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Une année 2015 enrichissante pour les traducteurs de Global Voices

samedi 16 janvier 2016 à 11:01
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Tour de Babel, peinture de Pieter Brueghel l'Ancien. Image sur Flickr par Thomasthomas sous la licence CC Attribution-NonCommercial 2.0 Generic (CC BY-NC 2.0).

Un an de plus de traductions pour le site Global Voices en espagnol. En janvier, notre site web fête aussi une année de plus. Pour l'occasion, et conformément aux principes de Global Voices, la parole est à ceux qui d'ordinaire passent inaperçu, nos traducteurs bénévoles vers l'espagnol. Ils nous racontent ce que pour eux, signifie traduire pour Global Voices et faire partie de la communauté.

Commençons avec Antonia Pasqualino, une des dernières traductrices à nous avoir rejoints cette année :

Je donne des cours d'anglais et suis en dernière année de traduction technique, littéraire et scientifique. J'ai été acceptée il y a peu comme traductrice bénévole de Global Voices en espagnol. C'est pour moi une grande joie et une expérience très gratifiante. Pas seulement parce que je collabora avec le groupe et parce que je mets en pratique ce que j'ai appris ces dernières années, mais aussi parce que je suis véritablement passionnée par les langues. J'aime la communication et la combinaison harmonieuse des mots qui la composent. Selon moi, le pouvoir des mots est très précieux. Le fait de traduire et de permettre la compréhension du message à ceux qui le lisent me rend vraiment heureuse.

Marian Rubio, traductrice vivant en Espagne, a récemment rejoint Global Voices. Elle s'exprime :

Je suis actuellement en dernière année de traduction et d'interprétation à Malaga. Cela fait déjà quelques mois que j'ai rejoint Global Voices en espagnol. C'est la première fois que je traduis des articles destinés à être publiés. Quelle opportunité magnifique ! Non seulement je reste informée de ce qui arrive dans les autres pays et j'apprends à travailler au sein d'une communauté, mais en plus, je participe à transmettre l'information à d'autres cultures. Le langage nous permet de faire partie d'une société et, grâce aux traducteurs, plus aucune barrière n'empêche d'être au courant du moindre évènement.

Lucas Lanero est un autre traducteur qui a rejoint Global Voices cette année. Il écrit sur son expérience :

Quand on traduit pour Global Voices, on apprend en permanence. Non seulement on devient de meilleurs traducteurs, mais on découvre aussi de nouvelles choses avec chaque texte. On ne sait jamais ce qu'on va découvrir. Quand je m'emmêle les pinceaux avec une phrase, je me dis “Pourquoi j'ai pas choisi un autre texte ?!”, mais une fois que j'ai passé outre, je me rends compte que ces difficultés sont celles-là mêmes qui me permettent de m'améliorer. Je tire profit de cette collaboration et même si je suis encore étudiant, je pourrai dire que ma première expérience en traduction, c'était pour Global Voices. Bonne année à tous😸

Verónica Barroso, traductrice et professeur d'anglais, nous vient d'Argentine. Pour elle, Global Voices, ce n'est pas juste traduire, mais aussi lire des histoires :

J'ai rejoint la communauté il y a quelques mois, non sans craintes, parce que je n'ai pas beaucoup d'années d'expérience. Je termine actuellement ma thèse. J'ai dû apprendre à utiliser d'autres méthodes, suivre d'autres règles. Cette opportunité m'a servi à accumuler de l'expérience en traduction et à en savoir davantage sur les évènements, dans d'autres parties du monde, non relayés par les grands médias. J'ai pu lire des histoires relatant des faits que je ne rencontre d'aucune façon dans mon pays. C'est très enrichissant. Même si je n'ai pas toujours le temps, je compte bien continuer à collaborer.

Malgré ce que certains peuvent penser, traduire n'est pas si simple. Elisa López développe :

En 2015, j'ai voulu passer d'une bonne traductrice à une très bonne traductrice. Je pense avoir réussi, après un an d'efforts et d'études, et grâce à l'aide de Global Voices. J'ai entamé cette collaboration dans le but d'aider, de donner, de contribuer. Mais finalement, ça représente beaucoup plus.

Je fais partie d'une communauté solidaire. Les collaborateurs de Global Voices me soutiennent, m'apportent des réponses et vont jusqu'à partager leur documentation et leurs bases de données. Au travers des corrections de mes travaux par l'équipe de Global Voices, j'ai appris à éviter les pièges de la traduction de l'anglais à l'espagnol. Je fais maintenant attention aux anglicismes, et je troque les constructions propres à l'anglais contre des expressions idiomatiques en espagnol.

Plusieurs fois, j'ai évité les constructions passives et les gérondifs. J'ai révisé les règles d'orthographe (pas d'accent sur fue, vio, dio !), je me suis améliorée sur les accords (“vingt et une femmes”, pas “vingt et un femmes”) et j'ai pu constater qu'il y avait bien d'autres pièges (“il y avait trois personnes”, pas “il y avaient trois personnes” ; ou “derrière moi” et pas “derrière de moi”). Grâce à Global Voices, je deviens une meilleure personne, une meilleure traductrice.

Mon objectif pour 2016 ? Être une excellente traductrice. Dans un an, je vous dirai “Oui, j'ai réussi”.

Romina Navarro nous raconte son expérience à la réunion bisannuelle de Global Voices :

Deux choses m'ont particulièrement plu cette année. J'ai eu l'opportunité de participer à la réunion bisannuelle de Global Voices, où j'ai enfin pu rencontrer ces personnes merveilleuses, toutes uniques dans leur genre et pourtant unies par un projet commun. On a partagé des moments inoubliables, on s'est vraiment amusés. Lors de cette réunion, une idée a surgi : resserrer les liens au sein de Global Voices en espagnol pour rédiger des articles, faire des reportages en commun, proposer de nouvelles idées originales et prendre la liberté d'être de plus en plus créatifs. On ne s'ennuie pas avec les Global Voicers ! Merci à toute l'équipe !

Depuis l'Argentine, Cecilia Cárdenas, collaboratrice assidue et éditrice suppléante, partage son expérience :

En théorie, le rôle d'un éditeur est le suivant : choisir l'objet et la date des publications, corriger les erreurs d'orthographe, de grammaire et de ponctuation, vérifier les chiffres, les noms propres, les en-tête, les titres et sous-titres, le format, modifier les textes pour en améliorer la lisibilité sans jamais s'éloigner du sens original. Être éditeur pour Global Voices, c'est aussi : contrôler la publication des articles par le système et à défaut, les publier manuellement, animer le compte Twitter, répondre aux questions des traducteurs le plus rapidement possible, donner des conseils éditoriaux si nécessaire, actualiser les posts traduits une fois corrigés, solliciter le groupe pour d'éventuelles traductions urgentes, ne pas laisser de posts sans traduction sur le site (dans la mesure du possible), raccourcir ou modifier les titres pour les rendre plus accessibles sur Google et savoir prendre des décisions à caractère éditorial en cas de réclamation.

Par exemple, quand j'étais en charge du processus éditorial, après avoir révisé 8 posts, j'ai dû opérer un changement de dernière minute. Il était tard, je voulais aller dormir, j'ai raccourci un titre trop long pour Google et n'ayant plus vraiment la tête à ce que je faisais, j'ai remplacé “engin de chantier” par “bulldozer”. Ce qui pour moi revenait exactement au même. Le lendemain, la traductrice m'a très justement fait remarquer que son choix était réfléchi et justifié. Depuis lors, je suis vigilante aux nuances d'expression selon les régions.

En 2015, les posts ont été nombreux. La dynamique politique et sociale a été assez agitée au niveau mondial. Aujourd'hui plus que jamais, la Toile relaye rapidement ce qui se passe dans chaque recoin de la planète. En 2016, nous espérons continuer à faire le lien entre ces articles et les hispanophones, et à leur faire lire tous les articles publiés sur Global Voices en anglais, en temps réel, et sans filtre.

Neuf ans de protestations contre la répression policière à Córdoba, en Argentine

jeudi 14 janvier 2016 à 20:55
Cap March, Córdoba, Argentina, 18th November 2015, fotografía utilizada gracias a la cortesía de Noelia Esteban

Marche de la casquette, à Córdoba, en Argentine, le 18 novembre 2015. L'image est publiée avec l'aimable autorisation de Noelia Esteban.

La neuvième édition de la “Marcha de la Gorra“, ou “Marche de la casquette”, a eu lieu le 18 novembre dernier à Córdoba, capitale de la province éponyme. Des jeunes représentants des mouvements sociaux et des victimes d'abus de pouvoir ont marché contre les actions contestables de la police dans la province.

Depuis neuf ans, les marcheurs réclament la fin des abus de pouvoirs de la police dans la deuxième plus grande ville d'Argentine. L'une des principales revendications des manifestants est l'abrogation du Code des infractions et des délits et la fin des contrôles de police injustifiés, la fin de l'humiliation et des abus de pouvoir, mais ils réclament aussi une justice pour les victimes de violences policières [espagnol]:

Le nom de cette manifestation, “La Marche de la casquette”, est une allusion à la stigmatisation que subissent les jeunes issus de quartier populaires à cause de leur apparence et leur tenue vestimentaire, comme le montrent des vignettes qui circulent sur Twitter :

Aujourd'hui, la neuvième Marche de la casquette

Comme l'explique le blog Résister au Code des infractions et délits [espagnol], il existe une loi dans la province de Córdoba qui punit toute conduite qui “altère la vie quotidienne, afin de faciliter la coexistence”. Mais l'ambigüité de cette définition laisse toute place à l'interprétation de ce qu'est un comportement perturbateur. Et dans la plupart des cas, ça “limite l'exercice des droits qui sont dans la Constitution”.

L'exemple de cela est la figure du “maraudeur” (article 98), qui vise tout personne ayant “une attitude suspicieuse” près de bâtiments ou de véhicules. Il est de la responsabilité des policiers de déterminer ce que signifie “suspicieux”, et ainsi, toute balade dans la rue peut devenir une “maraude”, constate le blog. Une autre infraction se réfère aux “rassemblements publics tumultueux” (article 99). Selon cet article, un officier peut juger par lui-même à quel moment un rassemblement devient un dérangement, et il a le pouvoir d'arrêter toute personne participant au rassemblement (même si elle n'a pas participé au tumulte). Le blog continue en constatant que “cela peut limiter la liberté d'expression et le droit de questionner les autorités (article 14 de la Constitution)”.

Bien que les données officielles concernant le nombre d’arrestations soient rares, peu systématisées et peu actualisées, une étude [espagnol] conduite par des chercheurs de l’Université Nationale de Córdoba en 2011 dénombrait un total de 42 700 arrestations pour violation du Code des délits [espagnol].

Les chiffres montrent une augmentation du nombre d’arrestations par rapport aux années précédentes. Actuellement, les organisations sociales estiment qu’il y a une arrestation toutes les sept minutes au motif de “violations du Code des délits”:

Nouvelle Marche de la casquette. Découvrez le nombre d'abus policiers

Ces chiffres reflètent que la stratégie gouvernementale est basée sur de gros investissement dans la sécurité, au détriment de la santé et de l’éducation, ainsi que l'indique le rapport [espagnol] du groupe d’enquête Llano en Llamas [espagnol] :

[…] The same happens if we comparatively analyse the expenditure per capita in 2015: the ‘Initial and Primary Education’ category registers a total of $1,311 per inhabitant; the budget for the ‘Health’ category implies $1,734 annual spending per person; and for the ‘Security and Justice Services’ category, the amount is $2,255 per capita.

[…] Il arrive la même chose si nous comparons les dépenses par habitant en 2015: la catégorie « éducation initiale et primaire » enregistre un total de $1,311 (environ 90€ au cours actuel) par habitant ; le budget de la catégorie « santé » représente une dépense de  $1,734 par an et par habitant (environ 118€ au cours actuel); et le budget « sécurité et services judiciaires » représente le montant de $2,255 par tête (environ 153€ au cours actuel).

Le résultat de cette politique sécuritaire est mesuré par la quantité d’arrestations menées par la police de la province. A ce titre, des plaintes se sont élevées au sein même des officiers de police, dénonçant l'incitation des institutions à augmenter les arrestations [espagnol], avec ou sans motif, afin de démontrer chiffres à l'appui l’efficacité de la police, et ainsi justifier les dépenses élevées dans la sécurité.

La “Marche de la casquette” [espagnol] proteste contre cette politique sécuritaire répressive, qui a tendance a supplanter les politiques sociales et d’éducation. Pendant la dernière manifestation, les participants ont publié un document dans lequel ils exposent leurs critiques et leurs demandes, tout particulièrement à l'adresse du gouverneur de la province, José Manuel de la Sota [espagnol], qui est responsable de la politique sécuritaire en vigueur :

DLS [abbreviation of de la Sota] you are mistaken: We are family and friends of victims of an easy trigger, never of police officers who steal guns and plant them in our neighbourhoods, nor of the murderers commanded by criminals like you and Julio César Suárez.

We are the biggest and most systematic March in Córdoba and the COUNTRY, who claims its popular cultures and strongly repudiates this police State that excludes us, represses us, persecutes us, stigmatises and kills us.

DLS [abréviation de José Manuel de la Sota], vous faites erreur: nous sommes les amis des victimes d’une gâchette facile, et pas d'une police qui vole des armes à feu et les cache dans nos quartiers [pour falsifier les preuves], ni des meurtriers dirigés par des criminels comme vous ou Julio César Suárez.

Nous sommes la plus grande et la plus répétitive des marches à Córdoba et dans le PAYS, qui revendique sa culture populaire et qui renie fermement cet état policier qui nous exclut, nous presse, nous persécute, nous stigmatise, et nous tue.

La neuvième édition de la marche a pu compter sur le soutien d’organisations éducatives, sociales et de travailleurs:

Le Programme des droits humains de la FFyH [Faculté de Philosophe et des Sciences humaines de l'Université Nationale de Córdoba] soutient la neuvième Marche de la casquette qui aura lieu le 18 novembre.

[AUJOURD'HUI] Neuvième Marche de la casquette à Córdoba <17 heures, quartiers de Colón et Cañada, ville de Córdoba.

Personne ne doit manquer: La neuvième Marche de la casquette “maraude” à Córdoba

Même certaines parties de l’église catholique ont soutenu la manifestation:

25 prêtres catholiques à la Marche de la casquette.

L'ampleur et l'impact de cette marche ne se limite pas aux classes les plus populaires, elle inclut tous les citoyens de Córdoba, et tout particulièrement la jeunesse. Ce que cette marche réclame et son questionnement sur la légitimité de l'autorité policière dépasse les barrières sociales, économiques et éducatives.

Bien que la marche ait eu lieu dans une ambiance paisible et festive, une émission sur la chaine de télévision locale Canal 12 a été critiquée pour sa couverture de l’événement, qui met en avant des actes de vandalisme.

Vandalisme pendant la Marche de la casquette – L'émission du matin – Córdoba

Aujourd'hui, l'actualité des requêtes citoyennes dans les provinces du sud de l’Argentine ont été nourries par de nouvelles plaintes de jeunes arrêtés sans aucun motif. Dans ce contexte, les jeunes étudiants ingénieurs ont aussi dénoncé sur les réseaux sociaux de nouveaux abus de la police à leur encontre.

Mexique : aller à l'école dans un autre pays, traverser la frontière tous les jours

jeudi 14 janvier 2016 à 20:43
During the school week, Arlet Burciaga rides a bus toward the international bridge in Ciudad Juárez. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Pendant la semaine, Arlet Burciaga prend le bus vers le Pont International de Ciudad Juárez. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Cet article et le reportage radio de Kate McGee et du photopraphe Miguel Gutiérrez Jr pour The World publiés initialement sur PRI.org le 5 novembre 2015, sont republiés ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Se lever, s'habiller, préparer son sac et même parfois son déjeuner. C'est la routine matinale de la plupart des écoliers. Mais certains, qui vivent à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, emportent quelque chose d'autre avec eux avant de sortir : leur passeport. Arlet Burciaga, 19 ans, en fait partie.

Écoutez cette histoire sur PRI.org

Listen to this story on PRI.org »

A view of the Colonia Alta Vista neighborhood in Ciudad Juarez. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission

Les rues du quartier Alta Vista à Ciudad Juárez. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet est réveillée depuis plus d'une heure. Elle est debout dans la modeste cuisine de sa maison à Ciudad Juárez, au Mexique. Les murs sont presque nus, il y a juste une petite affiche sur laquelle on peut lire le mot «Feliz» – Heureux. Sa mère, Martha Flores Ibarra, compte des pesos.

Before she leaves, Arlet's mother, Martha Flores Ibarra, arrives home at 6:30 am after working at one of the transnational maquiladora factories located in Ciudad Juarez. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Avant qu'Arlet parte, sa mère, Martha Flores Ibarra, rentre à 6 heures 30 de son travail dans une ‘maquiladora’ transnationale de Ciudad Juárez. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Martha vient de rentrer chez elle après le service de nuit dans une usine de composants automobiles, elle gagne environ 45 dollars par semaine. Toutes deux vivent avec la sœur cadette d'Arlet et son frère aîné qui travaille aussi dans une usine de Juárez. Martha donne à sa fille trois pesos pour le bus et quatre pour le péage du pont. Elle la sert fort dans des bras, l'embrasse et Arlet entreprend son trajet.

6h54

Arlet's passes through Colonia Alta Vista on her way to El Paso, Texas. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet traverse le quartier Alta Vista pour aller à El Paso, au Texas. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet part pour l'école.

Elle vit au Mexique mais son école se trouve aux États.Unis ; l'Institut Lydia Patterson est une école privée méthodiste située à El Paso. Arlet pourrait étudier au Mexique, mais quand elle a entendu parler dans sa communauté religieuse de cet institut aux États-Unis, elle a postulé et a reçu une bourse d'études. L'école finance le passage quotidien de la frontière et environ 20 dollars par mois pour d'autres dépenses.

6h59

Arlet boards a bus towards the international bridge in Ciudad Juarez. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet monte dans le bus en direction du Pont International à Ciudad Juárez. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Le bus arrive juste au moment où Arlet rejoint l'arrêt. Il y a peu de gens dans les rues, mais le bus est plein.

Le trajet est court jusqu'au pont et pour Arlet, ce parcours quotidien est devenu normal, bien qu'elle sache que ce n'est pas du tout le cas, «Je ne crois pas que ce soit vraiment normal» dit Arlet en riant. «Je crois que c'est un défi de traverser le pont tous les jours. C'est une véritable expérience car on ne sait jamais comment ça va se passer chaque jour sur le pont ou sur le chemin du retour ».

A line of cars forms down Calle Juarez in the early morning at the Puente Internacional Paso Del Norte. The cars are waiting to cross the bridge into El Paso, Texas. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Une file de voitures le long de la rue Juárez aux premières heures du matin sur le Pont International Paso Del Norte. Les voitures attendent pour traverser le pont vers El Paso, au Texas. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Autrefois connue comme la « capitale mondiale du meurtre », Juárez est encore en reconstruction économique après une période de grande violence des cartels entre 2009 et 2012. Mais maintenant, des deux côtés de la frontière, les gens disent se sentir en sécurité dans la ville. Ceux qui vivent à El Paso et Juárez expliquent qu'on se fait de fausses idées sur la vie à la frontière. Malgré les politiques actuelles, les gens vont et viennent quotidiennement.

Parfois, traverser peut être difficile. Les mesures de sécurité se renforcent et les files s'allongent après un incident, comme les attaques terroristes du 11 septembre et celle du marathon de Boston. D'autres fois, Arlet ne peut pas passer parce que comme tous les lycéens, il lui arrive d'oublier ses affaires, dont son passeport.

7h05

Arlet pays a 4 peso toll in order to exit Mexico and enter the international bridge towards Texas. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet paye 4 pesos de péage pour quitter le Mexique et entrer sur le Pont International vers le Texas. Photo de Miguel Gutirérez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet arrive au péage. « Aujourd'hui la queue est très longue », dit-elle en marchant. « Je ne sais pas pourquoi, mais on doit faire la queue ». Au pied du pont, un grand panneau est suspendu au-dessus de la route. « Feliz viaje », dit-elle. « Bon voyage ou quelque chose comme ça ».

Il y a quelques années, Arlet avait du mal à traduire de l'espagnol à l'anglais. Avant d'aller à l'Institut Lydia Patterson, elle ne parlait qu'espagnol et n'était jamais allée aux États-Unis. « Les professeurs me parlaient et je ne comprenais rien. Cela a été très difficile pour moi ».

7h15

Cinq minutes après avoir traversé le pont, elle se dirige vers la douane. 75% des 435 étudiants de son école traversent la frontière chaque jour. Certains sont des citoyens américains qui vivent au Mexique.

D'autres, comme c'est le cas d'Arlet, sont mexicains. Elle fait la queue avec son amie Vicki. Normalement, il y a une file spéciale pour les étudiants. Aujourd'hui, elle est fermée.

« Ce n'est pas juste » commente Vicki. « Il n'y a pas beaucoup d'agents d'immigration aujourd'hui ».

« Quelle queue avance le plus vite? » demande Arlet. « Celle-ci ou l'autre ? »

« Et ils ont fermé la queue pour les étudiants, alors qu'elle est nécessaire », dit Vicki sans répondre à Arlet.

Arlet holds her passport and visa. These documents allow her to cross into the United States and study in El Paso. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet montre son passeport et son visa. Ces documents lui permettent d'entrer aux États-Unis et d'étudier à El Paso. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Devant elles, un homme est mis à l'écart. Le policier qui vérifiait sont passeport le conduit dans une pièce séparée.  « Peut-être qu'il n'a pas les papiers nécessaires ? » se demande Arlet. « C'est suspect ».

Quelques minutes plus tard, un autre agent leur demande de montrer leurs passeports.

« Où allez-vous ? » demande l'agent.

« Escuela », répond Arlet.

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7h45

Arlet hands her documents to an immigration officer in El Paso, Texas. This a regular task for Arlet during the school week. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet tend ses papiers à un agent d'immigration à El Paso, au Texas. C'est une chose normale pour Arlet pendant la semaine. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet passe la douane sans aucun incident. Une fois à El Paso, elle est toute seule. Sa mère n'a pas de passeport et ne peut pas traverser la frontière. S'il lui arrivait quelque chose dans ce côté, sa mère ne pourrait pas aller l'aider.

7h55

Once at school, Arlet helps herself to breakfast at the school cafeteria. Students are provided with a breakfast and lunch. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Une fois à l'école, Arlet prend son petit déjeuner à la cafétéria. Les élèves ont droit à un petit déjeuner et un déjeuner. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet arrive à l'école. Une fois là-bas, elle se dirige vers la cafétéria pour le petit déjeuner. L'institut offre un petit déjeuner et un déjeuner gratuit à tous les étudiants.

8h30

After breakfast, Arlet sits in her first period class, and looks over class materials. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Après le petit déjeuner, le premier cours commence, Arlet révise ses notes. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Sa journée débute par un cours d'anglais. Elle en a trois par jour. Cette semaine, elle a des examens dans toutes les matières.

Presque tous les étudiants de l'institut obtiennent leur diplôme et vont à l'université. L'école est en étroite relation avec des universités méthodistes à travers tous les États-unis. Elle aide les élèves dans le processus d'admission et avec les bourses. Selon Socorro de Anda, présidente de l'institut Lydia Patterson, un diplôme universitaire pourrait changer la vie d'Arlet et celle de sa famille. « On a vu de nombreuses familles sortir de la pauvreté après qu'un de ses enfants ait étudié ici et soit allé à l'université » affirme-t-elle.

15h05

Arlet wipes a table at the Lydia Patterson Institute. Her work is part of her scholarship. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Arlet nettoie une table à l'Institut Lydia Patterson en contrepartie de sa bourse. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

C'est la fin de l'école, mais Arlet n'a pas encore terminé. Les étudiants doivent participer aux tâches d'entretien ou administratives après les cours en contrepartie de la bourse qu'ils reçoivent.

16h21

After a day of classes, Arlet and fellow classmates walk towards the Paso Del Norte International Bridge in El Paso. Credit: Miguel Gutierrez Jr./KUT News. Used with permission.

Après les cours, Arlet et ses camarades se dirigent vers le Pont International Paso Del Norte. Photo de Miguel Gutiérrez Jr./KUT News. Utilisée sous autorisation.

Arlet se met en route pour rentrer chez elle. Cette routine quotidienne dure depuis trois ans. Elle dit qu'elle est fatiguée mais elle sait que cela en vaut la peine. « Je crois que c'est une bénédiction de Dieu, parce que cela m'a permis de découvrir la culture américaine et d'avoir de nouvelles expériences dans ma vie » dit-elle.

Maintenant, elle est prête pour une nouvelle aventure : l'université. Elle ne sait pas encore où elle ira mais elle espère que ce sera aux États-Unis. Si c'est le cas, elle pourra laisser son passeport chez elle.

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Costa Rica : l'anglais en héritage, histoires de langues, histoires de migrations

jeudi 14 janvier 2016 à 20:12

 

San José, capital de Costa Rica en 1885. Fue en esta época que las migraciones para la construcción del ferrocarril y el desarrollo de la industria bananera tuvieron lugar. Con ellas, numerosas familias hicieron de Costa Rica, sin saberlo, el principio de la historia de numerosas generaciones con una compleja y profunda herencia identitaria.

San José, capitale du Costa Rica en 1885. C'est à cette époque que les migrations pour la construction du chemin de fer de l'Atlantique et le développement du secteur bananier ont eu lieu. Avec elles, de nombreuses familles ont fait du Costa Rica le lieu où se déroule l'histoire de nombreuses générations, empreintes d'un héritage identitaire complexe et profond.

Ce texte, qui sera publié en deux parties, a été publié précédemment sur le site Afroféminas, disponible ici

Histoires de langues, histoires de migrations

Ma maman raconte que quand j'étais petite, ils n'avaient pas le droit de parler espagnol. “Arrêtez avec cette langue de singes !”, on leur disait. Par “langue de singes”, ils entendaient “l'espagnol”.

A la fin du XIXe siècle, la population noire dont je descends débarquait ici comme main-d’œuvre migrante depuis les Caraïbes anglaises, à la recherche de conditions de vie plus favorables. Ils allaient faire partie du contingent promis à la construction du chemin de fer costaricien de l'Atlantique et travailler dans les plantations bananières. Cette migration, qui a débutée à la fin du XIXe siècle, s'est poursuivie sur plusieurs décennies et a d'abord concerné une majorité de jeunes hommes. Des familles entières y ont ensuite pris part dans l'espoir de récolter l'argent nécessaire à leur retour au pays.

Dans le cadre de cette migration, des enseignants sont arrivés et ont fondé des écoles locales pour apprendre un anglais “correct” aux enfants. Depuis lors et pendant des années, ces migrants d'origine africaine s'autoproclamaient fièrement “ressortissants de la Couronne” (du Royaume-Uni). Leur intention n'a jamais été de s'installer, mais bien d'amasser assez d'argent pour rentrer chez eux. Mais ils ne sont jamais rentrés.

Mes parents ont toujours parlé un anglais très correct, quoique teinté d'une musicalité et d'un accent caractéristiques des Caraïbes. La grammaire était juste, le vocabulaire fourni. Ils pouvaient passer d'un anglais soutenu à un anglais créole, qui comptait déjà des termes espagnols. C'est dans cette langue, ou dans ces deux-là, que mes parents ont appris contes et chansons.

Ils ont appris grâce à des images en forme d'animaux, grâce à des êtres surnaturels professant des leçons de vie, recréant et imaginant l'histoire. Ils nous faisaient découvrir des territoires ancestraux et vantaient la communication avec les grands-parents, les oncles et les voisins. Ils établissaient la communication avec des peuples qui, avec rites et religions, recréaient des expériences d'antan. C'est dans cette langue que ma mère me chantait mes premières chansons et que mon père m'enseignait mes premières prières. Pour eux, l'anglais n'était pas qu'une façon de recevoir et de transmettre la culture et les savoirs ancestraux. C'était aussi un statut, signe d'appartenance à la “royauté” dans un pays de “paysans et de gens sans éducation”. Ils étaient les ressortissants de la Couronne britannique.

La lutte pour la langue, la lutte pour l'identité

Tout cela est arrivé dans un pays dont la langue officielle est l'espagnol. C'est pour cela que, sur des générations et jusqu'à ce jour, la population noire a dû lutter pour conserver sa langue et avec elle, son histoire, son savoir et son identité. Elle a été rejetée par la majorité métisse et les gouvernements qui refusaient d'accorder la nationalité costaricienne même à ceux nés sur le territoire.

L'espagnol a pourtant vite trouvé sa place dans leur culture. Il leur était difficile de rester ainsi isolés et exclus du système scolaire costaricien. L'objectif, pour ce peuple, était aussi d'avancer et d'avoir une éducatif reconnue par le système. Aujourd'hui, mes parents et ceux de mes amis parlent espagnol avec un accent anglais caractéristique. Ma génération, même si elle garde l'anglais comme langue maternelle, est quant à elle complètement dépourvue de cet accent si caractéristique.

Les générations d'origine africaine à venir n'auront, elles, pas l'anglais comme langue maternelle. Aujourd'hui, les écoles et les institutions dispensent des cours d'anglais. L'objectif est bel et bien de démocratiser la langue ; non plus de conserver l'héritage du peuple africain, comme il y a une trentaine d'années.

Je ne me souviens plus exactement quand, mais à un moment donné, mes parents ont arrêté de nous parler en anglais. J'ignore s'il s'agissait là d'une décision consciente et consensuelle entre eux, mais mes frères, mes sœurs et moi avons tout bonnement grandi sans pouvoir parler anglais. Suite à ça, nous avons subi les moqueries de nos amis d'origine africaine, et l'exclusion d'une ethnie précisément reconnue pour son habilité à parler cette langue…

La majorité de nos amis parlaient anglais, même si notre génération faisait exception à la règle. Nous avons grandi en écoutant nos parents parler en anglais. La communication avec les oncles, les tantes, les amis proches et autres membres de la famille s'était toujours faite en anglais. Mais avec nous, pas un mot d'anglais. Cela était sûrement dû à notre déménagement dans la capitale, où nous faisions clairement partie d'une minorité. Ou peut-être que de cette façon, nos parents avaient voulu nous protéger, nous donner une raison d'être un peu moins différents…

C'est à ce moment-là que commence la suite de mon histoire.

A suivre dans le prochain post.

Arabie saoudite : la soeur de Raif Badawi arrêtée pour tweeter au nom de son mari en prison

jeudi 14 janvier 2016 à 20:08
Human rights defender Samar Badawi has been arrested in Saudi Arabia reportedly for tweeting on behalf of her husband, jailed human rights activist and lawyer Waleed Abulkhair. Photograph shared by her sister in law Ensaf Haidar (@miss9afi) on Twitter

Samar Badawi a été brièvement arrêtée en Arabie saoudite pour opérer le compte de son mari, un avocat des droits humains en prison, Waleed Abulkhair. Photo partagée par sa belle-soeur Ensaf Haidar (@miss9afi) surTwitter

 [MIS À JOUR LE 13/1/2016 À 15:06 GMT]

L'activiste saoudienne Samar Badawi a été brièvement arrêtée le 12 janvier 2016, puis relâchée, pour avoir utilisé le compte Twitter de son mari, actuellement en prison, Waleed Abulkhair.
En Juillet 2014, Waleed Abulkhair a été condamné à 15 ans de prison et a été reconnu coupable, en vertu d'une nouvelle loi anti-terrorisme, d'”insulter l'ordre pubic” et “d'enflammer l'opinion publique”. Son compte Twitter, @WaleedAbulkhair, que Saman Badawi est accusée d'utiliser, compte 82 500 followers et a continué à fonctionner même après son arrestation.
Samar Badawi est la sœur du blogueur progressiste Raif Badawi, devenu célèbre depuis sa condamnation à 1000 coups de fouet et 10 ans de prison en Arabie saoudite pour “insulte à l'islam”. La nouvelle de l'arrestation de Samar Badawi a été signalée sur Twitter par sa belle-soeur, Ensaf Haidar.

Haidar a tweeté :

Urgent : Samar Badawi a été arrêtée pour avoir dirigé le compte twitter de Waleed Abdulkhair

Elle a ajouté :

Urgent : Samar Badawi a été transférée à la prison centrale de Dhahran, où Raif Badawi et Waleed Abulkhair sont détenus.

L'arrestation de Saman Badawi a provoqué les protestations d'internautes du monde entier dont un groupe de défenseurs des droits humains et de journalistes (le lien conduit à la page d'une pétition en arabe) qui appellent les autorités saoudienne à la libérer sans condition. MISE A JOUR [MIS À JOUR LE 13/1/2016 À 15:06 GMT]: Saman Badawi  à été libérée sous caution plusieurs heures après son arrestation et attend désormais son interrogatoire par la police.

Le Saoudien Elham Al Manea décrit l'arrestation comme “déraisonnable” et dit que cela encourage les Saoudiens à se révolter en utilisant la force :

Totalement déraisonnable : avec l'arrestation de Samar Badawi, l'actuel gouvernement saoudien claque la porte à la face de ceux qui demandent sans violence des réformes.

Eman Al Najfan avait  écrit :

L'activiste pacifique Samar Badawi, lauréate du Prix Femme de courage 2012, a été arrêtée aujourd'hui.

Du Canada, JSheehan demande à ses lecteurs de lire le livre de Raif Badawi, dont le titre est  “1000 coups de fouet : parce que je dis ce que je pense”:

Samar Badawi se bat pour les droits humains, comme l'a fait son frère Raif Badawi. Lisez son livre s'il vous plait sur le site iBooks https://t.co/PJ8dOQJmoN

D'autres, comme Maysaa Al Amoudi, ont partagé un tweet récent de Samar Badawi :

De simples mots peuvent conduire en prison.

Dans ce tweet, Samar Badawi avait écrit :

Silence is killing us but we are steadfast

Le silence nous tue, mais nous résistons.

Mais l'arrestation de Samar Badawi ne réduit pas les Saoudiens au silence. Cet utilisateur anonyme de Twitter tweete:

La répression s'intensifie, la corruption et le vol sont à des niveaux record, et les décisions contestables sont en augmentation. Rien ne baisse dans ce pays, à part nos liberté et notre dignité.

Un autre demande que la colère divine s'abatte sur ceux qui ont commis des injustice contre Saman Badawi. Il tweete.

Son mari est en prison. Et maintenant, elle est en prison. Et leur fille, aujourd'hui, est seule, sans mère et sans père. Que la colère divine s'abatte sur ceux qui commettent des injustices.

Cet internaute n'ose plus respirer.

Nous vivons dans un pays où nous craignons de respirer.