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Chine : controverse autour d'un spot vidéo pour une agence matrimoniale

jeudi 13 février 2014 à 12:03

Les liens de cet article renvoient tous à des sites en chinois.

Lorsque Baihe.com, un des plus gros sites de rencontres en Chine, a lancé une campagne télévisée en apparence fine et émouvante, l'équipe de production n'avait sans doute pas imaginé provoquer un tollé sur la toile.

Le spot, sorti au moment du Nouvel An chinois, visait à promouvoir l'agence matrimoniale hors-ligne de Baihe. Le Nouvel An chinois, qui est un moment de rassemblement pour les familles du pays, est aussi une période difficile pour les jeunes célibataires qui ne supportent pas l'attention excessive portée à leur vie privée par les membres de leur famille. La publicité de Baihe arrivait donc à point nommé.

Screenshot of the commercial "Because Love Can't Wait"

Capture d'écran du spot “Par amour, je n'attendrai plus”

Dans la vidéo, on suit une jeune femme célibataire qui finit par se marier pour faire plaisir à sa grand-mère mourante. A chaque fois que l'héroïne rentre chez elle, la grand-mère lui demande si elle s'est mariée plutôt que de la féliciter de ses succès universitaires et professionnels. Le slogan final est le suivant : “Par amour, je n'attendrai plus”. Le message est clair – que l'on épouse ou non la bonne personne, tant que l'on se marie, on aura réalisé le voeu de sa famille, et le bonheur personnel doit être subordonné à celui de la famille.

Le spot a provoqué de nombreuses réactions négatives sur le net. Certains internautes trouvent en effet que Baihe met en avant des valeurs conjugales négatives en se servant de la pitié filiale comme moyen de pression. Le 6 février, une personne du nom de Cai Puning a organisé une campagne de protestation contre Baihe sur le site de microblogging Sina Weibo. En moins de deux jours, plus de 7 millions d'utilisateurs l'avaient rejoint dans son combat. Ensemble, ils ont exigé le retrait de la campagne publicitaire ainsi que des excuses publiques de la part de Baihe.

 “Lao Chao”, un utilisateur de Weibo, a posté le commentaire suivant :

在老外婆垂死前一声声催命似地追问下,女孩走进婚姻,又一个鲜活的生命成为亲情的殉葬品,“这是我见过的最恐怖最狼心狗肺的广告”。

A cause de sa grand-mère mourante qui la presse de se trouver un conjoint, la jeune femme s'est précipitée pour se marier et une existence pleine de vigueur a été sacrifiée par piété filiale. C'est la publicité la plus horrible et la plus ingrate que j'aie jamais vue.

Un autre internaute, “Gongda Houyuaner“, s'inquiète quant à lui du message d'inégalité entre les sexes que le spot véhicule :

其实逼婚并没有那么反感,但是通篇表达的性别歧视让人不满。否认女主角事业学业,只承认她的婚姻价值。

En vérité l'idée du mariage forcé ne me choque pas autant que l'expression de discrimination des genres présente dans la vidéo. Sa carrière universitaire est niée et on ne reconnaît de valeur qu'en son mariage.

Les 10 raisons de choisir (ou pas) un membre de Global Voices pour la Saint-Valentin

jeudi 13 février 2014 à 10:20

Les blogs et réseaux sociaux ont été envahis ces dernières semaines par plusieurs articles donnant quelques recommandations plus ou moins fondées avant de se lancer dans une relation avec des femmes qui voyagent, des hommes qui voyagent, des femmes qui lisent, des femmes qui ne savent pas lire et même des femmes arabes ! A notre tour de vous faire découvrir les conséquences d’une relation avec un traducteur ou auteur de la communauté Global Voices.

Conférence Global Voices à   Nairobi

Conférence Global Voices à Nairobi

 

REPAS 

Don’t date a GV : Absorbé(e) par une traduction il/elle aura tendance à oublier que le dîner est en train de cuire. Vous aurez beau lui rappeler à l’aide d’un « ça sent le cramé ! », les enfants auront beau s’impatienter avec un « quand est-ce qu'on mange ?? », il/elle restera « collé(e) à sa machine » pour finir l’écriture de son article

Date a GV : Même s’il/elle laisse « cramer » le dîner une fois sur deux, il/elle aura sûrement plein de recettes originales récoltées auprès de ses collègues guatémaltèques, maliens, zimbabwéens ou découvertes en traduisant un article sur les blogs de cuisine sub-saharienne.  

FAMILLE

Don’t date a GV : Vos soirées de lecture seront interrompues par des « Tu connaîtrais pas un synonyme de … ? » et vos soirées télé seront agrémentées de commentaires sur l'émission. Devant Masterchef, il/elle vous parlera de la disparition des producteurs indépendants de Tofu au Japon. Devant « L’amour est dans le pré », il/elle vous parlera des terribles conséquences sur les agriculteurs andins de l’augmentation de la consommation du quinoa.  

Date a GV : Il/Elle saura occuper le petit dernier avec un livre de coloriage dédramatisant l’homosexualité et expliquer à l’aîné que « oui les maths c’est utile » et qu’on peut même faire du journalisme en faisant de l’analyse de données. Il/Elle pourra également impressionner votre famille au Trivial Pursuit en citant la capitale du Honduras*

GV logo - Jour de la Saint Valentin

Global Voices en coeur pour la Saint Valentin

SORTIES

Don’t Date a GV : Il/Elle ne souhaitera pas forcément aller voir le dernier succès cinématographique, mais sera sûrement intéressé(e) par aller voir en VO « Cine Holliúdy », un film tourné dans une langue dont vous n’avez probablement jamais entendu parler** ! Il est peu probable que le prochain concert qu’il/elle vous propose soit celui d’Avicii, mais plutôt celui de Kelly Fraser – une pop-star qui chante en inuktikut - ou de Shuangzi un rappeur chinois originaire de Pékin qui parle d’éducation des enfants. 

Date a GV : Il/Elle vous proposera aussi d’aller voir « Le nouveau monde », un film pour lequel une équipe de scientifiques a reconstitué une langue éteinte depuis plus de 2 siècles… Il/Elle ne vous réveillera sûrement pas pour regarder la retransmission des Oscars en pleine nuit à l’heure européenne mais guettera avec attention les résultats des Social Impact Media Awards ou du festival des films indigènes Baln

(GEO)POLITIQUE

Don’t date a GV/Date a GV : En plus de répondre aux questions géographies du trivial Pursuit, il/elle sera capable de faire un sans faute à « Question pour un champion » sur le thème des « Dictateurs jugés à la CPI » et sera devenu(e) un(e) expert(e) quant aux langues officielles du Timor-Leste ou connaîtra tout l’historique de l’indépendance du plus jeune pays du globe

COUPLE

Don’t date a GV / Date a GV : A force de voir votre moitié sur Internet à chercher des sources d’informations fiables et alternatives ou sur Skype à préparer un dossier sur l’Europe en crise avec ses collègues aux quatre coins du monde, vous pourriez croire qu’il y a quelqu’un d’autre dans sa vie et avoir des discussions du type :

Vous : « Qu'est-ce que tu fais ? »

Votre moitié GV : « Je travaille sur un truc de GV »

Vous : « Ha, l'autre fille ! »

En fait, mieux vaut ne pas être jaloux, il y en a plus d’un millier « d’autres » : des traducteurs, des blogueurs, des auteurs qui écrivent aux quatre coins du monde ! 

VOYAGES :

Don’t date a GV : Il/Elle pourrait avoir envie de voyager vers des contrées lointaines dont on ne parle qu’en termes peu glorieux dans les médias classiques.

Date a GV : Vous serez soulagé quand il/elle vous parlera du prochain sommet (comme le dernier Sommet GV à Nairobi) qui vous donnera une semaine de répit ! Il/Elle pourrait aussi vous surprendre par sa spontanéité lorsque vous lui proposerez un voyage en Toscane et qu’il/elle répondra par un « Ok, on pourrait aller à Peruggia, il y a le festival international du journalisme, on pourrait combiner les deux ! »

We are GlobalVoices (http://globalvoicesonline.org/) .

 * : au cas où vous tomberiez sur la question au prochain déjeuner chez belle-maman/beau-papa, c’est Tegucigalpa !

 ** : le cearês, vous connaissiez ? Non ? Je vous avais prévenu !

Nigeria : Qu'a-t-on fait des pétrodollars ?

jeudi 13 février 2014 à 09:28

La blogueuse Assanatou Baldé a écrit sur afrik.com :

La recherche des pétrodollars du Nigeria est lancée. Plusieurs voix en effet se sont élevées dans le pays, premier producteur de pétrole en Afrique, pour réclamer des comptes sur les milliards de dollars manquant à la manne pétrolière, qui aurait pu permettre au pays de se développer. Le débat a été mis sur la table en septembre dernier par le gouverneur de la Banque centrale nigériane, Sanusi Lamido Sanusi, accusant publiquement la compagnie pétrolière nationale (NNPC) de devoir près de 50 milliards de dollars de revenus pétroliers à l’Etat.

Les Jeux de Sotchi et l'effervescence patriotique en Russie

jeudi 13 février 2014 à 02:03

 

Hans Woellke (left) and Julia Lipnitskaia (right) compared. Ashley Wagner's reaction-face meme responds. (Images mixed by Kevin Rothrock.)

L'athlète allemand Hans Woellke (à gauche) et la Russe Julia Lipnitskaia (à droite) mis en regard. En dessous, le mème de la patineuse américaine Ashley Wagner répond à l'un et l'autre. (Montage par Kevin Rothrock.)

(Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des contenus en russe.)

L'Union Soviétique a beau avoir vaincu Hitler, il n'en demeure pas moins que la lutte de la Russie contemporaine contre le fascisme se poursuit. Rien que ce dernier mois, les autorités russes ont ressorti leur combat contre “la réhabilitation du nazisme” comme alibi pour s'attaquer à trois médias.

En janvier dernier [2014], la seule chaine de télévision russe indépendante s'est attiré des ennuis lors de la diffusion d'un sondage à l'écran, demandant aux télespectateurs si l'URSS aurait pu sauver davantage de vies si Leningrad avait été abandonnée aux mains des Allemands [le siège de Leningrad, commencé en 1941, durant plus de 2 ans, marque l'entrée de l'URSS dans la seconde guerre mondiale]. Le 7 février 2014, un sénateur russe a exigé que les autorités suspendent temporairement la diffusion de [la chaine américaine] CNN, après que cette dernière ait publié un article sur son site (plus tard supprimé [en anglais] dans laquelle le Mémorial de la seconde guerre mondiale de la forteresse de Brest, en Biélorussie, a été jugé “l'un des plus laids monuments au monde”.

Plus récemment, l'Echo de Moscou, première radio libérale russe et relais majeur pour les contenus en ligne de divers courants d'opposition par ses blogs, a eu du fil à retordre lorsque le satiriste Victor Shenderovich (plus connu pour avoir créé un programme de marionnettes politiques à l'écran dans les années 1990) a publié un article polémique sur son blog concernant la politique de la Russie, organisatrice des Jeux Olympiques d'hiver.

Intervenant à la Chambre du parlement [le lundi 11 janvier], Vladimir Vasilyev, le vice-président de la Douma, a exigé que la radio l'Echo de Moscou présente ses excuses pour l'article du blog de Shenderovich. (Vasilyev n'a curieusement visé que l'Echo de Moscou, alors même que le texte était initialement publié sur le site Ezhednevnyi Zhurnal, au plus faible traffic). Le rédacteur en chef, Alexey Venediktov, a été prompt à refuser de présenter ses excuses, soulignant que l'article de Shenderovich n'avait jamais été évoqué sur la radio et n'apparaissait que sur le blog de l'auteur, hébergé par le site de la radio. Shenderovich s'est aussi refusé à présenter des excuses.

L'article en question, intitulé “La guerre olympique : Poutine et la patineuse” décrit la façon selon laquelle l'opposition libérale souffre d'une certaine “schizophrénie” pendant les Jeux, bataillant pour faire coïncider son amour des réalisations de la Russie historique (Tolstoï, le constructivisme, etc.) et l'exploitation manifeste de ces exploits par Poutine pour renforcer sa popularité. Le point saillant de l'article réside dans la comparaison de Shenderovich entre la performance de la patineuse de 15 ans Julia Lipnitskaia [en français] cette semaine [du 9 février 2014] et le triomphe de [l'athlète allemand] Hans Woellke au lancer de poids masculin au Jeux Olympiques d'été à Berlin en 1936. “Il y a quand même quelque chose qui nous empêche de nous réjouir pleinement de la victoire sportive [de Woellke]” ajoute Shenderovich, très vigilant sur la nature de la fierté chez les athlètes olympiques dans un Etat autoritaire.

Évidemment, bien des éléments empêchent de célébrer la réussite sportive de Woellke (qui a servi, en temps de guerre, comme capitaine dans la Waffen SS, et dont l'assassinat a précipité le massacre de tout un village [en français], Khatyn, en Biélorussie en 1943), mais de nombreux Russes ont été, malgré tout, mis mal à l'aise par la comparaison établie par Shenderovich. Si les internautes expérimentés n'y voient rien de plus qu'une banale validation de la loi de Godwin [en français], le choix de Shenderovich de mettre en regard le nouveau trésor national de la Russie – une charmante adolescente – avec un athlète nazi n'aurait pas tomber plus mal.

Avec les Jeux Olympiques de Sotchi, la Russie est aujourd'hui, de manière bien compréhensible, en pleine effervescence patriotique. Ainsi, quiconque s'amuse avec les récits de la Seconde Guerre mondiale – jusqu'ici, le plus grand mythe [national] unifiant la Russie – doit être très prudent. Lorsque la chaine de télévision Rain a proposé son sondage sur l'abandon de Leningrad, elle a franchi la ligne jaune. Lorsque CNN raille la forteresse de Brest, elle va trop loin. Quant à Shenderovich, il semble avoir d'autant plus pêché qu'il s'en est pris à une pauvre jeune fille, la belle Julia Lipnitskaia. Mais il est bien probable que la moindre de ces offenses serait passée pour un chahut sans importance si l'adrénaline olympique ne coulait pas ces jours-ci dans les veines du pays.

VIDEO : ‘Rien à cacher’ – Vraiment ? #LeJourDeNotreRiposte

mercredi 12 février 2014 à 20:10

“Si tu n'as rien à cacher, alors on pourra mettre une caméra dans ta chambre à coucher ou ta salle de bain” suggère Jérémie Zimmermann, de l'association française de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet La Quadrature du Net, dans cette chanson en duo avec La Parisienne Libérée, qui blogue sur Mediapart.

Dans cette chanson entraînante, ils détaillent les conséquences pour la vie privée de la surveillance mondiale instaurée par la NSA à partir de nos données personnelles, aspirées et livrées par Facebook, Google et leurs équivalents. Zimmerman avertit :

Se dire « Oh, je n'ai rien à me reprocher, donc je n'ai rien à cacher » est un petit peu absurde, dans un monde où la surveillance est généralisée, et où on a vu que c'est à trois degrés de relation que les individus sont surveillés par la NSA. Donc si vous connaissez quelqu'un, qui connaît quelqu'un qui est le frère, peut-être perdu de vue, d'un type barbu qui est soupçonné de commettre des actes de terrorisme, si vous n'avez rien à voir avec cette personne, alors c'est potentiellement tous vos e-mails, toute votre navigation, tous vos coups de fil, tous vos SMS, qui sont espionnés par la NSA.

La vidéo, en français, peut être visionnée ici.