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L'embargo de l'UE sur le commerce des produits du phoque lèse les Inuits

vendredi 10 mai 2013 à 21:15

(Billet d'origine publié le 30 avril 2013 ; liens en anglais sauf mention contraire)

La Cour de Justice de l'Union européenne à Luxembourg a maintenu son interdiction du commerce des produits du phoque en dépit d'une plainte présentée par les Inuits du Canada et plusieurs législateurs canadiens qui soutiennent qu'elle restreint la capacité des autochtones de gagner leur vie.

La décision de la Cour du 25 avril 2013 est intervenue après que les Inuits Tapirii Kanatami et 20 autres groupes de défense des droits des Inuits et de droits de chasse aux phoques eurent lancé une pétition pour l'annulation de l'interdiction de la chasse, en soulignant son importance pour les habitants de l'Arctique comme source de viande et de revenu, déjà critique à la lumière du coût plus élevé de la vie dans le Grand Nord.

L'interdiction, adoptée en 2009, concerne la vente de la viande, des peaux et huiles de phoque. Bien qu'elle comporte une exemption pour les chasseurs indigènes, les critiques font valoir que celle-ci a manqué son but parce que le prix des peaux de phoque sur le marché a chuté [fr] depuis cette restriction.

Leona Aglukkaq (@leonaaglukkaq), députée du Parti conservateur au Parlement du Canada et ministre régional pour le Nord du Canada, Inuk elle-même, a vertement critiqué la décision de la cour :

@leonaaglukkaq: “L'interdiction des produits dérivés du phoque adoptée par l'UE est une décision politique qui n'a aucun fondement réel ou scientifique #sustainablehunt-http://t.co/ejMOAYIU9E”

Les législateurs canadiens vont contester [fr] cette interdiction devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), soutenant qu'elle “équivaut à une restriction illicite du commerce.” La Norvège a également déclaré qu'elle la contesterait.

La chasse au phoque est une des chasses les plus stigmatisées dans le monde, avec des adversaires évoquant les images brutales de bébés phoques matraqués. Des organisations comme US Humane Society, PETA et le Fonds International pour le bien-être des animaux ont lancé des campagnes contre cette industrie canadienne.

L'UE a cité les préoccupations que les méthodes de la chasse au phoque causaient souffrances et détresse aux animaux. Les dirigeants européens, qui appliquent l'interdiction depuis 2009, qualifient la chasse aux phoques “de cruelle, inhumaine et inacceptable.”

Impact de l'interdiction sur les communautés autochtones

 

peau phoque vêtement

Une Inuit du Nunavut prépare une peau de phoque pour faire un vêtement. Photo Rachael Petersen

Cependant, l'interdiction de la chasse au phoque porte un coup terrible aux communautés inuit, qui utilisent toutes les parties de l'animal pour leur nourriture et leurs vêtements.

Alan Emery, biologiste de la marine canadienne, a commenté les initiatives contre les phoques sur son blog il y a plus d'un an :

Alors que les intentions des militants anti-chasse aux phoques sont louables, au moins dans le cas des Inuits, la stratégie systématique de saper le marché des peaux de phoque a eu un impact profondément négatif sur les Inuit qui n'ont pas vraiment la possibilité de s'orienter vers une deuxième source de revenus. Cela s'est traduit par une augmentation de la perte de revenu et de l'insécurité alimentaire pour les populations inuit. … Les Inuits ont été traités d'une manière très négative: la plupart des familles inuit ont été contraintes par décret du gouvernement de renoncer à leur mode de vie semi-nomade pour vivre dans des établissements fournis par le gouvernement. Ces logements sont de mauvaise qualité et il y a relativement peu de possibilités de gagner leur vie dans leurs villages “modernes” ainsi la plupart des familles inuit ont un niveau de vie en dessous des normes canadiennes.

Le gouvernement du territoire du Nunavut, l’extrême nord du Canada, a procédé à une analyse des effets de l'embargo de l'UE sur les Inuit. L'étude peut être téléchargée dans son intégralité ici [iu, en]. Le rapport souligne :

La chasse au phoque a été la pierre angulaire de la culture inuit, de la nutrition et de la survie dans l'Arctique depuis des millénaires. Depuis l'introduction de l'économie monétaire dans l'Arctique canadien, la chasse au phoque a également été un facteur important dans le bien-être socio-économique des Inuit. La chasse au phoque au Nunavut a lieu toute l'année et constitue une partie importante de la vie quotidienne dans toutes les communautés du littoral.

chasse au phoque

Chasse au phoque près d'Igloolik, Nunavut. Photo Rachael Petersen

Le Bureau européen pour la conservation et le développement a mené une étude sur l'impact de l'interdiction par l'UE de la chasse au phoque sur les Inuit du Groenland, concluant également que :

l'interdiction de l'UE est en train de détruire le marché des peaux de phoque et de saper le mode traditionnel de vie de milliers d'autochtones qui dépendent des ressources marines pour leur subsistance.

Madeline Redfern (@ madinuk), ancienne maire de la capitale du Nunavut, Iqaluit, et présidente de Ajungi Arctic Consulting, un groupe d'experts en politiques publiques de l'Arctique, s'est fait l'écho de ces sentiments dans une série de tweets, le 25 avril 2013 suite à la décision de l'UE :

@madinuk: Les droits des animaux menacent des minorités vulnérables, généralement les indigènes [utilisent] sous-produits animaux / économies – plus facile que les produits traditionnels.

@madinuk: Précédent dangereux. Législateurs UE accepté agenda droits des animaux basé sur des préjugés culturels ~ qui / quelle minorité [sera la] prochaine victime ?!

@madinuk: L'interdiction UE n'est pas seulement mauvaise pour les Inuit ; elle est mauvaise pour tous les producteurs / utilisateurs d'animaux parce que basé sur la “morale” et non la science/soutenabilité

 

Les médias sociaux et les droits de chasse aux phoques

Les médias sociaux ont été un outil puissant pour mettre en lumière la réalité des pratiques traditionnelles de chasse dans le Nord. Maatalii Okalik (@ maatalii), président du Centre pour les enfants inuits d'Ottawa, a tweeté une photo de jeunes Inuits du Nunavut faisant la promotion de la chasse au phoque sur la colline du Parlement à Ottawa le 24 avril 2013 :

manifestation Inuit

Des Inuits du Nunavut manifestent pour la chasse au phoque sur la colline du Parlement. Photo sur Twitter de Maatalii Okalik.

Une page Facebook “Nunavut Hunting Stories of the Day” (Histoires de chasse du jour au Nunavut), ouverte par un Inuk de 36 ans du Nunavut, compte désormais près de 37.000 membres à travers le Nord canadien ainsi qu'en Alaska et au Groenland. Des membres des communautés autochtones publient des photos et des vidéos – à la fois actuelles et historiques – partageant des histoires de voyages dans les terres du Nord. L'espoir est de faire prendre conscience des droits à la chasse des autochtones pour informer les jeunes qui n'ont plus la chance d'aller à la chasse comment leurs aînés et leurs ancêtres ont vécu.

Un groupe local appelé “No Seal No Deal” (Pas de phoque, pas d'accord) a été formé récemment pour défendre les droits des autochtones à la chasse au phoque. Selon leur site, le groupe a été fondé “par un groupe d'Inuits prenant part à un mouvement populaire pour sensibiliser la communauté internationale au sujet des Inuits à la chasse aux phoques, le marché de la peau de phoque et comment les Inuits sont touchés par l'interdiction du commerce international des produits du phoque.”

Le groupe a lancé une pétition pour demander au Canada de refuser l'octroi du statut d'observateur à l'UE au Conseil de l'Arctique [fr] un forum intergouvernemental qui aborde les questions arctiques. Le Conseil de l'Arctique a pour membres le Canada, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Fédération de Russie, la Suède et les États-Unis. Les membres du mouvement soutiennent que la Déclaration de Nuuk de 2011 du Conseil de l'Arctique, exige que les candidats à un statut d'observateurs “fassent preuve de respect pour les peuples autochtones de l'Arctique.” Ils estiment que l'UE devrait se voir refuser l'entrée en raison des effets négatifs de l'interdiction de la chasse aux phoques sur les communautés autochtones du Nord.

Le groupe “No Seal No Deal” devait soumettre sa pétition au Parlement canadien avant le 1er mai 2013. On peut voir plus d'informations sur le mouvement sur ​​leur page Facebook.

Bulgarie : Après le scandale des écoutes, des élections sous le signe de la désillusion

jeudi 9 mai 2013 à 23:47

Les Bulgares seront placés devant des choix difficiles lors des élections législatives du 12 mai 2013.

Le scrutin était initialement prévu en juillet, mais la date a changé après la démission le 20 février du Premier Ministre bulgare Boïko Borissov, à la suite des manifestations d'ampleur nationale [anglais] contre le prix élevé de l'électricité, le bas niveau de vie et les scandales de corruption. Le 13 mars, le Président Rossen Plevneliev nommait un gouvernement par intérim, en charge jusqu'aux élections.

Le Parlement bulgare compte 240 sièges, il en faut donc 121 à un parti pour former une majorité. Après une série de scandales et de manifestations, la question du vainqueur potentiel divise la société bulgare. Les principales forces politiques en concurrence dans les urnes sont [.pdf] : le parti précédemment au pouvoir Citoyens pour le Développement européen de la Bulgarie (GERB); le parti socialiste, actuellement la principale force d'opposition ; le Mouvement des droits et des libertés, qui représente la minorité turque de Bulgarie ; les Démocrates pour une Bulgarie forte, menés par l'ex-Premier Ministre Ivan Kostov ; le Mouvement Bulgarie pour les Citoyens [anglais], de l'ex-Commissaire européenne (2007-2009) et ex-Ministre des Affaires Etrangères (2002-2006) Meglena Kuneva ; et le parti d'extrême-droite Attaque.

"Bulgarian Roulette," featuring logos of the parties running in the upcoming election. Image by Vladimir Doychinov, used with permission.

La roulette bulgare, avec les logos des partis concourant à la prochaine élection. Image de Vladimir Doïchinov, utilisée avec sa permission.

Ivan Bakalov, rédacteur-en-chef de E-vestnik.bg, un média alternatif en ligne bulgare, explique [bulgare] dans un éditorial :

Qui va remporter l'élection ? Pour le moment, la réponse est : personne. Une étude de l'institut de sociologie BBSS Gallup International (7-12 mars) a montré que le GERB et le Parti Socialiste Bulgare sont presque à égalité des voix.

Elections 2013. Image by Vladimir Doychinov, used with permission.

Elections 2013. Image de Vladimir Doïchinov, utilisée avec sa permission.

Une lectrice nommée Georgieva a exprimé son humeur dans ce commentaire [bulgare] :

Pour la première fois j'éprouve un dégoût complet pour les partis politiques de toutes sortes. Je ne veux aucun visage familier, ni de gauche ni de droite, d'aucun des points du spectre politique. [...]

On trouve des commentaires similaires sur Facebook. L'utilisatrice Radosveta Dimova, par exemple, écrit [bulgare] :

[...] Ceux qui espèrent la venue d'un sauveur et ne sont pas autonomes, ceux qui veulent quelqu'un d'autre pour les “remettre en état”, ne sont ni de droite, ni de gauche, ni du centre. Ils ne savent pas ce qu'ils veulent, ils ne veulent pas apprendre comment y arriver et ne veulent pas travailler comme ils devraient ni voter pour qui il faudrait. Ceux-là ne s'intéressent pas aux valeurs démocratiques, ils ne les reconnaissent pas, et n'ont pas vécu dans une société avec cette sorte de valeurs. [...]

Un certain nombre de scandales politiques accompagnant la campagne électorale n'ont fait qu'obscurcir davantage l'humeur des électeurs bulgares.

Fin avril, les médias de Bulgarie ont reçu un compte-rendu anonyme [transcription en anglais], sténographié, d'une réunion entre l'ex-Premier Ministre Boïko Borissov, l'ex-Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Miroslav Naïdenov et le Procureur de Sofia Nikolaï Kokinov. La lettre, expédiée de l'adresse boykonaydenov@gmail.ru, commence ainsi :

Si vous croyez que l'ex-Ministre de l'Intérieur, Tsvetan Tsvetanov a cessé de vous espionner après le 20 février 2013, vous vous trompez. Mais je suis presque certain que vous le savez. Parce que je suis un de ceux qui vous espionnent. Je suis un agent du SDOTO (Direction Spécialisée “Opérations techniques opérationnelles”) ; j'y travaille toujours, et fais ce que les chefs m'ordonnent de faire. Par ce courriel je vous informe de la dernière affaire d'écoutes illégale à laquelle j'ai participé. [...]

L'expéditeur développe le sujet de la conversation écoutée :

[...] Début avril, mes collègues et moi avons écouté une conversation entre Borissov, l'ex-Ministre de l'Agriculture Naïdenov, et le Procureur de la ville de Sofia Kokinov, sur les moyens d'abandonner les accusations de corruption contre Naïdenov et un certain nombre d'autres choses importantes pour le pays. On nous a dit que nous étions en “mission d'entraînement” sur ordre de Tsvetanov, malgré le fait que Petia Parvanova était déjà Ministre de l'Intérieur par intérim. Pourquoi avons-nous accepté d'être impliqués ? Un seul mot pour l'expliquer : la PEUR !

Après tout ce à quoi je me consacre au bureau, honnêtement, je suis écoeuré et fatigué. J'ai consulté des avocats et ils m'ont appris ce que dit la loi de cette conversation que nous avons enregistrée : ceux qui étaient enregistrés et ceux qui enregistraient ont commis un délit. C'est clair en ce qui nous concerne : nous avons fouiné illégalement, peu importe qui : que ce soit l'ex-Premier Ministre ou un serveur du café d'à côté. Mais de ce que m'ont dit les avocats, je pense que ce qui est plus important, ce sont les délits commis par Borissov, Naïdenov et Kokinov tout en bavardant. Tous trois sont complices dans l'infraction, selon le code pénal, puisqu'ils ont conspiré pour nuire aux procédures pénales afin d'éviter à quelqu'un les poursuites et la condamnation. Cela vaut 1 à 6 ans derrière les barreaux. Je reste un peu perplexe quant à un autre crime – dévoiler des secrets d'Etat. A-t-il été commis par Kokinov seul, ou en sont-ils coupables tous les trois ? C'est punissable de 2 à 6 ans de prison. [...]

Les révélations sont survenues au lendemain du serment par l'ancien Ministre de l'Intérieur de n'avoir pas mené d'écoutes téléphoniques. Conséquence du scandale, le Procureur Kokinov a démissionné, et quelques jours plus tard, des procédures pénales ont été ouvertes contre quatre hauts-fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur.

Entre temps, un récent sondage mené par la sociologue Mira Radeva indique [bulgare] que le parti précédemment au pouvoir pourrait obtenir la majorité des voix. La publication alternative Offnews.bg a accusé [bulgare] Mme Radeva de partialité en faveur du gouvernement.

Sur E-vestnik.bg, Ivan Bakalov fait ces pronostics [bulgare] dans un autre éditorial :

[...] Il semble que le parti de Borissov commence à tomber dans l'isolement. Quelle est l'alternative ? Beaucoup de gens ne veulent pas voter pour ce parti, mais ne trouvent pas d'alternative qui vaille. Quelles sont les possibilités ?

[...]

Quels sont les arguments contre le Parti Socialiste ? [Ils] promettent de construire la centrale nucléaire de Béléné, un investissement risqué pour un Etat en situation financière difficile. Et elle est un risque du point de vue écologique aussi. [...]

Bakalov souligne que le Parti Socialiste a aussi “promis de lever l'interdiction de fumer en Bulgarie”, du “populisme” selon lui. Quant au Mouvement pour les Citoyens, Bakalov en écrit :

[...] Ceci est un autre parti qui a une chance d'entrer au prochain Parlement (outre le parti socialiste, le Développement européen de la Bulgarie (GERB), le Mouvement des droits et des libertés et “Ataka”). C'est le parti le plus attaqué par les médias contrôlés par le GERB. [...]

Bulgaria's ex-PM Boyko Borisov sitting on top of a citizen, luring him to vote. Image by Vladimir Doychinov, used with permission.

L'ex-Premier Ministre bulgare Boïko Borissov assis sur les épaules d'un citoyen l'appâte pour voter. Image de Vladimir Doychinov, utilisée avec sa permission.

Le journaliste bulgare Ivo Indjev écrit [bulgare] sur son blog, dans un billet repris par nombre d'organes de médias alternatifs :

[...] Une de nos particularités nationales dominantes est à l'évidence qu'ici la cloche sonne vraiment deux fois pour les sourds avant qu'ils ouvrent les yeux. C'est une explication de la tendance marquée du GERB de l'emporter dans les sondages, bien qu'en toute logique démocratique, ils devraient perdre de façon catastrophique [...].

[...]

Borissov sait ce qui lui attire les gens, et il leur dit : “Plus on utilise de dispositifs d'écoutes, plus on est forts.” En d'autres termes, il plaît à tous ceux qui ne se soucient pas de procédures démocratiques pour s'unir sous sa direction comme le “prolétariat” contre la démocratie. Si quelqu'un est aussi franc, comment ne pas croire aux affirmations complotistes que le GERB a organisé lui-même le scandale des écoutes ? [...]

Le lecteur PETQ a répondu [bulgare] à Indjev :

M. Indjev, plus l'élection approche, plus les partisans du GERB se mobilisent. C'est visible même dans votre blog. Dernièrement, les premiers commentaires sous presque tous vos articles étaient écrits par des gens qui soutiennent le GERB. Je suis sûr que ce ne sont pas vos lecteurs habituels et qu'il y a des milliers de sites plus idoines où les fans de Borissov peuvent écrire. Pourtant nul doute qu'un tas d'argent est dépensé pour manipuler l'opinion publique sur l'Internet. Et nul doute qu'ils s'attendent à ce que les lecteurs de votre blog disent : “Eh bien, même ici les gens ont changé d'avis et on dirait que la plupart vont voter pour le GERB.”

Le Pakistan tait ses divisions politiques autour d'Imran Khan blessé

jeudi 9 mai 2013 à 19:36

Le populaire joueur de cricket Imran Khan, qui s'est tourné vers la politique et dont la promesse de campagne d'un “Nouveau Pakistan” a drainé à ses rassemblements de vastes audiences de jeunes et d'électeurs urbains dans la perspective des élections législatives, s'est fracturé trois vertèbres [anglais] et une côte dans sa chute de 5 mètres d'un chariot élevateur [anglais] juste avantde prononcer un discours.

Imran Khan,qui assistait à un rassemblement à Lahore, a été conduit d'urgence au Shaukat Khanum Memorial Hospital. Au bout de quelques heures; il a repris conscience et a réussi à faire une déclaration politique énergique [anglais] aux journalistes à son chevet.

A quelques jours à peine des élections pakistanaises âprement disputées du 11 mai 2013, le dramatique accident de Khan survient dans la dernière ligne droite de la campagne. Il est à la tête du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la Justice), un parti nouveau venu qui pourrait être un concurrent sérieux [anglais] pour la représentation populaire aux élections à venir.

Le plus intéressant est que l'incident pourrait colmater quelque peu les violents clivages politiques dans le pays, avec des rivaux politiques, détracteurs et opposants qui mettent de côté leurs divergences pour souhaiter à Khan un bon rétablissement.

the incident

La chute d'Imran Khan du monte-charge.
Avec l'aimable autorisation de la page Facebook officielle du PTI

La nouvelle s'est instantanément substituée à tous les autres grands titres sur les chaînes de télévision, et les médias sociaux n'ont pas tardé à la relayer activement. Des gens de toutes appartenances politiques, depuis ses fidèles rivaux, Nawaz Sharif et Shahbaz Sharif, jusqu'aux célébrités internationales comme Brian Lara, se sont exprimés pour souhaiter à Imran Khan un prompt rétablissement.

Le joueur de cricket caribéen Brian Lara (@BrianLara) a twitté [anglais] de son compte le 8 mai 2013 :

@BrianLara: Imran Khan blessé à un rassemblement, tombé du podium… Hors de danger Dieu merci !! Remets-toi vite grand homme. Continue à lutter pour ce à quoi tu crois.

Shahbaz Sharif, à la tête la Ligue Musulmane du Pakistan Nawaz (PML-N) a écrit sur sa page Facebook [anglais]:

Je viens de visiter Imran Khan à l'hôpital et lui ai transmis les meilleurs souhaits de Mian Nawaz Sharif… Alhumdulillah il va bien et se remet mashaaAllah… Prières pour lui et sa famille !!!

Maryam Nawaz Sharif (@MaryamNSharif), la fille du chef du PML-N Nawaz Sharif, s'est aussi faite l'écho de sentiments semblables [anglais] :

@MaryamNSharif: Appris la triste nouvelle en pleine campagne. Nos prières et souhaits pour la rapide et totale guérison d'Imran Khan Sahib.

Imran Khan has been injured after a fall at a political rally in Lahore. The aftermath of his accident attracted strong sympathy from around the world with hundreds of people gathering outside the Shaukat Khanum Hospital where he was being treated. Image by Saad Sarfraz Sheikh. Copyright Demotix (8/5/2013)

Des centaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôpital Shaukat Khanum où est soigné Imran Khan. Photo Saad Sarfraz Sheikh. Copyright Demotix (8/5/2013)

Tahirul-Qadri (@TahirulQadri), qui il y a peu menait une foule d'ampleur pour manifester contre le gouvernement sortant du Parti du Peuple pakistanais (PPP), a déclaré [anglais] :

@TahirulQadri: Ma sincère sympathie va au président du PTI Imran Khan pour qu'il se remette de sa blessure. Je prie pour son retour à la santé.

Rehman Malik (@SenRehmanMalik), ancien ministre de l'Intérieur du goouvernement sortant du PPP, a twitté [anglais]:

@SenRehmanMalik: Je prie pour une guérison précoce d'Imran Khan. Qu'Allah le bénisse d'une guérison rapide.

Au Pendjab, le parti de Khan s'empoigne sans merci avec la Ligue Musulmane du Pakistan (PML-N). Malgré cela, le président de la PML-N, Nawaz Sharif, a exprimé sa tristesse de l'incident et décidé d'interrompre une journée la campagne électorale de son parti, en signe de solidarité avec Khan.

Beaucoup ont fait un pas de plus en affirmant qu'Imran Khan en tombant a uni une nation divisée. L'incident, a écrit Hammad Siddiqui (@hammads), laisse aussi penser que les hommes politiques du Pakistan ont mûri [anglais] :

@hammads: Altaf Bhai a été le premier à annuler son allocution et a prié pour Imran Khan – Suivi par NS (Nawaz Sharif) ceci dénote une maturité politique #GetwellSoonIK (Remettez-vous vite Imran Khan)

L'incident a aussi déclenché sympathie et soutien massifs au parti politique de Khan, beaucoup conjecturant qu'il pourrait renverser les perspectives en sa faveur. Hassan Belal Zaidi (@mightyobvious_), un consultant médias, a produit un article intitulé “Chute en grâce” pour Pak Votes [anglais]. Dans son billet, Zaidi écrit :

La vérité est qu'Imran pourrait bien l'emporter cette fois. Je peux renifler à un mile de distance une victoire pour la Batte de Cricket. Peut-être pas une victoire massive, peut-être pas une déroute, mais pour un parti débutant, ce sera à coup sûr une victoire. J'espère juste que ce (excusez le jeu de mot) coup sur la tête sera le signal d'alarme dont beaucoup ont besoin dans notre pays. Je ne soutiens pas le Pakistan Tehreek-e-Insaaf, ni ne voterai pour lui. Mais je souhaite vraiment la meilleure chance à ce parti et à son chef.

Si on a beaucoup critiqué les tendances droitières d'Imran Khan, sa chute malheureuse a souligné une fois de plus que Khan a remué politiquement le pays, et surtout la jeunesse. Tous comptes faits, une telle mobilisation est un changement bienvenu dans une démocratie qui éclôt.

Silence des médias chinois sur la contestation d'une usine chimique

jeudi 9 mai 2013 à 15:32

Des habitants de Kunming, une ville du sud-ouest de la Chine, sont descendus dans la rue ce 4 mai pour manifester contre la possible production d'un agent chimique toxique dans une usine des environs.

D'après les sources officielles, la China National Petroleum Corporation prévoit de construire une usine chimique dans la ville voisine d'Anning, afin de produire 500 000 tonnes de paraxylène (PX), un composant utilisé dans la fabrication de tissu. Près de 3000 personnes [chinois] se sont réunies dans le centre-ville de Kunming pour protester contre les dangers encourus si un déversement accidentel de PX [anglais] venait à se produire.

Les médias officiels chinois n'ont fait aucune allusion à cette manifestation, et depuis le 4 mai les censeurs du web suppriment systématiquement toutes les informations et photos relatives à l'événement sur la plateforme de microblogging Weibo. De nombreux utilisateurs de ce site ont depuis adopté comme photo de profil une image barrée de “Kunming PX” en signe de solidarité.

Kunming est renommée pour sa végétation abondante grâce au climat de printemps éternel qui y règne. C'est une des rares villes chinoises où l'on peut régulièrement profiter d'un ciel bleu dégagé.

Des manifestations similaires ont déjà eu lieu dans d'autres villes chinoises ces dernières années. En 2007, plusieurs milliers de personnes avaient exprimé leur opposition à la construction d'une usine de PX à Xiamen [chinois], dans l'est du pays. Depuis 2011, deux grosses manifestations ont également eu lieu à Dalian et Ningbo [anglais] pour protester contre des projets de même teneur.

Protesters wore symbolic masks and brandished posters warning against the dangers of a paraxylene (PX) spill.(From Sina Weibo)

Les manifestants portaient des masques symboliques et brandissaient des pancartes qui mettaient en avant les dangers d'un déversement accidentel de paraxylène (PX) (via Sina Weibo)

“Boluocun Yihao”, un utilisateur de Weibo et habitant de Kunming, a appelé [chinois]  à une plus grande mobilisation sur internet :

媒体被控制,手机信号被切断,保卫人民生命安全的警察却没有保卫,"XX石化炼油厂,滚出昆明!"我们不要牛奶河,我们不要PM2.5,我们不要PX。希望大家可以接力转载,转发。保护我们的母亲昆明。

Contrôle des médias, interruption du signal de téléphonie mobile, la police censée protéger le peuple et qui n'a protégé personne, “Raffinerie pétrochimique XX, quittez Kunming!” . Nous ne voulons pas d'une autre rivière de lait [une rivière polluée près de Kunming est devenue blanchâtre], nous ne voulons pas de PM2.5 [des particules en suspension très polluantes], nous ne voulons pas de PX. Repostez ce message. Protégez notre mère à tous, Kunming.

Un autre utilisateur de Weibo a critiqué [chinois] la censure mise en place par les médias :

那么大一个中国,只有《北京晚报》一家如实报道了昆明昨天发生的事。而且还不是亲自采访的,是引用网易的。据说中新社的采访了昨天的事,但是最后没能发表。新华社,央视更是能躲则躲…..中国已经没有媒体能为百姓说话了,同意的速转.

 Dans un pays aussi grand, seul le “Beijing Evening News” a relayé de manière réaliste ce qui s'est passé hier à Kunming. Et qui plus est, ce n'était même pas un article original, mais tout droit repris de NetEase. Apparemment, le China News Service a effectué une interview hier, mais finalement elle n'a pas pu être publiée.  Quant à l'agence Xinhua et CCTV, ils se cachent du mieux qu'ils le peuvent… Il n'y a pas de média en Chine qui puisse porter la voix du peuple. Repostez ce message si vous êtes d'accord.

Un musicien de Kunming, “Yinyue Xiaosun” a fait part du même sentiment [chinois] :

Sign reads: "Beatiful Kunming! We need to survive! We want to be healthy! PX—out of Kuming !"

Sur la bannière on peut lire: “Notre belle Kunming! Nous voulons survivre! Nous voulons être en bonne santé! PX hors de Kunming! ” (via Sina Weibo)

各位昆明的媒体朋友,我理解你们的工作,就像我们理解今天的警察哥哥,警察叔叔,警察姐姐一样。但是,你们都生活在昆明,都爱自己家乡,都希望自己的孩子呼吸新鲜的空气,不是吗??不是吗?不是吗?

Mes amis les journalistes de Kunming, je comprends votre travail, tout comme nous comprenons l'attitude de la police aujourd'hui. Mais vous habitez vous aussi à Kunming, vous aimez tous votre ville, vous voulez tous un air pur pour vos enfants, pas vrai ?? Pas vrai ? Pas vrai ?

“Kong Batian”, un autre utilisateur Weibo, s'est remémoré [chinois] l'Exposition Universelle d'Horticulture [anglais] organisée à Kunming en 1999 :

14年前的今天,在“人与自然,和谐发展——共同迈向21世纪”的口号下,昆明人满怀激动与自豪迎来了中国第一个世博会!而14年后的今天,云南人竟然要为了自己的生存环境走上街头进行抗争!这真是对昆明人民莫大的讽刺!

Il y a 14 ans, sous le thème de “l'homme et la nature, un développement en harmonie pour entrer dans le 21ème siècle”, le peuple de Kunming avait accueilli avec fierté et enthousiasme la première Exposition Universelle en Chine ! 14 ans plus tard, les habitants du Yunnan ont dû descendre dans la rue pour défendre l'environnement ! Quelle ironie pour nous à Kunming !

Enfin, de nombreux Weibonautes ont cité [chinois] un poème écrit par le célèbre journaliste Bai Yansong :

Sign reads " Uncle and aunt, we need clean air!"

Une pancarte où est écrit: “Oncles et tantes, nous avons besoin d'air pur!” (via Sina Weibo)

用不了多久,这座城市将慢慢退出人们的视线,沦为历史的鸡肋,美丽的传说将永远成为传说,没有人会对此负责,应该对此负责的人早已离开了这个城市,甚至这个国家,他们的子女早已远居海外,留下的只是一个破烂污染的废城,一方癌症的区域,一群朴实、愚昧的人民, 这个城市叫作昆明。

Bientôt, la ville s'éloignera peu à peu de notre champ de vue et sera effacée de l'histoire. La belle légende ne sera plus rien d'autre qu'une légende. Personne ne sera tenu responsable, car ceux qui auraient dû l'être auront déjà quitté la ville, et même le pays, depuis longtemps. Leurs enfants aussi auront immigré, laissant derrière eux une ville polluée et en lambeaux, rongée par le cancer, et peuplée d'innocents… cette ville, on l'appelle Kunming.

La police perquisitionne les bureaux de Navalny à Kirov

jeudi 9 mai 2013 à 13:27

La police de Kirov a perquisitionné [russe] hier le bureau local d'Alexeï Navalny, installé pour coordonner la communication de l'avocat-blogueur dans la ville où il subit en ce moment un procès pour détournement d'un demi-million de dollars. L'affaire attire l'attention internationale, comme la dernière en date d'une longue série de procédures judiciaires politisées en Russie, après les procès de Mikhaïl Khodorkovski et de trois membres des Pussy Riot, pour les plus connues. (more…)