PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Le droit à l'eau dans la ville de Mexico

vendredi 20 juin 2014 à 14:52
Derecho al agua

Couverture de la troisième publication d'une série d'ouvrages sur le droit de  à l'eau.  Septembre 2010.  Photo de Ongawa, sur Flick. CC BY-NC-SA 2.0.

La pénurie, la contamination et la discrimination dans la distribution d'eau dans le monde sont devenus l'un des plus grands défis du 21ème siècle. Au Mexique, les problèmes liés à l'eau sont une réalité quotidienne, surtout dans les communautés rurales et les banlieues urbaines. A l'heure actuelle, 38 villes mexicaines souffrent de problèmes d'approvisionnement, 90% des rivières sont contaminées et le pays manque d'une solide connaissance en matière de conservation de l'eau.

Dans la vallée de Mexico, région avec la plus forte densité urbaine et la plus peuplée, la demande en eau excède l'offre. Cette situation a entraîné le pompage d'eau sur des distances plus grandes et la sur-exploitation des aquifères.

L'eau est une ressource non renouvelable, essentielle pour la vie et l'accomplissement des autres droits de l'homme (nourriture et santé, par exemple). L'eau est donc un facteur déterminant pour le développement humain, qui doit être une priorité dans l'élaboration des lois et des politiques publiques.

A Mexico, un modèle de gestion de l'eau de la ville est à l'étude à l'Assemblée législative, suite à six projets de réforme de la loi présentés ces derniers mois.

Among things to be aware of, necessary focus on [the water initiative] (yes, I’m afraid).

Parmi les dossiers en cours, il est nécessaire de se focaliser sur la loi sur l'eau #LeyAguas du #GDF [gouvernement du District fédéral de Mexico] (si, j'en ai bien peur)

Experts et organisations civiles ont exprimé leurs opinions sur différents forums, malgré l'absence d'espaces formels de discussions. La prétendue “loi sur l'eau et sa gestion durable” annoncée par le chef de l'Etat en mars n'a toujours pas été rendue publique. Elle a pourtant déjà été adoptée.

La COMDA [Coalition des Organisations Mexicaines pour le Droit à l'Eau] demande des informations plus claires sur les modifications de l'implication du secteur privé dans le service de l'eau dans le District fédéral de Mexico.

Selon les médias [espagnol], les projets de loi devaient être adoptés au cours de la première session extraordinaire (9-10 juin). Certaines sources indiquent que la discussion finale a été reportée  à la seconde session extraordinaire, fin juin. Face au risque d'une adoption à la “va-vite”, des groupes issus de la Coalition des Organisations Mexicaines pour le Droit à l'Eau se sont rassemblés lundi dernier en face de l'Assemblée législative.

Mobilization Monday at 12 p.m. against ALDF [Legislative Assembly of Mexico City] to demand they don’t vote on the Water Law before it has even been published in the Gazette!

Mobilisation lundi à midi en face de l'ALDF [Assemblée législative du District fédéral de Mexico] pour exiger l'abandon de la loi sur l'eau et qu'elle ne soit même pas publiée au Journal Officiel.

La décentralisation de la gestion de l'eau dans la ville de Mexico, la plus grande implication du secteur privé dans la fourniture d'eau [espagnol], la tarification et la prise en compte du droit à l'eau ne sont que quelques-uns des thèmes abordés par les projets.

It is very important to promote a participatory process of review and discussion about water legislation…

Il est très important de promouvoir un processus participatif de révision et de discussion de la législation en matière d'eau…

L'impact et la portée des projets de loi font déjà l'objet de discussions dans des espaces de participation comme celui de la Coalition des Organisations Mexicaines pour le Droit à l'Eau ou celui du suivi et de l'évaluation du Programme des Droits de l'Homme du District fédéral de Mexico [espagnol]. Cependant, le thème de l'eau est très technique et spécialisé. Il est mal connu et reçoit peu d'attention de la plupart des gens, malgré le fait que l'eau soit un droit de l'homme fondamental.

From the right to water from 6 initiatives are confirmed as modification to the water law presented in the Legislature.

Depuis que le droit de l'homme à l'eau a été mis en avant, il faut modifier les 6 projets de réforme de la loi sur l'eau présentés à l'Assemblée législative.  

Ceux qui ont eu accès aux différents projets savent qu'ils offrent aussi bien des éléments positifs et d'avant-gardes que des éléments pouvant potentiellement violer le droit de l'homme à l'eau. Il faut que les autres défenseurs et protecteurs des droits de l'homme, pas seulement ceux relatifs à l'environnement et à l'eau – les agences indépendantes des droits de l'homme, les universitaires et les citoyens ordinaires se joignent à la discussion et à la dissémination des informations sur un sujet qui concerne et touche tout le monde de manière directe.

Si le futur de l'eau dans votre ville vous intéresse, suivez, partagez, et contribuez aux tweets portant les hashtags #LeyAgua / #LeyAguas#LeyAguaySustentabilidadHídrica

Chine : le Festival de la viande de chien de Yulin déchaine les polémiques

vendredi 20 juin 2014 à 14:06

Dans certaines régions de la Chine, la viande de chien est considéré comme un met raffiné. Cette pratique remonterait à environ 500 ans avant Jésus-Christ, ou même bien avant. Néanmoins, comme de plus en plus de Chinois ont des chiens comme animaux domestiques, ils estiment que manger des chiens est un comportement cruel et barbare. 

Ces dernières années, des militants pour les droits des animaux ont lancé plusieurs campagnes, à la fois en ligne et sur le terrain contre la consommation de viande de chien. Ils lancent chaque année un appel pour l'abolition du “festival de la viande de chien“ qui propose des plats de viande de chien accompagnée de lychees et alcools forts. Cet événement a lieu dans la ville de Yulin, dans la province de Guangxi, lors du solstice d'été du calendrier lunaire. Il tombe cette année le 21 juin. Les habitants assurent que ce festival fait partie de l'héritage culturel de leur province. 

L'année dernière, les militants pour les droits des animaux ont avancé que plus de 10 000 chiens avaient été tués lors de ce festival. Ci-dessous, une vidéo de Apple Daily sur la préparation de la viande de chien pour le festival 2013:

Cette année, la campagne contre le festival de la viande de chien a commencé dès le début du mois de  mai. Un certain nombre de personnalités célèbres tels que Chen Kun et Yang Mi on fait des déclarations demandant la suppression de ce festival. A l'approche de la date d'ouverture, des internautes chinois ont diffusés des tweets opposés à cette pratique alimentaire. Voici un message  type de cette campagne écrit par un utilisateur de Weibo : “Singing Feifei” (@踏歌的菲菲), avec deux montages photo.

Two campaign stickers against the dog meat festival circulated in Weibo. Via "Singer Feifei" Weibo.

Deux posters contre le festival de la viande de chien circulant sur Weibo. Via “Singer Feifei” Weibo.

为什么要有狗肉节?!把人装在笼子里,看着自己的同伴一个一个被杀,自己等待被宰杀,那种绝望的眼神再让人类自己看看!

Pourquoi un festival de la viande de chien?! Vous imaginez mettre des êtres humains dans une cage et les regarder être tués  en attendant votre tour, le désespoir dans les yeux.

Des militants des droits des animaux, bénéficiant d'un soutien populaire, sont allés à Yulin pour  faire pression sur le gouvernement local et obtenir l'annulation du festival. Outre la notion de droit des animaux, ils mettent en avant un problème  légal et sanitaire car le ministère de l'agriculture a adopté l'année dernière une quarantaine pour les chiens et les chats, exigeant l'isolement avant tout transport. Etant donné que la quarantaine coûte 200 à 300 yuan (30 à 48 dollars) par chien, on estime que beaucoup de propriétaires ne voudront pas en assumer le coût.

Les autorités de Yulin, pour éviter d'être accusée d'encourager une  consommation illégale de viande de chien, ont publié un communiqué de presse le 6 juin [en chinois] déclarant qu'il n'existait pas de manifestation officielle appelé Festival Lychee-viande de chien pour le solstice d'été, que ce soi-disant festival n'était pas organisé par le gouvernement ou une association mais qu'il s'agissait  seulement d'un  événement lié au solstice d'été.

Les autorités restant neutres, les amateurs de viande et des habitants de Yulin contre-attaquent, estimant que les militant des droits des animaux n'ont pas le  droit d'empêcher les gens [en chinois] de manger du chien. 

L'argument de la tradition gastronomique chinoise et des droits individuels a trouvé également un écho dans les médias sociaux chinois. Par exemple “Xiya protector” (@希瓦的守护) déclare:

我个人很喜欢狗,也从不吃狗肉,但是我不会也没有理由反对玉林人吃狗肉,一个人不能因为自己的个人喜好而去否定其他人的喜好。

“J'aime les chiens et je n'en jamais mangé mais je ne trouve pas de raison pour interdire aux gens de Yulin d'en manger. Un individu ne peut pas interdire ce choix aux autres du fait de ses propres préférences”

Lu Daheng (@卢-达恒) estime que cette controverse révèle un conflit culturel. 

狗是我们的朋友不能吃,这其实是西方传入来中国的思想 而玉林吃狗节系当地传统节日狗肉能不能吃表面上看系人同狗的问题 其实这是东方和西方思想碰撞问题 广西玉林"狗肉节"

Lu Daheng: le chien ami de l'homme ne peut pas être mangé. Une telle idée vient du monde occidental. Le festival de Yulin est une tradition locale. Il semble que l'idée que les chiens ne puissent être mangés ne vienne pas des relations entre les humains et ces animaux, mais soit révélatrice d'une opposition entre la pensée occidentale et orientale. 

A ce jour, l'argument le plus pertinent est celui qui concerne la sécurité alimentaire. Un compromis pourrait être trouvé pour garantir la sécurité sanitaire de la viande de chien plutôt qu'une interdiction absolue. Sur Weibo, le Docteur Lui Lang  propose:

如果我们要保证狗肉的食品安全,那么就必须从源头抓起,要有规范的养殖场,同时还要有严格的养殖档案和每只犬的外在标示,以方便可追溯。合理的防疫和驱虫 […] 这样下来的狗肉价格应该超过进口牛肉。

Si nous devions garantir la sécurité alimentaire de cette viande, les centres d'élevage devront êtres controlés. Chaque chien devra être identifié pour pouvoir remonter à la source en cas de problème. Ces chiens devront être vaccinés et traités par des antiparasitaires  […] Si toutes ces mesures sont adoptées, le prix de la viande de chien risque de dépasser celui de la viande de boeuf.

Les militants pour les droits des animaux sont loin de se réjouir de ces tractations. Disaur s'exclame:

我们抵制狗肉节,抵制吃狗肉,当然,我们也永远不吃狗肉。吃狗肉与否,诚然,是每个人的自由,我们无权干涉。但我们呼吁大家共同抵制所谓狗肉节,谴责屠宰、制售狗肉的商家。贩售、屠宰猫狗永远不可能合法化 […]

Nous boycottons ce festival et le fait de manger des chiens. Nous n'en mangerons jamais. La consommation de cette viande est évidemment une liberté individuelle et nous avons pas le droit de l'interdire . Mais nous devons boycotter cette manifestation et condamner les massacreurs et trafiquants de chien. Il n'est pas pensable de légaliser la traite et  le massacre des chats et des chiens [… ]

Communiqué : Global Voices demande la libération de l'universitaire tajik Alexander Sodiqov

vendredi 20 juin 2014 à 07:27
Alex Sodiqov with his wife and baby. Photo used with permission.

Alex Sodiqov avec sa femme et son bébé. Photo autorisée.

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais]

La communauté Global Voices demande la libération d’Alexander Sodiqov, étudiant tadjik en doctorat à l’Université de Toronto et auteur pour Global Voices, actuellement détenu au Tadjikistan.

Alex a été arrêté [fr] le 16 juin dans la région autonome du Haut-Badakhchan au Tadjikistan où il effectuait des recherches sur la résolution de conflit dans le cadre d'un projet en cours avec l’Université d'Exeter. Alex était en train d'interroger Alim Sherzamonov, représentant régional du parti Social Démocrate du Tadjikistan, parti d'opposition, quand des officiers en civil se sont approchés de lui et l'ont enlevé. Selon certaines sources ces officiers se seraient présentés comme étant des agents de sécurité de l'état.

Le Comité d'Etat pour la Sécurité Nationale du Tadjikistan a publié un peu plus tard une déclaration pour confirmer l'arrestation et dans laquelle il sous-entend que Sodiqov était impliqué dans une affaire d'espionnage pour le compte d'un gouvernement étranger inconnu. Cependant les autorités n'ont pas confirmé qu'il était détenu par leurs services.

La détention d'Alexander ressemble de plus en plus à une disparition forcée, contraire à la loi en droit international. Dans une déclaration, Human Rights Watch indique que la disparation forcée survient quand des agents de l'état “refusent de reconnaître qu'une personne est détenue ou de révéler le lieu de sa détention, plaçant ainsi le détenu en dehors de la protection de la loi.”

Global Voices [fr] est une communauté de blogueurs, d'activistes, d'auteurs et de traducteurs de 167 pays. Le droit universel à la liberté d'expression est fondamental pour notre mission : rapporter des informations peu couvertes par les médias et du monde entier et défendre le droit pour tous à s'exprimer librement et sans crainte. En tant qu'universitaire, Alex s'est fortement impliqué pour mettre en lumière le vécu de personnes de multiples horizons qui font le débat politique dans son pays d'origine. Nous sommes très inquiets pour sa sécurité et défendons son droit à la liberté d'expression. Nous demandons que les autorités du Tadjikistan libèrent Alex immédiatement et sans conditions.

1ère Stolpersteine de Roumanie : Timisoara, devoir de mémoire

jeudi 19 juin 2014 à 20:04

       Gunter Demnig pose la 1ère Stolpersteine à Timisoara – photo crédit : ©anouklederle

Le 23 mai dernier à 17h a été posée la première « pierre d’achoppement » (Stolpersteine) de Roumanie dans le quartier « Fabric » : « Piața Romanilor n°8 » à Timisoara en présence de l’artiste Gunter Demnig.

Une « Stolpersteine » est une pierre d’achoppement, une pierre sur laquelle on trébuche. Un projet artistique de Gunter Demnig. La face supérieure est recouverte de laiton. Cette pierre est encastrée dans le sol, sur le trottoir, devant le dernier domicile d’une des victimes du nazisme.

À Timisoara, l’initiative est partie d’un groupe composé de jeunes roumains et allemands. Le projet « Istoria altfel » (l’histoire autrement) a démarré l’été précédent. Les jeunes ont effectué des recherches dans les archives nationales et départementales. Ils ont réalisé plusieurs interviews et visité les synagogues et le cimetière juif de Timisoara. Sensibilisés au travail de mémoire, le groupe a souhaité conserver une trace, tous les moments de la recherche ont été filmés. Avec l’appui de professionnel, le soutien de partenaires locaux, et 20 heures de rush un documentaire d’une vingtaine de minutes est né.

Piata Romanilor n°8 Timisoara – ©anouklederle

Ce devoir de mémoire est essentiel en Roumanie au regard de l’histoire de la communauté juive. Avant la seconde guerre mondiale, elle a été l’une des plus importantes d’Europe. 900 000 personnes, la 3ème en nombre après celle de Pologne et de Russie. Dès 1940-41, les« légionnaires » de la « garde de fer », groupuscule fasciste, avec l’autorisation du chef de l’Etat (le « maréchal » Antonescu) ont commis de nombreux massacres.

cérémonie Stolpersteine - ©anouklederle

cérémonie Stolpersteine – ©anouklederle

 

 

Sans même aucune indication des Nazis, le gouvernement roumain a organisé des pogroms (comme celui de Iasi) et des déportations (en Transnistrie). Le bilan a été tragique, avec plus de 40% de la population juive assassinée (350 000 à 450 000 personnes).

Lorend Bloch Stolpersteine ©anouklederle

Lorend Bloch Stolpersteine – ©anouklederle

 

 

Aujourd’hui, la communauté de Timisoara compte environ 300 personnes. Rendre hommage à Lorend Bloch, né en 1909, interné en camp de travail en 1941, décédé le 12/11/1943, prend tout son sens. « Je pense à tous les pays où ils ont été victimes du régime nazi. Il y a eu plus de six millions de victimes. 

Je sais que je ne pourrai pas poser une pierre dans chaque pays. Mais en nous inclinant nous commençons à commémorer un homme qu’on ne doit pas oublier. Pour lire ce qui est sur la pierre, il nous faut nous incliner devant cet homme » Gunter Demnig. À son initiative plus de 47 000 pierres dans 17 pays d’Europe ont été posées. La Roumanie est désormais le 18ème.

France – Azerbaïdjan : pour un partenariat énergétique gagnant-gagnant

jeudi 19 juin 2014 à 16:35

Les différents observateurs de la visite de François Hollande en Azerbaïdjan n’ont eu de cesse de décrypter la démarche intéressée de la France, soucieuse de réduire sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Ils ont été moins diserts sur les atouts que la France pouvait mettre au service de la politique énergétique azerbaïdjanaise, désireuse de diversifier son économie et de développer le secteur des énergies renouvelables.

La Russie aujourd’hui est le premier fournisseur d’hydrocarbures de l’Union européenne. Rien de moins. La France n’est pas la plus dépendante du fournisseur russe, mais elle compte tout de même sur lui pour ¼ de son gaz. Il n’est pas prévu qu’à l’avenir la situation aille en s’arrangeant. La Commission européenne estime que, d’ici vingt ou trente ans, 70 % des besoins énergétiques de l’Union européenne devront être assurés par les importations alors que cette part s’élève à 50 % aujourd’hui.

Ce n’est pas tant le chantage énergétique qui inquiète les experts, mais bien plutôt la capacité de la Russie à honorer ses engagements vis-à-vis de l’Union européenne en matière d’approvisionnement en hydrocarbures, sachant que la consommation intérieure augmente et que le pays peine à investir dans le secteur pour exploiter de nouveaux gisements.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue la visite de François Hollande en Azerbaïdjan le 11 et 12 mai 2014. L’Azerbaïdjan joue en effet un rôle de chef de file dans le bassin de la mer Caspienne pour le transport des ressources énergétiques vers les marchés mondiaux et européens. Le pays dispose de réserves gazières et pétrolières considérables – pour un siècle, selon le président Ilham Aliyev – et constitue une source d’approvisionnement alternative à la Russie.

 capture d'écran de la vidéo du président François Hollande reçu par le président Ilham Aliyev via AzerTac English sur YouTube

capture d'écran de la vidéo du président François Hollande reçu par le président Ilham Aliyev via AzerTac English sur YouTube

François Hollande ne s’en cache pas. L’un des premiers sujets à avoir été mis sur la table : l’énergie. Le Président a clairement mentionné le « rôle stratégique » de l’Azerbaïdjan « pour l’approvisionnement de l’Europe » et sa « sécurité énergétique ». Mais pas seulement. Dans une perspective gagnant-gagnant il a aussi offert aux autorités azerbaïdjanaises l’expertise française dans le domaine du nucléaire civil et des énergies renouvelables. Le président a récemment déclaré : 

Je ferai en sorte avec nos principaux partenaires européens de mener à bien dans les années qui viennent cette sécurité énergétique et cette diversification des sources d’énergie 

Car si l’Europe est tributaire des ressources en gaz et en pétrole des pays bien pourvus, l’Azerbaïdjan l’est des variations de volume et de prix des hydrocarbures, ses exportations étant composées à plus de 90 % de produits pétroliers. Depuis l’indépendance en 1991, le PIB n’a cessé de croître. Pour preuve, le taux de croissance moyen entre 1996 et 2011 s’élève à 11,8 %, avec un pic à 34,5 % en 2006. Mais la chute de 2011 (0,1 % de croissance) a démontré la fragilité de ce modèle économique monosectoriel. La baisse de la production pétrolière de cette année-là n’a pas été compensée par la croissance du secteur non pétrolier.

Thierry Mariani, le député des français de l'étranger, faisait savoir dans une tribune parue fin 2013 : 

Afin d'être moins tributaire de ces variations de volumes et de prix des hydrocarbures, l'Azerbaïdjan a engagé un processus ambitieux de diversification de son économie vers des secteurs non pétroliers, comme l'agro-alimentaire, le développement durable, les infrastructures et les hautes technologies. Dans tous ces secteurs, la France dispose d'atouts considérables, qu'elle pourrait utilement développer si elle pariait sur l'essor économique de l'Azerbaïdjan 

Parmi les secteurs que le pays souhaite développer, les technologies de l’énergie sont en bonne place. Concrètement, il s’agit d’investir 7 milliards de dollars dans le secteur des énergies renouvelables, faisait savoir le ministère de l’Énergie en 2013. Les entreprises sont également invitées à se lancer, via des exonérations fiscales.

L’expertise française en la matière, notamment en ce qui concerne l’éolien et le photovoltaïque aujourd’hui considérées comme des filières d’excellence, pourrait accompagner le pays dans cette voie. La stratégie nationale pour le développement des énergies alternatives et renouvelables 2012-2020 en Azerbaïdjan prévoit de se déployer en deux temps : une première phase sera axée sur le développement de l’énergie solaire, puis une seconde sera concentrée sur celui des énergies du vent.

Il s’agit donc autant pour la France que pour l’Azerbaïdjan de rompre avec une situation de dépendance énergétique : la France vis-à-vis de la Russie, l’Azerbaïdjan vis-à-vis de son modèle économique basé à plus de 90 % sur les hydrocarbures.

Suez Environnement annoncé mardi avoir signé un contrat de 22,5 millions d’euros avec la société nationale des eaux d’Azerbaïdjan. Le groupe espère aller plus loin et étendre la coopération « à d’autres sujets prioritaires tels que la dépollution des sols, en particulier celles des terrains souillés par les hydrocarbures », les problématiques écologiques étant éminemment prises en compte en Azerbaidjan. Alstom a également décroché un contrat de 300 millions d’euros pour fournir 50 locomotives de fret à la compagnie ferroviaire Azerbaijan Railways.

Au regard du volontarisme des autorités du pays en matière énergétique, rien n’empêche d’imaginer de semblables signatures dans le secteur des énergies renouvelables.