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Être femme et lesbienne dans le Caucase du Nord, c'est s'exposer aux violences sexuelles, mariages forcés et meurtres

mercredi 13 mars 2019 à 22:29

Photo d'illustration publiée dans OC media.

Sauf mention contraire, les liens renvoient à des pages en anglais.

L'article qui suit a été publié initialement sur le site partenaire OC Media.

Les femmes homosexuelles vivant dans le Caucase du Nord russe se heurtent à des tentatives de les «soigner», sont victimes de passages à tabac, de viols, de mariages forcés et de meurtres, révèle une enquête pour laquelle ont été interrogées une vingtaine de femmes de cette région. Bien qu'un certain nombre d'hommes homosexuels aient réussi à s'enfuir, le rapport souligne que c'est plus difficile pour les femmes, car leur argent, leurs déplacements, leur carrière et leur vie privée sont contrôlés par des «gardiens».

Ce rapport sur les persécutions contre les lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles dans le Caucase du Nord a été publié en décembre 2018 par Queer Women North Caucasus (QWNC, «Femmes queer du Caucase du Nord»).

Avec le soutien du bureau de Moscou de la fondation allemande Henrich-Böll, QWNC a interviewé 21 femmes (17 lesbiennes, trois bisexuelles et une transsexuelle) vivant dans le Caucase du Nord. La plupart sont originaires de Tchétchénie, les autres du Daghestan, d'Ingouchie et d'Ossétie du Nord.

Neuf de ces femmes ont déclaré subir des violences sexuelles de la part de leur mari, et huit avoir été mariées contre leur gré.

Selon le rapport, la révélation de leur orientation sexuelle ou de leur identité transgenre leur a systématiquement valu des violences psychologiques et physiques de nature à déraper facilement jusqu'au meurtre.

«J'ai promis à notre père de ne pas te tuer. S'il te plaît, je t'en supplie, tire-toi une balle, supprime-toi.» L'une de ces femmes se rappelle cette supplique de son frère après qu'elle a été identifiée comme lesbienne.

Sur les 21 femmes interrogées par QWNC, huit connaissaient parmi leurs amies, parentes ou voisines quelqu'un qui a été tuée par des hommes de sa famille pour un comportement qui «faisait honte à la famille».

Contrôle

Toutes les personnes qui ont répondu à l'étude de QWNC ont indiqué qu'elles subissaient des violences psychologiques et physiques depuis leur tendre enfance, ce qui témoigne d'un climat de violence général envers les femmes et les jeunes filles dans la région.

L'une des participantes à l'étude, harcelée sexuellement par son oncle, se souvient que les membres de sa famille l'ont accusée, elle, de «débauche sexuelle» quand elle a raconté ce qui se passait.

Plusieurs femmes ont déclaré que leurs familles contrôlaient leur liberté de manière stricte — y compris leur liberté de mouvement.

Habillement imposé, interdiction de parler aux autres hommes, pas moyen de sortir le soir, telles sont les conditions de vie habituelles des femmes dans le Caucase du Nord.

Une femme du Daghestan a raconté que son mari l'avait battue en pleine rue rue pour «des cheveux qui dépassaient de son hijab».

Le rapport relate combien il est difficile pour que les femmes homosexuelles dans le Caucase du Nord de quitter leur famille et leur région. Outre le défi de l'indépendance économique, les femmes qui s'enfuient sont généralement dénoncées et rendues à leur famille, même si elles ont fui à l'étranger [ru] et il leur reste comme seules perspectives l'isolement et la violence, voire la mort.

Mariages forcés et violences domestiques

Selon le rapport, il n'est pas d'usage dans le Caucase du Nord de demander aux femmes avec qui elles veulent se marier, ni même si elles veulent se marier tout court. En conséquence de quoi elles n'ont, en pratique, pas le contrôle de leur statut matrimonial. De simples rumeurs ou un coup de fil parental peuvent suffire à déclencher des projets de mariage.

Les femmes répondantes ont raconté aux enquêteurs que le père ou le frère de la fiancée, soit les «tuteurs» habituels d'une femme, peuvent signer au nom de la fiancée, et qu'il arrive souvent que les épousées ne se voient même pas remettre copie de leur acte de mariage.

Le rapport de QWNC mentionne des femmes homosexuelles qui ont subi des coups et des viols réguliers après un mariage non désiré.

«Le premier viol a eu lieu dans les jours qui ont suivi la noce. Je lui ai dit que je ne voulais pas avoir de rapports sexuels avec lui. Mais trois jours après la noce, il l'a fait quand même. C'est comme ça ici. Il m'a plaqué une main sur le nez et la bouche, je ne pouvais plus respirer. Je me suis mise à saigner. Je ne sais plus d'où venait le sang. De mes cris ou des coups que je recevais sur le visage.»

Selon l'enquête, quand les femmes parviennent à faire annuler un mariage forcé, elles n'ont pas d'autre choix que de revenir dans leur propre famille, où elles seront en général encore plus mal traitées qu'avant.

De plus, il apparaît que les victimes ont du mal à s'adresser aux forces de l'ordre, tellement elles ne s'attendent pas à être protégées.

Le texte rapporte l'histoire d'une femme à qui la police locale faisait subir harcèlement et chantage parce qu'elle avait hébergé une lesbienne qui s'était enfuie de chez elle.

Le mariage comme couverture

L'enquête révèle que quelques-unes des femmes qui y ont participé ont décidé de contracter un mariage fictif. Une telle union se conclut habituellement avec un homme homosexuel ou bisexuel, qui n'est pas suspecté d'avoir une orientation autre qu'hétérosexuelle.

Selon le récit de l'une des répondantes, ce n'est pas parce qu'elles se marient que les femmes homosexuelles échappent au contrôle de leur famille.

Une Tchétchène se souvient que son frère, qui travaillait dans la police, la soupçonnait d'avoir fait un mariage fictif. Selon ses dires, il aurait promis de vérifier qu'elle était enceinte après son mariage avec un homme qu'il soupçonnait d'être gay.

Cette répondante, complétant ce que disaient d'autres personnes, a aussi affirmé que les autorités locales ont une liste des personnes homosexuelles, qu'elles peuvent utiliser à tout moment pour les poursuivre ou les faire chanter.

Le mariage fictif est une stratégie qui permet d'éviter la violence, mais qui ne marche pas à tous les coups. Une femme tchétchène a ainsi raconté aux enquêteurs que son «mari» s'était mis à la régenter, et l'avait même obligée à interrompre sa grossesse.

«Cette forme dure de patriarcat est transmise non seulement par les hommes hétérosexuels, mais aussi par les hommes gays ou bisexuels. Ils perpétuent ces tentatives d'exercer un contrôle total sur les femmes ainsi que des pratiques violentes», est-il écrit dans le rapport.

Les femmes homosexuelles restent invisibles

Le sort des homosexuels dans le Caucase du Nord a attiré l'attention de la communauté internationale après la publication en 2017 d'un rapport de Russian LGBT Network et les révélations du journal russe «Novaïa Gazeta» sur les homosexuels détenus en masse et assassinés en Tchétchénie.

Reste que les médias se sont, dans l'ensemble, limités au cas des hommes homosexuels en Tchétchénie.

A la fin de leur enquête, les intervieweurs demandent à ces femmes que ce qu'elles envisagent pour l'avenir.

«Je vais me chercher un mari qui soit aussi un ami, faire un enfant, et plus personne ne pourra rien me faire», répond une femme tchétchène. «Je vais me marier et partir loin d'ici. Je vais fonder ma propre famille. Avec mon meilleur ami, qui me couvrira. Il va prendre mon amoureuse comme seconde épouse.»

Les enquêteurs disent avoir perdu contact avec une femme après l'avoir interviewée, tandis qu'une autre, qui avait auparavant tenté de s'enfuir de chez elle, est morte «d'empoisonnement», selon sa famille, avant la publication de l'étude.

Les défis de la localisation du harcèlement de rue au Sri Lanka vont au delà de la simple collecte de statistiques

mercredi 13 mars 2019 à 16:52

“Nous ne sommes pas préparées à réagir.”

Image via Groundviews.

Cet article de Raisa Wickrematunge a initialement été publié sur Groundviews, un site de journalisme citoyen primé au Sri Lanka. Une version révisée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu avec Global Voices.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes en 2016, Groundviews, une organisation de média citoyen, a localisé les incidents de harcèlement de rue au Sri Lanka n'ayant pas été signalés à la police. Celles qui ont participé avec leurs témoignages à la création de cette carte ont décrit des expériences qui, même des années plus tard, restent douloureuses ou effrayantes.

Pour la Journée internationale des femmes 2019, Groundviews a tenté d'établir les différences existant entre les cas de harcèlement de rue vécus par les femmes et les statistiques policières disponibles. Bien que l’abrégé des crimes graves disponible sur le site internet de la police sri-lankaise contienne des statistiques sur les viols, les atteintes sexuelles sur mineurs et les abus sexuels, il ne fait aucune mention particulière du harcèlement de rue. Afin de déterminer plus précisément quelles statistiques étaient disponibles sur le harcèlement de rue pour l'année 2018, Groundviews a déposé des demandes de renseignements auprès du quartier général de la police sri-lankaise et de son service chargé du tourisme. Les soupçons de Groundviews quant au fait que la police n'a pas enregistré les statistiques sur le harcèlement de rue se sont révélés partiellement exacts.

La carte ci-dessous (cliquez ici pour la voir plus en détail) fait état des statistiques dont dispose la police sur les abus sexuels : 2312 incidents d'abus sexuels ont été signalés en 2018, dont 17 par des touristes.

L'unité de police chargée du tourisme et le Bureau de la prévention des violences faites aux femmes et aux enfants (Women and Child Abuse Prevention Bureau) ont tous les deux demandé à Groundviews d'examiner les rapports de police. Il serait impossible, d'un point de vue logistique, de publier ces informations car les agents responsables des deux unités devraient passer au peigne fin l'équivalent d'une année entière de documents manuscrits. Leur tâche aurait été plus facile et plus rapide si les registres avaient été numérisés, mais il semble que seul pas vers le XXIe siècle réalisé par la police sri-lankaise soit le fameux rapport des crimes graves, même si son format PDF n'est pas facile à consulter, et s'il ne définit pas la signification des différences entre les catégories (comme par exemple ce qui constitue ou non un abus sexuel).

Chaque division a également recueilli les données différemment. Le Bureau de la prévention des violences faites aux femmes et aux enfants s'est trouvé dans l'incapacité totale de fournir des statistiques sur le harcèlement de rue — classé dans leurs données dans la large catégorie des abus sexuels.  Le quartier général de la police détenait un registre distinct qui recensait le nombre total de cas d'abus sexuels signalés en 2018 et c'est ce document qui a été remis à Groundviews, l'agent en charge a tout de même précisé qu'il était impossible d'obtenir des détails sur chaque incident signalé.

De son côté, l'unité chargée du tourisme a tenu ses propres registres, ce qui lui a permis de fournir un rapport détaillant chaque incident qui comprenait  les cas de harcèlement de rue, d'exhibitionnisme, d'agression sexuelle et de viol. L'agent chargé de ce registre a souligné que les dépôts de plainte pour vol étaient bien plus nombreux que ceux pour harcèlement parmi les touristes.

Les recherches révèlent cependant que le harcèlement de rue est courant — et pas uniquement pour les touristes. Une étude du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) datant de 2015 révèle que 90 pour cent des femmes interrogées avaient été victimes de harcèlement de rue en prenant les transports en commun. Parmi ces incidents, 74 pour cent étaient de nature physique et comprenaient des attouchements non souhaités.

Le fait que les victimes qui osent signaler ces incidents à la police ou qui parlent ouvertement du harcèlement de rue soient souvent elles-mêmes la cible d'attaques, notamment sur internet, complique la situation.  Les réactions au tweet de la directrice exécutive Malki Opatha, sur sa propre expérience du harcèlement de rue se sont rapidement transformées en condamnation de la victime, avec de nombreux twittos lui demandant pourquoi elle avait choisi de s'asseoir près de la fenêtre dans le bus, tandis que d'autres lui disaient qu'elle aurait dû crier sur son agresseur.

18.12.18 #metoo
J'ai été harcelée en rentrant chez moi.

Je me suis levée de mon siège près de la fenêtre, j'avais envie de crier, j'avais envie de hurler !

Je ne pouvais crier, je ne pouvais pas hurler, j'étais traumatisée & je n'arrivais pas à parler.

Il s'en est sorti !

Ça fait deux jours et ça me hante toujours

En réponse, Malki a réalisé une vidéo dans laquelle elle explique pourquoi elle n'a pas réagi face à la personne qui la harcelait : “Nous ne réagissons pas parce que nous ne sommes pas prêtes. Même si nous savons que le harcèlement dans les transports en commun existe, nous ne savons pas comment réagir. On panique. Nos corps se figent. Même si nous voulons crier, parfois cela nous est impossible.”

Malgré ce type de témoignage éloquent, les commentaires d'une campagne récente de l'UNFPA sur le harcèlement de rue, qui a coïncidé avec la campagne internationale 16 jours d'action contre la violence sexiste, ont tout de même révélé de nombreux détracteurs qui rejetaient la faute sur celles et ceux qui parlaient ouvertement leurs expériences en les accusant de vouloir “attirer l'attention”.

“Avec ton maquillage, il aurait pu croire que tu étais quelqu'un. Je n'aime pas [les femmes qui] se maquillent trop. Et d'ailleurs, pourquoi c'est toi qu'il harcèle ? Tu es la seule fille dans le bus ? Il n'y en a pas d'autres ??” peut-on lire dans l'un des commentaires.

“Il a seulement demandé [son] numéro”, dit un autre commentateur. “Elle ne sait pas pourquoi il l'a fait. Je crois que c'est peut-être parce qu'il a gagné sa confiance, il voulait qu'ils deviennent amis. Garde l'esprit positif… est-ce que demander le numéro d'une fille c'est aussi du harcèlement sexuel ?”

À en juger par les commentaires, nombre des jeunes hommes sur le fil de discussion ne considèrent pas le harcèlement de rue comme un problème grave. La police non plus, semble-t-il. Bien que l'objectif de Groundviews ait été de localiser le harcèlement de rue, à l'instar de son projet de 2016, ils n'ont pu y parvenir, pour des raisons allant bien au delà de la simple collecte de statistiques.

Dans le cadre de recherches sur les violences fondées sur la technologie, Groundviews a appris lors des discussions de groupes que les méthodes de la police ainsi que celles de son département de police criminelle provoquent souvent un nouveau traumatisme pour les victimes qui tentent d'obtenir une forme de réparation. Il est pas inconcevable qu'il en soit de même pour les violences qui se produisent hors-ligne. “.

Actuellement, les personnes qui déposent plainte — y compris celles pour abus sexuels et violences — sont face à un système de signalement pour ces crimes, qui n'est ni conçu pour elles ni adapté à leurs besoins. Des programmes continus de sensibilisation à l'égalité des sexes, une éducation sexuelle et aux relations complète en milieu scolaire et la numérisation des rapports de police seraient un bon point de départ pour commencer à résoudre ces inégalités.

Le journaliste et défenseur des droits humains Luis Carlos Díaz détenu par les services de renseignement au Venezuela

mardi 12 mars 2019 à 22:50

Sa remise en liberté est réclamée au Venezuela et au-delà

Luis Carlos Díaz. Photo prise de son profil public Facebook.

Aux petites heures du matin le 12 mars, il a été confirmé que le journaliste vénézuélien Luis Carlos Díaz était entre les mains du Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional (SEBIN), le service de renseignements du Venezuela.

Sa femme, Naky Soto, commentatrice politique elle aussi bien connue, avait signalé sa disparition plusieurs heures auparavant.

Le mot-clic #DondeEstaLuisCarlos (Où est Luis Carlos ?) a laissé place à #LiberenaLuisCarlos (Libérez Luis Carlos) devenu très rapidement le sujet en tête de tendance sur la twittosphère vénézuélienne, et au rang des top tweets au niveau mondial.

Luis Carlos est de longue date un membre apprécié de la communauté de Global Voices. Depuis plus d'une décennie, il œuvre à défendre la liberté d'expression et l'usage des réseaux numériques pour maintenir l'accès public à l'information au milieu de l'actuelle crise du Venezuela. Soto et lui animent aussi un programme vidéo immensément populaire (d'abord sur YouTube, à présent sur Patreon) où ils proposent leurs commentaires et leur humour politiques.

Luis Carlos est célèbre à Global Voices pour son esprit, ses qualités de collaborateur et de pédagogue, et sa capacité unique à comprendre et expliquer l'environnement complexe de la communication numérique au Venezuela.

Selon Marco Ruiz, un membre du SNTP (le Syndicat national des travailleurs de la presse) qui était présent à un rassemblement devant les bureaux du procureur public dans la matinée du 12 mars, des agents du SEBIN ont fouillé l'appartement de Diaz et Soto et confisqué plusieurs appareils électroniques :

URGENT ! Une commission du SEBIN a fouillé le logement de Luis Carlos Diaz. Ils ont emporté des ordinateurs, des clés USB, des téléphones portables et de l'argent, entre autres choses. Ils ont permis à Diaz d'être présent, menotté. Il a relaté avoir été frappé pendant son arrestation, à 17h30 le 12 mars.

Luis Carlos Díaz et sa femme, la commentatrice politique Naky Soto, qui a demandé aux gens de se joindre à elle au bureau du procureur pour demander la remise en liberté de Diaz. Photo prise du profil public de Diaz sur Facebook.

Après que les policiers ont perquisitionné leur appartement et sont repartis en emmenant Díaz avec eux, Soto a lancé un appel sur Twitter, demandant aux gens de l'accompagner au bureau du procureur le 12 mars et demander la remise en liberté de son mari.

Naky Soto a indiqué à Global Voices par WhatsApp que Diaz avait été menacé des jours avant son arrestation. Selon le média en ligne Clases de Periodismo, Diaz était menacé par des comptes Twitter pro-gouvernementaux depuis que les responsables politiques prétendaient publiquement que Díaz avait un rôle dans l'orchestration de la coupure de courant qui a privé une grande partie du Venezuela d'électricité pendant des jours. Des affirmations dépourvues de preuves.

Des représentants de Provea (Programme d'éducation-action pour les droits humains) étaient aussi présents pendant la perquisition du SEBIN et ont recueilli le témoignage de Naky Soto :

Soto pudo conversar brevemente con Díaz, quien le relató que habría sido detenido cuando se desplazaba […] cuando se desplazaba en bicicleta a su domicilio. Asimismo, le confirmó que habría sido víctima de tratos crueles y degradantes durante su detención. La información suministrada por los funcionarios durante el allanamiento es que Díaz, supuestamente, habría cometido “delitos informáticos”.

Soto a pu converser brièvement avec Díaz, qui lui a dit qu'il avait été arrêté pendant qu'il rentrait chez lui à bicyclette. De la même manière, il lui a confirmé qu'il avait été victime de traitements cruels et dégradants pendant sa détention. L'information fournie par les agents pendant la perquisition était que Díaz avait, prétendument, commis des “délits informatiques”.

Le rapport ajoutait que Soto, qui se remet d'un cancer du sein, était également recherchée par les autorités :

Según el testimonio, los funcionarios habrían informado que Soto también se encontraba en la orden de aprehensión, pero que debido a su condición (paciente oncológico) no iban a proceder en los momentos. Sin embargo, “si denunciaba, la vendrían a buscar”.

Selon le témoignage, les agents ont informé Soto qu'elle faisait aussi l'objet d'un ordre d'arrestation, mais qu'à cause de sa maladie (patiente oncologique) ils n'y procéderaient pas pour le moment ; mais “si elle dénonçait, ils viendraient la chercher”.

La journaliste Luz Mely Reyes a relaté les événements et partagé la vidéo avec le témoignage de Soto :

#LibérezLuisCarlos Elle, c'est Naky. Elle est une malade du cancer. Son mari, le journaliste et militant des droits humains [Luis Carlos Díaz] a été arrêté le 11 mars par le SEBIN. Naky sera dans quelques heures au siège de la Fiscalia (les bureaux du procureur) pour exiger la totale liberté pour Luis Carlos. (Fil détaillé)”

Quelques heures plus tard, Soto était accompagnée par les membres de Provea, le SNTP et d'autres soutiens. Dans son témoignage public, elle a dénoncé la ‘détention arbitraire” de Díaz, ajoutant :

“Nous exigeons sa complète remise en liberté et nous voulons demander à la Commission des droits humains à Caracas de nous aider à savoir comment il va physiquement et psychologiquement.”

Naky Soto, l'épouse de Luis Carlos Díaz, a assuré que le militant a été arrêté avec pour preuve une vidéo retouchée fabriquée à partir d'une autre qui avait été partagée par lui [sur les médias sociaux)]. “Le procès-verbal dit qu'il a été pris en flagrant délit, alors qu'il circulait sur sa bicyclette. Ils ont beau essayer, il n'y a aucun moyen de l'accuser.”

A 15h heure locale le 12 mars, Díaz était toujours en garde à vue et n'était officiellement inculpé de rien.

La communauté Global Voices continuera à suivre les développements de l'affaire et à rester solidaire de Luis Carlos et de sa famille.

Netizen Report : levée de boucliers face aux projets européens de censure préalable des violations de droits d'auteur et des contenus « terroristes »

mardi 12 mars 2019 à 16:22

Manifestation le 2 mars à Berlin contre l'article 13 de la nouvelle directive européenne sur le droit d'auteur. Photo de Tim Lüddemann, (CC BY-NC-SA 2.0.)

Le Netizen Report de Global Voices Advox offre un aperçu des défis, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques à travers le monde. Ce numéro couvre des informations et événements qui concernent la période du 29 février au 8 mars 2019.

Le 2 mars 2019, près de 5 000 personnes ont bravé les fraîches températures berlinoises pour protester contre un projet européen de réglementation du droit d'auteur qui pourrait radicalement modifier notre façon de poster et partager du contenu en ligne.

La dernière version en date de la Directive européenne sur le droit d'auteur exigerait des plateformes digitales telles que YouTube qu'elles installent des « filtres de mise en ligne » — un système qui empêcherait les utilisateurs de mettre en ligne des contenus protégés par les droits d'auteur, imposant de facto un système de « censure préalable » sur les principales plateformes et médias sociaux du Net.

Sur les pancartes colorées brandies par les manifestants, on pouvait lire entre autres « Nous ne sommes pas des bots », « Des filtres à particules plutôt que des filtres de mise en ligne » et « Sauvez Internet », tandis que retentissaient les paroles de la chanson « Wir sind keine bots » (Nous ne sommes pas des bots) composée par le YouTubeur Willboy spécialement pour l'occasion. La chanson, mise en ligne la veille de la manifestation, est rapidement devenue virale avec plus de 500 000 vues en quelques jours.

Que la Directive sur le droit d'auteur soit adoptée ou non, la bataille sera loin d'être terminée pour les défenseurs des libertés numériques, qui devront se mobiliser à nouveau chaque fois que l'on envisagera de faire appel à des solutions techniques automatisées pour régler des questions liées au contenu en ligne.

Un comité de la Commission européenne chargé de s'attaquer aux « contenus à caractère terroriste » en ligne a proposé une solution similaire prévoyant d’obliger les plateformes en ligne à s'équiper d'outils automatisés pour « détecter, identifier et retirer ou désactiver avec diligence l'accès au contenu à caractère terroriste ».

Le projet de règlement exige une suppression plus agressive des « contenus à caractère terroriste » (dont la définition demeure vague) et des délais de réponse rapides pour leur retrait. Mais il n'instaure pas de juridiction dédiée ou autre mécanisme judiciaire pouvant offrir des lignes de conduite aux entreprises peinant à évaluer des contenus en ligne complexes.

Au contraire, il contraindrait les fournisseurs de services d'hébergement à user d'outils automatisés pour prévenir la diffusion de « contenus à caractère terroriste » en ligne. Ce qui exigerait des entreprises qu'elles utilisent le type de système déjà mis en place de son propre chef par YouTube, qui a par le passé censuré des preuves de violations des droits humains et de crimes de guerre.

Cette proposition européenne ainsi que la Directive sur le droit d'auteur placent toutes deux leur foi dans ces outils, faisant peu de cas des inquiétudes quant aux conséquences qu'ils pourraient avoir sur la liberté d'expression, le journalisme et l'information publique.

Lors d'une conférence publique au mois de janvier, Evelyn Austin, qui travaille pour l'organisation néerlandaise de défense des libertés numériques Bits of Freedom, a fait part de ses profondes inquiétudes quant aux politiques empruntant le chemin de la censure préalable automatique :

We see as inevitable a situation in which there is a filter for copyrighted content, a filter for allegedly terrorist content, a filter for possibly sexually explicit content, one for suspected hate speech and so on, creating a digital information ecosystem in which everything we say, even everything we try to say, is monitored.

Il nous paraît inévitable d'en arriver à un point où il existe un filtre pour les contenus protégés par droit d'auteur, un filtre pour les contenus considérés comme terroristes, un filtre pour les contenus pouvant s'avérer de nature explicitement sexuelle, un autre pour les discours potentiellement haineux, et caetera, créant ainsi un écosystème de l'information numérique dans lequel tout ce que nous disons, et même essayons de dire, est sous surveillance.

Des militants des droits humains et journalistes égyptiens ciblés par des logiciels espions

En Égypte, des dizaines d'activistes des droits humains et de journalistes ont été victimes d'attaques par phishing depuis le début de l'année, comme le révèle une enquête d'Amnesty International. Les courriels utilisaient une technique d’hameçonnage appelée OAuth, qui permet à des logiciels tiers malveillants de piéger les utilisateurs afin d’obtenir l’accès à leurs comptes.

Les attaques recensées ont coïncidé avec divers événements du calendrier politique, dont la visite du président français Emmanuel Macron, dans un contexte de répression accrue contre la société civile menée par le Président Sissi.

En Égypte, le photographe Shawkan enfin libéré

Après plus de cinq ans derrière les barreaux, Mahmoud Abu Zeid, également connu sous le nom de Shawkan, a été libéré de prison le 4 mars dernier. Shawkan avait été arrêté en août 2013 alors qu'il photographiait la manifestation de Rabaa El Adaweya, au cours de laquelle les partisans de l'ancien président égyptien Mohamed Morsi s'étaient rassemblés pour protester contre le coup d’État qui a mis fin à sa présidence le 3 juillet de la même année. Au moment de disperser la manifestation, les forces de sécurité égyptiennes auraient tué au moins 817 personnes et blessé de nombreuses autres, selon l'organisation Human Rights Watch.

Shawkan, qui travaillait pour l'agence Demotix au moment de son arrestation, a passé près de quatre ans en détention provisoire avant de recevoir sa condamnation.

Un blogueur algérien remis en liberté après deux ans de prison

Le 4 mars également, en Algérie, un tribunal à Skikda a réduit la peine de prison du blogueur Merzoug Touati et l'a libéré. Touati était détenu depuis janvier 2017 pour avoir couvert des manifestations contre l'austérité. Il avait été condamné en mai 2018 à dix ans de prison, reconnu coupable d'avoir fourni « des renseignements à des agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie ou à ses intérêts économiques essentiels » pour avoir mené et mis en ligne l'interview d'un dignitaire israélien.

Sa libération intervient dans un contexte de manifestations à l'échelle nationale. Depuis la mi-février, les Algériens descendent dans la rue pour protester contre le déclin économique de leur pays et réclamer le retrait du président algérien actuel Abdelaziz Bouteflika de la course aux élections nationales à venir.

Un vidéaste militant tadjik arrêté puis relâché

Le cyberactiviste Sharofiddin Gadoev est de retour en Europe, après avoir été enlevé au Tadjikistan, selon toute vraisemblance avec la coopération des forces de sécurité en Russie, où il voyageait le mois dernier.

Sharofiddin Gadoev fait partie de l'opposition tadjike, dont les membres — basés à l'étranger — sont très actifs sur le Net malgré un harcèlement constant. Le 15 février dernier, dans une étrange vidéo, il annonçait être arrivé au Tadjikistan de son propre gré et coopérer avec les autorités. Lorsque des diplomates des Pays-Bas — où Sharofiddin Gadoev a obtenu l'asile — se sont enquis de son sort, les autorités du Tadjikistan ont confirmé qu'il avait été arrêté, sans préciser pour quel motif.

Par chance, le militant avait précédemment tourné une autre vidéo dans laquelle il demandait à ses soutiens d'ignorer les propos qu'il pourrait tenir si jamais il était extradé de force au Tadjikistan, confirmant qu'il n'avait aucune intention de s'y rendre. La publication de cette vidéo étrangement visionnaire le 19 février, ainsi que la pression des diplomates occidentaux et des ONG internationales, semblent avoir accéléré la libération de Sharofiddin Gadoev le 2 mars — de façon aussi théâtrale et inattendue que sa capture.

Le conflit indo-pakistanais plonge le Net dans un chaos de désinformation

Alors que les tensions militaires entre le Pakistan et l'Inde explosaient dans le sillage du bombardement meurtrier du 14 février à Pulwama, en Inde, et des manœuvres de représailles ayant suivi des deux côtés de la frontière, la désinformation a atteint des sommets sur le Net. Les groupes de fact-checking des deux pays ont mis les bouchées doubles pour faire face à l'avalanche de fausses informations et d'images truquées. Dans les colonnes du New York Times, Farhad Manjoo décrit la réaction des médias en ligne :

Whether you got your news from outlets based in India or Pakistan during the conflict, you would have struggled to find your way through a miasma of lies…

Many of the lies were directed and weren’t innocent slip-ups in the fog of war but efforts to discredit the enemy, to boost nationalistic pride, to shame anyone who failed to toe a jingoistic line. The lies fit a pattern, clamoring for war, and on both sides they suggested a society that had slipped the bonds of rationality and fallen completely to the post-fact order.

Que l'on suive des médias basés en Inde ou au Pakistan durant le conflit, il fallait dans tous les cas se démener pour démêler le vrai du faux…

Nombreux étaient les mensonges ciblés, qui n'étaient pas d'innocentes erreurs survenues dans le brouillard de la guerre, mais au contraire le résultat d'efforts pour discréditer l'ennemi, nourrir le sentiment nationaliste et décrédibiliser quiconque s'éloignerait de la rhétorique chauvine de mise. Ces mensonges suivaient un certain modèle, acclamant la guerre, ce qui suggérait des deux côtés l'avènement d'une société s'affranchissant du rationnel et tombée complètement dans l'ère du post-factuel.

Les autorités tanzaniennes suspendent le journal et site d'informations The Citizen

Le 27 février, les autorités tanzaniennes ont ordonné une suspension de 7 jours à l'encontre du journal et site d'informations indépendant The Citizen, au motif que le média avait enfreint les interdictions du publier de fausses informations et statistiques. A l'origine de ces allégations, un papier daté du 23 février sur la chute du shilling tanzanien.

Le Comité de Protection des Journalistes, la Fédération Internationale des Journalistes et la Fédération des Journalistes Africains ont unanimement condamné cette décision.

Au Kenya, les défenseurs de la vie privée continuent de repousser le projet de registre unique des identités

Les organisations de défense des droits se mobilisent pour empêcher la mise en place d'un nouveau registre numérique de gestion d'identité à échelle nationale, qui selon elles porte atteinte aux droits à la vie privée, à l'égalité, la non-discrimination et la participation publique des Kényans.

Le Système national intégré de gestion de l’identité (NIIMS) fusionne plusieurs registres existants, rassemblant ainsi les données liées aux naissances et décès, aux statuts d'immigration, aux passeports et à l'historique des conducteurs. Ce nouveau système permet également au gouvernement de collecter les données de géolocalisation du domicile des citoyens ainsi que des données biométriques telles que l'ADN. La loi ne prévoit aucune mesure de protection de ces données personnelles.

L’Équateur cherche à bannir les « fausses informations » et les « publications abusives » 

Une loi présentée au Parlement en Équateur pourrait criminaliser les utilisateurs partageant des informations « fausses » sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, la Loi sur un Usage responsable des réseaux sociaux permettrait aux victimes de « publications abusives » — définies comme l'utilisation d'informations d'une personne sans son accord ou d'informations portant atteinte à l'honneur, la dignité, au nom ou à la vie privée d'une personne — de porter plainte contre leurs auteurs.

Sur une note plus positive, la loi exige également que tout individu ou entreprise souhaitant collecter et conserver des données personnelles en obtienne la permission préalable de l'utilisateur.

 

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@ActLenguas : Sasil Sánchez Chan se concentre sur les médias numériques en maya, du 11 au 17 mars 2019

mardi 12 mars 2019 à 11:55

Photographie fournie par Sásil Sánchez Chan.

En 2019, nous avons décidé d'inviter différents hôtes à piloter le compte Twitter @ActLenguas (activisme linguistique) et à partager leur expérience sur la revitalisation et la promotion de leur langue natale. Cette semaine, nous nous sommes entretenus avec Sasil Sánchez Chan (@Iussasil).

Rising Voices (RV): Pouvez-vous nous parler de vous ?

Me llamo Sasil Sánchez Chan, soy de Xaya, Tekax, Yucatán. Soy hablante nativa del maya peninsular, me dedico a escribir y a promover el uso del idioma, con enfoque en medios de comunicación.

Je m'appelle Sasil Sánchez Chan. Je viens de Xaya, à Tekax, dans le Yucatán. Ma langue maternelle est le maya [fr]. et je suis impliquée dans l'écriture et la promotion de l'usage de ma langue, surtout dans les médias.

RV : Quel est l'état actuel de votre langue sur et en dehors d'Internet ?

Actualmente la lengua maya ha tenido presencia en redes sociales, mayormente en Facebook. Afortunadamente, en estos años, ha habido una ola de promoción y fortalecimiento por parte de los mismos hablantes, en ámbitos como la literatura y la música, en especial el rap.

Le maya est actuellement présent sur les réseaux sociaux, surtout sur Facebook. Heureusement, ces dernières années, il y a eu une vague de promotion et de renforcement de la langue par les locuteurs eux-mêmes dans des domaines comme la littérature et la musique, essentiellement le rap.

RV : Sur quels sujets allez-vous communiquer sur @ActLenguas ?

Me gustaría enfocarme en datos fríos sobre el idioma, compartir perfiles de personas que también trabajan por la lengua maya, compartir contenidos y actividades que se realizarán o realizarán en la semana que me corresponde.

Je voudrais me concentrer sur les données brutes sur la langue, partager des profils de gens qui travaillent aussi pour le maya et du contenu et des activités qui auront lieu pendant cette semaine-là.

RV : Qu'est-ce qui motive votre militantisme linguistique pour le maya ?

Mi principal motivación es que mi idioma alcance un nivel más alto en cuanto a la presencia en los medios digitales, tomándolo como una herramienta que permita comenzar un proceso de alfabetización para quienes no han podido acceder a ello y también como una forma de tener un registro sobre la situación del idioma actualmente.

Ma principale motivation est que ma langue atteigne une présence encore plus importante dans les médias numériques, de facon à faire de ceux-ci un outil pour démarrer un processus d'alphabétisation pour ceux qui n'ont pas pu accéder [à la langue] et pour garder une trace de la situation actuelle du maya.

RV : Qu'espérez-vous pour votre langue ?

Sueño con que existan más medios en donde mi idioma pueda estar presente y que en un futuro pueda decir que existe desde plataformas hasta programas y contenido no solo en maya, sino en gran cantidad de lenguas originarias.

Je rêve qu'il existe plus de médias dans lesquels ma langue puisse être présente, et que dans le futur, je puisse dire que tout, depuis les plate-formes aux programmes et aux contenus existent non seulement en maya, mais dans un grand nombre de langues autochtones.