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Un « jardin » interactif vous fait voyager autour du monde… en radio

samedi 10 mars 2018 à 13:28

Capture d'écran du site internet de « Radio Garden », une plate-forme en ligne qui, depuis 2016, permet à ses auditeurs d'avoir accès à des milliers de stations de radio du monde entier.

Il existe un monde de sons qui ne demandent qu'à être explorés, et un projet internet des Pays-Bas vous le permet maintenant.

Depuis la fin 2016, Radio Garden [le Jardin des radios, NdT] connecte ses auditeurs à une liste, qui ne cesse de s'allonger, d'émissions radio des quatre coins du monde.

Son interface est aussi simple que sa vision : une carte interactive composée de points verts qui représentent les différentes villes. Cliquez dessus, et vous serez connecté à l'une des chaînes radio de la zone choisie. Vous pourriez tomber sur un bulletin d'information du Tonga ; sur un air traditionnel qui apaise son audience iranienne jusqu'à la somnolence durant les heures tardives de la nuit ; ou bien sur l'une des quelques stations de radio qui continuent d'occuper les ondes dans la ville syrienne d'Alep.

Cliquez sur l'option « Histoire » de la « Radio Garden » pour être transporté vers une importante partie de l'histoire de la radiodiffusion d'un pays.

D'autres fonctionnalités dignes d'être soulignées incluent une option « Histoire » qui présente la musique traditionnelle et des diffusions historiques d'un pays ; une section « Jingles » qui, comme son nom l'indique, propose un aperçu des jingles radio emblématiques d'une ville ; et une option « Récit » offrant des témoignages directs de l'engagement des gens dans leur radio locale. Une fois encore, tout cela vous emmènera dans différentes parties du monde, que ce soit à Tapei, la capitale taiwanaise, ou dans la « métropole d'en bas » qu'est Sydney en Australie.

Voici une vidéo YouTube qui présente la « Radio Garden » en action :

Le cerveau de cette initiative est l'Institut du Son et de l'Image aux Pays-Bas, sous la direction de Golo Föllmer de l'Université Martin Luther de Halle-Wittenberg. Il s'est appuyé sur l'expertise de deux entreprises de design locales, Studio Puckey et Moniker, qui ont conclu que la meilleure façon de mener à bien leur mission était de créer une carte exhaustive sans frontières ni noms de villes.

Lorsqu'elle a d'abord été lancée, la « Radio Garden » a mobilisé l'attention sur les réseaux sociaux. L'un de ses créateurs, Jonathan Puckey, a déclaré au journal britannique The Guardian avoir été agréablement surpris par les discussions qu'ils avait lues concernant le projet :

On Reddit, it prompted a really sweet discussion, with people talking about their first contact with radio, or grandparents who had worked in radio during the second world war.

Sur Reddit, cela a suscité une discussion vraiment adorable, avec des gens qui parlaient de leur premier contact avec la radio, ou des grands-parents qui avaient travaillé à la radio pendant la Seconde Guerre mondiale.

La page Facebook du projet est elle aussi pleine de messages d'encouragement et de soutien, avec des utilisateurs de tous horizons émettant des critiques élogieuses. 

En plus du site internet, la « Radio Garden » offre une application pour les appareils iOS et Android, permettant aux utilisateurs d'écouter les émissions qu'ils ont sélectionnées à leur convenance, même si leurs smartphones basculent en mode veille.

Bangladesh : peut-on encore sauver les arbres centenaires sur la route de Jessore ?

vendredi 9 mars 2018 à 22:13

Des arbres centenaires sur la route de Jessore. Capture d'écran de YouTube.

Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages en anglais.

Dans un pays en développement comme le Bangladesh, l'expansion à grande échelle peut être néfaste, car la lutte pour l'espace menace l'existence de la couverture arborée. La décision controversée du gouvernement de couper les arbres centenaires qui bordent l'autoroute Jessore-Benapole a conduit des écologistes et le public à manifester. En janvier, le tribunal est intervenu et a suspendu la décision, mais le sort de ces arbres importants est toujours incertain.

En 2017, le ministère des Routes et Autoroutes du Bangladesh a décidé d'abattre 2.700 arbres de la route de 38 kilomètres qui relie les villes de Benapole et de Jessore, au sud-ouest du pays, afin de faire de la place pour une autoroute à quatre voies.

La principale caractéristique de cette route est son actuelle rangée d’arbres feuillus, dont certains ont plus de 170 ans, et qui borde ses deux côtés. De l'autre côté de la frontière, la route de Jessore (aujourd'hui connue sous le nom de route nationale 112) s'étend jusqu'à Calcutta [fr], la capitale de l'État indien du Bengale-Occidental, avec des espèces d'arbres similaires.

La décision du ministère des Routes et Autoroutes a suscité de nombreuses manifestations à travers le pays, les protestataires exigeant que le gouvernement annule son projet. Les militants écologistes ont souligné que cette décision sera préjudiciable à l'environnement, car les arbres couvrent une superficie de plus de 85 hectares, ce que beaucoup considèrent comme étant la taille d'une forêt.

Sauvez les arbres de la route de Jessore.

Le public s'est tourné vers les médias sociaux pour souligner l'importance de ces arbres. Le vlogger Anupam Debashis Ra a téléchargé une vidéo sur YouTube expliquant pourquoi les arbres doivent être sauvés :

L'organisation non gouvernementale (ONG) Droits de l’homme et paix pour le Bangladesh a déposé une requête d’ordonnance contre l'abattage des arbres et, le 18 janvier 2018, une Haute Cour du Bangladesh a ordonné une suspension de six mois contre la décision du gouvernement.

Route de Jessore : abattage des arbres stoppé pour six mois.

Pourquoi la route de Jessore est-elle célèbre ?

En 1840, Kali Poddar Babu, un zamindar [fr] (propriétaire terrien) de Jessore, prit l'initiative de construire une route de Jessore à Calcutta (à l'époque toutes deux faisaient partie de l'Inde unifiée) et de nombreux jeunes arbres furent plantés de chaque côté de la route pour embellir le voyage.

Un poste partagé par ✋✋Md Abdul Muttaleb✋✋ (@m_a_muttaleb) le 15 janvier

 

Les arbres ont également été témoins de deux exodes historiques : le premier lors de la partition du sous-continent en 1947, et le second lors de la guerre de libération du pays [fr]. Des millions de réfugiés sont passés par cette route pour se rendre aux refuges en Inde en 1971 et échapper au génocide qui se déroulait au Bangladesh. Voyant la longue file de réfugiés, le poète américain Allen Ginsberg [fr] écrivit un poème intitulé Septembre sur la route de Jessore. Bob Dylan l'a chanté le 1er août 1971 au Madison Square Garden de New York pour le Concert For Bangladesh [fr], un concert caritatif en faveur des réfugiés de la guerre de libération du Bangladesh :

Développement ou patrimoine ?

Une initiative similaire du gouvernement du Bengale-Occidental visant à abattre des arbres du côté indien de la route de Jessore (NH-112) a également été bloquée par un tribunal. Les militants écologistes proposent que, sur certains tronçons, la route puisse être construite de sorte que les arbres séparent naturellement les deux voies.

Après la décision du tribunal bangladais, le gouvernement a déclaré qu'il cherchera des solutions pour voir si les arbres peuvent être épargnés.

Belayet Hossain Mamun [bn], qui travaille dans l'industrie cinématographique, exige que la route de Jessore soit déclarée patrimoine national en raison de son rôle de témoin de l'histoire des réfugiés.

Malheureusement, certains utilisateurs des médias sociaux constatent que la tradition de couper des arbres au nom du développement est très ancienne. Sobak Nirbak [bn] (pseudonyme) écrit sur Facebook :

গাছের জন্য সচেতন নাগরিক এখন কান্না করলেও গাছের কান্না যুগ যুগ পুরানো! দেশের অন্য সড়ক বা মহাসড়ক গুলোর গাছ কাটা ও চুরি কোনটাই থেমে নেই। ঠিক এই সময়ে রাস্তার প্রশস্ত করণে হাজারে হাজারে গাছ কাটা হচ্ছে বা কাটতে হচ্ছে। কর্তিত গাছের বিপরীত নতুন সড়ক বনায়নের পরিকল্পনার অঙ্গীকারও বন অধিদপ্তর করেনি। তারপরেও নাগরিক সচেতনতা সেসব যায়গায় একেবারেই ঘুমন্ত। এই উদাসীনতারও উত্তোরণ চাই!

De nombreuses personnes réagissent émotionnellement en entendant parler de l'abattage des arbres sur la route de Jessore, mais ce n'est pas la première fois que les gens versent des larmes à ce sujet. Il y a beaucoup d'arbres qui sont abattus dans d'autres régions du pays sur tant d'autres routes à cause des vols ou de l'élargissement des routes. Le ministère des Forêts devrait avoir pour politique de remplacer les arbres abattus en créant des forêt dans d'autres régions du pays. Ce n'est pas non plus le cas. Notre conscience publique dort dans ces domaines. Nous devons vaincre cette ignorance.

D'autres sont en faveur du développement et soulignent la nécessité de faire place à l'expansion des routes. GM Mithun est un leader étudiant du parti au pouvoir. Il a écrit sur Facebook [bn] :

যশোর রোডের গাছ কাটা নিয়ে অনেক কথা হচ্ছে। কিন্তু নতুন কিছু সৃষ্টি করতে, পুরাতন কিছু ত্যাগ করতে হয়, এটাই বাস্তবতা। গাছ গুলোর বেশির ভাগই ভঙ্গুর অবস্থা। রাস্তা অত্যান্ত জরুরী। সুতরাং ঐতিহ্যের কথা বলে চার লেন বাধাগ্রস্থ করা ঠিক হচ্ছে বলে মনে হয় না। …

Des nombreuses discussions ont eu lieu au sujet des arbres de la route de Jessore. Mais pour créer quelque chose de nouveau, il faut laisser tomber l'ancien. Les arbres ne sont pas en bon état et nuisent à la route. Le développement routier est absolument nécessaire. Donc au nom de la protection du patrimoine, nous ne devrions pas bloquer le développement des quatre voies.

Cependant, une page de Facebook intitulée Save Trees on Jessore Road [bn] [Sauvez les arbres sur la route de Jessore, NdT], affirme que la déclaration du gouvernement qui cite la proposition d'une autoroute à quatre voies est inexacte et, en fait, ne prévoit que des dispositions pour l'agrandissement de la route existante à deux voies. Par le biais de la Loi sur le droit à l'information, le groupe a obtenu et partagé les plans du projet de développement du ministère des Routes et Autoroutes de Jessore.

Les plans du gouvernement ne prévoient pas compte une autoroute à quatre voies comme promis. Image reproduite avec l'autorisation de la page Facebook Save Trees on Jessore Road

Dans une note [bn], ils déclarent :

এই প্রকল্পের কাগজপত্র ঘেঁটে দেখা গেছে যে, এখানে রাস্তাটিকে চারলেন তৈরির কোন পরিকল্পনা নেই। রাস্তাটিকে দুই লেন রেখেই প্রকল্পটি বাস্তবায়িত হবে। অর্থাৎ, বর্তমানে যে অবস্থায় আছে প্রায় সেভাবেই রাস্তাটিকে সংস্কার করা হবে। এই প্রকল্পের আউট কাম হিসেবে কয়েকটি বিষয়ের কথা বলা হয়েছে-
০১. রাস্তাটির পুরুত্ব বাড়ানো হবে ০২. বর্তমান রাস্তাটিকেই সংস্কার করা হবে ০৩. রাস্তার দুই পাশে হার্ড শোল্ডার নির্মাণ করা হবে ০৪. আরসিসি কালভার্ট নির্মাণ করা হবে ০৫. কিছু ড্রেন তৈরি করা হবে ০৬. রোড সেফটি মার্কার ও রোড লাইনার আঁকা হবে।

Nous avons vu le plan du projet, et il a révélé que la route n'est pas en train d'être améliorée pour passer à quatre voies (du moins pour l’instant). Ils développent les deux voies existantes. Voici les résultats annoncés du projet : 01) L'épaisseur de la route sera augmentée 02) La rénovation de la route existante par élargissement 03) Des accotements durs seront construits des deux côtés 04) Des caniveaux seront construits 05) quelques canalisations seront construites 06) Un marqueur de sécurité routière et des revêtements seront ajoutés.

Le jugement marquant rendu au Bangladesh ordonnant la suspension dans l'affaire de la route de Jessore a peut-être créé un précédent, car il ne s'agit pas du seul plan de coupe d'arbres temporairement suspendu. Le 13 février 2018, la Haute Cour a rendu une ordonnance de sursis au gouvernement afin de maintenir le statu quo sur l'abattage d'environ 4.000 arbres sur la route Singair-Hemayetpur dans le district de Manikganj [fr] pour six mois.

La route de Jessore au Bangladesh et la nationale 112 en Inde feront partie du projet de route asiatique (AH1) [fr]. L'AH1 est la plus longue route du réseau routier asiatique [fr], parcourant 20.557 km depuis Tokyo, au Japon, via de nombreux pays asiatiques, jusqu'à la frontière entre la Turquie et la Bulgarie à l'ouest d'Istanbul, où elle rejoint enfin la route européenne E80. Alors que le Bangladesh et l'Inde sont pris en étau entre un désir de développement et de préservation, il reste à voir si les arbres de la route de Jessore, des deux côtés de la frontière, survivront ou non à cette pression.

Le meurtre du journaliste d'investigation Ján Kuciak ébranle la société slovaque

vendredi 9 mars 2018 à 19:38

Le journaliste slovaque assassiné Ján Kuciak. Photo de Aktuality.sk, utilisée avec autorisation.

Le 25 février 2018, le journaliste slovaque Ján Kuciak et sa fiancée Martina Kušnírová ont été trouvés assassinés dans leur maison à environ 65 km à l'Est de la capitale Bratislava. Ces meurtres ont causé une vague de chocs et de nombreuses protestations à travers tout le pays.

Kuciak, 27 ans, travaillait pour le site d'actualités Aktuality.sk [sk]. Plus d'une semaine après les meurtres, il n'y a eu aucune avancée de l'enquête officielle.

Selon BFMTV, le vendredi 3 mars, entre 10 000 et 20 000 personnes sont descendues dans les rues à travers toute la Slovaquie pour participer à des veillées de protestations en mémoire du Journaliste Ján Kuciak, avec des appels à la démission du Premier Ministre Robert Fico, le leader du parti politique Direction – Social Democratie (SMER-SD).

Des milliers de personnes défilent à Bratislava. C'est une énorme réaction au meurtre du journaliste d'investigation slovaque JanKuciak et de sa fiancée Martina Kušnírová. C'est probablement la plus grande manifestation depuis l'indépendance de la Slovaquie.

La police et les proches de Ján Kuciak soupçonnent que sa mort est liée à son travail. Sa plus récente enquête, qui n'a pas encore été publiée, examinait les connexions existantes entre des membres du gouvernement slovaque et les intérêts de la mafia italienne en Slovaquie orientale, visant à frauder les subventions de l'Union Européenne (UE) pour l'agriculture.

Plusieurs jours après le meurtre, la police slovaque a arrêté puis relâché les ressortissants italiens Antonino Vadala, Bruno Vadala, et Pietro Catroppa qui seraient tous liés au groupe italien de crime en bande organisée à grande échelle ‘Ndrangheta, sur lequel Kuciak enquêtait avant sa mort.

Diverses voix indépendantes se sont depuis exprimées en ligne et ont souligné les liens entre le parti au pouvoir et la mafia italienne.

Certains commentaires se sont concentrés plus particulièrement sur Antonino Vadala, qui a qualifié le Parti Slovaque SMER au pouvoir comme étant “notre parti”. Peu de temps après, plusieurs politiciens ont publié des déclarations réfutant tout lien avec Vadala.

Le blogueur Jiří Ščobák [sk] a observé que le président du Parlement Andrej Danko, bien qu'il ait posté une image de bougie sur sa page Facebook en l'honneur du journaliste Kuciak, a en réalité, été précédemment ami avec Vadala. Ščobák [sk] a illustré cela en juxtaposant une copie d'écran du récent post de Djanko avec celle montrant qu'ils avaient été amis sur Facebook.

Les connexions existantes avec la mafia italienne sont un sujet tabou pour les médias slovaques. Kuciak a continué ses investigations après que le journaliste Ivan Mego de l'hebdomadaire Plus 7 Dní s'est vu ordonner par ses supérieurs de cesser ses investigations sur le sujet [sk], avant d'être licencié en février.

Les collègues de Ján Kuciak du Projet de reportage sur la criminalité organisée et la corruption (OCCRP) et son média Aktuality.sk, ont défié cette norme et ont décidé de publier, à titre posthume, la dernière investigation sur laquelle celui-ci travaillait.

[Tweet cité : Une ancienne modèle topless embauchée de façon inattendue par le Premier Ministre slovaque s'est avérée avoir été la partenaire en affaires d'un homme lié à la ‘Ndrangheta. /3]
Vous pouvez tuer un journaliste mais vous ne tuerez jamais son travail. Nous sommes fiers de publier la dernière enquête inachevée de Jan.

Kuciak n'était pas de ces journalistes d'investigation qui travaillent avec de nombreuses sources secrètes. Son style était plutôt de collecter et relier entre elles les informations provenant des archives publiques.

En septembre dernier, il avait déposé une main courante en raison de menaces verbales de la part d'un entrepreneur slovaque bien connu.

Le bureau des impôts qui faisait l'objet d'une investigation de la part du journaliste assassiné Jan Kuciak en flammes aujourd'hui. Ci-dessous, les preuves brûlent :

Le Premier ministre slovaque populiste de gauche Róbert Fico est connu pour ses attaques verbales à l'encontre des journalistes, qu'il traite de “hyènes”, “sales prostituées anti-slovaques” et même “araignées de toilettes”.

Mais deux jours seulement après le meurtre de Kuciak, Róbert Fico a promis lors d'une conférence de presse une récompense d'un million d'euros en provenance du budget d’État pour toute information liée au meurtre.

Comment est-il possible pour un Premier ministre de prendre 1 million d'Euros en espèces du budget de l’État pour le déposer sur la table en pleine conférence de presse ? Quelle loi l'autorise à faire une telle chose avec l'argent des contribuables ?

Deux personnalités proches de Fico figuraient en première ligne des investigations de Kuciak – Mária Trošková, une ancienne compagne d'Antonino Vadala, et Viliam Jasaň, qui a servi comme chef de la gestion de crise et de la sécurité de l’État et qui aurait des liens avec une des entreprises de Vadala.

Trošková et Jasaň ont tous deux démissionné de leurs postes au gouvernement, en attendant la conclusion de l'enquête sur l'assassinat du journaliste. Lorsqu'il leur a été demandé d'expliquer les raisons de leur départ, qu'ils ont qualifié de temporaire, ils ont tous deux évoqué la pression des médias, arguant que “leurs noms avaient été salis dans la lutte politique menée contre Fico”.

Le blogueur Milan Ftorek [sk] souligne des contradictions dans le comportement public du Premier ministre :

Slovenský premiér sa zbláznil ,,, keď sa počas jednej tlačovky dokázal stavať do role toho, čo chce odhaliť Kuciakovych vrahov, no zároveň obhajoval tých, na ktorých sám Kuciak ukázal prstom?

Le Premier ministre serait-il devenu fou ? …Durant une conférence de presse, il a réussi à jouer la carte de celui qui voulait exposer les assassins de Kuciak, tout en défendant ceux qui faisaient l'objet des investigations du journaliste ?

Les journaux, voix de l'opposition politique, ainsi que de nombreux simples citoyens ont réagi avec indignation, organisant des hommages, marches et protestations en Slovaquie mais aussi à l'étranger, afin d'honorer la mémoire de Ján Kuciak et Martina Kušnírová.

#AllForJan image web [en] créée par Aktuality.sk en commémoration de Jan Kuciak (27), et Martina Kušnírová (27)

Le site d'information pour lequel travaillait Kuciak, Aktuality.sk, utilise le hashtag #AllForJan, tandis que beaucoup ont simplement utilisé un hashtag avec le nom du journaliste .

Le rapport communautaire du Sommet de l'Internet Society sur la connectivité des autochtones d'Amérique du Nord

vendredi 9 mars 2018 à 12:21

Affiche pour le Sommet de la connectivité Internet. Utilisée sous licence CC-BY-SA.

Ce qui suit est le résumé analytique du rapport communautaire de l'Internet Society sur le récent Sommet de la connectivité autochtone en Amérique du Nord. Pour lire le rapport complet, veuillez visiter le site Web de l'Internet Society où il peut être téléchargé. Le résumé est republié sous une licence CC-BY-SA.

Le Sommet sur la connectivité autochtone, tenu les 8 et 9 novembre 2017 à l'hôtel Santa Fe à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, a été la première réunion de l'Internet Society à se concentrer sur la connexion des communautés autochtones nord-américaines à Internet. Il a attiré plus de 200 participants présents et en ligne pour une série de panels de deux jours, des présentations et des discussions ouvertes sur les réseaux communautaires en Amérique du Nord et à l'étranger, et leur impact sur diverses communautés. Le Sommet a été précédé d'une séance de formation de deux jours à l'intention des Autochtones qui exploitent actuellement un réseau communautaire et de ceux qui prévoient d'en déployer un.

L'événement a lancé un dialogue critique sur ce que la connectivité signifie pour les communautés autochtones et sur la façon d'assurer aux Autochtones de l'Alaska, aux Amérindiens, aux Inuits, aux Premières Nations et aux Métis un accès Internet abordable, de haute qualité et durable. Des témoignages de conférenciers et de participants ont souligné la corrélation vitale entre la connectivité et les avantages socioéconomiques, notamment l'autodétermination et l'autonomie, la préservation de la culture et de la langue, le développement économique, la santé, l'éducation et l'emploi. Il y avait un consensus général sur le fait que les réseaux communautaires sont un moyen idéal pour les communautés autochtones de s'autonomiser et de trouver leurs propres solutions de connectivité.

L'événement a généré des recommandations clés pour promouvoir la connectivité durable dans les communautés autochtones rurales et éloignées. Ceux-ci comprennent les besoins suivants :

1. Des solutions de connectivité créatives axées sur la durabilité.
2. Un environnement propice aux politiques de soutien, aux possibilités de financement et à l'éducation du public.
3. Le renforcement des capacités et de l'éducation au sein des communautés.
4. Un accès plus facile au fréquences radio-électriques pour les communautés autochtones.
5. Des solutions collaboratives fondées sur une technologie à l'épreuve du futur.
6. La recherche sur l'état de la connectivité autochtone en Amérique du Nord.

Des vidéos des présentations et des discussions sont disponibles sur la chaîne livestream de l'Internet Society ici.

María Roa Borja: la voix de la lutte pour les droits du travail, ethniques et des femmes en Colombie

vendredi 9 mars 2018 à 12:08

La lutte de María Roa Borja a commencé avec les droits des travailleuses domestiques d'ascendance africaine et se poursuit avec l'expansion de l'Union des travailleuses afro-colombiennes, ouverte aux travailleuses de diverses origines ethniques et sociales. Capture d'écran de la vidéo avec María Roa Borja qui a été partagée sur la chaîne YouTube du journal El Espectador.

Antes, el tema de las empleadas domésticas se hablaba entre empleadores en reuniones sociales, ahora se habla en el ministerio de trabajo, en la corte constitucional, en el Congreso de la República y en los medios de comunicación […] Los temas relacionados con las empleadas domésticas eran de nuestro carácter, la raza, lo ágiles que éramos para cocinar […] Hoy el tema principal son nuestros derechos laborales.

Avant, le sujet des travailleuses domestiques était abordé par les employeurs pendant des rencontres sociales, maintenant on en parle au Ministère du Travail, à la Cour constitutionnelle, au Congrès de la République et dans les médias. […] Avant, les questions liées aux employées domestiques concernaient notre caractère, la race, notre capacité à cuisiner […] Aujourd'hui, le thème principal ce sont nos droits en tant que travailleuses.

C'est ainsi que María Roa Borja résume certains des accomplissements de l'Union des travailleuses afro-colombiennes du service domestique (UTRASD), fondée en 2013 et comptant un peu plus de 150 femmes membres actives. L'objectif principal de l'UTRASD est de défendre les droits de près d'un million de femmes qui travaillent comme domestiques et qui viennent en grande partie des couches sociales les plus vulnérables de la société colombienne.

Roa Borja, sa fondatrice et présidente actuelle, maintient que la lutte menée par les travailleuses domestiques colombiennes ne concerne pas seulement le monde du travail, mais également le sujet de l'égalité des genres et des droits des Colombiennes d'ascendance africaine.

L'organisation a commencé son travail à Medellín, avec 28 femmes qui se sont concentrées sur les droits des travailleuses domestiques d'ascendance africaine. Cet objectif est né en réponse aux conditions sociales et historiques auxquelles sont confrontées les femmes de cette partie de la population, généralement discriminées en raison de leur genre et de leur ethnicité.

L'emplacement de l'UTRASD dans la ville de Medellín est également important. En raison de sa proximité avec El Chocó, l'une des régions avec la population d'ascendance africaine la plus élevée en Colombie, Medellín accueille un important flux migratoire de personnes déplacées par le conflit armé colombien, qui a touché près de 7 millions de personnes depuis son début il y a cinquante ans.

Cependant, l'adhésion et les causes défendues par l'UTRASD incluent les cas de femmes de divers groupes ethniques sans aucune exclusion.

Dans un article publié par le médium colombien El Malpensante, María Roa raconte certaines des réalités forcées des travailleuses domestiques dans son pays, qui sont le point de départ de son travail :

De los casi 53 millones de trabajadores domésticos que hay en el mundo, cerca de un millón se encuentran en Colombia. Vivimos en los cordones de pobreza, la gran parte hemos sido víctimas del conflicto armado, la mayoría desconocen nuestros derechos, y el ámbito privado en el que esta labor se desarrolla suele obstaculizar el acceso a la justicia. Muchos empleadores dicen desconocer la ley o camuflan su incumplimiento con el pretexto de compensar a las trabajadoras con intangibles como el cariño o el buen trato

Près d'un million des 53 millions de travailleurs domestiques dans le monde se trouvent en Colombie. Nous vivons dans la pauvreté, la plupart d'entre nous ont été victimes du conflit armé, la majorité d'entre nous ne connaissent pas leurs droits et l'environnement privé dans lequel ce métier s'exerce entrave souvent l'accès à la justice. Beaucoup d'employeurs disent ignorer la loi ou dissimulent leur non-respect de la loi en indemnisant les travailleuses avec des avantages immatériels tels que de l'affection ou un bon traitement

Une voix pour les travailleuses d'ascendance africaine

Le parcours de Roa Borja s'est répandu et son message a été reconnu en Colombie et à l'étranger à travers des interviews, des conférences et des prix. En 2015, elle était panéliste à la conférence «Les Femmes et le travail pour la construction de la paix» à l'Université Harvard. À la fin de la même année, elle a été reconnue comme faisant partie des 20 meilleurs leaders de Colombie et comme personnalité de l'année par le journal El Espectador.

Mais Roa Borja fait également partie des personnes qui ont été déplacées par le conflit. Elle est arrivée à Medellín à l'âge de 18 ans. Elle venait d'Apartadó, dans la municipalité d'Antioquia, une région fortement touchée par les décennies de guerre qui ont dominé l'histoire récente de la Colombie.

Elle a fui Medellín après que sa sœur a été assassinée et qu'un de ses frères a été victime d'une agression. Avec une formation académique insuffisante et le besoin urgent de gagner de l'argent, le seul emploi s'offrant à elle pour survivre à Medellín était celui de travailleuse domestique.

Pendant les années où elle a exercé ce métier, elle a vécu et observé les abus, les mauvais traitements et les mauvaises conditions de travail dont ses camarades ont été victimes. La majorité d'entre elles étaient également afro-colombiennes, également déplacées par la guerre et devaient travailler jusqu'à 16 heures debout sans même recevoir un salaire minimum reconnu.

“Tu es noire, ça ne te fait pas mal”

Le service domestique est synonyme d'abus de la part des employeurs, abus qui touchent plus fortement les femmes d'ascendance africaine. Ces femmes voient souvent leurs droits bafoués et sont victimes de discriminations multiples et de visions stéréotypées, non seulement parce qu'elles exercent un métier historiquement stigmatisé, mais aussi à cause de leur genre et de leur origine sociale et ethnique.

Des études de la Carabantú Corporation et de l'ENS (Ecole Nationale des Syndicats) ont révélé que la majorité des 182 travailleuses domestiques noires employées dans des foyers de Medellin reçoivent moins que le salaire minimum mensuel (qui s'élevait à 737,717 pesos, environ 260 dollars américains, au moment de l'enquête). 85,7 % des contrats sont verbaux et les employées ignorent leurs droits, ce dont les employeurs profitent pour les leur réduire encore plus.

Dans un interview par le site Afroféminas, Roa Borja illustre un aspect de ce problème:

Los empleadores dicen “Tú eres negra, no te duele. Tú eres negra, no te cansas”. Claro, nosotras demostrábamos que sabíamos hacer el trabajo, pese a tener que estar muchas horas [trabajando]. Lo normal era levantarse a las [cuatro] de la mañana y acostarse a las diez, las once o [a] medianoche para volver a comenzar temprano. Esto significaba que podíamos llegar a dormir tres o cuatro horas, cuando había eventos como fiestas, matrimonios o cumpleaños. Veíamos a nuestros hijos sólo el fin de semana, y ni siquiera completo. El sábado salíamos en la tarde, llegábamos a nuestras casas en la noche y el domingo a mediodía teníamos que regresar al trabajo.

Les employeurs disent “Tu es noire, ça ne te fait pas mal. Tu es noire, ça ne te fatigue pas.” Évidemment, nous avons montré que nous savions travailler, malgré les nombreuses heures [à travailler]. Il était normal de se lever à [quatre heures] le matin et de se coucher à dix heures, onze heures ou [à] minuit pour recommencer tôt [le lendemain]. Cela signifiait que nous dormions trois ou quatre heures, quand il y avait des événements tels que des fêtes, des mariages ou des anniversaires. Nous voyions nos enfants seulement le week-end, et même pas pendant tout le weekend. Le samedi nous partions dans l'après-midi, nous arrivions chez nous le soir et le dimanche à midi nous devions retourner au travail.

Premières victoires

Depuis sa création en 2013 et sous la direction de Roa Borja, l'UTRASD a lutté sans relâche pour la réglementation du travail domestique en Colombie. En conséquence, en 2016, la Loi 17 88 (aussi appelée «loi sur la prime») a été votée.

Cette loi établit une prestation sociale payable par l'employeur qui correspond au paiement de 30 jours de service par an ou proportionnellement au temps travaillé et qui est donnée directement au travailleur. La loi prévoit également d'autres avantages tels que l'aide au transport, les indemnités de licenciement, les congés, les fonds d'indemnisation, les cotisations pour la santé, les retraites et les accidents du travail.

Le syndicat continue de grandir et vise à affilier de plus en plus de femmes avec l'intention de les éduquer sur leurs droits. De plus, María Roa Borja et ses camarades ont pour mission de répandre l'information et de permettre ainsi de plus en plus aux femmes dans le service domestique d'exiger un traitement plus humain et plus respectueux.