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Au Libéria, l'enseignement public du premier degré sera désormais géré par une entreprise privée états-unienne

mercredi 20 avril 2016 à 20:51
Students in Bong County, Liberia, study by candlelight. These students missed school during Liberia's civil war. Public Domain photo by United States Agency for International Development (USAID).

Des étudiants du comté de Bong, au Liberia, étudient à la lueur d'une bougie. Ces étudiants ont manqué l'école durant la guerre civile libérienne. Photo appartenant au domaine public de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID).

Le Libéria s'apprête à créer un nouveau précédent en Afrique, après avoir été le premier sur le continent à avoir une femme présidente lorsque Ellen Johnson-Sirleaf [fr] a été élue en 2006.

Le pays est à présent engagé dans ce que certains qualifient d'autre première en Afrique: la délégation de l'ensemble de l'enseignement du premier degré (maternel et primaire) à une entreprise privée états-unienne.

L'éducation au Libéria a été fortement affectée par la première et la seconde guerre civile libérienne [fr] entre 1989 et 2003. On estime que 50% des jeunes femmes et 68% des jeunes hommes ont achevé l'école primaire ou, dans le cas contraire, sont capables de lire une phase complète. La situation a empiré durant la récente crise d'Ebola.

Le ministre de l'Education libérien George Werner a annoncé en janvier 2016 que l'éducation publique du premier degré allait être déléguée à Bridge International Academies, une entreprise privée située aux Etats-Unis, pour une durée de cinq ans. Le gouvernement libérien déboursera pour cela plus de 65 millions de dollars US.

Bridge International Academies se décrit elle-même comme la plus grande entreprise innovante en matière d'éducation dans le monde, et intervient actuellement au Kenya et en Ouganda. La méthode éducative de la firme est basée sur les enseignants — qui ne sont pas obligés d'être titulaires d'un diplôme universitaire car ils bénéficient de cinq semaines de formation — lisant les cours préparés à l'avance sur une tablette. La taille des classes peut aller jusqu'à 60 élèves.

Contrairement aux écoles de l'entreprise au Kenya et en Ouganda, où les familles paient des frais de scolarité d'environ 6 dollars US par trimestre, les parents libériens ne paieraient pas l'école de leur poche.

La décision a soulevé des critiques dans le pays et à l'international. Des spécialistes de l'éducation ont l'intention de faire pression sur le gouvernement libérien pour qu'il n'aille pas au bout de la démarche.

Kishore Singh, Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'éducation et opposant à la privatisation, a déclaré dans un communiqué de presse en mars :

It is ironic that Liberia does not have resources to meet its core obligations to provide a free primary education to every child, but it can find huge sums of money to subcontract a private company to do so on its behalf.

Quelle ironie que le Libéria ne dispose pas des ressources pour remplir ses obligations essentielles de donner accès à chaque enfant à une éducation primaire gratuite, mais puisse réunir d'importantes sommes d'argent pour la sous-traiter à une entreprise privée afin qu'elle le fasse à sa place.

Pour Christine Mungai, qui collabore au journal South Africa's Mail & Guardian, l'approche de Bridge International Academies concernant l'enseignement décourage les échanges entre professeurs et élèves et «élimine toute pensée critique». Elle conteste également l'affirmation de l'entreprise selon laquelle ses élèves font mieux que leurs homologues des écoles publiques, et pointe du doigt le fait que les données proviennent d'une étude commanditée par la firme elle-même.

Cependant, la privatisation de l'éducation nationale pourrait être un choix judicieux pour le Libéria, dont le système éducatif est actuellement «en lambeaux», comme le reconnaît Christine Mungai :

In that case, an education system, which is modelled on accountability, standardisation, analytical rigour, and policy changes that can be backed with rich data sets – albeit private – is far better than what Liberia has at the moment.

Dans ce cas, un système éducatif, qui repose sur la responsabilité financière, la standardisation, la rigueur analytique et des changements dans les règles qui peuvent être appuyés par des séries de données abondantes – bien que privé – est bien meilleur que ce que possède le Liberia en ce moment.

En réaction à l'information, Jan Resseger, spécialiste états-unien de l'enseignement public et blogueur, s'interroge sur les motivations des investisseurs de l'entreprise, dont la Société financière internationale, qui fait partie du Groupe de la Banque mondiale :

One must also examine the motivation of some of the so-called investors described as backing the work of Bridge International Academies, for example Bill Gates and Mark Zuckerberg. Are these tech-philanthropists supporting such an international education venture as part of their philanthropic aid work or is the purpose to expand the worldwide market for the kind of education technology that has created their personal fortunes?

Il faut aussi examiner les motivations de certains desdits investisseurs décrits comme soutenant le travail de Bridge International Academies, par exemple Bill Gates et Mark Zuckerberg. Ces philanthropes des nouvelles technologies soutiennent-ils pareille entreprise internationale d'enseignement dans le cadre de leur travail humanitaire philanthropique ou leur objectif est-il d'accroître le marché mondial des technologies éducatives dans la lignée de celles qui sont à l'origine de leur fortune personnelle ?

Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation, qui est publié par l'UNESCO, a exprimé ses inquiétudes sur le sujet :

Thinking of schools only as places to learn how to read may appear a reasonable idea in a country where most children cannot achieve even that. However, it risks reducing appreciably the purpose of education. Policy-makers need to be aware that good teaching cannot be delivered by just anybody out of a script.

Penser aux écoles uniquement comme à des lieux où l'on apprend à lire peut sembler une idée raisonnable dans un pays où la plupart des enfants n'y parviennent même pas. Néanmoins, cela risque de réduire considérablement la raison d'être de l'éducation. Le législateur doit prendre conscience qu'un bon enseignement ne peut être dispensé par n'importe qui sur la base d'un script.

L'Association nationale des professeurs du Libéria, entre autres organisations de la société civile, a envoyé une lettre au ministre de l'Education libérien George K. Werner dans laquelle elle explique redouter que le programme de privatisation ne constitue une «menace sérieuse» et ne signe la «commercialisation des services éducatifs au Libéria». D'autres ont dans le même temps exprimé leur opinion sur les réseaux sociaux :

Hallucinant. Indécent.

Mise à jour le 9 avril 2016: Lucy Bradlow, directrice des relations publiques à Bridge International Academies, a envoyé une déclaration à Global Voices dans laquelle elle explique pourquoi l'entreprise s'est associée au gouvernement libérien.

Selon la firme, ce partenariat avec le gouvernement garantira l'accès des enfants des écoles publiques gratuites à l'ensemble des outils pédagogiques dont ils ont besoin pour progresser à l'école, et les parents seront assurés que leurs enfants passent la journée de classe dans un endroit sécurisé et accueillant.

L'accord mettra également à disposition de l'administration les outils dont elle a besoin pour rassembler des données concernant l'assiduité et les résultats scolaires dans les écoles primaires libériennes.

La communication souligne que 42% des enfants au Liberia ne vont pas à l'école, que seuls 20% des enfants inscrits en primaire achèvent le secondaire et qu'une fille libérienne a plus de chances d'être mariée avant l'âge de 18 ans que de savoir lire.

On peut y lire que «Bridge International Academies est honorée de servir le peuple libérien en tant que premier associé parmi les nombreux que compte [le dispositif] Ecoles partenaires pour le Libéria. Dans un programme pilote, Bridge mettra en œuvre son modèle éprouvé et testé dans 50 écoles primaires publiques, ce qui concernera environ 20.000 enfants pour l'année scolaire 2016-2017.»

Eduardo Galeano (1940-2015) biographe de l'Amérique Latine

mercredi 20 avril 2016 à 13:03
Eduardo Galeano. Foto: Rafael H Barroso bajo licencia Creative Commons.

Eduardo Galeano. Photo: Rafael H Barroso, sous iicence Creative Commons.

La Salle des Pas perdus du palais de l'assemblée législative à Montevideo, où sont exposées les dépouilles mortelles de personnes célèbres, a été le 15 avril la scène de l'adieu terrestre à Eduardo Galeano. L'auteur de Las venas abiertas de América Latina (les veines ouvertes de l'Amérique latine) et de la trilogie Memorias del fuego (mémoires du feu) s'est éteint le 13 avril 2015 à 74 ans.

Ce personnage phare de la gauche latino-américaine dans les années 70, a reçu également à cette occasion les adieux des réseaux sociaux, qui se sont empressés de mettre en évidence le legs de l'écrivain sous les mots-dièses #Galeano et #GaleanoPorSiempre (Galeano pour toujours)

L'enseignante et journaliste cubaine Liliam Marrero a partagé l'anecdote suivante tirée de son œuvre Los abrazos rotos (les étreintes brisées) #AbrazosDeGaleano (étreintes de Galeano) #CelebraciónDeLaAmistad (célébration de l'amitié).

“En los suburbios de La Habana, llaman al amigo mi tierra o mi sangre. En Caracas, el amigo es mi pana o mi llave; pana por panadería, la fuente del buen pan para las hambres del alma; y llave por…
-Llave por llave, me dice Mario Benedetti.
Y me cuenta que cuando vivía en Buenos Aires, en los tiempos del terror, él llevaba cinco llaves ajenas en su llavero: cinco llaves, de cinco casas, de cinco amigos: las llaves que lo salvaron.”

Dans les faubourgs de la Havane on appelle l'ami : ma terre ou mon sang. A Caracas l'ami c'est mon pain ou ma clé : le pain pour la boulangerie, la source du bon pain pour les fringales de l'âme ; et la clé pour…
– la clé pour la clé me dit Mario Benedetti.
Puis il me raconte que lorsqu'il vivait à Buenos Aires, au temps de la terreur, il avait toujours cinq clés d'autres personnes sur son porte-clés, cinq clés pour cinq maisons de cinq amis : les clés qui l'ont sauvé”.

L'écrivain a dû quitter son pays à la suite d'un coup d'Etat et se réfugier en Argentine en 1973, et son oeuvre emblématique “Las venas” a été interdite par les dictatures de l'époque. Outre ses livres, Galeano laisse un héritage musical éparpillé sur plusieurs thèmes dans lesquels il a laissé des textes, des titres ou des voix. Le site Verne présente une galerie sonore pour quelques unes des chansons en rapport avec l'écrivain, ou sa plus récente collaboration avec le groupe portoricain Calle 13.

Bien que  Galeano ait déclaré que lui même  ne pourrait pas le relireLas venas abiertas de América Latina est son livre le plus remarqué et une véritable référence pour le continent. Ils sont nombreux, ceux qui se souviennent du président vénézuélien Hugo Chávez offrant au président Barack Obama lors du sommet de amériques 2009 un exemplaire des “veines ouvertes…” ; et du livre passant en quelques heures du rang des 60 000 plus vendus dans le monde aux Top 10.

“Ni Obama ni Chávez entenderían el texto –afirmó Galeano en la Segunda Bienal del Libro en Brasilia, en abril del año pasado–. El (Chávez) se lo entregó a Obama con la mejor intención del mundo, pero le regaló a Obama un libro en un idioma que él no conoce. Entonces, fue un gesto generoso, pero un poco cruel.”

Ni Obama, ni Chávez n'ont compris ce texte, affirmait Galeano lors de la seconde biennale du livre en avril 2014 à Brasilia,”   Chávez l'a offert à Obama avec la meilleure intention du monde, mais il lui donnait un livre écrit dans une langue qu'il ne connaissait pas…c'était un geste généreux mais un peu cruel”.

Dans cette même ville, à l'étonnement de beaucoup de journalistes qui l'écoutaient, il ajouta qu'il serait incapable de relire ce livre pourtant emblématique, comme il est écrit dans le journal Page 12. “J'en perdrais connaissance, pour moi cette prose de la gauche traditionnelle est ennuyeuse au plus haut point. Mon corps ne le supporterait pas, on m'emmènerait à l'hôpital.”

À propos de cette  déclaration qui fait un peu polémique Mansueti Alberto apporte l'éclairage suivant :

Attention ! Monsieur Galeano ressent un malaise devant la forme, le style, la prose pesante, mais pas devant le fond ou le contenu idéologique de son pamphlet.

A través del Marco explique la genèse de l'oeuvre :

Lo cierto es que detrás del libro, hay un trabajo de 4 años hecho por el autor en donde recopila información acerca de los saqueos a los que fue sometido el continente americano por sus conquistadores. Un libro que fue publicado en los setentas, pero que aún tiene vigencia en nuestros tiempos y que de una manera dura pero muy objetiva, explica la herencia actual y el lastre que arrastran los pueblos que en su momento fueron colonizados.

Ce qui est clair, c'est que derrière ce livre il y a un travail de quatre ans de l'auteur pour rassembler des informations sur le pillage auquel a été soumis le continent américain par ses conquérants. C'est un livre qui a été publié dans les années 70, mais qui a un retentissement toujours actuel et qui d'une manière dure mais objective explique l'héritage et le fardeau que traînent ces peuples qui furent un temps colonisés.

Au Kenya, une vidéo célébrant l'amour du même sexe reste sur Youtube malgré l'interdiction

mardi 19 avril 2016 à 19:21
A screenshot of the YouTube video of Same Love.

Une copie d'écran du clip Youtube Same Love (Remix).

Tout au long du mois de février 2016, le mois de l'amour, un groupe d'artistes kenyans connus sous le nom de Art Attack ont sorti un clip musical intitulé  « Same Love (Remix) ». Il s'agit d'un remix de la chanson de Macklemore et Ryan Lewis, Same Love. Le clip est un symbole qui appelle les Africains à éradiquer l'homophobie. Mais, pour certains Kenyans, il est considéré comme inapproprié et immoral.

La vidéo de Same Love (Remix), devenue virale, a obtenu plus de 2.000 j'aime et a été vue 240.000 fois sur Youtube. Différentes relations de personnes de même sexe y sont mises en valeur. La vidéo souligne également les divers défis que ces personnes ont à affronter au quotidien, allant de la surveillance publique aux procédures judiciaires menées à leur encontre de la part de certains gouvernements africains.

La description du clip vidéo indique : “Une chanson kenyane sur les droits des personnes de même sexe, des homosexuels, les combats de la communauté LGBT, l'égalité des genres, les combats des homosexuels et les libertés civiles pour toutes les orientations sexuelles.”

La vidéo présente l'avertissement suivant : Cette vidéo contient des images ainsi qu'un message qui peuvent inutilement heurter la sensibilité de certains.”

Des paroles disent :

We come from the same corner, share the same pain,

stand up tall, it’s time for new laws not new wars.

Nous venons du même coin, nous partageons la même douleur,

levez-vous tous, il est temps de faire de nouvelles lois, pas de nouvelles guerres.

La chanson reprend aussi un verset biblique sur l'amour (1 Corinthiens, chapitre 13), qui met l'accent sur la valeur de celui-ci, prenant le pas sur d'autres bonnes actions humaines.
Dans un article intitulé «Ban On Sexy Music Video Raises Gay Rights Campaign Profile in Kenya» [en français: «L'interdiction d'un clip musical sexy favorise une campagne pour les droits des homosexuels au Kenya»], Anthony Langat décrit quelques scènes de la vidéo :

(The video)…shows a well-toned young man, naked apart from his underpants, leaning over his tattooed male lover in bed.
Two pretty young women exchange kisses on a park bench, one putting a ring on the other's wedding finger, as the vocalist sings: “I can't change, even if I tried, even if I wanted to.”

(La vidéo)…montre un homme bien bâti, nu à part un caleçon, qui se penche au lit sur son amant tatoué.

Deux belles jeunes femmes échangent des baisers sur un banc dans un parc. L'une met une bague à l'annulaire de l'autre, pendant que le choeur chante : « Je ne peux pas changer, même si j'essayais, même si je le voulais».

Le Kenya Film Classification Board [en français: La Commission de Classification Cinématographique du Kenya] a interdit la vidéo en argumentant qu’ «elle ne correspondait pas aux moeurs du pays». La commission a tenté en vain de faire valoir une pétition auprès de Google afin que la vidéo soit retirée. Google a répondu qu'interdire la vidéo serait une atteinte à la liberté d'expression. Selon les règles de Google, les entités qui souhaitent voir une vidéo retirée de Youtube doivent porter leur affaire devant un juge. De plus, elles doivent soumettre à la firme une ordonnance judiciaire réclamant que la vidéo soit retirée et confirmant son caractère illégal au sein de la jurisdiction du tribunal.

La commission est allée jusqu'à déclarer ne pas avoir délivré de licence qui autorise la production de certaines parties de la vidéo réalisées au Kenya. Elle a ajouté que quiconque sera surpris en train de divulguer la vidéo sur quelque support que ce soit sera tenu responsable devant la loi.

Les relations de même sexe sont illégales au Kenya. La Constitution kenyane ne protège pas expressément les droits des homosexuels. Cependant, l'article 27 stipule que :

The State shall not discriminate directly or indirectly against any person on any ground, including race, sex, pregnancy, marital status, health status, ethnic or social origin, colour, age, disability, religion, conscience, belief, culture, dress, language or birth.

L'Etat ne pratiquera aucune discrimination directe ou indirecte contre quiconque sous aucun motif que ce soit la race, le sexe, la grossesse, la situation de famille, l'état de santé, les origines ethniques ou sociales, la couleur, l'âge, le handicap, la religion, la conscience, les croyances, la culture, la tenue vestimentaire, la langue ou la naissance.

D'après le rapport 2015 de l'association International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association (ILGA) intitulé «State-sponsored homophobia» (en français : ‘l'homophobie sponsorisée par l'Etat’), l'homosexualité est illégale dans 34 pays africains. L'Afrique du Sud est le seul pays africain où l'homosexualité est formellement protégée par la constitution du pays. La loi kenyane n'a également aucune stipulation spécifique concernant la représentation de la communauté gay dans les arts ou autres formes d'expression.

Malgré le statut illégal de l'homosexualité et le tabou que cela suscite au Kenya, la communauté gay est généralement tolérée lorsque l'on observe qu'il n'y a presque pas eu de cas de punitions sévères comme c'est le cas dans d'autres pays africains.

En 2014 Binyavanga Wainaina, écrivain et journaliste kenyan ayant obtenu le Caine Prize for African Writing, est devenu le kenyan le plus influent ayant déclaré son homosexualité.

La prohibition mise sur cette vidéo en particulier en a laissé perplexes plus d'un. En effet, pourquoi les clips musicaux occidentaux qui passent sur la radio et la télévision kenyanes et qui traitent de la problématique gay, des relations sexuelles ou encore d'autres sujets considérés comme «non-africains» ne sont-ils pas interdits ?

Le président Uhuru Kenyatta, à l'occasion de la visite d'Obama l'an dernier, a déclaré qu'il y avait d'autres processus en cours et qui prennent du temps, et que actuellement ce sujet était d'une importance mineure pour les Kenyans qui ont d'autres problèmes plus urgents à régler.

En octobre 2015, le président Uhuru Kenyatta a prononcé une mise en garde contre les «chasses aux sorcières» dont font l'objet les homosexuels, en disant que tous les Kenyans avaient le droit d'être protégés par la loi.

Brésil : 27 peintures murales des périphéries de São Paulo à découvrir en photos

lundi 18 avril 2016 à 19:58

Cet article a été initialement publié sur le blog de Agência Mural, avec les textes et recherches de Aline Kátia Melo, Eduardo Micheletto, Humberto do Lago Müller, Jéssica Souza, João Paulo Brito, Karina Oliveira, Lucas Landin, Lucas Veloso, Martina Ceci, Priscila Gomes, Priscila Pacheco, Sidney Pereira, Tamires Tavares, Tamiris Gomes et Thaís Santana. La mise en forme et l'édition sont de Tamires Gomes. Il est reproduit ici dans le cadre d'un accord d'échange de contenu.

La culture du graffiti s'épanouit totalement dans les villes brésiliennes. A São Paulo, les artistes de rue donnent vie et couleurs à des décors grisâtres. Mais alors que cet art, dans les quartiers centraux comme Vila Madalena, est bien signalé dans les guides de voyage internationaux, en périphérie il demeure méconnu, même pour les habitants de la métropole où vivent 20 millions de personnes.

En pensant à cela, les reporters d'Agência Mural ont réuni le meilleur de l'art mural dans les banlieues, celles qu'on appelle les “quebradas”, de la périphérie de la ville.

Mariporã, Grande São Paulo

Tous les ans à lieu à  Mairiporã* une recontre de “grafiteiros”, organisée par l'artiste Carlinhos Rootsm. Les photos ci-dessous illustrent les deux dernières rencontres, en 2015, alors qu'on redonnait vie à  la fameuse rue en escalier de cette commune.

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Escalier de Mairiporã. Photo: Humberto do Lago Müller/Agência Mural

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Escalier de Mairiporã. Photo: Humberto do Lago Müller/Agência Mural

Mairpora

L'acteur de cinéma Amácio Mazzaropi, qui a joué dans quelques scènes tournées à Mairiporã, est un des personnages représentés sur les murs de l'escalier. Photo: Humberto do Lago Muller/Agência Mural

Grajaú, la zone sud

Le mur ci-dessous se trouve dans le parc public “Linear Cantinho do Céu”, à Grajaú, et représente symboliquement la réalité des zones périphériques de Sao Paulo. Il a été réalisé par l'artiste Enivo, qui a commencé à peindre sur les murs dans ce quartier. Le portrait est celui d'un garçon nommé Caio Caternum, un autre artiste local. En bas du mur court la phrase : “Ânimo (Bougez-vous )…nous sommes fait de rêves aussi grands qu'on les souhaite” est de Mano Money’s, un chanteur de rap de Grajaú.

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Fresque face au Parc “Linear Cantinho do Céu. Photo: Priscila Pacheco”/Agência Mural

Lago Azul, la zone sud

A Lago Azul, dans la zone sud, on peut voir éparpillées les “Casinhas Amarelas” (petites maisons jaunes) de Mauro Neri. Cet artiste fait partie d'un groupe qui a grandi à Grajaú.

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Lago Azul, (lac bleu) zone sud. Photo: Priscila Pacheco

Tucuruvi, zone nord

Maison “décorée” à un angle de la rue Paranabi. Artiste inconnu.

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Maison de la zone nord de São Paulo. Photo: Priscila Gomes/Agência Mural

District Anhanguera, zone nord

Cette véritable galerie d'art à ciel ouvert a été réalisée sur les murs de l'école municipale “Jardim Britânia”, dans le district  Anhanguera pendant la sixième édition du festival “Art in Home”.

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Ecole municipale “Jardim Britânia “. Photo: Thaís Santana/Agência Mural

Tremembé, zone nord

La rue “Um Treas”, dans le quartier de Tremembé, regorge de fresques murales.

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Fleur de couleur à Tremembé, artiste inconnu. Photo: Karina Oliveria/Agência Mural

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Mur réalisé par le peintre des rues Kblo e Magic à Tremembé. Photo: Karina Oliveira/Agência Mural

Vila Nova Cachoeirinha (la petite chute d'eau) , zone nord.

Graffiti peint près du Centre culturel de la jeunesse, dans la rue des Eucalyptus. L'artiste est connu sous le sobriquet de Monster Ectoplasma.

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Graffiti de Monster Ectoplasma, dans la zone nord de São Paulo. Photo: Gabriela Monteiro/Agência Mural

Jardim Ataliba Leonel, zone nord

Les murs de l'école publique Pedro de Moraes Victor, dans la rue Boaventura Coleti ont également récupéré des graffitis d'artistes comme Brown, Marcia, Kbelo et autres.

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Mur d'école dans la zone nord . Photo: Karina Oliveira/Agência Mural

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Mur d'école dans la zone nord. Graffiti signé Kbelo. Photo: Karina Oliveira/Agência Mural

Jardim Brasil, zone nord

Oeuvres de Katia Suzue, qui habite Jardim Brasil. Elle les a réalisées pour ses grand-parents maternels qui sont descendants d'immigrants japonais, ses réalisations sont marquées par cette influence orientale. Vous pouvez en savoir plus sur cette artiste ici.

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Photos: Archives personnelles de l'artiste, publiées avec autorisation.

Carandiru, Zone Nord

Dans le parc de la jeunesse, quartier de Carandiru, une des caricatures du peintre Sipros.

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Graffiti de Sipros, dans le parc de la jeunesse. Photo: Sidney Pereira/Agência Mural

Jaçanã*, Zone Nord      

* Jaçanã= terme tupi guarani, c'est le Jacana un oiseau aquatique très commun en Amérique du sud.

Ce graffiti de Caluz, nom d'artiste de Caroline Luz, se trouve dans Avenida Jaçanã. Cette artiste traite la thématique féminine, elle a construit son identité esthétique en s'inspirant de son quotidien, les femmes de la périphérie.

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Graffiti da Caroline Luz, la “Caluz”, à Jaçanã. Photo: Aline Kátia Melo/Agência Mural

Ci-dessous deux graffitis de Kasca (Jurandir Ramos), également dans Jaçanã. Il est bien connu pour avoir “éparpillé des vaches” dans Jova Rural, un quartier voisin.

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Graffiti de Caska sur l'Avenida Paulo Lincoln de Valle Pontin, à  Jaçanã. Cette oeuvre montre un influence du “cordel”, un art traditionnel du nord-est brésilien. Photo: Aline Kátia Melo/Agência Mural

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“Vache” de Kaska dans le rue Emília Machado de Figueiredo, dans le quartier Jova Rural. Photo: Aline Kátia Melo/Agência Mural

Morro Doce, zone ouest

Graffitis du festival “Art in Home”. Celui de gauche est l'oeuvre d'une femme de Malaca — O.C.A, à  Morro Doce, zone ouest de la métropole pauliste.

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Graffiti à Morro Doce, zone ouest de São Paulo.

Guarulhos, Grande São Paulo

La ruelle Manacapuru dans Jardim Cumbica, un quartier de la commune de Guarulhos, dans “Grande São Paulo”, s'est enrichie de graffitis pendant la première rencontre de “Grafitti Atac”.

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Réalisations de Cristiano Ignoto et Galvani Galo. Photo: Tamires Tavares/Agência Mural

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Autres graffitis dans la ruelle Manacaparu. photo: Tamires Tavares/Agência Mural

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ruelle Manacaparu, travaux de Xyrok. PHoto: Tamires Tavares/Agência Mural

Autres graffitis à Guarulhos, cette fois sur les murs d'une école de l'avenue Avenida Bartolomeu de Carlos, dans le quartier Jardim Flor da Montanha. A l'arrière-plan on peut voir des dessins faits par les enfants.

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Mur d'école à Guarulhos. Photo: Jéssica Souza/Agência Mural

Itaquaquecetuba*, Grande São Paulo

*En tupi guarani: Lieu où l'on trouve en abondance des bambous.

Oeuvre de JAE Alves, dans la rue Maringá, à Rancho Grande, dans Itaquaquecetuba.

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Oeuvre de JAE Alves. Photo: Lucas Landim/Agência Mural

Mogi das Cruzes, Grande São Paulo

Un grand merci aux artistes des murs de la résidence Antonio Bovolenta, dans la vile Mogi das Cruzes, zone métropolitaine de São Paulo. Illustration de la phrase:“ C'est presque toujours une minorité créative et désintéressée qui peut rendre un monde meilleur”

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Photo: Martina Ceci/Agência Mural

Poá*, Grande São Paulo

Hibou dessiné par Jonh Naja un artiste de Poá  . On peut le voir sur la place Aurélio Fuga, dans le quartier de Calmon Viana, à Poá, grand São Paulo.

*Po'á : la chance, la prospérité en langue tupi Guarani ( note du traducteur) 

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Photo: Tamiris Gomes/Agência Mural

Guaianases, zone est.

Les créations ci-dessous sont de l'artiste Todyone. Le nombre de citadins utilisant la passerelle de la gare de Guaianases a augmenté depuis que celle ci a gagné en couleurs. On y trouve également des réalisations de Galvani Galo.

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Photo: Lucas Veloso/Agência Mural

A la station de Métro Guaianases, Todyone a décoré un wagon en utilisant comme base les fenêtres de l'abri d'accès.

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Photo: Humberto do Lago Muller/Agência Mural

La «Bibliothèque féministe» mexicaine milite sur Facebook pour les droits des femmes et la responsabilité dans la diffusion

lundi 18 avril 2016 à 11:38
Fotografía de perfil de la Biblioteca Feminista en Facebook, publicada masivamente en las redes.

«Ni femme au foyer ni esclave» Photographie du profil de la Bibliothèque féministe sur Facebook, diffusée largement sur les réseaux sociaux et publiée avec accord.

Bibliothèque féministe est un groupe hébergé par Facebook depuis un peu plus d'un an qui compte aujourd'hui plus de 9000 fans. La Bibliothèque est gérée par deux Mexicaines et elle est née de la nécessité d'informer sur le féminisme et les droits des femmes. Selon la description du groupe :

Compilamos materiales feministas y de mujeres creadoras, para compartir con el mundo. Queremos difundir cultura feminista en toda su diversidad y aportes en la construcción de otros mundos posibles.

Nous rassemblons des œuvres féministes et de femmes créatrices, pour les partager avec le monde. Nous voulons diffuser la culture féministe dans toute sa diversité et ses apports à la construction d'autres mondes possibles.

Global Voices s'est entretenu avec les administratrices du groupe sur la compréhension des féminismes,  la nécessité de disposer d'informations solides et de relais qui œuvrent à leur diffusion de manière responsable. Dans un pays comme le Mexique, où les taux de féminicides et d'abus liés aux inégalités de genre sont alarmants, cet espace de diffusion contribue à la sensibilisation à un problème profondément enraciné dans la culture et les conventions.

Quoi qu'il en soit, le partage de l'information va bien au-delà du fait de cliquer sur un bouton. Le flux d'informations en ligne est titanesque, et celles et ceux qui y participent ne prennent pas toujours le temps d'aller plus loin que les titres et les photographies avant de diffuser l'information. C'est pour cela que la Bibliothèque cherche aussi à défendre l'idée de «responsabilité dans la diffusion.» Les textes, actualités, photographies et articles mis en avant par la Bibliothèque sont soigneusement sélectionnés, commentés et vérifiés avant de parvenir au groupe.

Les bibliothécaires

Comme c'est le cas pour de nombreuses militantes, c'est à travers leur expérience personnelle que les administratrices du groupe ont pu mieux appréhender les comportements de genre et les mouvements féministes.

L'histoire de la créatrice du groupe et son cheminement vers le féminisme sont liés aux préoccupations des soins corporels et de souveraineté alimentaire, ainsi qu'à la liberté et à l'indépendance face à l'Etat et aux pressions du marché. Les abus contre les femmes et le sexisme ne sont toutefois pas absents de la vie des collectifs qui défendent des citoyennetés alternatives :

Me tuve que volver feminista por supervivencia. Cuando trabajas en asuntos de economía solidaria no te imaginas que vas a tener un compañero que te acose. Pero es el golpe de la realidad. La misoginia y el machismo atraviesan los movimientos que se consideran alternativos al sistema y nuestras posibilidades de participación quedan sujetas a estos prejuicios y violencias. Fui pareja del dirigente de un colectivo y me expulsaron por no querer continuar la relación. Tuve respuestas muy duras, incluso de amigos cercanos, que me decían que mi palabra no tenía valor por haberme acostado con él. De ahí, por supervivencia, empecé a buscar. Es necesario encontrar ideas que te saquen del riesgo de pensar que estas cosas son normales.

J'ai dû devenir féministe pour survivre. Quand tu travailles sur des questions d'économie solidaire, tu n'imagines pas que tu auras un compagnon qui va te harceler. Mais c'est la dure réalité. La misogynie et le machisme traversent les mouvements qui se présentent comme une alternative au système, et nos possibilités de participer restent subordonnées à ces préjugés et violences. J'étais en couple avec le dirigeant d'un collectif dont on m'a expulsée car je ne souhaitais pas poursuivre cette relation. J'ai eu des réactions très dures, y compris de la part d'amis proches qui me disaient que ma parole ne valait rien car j'avais couché avec lui. C'est pour cela que j'ai commencé mes recherches, pour survivre. Il est fondamental de prendre connaissance d'idées qui écartent le risque de penser que ces choses sont normales.

L'une des autres collaboratrices principales a également travaillé avec des collectifs et pu expérimenter la manière dont les conversations et les modes de travail, y compris dans des organisations de défense des droits des femmes, montrent leurs limites quand il s'agit de mener des actions concrètes :

Tuve la oportunidad de trabajar en un hospital, pero la experiencia me mostró que los grupos que se identificaban como de defensa por las mujeres no siempre trabajaban de modo solidario.

J'ai eu l'occasion de travailler dans un hôpital, mais l'expérience m'a montré que les groupes qui se définissaient comme défendant les femmes ne travaillaient pas toujours de manière solidaire.

En cela, la création d'espaces, virtuels ou physiques, où les femmes peuvent échanger et réfléchir ensemble, marque le début de nombreuses transformations :

Creo mucho en el poder que existe en los espacios para y de mujeres. No es que piense que los espacios mixtos sean malos, pero los espacios autogestionados por mujeres con los que yo me he topado son espacios en los que he aprendido mucho, donde no solo hay trabajos teóricos, sino de crítica y de autocrítica. Este proceso es difícil, aún trabajando en organizaciones dedicadas a la sociedad civil. Creo existe resistencia a trabajar temas de género, he encontrado personas quienes con una sólida formación en Derechos Humanos les da flojera el tema, piensan que intentas hablar únicamente de mujeres y que pretendes excluir a los hombres. Desde la sociedad civil organizada, solemos caer en el error de querer analizar la realidad sin cuestionar privilegios.

Je crois profondément dans le pouvoir qui existe dans les espaces pour et par les femmes. Ce n'est pas que je pense que les lieux mixtes soient une mauvaise chose, mais les espaces autogérés par des femmes que j'ai découverts sont des espaces au sein desquels j'ai beaucoup appris, où le travail n'est pas seulement théorique, mais critique et d'autocritique. Ce processus est difficile, même en travaillant dans des organisations tournées vers la société civile. Je crois qu'il existe des résistances quant au fait de travailler sur des thèmes liés au genre, j'ai rencontré des gens qui, malgré une formation conséquente dans le domaine des droits humains, ne sont pas du tout emballés par le sujet, ils pensent que ton intention est de parler uniquement à des femmes et que tu cherches à exclure les hommes. Nous faisons souvent l'erreur dans la société civile organisée de vouloir analyser la réalité sans questionner les privilèges.

Mais malgré tout, le travail dans ces espaces donne des résultats concrets :

Es complicado, pero también es maravilloso encontrar personas que sintonizan con tus ganas de crear cosas. Cuando me invitaron [a la creación del grupo] me dije “¡sí!”, porque aunque tengo compañeras que trabajan con temas de feminismo comunitario, no compartimos un espacio de trabajo. Crear un espacio virtual para coincidir y mantenerse creando ideas también fue muy bueno . La dinámica es estimulante.

C'est compliqué, mais c'est aussi merveilleux de rencontrer des personnes qui sont sur la même longueur d'onde et partagent ton envie de créer des choses. Quand on m'a invitée [pour créer le groupe], je me suis dit «oui !», car même si j'ai des amies qui travaillent sur la question du féminisme communautaire, nous ne partageons pas d'espace de travail. Créer un espace virtuel où se retrouver et continuer de concevoir des idées a également été une très bonne chose. La dynamique est encourageante.

Le féminisme fait mal

Quand on en vient aux réactions négatives et aux querelles typiques qui apparaissent dans les espaces dédiés au féminisme, les bibliothécaires rigolent. Les trolls [N.d.T messages/personnes qui cherchent à générer une polémique sur Internet, par exemple sur un forum, en ayant recours à la provocation dans l'intention de nuire], les réponses agressives et les protestations sont déjà si courantes que la réaction est automatique. Suite à certaines confrontations, la politique du groupe a été d'éviter de répondre aux commentaires qui n'invitent pas à un débat productif. Cependant, l'une des administratrices témoigne de ce qui se cache derrière ces réactions :

El feminismo es un antídoto contra lo que te tiene anestesiada para soportar la abrumadora cantidad de violencias misóginas que vives todos los días. Duele hacerte consciente, pero es la única forma de encontrar que es lo que te está lastimando. Te das cuenta de que lo que te pasaba y dolía no es “natural” o “normal”. Lo intuías, pero no te atrevías ni a nombrarlo. Te das cuenta de que lo han vivido y lo viven las mujeres desde hace siglos y que muchas han luchado para liberarse y liberarnos a todas. Cada vez que descubro las historias y palabras de las mujeres antes de mí, me siento reconfortada e inspirada. Nos hace falta conocer más de nuestra historia, la de nosotras. Ésa fue la inspiración para la Biblioteca feminista..

Le féminisme est un antidote à ce qui te maintient dans un état léthargique afin de supporter le nombre affolant de violences misogynes que tu vis au quotidien. C'est douloureux d'en prendre conscience, mais c'est le seul moyen de trouver ce qui t'atteint. Tu t'aperçois que ce qui t'arrivait et te faisait souffrir n'est pas «naturel» ou «normal». Tu t'en doutais, mais ne te risquais pas à le nommer. Tu te rends compte que les femmes l'ont vécu et le vivent depuis des siècles et que beaucoup se sont battues pour leur libération et notre libération à toutes. Chaque fois que je découvre les histoires et les mots des femmes devant moi, je me sens réconfortée et inspirée. Nous devons apprendre davantage de notre histoire, celle des femmes. Voilà d'où la Bibliothèque féministe tire son inspiration.

Une grande partie de ce qui est publié dans la Bibliothèque est également vecteur d'inspiration. Des événements et des histoires que beaucoup voudraient voir se reproduire dans divers lieux sur le continent sont par ailleurs partagés. Un exemple en est l'histoire de la formation de «l'Ecole femmes de front», vidéo disponible en espagnol sur la chaîne Youtube sous le titre L'éducation en mouvement, qui a été partagée pour inspirer et imaginer des espaces semblables. De fait, c'est précisément la prochaine étape que souhaiteraient franchir les bibliothécaires mexicaines : la création de collectifs de formation qui puissent orienter les femmes dans la défense de leurs droits dans le cadre spécifique de l'éducation populaire.