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La “révolte du vinaigre” secoue le Brésil

dimanche 16 juin 2013 à 23:26

La vague de protestations contre l'augmentation des tarifs du transport public n'est déjà plus un évènement restreint à São Paulo (NdT: d'où est parti le mouvement), elle est en passe de devenir un mouvement national appelé Revolta do Vinagre ou “révolte du vinaigre”. Ce nom vient du fait que les manifestants se servent d'un tissus imprégné de vinaigre pour se protéger le visage des effets du gaz lacrymogène lancé par la police.

Le journaliste Piero Locatelli, du magazine Carta Capital, qui couvrait les manifestations, a même été arrêté pour “transport de vinaigre”, comme le montre la vidéo ci-dessous. La prochaine manifestation, prévue pour lundi 17 juin, a déjà été ironiquement baptisée “Marche pour la légalisation du vinaigre” .

De manière générale, les manifestants étaient vus, au début, comme des “fauteurs de troubles” et des “vandales” par les médias, mais cette même couverture médiatique a peu a peu changé au rythme des témoignages relayés par les médias citoyens, au fur et à mesure que ceux-ci gagnaient de la voix sur internet.  Les témoignages de la violente répression menée par la Police Militaire se sont répandus sur la blogosphère. Le tumblr feridosnoprotestosp.tumblr.com (NdT: Bléssésdanslamanif.tumblr.com) a été mis en ligne pour dénoncer les cas de violences contre les manifestants. Sur Twitter, le mot-clic #pimentavsvinagre (NdT: #lacrymogènesvsvinaigre) est suivi par tous les internautes. Par ailleurs, on peut aussi voir sur YouTube des vidéos telle que celle-ci, qui montre la violence de la police en pleine Rua Augusta, l'une des plus chic de São Paulo et dont l'auteur est le blogueur de Global Voices, Raphael Tsavkko:

Toujours sur YouTube, la chaîne d' Anonymous Brasil a publié une vidéo avec différentes images de ce qui s'est passé à São Paulo, appelant la population à sortir dans les rues :

ça bouge aussi dans d'autres villes brésiliennes
Movimento Passe Livre São Paulo/Facebook

Quarta manifestação contra aumento da passagem de ônibus em São Paulo/Movimento Passe Livre São Paulo/Facebook

Depuis le jeudi 17 juin, jour de la quatrième manifestation du Mouvement Passe Livre-São Paulo (NdT: qui milite pour une gratuité totale des transports) a eu lieu, des manifestants d'autres capitales (NdT: le brésil étant un état fédéral, chaque état est dirigé par une capitale) telles que Rio de Janeiro (état du même nom) et Porto Alegre (Rio Grande Do Sul) se sont mobilisés pour sortir dans les rues, rencontrant alors une forte répression policière. Néanmoins, même si les manifestations du mois dernier ont eu une grande répercussion nationale et internationale, elles ont un lien avec d'autres mouvements contre des augmentations de tarif des tickets de bus qui ont déjà eu lieu aux quatre coins du pays depuis l'année dernière.

A Natal, capitale du Rio Grande do Norte, le mouvement qui a pris le nom de “Revolta do Busão” ou “Révolte du bus”, a commencé en septembre 2012, lorsque des jeunes ont occupé un terminal ainsi que les rues principales de la ville pour protester contre l'augmentation des prix du bus. Cette année, lorsque la nouvelle équipe municipale du maire Carlos Eduardo a tenté de remettre à l'ordre du jour l'augmentation, les jeunes sont revenus dans les rues.Tout comme dans les autres capitales, la presse avait alors parlé de vandalisme. La manifestation du 15 mai 2013 avait été réprimée avec violence par la police comme le montre cette vidéo de la chaîne Coletivofoque :

Des activistes de Anonymous ont occupé le site du Syndicat des Entreprises de Transports Urbains de la Municipalité de Natal (SETURN), la compagnie de transport public de la ville, et ont publié une note invitant la population à la prochaine manifestation prévue pour le 20 juin.

A Porto Alegre, capitale do Rio Grande do Sul, des citoyens ont réussi à faire annuler la décision d'augmentation en investissant les rues en mars 2013. Sous la pression de la rue, le réajustement a été suspendu par une injonction judiciaire en avril. Cependant, il y aura un autre jugement qui pourrait renverser cette décision dans deux semaines. L'Association des Transporteurs de Passagers (ATP), l'entreprise responsable du transport public dans la ville attend le résultat du jugement en appel. La proposition de l'entreprise est d'augmenter le tarif de 2,85 R$ à 3,05 R$ (de 0,98 à 1,06 Euro).

Pour faire pression contre l'augmentation, une marche suivant les rues principales de la capitale gaúcha a eu lieu jeudi, le 13. La Police Militaire a répondu avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, comme le montre la vidéo publiée par le Coletivocatarse:

Il y a eu des témoignages selon lesquels certains manifestants auraient endommagé un container à ordures et cassé des phares de bus et que 23 personnes, dont 18 hommes et 5 femmes auraient été arrêtés. Une vidéo publiée sur YouTube par Jeronimo Menezes, montre des policiers armés entrant dans un bar du quartier de l'Avenue João Pessoa en menaçant les clients afin qu'ils dénoncent les personnes ayant participé à la manifestation :

A la veille de la Coupe des Confédérations, qui a lieu du 15 au 30 juin au Brésil et est la compétition qui précède la Coupe du Monde 2014, la lutte contre l'augmentation du prix des tickets de bus a été le détonateur de revendications autrement plus importantes, comme le rappelle le journaliste Luís Felipe dos Santos :

L'augmentation du prix du ticket est un prétexte pour la norme du Brésil en tant que pays émergent: le prix du service augmente, mais pas sa qualité. Le bus devient plus cher, mais une telle augmentation n'est pas justifiée – il est toujours aussi plein, il y a toujours des passagers qui se font tuer (comme à Rio), il est toujours en retard. Comme les bus, le logement aussi à augmenté et ne s'est pas amélioré. Le secteur de la santé a aussi augmenté ses tarifs et le service ne s'est en rien amélioré. L'éducation a augmenté et ne s'est pas non plus amélioré. Les prix des stades de foot sont devenus plus chers et rien ne s'est amélioré.

Débora Baldelli a collaboré à ce post

Iran: “Je suis content, mon vote a compté cette fois” (Vidéos)

dimanche 16 juin 2013 à 21:56
Happy they read my vote. Source:http://sokot-e-sard1.blogspot.cz/2013/06/blog-post_15.html

‘Je suis content, on a compté ma voix'. Via Sokot-E-Sardi1

Les Iraniens sur le web et dans les rues d'Iran (photo ci-dessus) disent [farsi] leur satisfaction que cette fois leurs votes à l'élection présidentielle de samedi ont été pris en compte. Le scrutin présidentiel de 2009 avait été suivi d'accusations généralisées de fraude et de manifestations contre le régime.

Hassan Rohani, un religieux de 65 ans, ancien négociateur du nucléaire, a remporté [anglais] l'élection sur un programme “d'espoir et de prudence”. M. Rohani, qui avait le soutien des réformistes iraniens pour l'élection présidentielle, affrontait cinq concurrents conservateurs. Il représentait Ali Khamenei, le Guide suprême, au Conseil de sécurité de l'Iran depuis 1989.

Les Iraniens ont fêté la victoire de Rohani dans différentes villes. Certains se sont aussi souvenus de leurs compatriotes morts il y a quatre ans, dans le mouvement de protestation massive qui avait éclaté après l'élection contestée.

Joie à Téhéran

Téhéran : Les prisonniers politiques doivent être libérés

Nama Jafari a partagé une vidéo où les gens scandent, “Dans le printemps de la liberté, la place de Neda est vide” en référence à Neda Agha Sultan, la jeune femme tuée il y a quatre ans.

“Les bassidji ont attaqué un jeune homme”

Une autre vidéo affirme que les milices des Bassidj ont attaqué un jeune homme qui célébrait la victoire de Rohani sur la place Vanak à Téhéran.

On danse à Machhad

La fête a fait bouger d'autres villes que Téhéran. Dans la ville religieuse de Machhad, cette vidéo montre des gens danser pour célébrer la victoire de Rohani.

VIDEO : Comment le Partenariat trans-pacifique pourrait affecter les internautes

dimanche 16 juin 2013 à 21:11

(Billet d'origine publié le 8 juin 2013) Une nouvelle vidéo d'animation émanant du groupe de défense des droits numériques Electric Frontier Foundation alerte que le mystérieux Partenariat trans-pacifique (TPP), un accord commercial global négocié par les Etats-Unis et dix gouvernements de la région Pacifique, pourrait avoir des conséquences inquiétantes pour les internautes.

Les négociations du traité, qui incluent la contribution d'entreprises, sont gardées secrètes, mais une version préliminaire divulguée [PDF] du traité datant de février 2011 et autres notes révélées ont donné raison à de nombreux défenseurs de s'inquiéter au sujet des dispositions d'application du droit d'auteur dans le chapitre de l'accord portant sur sur la propriété intellectuelle.

D'après le groupe, le traité pourrait faire de l'Internet un endroit intimidant pour les personnes et entreprises qui l'utilisent. L'accord pourrait encourager les fournisseurs d'accès à Internet à policer l'activité des internautes et bloquer du contenu légitime avec seulement une note privée du supposé détenteur du droit d'auteur afin de se protéger de toute responsabilité.

Cela pourrait aussi rendre illégal pour les utilisateurs le contournement des mesures techniques mises en place pour empêcher l'infraction au droit d'auteur, tel que le déblocage d'un téléphone mobile afin de le connecter à un autre opérateur ou la modification du format d'un livre électronique pour le rendre plus accessible à ceux qui ont un handicap.

La vidéo, titrée “TPP: la plus importante menace à l'Internet dont vous n'avez probablement jamais entendu parler”, est disponible sur YouTube et peut être vue ici :

#4M, les rencontres du journalisme et des médias sociaux

dimanche 16 juin 2013 à 20:41

 

atelier Claire Ulrich 4M

Claire Ulrich modératrice de l'atelier “Quelle place pour les blogueurs et journalistes citoyens dans les rédactions” à 4M 2013 Montpellier (photo Suzanne Lehn)

#4M2013, les 3èmes rencontres annuelles Journalisme et médias sociaux, viennent de se tenir du 12 au 14 juin 2013 à Montpellier, sur le thème : “Comment le développement numérique a-t-il transformé l'information ? L'information est-elle de meilleure qualité ?” en présence de nombreux intervenants venus du Moyen-Orient, d'Afrique, d'Asie, du Caucase et d'Europe. Huit jeunes blogueurs originaires de Thaïlande, Egypte, Syrie, Azerbaïdjan, Géorgie et France ont couvert la conférence. Retrouvez ici en français, anglais et arabe leurs reportages sur les débats, des entretiens, des photos. De prochaines éditions sont prévues cette année à Nairobi (Kenya), en Géorgie et, ultérieurement, au Liban.

Maroc : Qandisha, le “Magazwine” qui dérange

dimanche 16 juin 2013 à 20:38

Fedoua Miski vit à Casablanca et a lancé il y a un an et demi un nouveau webzine pour les femmes, marocaines ou non, Qandisha. A 32 ans, formée pour être médecin, c'est l'engagement pour les droits des femmes qui l'a poussée vers le journalisme engagé. Entretien avec la fondatrice d'un “Magazwine” (elle tient à ce mot) qui dérange au Maroc, lors de son passage à Montpellier pour les 3ème rencontres 4M des médias des deux rives de la Méditerranée, organisées par CFI (Canal France International) et Montpellier.

 

Fedoua Miski magazine qandisha

Fedoua Miski, fondatrice du “magazwine” Qandisha – Photo de l'auteur

 

Global Voices : Question habituelle, pourquoi avez-vous créé ce webzine pour les femmes ?

Fedoua Miski : Pour apporter quelque chose de différent. Il y a beaucoup de webzines au Maroc, mais c'est le premier webzine féminin sans le trio beauté-mode-cuisine habituel. C'est aussi un magazine collaboratif. Notre rédaction, c'est notre lectorat. Le sentiment d'appartenance au journal est plus important. A travers les sujets qu'on aborde, on a une étiquette engagées-militantes assez évidente. Les valeurs universelles, le respect des droits humains, des libertés individuelles. Plus concrètement, on voudrait pousser toutes les femmes qui le souhaitent à discuter et commenter l'actualité, qu'elle soit politique, sociale : encourager la prise de parole féminine. Dans nos pays arabo-musulmans, conservateurs, les femmes ont moins l'habitude de prendre la parole.

GV : Quel a par exemple été l'article le plus lu sur Qandisha ?

F.M. : Le témoignage d'une jeune femme à qui le syndic de son immeuble interdit de recevoir des amis hommes chez elle, à Agadir. On ne la laissait plus accéder à son appartement avec ses amis. Nous l'avons soutenue et encouragée à porter plainte, ce qu'elle a fait et cela a entraîné un débat sur la moralité et sur les libertés individuelles.  La femme marocaine n'a pas de libertés dans l'espace public, mais elle n'en a pas non plus chez elle. Les réactions ont été très diverses. Certains hommes et des femmes l'encourageaient à faire respecter ses droits, d'autres lui conseillaient de se plier aux règles sociales.

GV : Qui vous lit ?

F.M. : Peu de magazines ou webzines féminins au Maroc peuvent se targuer d'avoir autant de lecteurs masculins que nous. Parce que nos sujets sont sociétaux, politiques. Les hommes seraient plus tranquilles si on se consacrait à la mode, à la beauté et à la cuisine, ça les rassurerait. Et en même temps, beaucoup d'hommes nous soutiennent, au Maroc même. Il faut arrêter de croire que le Marocain est un macho primaire, il y en a beaucoup qui soutiennent l'émancipation de la femme. Dans nos statistiques, nous voyons que c'est de Casablanca que viennent le plus de lecteurs, et, au second rang, de Paris…Nos articles ont été repris par Courrier International, par Rue 89. Nous avons maintenant des contributrices françaises, tunisienne, algériennes. Ce serait génial si des femmes d'autres origines écrivaient (en français ou en arabe) chez nous.

GV : Vous avez rencontré des problèmes à cause de vos engagements et de vos articles ?

F.M. : Le site a été piraté deux fois, en représailles d'articles portant sur la religion ou sur la sexualité. Il a été piraté juste après la publication du témoignage d'un jeune homosexuel qui vit au Maroc. On a des commentaires anonymes, des menaces mais on s'y est habituées. Le camp adverse n'a pas d'arguments solides, il se sent ébranlé dans ses convictions.

GV: que signifie son nom, Qandisha ? 

F.M : C'est le nom d'une démone dans la mythologie locale. Une femme diabolisée parce qu'elle a dérangé. On savait qu'on allait être diabolisées, donc, on a pris ce nom d'une femme diable. La légende dit que cette femme rendait fou les hommes, les ensorcelait. En réalité, ce devait être une nana très belle ou très forte. On voulait l'isoler, donc, on l'a diabolisée.