondial de l'impunité, le meurtre de Topno nous rappelle que les journalistes disant leur fait aux puissants et enquêtant dans des régions rurales reculées ne sont pas en sécurité.

Netizen Report : Censure tous azimuts au Bangladesh avant les élections

dimanche 30 décembre 2018 à 16:48

Une affiche électorale le la Première Ministre Sheikh Hasina en 2014. Photo de Adam Jones via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Le présent numéro traite d’informations et d’événements relevés entre le 4 au 21 Décembre, 2018.

Alors qu'ils se préparent pour les élections générales du 30 décembre, les Bangladais sont confrontés à des tensions politiques de plus en plus fortes tant dans la rue que sur internet.

Des milliers de manifestants et membres de partis d'opposition ont été arrêtés et/ou poursuivis en justice à l'approche des élections, ce qui pourrait faire perdre le pouvoir au parti de droite, la ligue Awami.

Les spécialistes ont également mis en doute l'impartialité de la Commission électorale qui a rejeté les candidatures de 141 membres du principal parti d'opposition, le Parti National Bangladais (BNP). La plupart d'entre elles ont été approuvées en appel, mais leur rejet initial a envoyé un signal clair quant au coût élevé de la contestation du parti au pouvoir.

Dans une déclaration du 13 décembre, Brad Adams, le directeur de Human Rights Watch Asie, a réprimandé la Ligue Awami pour la répression et ses effets sur le processus démocratique. “Le gouvernement de la Ligue Awami a systématiquement réprimé les voix indépendantes et de l'opposition pour s'assurer que le parti au pouvoir ne trouve aucun obstacle à un contrôle politique total,” a-t-il déclaré.

Les activités et informations politiques sont également ciblées en ligne. Le site officiel du BNP a été bloqué la semaine dernière, laissant les électeurs dans l'impossibilité d'accéder à des informations importantes sur les candidats et les programmes du parti. Après avoir déclaré dans un premier temps ignorer la raison du blocage, la commission de réglementation des télécommunications du Bangladesh (BTRC) a affirmé que le site web présentait “un contenu inapproprié” susceptible de troubler l'ordre public. Le BTRC a le pouvoir de bloquer unilatéralement tout site web pour des raisons de sécurité nationale –sans approbation préalable d'un tribunal.

Parallèlement, cinq candidats de l'opposition ont été poursuivis en vertu de la controversée Loi sur la sécurité numérique, qui est entrée en vigueur en septembre 2018. Et le 10 décembre, le BTRC a temporairement bloqué 58 sites web pour des raisons de sécurité nationale, arguant qu'ils contenaient “des informations fausses et sans fondement.” Bien que la liste des sites web bloqués (le Dakha Tribune a publié une liste complète) ait inclus certains sites diffusant de la désinformation susceptible de générer des conflits, d'autres étaient des sites légitimes d'informations et de commentaires politiques, ou des sites appartenant au BNP.

Priyo.com, un journal et blog d'opinion multi-national géré par des expatriés s'est distingué. Un autre est le blog du journaliste britannique David Bergmen, Bdpolitico.com. Bergmen est le mari de l'avocate des droits humains Sara Hossain, défenseure du photojournaliste Shahidul Islam, emprisonné plus tôt cette année pour avoir filmé une manifestation étudiante.

Les entreprises de médias sociaux retirent également du matériel du web afin de réduire les campagnes de désinformation en ligne au Bangladesh. Facebook a rapporté avoir retiré le 20 décembre neuf pages comportant près de 12.000 abonnés, du fait qu'ils faisaient preuve “d'agissements inauthentiques coordonnés” qui selon l'entreprise, étaient liés au gouvernement du Bangladesh. Il s'agit notamment de “BBC-Bangla” et “BDSnews24”, des imitations respectives de BBC Bengali et BDnews24, un site d'information local légitime et ancien partenaire de Global Voices. Le service de sécurité de Twitter a également rapporté avoir suspendu 15 comptes pour des motifs semblables.

Les processus d'identification et de censure de comptes éventuellement malveillants des deux entreprises ne comportent aucun mécanisme indépendant de surveillance ou de transparence.

Les opérateurs de télécommunications au Soudan bloquent Facebook, WhatsApp, Twitter

Les gens descendent dans les rues de plusieurs villes du Soudan, exprimant leur mécontentement général face au gouvernement en place et à l'augmentation des prix du carburant et du pain. Les manifestations sont devenues violentes et huit personnes sont mortes dans des affrontements avec la police anti-émeute. Des tests techniques de Net Blocks, un groupe de la société civile coordonnant l'analyse technique de la censure sur internet, indiquent qu'au 21 décembre, plusieurs fournisseurs de service internet bloquaient Facebook, WhatsApp, Twitter et une multitude de sites web locaux.

Les Iraniens se font virer de Slack — même en étant hors d'Iran

Le 19 décembre, un informaticien de l'Université de Colombie Britannique a été sommairement expulsé de Slack, la populaire plateforme de travail collaboratif, au motif que son utilisation violait les sanctions américaines contre l'Iran. Amir Abdi qui vit et travaille au Canada, est originaire d'Iran où Slack n'est pas présent en raison des sanctions américaines qui restreignent la commercialisation des technologies américaines dans ce pays. Plusieurs personnes ayant des liens avec l'Iran ont indiqué que leurs comptes avaient été supprimés par Slack pour les mêmes raisons. Pourquoi la plateforme a-t-elle brusquement décidé de le mettre à la porte? Les sanctions sont-elles maintenant faites sur la base de la nationalité plutôt que du droit ? C'est trop tôt pour le dire. En réponse aux questions de la presse, un port-parole de Slack n'a fourni qu'un texte standard concernant les sanctions sans aucune précision.

Les ‘victimes des médias sociaux’ d'Inde risquent la prison

Une étude exhaustive de The Mint révèle que depuis le début de 2017, au moins 50 personnes avaient été arrêtées et emprisonnées en Inde pour des messages diffusés sur les réseaux sociaux. Le site d'actualités économiques appartenant à HT Media (société mère du Hindustan Times) a interrogé plusieurs accusés et trouva que la majorité d'entre eux étaient des musulmans à faible revenu,et relativement peu habitués à l'usage d'internet. Dans la plupart des cas, ils étaient accusés d'avoir critiqué le premier ministre ou le parti au pouvoir. Les autorités ont porté les accusations contre eux en vertu de la loi indienne sur les technologies de l'information et des articles du code pénal traitant de la sédition et de l'obscénité.

Les autorités de Singapour poursuivent The Online Citizen

Le site singapourien indépendant d'informations et de commentaire The Online Citizen (TOC) fait l'objet d'une enquête criminelle en diffamation pour avoir publié une lettre accusant de corruption des hauts fonctionnaires du gouvernement. La lettre a été écrite par Willy Sum, un critique du gouvernement. Le 20 novembre, la police a opéré une descente au domicile du rédacteur en chef du TOC,Terry Xu, et confisqué ses ordinateurs et autres équipements, et força le site web d'informations à déclarer un arrêt de la publication. Xu a été aussi interrogé par la police durant huit heures. TOC a retiré la lettre prétendument diffamatoire dès qu'il a reçu un avis de retrait de l'Infocomm Media Development Authority (IMDA), une agence du gouvernement singapourien. TOC est rétabli en ligne, en ce moment.

Israël veut que les philanthropes allemands cessent de soutenir les ONG et les médias indépendants

Les responsables allemands ont reçu une lettre du gouvernement israélien leur demandant de faire pression sur deux organisations philanthropiques, les Fondations Heinrich Böll et Rosa Luxemburg, pour qu'elles arrêtent de soutenir plusieurs organisations israéliennes des droits humains et de la société civile, notamment le magazine indépendant en ligne +972.En apprenant l'existence de cette lettre, un chargé de communication de la Fondation Heinrich Böll a dit aux journalistes, “[Une attaque contre un] magazine critique comme +972, qui reflète la diversité des opinions en Israël, est aussi une attaque contre les journalistes célèbres d’Israël”.

Selon le site d'information allemand Die Tageszeitung, la lettre mentionne spécifiquement +972, affirmant que ses auteurs “accusent régulièrement Israël d'apartheid.” +972, qui tire son nom de l'indicatif de téléphone du pays identique pour Israël et la Palestine, est une publication indépendante, propriété partagée d'un groupe d'auteurs israéliens et palestiniens qui n'a reçu que 9% de son financement des deux fondations en 2018. Le personnel s'est engagé à continuer “ à mener un journalisme indépendant déterminé à mettre fin à l'occupation et à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits humains en Israël-Palestine.”

#100jourspourAlaa: des sympathisants font pression pour la libération à la date prévue de l'activiste égyptien incarcéré

La famille du blogueur et activiste égyptien Alaa Abd El Fattah anticipe sur le système judiciaire du pays en plaidant pour sa rapide sortie de prison, fixée au 17 mars 2019. Alaa a été arrêté et emprisonné en novembre 2013. En février 2015, il a finalement été jugé pour avoir “organisé” une manifestation non autorisée, et condamné à cinq ans de détention. S'il a participé à une marche contre les procès militaires de civils le 26 novembre 2013, Alaa n'a joué aucun rôle dans sa préparation.

La date de libération d'Alaa en mars ne marquera pas la fin de sa peine, mais plutôt une transition vers la phase finale de celle-ci. Après sa sortie, Alaa sera obligé de dormir chaque nuit à son poste de police local durant cinq années supplémentaires.

Nouvelles études

 

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Afef Abrougui, Joey Ayoub, Rohith Jyothish, Oiwan Lam, Elizabeth Rivera, Taisa Sganzerla, Ivan Sigal, et Ellery Roberts Biddle ont été les rédacteurs de ce rapport.

Le tube féministe de la chanteuse sud-soudanaise Nyaruach apostrophe un ‘homme ennuyeux et sans projet’

dimanche 30 décembre 2018 à 11:31

Nyaruach. Photo: Tania Campbell-Golding, utilisation autorisée.

[Article d'origine paru le 1er décembre 2018] Un homme appelé Gatluak se sent probablement un peu gêné que la chanteuse sud-soudanaise Nyaruach lui reproche d'être un “homme ennuyeux dépourvu de projet” dans une chanson à succès largement diffusée depuis sa sortie en juin 2018. Disons plutôt, de nombreux Gatluak : c'est un prénom répandu au Soudan du Sud, et “tout le monde connaît un Gatluak [qui se comporte ainsi]”, dit Nyaruach.

Avec son farouche message féministe, la chanson moqueuse de Nyaruach restaure la dignité d'une femme qui s'est consumée d'amour. Elle rappelle aussi au monde l'énergie musicale et artistique qui émane du camp de Kakuma dans le nord du Kenya, l'un des plus grands camps de réfugiés de la région.

Nyaruach, une mère seule avec deux enfants qui vit à Kakuma, a dit à Global Voices lors d'un entretien sur Skype :

South Sudanese men fail women with the wrong kind of love. So, my message is to the young girls of the new generation … Love is killing the new generation.

Les hommes sud-soudanais déçoivent les femmes avec le mauvais type d'amour. Alors, mon message s'adresse aux filles de la nouvelle génération… L'amour tue la nouvelle génération.

La vidéo entraînante de la chanson et de sa musique, qui met en scène quelques co-résidents de Nyaruach à Kakuma, et sortie en novembre 2018, a été remarquée internationalement grâce à son Afro-beat envoûtant et ses paroles hardies.

Mesdames… Il n'y a rien de pire qu'un homme ennuyeux, sans projet. Gatluak, décroche ton téléphone ?!? La nouvelle vidéo et album avec mon frère Emmanuel Jal viennent de sortir. Cliquez sur ma bio.

Gatluak lui achetait des boissons fraîches, ils faisaient de longues promenades, et puis il s'est évaporé ! “Tu refuses de me répondre au téléphone après que tu as eu ce que tu voulais. Tu n'es qu'un salopard, Je te dis simplement adieu ! Que Dieu te bénisse là où tu es. O homme ennuyeux, sans projet. Sans projet !” chante Nyaruach.

“Gatluak” est le second morceau de l'album NAATH (“humains” en nuer) produit par Nyaruach et son frère Emmanuel Jal, un artiste de hip-hop qui a accédé à la célébrité avec la publication en 2009 de son autobiographie, “War Child: A Child Soldier's Story” (“Enfant de la guerre, l'histoire d'un enfant-soldat”, non traduit). Enfants, le frère et la sœur furent séparés dans des circonstances dramatiques.

Tous deux s'inspirent des chansons traditionnelles et d'amour des Nuers et les interfacent avec des rythmes de danse addictifs. “Nous ne pouvons pas oublier notre culture”, dit Nyaruach. “Nous devons parler du passé à la nouvelle génération — et la musique rend heureux”.

Nyaruach et Jal ont appelé l'album NAATH d'après le “glorieux royaume nilotique de Koush“, en antidote aux images de guerre et de dénuement qui collent au Soudan du Sud.

Une longue route vers la musique

Nyaruach est née en 1983 à Tonj, au Soudan, et a été séparée de sa famille à l'âge de quatre ans, à la mort de sa mère. Son frère Jal a été enrôlé par l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) et forcé à combattre. Puis il a été emmené au Kenya à 11 ans avec l'aide de la travailleuse humanitaire britannique mariée au commandant-en-chef d'alors du SPLA, Riek Machar. C'est là qu'il découvrit le hip-hop, qu'il a utilisé pour favoriser la paix.

La vie de Nyaruach a pris une autre voie. Elle a traversé plusieurs années tumultueuses avec des membres de sa famille et a fui un père violent à l'âge de 10 ans, survivant à plusieurs évasions difficiles du Soudan, d'abord en Éthiopie, et plus tard au Kenya.

Le Soudan du Sud est devenu indépendant du Soudan en juillet 2011, après 22 ans de guerre civile (1983-2005). La paix a été de courte durée malgré de gros investissements dans le développement du Soudan du Sud. En 2013, un conflit armé a éclaté à Juba, la capitale sud-soudanaise, et s'est propagé à d'autres parties du pays, tournant graduellement à une guerre inter-ethnique entre les deux plus grands groupes du pays : les Dinka, représentés par le Président Salva Kiir Mayardit, et les Nuer, représentés par le Vice-Président d'alors Riek Machar.

Nyaruach n'a pas retrouvé Jal avant qu'ils se revoient à Nairobi. Ils ont collaboré à une chanson appelée Gua, “paix” en langue nuer. Elle avait 22 ans. La chanson a cartonné au Kenya en 2005 et a permis à Jal de percer pour devenir un musicien couronné de prix et un militant pour la paix.

Jal a aussi été critiqué pour avoir compromis son statut de modèle quand il a utilisé les médias sociaux pour diffuser des idées clivantes attisant les tensions ethniques au moment où la guerre civile a éclaté au Soudan du Sud en 2013.

En 2015, Nyaruach s'est rendue au Soudan du Sud pour une brève visite. A son retour, elle a condamné les violences qu'elle a vues. Enceinte de son deuxième enfant, elle décida de rester à Kakuma, pour sa sécurité.

Le camp de réfugiés de Kakuma fut ouvert à l'origine par le UNHCR en 1992 pour abriter 20.000 enfants et jeunes gens soudanais connus ultérieurement comme les “garçons perdus du Soudan” fuyant les violences de la Seconde guerre civile soudanaise.

Aujourd'hui, plus de 56 pour cent de la population de Kakuma et de l'implantation voisine de Kalobeyei vient du Soudan du Sud. A la fin janvier 2018, les camps hébergeaient au total 185.449 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés.

Nyaruach dit que vivre dans un camp de réfugiés est particulièrement dur pour les femmes avec enfants.

They give us firewood for a month, it finishes after seven days. We need to eat our meal, we wake up at 4 a.m. to steal. Yes, we have to steal it — and it's very dangerous. They rape us, they can even shoot and kill us. But we can't report. Who is going to report? We have no voice or authority.

On nous donne du bois à brûler pour un mois, il est fini au bout d'une semaine. Nous avons besoin de prendre notre repas, nous nous réveillons à 4h du matin pour voler. Oui, nous devons le voler, et c'est très dangereux. Ils nous violent, ils peuvent même nous tirer dessus et nous tuer. Mais nous ne pouvons pas dénoncer. Qui va dénoncer ? Nous n'avons ni voix ni pouvoir.

Les années d'épreuves ont laissé des traces sur le moral de Nyaruach. Retrouver Jal et faire de la musique avec lui a été salutaire. “J'ai un cœur qui chante”, dit Nyaruach. “Jal m'a appris à rimer.”

‘Les femmes n'ont pas de droits’

La chanson de Nyaruach donne la pêche aux femmes et filles au Soudan du Sud qui “n'ont pas de droits, aussi jeunes soient-elles” dit-elle dans un récent entretien avec le journal kényan The Star.

Les femmes sud-soudanaises sont parmi les plus marginalisées, et la guerre a rendu les situations intenables. Plus de 80 pour cent de ceux qui ont fui les violences du Soudan du Sud sont des femmes et des enfants.

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This is my life now in Kakuma refugee camp. 👐🏿We have almost no womens rights or basic human rights now in South Sudan and I want to use my music to celebrate the magic of women from our country. 💫 For all the pledgers who have supported our upcoming album release NAATH you will receive some ⭐special updates from my life in Kakuma today and learn more about my situation. Thanks for all your support 👉🏿 please listen to our music and walk with us by following the link in my bio 🙏🏿 #blackgirlmagic #blacklivesmatter #refugees #southsudan #wewantpeace @gatwitch @jalgua @jalguacafe

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Ceci est ma vie à présent au camp de réfugiés de Kakuma. Nous n'avons presque pas de droits en tant que femmes ou de droits humains fondamentaux aujourd'hui au Soudan du Sud et je veux utiliser ma musique pour célébrer la magie des femmes de notre pays. A tous ceux qui ont promis un don pour la sortie prochaine de notre album NAATH vous allez recevoir des informations spéciales sur ma vie à Kakuma aujourd'hui et en savoir plus sur ma situation. Merci pour tout votre soutien, écoutez notre musique et marchez avec nous en suivant le lien vers ma biographie

Le Soudan du Sud a traversé plusieurs épisodes de négociations de paix fragiles et manquées, mais les chiffres montrent que les femmes sont beaucoup moins impliquées que les hommes dans le processus de paix, malgré les recherches suggérant qu'inclure les femmes aux plus hauts niveaux améliorerait la stabilité.

Machar est rentré au Soudan du Sud en octobre 2018 après deux années d'exil en Afrique du Sud, pour travailler avec Kiir, mais beaucoup restent circonspects sur l'accord de paix après cinq années de conflit prolongé.

“Les femmes du Soudan du Sud sont traitées par les soldats et les acteurs armés du pouvoir, y compris les milices locales, comme du butin de guerre”, ont conclu les enquêteurs de l'ONU en septembre 2018. “Le calvaire des femmes et filles du Soudan du Sud ne doit plus être ignoré”, écrivent-ils, en se référant aux témoignages dérangeants des victimes de viols.

D'après une étude de 2017 publiée par l'International Rescue Committee et le Global Women’s Institute, 65 pour cent des femmes sud-soudanaises interrogées avaient connu des violences physiques ou sexuelles.

Nyaruach témoigne elle aussi.

[South Sudanese] men's ideas are changing about love. They get married to many wives and then destroy our lives. They fail to take care of their children properly. They rape us, use young girls, get us pregnant and leave us.”

Les idées des hommes [sud-soudanais] changent sur l'amour. Ils se marient avec de nombreuses épouses puis détruisent nos vies. Ils sont incapables de s'occuper convenablement de leurs enfants. Ils nous violent, usent de petites filles, nous mettent enceintes et nous quittent.

Nyaruach dit que la musique est sa vocation. “Si je cache dans mon cœur ce qui me tue, que puis-je faire pour apporter un changement ?” s'interroge-t-elle.

Pas étonnant que “Gatluak” soit un tube. Ceci est la chance pour Nyaruach d'exiger des hommes dans sa vie de mieux faire, pas seulement en amour, mais dans la guerre — et la paix.