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Rapport Netizen : pourquoi YouTube censure vos vidéos? Vous ne le saurez peut-être jamais.

vendredi 31 mars 2017 à 19:11

Index 2017 de la responsabilité d'entreprise pour les droits numériques, publié par Ranking Digital Rights – résultats mondiaux.

Le Rapport Netizen de Global Voices Advocacy présente un aperçu des défis, des victoires et des nouvelles tendances en matière de droits de l'Internet dans le monde.

À la mi-mars, le documentariste indien Rakesh Sharma, connu pour ses films portant sur les désordres publics et la violence dans l'état du Gujarat, a vu sa chaîne YouTube bloquée. La plateforme lui a envoyé le message suivant :

Ce compte a été résilié en raison d'infractions répétées ou d'abus graves enfreignant la politique de YouTube à l'égard des spams, des pratiques trompeuses, des escroqueries ou autres non-respects des conditions d'utilisation.

La chaîne était en ligne depuis 2014 et présentait essentiellement des extraits de ses documentaires, qui ont suscité beaucoup d'attention en Inde, en Europe et aux États-Unis. Deux jours plus tard, sans qu'aucune explication soit donnée, la chaîne était débloquée. Rakesh Sharma est connu pour ses prises de position critiques à l'égard du premier ministre indien Narendra Modi, qui sont évidentes dans ses films, mais il n'y a aucune preuve démontrant qu'elles aient pu être à l'origine du blocage de sa chaîne.

En effet, rien n'explique – au-delà de la notification automatique – ce qui a pu motiver le blocage de la chaîne ni son retour soudain.

Rakesh Sharma n'est pas le seul dans cette situation, de nombreux usagers ont eu la surprise de voir leurs vidéos soit bloquées, soit placées en accès « restreint » ces derniers mois. Il semble que YouTube ait changé sa politique en matière de non-respect du règlement (notamment en ce qui concerne les contenus extrémistes) et cherche à rester dans les bonnes grâces des annonceurs.

Les vlogueurs qui abordent la question des relations entre personnes de même sexe et les droits des LGBT [es] sur YouTube, sont parmi ceux qui ont vu leurs vidéos soudainement bloquées en mode « restreint », une option destinée aux enfants et aux écoles. Les utilisateurs ont fait part de leur préoccupation et ont publié sur Twitter des exemples de blocage avec le mot-clic #YouTubeIsOverParty [Fêtons la fin de YouTube].

Ces blocages soulèvent des questions cruciales sur le processus, à la fois automatisé et humain, mis en place par YouTube pour identifier les vidéos qui contreviennent aux conditions d'utilisation ou sont jugées inappropriées pour un jeune public. Alors que certains contenus, comme les vidéos pornographiques, sont faciles à identifier et à retirer, d'autres le sont moins. Bien souvent, le processus est enclenché par les utilisateurs eux-mêmes, qui sont libres de dénoncer les contenus qu'ils jugent inappropriés. Ce mécanisme joue un rôle important dans la façon dont la plateforme fixe ses priorités en ce qui concerne la suppression de contenu. Il en résulte parfois des abus de la part d'utilisateurs qui cherchent à réduire au silence les personnes avec lesquelles ils sont désaccord.

Ces exemples illustrent à quel point il est important que les sociétés soient transparentes en ce qui concerne la suppression de contenu, tant au niveau individuel qu'au niveau des plateformes. Cette question est d'ailleurs soulevée dans le Classement des droits numériques 2017 (publié le 23 mars), qui compare les normes internationales relatives aux droits de l'homme qui existent dans l'univers numérique.

En Iran, les atteintes à la liberté d'expression s'accumulent à l'approche de l'élection

Les Iraniens constatent la répression qui frappe la liberté de presse et l'expression numérique à l'approche de l'élection présidentielle prévue en mai 2017. Les Gardiens de la révolution iraniens, l'aile radicale des forces armées qui relève du Guide suprême, ont arrêté 12 administrateurs [ar] de chaînes Telegram qui soutiennent la faction réformiste en Iran, ainsi que des partisans du président modéré Hassan Rohani.

L'application de messagerie Telegram avait considérablement élargi son bassin d'utilisateurs iraniens lors des élections législatives de 2016. Plusieurs croient que ces derniers ont contribué à faciliter les gains actuels des parlementaires réformistes et modérés. Les autorités iraniennes ont tenté de freiner la libre circulation de l'information sur Telegram en procédant à des arrestations et en imposant de nouvelles règles obligeant les médias et les journalistes à obtenir une licence officielle pour diffuser des nouvelles sur Telegram.

De plus, les autorités ont récemment arrêté deux journalistes, Ehsan Mazandarani et Hengameh Shahidi, tous deux connu pour leurs reportages indépendants et critiques.

Une Jamaïcaine militant pour les droits de la femme est arrêtée pour avoir mené une campagne sur les médias sociaux

La militante jamaïcaine Latoya Nugent a été arrêtée la semaine dernière en vertu de la Loi sur les cybercrimes de Jamaïque. Elle est accusée d'« utilisation malveillante d'un ordinateur » après avoir publiquement identifié sur les réseaux sociaux les auteurs présumés de violence sexuelle. Latoya Nugent est la cofondatrice de la Tambourine Army, un nouveau mouvement dirigé par des femmes et des survivantes de violence sexuelle qui parlent ouvertement de leurs expériences, en ligne et en public. Dans un éditorial pour le Jamaica Gleaner, la juriste Tenesha Myrie a qualifié cet article de la loi sur les cybercrimes de « tentative détournée pour criminaliser la diffamation », soulignant que la diffamation hors ligne est traitée en Jamaïque comme une affaire de droit civil et non pénal.

Un site d'information guatémaltèque est attaqué après avoir publié des entretiens avec les survivantes d'un incendie

Un incendie qui a tué 40 jeunes femmes dans un foyer de la banlieue de la ville de Guatemala a attiré l'attention des médias de la région et au-delà, mais la couverture médiatique de cette histoire par les médias locaux n'est pas restée impunie. Le site indépendant de nouvelles NomadaGT [es], qui a publié les témoignages de deux jeunes femmes ayant survécu à l'incendie, semble avoir subi une attaque par déni de service, le rendant indisponible pendant plusieurs heures.

Des militants des Émirats arabes unis arrêtés pour avoir « publié de fausses nouvelles »

Le 20 mars, les autorités des Émirats arabes unis ont arrêté Ahmed Mansoor, un défenseur des droits de l'homme respecté et lauréat 2015 de la Fondation Martin Ennals, une fondation qui protège les défenseurs des droits de l'homme dont la vie est menacée. Amhed Mansoor est accusé d'avoir utilisé les médias sociaux pour « publier des rumeurs et des fausses nouvelles, et pour avoir fait la promotion d'un programme sectaire incitant à la haine ».

Le 15 mars, un tribunal d'Abou Dhabi a condamné le journaliste jordanien Tayseer al-Najjar pour avoir « insulté les symboles de l'État » sur les médias sociaux, ce qui constitue un crime aux Émirats arabes unis en vertu de la loi sur les cybercrimes de 2012. L'accusation contre al-Najjar repose principalement sur un billet qu'il a publié sur Facebook en 2014, alors qu'il vivait en Jordanie, et dans lequel il critique la position des Émirats dans la guerre de Gaza de 2014.

Un blogueur brésilien contraint à révéler ses sources à un juge de la cour fédérale

Eduardo Guimarães, un blogueur brésilien de gauche, s'est vu confisquer son ordinateur portable et deux téléphones [es] après avoir divulgué des renseignements névralgiques concernant une enquête anticorruption confidentielle au Brésil. Partisan de l'ancien président Lula, Eduardo Guimarães est un acteur clé au sein des activistes et des politiciens de gauche. Il a divulgué des renseignements qui auraient fuité de l'enquête sur le scandale de corruption Opération Lava-Jato. Le blogueur affirme qu'on lui a demandé de révéler ses sources, ce qui a soulevé une vague de protestations dans la blogosphère brésilienne (incluant les blogueurs de droite) et suscité des reportages sur la protection des sources dans les grands médias. Reporters sans frontières a souligné sur la chaîne BBC que cela constituait une « sérieuse atteinte » à la liberté de presse au Brésil.

Un tribunal statue qu'un citoyen américain ne peut poursuivre le gouvernement éthiopien pour avoir installé un logiciel espion dans son ordinateur

Une cour d'appel des États-Unis a statué qu'un citoyen américain, qui utilise le pseudonyme Kidane, ne peut pas poursuivre le gouvernement d'Éthiopie pour avoir piraté son ordinateur au moyen du logiciel espion dédié FinSpy. La décision repose sur l'interprétation par le tribunal de l'endroit où s'est déroulé le piratage : il a jugé que même si Kidane, qui est originaire d'Éthiopie, a ouvert la pièce jointe infectée aux États-Unis, l'introduction du virus s'est produite à l'extérieur des États-Unis.

L'avocat de Kidane, Nate Cardozo, un avocat de la Electronic Frontier Foundation (EFF) a déclaré que l'interprétation de la cour était tout simplement incorrecte et a qualifié le jugement d'« extrêmement dangereux pour la cybersécurité ». EFF évalue la possibilité d'interjeter appel.

Des militants pour la liberté de l'Internet visés par le régime de Ben Ali prennent la parole devant une commission en Tunisie

Le blogueur tunisien Zouhair Yahyaoui, fondateur du forum satirique en ligne TUNeZINE, a été emprisonné et torturé en 2001pour publication de « fausses nouvelles ». Son histoire a été révélée au grand jour dans le cadre d'une série d'audiences publiques portant sur les violations des droits de l'homme sous la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali, qui a gouverné la Tunisie pendant 23 ans jusqu'à son renversement en janvier 2011.

Les blogueurs, les militants et les proches de ceux qui ont été visés par le régime de Ben Ali ont témoigné devant l'Instance vérité et dignité de Tunisie, qui a consacré une session spéciale à la question des violations des droits en ligne. On ignore toujours si le processus de justice transitionnelle influencera les futures politiques de l'Internet, et de quelle façon. Quoi qu'il en soit, pour ce pays autrefois décrit comme « ennemi de l'Internet », reconnaître les abus du passé est un premier pas indispensable vers la réforme.

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Google, principal bénéficiaire de son accord avec Cuba ?

vendredi 31 mars 2017 à 15:30

Google et l'entreprise étatique de télécommunications cubaine ETECSA ont signé un accord, mais contrairement à ce que les différents médias ont indiqué dans leurs titres, celui-ci améliorera uniquement l'accès aux produits de Google et non pas à Internet en général.

Dans un communiqué d'ETECSA, l'accord “…permettra aux utilisateurs de Cuba de diminuer le temps d'accès aux contenus de Google sur Internet, en proposant un débit plus élevé et une qualité de service et l'optimisation des capacités du réseau international d'ETECSA.”

Le communiqué et les déclarations publiques de Mayra Arevich, présidente exécutive de l'entreprise de télécommunications cubaine, nous apprennent que l'accord signé en décembre 2016 à La Havane facilitera l'accès au Google Global Cache. C'est la partie de l'infrastructure de Google focalisée sur l'amélioration des temps de réponse à ses services.

Le cache est une technique utilisée par les fournisseurs de contenus et les services d'accès à Internet pour (entre autres) améliorer la vitesse d'accès à leurs contenus. A Cuba, cette amélioration est estimée à 20%, mais concernera uniquement les services de Google et non l'accès général à Internet.

Google y el gobierno cubano han firmado un acuerdo. La imagen es una captura de pantalla.

Google et le gouvernement cubain ont signé un accord. L'image est une capture d'écran.

La couverture, la qualité et le coût pour la connexion à Internet à Cuba ne seront pas affectés par cet accord : il améliorera seulement la vitesse d'accès aux produits de Google grâce à l'installation de serveurs qui auront des copies locales des contenus les plus sollicités dans l'île. Aujourd'hui, les utilisateurs de Cuba se connectent au moyen de locaux d'accès au Wi-Fi placés dans trente-cinq zones publiques, et paient pour cela environ deux euros de l'heure, pour une connexion allant jusqu'à 1 Mbps (1 mégabit par seconde). Le salaire étatique moyen à Cuba est d'environ vingt euros mensuels.

Google s'appuie sur quinze centres de données situés en Amérique, Europe et Asie. De plus, des serveurs de cache sont déployés dans des centres de données qui ne lui appartiennent pas. La carte ci-dessous montre la distribution géographique de ces serveurs :

mapa-google-cache

Distribution des serveurs de cache de Google.

Pablo Mestre, membre du Groupe d'utilisateurs de technologies libres de Cuba, considère que cet accord ne concernera pas directement les Cubains et explique :

Estos servidores están pensados para dar un acceso más rápido a los servicios de Google, pero primero debemos solucionar los problemas y limitaciones de la ultima milla para que este cambio realmente se note.

Ces serveurs sont pensés pour donner un accès plus rapide aux services de Google, mais nous devons d'abord résoudre les problèmes et les limitations de la boucle locale pour que ce changement soit remarqué.

Mestre indique également que la connexion devra être fournie par ETECSA, et pour le moment il ne pense pas que Google puisse avoir son propre centre de données. Les politiques cubaines précisent en effet que l'intégralité du trafic et des connexions sont la responsabilité exclusive d'ETECSA.

Jorge Luis Batista, co-organisateur de la Conférence internationale des logiciels libres à La Havane, a ajouté lors d'une entrevue d'autres facteurs à prendre en compte pour que l'installation de serveurs à Cube par Google implique un changement pour les Cubains. Tout d'abord :

Tenemos que ser usuarios de Google, masivamente digo, y después habría que ver porque el límite de la velocidad de acceso lo pone el componente más lento. Pienso que los que tienen una conexión muy restringida, los que se conectan a través de una línea conmutada o los que tienen límite de ancho de banda como es mi caso, o los que comparten una sola conexión entre muchos van a seguir teniendo de su lado el cuello de botella y por tanto la causa de la demora en el acceso a los contenidos.

Nous devons être utilisateurs de Google (massivement, je précise) et ensuite, il faudrait voir pourquoi la limite de vitesse d'accès rend le composant plus lent. Je pense que ceux qui ont une connexion très limitée, ceux qui se connectent à travers une ligne commutée ou qui ont une bande passante limitée comme dans mon cas, ou bien ceux qui partagent une seule connexion à plusieurs resteront dans le goulot d'étrangement du débit et par conséquent souffriront toujours de la lenteur d'accès aux contenus.

Le Conseil économique et de commerce des Etats-Unis et Cuba a informé que les coûts induits par l'accord seront couverts par Google.

Alerte au Donbass : une application pour avertir les Ukrainiens des attaques militaires

vendredi 31 mars 2017 à 09:39
Источник: Вячеслав Аброськин, Facebook.

Source : Viatchelav Abroskine, Facebook.

Un application avertissant les utilisateurs des attaques militaires et leur permettant de se mettre en relation en quelques secondes avec les forces de l'ordre va bientôt être lancée en Ukraine. Ses inventeurs espèrent réduire le nombre de morts parmi la population civile dans les régions orientales qui restent déchirées par le conflit.

Durant presque trois ans, le Donbass, région orientale de l'Ukraine composée des divisions administratives de Donetsk et Lougansk, a été le théâtre d'une guerre sanglante entre le gouvernement ukrainien et les séparatistes qui soutiennent la Russie, une guerre qui a tué plus de dix mille soldats et civils pacifiques, et chassé de chez elles presque 1,8 millions [en ukrainien] de personnes..

Mais 2,7 millions de personnes vivent encore sur place et pourront bénéficier de cette nouvelle application « Citoyen actif ».

« La fonction principale de celle-ci est d'avertir les citoyens en cas d'incidents graves et de bombardements. Elle permettra également d'informer la police d'infractions et de poster des photos en guise de preuves », dit Viatcheslav Abroskine, le chef de la police de la région de Donetsk, dans son billet sur Facebook.

Pour le moment, le Centre unifié de service et d'analyse de l'Ukraine (UASC) répond aux appels sur la « ligne 102 », l'homologue ukrainien du numéro d'urgence 112. Après le lancement du « Citoyen actif », l'UASC pourra elle aussi recevoir et traiter des communications envoyées par des tablettes et des smartphones. Seule condition: les utilisateurs de « Citoyen actif » devront avoir préalablement rempli un bref formulaire d'inscription. «… [L'utilisateur] enverra un signal de „SOS“, qui arrivera dans notre UASC. L'information y sera traitée au plus vite et un bataillon policier envoyé sur les lieux où se trouve le propriétaire de l'appareil, qui aura permis de le localiser », écrit encore Abroskine.

L'accès au WiFi et à l'internet mobile étant largement répandu dans de nombreux endroits à Donetsk et Lougansk, tout comme les smartphones et les tablettes, les habitants du Donbass devraient être nombreux à bénéficier de ce « Citoyen actif ».

Des programmes semblables existent dans d'autres pays, et même dans d'autres grandes villes d'Ukraine. Aux États-Unis par exemple, le système d'alerte Amber diffuse à la radio, à la télévision et sur internet des alertes sur les enlèvements d'enfants. « Citoyen actif » ressemblera aux applications d'alerte qui existent, mais avec moins de fonctionnalités, à cause des limitations techniques de l'UASC — du moins pour le moment. L'avertissement concernant des bombardements sera envoyé uniquement à ceux qui auront téléchargé l'application « Citoyen actif », et l'UASC ne traitera que les SOS envoyés via l'application.

Les créateurs de « Citoyen actif » n'ont pas précisé quand leur application devrait être accessible : « C'est encore un projet-pilote, et dans un premier temps il ne possédera qu'une quantité limitée de fonctions », a déclaré Abroskine.

L'exécution d'une journaliste au Mexique ravive l'indignation contre la violence faite aux journalistes

vendredi 31 mars 2017 à 09:30
Miroslava Breach Velducea 1962-2017. Foto tomada del perfil público de Twitter de La Jornada.

Miroslava Breach Velducea 1962-2017. Photographie prise sur le profil public de Twitter du journal La Jornada et partagée largement sur ce réseau social.

Encore de mauvaises nouvelles depuis la région frontalière de Chihuahua au nord du Mexique. La journaliste Miroslava Breach – qui travaillait pour plusieurs médias, parmi lesquels le journal national La Jornada et le quotidien local Norte − a été exécutée hors de son domicile par un individu encore non identifié.

Selon les rapports de El Universal et de Excélsior – deux journaux nationaux au Mexique − les faits se sont déroulés le matin du jeudi 23 mars 2017, heure locale de Chihuahua, où habitait la journaliste reporter. D'après les informations disponibles, un homme a abordé Miroslava et a tiré avec une arme à feu huit fois. Tous les projectiles ont atteint la journaliste à la tête.

Dans son éditorial pour le journal Milenio, Ricardo Alemán écrit :

Miroslava Breach fue asesinada por ejercer su profesión, el periodismo de investigación, crítico e independiente. (…)

Dicho de otro modo, mataron a Miroslava por hablar, por hacer pública la información que reclama la sociedad y molesta al poder, en cualquiera de sus formas.

Miroslava Breach a été assassinée pour exercer sa profession, le journalisme d'investigation, critique et indépendant. (…)

Autrement dit, ils ont tué Miroslava pour avoir parlé, pour avoir rendu publique l'information que réclame la société et qui dérange le pouvoir sous toutes ses formes.

L'homicide de Miroslava Breach s'ajoute à ceux de deux autres journalistes exécutés au Mexique en un mois, comme le souligne le journal espagnol El País :

El asesinato se ha producido cuatro días después del ataque contra Ricardo Monlui, otro periodista que murió a tiros en el Estado de Veracruz el pasado 19 de marzo. Cecilio Pineda, un periodista del sureño Estado de Guerrero, fue ejecutado el pasado 2 de marzo. Suman ya 30 periodistas asesinados durante el mandato de Enrique Peña Nieto, ha informado la organización Artículo 19.

L'assassinat s'est produit quatre jours après l'attaque contre Ricardo Monlui, un autre journaliste qui est mort par balle dans l'état de Veracruz le 19 mars. Cecilio Pineda, un journaliste de l'état du sud Guerrero, a été abattu le 2 mars. Cela porte à trente le nombre de journalistes assassinés pendant le mandat d'Enrique Peña Nieto, a informé l'organisation Article 19.

Sur Twitter, le compte de l'organisation Article 19 a partagé le message suivant :

Aujourd'hui, on a assassiné la journaliste Miroslava Breach. 99,75% des cas restent impunis. S'il n'y a pas de justice, la violence continuera.

Epifanio Díaz a condamné ainsi l'homicide de la journaliste reporter:

Nous condamnons énergiquement l'assassinat de la journaliste #Miroslava#Breach. Nous exigeons un arrêt de la vague d'assassinats et de violence.

De son côté, l'utilisateur SBorbon a fait le commentaire suivant:

Cela me donne envie de pleurer quand je vois ce qui se passe dans mon Mexique et ne rien pouvoir changer (incarcérer les corrompus et les délinquants associés).

Le Mexique est le pays le plus dangereux d'Amérique Latine pour les journalistes et le troisième pays le plus dangereux au monde en général, avec des niveaux de violence comparables à la Syrie et à l'Irak, selon l’indice global de criminalité 2016. A cela, il convient d'ajouter que plus de 95% des délits au Mexique restent impunis ou, autrement dit, dans seulement 4,4% des délits, le délinquant est condamné, d'après les chiffres les plus récents de l’Institut Mexicain pour la Compétitivité.

Devant ce funeste panorama, le Président Enrique Peña a fait des déclarations contradictoires de (supposée) défense de la liberté d'expression de la part du gouvernement, comme lorsqu'il a dit en octobre 2016:

Una nación democrática como lo es México, no puede explicarse sin medios de comunicación que ejerzan a plenitud esa libertad (de expresión). Por eso el gobierno de la República defiende la pluralidad de ideas como una conquista democrática y un derecho irrenunciable de los mexicanos.

Une nation démocratique comme l'est le Mexique ne peut pas se définir sans médias qui peuvent exercer pleinement cette liberté (d'expression). Aussi, le gouvernement de la République défend la pluralité d'idées comme une conquête démocratique et un droit inviolable des mexicains.

D'autres expressions du ras-le-bol quant à la violence impunie au Mexique se trouvent sur Twitter avec les hashtags #ImpunidadMata ou #YaBastaDeBalas.

En quête de justice, ce missionnaire documente les meurtres liés à la drogue aux Philippines

jeudi 30 mars 2017 à 15:14

La majorité des victimes de tokhang (opération anti-drogue) sont des résidents urbains pauvres. Photographie de Ciriaco Santiago, utilisation autorisée.

Bien que Ciriaco Santiago puisse paraître comme un simple missionnaire de l'église Baclaran de Manille, il est aussi un photographe de nuit qui se joint à d'autres journalistes afin de couvrir les opérations anti-drogue meutrières menées par la police Philippine.

D'après un rapport de police, plus de deux mille personnes ont été tuées durant les opérations anti-drogue de juin à décembre 2016. Cependant, certains groupes craignent que ce nombre ne soit plus important si les exécutions extra-judiciaires sont incluses.

Si le travail des médias est de rapporter les informations concernant les dernières victimes de “la lutte anti-drogue” menée par le gouvernement, le rôle de Santiago est de dresser le profil des victimes et de documenter les opérations anti-drogue ou les exécutions extra-judiciaires de tokhang, afin d'utiliser ces informations dans de futures enquêtes d'abus des droits de l'homme.

Dans une interview accordée au Vatican Insider, Santiago a expliqué la raison pour laquelle il est important d'exposer les violations commises lors de la guerre contre la drogue :

Letting the world know about this legalized barbarism is a humanitarian work, before it being news. Raise public awareness about the flagrant violations of law and legality and to stop the killing. Journalism can really serve the public interest and work for the common good.

Dévoiler au monde cette barbarie rendue légale est un travail humanitaire avant qu'il ne s'agisse d'actualité. Il faut sensibiliser les gens à ces violations de la loi et de l'égalité flagrantes afin d'arrêter ces meurtres. Le journalisme peut servir l'intérêt public et travailler pour le bien commun.

Le travail de Santiago a figuré dans plusieurs expositions dans des églises et des écoles. Le réseau des droits de l'homme Rise-Up a aussi soumis ses photos en tant que preuve d'une possible implication de la police dans des exécutions extra-judiciaires qui ont surtout visé les citadins pauvres de Manille, la capitale des Philippines.

La guerre contre la drogue est devenue un problème national en 2016 lorsque le nouveau président a promis de mettre fin à la menace en tuant les chefs du cartel de la drogue ainsi que leurs protecteurs.

Amaintes reprises, d'innocents civils ont été tués dans les opérations tokhang. La police est accusée de tuer des suspects désarmés ainsi que des petits délinquants liés à la drogue. Les autorités ont cependant accusé les cartels de la drogue de ces meurtres en affirmant que ceux-ci étaient en train de liquider les membres des gangs rivaux.

Frère Ciriaco Santiago de l'Église Catholique Rédemptoriste. Source : Facebook

Santiago, coordinateur de la gestion des risques de son église, a commencé son travail de documentation en décembre 2016 en réponse à l'augmentation du nombre de cas et des plaintes concernant les paroissiens de la zone urbaine pauvre.

Pendant l'une de ses visites en communauté urbaine pauvre, Santiago a entendu parler du cas d'un groupe d'adolescents abattus par un groupe d'hommes masqués. Les chefs de la communauté ont témoigné que ces adolescents n'étaient pas impliqués dans le trafic illégal de drogues. Plusieurs croient que ces meurtres peuvent être liés à une opération tokhang.

Santiago a documenté la marche funèbre et a écrit ce qui suit à propos de l'affaire des adolescents:

They had dreams. All of them wanted to finish their studies, hoping that they would get better jobs once equipped with formal trainings.

Because of poverty, they had to work and save for it. They were firm with the resolve to study, no matter how long it takes.

But that dream vanished that fateful night, as well as the village’s peaceful environment.

The wake was short. The victims’ families and relatives cannot afford a decent burial for their dead. Their option was to bury them all together – alongside with each other.

Ils avaient des rêves. Ils voulaient tous finir leurs études, espérant obtenir de meilleurs jobs une fois équipés de formations officielles.

A cause de leur pauvreté, ils devaient travailler et économiser. Ils étaient déterminés à étudier, peu importe le temps nécessaire.

Lors de cette nuit fatidique, ce rêve a disparu en même temps que l’environnement paisible du village.

La veillée était courte. Les familles et les proches des victimes n'ont pas les moyens de se permettre une sépulture convenable. Leur option était de les enterrer ensemble – les uns à coté des autres.

Les adolescents qui ont été tués lors d'une opération ressemblant au tokhang ont été enterrés les uns à côté des autres pour réduire les coûts. Les chefs de la communauté témoignent de l'innocence des adolescents. Photographie de Ciriaco Santiago, utilisation autorisée.

Le travail de Santiago complémente les rapports des journalistes des médias traditionnels en donnant un visage aux victimes de tokhang et en exposant l'impact alarmant de la guerre contre la drogue dans les communautés urbaines pauvres.

Santiago encourage les jeunes photographes à prêter attention à la situation des pauvres, en particulier ceux affecté par la guerre contre la drogue menée par le gouvernement:

As a photojournalist, always be with the poor, understand their social reality. There is always a clash of competing class interests, with that be on the side of the struggling and poor people.

En tant que photojournaliste, il faut toujours être aux côtés des pauvres, il faut comprendre leur réalité sociale. Il y a toujours un clash entre les intérêts de classes sociales opposées, soyez donc du côté des oppressés et des pauvres.

Ci-dessous sont des photos prises par Santiago, elles montrent ce que le tokhang signifie pour les Philippins vivant dans des villages urbains pauvres:

Un officier de police examine le corps d'un présumé trafiquant de drogues. À côté du corps se trouve un camion portant le nom et le slogan du président du pays. Photographie de Ciriaco Santiago, utilisation autorisée.

Le corps d'une victime de tokhang est emporté devant les regards de la famille en deuil. Photographie de Ciriaco Santiago, utilisation autorisée.

Le secteur religieux a assisté les victimes de tokhang afin d'investiguer et d'arrêter les meurtres liés au trafic de drogue dans le pays. Photographie de Ciriaco Santiago, utilisation autorisée.