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Au Sri Lanka, les familles des disparus chérissent les objets de tous les jours qu'ils ont laissés derrière eux (1/2)

dimanche 7 janvier 2018 à 16:37

“Oui, frère. J'ai l'appareil photo d'un frère, et la brosse de l'autre. J'ai aussi la chemise de mon mari”. Image via Maatram. Utilisation autorisée

Cet article de Selvaraja Rajasegar est initialement paru sur Groundviews, un site web primé de journalisme citoyen au Sri Lanka. Une version traduite [en anglais, puis français] et adaptée est publiée ci-dessous, dans le cadre d'un accord de partage de contenus avec Global Voices.

Il y a presque un an, des Sri Lankais ont commencé un mouvement de protestation dans tout le nord du pays (dans des endroits comme Vavuniya, Kilinochchi, Mullaitivu) pour réclamer la publication des listes de camps secrets de détention, des listes des prisonniers, ou simplement des informations sur le sort de leurs proches. Si le président sri-lankais Maithripala Sirisena a promis de publier ces informations en juin, il n'en a toujours rien fait.

Le Sri Lanka est sorti de 30 ans de guerre civile en mai 2009, quand l'armée sri-lankaise a vaincu les LTTE, aussi appelés les Tigres Tamouls. Ceux-ci combattaient depuis près de trois décennies pour instaurer un Etat tamoul indépendant appelé Eelam Tamoul dans le Nord et l'Est du Sri Lanka. Au cours du conflit, de nombreuses personnes ont disparu, pas seulement dans le nord et l'est, où eurent lieu une grande partie des derniers combats de la guerre, mais aussi dans la majorité cingalaise du sud, pendant des insurrections remontant aussi loin que les années 1980.

Mais, de façon troublante c'est après la fin de la guerre que beaucoup ont aussi disparu, quand des gens ont remis des membres de leurs famille à l'armée (dans certains cas, ils étaient suspectés d'appartenance aux LTTE).

On trouvera ci-après la traduction d'une série d'histoires par Selvaraja Rajasegar, rédacteur en chef de Maatram, un site sri-lankais de journalisme citoyen publiant en tamoul (cliquez ici et ici pour voir la série en tamoul). A certains endroits, dans le nord et l'est, les manifestations durent depuis plus de 300 jours. Leurs requêtes qu'on leur fournisse les détails de ce qui est arrivé à leurs familles, attendent toujours une réponse. Cinq des protestataires sont décédés depuis le début des manifestations.

“Je l'ai, mon fils. Je l'ai gardée soigneusement. J'ai lavé la chemise tachée de sang de mon fils, et l'ai gardée avec moi.” Image via Maatram. Utilisation autorisée

Pour les proches des disparus forcés, la vie continue. Ils vivent au milieu de précieuses possessions, dont chacune est un rappel de l'absence de leur être cher. Ils passent par les lieux où leurs disparus marchaient jadis, et rencontrent les personnes que ceux-ci aimaient.

Dernièrement, Maatram est allé voir ces familles pour leur poser une question difficile : est-ce qu'ils permettraient que les possessions de leurs proches soient photographiées ? A cette question, ils ont pleuré amèrement. Leur douleur est difficile à décrire avec des mots.

Pourtant, elles se sont présentées avec ces affaires précieuses, mouillées de larmes. Elles sont convaincues que leurs êtres aimés vont revenir. C'est avec un grand soulagement que leurs proches aient survécu aux balles et tirs de mortier qu'elles les avaient remis aux militaires. A présent, elles souffrent parce qu'ils ne sont pas revenus.

Leur tristesse est incommensurable. Voici quelques-unes de leurs histoires.

(Tous les noms des interlocuteurs ont été retirés pour protéger la confidentialité des entretiens individuels.)

“J'ai le blazer que nous lui avons fait pour porter au mariage de son frère aîné. Comme c'est tout ce qui me restait dans ma valise, c'est le seul souvenir que j'ai de lui.” Image via Maatram. Utilisation autorisée

‘Je continue à mettre mon…thali de mariage, en pensant que je reverrai mon mari’

Pendant les derniers stades de la guerre, nous avons nous-mêmes remis notre famille à l'Armée : mes deux jeunes frères de 27 et 29 ans, et mon mari de 30 ans. Croyant qu'ils les interrogeraient puis les libèreraient sous peu, nous sommes montés dans le bus et sommes allés au camp de personnes déplacées. A l'époque j'étais enceinte de sept mois de mon deuxième enfant (une fille).

Mon père a dit “Nous ne pouvons pas attendre ici sans rien à manger ni boire, retournons. Ils reviendront bientôt.”

Ils ne sont toujours pas revenus. Nous avons dû montrer leurs papiers à tant de Commissions d'enquête, et ça nous coûte à chaque fois 300 (1,62 €) ou 400 (2,16 €) roupies. On nous demande à qui nous avons remis notre famille, si nous nous souvenons de noms, et si nous pouvons nous rappeler les médailles ou insignes qu'ils portaient. A l'époque nous n'avions pas d'autres habits pour nous changer. Nous traversions de telles épreuves, comment aurions nous pu nous rappeler tous ces détails ?

Au lieu de nous faire chercher tout ce temps, ils auraient dû nous dire si nos proches étaient vivants ou non. Mes enfants demandent tout le temps leur père. Ma fille a maintenant huit ans, et n'a toujours pas vu son père. Mon fils en a onze. Chaque fois qu'il y a une fête à l'école, il chante toujours sur son père. Ils me demandent si j'ai son numéro de téléphone. Si je meurs sans retrouver mon mari, je peux y arriver. Mais si au moins ils peuvent trouver un de mes frères, ma mère et mon père pourront mourir en paix.

Les gens qui se souviennent de ceux qui ont été perdus à Mullivaikkal se souviendront un mois, six mois, un an. Nous, c'est chaque jour que nous nous souvenons de nos familles avec tristesse, et nous continuerons ainsi jusqu'à notre mort. Je continue à porter mon pottu et mon thali de mariage, en pensant que je reverrai mon mari. Ma mère et mon père me donnent le courage de continuer. Sans eux je ne sais pas ce que je ferais.

Image via Maatram. Utilisation autorisée

‘Comme nous ne savons pas, nos esprits sont tourmentés’

Mon fils s'appelle Nalinikanth. A la maison, nous disons Vijay. C'est sous ce nom qu'il est bien connu dans notre village. En 2007, les LTTE l'ont recruté de force. Il avait tout juste 19 ans. Je ne l'ai jamais revu, mais quelqu'un l'a rencontré après que je l'ai vu pour la dernière fois. Il a dit qu'il allait se rendre à l'armée, et leur a demandé de me le faire savoir. Je ne l'ai jamais revu. Des gens du quatrième étage (note de la rédaction : le tristement célèbre quatrième étage du Département d'enquêtes criminelles-CID de la police sri-lankaise) sont venus me dire qu'ils avaient des informations sur quelqu'un qu'ils détenaient. La zone était la bonne, la Division Grama Sevaka était exacte, même mon nom et celui de mon mari étaient exacts, mais le nom de la personne concernée était Vinothkanth, et non Nalinikanth. Ils ont dit qu'ils tireraient la confusion au clair et nous diraient, mais ils ne sont jamais revenus. Nous ne trouverons la paix que lorsque nous saurons si nos enfants sont vivants ou morts. Comme nous ne savons pas, nos esprits sont tourmentés.

Image via Maatram. Utilisation autorisée

‘Je recherche toujours ma fille’

Ma fille a été recrutée de force par les LTTE, après avoir fini le collège technique. En 2008, elle est venue pour les obsèques d'un parent. Nous l'avons vue pour la dernière fois vers la fin 2008. Quand je suis allée au camp de personnes déplacées, j'ai appris qu'elle était à l'hôpital de Mannar. J'y suis allée et l'ai cherchée. Elle n'y était pas, mais son nom était enregistré par des policiers stationnés à l'hôpital. Quelqu'un était venu et l'avait emmenée. Un certain nombre de gens d'Ottuchutan étaient dans l'hôpital. Je leur ai montré la photo de ma fille et leur ai demandé s'ils l'avaient vue. Ils ont dit qu'ils la reconnaissaient et qu'elle était blessée à la main. J'ai appris par d'autres qu'elle avait été transféré au camp de prisonniers de Pambaimadu. Quand j'y suis allée, j'ai rencontré une jeune fille du même nom que ma fille, mais ce n'était pas elle. Cette fille était de Trincomalee. Je recherche toujours ma fille.

“C'est une chemise que mon fils a cousue lui-même. Il faisait des habits pour moi aussi.” Image via Maatram. Utilisation autorisée.

‘Ce gouvernement doit faire quelque chose’

Mon fils s'appelle Johnson Idaydaas, de Thazhayadi, Jaffna. Mon mari, notre fils et moi étions parmi les quelques malheureux pris au piège au milieu des derniers combats de la guerre. Nous nous sommes échappés par bateau. C'est seulement en accostant que nous avons réalisé que notre fils n'était pas avec nous. Nous avons commencé par mettre un avis dans le journal Virakesari. Pas de réponse. En 2011, nous avons mis un avis dans le journal Uthayan, avec mon numéro de téléphone. Un soir, vers 11 heures, il m'a appelée. J'ai d'abord entendu une voix parler en cingalais, puis la ligne a été coupée. J'ai recomposé le numéro, et ai dit, “Monsieur, monsieur” à la personne au bout du fil. Il a répondu, “Seulement cinq minutes, seulement cinq minutes”, et a passé le téléphone à mon fils. Je lui ai demandé où il était, et il a dit, “Ne me cherchez pas. Je ne sais pas s'ils vous autoriseraient à me voir même si vous me cherchiez. De toute façon ça sera difficile vu votre âge. Je suis vivant.” Il a dit qu'il ne savait pas où il était, mais qu'il était avec 53 autres. “On manque de nourriture et de vêtements. Si vous pouvez reprendre contact, merci d'apporter des vêtements”, m'a-t-il dit. Je lui ai demandé, “Pourquoi ta voix a changé ?” Il a dit “Ils me font des piqûres.” J'ai voulu vérifier si c'était lui, alors je lui ai demandé s'il se rappelait sa petite sœur. “Pourquoi ? nous l'avons perdue dans le tsunami, pourquoi tu me la rappelles maintenant ?” a-t-il dit en se mettant à pleurer. Je me suis mise à pleurer aussi et la communication a été coupée. Depuis ce jour jusqu'à aujourd'hui, je n'ai plus pu le contacter. Je survis par la pensée qu'il est encore en vie.

Ce gouvernement doit faire quelque chose. Pas seulement pour mon fils, il faut qu'ils disent à chacun dont la famille est portée disparue s'ils sont vivants ou morts. Je veux juste savoir s'il est vivant ou mort, c'est mon seul désir.

Récemment, mon fils aîné a porté le blazer de Johnson pour aller à un mariage dans la famille. Avant cela, quand il allait à Colombo, je lui demandais de mettre une des chemises de son frère cadet. Je lui ai dit que cela lui porterait chance. Nous avons fait ce blazer pour le mariage de son frère aîné, en 2007. Quand nous avons été déplacés, ce blazer et quatre saris étaient tout ce que j'avais dans un sac. C'est tout ce que j'ai de ses possessions.

Cette vidéo mise en ligne par le Center For Policy Alternatives (CPA), qui héberge institutionnellement Maatram, montre quelques-uns de ces témoignages en langue tamoule :

La deuxième partie de cet article paraîtra prochainement.

Avec un peu d'aide des humains, les oiseaux de la Caraïbe tentent un retour post-ouragans

samedi 6 janvier 2018 à 20:39

Une Paruline de Barbuda vue après le passage de l'ouragan Irma. Photo Andrea Otto, utilisation autorisée.

[Article d'origine publié le 16 novembre 2017] La saison 2017 des ouragans atlantiques aura été traumatisante pour la Caraïbe. Endurer les tempêtes elles-mêmes n'était pourtant que le début de l'épreuve. Le chemin de la guérison est souvent douloureusement lent, un processus difficile non seulement pour les habitants, mais aussi pour la population immensément diverse d'oiseaux de la région.

Il y a plus de 500 espèces d'oiseaux dans la Caraïbe, dont plus de 100 ne vivent que sur une seule île. Les ouragans ont détruit les habitats des oiseaux, et rendu la nourriture plus difficile à trouver.

De plus, de nombreux humains locaux qui travaillent normalement à les protéger, comme les écologistes et les scientifiques, ont perdu des équipements coûteux en même temps que les toits de leurs maisons. Il reste d'innombrables défis, notamment sur les îles de La Dominique, la Barbade et Porto Rico.

Des scientifiques de Guadeloupe comptent les oiseaux dans une colonie de Frégates superbes, Lagon de Codrington, la Barbade. Photo Eric Delcroix, utilisation autorisée.

Néanmoins, la plus grande organisation environnementale de la région, Birds Caribbean, s'est rapidement mobilisée. Malgré les problèmes logistiques, l'association a levé des fonds et commencé à expédier des “secours pour oiseaux” dès que possible après les passages de l'ouragan Irma et, deux semaines plus tard, de l'ouragan Maria. Ses partenaires sur les îles ont aidé à la distribution.

Une cargaison de provisions pour oiseaux à l'aéroport de Ste Croix. Photo St. Croix Environmental Association, utilisation autorisée.

Bientôt, un des objets les plus convoités de ces territoires d'amis des oiseaux s'est avéré la mangeoire pour colibris. Les Fruits de Mer, un groupe écologiste de St. Martin dévasté par l'ouragan, tweetait :

Distribution gratuite de mangeoires à oiseaux jeudi à Grand Case

Avant d'informer sur sa page Facebook :

Jeudi à l'heure du déjeuner, les gens faisaient la queue devant le restaurant Sky’s the Limit à Grand Case. Mais contrairement à la plupart des jours, ils n'étaient pas juste venus manger un barbecue local. Ils étaient là pour obtenir des mangeoires leur permettant de prendre soin des oiseaux autour de chez eux. En moins d'une heure, l'association Les Fruits de Mer a donné plus de 80 mangeoires.

Le stand de Wildlife Relief (Secours à la faune sauvage) à St. Thomas, Iles Vierges des États-Unis ; photo de la page Facebook de Virgin Island Wildlife, utilisation autorisée.

A St. Thomas, Iles Vierges des États-Unis — une autre île qui a subi des dégâts écologiques considérables des deux ouragans — un stand Wildlife Relief (Secours à la faune) a été très actif pendant le week-end. Ils ont aussi informé sur Facebook :

La petite histoire des graines et mangeoires : notre faune endémique dans toute la Caraïbe a pris un coup sévère des tempêtes. Tout comme nous, les oiseaux et chauves-souris sont dans l'incapacité d'aller sur les îles voisines chercher nourriture et abri, parce que la dévastation y est la même. BirdsCaribbean, une association qui œuvre à la protection des oiseaux caribéens endémiques, a levé des fonds et expédie des graines et des mangeoires vers DIX îles de la Caraïbe pour secourir les oiseaux endémiques ! La logistique a été compliquée, c'est le moins qu'on puisse dire ! L'Equipe Chauves-souris de St Thomas s'est portée volontaire pour distribuer l'aide sur St Thomas. Certes, il est un peu tard, mais les oiseaux ont vraiment encore besoin de cette aide ! Venez chercher votre mangeoire cette semaine !

L’Association environnementale St. Croix dans les Iles Vierges des États-Unis a été heureuse de réceptionner leur envoi et plaide aussi pour la population de chauves-souris :

Les chauves-souris de la Tour des Chauves-souris de Barren Spot au Site de protection des chauves-souris et sur tout le territoire souffrent d'une pénurie de nourriture. Les ouragans Irma et Maria ont anéanti la plupart des fruits qui poussent sur nos plantes et arbres ! Vous pouvez aider ces chauves-souris frugivores en suspendant des bananes, papayes, mangues ou tout ce que vous pouvez trouver comme fruits. Assurez-vous de suspendre le fruit hors de portée des chats et mangoustes pour qu'ils ne puissent atteindre les chauves-souris ! Les chauves-souris sont un élément essentiel de la restauration des forêts. #BatWeek [#SemaineDeLaChauveSouris]

Des Frégates superbes dans un lagon de mangrove dévasté sur l'île de la Barbade. Photo Eric Delcroix, utilisation autorisée.

Alors comment vont les oiseaux ? De nombreuses espèces d'oiseaux des Caraïbes sont déjà en danger, de par leurs habitats restreints et les empiètements constants du tourisme et de la promotion immobilière, comme l'Amazone impériale endémique de la Dominique, le très chéri Sisserou, l'oiseau emblème national figurant sur le drapeau de l'île. L'oeil de l'ouragan Maria — une tempête de catégorie 5 — est passé exactement au-dessus de la minuscule île, causant d'immenses dégâts.

Birds Caribbean rapporte avoir envoyé des jumelles, des appareils photos et d'autres équipements pour aider le service des forêts de l'île, qui “a tout perdu dans l'ouragan”, à rechercher le Sisserou. Les craintes exprimées sur les réseaux sociaux d'une possible extinction de l'oiseau étaient heureusement prématurées, puisque le perroquet d'ordinaire discret et clairsemé a été repéré depuis :

EXCELLENTE nouvelle : Première vue confirmée du Sisserou sur la Dominique !!!! Repéré à Morne Saint Mary au sud de Roseau, merci Stephen Durand (service des forêts de la Dominique) de donner cette merveilleuse nouvelle !

L’Amazone à cou rouge de la Dominique a aussi refusé de passer pour morte. Un blog (sous-titré La nature caraïbe dans l'ère des super-tempêtes) raconte :

Une nouvelle vidéo avec portfolio est sortie aujourd'hui, grâce à Machel Sulton de la Division des Forêts, Parcs et Faune de la Dominique, montrant une Amazone à cou rouge récupérée de l'après-Maria. L'oiseau a bonne mine !

Une journaliste environnementale basée à Ste Lucie a écrit :

Mon ami, Zion man, Gardien de la Terre Denus Williams, aide les perroquets endémiques de la Dominique. Ce Jaco a survécu à un ouragan de catégorie 5.

Porto Rico, pincé le long de sa côte nord par l'ouragan Irma puis traversé du sud au nord par Maria, continue à être très mal loti, et les oiseaux peinent autant que les humains. La Forêt nationale d'El Yunque a particulièrement souffert et reste fermée, et le sort d'un autre perroquet précieux, l'Amazone de Porto Rico (Iguaca), en danger critique, reste suspendu.

Triste nouvelle par nos colllègues d'El Yunque sur la population d'iguacas. La plupart de la population résiduelle manque. La population du rio Abajo au niveau au moins de 92 iguacas sauvages.

Porto Rico vient de recevoir près d'une tonne des graines dont il a désespérément besoin, et 800 mangeoires. Selon Birds Caribbean, huit autres îles collectent leurs graines et attendent cette semaine leurs mangeoires.

Et qu'en est-il de la minuscule Barbade ? Ses habitants humains, évacués au lendemain de l'ouragan Irma, ignorent quel sera leur avenir, et craignent l'exploitation politique et l'opportunisme économique :

Les Barbadiens craignent une confiscation des terres, le remplacement de la vieille propriété communale par la propriété privée, au profit des promoteurs du tourisme, à la suite d'Irma.

Ignorante de la politique îlienne et des anxiétés humaines, la minuscule et endémique Paruline de Barbuda (listée comme “quasi-menacée”) a été repérée par des ornithologues locaux deux semaines après l'ouragan, à la joie de tous. Depuis, une équipe de scientifiques de la Guadeloupe s'est jointe à des confrères des États-Unis, Sainte Lucie et Antigua pour mener un recensement financé par Birds Caribbean.

34 Sucriers à ventre jaune (aussi connus sous le nom de Colibris) se pressent autour d'une mangeoire à oiseaux à St. Martin. Photo Mark Yokoyama, utilisation autorisée.

Dans une série titrée l'Ile d'Irma, le blog Les Fruits de Mer de St. Martin affirme que le chemin du rétablissement suppose que les humains prennent les bonnes décisions :

Pendant que la nature prend le chemin de la guérison, nous avons une occasion d'influer sur l'avenir. Nous pouvons planter des arbres locaux et protéger les espaces naturels, ou nous pouvons les détruire. A nous de décider comment nous participons au processus.

Dans un autre billet de blog, Tom White, un biologiste du U.S. Fish and Wildlife Department [l'administration américaine de protection de l'environnement] à Porto Rico, notait que les forêts pluviales de Porto Rico commencent déjà à “reverdir” — et s'il est frustrant de voir les populations d'oiseaux “réduites à un niveau aussi bas en un jour” après les décennies passées à les faire remonter, il ajoutait, “si on renonce, c'est l'ouragan qui gagne. Et ça, on ne le permettra pas.”

Alors, quelle leçon retenir des lendemains d'ouragans ? Les oiseaux de la Caraïbe peuvent être tout aussi résilients que les humains. Et les humains rebondissent, eux aussi.

C'était en février : Des Iraniens rendent viral l’ ‘Amour’ entre l'Iran et les États-Unis avec #LoveBeyondFlags

samedi 6 janvier 2018 à 12:35

Un Iranien portant un T-shirt “I heart America” danse lors d'un rassemblement public. Image partagée sur Twitter.

Article d'origine publié le 9 février 2017. Nous profitons de cette période de fin et début d'année pour proposer des textes qui ont connu un grand succès lors de leur première publication, mais non encore traduits en français.

Les tensions entre l'Iran et les États-Unis se sont exacerbées depuis que le président Donald Trump a signé un décret interdisant les voyages depuis sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran.

Pour contrer la rhétorique haineuse entre leurs gouvernements et pour montrer leur gratitude envers les manifestants américains qui s'opposaient à l'interdiction de voyager de Trump, des Iraniens ont lancé un débat sur Twitter avec le hashtag #LoveBeyondFlags (L'AmourParDelàLesDrapeaux).

Tout comme les personnes des autres pays bannis et celles qui ont protesté contre l'interdiction à travers l'Amérique, les Iraniens partagent des affiches, des phrases et des images de solidarité entre différents pays, en particulier entre l'Iran et les États-Unis.

Laissez Trump et les mollahs se battre sur le ring si ça leur chante.
Mais nous sommes le PEUPLE.
Faisons-la paix.

La campagne a débuté mercredi après-midi en Iran et en Europe. À 19h30 à Téhéran, le hashtag est devenu une tendance nationale (bien que cela ne puisse être confirmé puisque Twitter ne permet pas l'analyse des tendances en Iran en raison du filtrage de la plateforme). La Campagne Internationale pour les Droits de l'Homme [farsi] a suivi le hashtag, et a noté que tout au long de la journée il y a eu environ 32 000 tweets, dont près de 70 % d'entre eux venant d'Iran.

Moins d'une semaine après l'investiture de Trump, des aéroports et des centaines de vies iraniennes (parmi les sept autres pays) ont été plongés dans le chaos [en] par l'interdiction de voyager. Quelques jours plus tard, l'administration Trump a annoncé qu'elle mettait officiellement l'Iran “en garde”.

L'Iran a été formellement MIS EN GARDE pour avoir lancé un missile balistique. Ils auraient dû être reconnaissants pour l'horrible accord que les USA ont passé avec eux !

L'antagonisme grandissant envers le gouvernement iranien et le traitement discriminatoire des ressortissants iraniens aux frontières ont immédiatement fait réagir le Guide suprême de la République islamiquen, qui a riposté avec ses propres admonestations au gouvernement Trump.

Nous remercions Trump ! Parce qu'il a largement travaillé pour nous en révélant le vrai visage de l'Amérique.

L'antagonisme entre l'Iran et les États-Unis marque depuis longtemps l'histoire de l'Iran depuis la Révolution islamique de 1979, mais les huit dernières années avaient vu un dégel entre les deux pays dans le cadre de l'accord sur le nucléaire [en], obtenu essentiellement par l'administration Obama.

L'idée de la campagne est née avec un compte de médias sociaux populaire parmi les Iraniens, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, appelé Mamlekate [en] (qui se traduit par ‘nation’). Sur la chaîne Telegram @mamlekate, un message exhortant les Iraniens à ne pas brûler le drapeau américain a réussi à atteindre près d'un million e vues.

Le compte de média sociaux populaire @mamlekate parle de l'erreur de brûler le drapeau des États-Unis en Iran. L'article est devenu viral, avant le lancement de la campagne #LoveBeyondFlags.

Le compte demandait aux Iraniens de ne pas montrer de haine envers les États-Unis en brûlant le drapeau américain.

قراره ۲۲ بهمن پرچم کشوری رو آتش بزنیم که بخاطر لغو ورود ایرانیها پرچم ما رو تو آمریکا نشون میدن. نکنیم؛ آتیش زدن پرچم توهین به ملته نه دولت

Il est prévu que le 22 Bahman (10 février) le drapeau du pays qui refuse l'entrée aux Iraniens soit brûlé, manquant de respect à notre propre drapeau aux États-Unis. Ne faites pas ça. Mettre le feu au drapeau est une offense au peuple du pays, pas au gouvernement.

Brûler le drapeau américain et les slogans « mort à l'Amérique » sont une tradition de la résistance autoproclamée du régime iranien contre l'impérialisme américain, une tradition qui a commencé avec les prises d'otages à l'ambassade américaine en 1979. Le message de Mamlekate a généré des discussions parmi les Iraniens touchés par les témoignages de solidarité et soutien de nombreux Américains aux Iraniens et aux autres nations. Cette campagne a concrétisé la volonté de beaucoup d'Iraniens de contrer ce discours de haine entre les gouvernements, qui souvent ne reflète pas les sentiments entre les peuples.

D'icône politique à tyran : les effigies du Président Duterte dans les manifestations aux Philippines

vendredi 5 janvier 2018 à 12:59

Le Rody's cube brûlé sous le pont de Mendiola aux portes du palais présidentiel. Source: Manila Today. Utilisation autorisée.

[Article d'origine publié le 29 décembre 2017]

Le monde a eu un aperçu de la créativité de l'art protestataire aux Philippines quand les médias traditionnels internationaux ont remarqué l’effigie de Donald Trump brûlée par les manifestants pendant sa visite dans le pays à l'occasion de la réunion de l'Association des pays d'Asie de Sud-Est (ASEAN), du 12 au 14 novembre 2017.

Le personnage de Trump furieux à quatre bras formant une croix gammée avait été créé par le collectif artistique Ugatlahi et a même fait son chemin jusqu'à l'émission humoristique américaine à succès “Jimmy Kimmel Live”.

Le “Tourniquet fasciste” symbolise le fascisme, la guerre, le militarisme, et le pillage des ressources. Le Duterte “Homme Fort” caché derrière Trump représente celui-ci en caniche des USA.

Bon an mal an, ces effigies sont les pièces maîtresses très attendues des actions majeures de protestation aux Philippines menées par la Coordination de gauche militante Bagong Alyansang Makabayan, ou Bayan en abrégé. Bayan veut dire “peuple” en tagalog.

Les effigies représentent typiquement les présidents ou autres personnalités philippines, et leur exploitation et oppression du peuple philippin. C'est devenu un rituel de conclure les rassemblements en mettant le feu à l'effigie pour symboliser l'indignation collective contre l'ordre régnant.

Les effigies de protestation de Bayan créées depuis l'accession au pouvoir du Président Rodrigo Duterte reflètent aussi de façon intéressante la position évolutive des militants de gauche et des défenseurs des droits face à son gouvernement.

Aucune effigie contestataire n'assistait au premier discours sur l'état de la nation de Duterte le 23 juillet 2016. Le collectif artistique Ugatlahi, qui réalise traditionnellement les effigies de Bayan depuis les années 1990 de l'administration du Président Joseph Estrada, avait préparé à la place des peintures de trois mètres de haut représentant ce qu'ils considéraient être le programme pour le peuple : réforme agraire authentique, industrialisation nationale, gouvernement pour le peuple, affirmation de la souveraineté nationale, programmes sociaux progressistes, et le respect des droits des personnes, la justice et la paix.

Fresques de Karatula, Ugatlahi et Tambisan

Beaucoup ont d'abord bien accueilli la reprise par Duterte des négociations de paix avec la guérilla communiste, la nomination de ministres de gauche dans son gouvernement, les annonces de remise en liberté de tous les prisonniers politiques, et les promesses de réformes.

Mais cette vision plutôt positive de Duterte n'a pas tardé à se gâter quand les cadavres de trafiquants de drogues suspectés apparemment tués par la police sans procès se sont empilés, que les négociations de paix avec le mouvement communiste armé se sont enlisées, et que les promesses de réformes sociales se sont avérés des mots creux.

Et le 10 décembre 2016, une effigie de feu le dictateur Ferdinand Marcos a été brûlée sous le pont Mendiola à deux pas du complexe du palais présidentiel pendant l'action de protestation pour la Journée internationale des Droits humains. Les restes de Marcos, mort en 1989 après avoir gouverné d'une main de fer les Philippines pendant 21 ans, allaient recevoir de Duterte des funérailles de héros un an plus tard, le 17 novembre 2017.

Dans un billet Facebook, le collectif a averti Duterte de ne pas suivre les traces de Marcos, ou c'est son effigie qui serait brûlée la prochaine fois.

La première effigie géante… qui sera brûlée sous l'administration Duterte

Et c'est effectivement ce qui s'est passé, avec le feu mis à une succession d'effigies de Duterte, dont une représentant un missile à tête de Duterte chevauché par Trump lors de l'anniversaire du rejet par le Sénat philippin des bases militaires américaines le 16 septembre 1992.

REGARDEZ : Une effigie du président US Donald Trump et du Pangulong Rodrigo Duterte qui sera brûlée pendant le rassemblement pour le cortège.

REGARDEZ ! RESBAK travaille à un Game of Thrones inspiré par l'effigie de Duterte.

“Doots dans une Godasse” [Jeu de mots sur ‘Duterte’ et une insulte, NdT], une effigie toute indiquée pour la main de fer et l'oppression de Duterte et son gouvernement.

REGARDEZ : Des manifestants s'apprêtent à brûler une effigie du prés. Duterte et du prés. US Trump face aux forces de police.

Lors le rassemblement du 21 septembre 2017 qui commémorait la déclaration de la loi martiale par le dictateur Marcos en 1972, Ugatlahi a réalisé un Rody’s Cube de 3 mètres de haut sur le modèle du Rubik’s cube avec pour faces les visages de Duterte, Marcos, Hitler, et la tête d'un chiot.

Rudy's cube [autre jeu de mot, sur le diminutif du prénom de Duterte, NdT] par le collectif artistique Ugatlahi et Sandugo #ContreLaTyrannie #PlusJamaisÇa

Les manifestants brûlent une effigie du Président Duterte à Mendiola, Manille, aujourd'hui. Plus d'infos sur les Philippines ce soir au briefing Lateline/Contexte

Le personnage symbolisait les affinités de Duterte avec les dictateurs et sa nature supposée de marionnette des États-Unis, à cause du nombre croissant de violations des droits humains dans son imposition de la loi martiale à Mindanao, sa guerre contre les drogues et sa guerre totale contre les guérillas communistes.

La dernière réalisation d'Ugatlahi montre le visage de Duterte, dépliable pour révéler un diable à l'intérieur, accompagné de quelques-unes de ses récentes déclarations. Elle a été dévoilée pendant la manifestation pour la Journée internationale des Droits humains de cette année à Manille.

VRAI VISAGE. Le collectif artistique Ugatlahi dévoile une effigie dépeignant le fascisme de l'administration Duterte. On lit sur l'effigie quelques déclarations du président.

Les déclarations de Duterte citées : “Je reconnais être un fasciste, je vous catégorise donc déjà comme des terroristes”. “Je me fiche que vous deviez tous subir la pauvreté et la faim”. “Je suivrai l'Amérique de toute façon, on dit que je suis un American Boy“. “Je bombarderai toutes ces écoles des Lumad“.

Pour conclure, ces oeuvres d'art montrent comment la vision qu'ont de Duterte les activistes a évolué, partant d'un optimisme prudent sur un personnage populiste qui paraissait ouvert à la mise en œuvre de certaines réformes sociales pour finir par le considérer comme un tyran déterminé à détruire ce qui peut rester dans le pays d'espace démocratique pour les droits humains et une politique progressiste.

Le peuple iranien hausse la voix : Scènes de manifestations

mercredi 3 janvier 2018 à 21:14

Des manifestants renversent un véhicule de police  dans la rue Valiasr à Téhéran. [Image extraite d'une vidéo amateur filmée en Iran et partagée par la Voix de l'Amérique]

Le siècle dernier a montré d'innombrables exemples de la lutte et des sacrifices d'Iraniens ordinaires, qui se sont battus pour toutes sortes de causes : nationalisation de l'industrie pétrolière, vote des femmes, renversement de la monarchie. Pourtant à chaque fois, ces luttes héroïques ont été réprimées, récupérées ou détournées pour servir un discours ou un récit particulier. Un exemple évident est l'extraordinaire diversité des forces laïques, radicales, féministes impliquées dans la révolution de 1979 en Iran, qui n'en ont pas moins été estompées par l'image dominante de prise de contrôle par les mollahs réactionnaires qui est restée de l'événement.

Il y a une grande complexité d'éléments sous-jacents à la toute récente vague de manifestations qui parcourt le pays, et est présentée avec simplisme par des soi-disant “spécialistes de l'Iran” comme un cas d'utilisation des actes et passions de citoyens ordinaires pour servir des intérêts et fins politiques particuliers. Y compris la frustration croissante devant la corruption et l'enracinement dans l'économie du corps des Gardiens de la Révolution islamique, la branche des forces armées iraniennes créée après la révolution de 1979. Il est important également de comprendre les luttes politiques internes qui rongent le régime, et les pressions de longue date qui ont abouti à cette éruption. 

Pourtant la réalité de l'Iran crève les yeux et se passe des exposés de plateaux télévisés. Ce dont il s'agit dans ces manifestations, c'est de liberté, d'opportunités et de démocratie, des idéaux universels et qui se suffisent à eux-mêmes.

Pour laisser la parole aux Iraniens eux-mêmes, j'ai essayé de mettre en avant quelques slogans, images et actions poignantes qui laissent entrevoir ce qui se passe à l'instant même en Iran. Aux lecteurs d'en tirer leurs propres conclusions.

Pourquoi on manifeste

Deux intéressants fils de commentaires sur Reddit ici et ici.

Dans la vidéo ci-après, une jeune femme décrit la scène à l'Université de Téhéran quand les Gardiens de la Révolution et la police arrivent sur le campus, et note que de nombreux étudiants ont été battus, quelques-uns arrêtés et emmenés. Malgré les attaques physiques, elle relève que “…les étudiants sont restés debout et continuent à crier leurs slogans.”

Dans une autre vidéo de Téhéran (ci-dessous), les manifestants scandent “mort aux dictateurs” en se protégeant des gaz lacrymogènes.

Dans la vidéo suivante, un homme à Behshahr filme tout en commentant le traitement des citoyens iraniens par les policiers. L'homme relate l'arrestation brutale et la flagellation d'un manifestant apparemment non armé. “Regardez ce qu'ils font aux gens dans cette société. Regardez, regardez. Ils lui ont donné des coups sans raison.” Alors qu'il continue de filmer, des gens dans l'assistance commencent à crier “laissez-le partir”, tandis que d'autres se mettent à avancer vers les policiers. La vidéo se termine sur les mots de l'homme, “il revient maintenant aux gens ordinaires de riposter.”

A Kashan, les manifestants scandent “Indépendance, liberté, et une république iranienne”, une reformulation du refrain de la révolution de 1979, “Indépendance, liberté, et une république islamique.”

Ci-dessous, une foule se rassemble à Chiraz avec des slogans invitant les concitoyens à se joindre à la manifestation.

On notera avec intérêt que si certains ont prétendu que les manifestations en Iran font partie du mouvement pour les réformes dirigé par le président soi-disant modéré Hassan Rohani, la protestation actuelle paraît avoir transcendé les luttes de factions. Dans cette vidéo en provenance de Hamadan, on entend les manifestants scander, “le clergé doit avoir un peu de pudeur, libérez notre société”, suivi de “mort à Rohani!”, signe d'un mépris pour le clergé et la république islamique dans leur ensemble.

Confrontation

Dans ce clip, on entend un homme dire “ça c'est la manifestation de 50.000 personnes à Ahvaz”.

Le clip ci-dessous montre un homme lançant des pierres sur les forces de sécurité à Ahvaz tout en scandant “mort à Khamenei !”—des propos qui peuvent valoir la peine capitale en Iran.

La vidéo suivante, de Machhad montre des pneus en feu, et les cris de la foule semblent signaler un affrontement avec les forces de sécurité.

Dans le Lorestan, on voit des manifestants traîner un corps ensanglanté à travers la foule, en scandant “je tuerai celui qui a tué mon frère” et “mort à Khamenei!”

Dans un film attribué à [la ville de Bandar Abbas, les manifestants mettent le feu à un panneau publicitaire avec l'image du Guide Suprême Khamenei. Un acte de rage et de défi qui va au-delà du prix des œufs ou du désir de changement politique.

Dans la vidéo ci-dessous de Machhad, une voiture de police semble avoir été retournée et incendiée par les manifestants.

Pendant ce temps, à Zanjan, les manifestants encerclent les policiers en train de faire retraite et les canardent de projectiles improvisés alors qu'ils essaient de s'échapper.

A Kermanshah, on voit un groupe de policiers fuir devant une foule de manifestants en colère.

A Rasht, des gens mettent en place un sit-in non-violent face à des forces de sécurité arrivant à moto. Les manifestants scandent “On va mourir, on va mourir, on va reprendre l'Iran”.

Un microcosme de la société iranien se voit dans cette vidéo prise depuis un taxi apparemment à Téhéran. Les passagers voient des policiers frapper les manifestants, et une passagère commente que les gens sont mécontents et crie pour demander aux policiers pourquoi ils frappent les manifestants. Le chauffeur, apparemment gêné par son ton, lui dit de laisser tomber et de se taire sinon il la jettera hors de la voiture. La passagère, toujours rebelle, exige qu'on la laisse sortir. Le chauffeur la dépose en grommelant qu'il ne veut pas que sa voiture soit endommagée, alors qu'il voit plus de heurts à travers le pare-brise de son taxi.

Pas de doute, dans cette lutte certains ne veulent plus se contenter de regarder l'injustice sans bouger. Il faut écouter leurs paroles et prendre leurs actes pour ce qu'ils sont : la courageuse bravade d'un pays prêt au changement.